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21 août 2013 3 21 /08 /août /2013 18:23

La divergence sur le ‘udhr bi el jahl

(Partie 1)

Si le détail dans le takfir est de l'irja

Alors sachez que je suis le roi des murjites !

Louange à Allah le Seigneur de l’Univers ! Que les Prières et le Salut d’Allah soient sur notre Prophète Mohammed, ainsi que sur ses proches et tous ses Compagnons !

Introduction

Nous avons pour usage pour les questions touchant à la religion aussi subtiles soient-elles, d’y adhérer pleinement, sans les confronter les unes aux autres ni de faire du parti pris en faveur d’une tendance quelconque. Nous nous contentons de donner raison à chacune d’entre elles pour les points où elles sont conformes à la vérité, et de leur donner tort quand elles se trompent. Nous ne faisons exception dans ce principe à aucune tendance ni aucune opinion. Nous espérons qu’Allah nous maintienne sur cette voie à la vie à la mort, et jusqu’au jour où nous reviendrons vers Lui.[1]

Nous devons donner foi à tous les enseignements venant d’Allah, et accepter la vérité dans son ensemble, sans faire preuve de passion ni parler sans savoir ; notre approche est scientifique et objective, conformément au Coran et à la sunna. Quand on s’accroche qu’en partie à la vérité, on suscite la divergence et la désunion.[2]

Allah (I) révèle : [Ne croyez-vous qu’à une partie du Livre au détriment du reste ; en agissant ainsi, quelle autre rétribution aura-t-on sinon de goûter à l’ignominie ici-bas et d’être jeté dans le pire des châtiments le Jour de la résurrection ; Allah n’est nullement inattentif à ce que vous faites].[3]

[Ils oublièrent alors une partie du rappel, et Nous attisâmes entre eux la haine et l’animosité jusqu’au Jour de la résurrection].[4]

En effet, les Gens du Livre ont pour usage de renier les bonnes opinions de leurs coreligionnaires comme l’a signalé ibn Taïmiya dans son livre : Iqtidâ e-sirât el mustaqîm.[5] Le Très-Haut révèle : (Les Juifs disent : les chrétiens ne tiennent sur rien, et les chrétiens disent : les Juifs ne tiennent sur rien, et pourtant tous lisent le Livre. Ainsi, les ignorants ont prétendu la même chose. Le Jour de la Résurrection, Allah tranchera entre leurs divergences).[6]

Nous devons prendre la vérité d’où qu’elle vienne

Dans le hadîth rapporté par el Bukhârî, le Messager d’Allah (r) s’est adressé à Abû Huraïra en ces termes, en parlant de Satan : « Il t’a dit vrai, lui le grand menteur ! »

‘Abd Allah ibn Mas’ûd : « N’associe rien à Allah et tourne-toi toujours du côté du Coran. Accepte la vérité même d’un « étranger » pour qui tu as de l’aversion ; et refuse le faux même d’un proche pour qui tu as de l’affection. »[7]

Abd e-Rahman ibn Mahdî jette les bases de l’investigation moderne : « les traditionalistes évoquent les choses qui sont en leur faveur, mais aussi celles qui sont en leur défaveur. Quant aux « gens des passions », ils évoquent uniquement les choses qui sont en leur faveur. »

Ibn Taïmiya souligne que les adeptes des religions falsifiées et les égarés en général s’appuient généralement sur des arguments ambigus au détriment des arguments formels, trahissant ainsi qu’ils sont plus animés par les passions que par la recherche de la vérité.[8] Ce manque de bonne foi ou, pour le moins, ce manque de rigueur les fait sombrer dans les contradictions les plus aberrantes.

Après s’être inspiré d’un passage d’el ‘aqîda e-nazhâmiya (p. 25) d’Abû el Ma’âlî el Juwaïnî, qui était un adepte du tafwîdh, ibn Taïmiya fait le commentaire suivant : « Les références auxquelles nous nous rapportons, parmi les adeptes du kalâm ou autres, ne nous rejoignent pas forcément dans tous les points que nous établissons dans ce domaine. Néanmoins, il faut recevoir la vérité d’où qu’elle vienne. Mu’âdh ibn Jabal disait cette fameuse parole : « Il faut accepter la vérité de n’importe qui, même d’un mécréant – ou bien a-t-il dit : même d’un pervers –. Et méfiez-vous des erreurs du sage.

  • Comment peut-on savoir qu’un mécréant dit la vérité, lui demanda-t-on ?
  • La vérité dégage une lumière, a-t-il répondu, ou bien a-t-il dit une parole de ce genre. »[9] »[10]

La divergence dans les furû’ est une miséricorde divine

El Khattâbî : « Il existe trois sortes de divergences dans la religion : primo : dans le domaine de la reconnaissance du Créateur, et le renier relève de la mécréance ; secundo : dans le domaine de Noms et Attributs divins, et le renier relève de l’innovation ; tertio : dans le domaine des lois pratiques qui peuvent se voir sous plusieurs angles. Allah (I) a fait de ce genre de divergence une miséricorde par laquelle Il honore les savants. C’est à cette sorte dont fait allusion le hadîth (inventé ndt.) : « La divergence dans ma communauté est une miséricorde. » »[11]

El Baghawî dit pour sa part : « Quand on exclut, on se démarque et on affiche de l’animosité envers les innovateurs et les adversaires, c’est uniquement pour les questions élémentaires (usûl) de la religion. Sinon, la divergence entre savants dans les questions subsidiaires (furû’) est une miséricorde divine en vue d’enlever aux croyants toute contrainte en religion. C'est pourquoi elle n’entraine ni exclusion ni coupure des liens…. »

Ibn Taïmiya explique ce dernier point en disant : « La divergence dans les lois pratiques peut, en effet, être une miséricorde, à condition que cela n’engendre pas un grand mal (de sorte qu’on en perde la bonne réponse). C’est ce qui poussa un savant à écrire un ouvrage ayant pour titre : le livre des divergences. L’Imâm Ahmed disait qu’il faudrait plutôt l’appeler : le livre de la tolérance (kitâb e-sa’a). Cela ne veut pas dire, au même moment, qu’il n’y a pas qu’une seule vérité. Il est possible également que certains gens ignorent la bonne opinion par Miséricorde divine envers eux, car ils ne supporteraient pas de la connaitre, dans le même ordre que dans le Verset : [Ne posez pas de question sur des choses, que, si elles vous étaient dévoilées, vous en seriez lésés].[12] »[13]

Notons que la divergence tolérée dans les points subsidiaires de la religion peut prendre de mauvaises proportions, si celle-ci est accompagnée des passions. L’effort d’interprétation n’est donc pas blâmable en lui-même, quand le seul but est la recherche de la vérité.[14] Ibn el Qaïyim souligne, pour sa part, que la divergence est un phénomène naturel, étant donné que le niveau d’intelligence et les motivations varient d’une personne à une autre. Il rejoint son maitre à pensée sur l’idée que ce sont les passions et l’esprit sectaire qui font qu’elle sorte des limites tolérées.[15]

En cas de litiges, les savants de la première époque, avec à leurs têtes les Compagnons et leurs successeurs directs, suivaient les prescriptions du Verset : [Si vous avez le moindre litige, alors ramenez-le à Allah et au Messager, si vraiment vous croyez en Allah et au jour du jugement dernier ; cela vaut mieux et aura, pour vous, de meilleures conséquences].[16] Il leur arrivait de débattre sur une question donnée, mais dans un esprit de concertation d’orientation, et de bonne ambiance. Ils pouvaient également n’être pas d’accords sur une question d’ordre théorique ou pratique, mais tout en gardant entre les yeux les liens fraternels qui les unissaient et l’immunité du groupe.

Quiconque, il est vrai, va à l’encontre du Coran clair, de la sunna répandue, ou du consensus des anciens de la communauté, de sorte qu’il ne soit pas excusable, sera traité comme un innovateur.

Ce n’est pas le genre de questions (celle selon laquelle les mécréants verront ou non Leur Seigneur le Jour de la résurrection ndt.) qui, à ma connaissance, a engendré la séparation et l’exclusion entre ceux qui s’y initièrent. La plupart comptaient, en effet, dans les rangs des traditionalistes… L’Imâm Ahmed avait des discussions houleuses sur le fait d’affirmer de façon formelle que les « dix promis » étaient au Paradis. Lui, et tant d’autres pensaient que c’était effectivement le cas, mais, jamais, ils ne mirent en quarantaine quelqu’un de la partie adversaire dans cette question.[17]

Nous ne parlons pas des divergences dans les lois pratiques de la religion, car là, elles sont trop nombreuses pour pouvoir les cerner. Si à chaque fois que deux musulmans qui divergent sur un point devaient ne plus se parler (hajr), il n’y aurait plus de fraternité ni d’immunité du groupe. Abû Bakr (t) et ‘Omar (t) les têtes de files de la communauté s’opposaient sur certains points, mais avec une bonne intention…

Ces questions, certes, touchent aux lois pratiques, car tout ce qui n’entre pas dans les grands fondements est à mettre au compte des lois pratiques.[18]

Les causes de la mauvaise divergence

La division entre deux groupes provient soit des mauvaises intentions mues, entre autres, par l’animosité, la jalousie, et l’amour du pouvoir. C’est ce qui pousse à dénigrer l’autre tendance et à vouloir le dessus sur elle. En parallèle, on est enclin au discours de celui avec qui on lié par l’amitié, la même tendance, école, région, etc. Il y a un intérêt à le défendre, car il rapporte honneur et pouvoir. Ce genre de conflit, qui est courant entre les hommes, nait de l’injustice.

Soit, la division provient de l’ignorance dans le sens où les parties en présence ne pénètrent pas les tenants et les aboutissants de la question qui les sépare. Il est possible également qu’elles n’aient pas connaissance de la preuve textuelle sur laquelle s’appuie l’autre ou tout simplement qu’elles ne soient pas capables de détecter la part de vérité qui se trouve chez l’autre, quand bien même elles maitriseraient leurs propres arguments. L’ignorance et l’injustice sont à l’origine de tous les maux entre les êtres humains, comme le révèle le Verset : [L’homme l’a alors prise, il était certes un grand injuste et un grand ignorant].[19]

Même la divergence tolérée peut engendrer la perdition

Le Prophète (r) a interdit la divergence qui implique de renier la vérité qui se trouve chez la partie adverse. La chose est si grave qu’elle entraina la perte des civilisations anciennes. La leçon est d’éviter le plus possible d’imiter les damnées en veillant à l’unité du groupe. Malheureusement, la division qui touche les musulmans est de cet ordre. Avoir raison sur un point ne serait-ce qu’en partie, ne justifie pas de rejeter la vérité qui se trouve chez l’autre. C’est ce qui fait qu’on peut avoir raison d’un point de vue, mais avoir tort en refusant d’admettre la divergence quand elle est de type complémentaire. L’ignorance consiste souvent à démentir une chose qu’on ne connait pas, car il est plus facile de cerner ce qu’on connait. Autrement dit, contrairement à ce qu’on connait, ce qu’on ne connait pas n’a pas de limite.[20]

El insân ‘adiwwun li mâ yajhaluhu

Qui ignore haït…

À suivre…

Par : Karim Zentici

http://mizab.over-blog.com/

[1] Ibn el Qaïyim dans el tarîq el hijrataïn (p. 393).

[2] Ibn Taïmiya dans Majmû’ el fatâwâ (4/450).

[3] La vache ; 85

[4] Le repas céleste ; 14

[5] Voir : Iqtidâ e-sirât el mustaqîm (1/91).

[6] La vache ; 113

[7] Sharh e-sunna d’el Baghawî (1/199).

[8] Voir notamment : El Jawâb e-Sahîh li man baddala din el Masîh (2/710) et majmû’ el fatâwa (3/62-63).

[9] Rapporté par Abû Dâwûd (5/17-18).

[10] Majmû’ el fatâwa (5/101-104).

[11] sharh sahîh Muslim de Nawawî (11/258).

[12] Le repas céleste ; 101

[13] Majmû’ el fatâwâ (14/159).

[14] El istiqâma d’ibn Taïmiya (1/31-32).

[15] E-sawâ’iq el mursala (2/519).

[16] Les femmes ; 59

[17] Voir : Jâmi’ e-rasâil d’ibn Taïmiya avec la recension de Fawz Ahmed Zamralî (2/101-102).

[18] Majmû’ el fatâwâ (24/172). Voir : Jâmi’ e-rasâil avec la recension de Fawz Ahmed Zamralî (2/61-107).

[19] Les coalisés ; 72 voir : Iqtidhâ e-sirât el mustaqîm (1/148).

[20] Iqtidhâ e-sirât el mustaqîm (1/143-145).

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commentaires

M
Every people have their own beliefs and they believe on religions, which they look. According to my opinion, nobody have the right to force a person to believe in a particular religion. Thanks for sharing your views on this topic.
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M
Salam 'alaykom wa rahmatollah<br /> <br /> Cette série d'article est l'une des meilleures et des plus complète sur le sujet.<br /> <br /> Baraka Lah ou fik.
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M
amin !<br /> <br /> wa anta kadhalik !<br /> <br /> il y a eu entre temps le shirk, et il y aura ensuite in sha Allah :<br /> <br /> Ibn Taïmiya, un sophiste ? <br /> <br /> wa Allah el musta'en !
M
C'est une très bonne nouvelle.<br /> <br /> Qu'Allah t'assiste.
M
wa 'aleikom salem wa rahmat Allah !<br /> <br /> wa fik baraka Allah !<br /> <br /> <br /> Allah el musta'en !<br /> <br /> Il devrait en principe y avoir encore deux autres articles sur le sujet !