La Trinité
(Partie IV) (4)
Voir : Izhâr el Haq de Rahmat Allah el Kaïrânawî, résumé par Mohammed Mulkâwî.
Réfutations aux arguments inspirés des preuves scripturaires chrétiennes
À l’origine de la divinité de Jésus
• Le deuxième argument des chrétiens : certains passages de la Bible assument que Jésus n’est pas de ce monde, mais d’en haut. Le Messie déclara par exemple aux Juifs : « Vous êtes d’en bas ; moi, je suis d’en haut ; vous êtes de ce monde, moi je ne suis pas de ce monde. »[1] Ils pensent ainsi que Jésus descendit du ciel et qu’il se trouvait près de Dieu son Père qui ne fait pas partie de ce monde. Or, non seulement cette interprétation est erronée mais elle est contraire à la réalité étant donné que Jésus faisait bien partie de ce monde. Il est possible ainsi de la réfuter de deux façons :
Premièrement : elle s’oppose tant aux preuves rationnelles qu’aux preuves textuelles explicites.
Deuxièmement : Jésus (u) décrit ses disciples de la même manière en disant : « Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui lui appartiendrait ; mais vous n’êtes pas du monde : c’est moi qui vous ai mis à part du monde et voilà pourquoi le monde vous hait. »[2] Il dit ailleurs : « Je leur ai donné ta parole, et le monde les a haïs, parce qu’ils ne sont pas du monde, comme je ne suis pas du monde »[3] Dans ses deux passages, Jésus compare la situation de ses disciples à la sienne. Il assume en effet que, tout comme lui, ils ne sont pas de ce monde. Dans l’hypothèse où cette caractéristique offrait la divinité à Jésus, elle devrait l’offrir également à ses apôtres. Étant donné que les chrétiens ne reconnaissent pas cette particularité aux apôtres, il en découle en toute logique, que l’interprétation qu’ils en font au sujet du Christ s’écroule d’elle-même.
La seule interprétation possible de ces versets consiste à dire que Jésus et ses disciples ne sont pas attirés par les richesses de ce bas monde, mais qu’ils aspirent uniquement à l’au-delà et à l’agrément de leur Seigneur. Cette métaphore est très usitée dans les différentes langues. Il est dit par exemple que les dévots et les gens pieux ne sont pas de ce monde.
• Le troisième argument des chrétiens : certains textes affirment que Jésus et le Père ne font qu’un, comme par exemple le verset suivant : « Moi et le Père nous sommes un. »[4]
Ce verset démontre à leurs yeux, que Jésus fusionne ou s’unifie avec le Père, et qu’il devient une divinité au même titre que lui. Or, cette interprétation est tout aussi fausse que la précédente et cela, pour deux raisons également :
Premièrement : les chrétiens s’accordent à dire avec nous que Jésus est une créature douée de la parole. En ce sens, il ne forme aucune unité avec le Seigneur. Ils allèguent en effet que Jésus s’est uni au Père en tant que divinité, non en tant qu’être humain. Etant donné que le Messie désigne à la fois l’entité divine et l’entité humaine, leur interprétation perd tout son sens.
Deuxièmement : cette même description fut faite en l’honneur des apôtres comme en témoigne les prières de Jésus disant : « que tous soient un comme toi, Père, tu es en moi et que je suis en toi, qu’ils soient en nous eux aussi, afin que le monde croie que tu m’as envoyé. Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes un, moi en eux comme toi en moi, pour qu’ils parviennent à l’unité parfaite et qu’ainsi le monde puisse connaître que c’est toi qui m’as envoyé et que tu les as aimés comme tu m’as aimé. »[5] Ainsi ces passages expriment que les apôtres s’unifièrent entre eux et avec Jésus qui met sur le même pied d’égalité leur union et celle qui s’avère entre lui et le Père. Il est clair que cette union entre les apôtres n’est pas à prendre au sens propre ; de la même façon, il ne convient pas de prendre au sens propre l’union entre le Messie et le Seigneur. La seule interprétation possible de ses versets consiste à dire que l’union avec Dieu signifie Lui obéir à travers les œuvres pieuses. En cela, Jésus n’est pas différent des apôtres et des croyants en général si ce n’est au niveau de l’intensité de la foi. Nul doute que le Christ est beaucoup plus dévoué à son Seigneur et qu’il est beaucoup plus fervent dans son adoration que ses disciples. Il s’agit ici de s’unir au niveau de la volonté et de la situation. Ils sont un dans leur amour du Père et dans leur obéissance à ses commandements. Il serait ridicule de penser que les apôtres se soient unis physiquement ; il l’est autant de penser que la personne de Jésus s’est mélangée à Dieu.
• Le quatrième argument chrétien : certains passages affirment que voir Jésus revient à voir le Père étant donné qu’ils ne font qu’un. L’évangile de Jean nous apprend notamment : « Celui qui m’a vu a vu le Père. Pourquoi dis-tu : ‘’montre-nous le Père’’ ? Ne crois-tu pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ? Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même ! Au contraire, c’est le Père, qui demeurant en moi, accomplit ses propres œuvres. »[6] Selon eux, Jésus mérite la divinité étant donné que le voir consiste à voir le Père et que le Père s’incarne en lui. Or, cet argument est tout aussi réfutable que les précédents, et cela pour deux raisons :
Premièrement : il n’est pas possible de voir Dieu ici-bas comme le reconnaissent les références bibliques. Par conséquent, il ne faut pas prendre au premier degré la vision dont il est question dans les paroles de Jésus. C’est pourquoi, ils interprètent cette vision par la connaissance, bien que cette interprétation ne résiste pas non plus à la critique. Connaître Jésus en effet en tant qu’être humain ne signifie pas qu’il s’unifie avec le Père. Le seul sens possible à ces versets consiste à dire qu’en voyant les œuvres du Messie, cela revient à voir les œuvres de Dieu étant donné qu’à travers celles-ci, Jésus ne fait que se soumettre à sa volonté et à ses ordres.
Deuxièmement : Jésus avance un peu plus loin qu’il demeure également en les personnes des apôtres : « En ce jour-là, vous connaîtrez que je suis en mon Père et que vous êtes en moi et moi en vous. »[7] Bien plus, comme nous l’avons vu, Jésus implore à Dieu que ses apôtres soient en eux (lui et Dieu), afin que tous soient un.[8] « Ne savez-vous pas que vos corps sont les membres du christ ?... Ne savez-vous pas que celui qui s’unit avec la prostituée fait avec elle un seul corps ? Car il est dit : les deux ne seront qu’une seule chaire. Mais celui qui s’unit au Seigneur est avec lui un seul esprit… Ou bien ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint Esprit qui est en vous et qui vous vient de Dieu, et que vous ne vous appartenez pas ? »[9] « Il y a un seul corps et un seul Esprit, de même que votre vocation vous a appelés à une seule espérance ; un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, qui règne sur tous, agit par tous, et demeure en tous. »[10]
Si tous ses passages faisaient allusion à l’incarnation et à l’union de Dieu avec le Christ, qui impliquerait la divinité du Christ, ils impliqueraient également la divinité de tous les apôtres, de tous les Corinthiens, et de tous les Éphésiens. La bonne interprétation consiste à dire que l’incarnation dont fait allusion ces différents textes, que ce soit venant de Dieu ou en Dieu, ou venant du Christ ou dans le Christ, signifie dans ce contexte se soumettre aux commandements soit de Dieu soit du Christ. Connaître le Christ et lui obéir revient à connaître Dieu et à lui obéir.
Cher lecteur ! Sache que nous sommes motivés en ramenant tous ces textes de la bible, par le souci de mettre ses adeptes au pied du mur, non qu’au même moment ils soient tous aussi authentiques les uns que les autres. Cela ne veut pas dire en effet que Jésus ou l’un des apôtres soit réellement l’auteur des paroles que nous lui imputons. Il faut savoir en effet qu’en l’absence de toute chaîne narrative concernant toutes les références bibliques en comptant parmi celles-ci les quatre évangiles, rien ne permet scientifiquement de prouver l’identité de leur vrai auteur. Quoi qu’il en soit, nous, musulmans, nous sommes convaincus que Jésus et les apôtres n’ont aucun lien avec les croyances païennes dont regorge la Bible. Nous attestons qu’il n’y de Dieu en dehors d’Allah qui est Seul et sans associé, que Mohammed est Son serviteur et Son Messager, que Jésus est Son serviteur et Son Messager, et que les Apôtres sont les messagers du Christ…
Traduit pour Islam.house par :
Karim ZENTICI