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5 janvier 2013 6 05 /01 /janvier /2013 08:31

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Le destin

(Partie 4)

 

Les lois universelles et les lois textuelles

 

[Les décrets d’Allah étaient inéluctables][1] : les décrets d’Allah en question sont les décrets universels, en sachant qu’il existe deux sortes de lois divines :

1-       Les Lois universelles : comme dans le Verset : [S’Il décide d’un ordre, il Lui suffit de dire : sois, et il est].[2]

2-       Les Lois textuelles : elle correspond aux obligations de la religion (l’adoration, la prière, l’aumône légale, l’obéissance aux parents, etc.). 

 

Les premières (qui relèvent de la Volonté décrétive d’Allah ndt.) s’accomplissent toujours, alors que les secondes (qui relèvent de la Volonté préceptive d’Allah ndt.) peuvent être contrecarrées dans le sens où les serviteurs peuvent désobéir à Dieu. C’est la différence qui existe entre ces deux sortes, et le Verset en question fait référence à la première. Autrement dit, tout ce qui existe dans l’univers fut décrété au préalable par Dieu.

 

[Alors qu’Allah vous a créés, vous et vous actes][3] : Il crée tout ce que vous faites. Ce constat va à l’encontre des qadarites mu’tazilites qui attribuent à l’homme une liberté absolue échappant à la Volonté décrétive d’Allah. Le problème, c’est qu’ils ne distinguent pas entre deux réalités, qu’il est pourtant facile de concilier ; soit, les créatures, en effet, sont les vrais auteurs de leurs actes, mais ceux-ci sont soumis à la création d’Allah.

 

[Nous avons créé toute chose selon une mesure][4] : ce Verset confirme ce crédo, étant donné que le Très-Haut a déterminé tout le bien et le mal qui se produit dans la création. Nous pouvons en dégager deux enseignements :

1-      Allah (I) est le Créateur de toute chose.

2-      Toute chose est soumise à Son décret antérieur.

 

La patience et la paix intérieure sont l’un des fruits de la croyance au destin

 

Il existe trois sortes de patience :

 

1-      Patienter face aux obligations.

2-      Patienter face aux interdictions.

3-      Patienter face au destin.

 

 La première sorte : patienter face aux obligations. L’âme est encline à la paresse et au repos. Il faut l’obliger à se soumettre à Allah à travers la prière, le jeûne, le djihad : des rituels qui peuvent sembler lourds pour elle.

 

La deuxième sorte de patience : patienter face aux interdictions. L’âme est prédisposée à transgresser les interdits et à s’abandonner aux plaisirs. Il incombe donc de la retenir par la force et de l’empêcher d’assouvir ses ambitions. C’est un effort qui n’est pas facile et qui réclame de la patience. Sans être armé de patience, on laisse le champ libre aux mauvais penchants qui vont prendre le dessus sur la raison.

 

La troisième sorte de patience : patienter face au mauvais destin et aux malheurs qui touchent l’individu (décès d’un proche, perte d’argent, maladie, etc.). Il faut prendre son mal en patience, et se résoudre à son sort qui fut décidé par Allah. Rien ne sert de crier, pleurer contre le sort, de s’arracher les joues et les vêtements pour exprimer son mécontentement.

 

En revanche, la patience n’est pas le remède des péchés, mais plutôt le repentir et la ferme résolution de ne plus récidiver. Or, contrairement aux péchés, l’homme n’a pas le pouvoir de repousser les malheurs qui lui surviennent. Allah les a écrits soit pour éprouver l’individu soit en punition à ses péchés, comme l’exprime le Verset : [Tout malheur qui vous survient est le fruit de vos actes bien que, pour beaucoup d’entre eux, Il n’en tienne pas rigueur].[5] Le musulman doit se montrer fort lorsqu’un drame touche sa personne, ses biens, ses enfants, ses proches ou l’une de ses connaissances. Allah (I) révèle : [Ceux qui, lorsqu’ils sont atteints par un malheur disent : nous sommes à Allah et c’est vers Lui que nous retournons • Ceux-là reçoivent les Prières de leur Seigneur et la Miséricorde ; ceux-là sont guidés sur le droit chemin].[6]

 

C’est de cette façon que le croyant accueille les événements difficiles. Il doit avoir la même réaction face aux obstacles qu’ils rencontrent dans la prédication, et sur lesquels il n’a aucun pouvoir. Le droit chemin est pavé d’embûches, il ne doit pas baisser les bras. Contrairement à certains qui, à la première épreuve, sont abattus. Ils abandonnent leur activité (enseignements, prédication, chaire du vendredi, imamat d’une mosquée, et même la propagation de la morale). Ils avancent l’excuse qu’ils ne sont pas obligés de s’investir dans ce genre d’actions pour en payer le prix lourd.

 

En cas d’erreur, il suffit de revenir à la vérité, mais quand on a raison, il faut rester sur ses positions en dépit des conséquences. Il faut garder entre les yeux qu’on agit pour Allah et qu’on sera récompensé pour ses efforts. Notre exemple est celui des prophètes qui endurèrent les pires difficultés, mais qui tendirent haut l’étendard du Tout-Puissant. Ils tinrent le coup jusqu’à ce que leur vint la délivrance.

 

En se soumettant au destin, on se libère des chaines du chagrin et du défaitisme

 

Le Prophète (r) cherchait refuge auprès d’Allah contre le chagrin (huzn) qui est un déplaisir dû à une cause passée et qui est irréversible. Ses invocations portaient également sur la peur de l’avenir (hamm).[7] On doit uniquement se concentrer sur le présent en mettant tout en œuvre pour arranger sa situation du moment. Vivre au jour le jour est la meilleure façon de s’appliquer dans son travail, et de fermer la porte aux soucis.

 

Le Prophète (r) nous oriente vers une invocation qui réclame de faire des efforts, soit pour concrétiser une ambition soit pour repousser un mal, tout en comptant sur la générosité du Seigneur. Les choses ne se font pas toutes seules. Il faut mettre la main à la pâte, mais cela n’empêche pas de se tourner vers Allah. Il faut associer l’action aux invocations. C’est valable aussi bien pour les choses de la vie courante que celles touchant à la religion. Le croyant demande au Seigneur de lui accorder la réussite dans son entreprise et de lui venir en aide. Le Prophète (r) préconise à ce sujet : « Veille à ce qui t’est utile, tout en comptant sur l’aide du Seigneur, mais sans baisser les bras. S’il t’arrive quoi que ce soit, ne dis pas : « j’aurais dû faire telle et telle chose », mais dis : « c’est le destin qu’Allah m’a écrit ». Car, avec des « si », on ouvre la porte à Satan. »[8]

 

D'un côté, le croyant prend soin de ses affaires et, d’un autre côté, il s’en remet à Dieu dans toutes les situations. Il ne s’avoue jamais vaincu, car il compte sur Son soutien. Le défaitisme en effet est une forme de fainéantise, qui est très néfaste pour l’individu. D’un autre côté, résigné, il tourne la page au passé et il se soumet au décret divin. Il arrive à conjuguer entre ces deux sentiments.

 

Ainsi, le destin se partage en deux : une partie qui est entre les mains de l’individu et sur laquelle il peut influer soit en recherchant un bien soit en évitant un mal, ou dans le pire des cas, en l’atténuant. Il a besoin de l’aide du Seigneur pour réaliser ses ambitions. L’autre partie ne dépend pas de sa volonté. C’est la raison pour laquelle il l’accueille avec résignation et apaisement. Il va sans dire qu’en tenant compte de ce principe, on fait un grand pas vers le bonheur.[9]

 

L’invocation est un doux remède pour affronter l’avenir

 

Une invocation (du’a) qui tient compte de l’avenir du musulman a été prescrite par le Prophète (r). Celle-ci constitue l’un des moyens les plus efficaces dans ce domaine. Voici son énoncé : « Ô Allah ! Arrange ma religion qui me sert de protection ! Arrange ma situation matérielle qui me permet de vivre ! Et arrange mon au-delà où se fera mon retour ! Que la vie me rapporte le plus de bien possible et que la mort me soulage de tout le mal possible ! »[10] Une autre invocation formule : « Ô Allah ! J’espère en Ta Miséricorde, alors ne me livre pas à mon propre sort ne serait-ce que le temps d’un clin d’œil ! Arrange toutes mes affaires, il n’y a d’autre dieu en dehors de Toi ! »[11] Le croyant se tourne vers cette du’a qui tient compte de son futur sur terre et dans l’au-delà. Il pèse chaque mot qu’il prononce avec une intention sincère. Puis, il lève les manches en comptant sur l’aide du Seigneur qui lui réalisera ses ambitions et qui changera son chagrin en joie.[12]

 

Conclusion

 

Le musulman est actif et il ne s’en remet nullement au destin qui peut dépendre de sa volonté ou non. Il se donne les moyens d’arriver à ses buts pour ses affaires qui touchent à la vie de tous les jours, mais aussi à celles qui touchent à la religion, et qui ne sont pas moins importantes. Selon une Loi universelle d’Allah, chaque entreprise qu’elle soit matérielle ou religieuse passe par des moyens. Par instinct, l’homme sait que les résultats sont le fruit de l’effort. Il n’est donc pas pertinent de négliger les œuvres pieuses sous prétexte que tout est écrit par avance. Le Paradis n’est pas gratuit, il est la consécration des efforts fournis sur terre pour plaire au Seigneur. En ne faisant pas ces efforts, non seulement on se prive tout seul du Paradis, mais, pire, on signe ainsi sa propre condamnation à l’Enfer éternel.

 

Il devient clair que notre sort dans la vie future ne dépend pas seulement de la prédestination, mais, avant tout, de nos efforts. Ce n’est pas parce que tout est écrit à l’avance qu’il ne faut rien faire. Le destin ne fait que prévoir les événements, mais chacun est responsable de ses actes. Le Paradis est prévu pour les bons et l’Enfer est pour les mauvais ; chacun choisit son camp !

 

Que les Prières et le Salut d’Allah soient sur notre Prophète Mohammed, ainsi que sur ses proches et tous ses Compagnons !

 

 

Par : Karim Zentici

http://mizab.over-blog.com/

 



[1] Les coalisés ; 38

[2] Yâsîn ; 82

[3] Les rangées d’anges ; 96

[4] La lune ; 49

[5] La concertation ; 30

[6] La vache ; 156-157

[7] Le hadîth en question est rapporté par el Bukhârî et Muslim.

[8] Rapporté par Muslim (2664), ibn Qudâma (79), et Ahmed (2/370).

[9] Voir : les moyens utiles d’avoir une vie heureuse de Sheïkh e-Sa’dî.

[10] Rapporté par Muslim (2720).

[11] Rapporté par Abû Dâwûd (5090) et Ahmed (5/42).

[12] Voir : les moyens utiles d’avoir une vie heureuse de Sheïkh e-Sa’dî.

 

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