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27 septembre 2011 2 27 /09 /septembre /2011 10:38

3372 FOR T SOMBRE

 

L’Ash’arisme

(Partie 1)

 

Que les prières d’Allah et Son Salut soient sur Mohammed, ainsi que sur ses proches,

et tous ses Compagnons !

 

Les Mou’tazilites sont les travestis des philosophes et les Ash’arites sont les travestis des Mou’tazilites. Yahya ibn ‘Ammâr disait : « Les Jahmites sont les mâles et les Ash’arites sont les femelles. » Majmû’ el Fatâwâ (6/359).

 

Introduction :  

 

Il est possible de classifier les «négateurs » (Mu’attila) dans le domaine des Noms et Attributs divins de la façon suivante :

-                 D’un côté, nous avons les philosophes qui se divisent en deux catégories : les philosophes purs (à l’exemple de Fârâbî) et les philosophes Batinites (ésotéristes) ; ces derniers se divisent en deux catégories : les Rafidhites ismaéliens (à l’exemple d’ibn Sînâ et des Ikhwâns e-Safâ), et les soufis panthéistes (Ittihadiya) à l’exemple d’ibn ‘Arabî et d’ibn Sib’în.

-                 De l’autre côté, nous avons Ahl el Kalâm (les scolastiques, ou les théologiens dogmatiques) qui se divise en cinq catégories ; les Jahmites dont le fondateur est Jahm ibn Safwân, les Mu’tazilites dont le fondateur est Wâsil ibn ‘Ata, les kullâbites dont le fondateur est ‘Abd Allah ibn Kullâb, les Ash’arites chez lesquels il faut distinguer entre anciens et nouveaux Ash’arites et dont le fondateur est Abu el Hasan el Ash’arî, et les Mâturîdites dont le fondateur est Abû Mansûr el Mâturîdi.

 

Il est possible de les classer également en fonction de leur degré de négation où ils sont quatre catégories :

1-      Ceux qui renient tous les Noms et tous les Attributs d’Allah (comme chacun à sa façon, ibn Sînâ, les Jahmites, les Qarrâmites, el Hallâj, et les panthéistes qui sont les « soufis ultra »).

2-      Ceux qui reconnaissent les Noms mais qui renient tous les Attributs (les Mu’tazilites, les Rafidhites duodécimains qui sont les « Shiites ultra », les Shiites Zaïdistes, les Ibâdhites Kharijites).

3-      Ceux qui reconnaissent tous les Noms et reconnaissent au niveau des Attributs, les « Attributs Essentiels » du Seigneur (Sifât e-Dhâtiya) indépendamment de Ses « Actions Volontaires » (Sifât Fi’liya Ikhtiyâriya) ; ce sont les Kullâbites, et les premiers Ash’arites.

4-      Ceux qui reconnaissent tous les noms et seulement sept Attributs (la Vie, le Savoir, la Force, la Volonté, l’Ouïe, la Vue, et la Parole) ; ce sont les nouveaux Ash’arites et les Mâturidites.

 

Les Kullâbites :

 

Les Kullâbites sont les adeptes d’Abû Mohammed ‘Abd Allah ibn Sa’îd ibn Kullâb el Qattân[1] (m. 243 h.) Sheïkh el Islam ibn Taïmiya nous le présente en ces termes : « Avant Abû Mohammed ibn Kullâb, il y avait deux tendances : d’un côté il y avait celle des traditionalistes qui reconnaissent les Attributs et les Actions dont le Seigneur se particularise, et qui proviennent de Son Pouvoir et de Sa Volonté. De l’autre côté, il y avait celle des Jahmites à l’image des Mu’tazilites et d’autres tendances qui reniaient tant les Attributs que les Actions d’Allah. Ibn Kullâb quant à lui, reconnaissait les Attributs Essentiels du Seigneur mais il ne concevait pas qu’Il puisse être l’Auteur d’Actions qui proviendrait de Sa Volonté et de Son Pouvoir. Abû el ‘Abbâs el Qalânisî lui concédait ce crédo ainsi qu’Abû el Hasan el Ash’arî et bien d’autres.

Quant à el Hârith el Mahâsibî, il adhérait au crédo d’ibn Kullâb, c’est pourquoi l’Imam Ahmed ordonna de le mettre en « quarantaine » (l’exclure). Ce même Ahmed mettait en garde contre ibn Kullâb et ses adeptes. Par la suite, el Hârith aurait renié ce crédo. »[2]

 

Cette tendance qui fut innovée par ibn Kullâb, fut connue par la suite sous le nom de Mutakkalima e-Sifâtiya (les théologiens[3] qui reconnaissent les Attributs), étant donné que dans une certaine mesure, ibn Kullâb penche vers la tendance traditionaliste, bien que sa voie soit quelque peu entachée par l’innovation. S’il reconnaît en effet, que certains Attributs peuvent être liés à l’Essence divine, il ne reconnaît pas pour autant qu’il puisse provenir certaines Actes Volontaires de cette même Essence. Il s’employa ardemment à contrer les Jahmites,[4] mais il avait recours dans ses débats à l’analogie ; ce qui l’obligea à leur concéder certains principes qu’ils avaient innovés, comme l’impossibilité qu’Allah puisse parler en utilisant des lettres, qu’Il puisse être l’auteur de certains Actes Volontaires ou de la Parole qui proviendrait de Sa Volonté et de Son Pouvoir, etc.

Il devint par la suite, une référence incontournable chez tous ceux qui comme lui reconnaissaient les Attributs divins, et qui furent les adversaires acharnés des « négateurs ». Cependant, ils se sont imprégnés de certains principes erronés que leurs adversaires avaient établis. Cela les a amenés à avoir des conclusions qui furent tant contraires à la raison qu’à la Tradition prophétique.[5] Ibn Kullâb a donc innové une nouvelle tendance qui sous certains aspects est conforme à celle des « anciens » mais également à celle des Mu’tazilites et des Jahmites. Il est donc le fondateur d’une troisième école, connue sous le nom de « Sifâtiya » ; ces derniers reconnaissent certes les Attributs divins mais leur discours est imprégné de certains principes Jahmites.[6]

 

Ainsi, el Qalânisî, el Mahâsibî, Abû Sulaïmân e-Dimashqî, Abû Hâtim el Bustî et tant d’autres, ont adhéré à cette tendance. Ces derniers sont les ancêtres d’el Ash’arî ou la « première génération » Ash’arîtes.[7] Ibn Kullâb est donc le premier Imam Ash’arîte ; il était cependant plus opposés aux Jahmites et plus proches des traditionalistes que son futur élève.[8] Or, avec le temps la tendance Kullâbites commençait à prendre ses distances avec celle des « anciens » ; ces héritiers Ash’arîtes en effet avaient de plus en plus d’affinité avec les Mu’tazilites. Nous avons vu qu’ibn kullâb était plus proche du chemin des anciens qu’Abû el Hasan el Ash’arî ; lui-même était plus conforme à la tendance « orthodoxe »[9] qu’el Qâdhî Abû Bakr el Bâqallânî qui relativement était plus proche qu’Abû el Ma’âlî el Juwaïnî et de ses partisans.[10] Cela explique la raison pour laquelle, on peut déceler dans le discours de savants comme e-Râzî et el Ghâzalî qui vinrent bien plus tard, certains emprunts à la philosophie, alors qu’Abû el Ma’âlî el Juwaïnî n’y avait pas recourt à son époque.

Par contre, tant e-Râzî, el Ghâzalî, qu’Abû el Ma’âlî el Juwaïnî, tous étaient plus imprégnés des idées Mu’tazilites que leur prédécesseurs Abû el Hasan el Ash’arî ; lui-même était plus influencé par l’I’tizâl que son maître spirituel Abû Mohammed ibn Kullâb. Ce dernier a emprunté lui aussi certaines idées Mu’tazilites qui étaient étrangères aux traditionalistes et aux grandes références de la religion. Ainsi, une erreur peut sembler bénigne au départ et prendre des proportions terribles par la suite ; bienheureux celui qui restera attaché à la Sunna ! [11] Les Kullâbites se sont éteints en tant que secte, mais leurs idées ont continué à être véhiculés par l’intermédiaire des Ash’arîtes.[12]

 

Ainsi, les Kullabites sont apparus avant les Ash’arites et les Mâturîdites dans le temps ; ses débuts remontent au milieu du troisième siècle hégirien. Il faut la considérer comme la première secte du Kalâm après celle des Jahmites et des Mu’tazilites. Ibn Kullâb est mort en 243 de l’hégire ; les dernières sectes du Kalâm ont fait leur apparition au début du quatrième siècle ; leur fondateur est pour les Ash’arites, Abû el Hasan el Ash’arî (m. 324 h.), et pour les Mâturîdites Abû Mansûr el Mâturîdi (m. 333 h.) ; ces deux sectes existent encore jusqu’à nos jours.

 

Voir : introduction de la recension de Kitâb el ‘Arsh (1/36-51) de l’Imâm e-Dhahabî (m. 746 h.) par le docteur Mohammed ibn Khalîfa e-Tamîmî.

 

Que les prières d’Allah et Son Salut soient sur Mohammed, ainsi que sur ses proches,

et tous ses Compagnons !

 

Article pour Islam.House

Traduit par : Karim ZENTICI

 

 

 

  



[1] Majmû’ el Fatâwâ d’ibn Taïmiya (5/555).

[2] Da-r Ta’ârudh el ‘Aql wa e-Naql (2/1).

[3] Née dans la culture grecque, et repris dans une large mesure par les chrétiens, cette discipline qui consiste à connaître Dieu par la raison est condamnable, car la Révélation est le seul support pour avoir accès à ce domaine. La raison lorsqu’elle est saine ne peut que confirmer les enseignements que dévoilent la révélation.

[4] Majmû’ el Fatâwâ d’ibn Taïmiya (12/366).

[5] Idem. (12/376).

[6] Idem. (12/366).

[7] Manhâj e-Sunna (2/327).

[8] Majmû’ el Fatâwâ (12/202-203).

[9] Ce terme a délibérément été choisi par le traducteur car il faut le prendre dans son sens étymologique. Il provient en effet du grec ortho signifiant droit et doxa signifiant opinion, chemin ; en cela, il a le même sens que Sirat el Mustaqîm wa Allah A’lam !  

[10] Idem. (12/203).

[11] Baghiya el Murtâd (p. 351).

[12] Voir el istiqâma (1/105).

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