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13 août 2015 4 13 /08 /août /2015 15:46

L’anthropomorphisme

(Partie 6)

La règle des Noms et Attributs divins

Sheïkh el Islam ibn Taïmiya établit que la religion musulmane repose sur le principe qu’il faille décrire Allah comme Il s’est décrit Lui-même dans Son Livre ou comme Ses messagers l’ont décrit sans altérer ou falsifier le sens de Ses Noms et Attributs ou les renier, ni chercher non plus à savoir comment ou à les assimiler. Les musulmans attribuent au Seigneur ce qu’Il s’est attribué à Lui-même, et ils Lui refusent ce qu’Il se refuse à Lui-même.

En cela, ils se conforment aux paroles des prophètes et ils s’interdisent tout discours qui serait contraire au-leur. Les prophètes ont décrit le Très-Haut avec des Attributs parfaits et ils l’ont « purifié » de tout défaut ou de tout Attribut qui n’exprime pas la perfection. Dans le domaine de ce qu’ils lui attribuent (attributs positifs), ils s’expriment avec détails, mais ils évitent de faire toute ressemblance ; s’ils Lui reconnaissent certaines caractéristiques en détail, ils restent concis concernant celles qu’ils Lui renient (dans le domaine des attributs négatifs). Quiconque renie les Attributs qu’Il se reconnaît à Lui-même est un négateur (mu’attil), et quiconque cherche à le faire ressembler à Ses créatures est un assimilateur[1] (mummaththil). Le négateur adore le néant tandis que le mu’attil adore une idole.[2]

Ainsi, (Rien ne lui ressemble) va à l’encontre des mummaththil et (mais Il est Entendant et Voyant) va à l’encontre des négateurs. Par exemple, les prophètes disent qu’Allah était Vivant et ils le « purifient » de la mort, ils disent qu’Il est Savant et ils le purifient en même temps de l’ignorance, etc. Ces règles se trouvent indistinctement dans le Coran, la sunna, la Thora et la prophétie en général. Celles-ci font l’unanimité des prophètes et concernent aussi bien les musulmans que les « gens du Livre ».

Le traditionalisme incarne l’orthodoxie musulmane et la tendance médiane

Sheïkh el Islam ibn Taïmiya explique à ce sujet : « Ils se trouvent au milieu entre les différentes tendances comme l’Islam est au milieu entre les autres croyances. »[3] Il a dit également : « Leur tendance est médiane dans le domaine des Noms d’Allah (I) entre les mu’attila (les négateurs ndt.) jahmites et les mushabbiha (assimilateurs ndt.).[4] Leur tendance est médiane dans le domaine des Actions d’Allah (I) entre les qadarites (partisans du libre libre ndt.),[5] et les jabarites (déterministes ndt.).[6] Dans le domaine du mauvais devenir de l’homme (el wa’îd : la menace ndt.), ils sont entre les murjites[7] et les wa’îdiya[8] parmi les qadarites[9] et autres. Concernant les diverses catégories d’individus dans le domaine de la foi et de l’appartenance à la religion, ils sont entre les harûrites[10] et les mu’tazilites d’un côté et les murjites et les jahmites de l’autre. Concernant les Compagnons du Prophète (r), ils sont entre les râfidhites et les kharijites. »[11]

Ni anthropomorphistes ni négateurs

Hanbal rapporte la tendance d’Ahmed : « Rien ne Lui ressemble au niveau de Son Essence, comme Il s’est décrit Lui-même. Allah donna un sens général à Ses Attributs. Il définit (hadda) l’un de Ses Attributs qui ne ressemblent à rien d’autre. Ses Attributs ne peuvent se limiter à nos définitions ou ils ne sont pas délimités (ghaïr mahdûda) et Ils nous sont inconnus sauf ce qu’Il nous en décrit.

Il dit : Il est Voyant et Entendant sans parler de hadd ni faire d’approximation (taqdîr). Personne ne peut le décrire comme il convient, nous n’allons pas au-delà du Coran et du hadîth. Nous répétons scrupuleusement les Paroles d’Allah et nous le décrivons comme Il se décrit Lui-même sans aller au-delà. Personne ne peut le décrire comme il convient.

Nous croyons au Coran en entier ; ses Versets formels et Ses Versets ambigus. Nous ne lui enlevons pas un Attribut sous prétexte qu’il déclenche la colère de certains (traduction approximative ndt.). Les Attributs par lesquels Allah se qualifie, comme Sa Parole, Son Nuzûl (descente au premier ciel), Son entretien en privé avec chacune de Ses créatures le Jour de la Résurrection. Il se reprochera de Son Serviteur et posera sur lui Son Kanaf.[12] Tout cela démontre qu’il sera vu dans l’au-delà.»[13]

Ibn Kathîr a dit : « Quant au Verset : [Puis, Il s’est établi sur Son Trône],[14] il existe de nombreuses opinions sur le sujet que nous n’allons pas étaler ici. Cependant, il est important de savoir qu’il faut suivre ici la tendance des Pieux Prédécesseurs comme Mâlik, el Awzâ’î, e-Thawrî, e-Laïth ibn Sa’d, e-Shâfi’î, Ahmed ibn Hanbal, ishâq ibn Râhawaïh, et tant d’autres parmi les grandes références musulmanes de l’ancienne et de la nouvelle époque. Elle consiste à lire les textes comme ils sont venus sans faire de description, d’assimilation, ni de négation.

Or, ce qui vient à l’esprit des anthropomorphistes ne peut être attribué à Allah, car aucune de Ses créations ne Lui ressemble : [Rien ne Lui ressemble, et Il est l’Entendant et le Voyant].[15] La réalité est plutôt comme l’établissent les grands imams comme Na’îm ibn Hammad el Khuzâ’î, le Sheïkh d’el Bukhârî : « quiconque faire ressembler Allah à Sa création devient mécréant, et quiconque renie ce qu’Allah s’est attribué devient mécréant. Or, rien dans ce qu’Allah s’est attribué ou que Son Messager lui a attribué ne prête au tashbî (connu sous le terme d’anthropomorphisme ndt.) » Ainsi, attribuer à Allah la même chose que les Versets clairs, et les annales authentiques, de la façon qui sied à Sa Majesté ; et en parallèle, de Lui refuser tout défaut, c’est suivre la bonne voie. »[16]

Sheïkh el Islâm ibn Taïmiya qui devait rendre des comptes sur sa ‘aqîda el wâsitiya, lança ce défit historique : « Je n’ai fait que retranscrire la croyance de tous les pieux prédécesseurs… qui est la croyance de Mohammed (r). J’ai pourtant lancé l’appel à plusieurs reprises à mes détracteurs. Je leur ai laissé un délai de trois ans : si l’un d’entre eux me donne une seule parole parmi les trois premières générations au sujet desquelles le Prophète (r) a fait les élogesalors, je reviendrais sur ma croyance… »[17]

« Personne ne sera jamais capable de rapporter une seule parole des anciens qui ne prouvent ni explicitement ni implicitement que ces derniers avaient pour conviction qu’Allah n’était pas sur Son Trône, qu’Il n’avait ni l’ouïe ni la vue, ni une Main réelle… »[18]

« Allah sait qu’après avoir fait une recherche complète, après avoir feuilleté ce que j’ai pu avoir sous les yeux des paroles des anciens, je n’ai jamais trouvé qu’aucun d’entre eux, ne disait explicitement ou implicitement, voir indirectement qu’il fallait renier les Attributs textuels… Leurs condamnations portaient uniquement sur le tashbî’ (anthropomorphisme ndt.). »[19]

Par : Karim Zentici

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[1] Certains orientalistes traduisent Mumaththil par anthropomorphiste qui signifie d’attribuer une forme humaine ou ce qui est caractéristique à l’être humain au Créateur. En cela, il ne prend pas le terme Mumaththil dans toute son essence qui englobe de faire la ressemblance avec des créatures vivantes ou inertes, autres que les humains.

[2] Voir : el jawâb e-sahîh d’ibn Taïmiya (4/406), et sawâ’iq el mursala (1/148).

[3] El fatâwâ (4/140).

[4] Ils reconnaissent les Noms et les Attributs divins à outrance au point de faire ressembler Allah à Ses créateurs. (N. du T.)

[5] Ils dénient qu’Allah puisse avoir une action quelconque sur le libre arbitre des êtres humains. En d’autres termes, ils prétendent qu’Allah ne crée pas les actions de l’homme (N. du T.)

[6] Ils reconnaissent l’action d’Allah sur l’homme à outrance à tel point de dire que ce dernier n’a aucun libre arbitre, et qu’Il est entre les Mains d’Allah comme un automate. (N. du T.)

[7] Ils assument que l’auteur des grands péchés va directement au Paradis sans passer éventuellement par un séjour en Enfer. (N. du T.)

[8] Ce sont les kharijites et les mu’tazilites. Ils disent que l’auteur des grands péchés séjourne éternellement en Enfer. (N. du T.)

[9] Ces derniers n’admettent pas qu’Allah puisse à la fois être le créateur des actes de l’homme et à la fois le châtier en Enfer. Comme ils pensent que cela est une forme d’injustice, ils ont tous simplement renié le Pouvoir d’Allah sur les actions de l’homme en disant que l’homme crée ses propres actions. Ils sont comparables ainsi aux manichéens, ceux qui croient au Dieu du bien et au Dieu du mal. (N. du T.)

[10] Une secte des kharijites ayant pris pour repaire sous le Khalifat d‘Alî, la montagne de Harûra en Iraq. (N. du T.)

[11] Majmû’ el fatâwâ (3/141).

[12] Au sens figuré, kanaf ou kunf signifie être sous l’égide ou sous l’aile de… Au sens propre, il signifie, côté, flanc, voire main. Dans ce contexte, selon l’Imam Ahmed, il est à prendre au sens propre, contrairement à ibn el Athîr dans gharîb el hadîth, wa Allah a’lam ! (N. du T.)

[13] Ibn Qudâma impute cette annale à e-sunna d’el Khallâl dans dham e-ta’wîl (p. 21) ; ibn Taïmiya la rapporte également dans darr e-ta’ârudh (1/254) et bayân talbîs el jahmiya (1/431), ainsi qu’ibn el Qaïyim dans ijtimâ’ el juyûsh el islâmiya (p. 211).

[14] El a’râf ; 54

[15] La concertation ; 11

[16] Tafsîr ibn Kathîr (2/221).

[17] Majmû’ el fatâwâ (3/161).

[18] Majmû’ el fatâwâ (5/109).

[19] Majmû’ el fatâwâ (5/109).

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