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13 mars 2012 2 13 /03 /mars /2012 17:05

environnement

 

Ibn Taïmiya et le taqlîd

(Partie 1)

 

Combien de gens ont l’impression de plaire à Allah alors qu’en réalité, ils obéissent à leurs passions.

(Ibn Taïmiya).

 

[Accrochez-vous tous ensemble à la corde d’Allah et ne vous divisez point][1] (Si vous avez un litige sur quoi que ce soit, alors ramenez-le à Allah et à Son Messager si vous croyez vraiment en Allah et au jour du jugement dernier ; cela vaut mieux et aura, pour vous, de meilleures conséquences)[2] ;

(Tu n’as aucun lien avec ceux qui ont scindé leur religion pour en faire des clans)[3] ; (Quiconque se détourne du Messager après avoir connu la bonne voie, en voulant suivre un chemin différent de celui des croyants, Nous lui ferons subir les fruits de son abandon, et allons lui assigner la Géhenne, et quelle bien vilaine destinée est-elle !)[4] ; (Les précurseurs et les premiers parmi les Émigrés, les Auxiliaires, et leurs fidèles successeurs, Allah les agrée et eux l’agréent. Il leur a préparé des jardins en dessous desquels coulent les rivières et où ils demeurent à jamais)[5] ; (il ne parle pas sous l’emprise de ses passions, mais il est inspiré par la Révélation)[6] ; [En obéissant au Messager, on obéit à Allah][7] ;

[Si Nous avons envoyé des messagers avant toi, c’est uniquement pour qu’on leur obéisse par la Volonté d’Allah][8] ; [Celui qui désobéit à Allah et à Son Messager sera jeté dans le feu de la Géhenne où il restera à jamais][9] ; [En le suivant, vous serez guidés][10] ; [et suivez le Messager, ainsi serez-vous touchés par la miséricorde][11] ; (Les enseignements que le Messager vous a donnés, prenez-les et ce qu’il vous a interdit, renoncez-y)[12] ; (Tout rebelle à Sa Loi doit se méfier de subir une tentation ou un châtiment terrible).[13]

 

Les traditionalistes sont ceux qui suivent le Coran, la sunna, et le consensus des anciens 

 

Ibn Taïmiya définit les traditionalistes comme suit : « Ils représentent ceux qui s’attachent au Livre d’Allah, à la Tradition de Son Messager (r), au consensus des premiers et devanciers parmi les Émigrés mecquois, les Auxiliaires médinois, et leurs fidèles successeurs. »[14]

En allant à l’encontre du Coran, de la sunna, et du consensus, dans des questions où la divergence n’est pas tolérable et où leur auteur n’est pas excusable, on devient un innovateur

 

« Quiconque va à l’encontre du Coran clair, de la sunna répandue, ou du consensus des anciens de la communauté, de sorte qu’il ne soit pas excusable, sera traité comme un innovateur. »[15]

 

« … Les désaccords entre savants traditionalistes portent uniquement sur des questions subtiles qui échappent à la plupart des gens. »[16]

 

Les anciens encourageaient à ne suivre personne aveuglément en dehors du Prophète (r)

 

Louange à Allah ! Il est certifié par les textes du Coran et de la sunna, et par le consensus qu’Allah a ordonné à Ses créatures de Lui obéir et d’obéir à Son Messager. Il ne leur a enjoint de suivre personne en particulier dans tout ce qu’il ordonne ou interdit en dehors du Prophète (r). L’homme le plus véridique de cette communauté et le meilleur dans l’absolu après le sceau des messagers va jusqu’à dire : « Obéissez-moi tant que j’obéis à Allah, mais si je Lui désobéis, alors vous n’avez pas à m’obéir. »

 

Tout le monde s’accorde à dire qu’en dehors du Prophète (r) personne n’est immunisé de l’erreur dans tout ce qu’il ordonne ou interdit. Plus d’un Imam avait pour principe : « Tous les hommes, en dehors du Prophète (r) ont des paroles qu’il est possible de prendre ou de rejeter. »

 

Les fondateurs des quatre écoles « canoniques » interdisaient formellement qu’on prenne toutes leurs paroles pour argent comptant. En mettant en garde contre le suivisme aveugle, ils ne faisaient que remplir leur devoir.

 

Abû Hanîfa a dit, quant à lui : « Voici mon opinion ; je n’en ai pas trouvé mieux, mais si quelqu’un nous en ramène une meilleure, nous nous y soumettons les yeux fermés. »

Son élève Abû Yûsaf retint la leçon le jour où il visita l’Imam Mâlik pour lui poser certaines questions. (Après les avoir évoquées, il enchaine ndt. :) L’Imam y répondit conformément aux preuves issues de la sunna sur le sujet. Voici quelle fut la réaction d’Abû Yûsaf : « Je reviens à ton opinion, Abû Abd Allah ! Et, si mon compagnon avait écouté tes arguments, il aurait fait la même chose que moi. »

 

Mâlik est également l’auteur des paroles en substance : « Je ne suis qu’un homme qui est sujet à l’erreur, alors, confrontez mes paroles au Coran et à la sunna. »

 

E-Shâfi’î, pour sa part, affirme : « Si on ramène un hadîth qui s’avère authentique, alors jetez ma parole contre le mur. Et, si vous voyez une preuve textuelle posée sur la route, alors sachez que j’en fais mienne. »

En introduction à son mukhtasar, el Muzanî souligne : « Ce livre est le résumé des paroles d’Abû ‘Abd Allah e-Shâfi’î que je mets à disposition de celui qui désire connaitre sa tendance, en sachant que l’Imam interdit que l’on suive aveuglement qui que ce soit, que ce soit lui ou n’importe quel autre savant. »[17]

 

L’Imam Ahmed criait haut et fort : « Ne suivez personne aveuglément, ni moi ni Mâlik, ni Shâfi’î ni e-Thawrî, mais apprenez comme nous l’avons fait. »

Il disait également : « Comment reconnaitre que quelqu’un a peu de science ? Il suffit de voir s’il suit aveuglément les hommes pour connaitre sa religion… » Ailleurs, il renchérit : « Ne suis pas aveuglément les hommes pour connaitre ta religion, car ils ne sont pas à l’abri de l’erreur. »

 

En outre, il est certifié dans le recueil e-sahîh que le Prophète (r) a dit : « Allah enseigne la religion à celui à qui Il veut du bien. »[18] Cela signifie implicitement qu’en négligeant d’apprendre la religion, c’est un signe qu’Allah ne nous veut pas du bien. Nous avons en effet le devoir d’apprendre notre religion, soit de connaitre les lois de la religion avec les preuves textuelles à l’appui. Sans cela, on ne peut connaitre la religion.

 

Or, certaines gens sont dans l’incapacité de connaitre en détail les preuves textuelles pour toutes les choses qui les concernent. Dans ce cas, ils ne sont pas tenus de tout savoir, et ils en sont donc déchargés, mais uniquement pour celles qu’ils sont dans l’incapacité de connaitre. Pour le reste, ils ne sont pas excusables.

 

Quant à celui qui a les capacités de regarder dans les textes, les avis des savants sont divisés sur son cas : les uns lui interdisent dans l’absolu de faire du taqlîd, les autres le lui autorisent dans l’absolu ; d’autres enfin le lui autorisent, mais uniquement en cas de besoin, comme, par exemple dans la situation où le temps ne lui permet pas de faire des recherches. Cette dernière tendance est la plus juste. L’ijtihâd (l’effort d’interprétation ndt.) n’est pas un « bloc » uniforme et indivisible. Il est possible qu’un individu soit mujtahid dans une matière, un domaine, voire une question, sans l’être dans le reste. Chacun fait des efforts en fonction de ses compétences.[19]

 

Ne pas être d’accord avec un savant n’est pas un manque de respect

 

Sheïkh el Islam ibn Taïmiya a dit : « Si l’un d’eux fait une mauvaise interprétation qui somme toute est plausible, il n’est pas permis de l’évoquer en mal ni de le critiquer ; si l’on sait qu’Allah lui a pardonné sa faute. Il incombe même au regard de la foi et de la piété qu’il renferme, de l’aimer et de s’allier à lui. Il faut remplir le devoir qu’Allah a imposé envers lui, qui consiste à l’évoquer en bien, à invoquer le pardon en sa faveur, etc. »[20]

 

Mohammed (r) est notre seul meneur dans l’absolu

 

En outre, bon nombre de gens qui parlent des sectes fondent leur jugement sur des suspicions et sur les passions. Ils mettent dans le camp des traditionalistes leur groupe et leur meneur auxquels ils s’affilient et vouent leur alliance. Dans le camp des innovateurs, ils comptent tous leurs adversaires. Il est clair que cette approche est ténébreuse. Les traditionalistes, en effet, n’ont aucun meneur en dehors du Messager d’Allah (r) ; celui-là même qui ne parle pas sous l’effet des passions, mais qui est inspiré par la Révélation. Il incombe de croire à tous ses enseignements et d’obéir à tous ses ordres. Aucun Imam après lui ne jouit de ce statut. « Tous les hommes en dehors du Prophète (r) ont des paroles qu’il est possible de prendre ou de rejeter. »

 

 

[Les traditionalistes] n’ont d’autre meneur que le Messager d’Allah (r) qu’ils suivent aveuglément. Eux, qui connaissent mieux que quiconque ses paroles et ses faits et gestes. Ils sont le plus à même de faire le tri entre les hadîth faibles et authentiques. Leurs grandes références pénètrent la sunna sur le bout des doigts ; légistes incontestables, ils en connaissent l’explication ; ils en sont les plus fidèles dans les actes, en y donnant foi, et en fondant dessus leur sentiment d’alliance (l’amour et la haine en Dieu).[21]

 

À suivre…

 

Par : Karim Zentici

http://mizab.over-blog.com/

 



[1] La famille d’Imrân ; 103

[2] Les femmes ; 59

[3] Le bétail ; 159

[4] Les femmes ; 115

[5] Le repentir ; 100

[6] Les étoiles : 2-3

[7] Les femmes ; 80

[8] Les femmes ; 64

[9] Les djinns ; 23

[10] La lumière ; 54

[11] La lumière ; 56

[12] Le rassemblement ; 7

[13] La lumière ; 63

[14] Majmû’ el fatâwâ (2/375).

[15] Majmû’ el fatâwâ (24/172).

[16] El îmân (p. 281).

[17] Mukhtasar el Muzanî (p. 1) ; celui-ci est imprimé dans le fameux el Umm de Shâfi’î.

[18] Rapporté par el Bukhârî (71), et Muslim (1038).

[19] Majmû’ el fatâwâ (20/210-212).

[20] Majmû’ el fatâwâ (28/234).

[21] Majmû’ el Fatâwâ (3/346-347).

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