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22 octobre 2016 6 22 /10 /octobre /2016 16:51

2-Il distingue entre les égarés dans le domaine profane et les égarés dans le domaine de la religion

 

« Allah envoya aux hommes Mohammed (r)porteur de la bonne direction (hudâ) et de la vraie religion (dîn el haqq) qui devait dominer sur la religion entière ; et Allah suffit comme témoin ! Son message s’adresse à l’humanité entière : notamment à l’élite parmi les savants et les pieux, mais aussi parmi les émirs. Son Seigneur paracheva Sa religion pour lui et sa communauté ; Il leur eut parfait de Ses bienfaits, et leur agréa l’Islam comme religion. 

 La bonne direction englobe les sciences utiles et la vraie religion englobe les œuvres pieuses. Les anciens baignaient dans un climat de hudâ et de dîn el haqq, mais, par la suite, l’innovation et la perversité firent leur éclosion. Ainsi, la communauté se divisait désormais entre ceux qui étaient accrochés à la hudâ et à dîn el haqq, et ceux qui en avaient dévié…

Deux sortes d’égarés se dégageaient : l’innovateur dans la religion et le débauché dans le domaine du profane. Et, comme l’affirment el Hasan el Basrî, Sufiân e-Thawrî, et un grand nombre d’anciens, en étant préservé de la tentation de l’innovation et de celle de la vie terrestre, on s’en sort sain et sauf.  L’innovation étant certes plus aimée par Satan que les péchés. La première forme de tentation touche les savants et les religieux et la seconde, les émirs et les riches.

Allah (I) révèle :[Nombreux sont les prêtres et les moines qui mangent impunément l’argent des autres et qui détournent de la voie d’Allah ; quant à ceux qui amassent cupidement l’or et l’argent sans le dépenser sur le sentier d’Allah, annonce-leur un châtiment douloureux].[1]

 

Ibn el Mubârak disait :

 

Qui d’autres que les rois ont-ils souillés le culte ?

Ainsi que les mauvais prêtres et les moines

 

… Ainsi, la négligence des uns et l’hostilité des autres ont gravement contribué au déclin de la religion et à la recrudescence de l’innovation. Wa Allah a’lam ! »[2]

 

3-Parfois, il parle uniquement des innovateurs

 

« Quiconque considère que la voie d’un savant ou d’un dévot est meilleure que celle des Compagnons commet une erreur le rendant égaré et innovateur. À l’inverse, quiconque condamne sévèrement l’auteur d’une erreur qui fait suite à un effort dans l’obéissance à Allah commet une erreur le rendant égaré et innovateur. Par ailleurs, les gens font également, dans le domaine de l’amour et la haine en Dieu et de l’alliance, des efforts d’interprétation qui peuvent être justes ou non.

Bon nombre de gens aiment un individu de façon inconditionnelle, et font abstraction de ses défauts. Mais, dès qu’ils le voient faire une faute, ils se mettent à le détester de façon inconditionnelle en faisant abstraction de ses qualités… Cette opinion est celle des innovateurs parmi les kharijites, les mu’tazilites, et les murjites.

 

Quant aux traditionalistes, ils sont conformes aux enseignements du Coran, de la sunna, et du consensus disant qu’un croyant est concerné par la promesse, la grâce, et la récompense divines pour ses bonnes actions ; comme il est concerné par le châtiment divin pour ses mauvaises actions. Un même homme peut accuser en même temps ce qui lui rapporte la récompense et le châtiment, ce qui est louable et ce qui est blâmable, et ce qu’on aime et ce qu’on déteste en lui… »[3]

 

4-D’autres fois, il n’emploie pas le terme « égarés », mais il se contente de la juxtaposition : hérétiques/désobéissants (ou pervers) qu’il oppose aux « mécréants »

 

« Or, nombre d’hérétiques épousent sincèrement la foi, bien que l’ignorance et l’injustice les poussent à l’erreur et les éloignent de la sunna. Ces derniers ne sont considérés ni comme des hypocrites ni comme des mécréants. Toutefois, leur injustice et leur animosité les rendent éventuellement pervers ou désobéissants, sinon, ils restent excusables malgré leurs erreurs en raison de leur effort d’interprétation. En outre, proportionnellement à leur foi et à leur piété, ils sont susceptibles de s’élever au rang d’élus d’Allah. »

 

Quelques lignes plus loin, il signe : « Beaucoup de points de ce crédo peuvent échapper à un grand nombre de croyants s’imaginant être en accord avec la vérité, en raison des ambiguïtés qui animent leurs convictions. Ces derniers donnent foi à Allah et à Son Messager aussi bien en apparence qu’au fond d’eux. En cela, ils ne sont pas différents des autres catégories d’innovateurs qui furent induits en erreur. Ils ne sont certainement pas mécréants, mais ils se partagent entre hérétiques et désobéissants ; certains même sont pardonnables en raison de leur erreur d’interprétation. Proportionnellement à leur foi et à leur piété, ils sont susceptibles de s’élever au rang d’élus d’Allah. »[4]

 

Ce même ibn Taïmiya classe les ignorants affiliés à l’Islam en trois catégories. Il introduit son discours en disant que les zindiq hypocrites que comptent notamment les rangs des karmatesbâtinites sont pires que les Juifs et les chrétiens.[5] Ensuite, il classe les adeptes de l’Islam qui font du shirken trois catégories, en fonction de leur degré de gravité :

  1. Ceux qui commettent clairement de l’association et qui s’opposent sciemment aux enseignements du sceau des Prophètes (r) à l’instar des karmatesbâtinites. À l’unanimité des savants, ces derniers sont passibles de la peine de mort après sommation de réintégrer le crédo orthodoxe.
  2. Ceux qui se trompent sur des points subtils de la religion.
  3. Ceux qui sont entre les deux premières catégories, et qui se divisent en pervers (fâsiq) et désobéissants (‘âsî).[6]

 

À suivre…

 

 

Par : Karim Zentici

http://mizab.over-blog.com/

http://www.mizab.org/

 

[1]Le repentir ; 34

[2]Jâmi’ el masâil n° 18 (42-43).

[3]Majmû’ el fatâwâ (11/5-16). Ailleurs, il dit : « Les savants font uniquement allusion aux prophètes – que les prières d’Allah soient sur eux – quand ils parlent de la catégorie d’individus qui sont immunisés de persister dans la faute. Cela ne concerne pas les véridiques, les martyrs, et les pieux qui ne jouissent pas de ce privilège. Ces derniers sont capables de faire des péchés qui sont incontestables, mais ils peuvent également être motivés par un effort d’interprétation qui ne leur garantit pas d’avoir raison tout le temps. Quand ils ont effectivement raison, ils reçoivent une double récompense, mais s’ils se trompent ils n’en reçoivent qu’une seule en compensation à leurs efforts. Cela veut dire que ce genre d’erreurs leur est pardonné.

À l’inverse des savants, nous avons les égarés pour qui, l’erreur et le péché sont indissociables. Ils peuvent alors avoir deux réactions vis-à-vis des fautifs éventuels : soit ils font preuve d’excès en considérant qu’ils sont parfaits soit ils font preuve de laxisme en pensant que leurs erreurs les rendent injustes. Quant aux savants [modérés], ils disent qu’ils ne sont ni parfaits ni condamnables. » Majmû’ el fatâwâ (35/29).

Mais encore : Sinon, en règle générale, la vérité peut pencher du côté d’un individu ou d’un groupe sur un point en particulier. Il est même possible que les deux parties qui s’opposent soient aussi dans l’erreur l’une que l’autre. Elles sont également susceptibles d’avoir toutes les deux raison, mais uniquement sous un angle. Aucun groupe n’a le droit de s’arroger la vérité, peu importe qui se trouve à sa tête, car seul le meilleur des hommes (r) jouit de ce privilège. Autrement, cela supposerait que les partisans d’un groupe aient toujours raison, et que tous les autres croyants qui les contrediraient sur une question donnée seraient forcément des égarés. Leur meneur serait donc ma’sûm, ce qui, à l’évidence, va à l’encontre des connaissances élémentaires de la religion. S’ils étaient réellement ahl el haqq, alors tout consensus issu de leur groupe serait une preuve scripturaire infaillible…

Nombreux sont les sectateurs égarés qui s’autoproclament les détenteurs de la vérité, les élus etles partisans d’Allah. [Ils sont d’autant plus prétentieux qu’]ils ne daignent partager ces qualités avec personne. En réalité, il est possible qu’ils soient plus près des ennemis d’Allah que de Ses élus, et qu’ils soient largement plus près de l’égarement que du bon discernement. E-tis’îniya(3/902-906).

[4] Voir : Majmû’ el fatâwâ(3/352-355).

[5] Nous avons vu dans un article précédent qu’aux yeux d’ibn Taïmiya, ressembler aux gens du Livre sur un point ne rend pas forcément mécréant. Voir : http://mizab.over-blog.com/2014/11/ibn-taimiya-et-le-hukm-bi-ghair-ma-anzala-allah-partie-1.html

Ailleurs, il établit en parlant de ceux qui imposent leurs idées hérétiques : « C'est pourquoi l’un des signes distinctifs des innovateurs est d’innover une parole ou un acte qu’ils imposent ensuite aux autres par la force, et sur lesquels ils fondent leur sentiment d’alliance (l’amour et la haine en Dieu). C’est exactement ce que les kharijites, les râfidhites, et les jahmites ont fait… Dans la mesure où ce qu’on impose ou interdit n’est pas corroboré par les textes scripturaires de l’Islam, on s’associe vulgairement aux kharijites, aux râfidhites, et aux jahmites ; eux-mêmes sont sur les traces des païens et des apostats de la première époque. » Voir : http://mizab.over-blog.com/article-ibn-taimiya-et-le-taqlid-partie-3-101734377.html

[6]E-radd ‘alâ el Bakrî (1/277-279).

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