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13 août 2019 2 13 /08 /août /2019 11:03

 

Cadeau à la veille de la fête de l’aïd 4/4

 

 

 

 

Cet évènement n’a pas échappé au chroniqueur ibn Ishâq qui l’a répertorié en intégralité. Il nous raconte qu’un jour, le grand-père de l’Ami d’Allah (r) entra dans le Hijr de la Kaaba pour y faire un somme.[1] Il vit en songe qu’on lui demandait de déterrer Taïba, mais il ne savait pas à quoi ce nom correspondait. Le lendemain, le même rêve se renouvela, mais cette fois il s’agissait de Barra. Il vécut la même chose les deux jours suivants, et à chaque fois l’endroit qu’il fallait déterrer changeait de nom ; il s’agissait pour la troisième nuit de Madhnûna, et pour la quatrième de… Zamzam.[2]

 

Ce nom étrange demeurait pour lui une énigme que sa vision nocturne, désormais coutumière, allait résoudre. La nuit suivante, il vit le lieu où il fallait creuser. Le lendemain, il se rendit à l’endroit en question accompagné d’el Hârith, qui était alors son seul fils. Il se mit à creuser et dès qu’il découvrit le puits, il proclama la grandeur d’Allah. Les Qurayshites comprirent qu’il avait atteint son but. Ils vinrent à sa rencontre et lui rappelèrent que ce puits appartenait à leur ancêtre Ismâ’îl, et qu’ils avaient dessus autant de droits que celui qui l’avait retrouvé. Il y avait déniché notamment deux gazelles en or qui appartenaient à la tribu de Jurhum. Ils y avaient caché également leurs sabres et leurs armures…[3] Avant d’entamer les recherches, Hishâm avait fait le vœu à Dieu que s’il menait sa mission à bien et qu’il engendrait dix enfants mâles, d’en égorger un par reconnaissance envers Ses bienfaits immenses.

 

Après l’histoire du puits, ibn Hâshim avait gagné l’estime de ses concitoyens et le rang des Banû ‘Abd Manâf grandissait jour après jour. Il engendra dix enfants mâles et devait désormais remplir son vœu. Il tira au sort pour désigner lequel de ses fils devait mourir. À chaque fois, le sort désignait celui qui était le plus cher à ses yeux ; celui-là même qui, plus tard, mettra au monde le sceau des Prophètes : c’était ‘Abd Allah ! Les oncles de l’enfant et les notables de Quraysh cherchèrent à l’en dissuader. Il décida alors de tirer au sort pour choisir lesquels entre ‘Abd Allah ou cent chameaux devait-il sacrifier. Le décret d’Allah porta sur les bêtes,[4] ‘Abd Allah fut sauvé, car l’humanité attendait l’avènement prochain de son fils, ce qui en soit est un signe précurseur à sa prophétie. La prière de ses ancêtres Ibrahim et Ismâ’il devait ainsi être exaucée : [Seigneur ! Envoie-leur un Messager issu des leurs afin qu’il leur récite Tes Versets, qu’il leur enseigne le Livre et la Sagesse, et qu’il les purifie, Tu es certes le Dieu  Puissant et Sage].[5]

 

« A l'égard d'Ismaël, je t'ai exaucé. Voici, je le bénirai, je le rendrai fécond, et je le multiplierai à l'infini ; il engendrera douze princes, et je ferai de lui une grande nation. »[6] Et le Prophète Mohammed (r) fera valoir qu’il est le descendant des deux enfants-sacrifices, nous dit une narration controversée.

 

Abraham, qui avait réussi ses durs « travaux », devint un exemple pour tous les adeptes du monothéisme jusqu’à la fin du monde. Le Coran lui rend hommage à maints endroits : [N’avions-nous pas déjà offert à la famille d’Ibrâhîm le Livre et la sagesse, en plus d’un vaste royaume ?][7] ; [qui vous a élu sans ne vous accablez de la moindre gêne dans votre religion qui est celle de votre père Abraham, lequel vous a donné dans les Écritures antérieures le nom de musulmans que vous gardez encore dans ce Livre, afin que le Prophète soit témoin que le message vous ait été transmis, et que vous-mêmes soyez témoins que les hommes l’aient bien reçu][8] ; (Qui donc se détournerait de la confession d’Abraham à moins d’être un insensé, Nous l’avons élu ici-bas, et, dans l’autre monde, il siègera parmi les justes • Lorsque Son Seigneur lui ordonna de se soumettre, il répondit promptement, je me soumets au Seigneur de l’univers • Abraham, et Jacob par la suite, fit cette recommandation à ses fils : Mes Enfants, Dieu a choisi pour vous cette religion, alors soyez-y soumis jusqu’à la mort).[9]

 

Couvés à l’ombre du grand théâtre qui se jouait à ciel ouvert sur la carte du monde, le temps était enfin venu pour les Arabes de la Péninsule d’entrer en scène afin d’écrire leur propre page dans le grand registre de l’Histoire des hommes. Les plans du Seigneur sont impeccables.

 

El Hasan et el Husaïn

 

Voici en complément à ce sujet, une analyse subtile de Sheïkh el Islam ibn Taïmiya sur les deux enfants de ‘Âli (t) : « Les ancêtres du Mahdî remontent à el Hasan non à el Husaïn, car ces derniers ressemblent sous certains aspects aux deux enfants d’Ibrahim bien qu’ils ne soient pas des prophètes. Pour les protéger, le Prophète (r) invoquait Allah en ces termes : « Je vous place sous la protection des Paroles Parfaites d’Allah contre toute insufflation des démons et tout mauvais œil. »[10] Il disait à ce sujet qu’Ibrahim protégeait Ismâ’îl et Ishâq de cette façon.[11] Ismâ’îl était le plus grand et le plus sage des deux garçons. C’est pourquoi, le Prophète a proclamé du haut de sa chair alors qu’el Hasan se tenait avec lui : « Mon fils que voici est un Saïd (maître ndt.), par le biais duquel Allah va concilier entre deux grandes armées musulmanes. »[12] La plupart des prophètes provenaient de la descendance d’Ishâq, et de la même façon la plupart des Imams sont de la descendance de Husaïn. Or, le sceau (ou le dernier) des prophètes dont la religion s’est répandue sur toute la surface de la Terre est de la descendance d’Ismâ’îl, il convenait ainsi que le Mahdî, ce Khalife bien guidé qui sera le dernier des Khalifes soit de la descendance de Hasan. »[13]

Voici la preuve imparable qui lève le voile sur l’identité de l’enfant-sacrifice

 

Selon ibn ‘Âdil, l’Imâm Ahmed a dit : « La bonne opinion identifie Ismaël comme étant l’enfant-sacrifice. Celle-ci est corroborée par la grande majorité des savants au sein des anciens et des modernes. »

 

Dans Majmû’ el fatâwa de Sheïkh el Islam ibn Taïmiya (4/331-336), nous trouvons ce passage révélateur : « Ismâ’îl est le fils d’Ibrahim qui fut choisi pour le sacrifice de son père comme l’établissent le Coran, la sunna, et un certain nombre de preuves qui sont notoires. D’ailleurs, la Thora qui est entre les mains des détenteurs du Livre le confirme. Les anciennes Écritures disent en effet : « égorge ton fils unique »[14] L’autre traduction parle d’un premier-né. Ismaël fut bel et bien le fils unique à cette époque et le premier-né du Patriarche à l’unanimité des savants musulmans et des hébreux, mais ces derniers ont falsifié leurs écritures en y insérant Isaac. Par la suite, cette information, dont l’origine provient des Textes hébraïques falsifiés, s’est répandue. C’est pourquoi, nombre de musulmans adoptent l’idée que l’enfant en question fut Ishâq. »

 

« ton fils premier-né », se trouve bel et bien dans la version du livre des Jubilés, et le Targum Palestine signe avec « ton fils, ton unique engendré ».

 

Après l’épreuve du bûcher qui déboucha sur l’exil du Patriarche, ce dernier implora : (Seigneur, supplia-t-il, accorde-moi une pieuse postérité ! Quelques années plus tard, au cours d’une marche, autre traduction possible : Et quand l’enfant atteignit l’âge mûr, au cours d’une marche, son père lui confia : Mon fils, je me suis vu en songe en train de t’immoler).[15] Plusieurs narrations d’ibn ‘Abbâs désignent l’identité de cet enfant en la personne d’Ismaël. On pourrait avancer que ces dictions ne sont pas suffisamment fortes pour atteindre le degré d’authenticité, sauf qu’en les recoupant avec d’autres éléments qui, eux, sont imparables, leur fiabilité se consolide considérablement. Nous avons notamment une narration de ce même ibn ‘Abbâs qui, rapportée par el Bukhârî (n° 3364, 3365), jette la lumière sur le passage : (Et quand l’enfant atteignit l’âge mûr, au cours d’une marche).[16] Selon ibn ‘Abbâs, après avoir raconté en détail l’épisode d’Agar et d’Ismaël, et de la rencontre d’Abraham avec les deux épouses successives de son fils, il trouva ce dernier non loin de la Kaaba en train de tailler ses flèches. Le jeune homme se leva à la rencontre de son père, lui fit l’accolade, et se mit à sa disposition. Là, Ibrahim, d’un ton solennel l’interpella : « Mon fils, j’ai reçu un ordre de la part de Dieu.

  • Soit, se résigna Ismaël, tu n’as qu’à exécuter l’ordre qui te vient de Ton Seigneur !
  • Serais-tu prêt à m’aider ?
  • Je ne demande que cela.
  • J’ai reçu l’ordre de monter les fondations du Temple sacré. »

 

Dès lors, ils se mirent à l’ouvrage. Le fils faisait passer les pierres à son père qui les installait au fur et à mesure. Quand l’édifice commença à devenir trop haut, Ismaël plaça un rocher juste en dessous afin de permettre à son père d’achever sa construction. C’est exactement l’explication du passage : (Et pendant qu’Ibrahim et Ismâ’îl élevaient les fondations de la Maison sacrée, ils imploraient : Seigneur, acceptes cet humble ouvrage, Toi le Dieu Entendant et Omniscient ! • Seigneur, soumet-nous à Ta Volonté, ainsi qu’une partie de notre postérité, fais-nous voir nos rites, et pardonne-nous, car Tu es Absoluteur et Tout-Miséricordieux • Seigneur ! Envoie-leur un Messager issu des leurs afin qu’il leur récite Tes Versets, qu’il leur enseigne le Livre et la Sagesse, et qu’il les purifie, Tu es certes le Dieu  Puissant et Sage).[17]

 

Ainsi, « l’enfant qui atteignit l’âge mûr » est le même qui subit l’épreuve du sacrifice. La seule échappatoire possible qui s’impose à Karim Hanifi est de déplacer Isaac à la Mecque, et là, il s’empêtrerait dans un bourbier tel que les chrétiens ne pourront plus le suivre. D’ailleurs, c’est logique puisque Abraham avait demandé à Dieu de lui offrir un enfant juste après son exil sur les terres de Canaan, comme l’exprime le contexte. Et qui fut ce premier enfant que Dieu lui fit cadeau ?

                           

Par : Karim Zentici

http://mizab.over-blog.com/

 

 

 

[1] Le Hatîm est la partie non finie de la Ka’ba qui entre dans les fondations d’Ibrahim. Il fut appelé ainsi, car il fut détruit (ihtatama) par les inondations et le Hijr doit son nom au mur qui l’entoure. Avant l’avènement de Mohammed (r), les Quraïshites manquaient de moyens pour reconstruire cette partie, car ils n’acceptaient que l’argent honnête. Ils furent obligés de réduire la façade nord et montèrent à l’endroit des fondations un mur qui resta tel quel jusqu’aujourd’hui. Ils lui donnèrent le nom de Hijr Ismâ’îl. Cette appellation fait probablement allusion à la fable selon laquelle le fils d’Ibrahim y serait enterré avec un certain nombre de prophètes. Cette histoire n’est pas crédible, si l’on sait que le Hijr doit son nom à la partie manquante de la Ka’ba.

[2] Voir : Akhbâr Makka d’el Azraqî (2/44-46), Dalâil e-Nubuwwa d’el Baïhaqî (1/93), Sîra ibn Hishâm (1/89-90), el bidâya wa e-nihâya d’ibn Kathîr (2/227).

[3] Cette version est rapportée dans Akhbâr Makka d’el Azraqî.

[4] Idem. (2/42-43).

[5] La vache ; 129

[6] La Genèse ; 17.20

[7] Les femmes ; 54

[8] Le pèlerinage ; 78

[9] La vache ; 130-132

[10] Rapporté par el Bukhârî (3371), selon ibn ‘Abbâs.

[11] C’est un passage du Hadith précédent.

[12] Rapporté par el Bukhârî (2704, 3629, 3746, 7109), selon Abû Bakra.

[13] Voir : Jâmi’ el Masâil de Sheïkh el Islam ibn Taïmiya qui propose certaines Fatwas inédites (4/99).

[14] Voici les termes de la Traduction œcuménique : « Prends ton fils, ton unique, Isaac, que tu aimes. Pars pour le pays de Morriya et là, tu l’offriras en holocauste sur celle des montagnes que je t’indiquerais. » [Genèse ; 22-3]

[15] Les rangées d’anges ; 101

[16] Les rangées d’anges ; 101

[17] La vache ; 127-129

 

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commentaires

R
Merci pour ces informations. <br /> This is an excellent post.
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