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9 février 2011 3 09 /02 /février /2011 18:16


(Partie 3)

 

Voir :el ashâ’ira fî mîzân ahl e-sunna (p. 561-567) de Faïsal el Jâsim.

 

Cinquièmement : ibn ‘Abbâs aurait interprété le Verset : [Allah est la Lumière des cieux et de la terre].[1] Selon Tabârî, il aurait dit qu’Allah guide les occupants des cieux et de la terre.

 

Nous disons en réponse :

 

Premièrement : cette annale tourne autour de ‘Alî ibn Abî Talha. Tous ceux qui la rapportent, dont notamment Tabârî, mais aussi el Baïhaqî dans el Asmâ wa e-sifât (p. 102), la font passer par ce dernier. Or, cette chaîne narrative est ininterrompue (munqati’), étant donné que ce fameux ibn Abî Talha ne sait jamais instruit auprès du Compagnon. Dahîm affirme à ce sujet : « Il n’a pas entendu le tafsîr par la voie d’ibn ‘Abbâs. » Ibn Hibbân confirme : « Il impute des paroles à ibn ‘Abbâs, sans ne l’avoir jamais rencontré. »

En outre, les spécialistes divergent également sur sa crédibilité. Si certains, comme Abû Dâwûd, e-Nasâî et ibn Hibbân lui reconnaissent une certaine crédibilité, ce n’est pas le cas pour d’autres. Ya’qûb ibn Sufiân, par exemple, dit de lui : « Son hadîth est faible. Il est désapprouvé (munkar) et sa tendance n’est pas louable. »[2]

Ibn Hajr nous fait un résumé des paroles de savants sur cet homme : « Il est sadûq et peut faire des erreurs. »[3] E-Dhahabî explique quant à lui : « Ahmed affirme : il rapporte des choses désapprouvées. »[4]

 

Deuxièmement : dans l’hypothèse où cette annale serait authentique, celle-ci n’entre nullement dans le registre du ta-wîl. Allah (I) guide certes sur le droit chemin, mais cela ne l’empêche pas d’être une Lumière. L’un des sens dont revêt ce nom, c’est justement de guider Ses créatures. Ces deux choses vont obligatoirement ensemble. Ibn ‘Abbâs nous le faire savoir implicitement. D'ailleurs, la suite du Verset va dans ce sens : [Sa Lumière est comme] : autrement dit, Sa Lumière qui se trouve dans le cœur du croyant. Ce procédé était connu chez les anciens. Ces derniers expliquaient une chose par l’une de ses caractéristiques ou l’une de ses formes. Cela ne veut pas dire qu’ils ne tenaient pas compte des autres éléments, qui peuvent plutôt être implicites et indissociables.

Ex. : le « chemin droit » dont il est question dans la sourate L’ouverture fut interprétée de diverses façons. Selon les uns, il s’agit de l’Islam, pour les autres, c’est le Coran, pour une troisième tendance, il représente « la tradition et l’union », et pour d’autres enfin, il incarne le chemin de l’adoration.

Or, ses exégèses sont complémentaires et rendent parfaitement tout autant qu’ils sont, le sens en question.

 

Troisièmement : certains textes qualifient le Très-haut comme étant une Lumière. Le Coran révèle à ce sujet : [la terre s’est illuminée de la Lumière de Son Seigneur].[5]

 

En outre, d’après Muslim, selon Abû Mûsâ (t), le Messager d’Allah (r) s’est tenu au milieu de nous avant de nous donner un discours regroupant cinq choses. Il a dit : « Allah (U) ne dort pas et il ne Lui appartenait pas de dormir ; Il fait baisser ou monter la balance. Les œuvres de la nuit Lui sont montées avant le lever du jour et les œuvres du jour Lui sont montées avant la tombée de la nuit. Son Voile est une Lumière (Nûr) – selon la version d’Abû Bakr : Nâr –, s’Il le dévoilait toute la création sur laquelle s’étend Sa Vision se désintégrerait. »[6]

 

Selon Abû Dharr (t) également, dans le hadîth de l’ascension, ce dernier demanda au Messager d’Allah (r) : « Est-ce que tu as vu Ton Seigneur ?

-          Comment pourrais-je le voir, Lui qui est une Lumière, répondit-il. »[7]

À son retour de Tâif, après avoir invité ses habitants à embrasser l’Islam, le Prophète (r) invoqua : « Je cherche refuge auprès de la Lumière de Ton Visage par lequel Tu as illuminé les ténèbres, et arrangea toute chose dans la vie d’ici-bas et celle de l’au-delà, etc. »[8] Cette dernière phrase donne l’explication de la Lumière, au même titre que la parole d’ibn ‘Abbâs disant qu’Allah guide les occupants des cieux et de la terre.

 

Abû el Hasan el Ash’arî lui-même décrit Allah comme étant une Lumière dans son fameux maqâlât el islâmiyîn, dans lequel il affirme que pour les traditionalistes : « … Il est une Lumière comme Il (I)le révèle : [Allah est la Lumière des cieux et de la terre].[9] »[10]

 

Sixièmement : ibn ‘Abbâs aurait interprété les textes qui parlent du Visage d’Allah : au sujet du Verset : [et il restera le Visage de Ton Seigneur, le détenteur de la Majesté et de la Magnificence],[11] selon el Qurtubî, le Compagnon aurait dit : « Le Visage exprime Sa Personne. »

 

En réponse : cette annale n’a aucune origine qui remonterait au cousin du Prophète (r). D’autres textes affiliés de façon certifiée à ce dernier reconnaissent clairement le « Visage ». Au sujet, en effet, du Verset : [Ceux qui ont fait des belles œuvres auront une belle récompense, et plus encore].[12] La récompense en plus dont il s’agit ici, c’est, à ses yeux, de voir le Visage d’Allah.[13] Pour l’autre verset : [Leur Seigneur, ils regarderont],[14] il affirme qu’ils regarderont Leur Créateur.[15]

 

Septièmement : ibn ‘Abbâs aurait interprété le terme Sâq : au sujet du Verset : [Le Jour où une jambe sera dévoilée].[16] Selon ce dernier (t), il s’agirait d’une peine atroce.

 

Nous disons en réponse :

 

1- Les Compagnons divergent sur l’exégèse de ce Verset. Pour ibn ‘Abbas et une partie d’entre eux, il s’agit certes de la difficulté, mais pour d’autres comme Abû Sa’îd et ibn Mas’ûd, il s’agit d’un Attribut divin. Quoi qu’il en soit, personne ne conteste que le Sâq soit un Attribut. La divergence règne sur le fait de savoir si le Verset en question fait allusion à cet Attribut ou non. Nul doute que le sens littéral de ce Verset ne prête pas à le dire. Le Sâq est ici un nom indéterminé dans une phrase affirmative. Il n’est pas affilié au Seigneur dans ce contexte. C’est ce qui a poussé ibn ‘Abbâs à ne pas compter ce Verset parmi ceux qui désignent les Attributs d’Allah.

Or, ceux qui considèrent qu’il désigne un Attribut, se servent pour appuyer leur opinion d’un hadîth que s’accordent à rapporter el Bukhârî et Muslim. Ils ne se sont pas fiés au sens littéral du Verset, comme l’opinion des premiers n’entre nullement dans le cadre du ta-wîl. Pour l’être, il aurait fallu donner au Verset un sens figuré, qui serait différent de celui qui s’impose à l’esprit. Ainsi, ibn ‘Abbâs n’a nullement eu recours au ta-wîl.

 

2- l’Attribut Sâq est mentionné dans les textes de la Tradition prophétique. Selon Abû Sa’îd (t), j’ai entendu dire le Prophète (r) : « Quand Notre Seigneur va dévoiler Sa Jambe, tout croyant et croyante va se prosterner. Seuls ceux qui se prosternaient par ostentation et notoriété sur terre resteront debout. Ils essayeront de le faire, mais leur dos sera comme une seule vertèbre (dans le sens où il restera droit ndt.). »[17]

 

À suivre…

 

Traduit par :

Karim Zentici

 



[1]La lumière ; 35

[2]Tahdhîb e-tahdhîb (7/393-341).

[3]Taqrîb e-tahdhîb (p. 698).

[4]El kâshif (2/41).

[5]Les groupes ; 69

[6]Rapporté par Muslim (179).

[7]Rapporté par Muslim (178).

[8]Rapporté par ibn ‘Adî dans el kâmil (6/2124) ; Sheïkh el Albânî l’a jugé faible dans dha’îf el jâmi’ (3107).

[9]La lumière ; 35

[10]maqâlât el islâmiyîn (1/285).

[11]Le Tout-Miséricordieux ; 47

[12]Yûnas ; 26

[13]Rapporté par el Baïhaqî dans el Asmâ wa e-Sifât (p. 133), avec une chaine narrative jugée pas mauvaise par les spécialistes.

[14]La Résurrection ; 23

[15]Rapporté  également par el Baïhaqî dans el i’tiqâd (p. 133) ; il est à noter que sa chaine narrative comprend Salam ibn Sâbûr et ‘Atiya el ‘Awfî ; tous deux sont jugés faibles par les spécialistes.

[16]La plume ; 42

[17]Rapporté par el Bukhârî (4/1871) auquel les termes reviennent, et Muslim (183).

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