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8 décembre 2012 6 08 /12 /décembre /2012 15:42

P1

 

Introduction à la science des Attributs divins

(Partie 2)

 

Voir notamment : e-nafî fî bâb sifât Allah qui à l’origine est une thèse universitaire ès magistère du chercheur Azraq ibn Mohammed Su’aïdân ayant eu pour encadreur Sheïkh U. D. Mohammed ibn Khalîfa e-Tamîmî.

 

Explication 

 

• Ce point s’attaque aux négateurs hérétiques qui remettent les Attributs divins en question. Nous devons croire à ceux qui sont cités dans le Coran et la sunna : « sans les falsifier ni les renier » ; les falsifier (tahrîf) revient à les changer au niveau de la forme ou au niveau du fond.

Ex. : au niveau de la forme : changer istawâ (s’établir sur le Trône ndt.) par istawlâ (s’emparer du Trône ndt.) en y ajoutant une lettre.

Ex. : au niveau du fond ou du sens : interpréter istawâ par istawlâ, la Main par la Puissance, le Visage par la Personne, en falsifiant littéralement le sens du mot : [qui changent le sens des mots].[1]  Les renier (ta’tîl) revient à contester qu’Allah en soit dotés.

 

• Le Verset qu’ibn Taïmiya utilise constitue la règle dans le domaine des Noms et Attributs divins ; [Rien ne Lui ressemble] : dans Ses Noms et Attributs bien qu’il existe un point commun entre eux et ceux de Ses créatures au niveau des termes et du sens originel. Cependant, la ressemblance s’arrête ici, car dans la réalité et la forme, ils sont complètement différents.

 

• La suite du Verset s’attaque aux négateurs : [Il est l’Entendant et le Voyant] ; autrement dit, si certes, rien ne Lui ressemble, Il ne possède pas moins des Noms et Attributs (notamment l’Ouïe et la Vue). Cela démontre qu’il n’y a aucun anthropomorphisme à reconnaitre les Noms et Attributs divins. Le Verset fait donc un parallélisme entre une affirmation : [Il est l’Entendant et le Voyant] ; et une négation : [Rien ne Lui ressemble].

 

• Sinon, on sombre dans l’ilhâd, qui, au niveau de la langue, signifie dévier, déformer. Concernant les Noms et Attributs, il s’agit de les dévier de leur vraie signification.

Ex. : interpréter la Main par la Puissance, le Visage par la Personne. Cela revient à changer le sens des mots. Allah (I) révèle : [Ceux qui déforment nos Versets ne peuvent Nous échapper].[2] Ils les dénaturent soit en les reniant à la manière des négateurs soit en les assimilant à ceux des créatures à la manière des anthropomorphistes.

Il est possible aussi d’inventer des qualificatifs non légitimés par les textes du Coran, ou encore de baptiser les idoles avec des noms dérivés d’Allah, comme e-Lât et el ‘Uzzâ.

 

• Les anthropomorphistes les reconnaissent à outrance. Ils les amalgament à ceux des créatures, qu’Allah nous en préserve ! C’est ce qui explique l’adage des savants : les négateurs adorent le néant et les assimilateurs adorent une idole.[3] Les négateurs adorent un dieu dépourvu de Noms et Attributs, en le comparant ainsi au néant. À l’opposé, les assimilateurs adorent un dieu ayant les caractéristiques d’un homme, en le comparant ainsi à une vulgaire idole – exalté soit-Il au-dessus de leurs prétentions anthropomorphistes –.

 

• Moi, je ne suis pas capable de les décrire ou de leur donner un exemple, car ils relèvent du savoir exclusif d’Allah (Y). Il est le Seul à connaitre la réalité de Ses Attributs et Son véritable aspect : [Il sait ce qu’il y a devant et derrière eux, mais eux ne peuvent le cerner de leur savoir].[4] Les croyants connaissent Leur Seigneur ; ils savent qu’Il est Leur Créateur, qu’Il est existe et qu’Il est parfait. Néanmoins, leur connaissance à Son sujet est limitée.

 

• Personne ne mérite de porter réellement Ses Noms, mais cela ne veut pas dire qu’ils ne soient pas répandus. Des noms comme ‘Azîz ou Mâlik pour désigner les rois sont courants ; on utilise les mêmes termes pour désigner le Créateur, bien que, dans la réalité, ils soient complètement différents, comme le souligne le Verset : [Adore-Le, et endure dans Son adoration ; connais-tu quelqu’un ayant un nom semblable ?][5] Personne ne Lui est semblable dans Ses Noms et Attributs.

 

• Il n’a pas d’égal conformément au Verset : [et nul n’est égal à Lui].[6] Il n’a ni d’égal ni d’équivalent. Ni de rival, car  personne n’est pareil à Lui : [Ils attribuent à Allah des rivaux] : des équivalents ; [dans le but de faire dévier de son chemin ; dis : profitez-en encore, votre destiné sera l’Enfer].[7] Les païens ont élevé leurs idoles au rang de rival, en cherchant à les faire ressembler à Dieu, sinon, pourquoi l’auraient-ils fait ? Ils s’en mordront les doigts le Jour de la résurrection, lorsqu’ils diront : [Par Allah ! Nous étions dans un égarement manifeste quand nous vous mettions sur le même pied d’égalité que le Seigneur de l’Univers].[8] Sur terre, ils le reconnaissent déjà, mais dans l’au-delà, ils seront animés par un regret profond. Allah (I) révèle : [puis, après cela, les mécréants donnent des égaux à Allah][9] ; ils Le mettent sur le même pied d’égalité que les créatures.

 

• Il n’y a aucune analogie à faire avec Sa création : il n’y a aucune ressemblance à faire avec Sa création dans Ses Noms et Attributs ; des mêmes termes (Ses Noms et Attributs en l’occurrence) peuvent désigner deux réalités complètement différentes.

 

• Il (I) se connait mieux Lui-même et connait mieux Sa création que quiconque : les hommes n’ont de Lui que les informations qu’Il leur donne. Les anges eux-mêmes avouent leur ignorance : [Gloire à Toi ! Nous n’avons d’autre science que celle que Tu nous as enseignée].[10] En outre, Allah (Y) ordonne à Son Prophète de répéter les paroles : [Dis : Seigneur ! Donne-moi plus de science].[11] D’autres Versets vont dans ce sens : [mais au dessus de tout homme savant, il y a plus savant][12] ; [En vérité, vous n’avez reçu que très peu de science].[13] Il est plus à même de se décrire que quiconque, étant donné qu’Il est le Seul à se connaitre réellement : [Qui donc serait plus véridique qu’Allah dans ses propos][14] ; [Qui donc serait plus véridique qu’Allah dans ses paroles].[15] Personne ne peut être plus éloquent que Lui ; quand Il dit qu’Il est Voyant, Sage, Savant, ou qu’Il a un Visage, deux Mains, Il sait de quoi Il parle. Il est mieux au courant pour choisir les termes qui lui conviennent que les négateurs. Dans un élan de zèle, ils osent dire qu’ils ne conviennent pas à Sa Majesté, car trop anthropomorphistes, à leurs yeux. Ils sont animés par le souci de Le différencier des créatures perfectibles !

 

Le Très-Haut s’est exempté des allégations des deux tendances ; les assimilateurs d’un côté et les négateurs de l’autre. En parallèle, Il s’est attribué les Noms et Attributs de la façon qui sied à Sa Majesté : [Glorifié soit Allah au-dessus de ce qu’ils Lui attribuent][16] ; [Glorifié soit Allah au-dessus de ce qu’ils Lui associent].[17] C’est exactement la position à adopter ; conforme au crédo traditionaliste : [Glorifié soit Ton Seigneur, Le Seigneur de la Majesté, au-dessus de ce qu’ils Lui attribuent] : le Très-Haut s’est exempté des allégations des assimilateurs et des négateurs avant d’enchainer : [Et paix aux messagers] : Il les salue, car ils se sont abstenus de Lui attribuer des défauts ; ils ne dépassent pas Son vocabulaire dans leur façon de parler de Lui. Ils méritaient ainsi Son salut. Puis, Il conclut : [Louange à Allah, le Seigneur de l’Univers] : Toutes les éloges et les Louanges lui reviennent exclusivement ; personne en dehors de Lui de les méritent.[18]

 

Le traditionalisme incarne l’orthodoxie musulmane et la tendance médiane

 

Sheïkh el Islam ibn Taïmiya explique à ce sujet : « Ils se trouvent au milieu entre les différentes tendances comme l’Islam est au milieu entre les autres croyances. »[19] Il a dit également : « Leur tendance est médiane dans le domaine des Noms d’Allah (I)entre les mu’attila (les négateurs ndt.) jahmiteset les mushabbiha (assimilateurs ndt.).[20] Leur tendance est médiane dans le domaine des Actions d’Allah (I)entre les qadarites (partisans du libre-arbitre ndt.),[21] et les jabarites(déterministes ndt.).[22] Dans le domaine du mauvais devenir de l’homme (el wa’îd : la menace ndt.), ils sont entre les murjites[23] et les wa’îdiya[24] parmi les qadarites[25] et autres. Concernant les diverses catégories d’individus dans le domaine de la foi et de l’appartenance à la religion, ils sont entre les harûrites[26] et les mu’tazilites d’un côté et les murjites et les jahmites de l’autre. Concernant les Compagnons du Prophète (r), ils sont entre les râfidhiteset les kharijites. »[27]

 

Ni anthropomorphistes ni négateurs

 

Hanbal rapporte la tendance d’Ahmed : « Rien ne Lui ressemble au niveau de Son Essence, comme Il s’est décrit Lui-même. Allah donna un sens général à Ses Attributs. Il définit (hadda) l’un de Ses Attributs qui ne ressemblent à rien d’autre. Ses Attributs ne peuvent se limiter à nos définitions ou ils ne sont pas délimités (ghaïr mahdûda) et Ils nous sont inconnus sauf ce qu’Il nous en décrit.

Il dit : Il est Voyant et Entendant sans parler de hadd ni faire d’approximation (taqdîr). Personne ne peut le décrire comme il convient, nous n’allons pas au-delà du Coran et du hadîth.Nous répétons scrupuleusement les Paroles d’Allah et nous le décrivons comme Il se décrit Lui-même sans aller au-delà. Personne ne peut le décrire comme il convient.

Nous croyons au Coran en entier ; ses Versets formels et Ses Versets ambigus. Nous ne lui enlevons pas un Attribut sous prétexte qu’il déclenche la colère de certains (traduction approximative ndt.). Les Attributs par lesquels Allah se qualifie, comme Sa Parole, Son Nuzûl(descente au premier ciel), Son entretien en privé avec chacune de Ses créatures le Jour de la Résurrection. Il se reprochera de Son Serviteur et posera sur lui Son Kanaf.[28] Tout cela démontre qu’il sera vu dans l’au-delà.»[29]

 

Ibn Kathîr a dit : « Quant au Verset : [Puis, Il s’est établi sur Son Trône],[30] il existe de nombreuses opinions sur le sujet que nous n’allons pas étaler ici. Cependant, il est important de savoir qu’il faut suivre ici la tendance des Pieux Prédécesseurs comme Mâlik, el Awzâ’î, e-Thawrî, e-Laïth ibn Sa’d, e-Shâfi’î, Ahmed ibn Hanbal, ishâq ibn Râhawaïh, et tant d’autres parmi les grandes références musulmanes de l’ancienne et de la nouvelle époque. Elle consiste à lire les textes comme ils sont venus sans faire de description, d’assimilation, ni de négation.

 

Or, ce qui vient à l’esprit des anthropomorphistes ne peut être attribué à Allah, car aucune de Ses créations ne Lui ressemble : [Rien ne Lui ressemble, et Il est l’Entendant et le Voyant].[31] La réalité est plutôt comme l’établissent les grands imams comme Na’îm ibn Hammad el Khuzâ’î, le Sheïkh d’el Bukhârî : « quiconque faire ressembler Allah à Sa création devient mécréant, et quiconque renie ce qu’Allah s’est attribué devient mécréant. Or, rien dans ce qu’Allah s’est attribué ou que Son Messager lui a attribué ne prête au tashbî (connu sous le terme d’anthropomorphisme ndt.) » Ainsi, attribuer à Allah la même chose que les Versets clairs, et les annales authentiques, de la façon qui sied à Sa Majesté ; et en parallèle, de Lui refuser tout défaut, c’est suivre la bonne voie. »[32]

 

Sheïkh el Islâm ibn Taïmiya qui devait rendre des comptes sur sa ‘aqîda el wâsitiya, lança ce défit historique : « Je n’ai fait que retranscrire la croyance de tous les pieux prédécesseurs… qui est la croyance de Mohammed (r). J’ai pourtant lancé l’appel à plusieurs reprises à mes détracteurs. Je leur ai laissé un délai de trois ans : si l’un d’entre eux me donne une seule parole parmi les trois premières générations au sujet desquelles le Prophète (r) a fait les élogesalors, je reviendrais sur ma croyance… »[33]

 

« Personne ne sera jamais capable de rapporter une seule parole des anciens qui ne prouvent ni explicitement ni implicitement que ces derniers avaient pour conviction qu’Allah n’était pas sur Son Trône, qu’Il n’avait ni l’ouïe ni la vue, ni une Main réelle… »[34]

 

« Allah sait qu’après avoir fait une recherche complète, après avoir feuilleté ce que j’ai pu avoir sous les yeux des paroles des anciens, je n’ai jamais trouvé qu’aucun d’entre eux, ne disait explicitement ou implicitement, voir indirectement qu’il fallait renier les Attributs textuels… Leurs condamnations portaient uniquement sur le tashbî’(anthropomorphisme ndt.). »[35]

 

À suivre…

 

Par : Karim Zentici

http://mizab.over-blog.com/

 



[1] Les femmes ; 46

[2] Les Versets détaillés ; 40

[3] Voir : el jawâb e-sahîh d’ibn Taïmiya (4/406), et sawâ’iq el mursala (1/148).

[4] Tâ-Hâ ; 110

[5] Mariam ; 65

[6] l’Ikhlâs ; 3-4

[7] Ibrâhîm ; 30

[8] Les poètes ; 97-98

[9] Le bétail ; 1

[10] La vache ; 32

[11] Tâ-Hâ ; 114

[12] Yûsaf ; 76

[13] Le voyage nocturne ; 85

[14] Les femmes ; 122

[15] Les femmes ; 87

[16] Les rangées d’anges ; 159

[17] Les rangées d’anges ; 159

[18] Voir pour cette explication : sharh risâla ilâ ahl el Qasîm de Sheïkh el Fawzân.

[19] El fatâwâ (4/140).

[20] Ils reconnaissent les Noms et les Attributs divins à outrance au point de faire ressembler Allah à Ses créateurs. (N. du T.)

[21] Ils dénient qu’Allah puisse avoir une action quelconque sur le libre arbitre des êtres humains. En d’autres termes, ils prétendent qu’Allah ne crée pas les actions de l’homme (N. du T.)

[22] Ils reconnaissent l’action d’Allah sur l’homme à outrance à tel point de dire que ce dernier n’a aucun libre arbitre, et qu’Il est entre les Mains d’Allah comme un automate. (N. du T.)

[23] Ils assument que l’auteur des grands péchés va directement au Paradis sans passer éventuellement par un séjour en Enfer. (N. du T.)

[24] Ce sont les kharijites et les mu’tazilites. Ils disent que l’auteur des grands péchés séjourne éternellement en Enfer. (N. du T.)

[25] Ces derniers n’admettent pas qu’Allah puisse à la fois être le créateur des actes de l’homme et à la fois le châtier en Enfer. Comme ils pensent que cela est une forme d’injustice, ils ont tous simplement renié le Pouvoir d’Allah sur les actions de l’homme en disant que l’homme crée ses propres actions. Ils sont comparables ainsi aux manichéens, ceux qui croient au Dieu du bien et au Dieu du mal. (N. du T.)

[26] Une secte des kharijites ayant pris pour repaire sous le Khalifat d‘Alî, la montagne de Harûra en Iraq. (N. du T.)

[27] Majmû’ el fatâwâ (3/141).

[28] Au sens figuré, kanaf ou kunf signifie être sous l’égide ou sous l’aile de… Au sens propre, il signifie, côté, flanc, voire main. Dans ce contexte, selon l’Imam Ahmed, il est à prendre au sens propre, contrairement à ibn el Athîr dans gharîb el hadîth, wa Allah a’lam ! (N. du T.)

[29] Ibn Qudâma impute cette annale à e-sunna d’el Khallâl dans dham e-ta’wîl (p. 21) ;  ibn Taïmiya la rapporte également dans darr e-ta’ârudh (1/254) et bayân talbîs el jahmiya (1/431), ainsi qu’ibn el Qaïyim dans ijtimâ’ el juyûsh el islâmiya (p. 211).

[30] El a’râf ; 54

[31] La concertation ; 11

[32] Tafsîr ibn Kathîr (2/221).

[33] Majmû’ el fatâwâ (3/161).

[34] Majmû’ el fatâwâ (5/109).

[35] Majmû’ el fatâwâ (5/109).

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commentaires

A
<br /> Salam!<br /> <br /> <br /> Jazakallahu kheiran pour le les efforts que tu fournis pour enseigner aux autres.<br /> <br /> <br /> Salam !<br />
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M
<br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> wa 'aleikom salem wa rahmat Allah !<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> amin ! a anta kadhalik !<br /> <br /> <br /> <br />