
Le djihad est légiféré en cas de force
Quand le Législateur enjoint de combattre toute faction rebelle, c’est uniquement dans la mesure du possible, car ils ne sont pas pires que les païens et les infidèles. L’histoire prophétique nous montre qu’il vaut mieux dans certaines situations se concilier l’ennemi en nouant des accords de paix et en lui offrant des largesses. Un imâm peut s’imaginer à tort avoir la force pour lui tenir tête. Dans ce cas, l’intérêt réclame de renoncer à ce projet.[1] Il est même permis de trouver des accords avec un envahisseur ayant la main mise sur plusieurs provinces musulmanes. La Syrie fut contrainte à ses débuts de contenir la vague tatare en contractant avec ses chefs certains pactes.[2] Ibn Taïmiya lui-même entama des pourparlers avec les autorités mongoles dans une tentative où les plus zélés auraient rebroussé chemin.[3] Ce jour-là, il écrivit à jamais son nom dans les plus belles pages de l’Histoire à côté des plus grands héros musulmans.[4]
Or, certains pensent à tort que l’épée s’est substituée à l’appel au dialogue adressé aux mécréants en vue de leur démontrer l’impertinence de leur croyance. Il n’y a pourtant aucune opposition entre ces deux procédés. On parle d’abrogation quand une loi remet littéralement en question une autre plus ancienne et à laquelle elle se substitue. L’abrogation de la première qibla en est le meilleur exemple. Il ne viendrait à l’idée de personne, désormais, de prier en direction de Jérusalem.
Ils opposent ainsi les deux Versets : [Ne vois-tu pas ceux à qui il fut demandé de retenir leurs mains, d’observer la prière, et de verser l’aumône ; et lorsque la guerre leur fut prescrite, un groupe d’entre eux se mirent à craindre les hommes comme on craint Allah, ou plus encore ; ils protestèrent : Seigneur ! Pourquoi nous as-Tu prescrit la guerre ? Si, au moins, Tu avais pu nous laisser un peu de répit ! Réponds-leur : les plaisirs de ce monde sont éphémères, mais l’autre vie vaut bien mieux pour les gens pieux, et vous ne serez pas lésés le moins du monde].[5]
Voici l’autre Verset : [Appelle au chemin de Ton Seigneur avec sagesse et le bon sermon, et polémique avec eux de la meilleure manière ; Allah connait mieux ceux qui ont dévié de Son chemin, et Il connait mieux ceux qui sont guidés][6] ; mais encore : [Ne polémiquez point avec les gens du Livre si ce n’est que de la meilleure façon, sauf avec les injustes parmi eux. Dites : Nous avons cru à Celui qui nous a révélé et qui vous a révélé le Livre ; Notre Dieu et le Vôtre est Un, et nous Lui sommes soumis].[7]
L’obligation de combattre s’oppose certes à l’interdiction de le faire au profit du dialogue, mais il est possible de conjuguer ces deux initiatives. Dans ce cas, il n’est pas pertinent de parler d’abrogation. Il va sans dire que chacun à sa façon, ces procédés donnent des résultats, mais, utilisés ensemble, ils sont beaucoup plus efficaces.[8]
Les lois du djihâd sont flexibles et s’adaptent à la conjoncture
Quand, fort de ses alliés, le Messager (r) fut en mesure d’étendre la religion d’Allah, il n’hésita pas une seconde à brandir l’étendard de la guerre contre tous ceux qui lui résistaient. Les lois varient en fonction de la situation et des capacités. Quand on est fort on n’a pas la même approche que quand on est faible, bien que dans les deux cas, on ne fait qu’obéir à Allah, comme quand on est riche ou pauvre, en bonne ou en mauvaise santé. Chaque conjoncture concède ses propres lois.[9]
Les moyens de communication, la nouvelle arme du djihad
Chaque jour notre religion compte de nouveaux adeptes, grâce notamment à la vulgarisation des moyens de communication et des médias (écrits et audiovisuels). De plus en plus de gens découvrent ses valeurs et son fonctionnement. Le Coran dans ses différents supports (audio, livre) est accessible à tous. Distribué en grande quantité à travers le monde, il répond aux aspirations de la nature humaine. C'est pourquoi, il a un grand succès. Nous assistons à une recrudescence de conversions, bien que nous vivions une époque de faiblesse. (S. Fawzân)
On posa la question suivante à Sheïkh el Fawzân : les mécréants, qui n’ont pas reçu le message de l’Islam a notre époque, sont-ils excusables, surtout ceux qui ne sont pas nés de parents musulmans ?
En réponse : aujourd’hui, l’Islam est répandu partout et a atteint les confins de l’Orient et de l’Occident, depuis, surtout, le développement des moyens de communication. La planète est devenue aussi petite qu’un village. Grâces à cette technologie, le Coran étend sa voix sur tous les continents. Au début, la religion musulmane s’est répandue aux extrémités du monde par le biais du djihad. À notre époque, certes, le djihad n’a plus lieu, mais Allah a mis à notre disposition les médias qui prennent le relais et qui permettent d’établir la preuve céleste contre les hommes. Personne ne pourra dire qu’il n’avait rien entendu ou qu’il n’était pas au courant ! (S. Fawzân).
À suivre…
Par : Karim Zentici