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21 juillet 2019 7 21 /07 /juillet /2019 11:11

Enquête sur la crucifixion du Christ 4/6

 

Le christianisme lui-même, et cela depuis l'Antiquité, a utilisé tout ce qui, autour de lui, dans le monde païen ou profane, lui paraissait susceptible d'illustrer sa foi ou de servir sa pastorale. Que l'on songe au vocabulaire de la philosophie stoïcienne du Xôyoç, peut être dès le prologue de l’Evangile selon saint Jean, à celui des religions à mystères, à partir du IVe siècle, peut-être aussi à certaines images de la théologie Héracléenne pour commenter et illustrer, aux yeux de l'imagination, le texte de la Première épitre de saint Pierre, 3, 19, sur la descente du Christ aux Enfers. S'il est vrai que l'adoration de Jésus comme « Soleil de justice » ce qui veut dire de sainteté tire son origine d'un texte messianique de l'Ancien Testament, Malachie, 3, 20, il est bien certain que c'est le culte contemporain du Soleil, qui a conduit les chrétiens à fixer la date de Noël au 25 décembre, fête païenne du Sol invictus, pour opposer à ce culte, l'adoration de ce « Soleil de Justice ».

 

Il s'agit à chaque fois d'exprimer la doctrine en utilisant les intérêts voire les modes intellectuels des contemporains, ou en se servant des opportunités concrètes de temps ou de lieu, pour substituer à un culte païen le culte chrétien.

 

L’opposition au paganisme

 

Dans ces œuvres de polémique, la contestation s'exprime avec les ressources de la culture antique. Tout se passe comme si nous assistions à la contestation du monde antique par lui-même, à une contestation interne où le paganisme est remis en question par des tenants de la culture antique, ce que prétendent bien être Tertullien, Minucius Félix et Lactance.

 

Dans un monde où le paganisme et la culture, sous toutes ses formes, étaient étroitement liés, dans une solidarité universellement reconnue, comme une évidence première, où l'on voyait s'affirmer toute la consistance du monde antique païen dans son unité — c'est toute l'inspiration de la restauration païenne de Julien, en particulier dans sa loi sur l'enseignement — voici qu'apparaissait une distinction entre paganisme et culture, qui s'étendrait bientôt des lettres aux arts et qui représente, en fait, dans l'édifice du monde antique païen, la lézarde fatale qui commandera son écroulement. Saint Augustin se représentera le rejet du paganisme et l'adoption de la culture antique, par les chrétiens, sous une forme imagée qu'il doit à l'exégèse allégorique d'un passage de la Bible : les chrétiens font ce que firent les Hébreux qui quittèrent la terre d'oppression et de servitude qu'était l'Egypte, mais le firent en emportant les richesses des Égyptiens. (…)

 

Tous les écrivains n'ont pas toujours une formation théologique approfondie — ainsi Arnobe et Lactance — , sans compter qu'avec les meilleures intentions, un écrivain peut commettre des erreurs d'appréciation. Tel fut le cas d'Origène dont la foi et la vertu ne font aucun doute, mais qui fut trop accueillant à certaines thèses du platonisme. (…)

 

Ambroise lorsqu'il reprend dans son œuvre des passages entiers de Plotin

 

Les chrétiens immergés dans un monde païen, en voulant se tenir à l'écart du paganisme, sont amenés à vivre en marge de toute une part de la vie sociale. Perçus par les païens comme des marginaux, ce que contestera Tertullien, on les accuse de haine du genre humain et de troisième race, n'étant ni païens ni juifs.

 

Dans le domaine où les chrétiens devaient être les plus sourcilleux — et nous en verrons un exemple — celui de la liturgie, on voit apparaître progressivement le vocabulaire de la langue religieuse païenne qu'on avait exclu autrefois pour éviter des ambiguïtés, mais qui ne présente plus aucun risque d'équivoque désormais : ainsi purus, ara, templum. En même temps que cette liturgie recherche une syntaxe plus oratoire, intégrant la culture antique — mais non pas les idées religieuses de ce monde — dans le culte chrétien.

 

http://www.persee.fr/docAsPDF/bude_0004-5527_1988_num_1_2_1359.pdf

 

L’obscurantisme de la Trinité

 

Ambroise, répond hautainement : « Ce que vous ignorez, nous l'avons connu par la voix de Dieu. Et, ce que vous cherchez avec vos hypothèses, nous le tenons pour certain de la Sagesse de Dieu et de la Vérité. »

 

On sait que non seulement les païens, mais même beaucoup de chrétiens, comme Arius, refusaient l'absurdité d'un homme-dieu et l'identité du Fils avec le Père, nécessaire à la fondation divine de l'Église. Survient alors au concile de Nicée un Symbole ou Credo qui mettait fin à la dispute en approuvant les dogmes sur la divine Trinité (quelque chose de semblable existait déjà dans Plotin). (…)

 

Et à propos du droit romain, comment ne pas se rappeler que le Christianisme s'il n'a pas pu détruire tout ce qui était païen, se l’est accaparé ? Justinien, cet empereur qui, selon Procope était "pratiquement analphabète, chose qui on n'avait jamais vu dans l'empire romain..., et qui dans la langue, dans l’aspect extérieur et dans la mentalité se comportait comme un sauvage", a commandé le recueil des lois romaines (y-a-il quelque chose de plus païen, peut-être ?) et il l'intitulera au nom de Christ : Proœmium de Confirmatione Institutionum, In nomine Domini nostri Jesu Christi...". Quelle impudente falsification historique ! Le Christianisme, ou bien raye ou bien s'accapare ce qu’il y a de vital dans le Paganisme : il recueille l'héritage de ses lois, il prohibe ou sanctifie ses jeux, il transforme les temples en églises, comme "Santa Maria sopra Minerva", il remplace les dieux par des anges et des saints, il appelle le pape Pontifex Maximus [13], il occupe son siège, hors duquel et sans lequel l'évêque de Rome ne serait pas Pape.

 

Voir : http://racines.traditions.free.fr/eglidiab/pagalcri.pdf

 

L’énigme des douze apôtres : onze ou douze ?

 

Extrait de l'évangile de Jean (Jean, 20:24-29) :

« Thomas, appelé Didyme (le jumeau), l'un des douze, n'était pas avec eux lorsque Jésus vint. Les autres disciples lui dirent donc : Nous avons vu le Seigneur. Mais il leur dit : Si je ne vois dans ses mains la marque des clous, et si je ne mets mon doigt dans la marque des clous, et si je ne mets ma main dans son côté, je ne croirai point. Huit jours après, les disciples de Jésus étaient de nouveau dans la maison, et Thomas se trouvait avec eux. Jésus vint, les portes étant fermées, se présenta au milieu d'eux, et dit : La paix soit avec vous ! Puis il dit à Thomas : Avance ici ton doigt, et regarde mes mains ; avance aussi ta main, et mets-la dans mon côté ; et ne sois pas incrédule, mais crois. Thomas lui répondit : Mon Seigneur et mon Dieu ! Jésus lui dit : Parce que tu m'as vu, tu as cru. Heureux ceux qui n'ont pas vu, et qui ont cru ! »

 

(Marc, 16:14-20) : « Enfin, il apparut aux onze, pendant qu'ils étaient à table ; et il leur reprocha leur incrédulité et la dureté de leur cœur, parce qu'ils n'avaient pas cru ceux qui l'avaient vu ressuscité. Puis il leur dit : Allez par tout le monde, et prêchez la bonne nouvelle à toute la création. Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné. Voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru: en mon nom, ils chasseront les démons ; ils parleront de nouvelles langues ; ils saisiront des serpents ; s'ils boivent quelque breuvage mortel, il ne leur feront point de mal ; ils imposeront les mains aux malades, et les malades, seront guéris. Le Seigneur, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel, et il s'assit à la droite de Dieu. Et ils s'en allèrent prêcher partout. Le Seigneur travaillait avec eux, et confirmait la parole par les miracles qui l'accompagnaient. »

 

Comme le précise Régis Moreau, Thomas est un autre nom de Judas Iscariote. C'est ainsi que Marc parle des onze, tandis que Jean ajoute un passage avec le douzième. Il s'agit d'une autre version sur le repentir de Judas. Or, cette incursion nouvelle du douzième apôtre n'est pas innocente. En effet, Judas n'est autre que Thomas. Or, selon les Actes de Thomas, Thomas est nommé le jumeau et est crucifié à la place de Jésus... Ainsi, en ajoutant en fait cette incrédulité de Thomas, Jean réfute la thèse de la crucifixion de Judas à la place de Jésus. Cet ajout garde ironiquement la cicatrice d'une plume très tardive, puisqu'il est fait mention de trous dans les mains de Jésus, or, les clous étaient enfoncés aux poignets... Etant donné que la crucifixion a été abolie en 320 par Constantin, cet extrait semble bien avoir été au moins remanié après 320... On est devant un artéfact témoignant de la croyance en la transfiguration de Judas en Jésus pour être crucifié à sa place dans les évangiles canoniques, mais selon le camp orthodoxe.

 

Le message de Jean est donc le suivant, Judas n'a pas été crucifié à la place de Jésus, il s'est repenti, mais il a fini par mettre ses propres doigts dans les trous des mains de Jésus qu'il a vendu. Thomas signifie en araméen (Te'oma) le jumeau, Didyme aussi signifie le jumeau. Cette relecture peut sembler tirer par les cheveux à priori, mais le fait est là que cet ajout du douzième apôtre est propre à Jean, le rédacteur le plus tardif, et que cette thèse existait de fait avant la fin du premier siècle au moins chez Thébutis. Jean fait de Judas qui a vendu Jésus, précisément celui qui prouve que Jésus porte les cicatrices de la crucifixion. A noter que dans les Actes de Thomas, Jésus vend Thomas, et c'est aussi lui qui est crucifié à la place de Jésus. Un autre passage qui va en ce sens est celui où Jean écrit que Jésus porte lui-même la croix jusqu'au lieu appelé Golgotha, sachant que certains affirmaient que c'est un dénommé Simon de Cyrène qui a été crucifié par erreur...

 

Jean réécrit l’histoire

 

(Jean, 19:16-18) : « Alors il le leur livra pour être crucifié. Ils prirent donc Jésus, et l'emmenèrent. Jésus, portant sa croix, arriva au lieu du crâne, qui se nomme en hébreu Golgotha. C'est là qu'il fut crucifié, et deux autres avec lui, un de chaque côté, et Jésus au milieu. »

 

Voyons la version de Marc (Marc, 15:20-22) : « Après s'être ainsi moqués de lui, ils lui ôtèrent la pourpre, lui remirent ses vêtements, et l'emmenèrent pour le crucifier. Ils forcèrent à porter la croix de Jésus un passant qui revenait des champs, Simon de Cyrène, père d'Alexandre et de Rufus ; et ils conduisirent Jésus au lieu nommé Golgotha, ce qui signifie lieu du crâne. » Il y a donc contradiction.

 

Jean rejette cette version, et affirme que Jésus porte lui-même la croix. Ainsi, la thèse de la crucifixion de Simon à la place de Jésus est également réfutée à la racine. Par conséquent, quelle que soit la date de la rédaction de l'évangile de Jean, on note que Jean réfute en filigrane la crucifixion d'un autre que Jésus.

 

Pareillement, la thèse de la crucifixion de Barrabas à la place de Jésus est réfutée, en effet, Jean ne mentionne personne d'autre de crucifié avec Jésus. Une façon de nier la crucifixion de Barrabas, nommé Jésus. (Jean, 18:40) : « Alors de nouveau tous s'écrièrent : Non pas lui, mais Barabbas. Or, Barabbas était un brigand. » Pour Jean, seul le Christ doit être crucifié, comme un agneau. Donc, les autres condamnés font tâche. « Si Jésus n'est pas mort sur la croix, la foi est vaine. » On comprend donc ainsi combien ce point crucial avait son importance du temps de l'évangéliste.

 

Contradiction dans la liste des douze apôtres

 

La liste des douze apôtres selon les quatre évangélistes (Mathieu, 10:1-4) : « Puis, ayant appelé ses douze disciples, il leur donna le pouvoir de chasser les esprits impurs, et de guérir toute maladie et toute infirmité. Voici les noms des douze apôtres. Le premier, Simon, appelé Pierre, et André, son frère ; Jacques, fils de Zébédée, et Jean, son frère ; Philippe, et Barthélemy ; Thomas, et Matthieu, le publicain ; Jacques, fils d'Alphée, et Thaddée ; Simon le Zélote (ou le Cananite), et Judas l'Iscariote, celui qui livra Jésus. »

 

(Marc, 3:13-19) : « Il monta ensuite sur la montagne ; il appela ceux qu’il voulut, et ils vinrent auprès de lui. Il en établit douze, pour les avoir avec lui, et pour les envoyer prêcher avec le pouvoir de chasser les démons. Voici les douze qu'il établit : Simon, qu'il nomma Pierre ; Jacques, fils de Zébédée, et Jean, frère de Jacques, auxquels il donna le nom de Boanergès, qui signifie fils du tonnerre ; André ; Philippe ; Barthélemy ; Matthieu ; Thomas ; Jacques, fils d'Alphée ; Thaddée ; Simon le Cananite, et Judas Iscariote, celui qui livra Jésus. »

 

(Luc, 6:12-16) : « En ce temps-là, Jésus se rendit sur la montagne pour prier, et il passa toute la nuit à prier Dieu. Quand le jour parut, il appela ses disciples, et il en choisit douze, auxquels il donna le nom d'apôtres : Simon, qu'il nomma Pierre ; André, son frère ; Jacques ; Jean ; Philippe ; Barthélemy ; Matthieu ; Thomas ; Jacques, fils d'Alphée ; Simon, appelé le zélote ; Juda de Jacques ; et Judas Iscariote, qui devint traître. »

 

(Jean, 21:2) : « Simon Pierre, Thomas appelé le Jumeau, Nathanaël de Cana en Galilée, les fils de Zébédée et deux autres disciples se trouvaient ensemble. »

 

On peut constater que la liste varie donc jusqu'à seize. Car il faut savoir que les apôtres seront considérés comme des colonnes, pour donner du poids à sa version de son évangile. D'où les luttes concernant l'identité des douze, mais également sur leur présentation autour de Simon. Ainsi Marc présente André comme frère de Simon, l'apôtre central... Tandis que Mathieu présente plutôt Jacques comme son frère. Luc présentera Jacques sans aucune précision... Il faut savoir que Jacques était l'ennemi juré de Paul et des personnes luttant contre la circoncision et la loi.

 

Les douze sur le trône (Matthieu 19 :28) : « Jésus leur répondit : Je vous le dis en vérité, quand le Fils de l’homme, au renouvellement de toutes choses, sera assis sur le trône de sa gloire, vous qui m’avez suivi, vous serez de même assis sur douze trônes, et vous jugerez les douze tribus d’Israël. »

 

Or, Judas est sensé être mort apostât après avoir dénié son maître...

 

Jésus se manifeste tantôt aux onze, tantôt aux douze

 

(Marc, 16:14) : « Enfin il se manifesta aux Onze eux-mêmes pendant qu'ils étaient à table, et il leur reprocha leur incrédulité et leur obstination à ne pas ajouter foi à ceux qui l'avaient vu ressuscité. » Jean rajoute le douzième homme, Thomas.

Tandis que les actes des apôtres donnent encore une liste différente des onze. (Actes, 1:13) : « Quand ils furent arrivés, ils montèrent dans la chambre haute où ils se tenaient d'ordinaire ; c'étaient Pierre, Jean, Jacques, André, Philippe, Thomas, Barthélemy, Matthieu, Jacques, fils d'Alphée, Simon le Zélote, et Jude, fils de Jacques. » Ainsi Jude se rajoute à la liste grossissante des douze.

 

Il semblerait bien que le nombre douze soit lui-même une invention postérieure à Jésus. Repris du mithraïsme, et porteur de mystère, tel le nombre des constellations et des mois de l'année. La liste de 12 ne se restreint donc nullement à un groupe bien réel d'apôtres bien identifiés. Chacun ayant sa propre liste des douze. Un peu comme le nombre des mitzvoth ou des dix commandements. Ces nombres sont des symboles typiques de l'époque, qu'il ne fallait pas prendre au pied de la lettre (sic).

Or les divergences sur les listes dénoncent clairement les divergences sur les versions des évangiles et des apôtres...

 

À suivre…

                     

Par : Karim Zentici

http://mizab.over-blog.com/

 

 

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commentaires

R
Merci beaucoup pour cet article très complet.
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