Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
21 mai 2017 7 21 /05 /mai /2017 14:49

Tout sur le djihad

(Partie 3)

 

Alors serviteurs d’Allah, craignez Votre Seigneur ! Faites vos comptes dès maintenant et faites [sur vous] un vrai djihâd. L’Imam ibn el Qaïyim – qu’Allah lui fasse miséricorde – souligne à ce sujet : « Le djihâd sur soi s’opère en quatre étape : primo : s’instruire de la vraie religion et du droit chemin sans lequel on ne peut obtenir le bonheur ni sur terre ni dans l’au-delà. Le malheur s’abat sur celui qui n’apprend pas sa religion.

Secundo : faire un effort sur soi afin de mettre ces enseignements en pratique, car sans  les traduire en actes, au mieux, ils sont sans intérêt.

Tercio : faire l’effort de propager la religion et de l’enseigner aux autres. À l’inverse, ceux qui cachent les preuves évidentes et la bonne voie qu’Allah a révélées ne peuvent profiter de leur savoir ni se mettre à l’abri du châtiment réservé à ce crime.

Quarto : endurer les difficultés et les ennuis qu’engendrent la da’wa (la prédication ndt.). Il en faut supporter tous les inconvénients pour le Visage d’Allah. »

 

En arrivant au bout de ses quatre étapes, l’individu s’élève à l’échelon des rabbânî (grands pédagogues). Les anciens s’accordent à dire que le savant ne prendra jamais le statut de rabbânî sans mettre en pratique ni enseigner la vérité qu’il a apprise. Celui qui apprend, pratique et enseigne le savoir est considéré comme un grand dans le Royaume des cieux. Luqmân notamment recommanda à son fils : « Mon fils ! La foi dirige l’individu et les actes le conduisent. Mais l’âme est dure, à la moindre négligence de la part du conducteur, elle s’égare du chemin. Si la négligence provient du meneur, elle s’endurcit d’avantage. Il suffit que la foi et les actes combinent leurs efforts pour la mener sur le droit chemin. »

 

L’âme, si tu lui donnes espoir, elle en profite, et si tu t’en remets à elle, elle se pervertie. Mais si tu l’a soumet aux ordres d’Allah, elle se réforme, si tu laisses la chose entre ses mains, elle se corrompt.

 

Fais donc attention ! Et ne lui fais pas confiance dans les affaires de ta religion. Ne lui donne pas d’importance et fais-lui savoir que c’est elle qui a besoin de toi. L’homme sage fait mener la vie dure à son âme en vue de la soumette à la vérité. Mais, le sot se soumet à ses caprices : il aime ce qu’elle aime et il répugne ce qu’elle répugne. Il va sans dire qu’elle n’est pas encline aux efforts que réclame la soumission à Allah et qui procure pourtant la jouissance éternelle. Elle est partisane du moindre effort qui n’apporte que déception et regret. Combien lui est-il dur de prier la nuit, de jeûner le jour, et de se rendre tôt à la mosquée ! Combien de gens gaspillent-ils leur temps dans les marchés et les cafés ! Cependant, ils sont moins généreux quant il s’agit de consacrer quelques minutes à la maison de Dieu. L’âme répugne à donner de l’argent par obéissance au Seigneur et à se sacrifier au djihâd. [Il vous fut prescrit le combat que vous répugnez ; mais, vous éprouvez peut-être de l’aversion pour une chose qui, en réalité, vous est bénéfique, comme vous pouvez aimer une chose qui, en réalité, vous cause du tort, Allah sait ce que vous ne savez point].[1]

 

L’âme est également peu encline à faire la morale (ordonner le bien et interdire le mal) et à propager le message. Elle n’est pas fervente non plus pour concilier entre les gens. Elle se détourne de tout acte de dévotion. Alors lui obéir, c’est courir à sa perte comme l’explique le Verset : [Dis : les perdants sont ceux qui ont perdus leurs âmes et leurs familles le Jour de la Résurrection. Voici quelle est la perdition évidente].[2] Suivre les caprices de l’âme c’est faire preuve d’injustice envers elle étant donné que tu l’exposes ainsi à la Colère divine et au châtiment. Tu cherches à l’honorer au moment où tu l’avilies. Tu l’avilies pour obéir à ses penchants, pour lui épargner de faire le moindre effort et pour la priver de la récompense.

 

Satan est notre deuxième ennemi. Notre père Adam fut sa première victime, et, depuis, il dépense toute son énergie pour corrompre le genre humain. Le Coran nous met en garde contre lui : [Satan est votre ennemi, alors prenez-le comme tel][3] ; [Ne vous ai-je pas pris l’engagement ô fils d’Adam de ne pas adorer Satan qui vous est un ennemi véritable].[4]

 

Le Très-Haut nous ordonne également de nous réfugier auprès de Lui contre Shaïtân dans le sens où nous devons chercher Sa protection (ou Son secours) contre son mal. Seul Allah peut nous préserver de ses machinations.

 

Un diable peut aussi bien être de nature humaine que de nature animale, ou un djinn. Allah (I) révèle en effet : [Ainsi, Nous avons assigné à chaque prophète un ennemi parmi les diables humains et les génies qui s’inspirent les uns les autres des paroles enjolivées et trompeuses].[5] Les démons s’entraident à faire périr l’homme. Les djinns lui insufflent des mauvaises pensées soit qui l’incitent à faire le mal soit qui le dissuadent de faire le bien. C’est un ennemi invisible aux yeux de l’être humain étant donné qu’il circule dans son corps comme le sang dans les veines. Allah (I) révèle : [Ils vous voient lui et les siens d’où vous ne les voyez pas].[6] Les murs et les portes ne peuvent rien contre lui. Le dhikr (l’évocation d’Allah) est la seule arme à même de lui faire rempart.

 

Quant aux démons humains, ils sont visibles à l’œil nu. Ils s’assoient avec vous, ils vous parlent ; ils revêtent une forme humaine et l’apparat de la religion. Ils sont ô combien nombreux à notre époque ! Ils appellent à la perversion par n’importe quel moyen. Ils encouragent le libertinage et les mauvaises mœurs au nom de la liberté. Ils incitent la femme à sortir de chez elle et à se dévêtir sous prétexte de l’émanciper. Ils enjolivent aux yeux des hommes la musique, l’alcool et les drogues sous le couvert du divertissement. Ils veulent qu’ils suivent les passions, négligent la prière, délaissent l’office commune notamment celle du vendredi, tout cela au nom de la tolérance. Ils veulent les éloigner de la sharî’a (Législation divine) pour leur faire appliquer les législation humaines qui seraient justes et souples. Ils les font sombrer dans le shirk (l’association) et la bid’a (l’innovation), et les mettent en garde d’être fidèles au tawhîd (l’unicité) et aux sunan (la tradition) au nom de la liberté d’expression et de l’anticonformisme.

 

Ils leur ordonnent le mal et leur interdisent le bien, ils se tiennent en travers de la da’wa et les détournent du chemin d’Allah. Ils encouragent les pervers et avilissent les gens pieux parmi les croyants et les croyantes. Ils voudraient faire abroger les peines corporelles pour les mettre à la page des nations civilisées bien que non musulmanes. Tel sont les actions et les signes révélateurs des démons humains. Ils sont l’armée de Satan, ses frères et ses complices. Alors, méfiez-vous d’eux et combattez-les pour leur empêcher d’envahir vos maisons et vos sociétés.

 

Or, sachez que les murs et les portes ne sont pas capables de retenir les démons parmi les djinns. Le seul moyen de lutter contre eux est de chercher refuge auprès d’Allah contre leur mal. Quant aux démons humains, ils ne peuvent passer à travers les murs et les portes. Il est possible de prévenir contre eux, de s’éloigner d’eux et de les exclure. Il incombe de réfuter leurs arguments ambigus qui inondent les journaux. Il est possible de les attraper par la main en vue de faire échouer leurs projets et leurs ruses. Il faut toujours rester aux aguets.

 

L’Imam ibn el Qaïyim explique : « Allah (I) a créé l’être humain et l’a placé au-dessus de tous les animaux. Il a fait de son cœur un trésor capable d’accueillir la foi, l’unicité, la sincérité exclusive, l’amour, la honte, l’encensement, et le sentiment d’être sous sa surveillance perpétuelle. Il a réservé à celui qui se tourne vers Lui la meilleure récompense qui soit : la vision béatifiante de Son Visage, Son Agrément, et la jouissance de Son voisinage dans les hauts jardins du Paradis.

 

Il a insufflé en lui les passions, la colère et l’insouciance en vue de l’éprouver. Il mit Iblîs sur son chemin dans cette même optique. Pour le séduire, Satan, qui s’acharne inlassablement contre lui, rentre par n’importe quelle porte. Il s’introduit par le biais de son âme, sa nature et ses passions. Les attaques et les tentations lui viennent ainsi de trois directions différentes.

Néanmoins, par Miséricorde envers lui, Son Seigneur le Tout-Puissant et Miséricordieux lui a apporté des renforts capables d’affronter l’ennemi qui n’a d’autre ambition que de causer sa perte. Il lui a envoyé Son Messager, révélé Son Livre et Il l’a soutenu par un ange adversaire du diable. D’un côté, Satan l’incite au mal et de l’autre côté l’ange le ramène à l’adoration de Son Seigneur. Il lui rappelle également qu’il est extrêmement périlleux d’obéir à Satan. C’est pourquoi, l’individu vit un combat intérieur constant entre les forces du bien et les forces du mal. Le vainqueur est celui à qui Allah (I) a donné la victoire et le gagnant est celui qu’Il aura préservé.

 

Le Très-Haut a également doté à l’individu d’une âme paisible qui affronte ses mauvais penchants (e-nafs el ammâtu bi e-sû). Quand l’un des côtés de son âme ordonne le bien et interdit le mal, l’autre côté ordonne le mal et interdit le bien. Allah l’a également renforcé pour affronter les passions enclines à obéir à Satan et aux mauvais penchants, d’une lumière, d’une clairvoyance, et de la raison qui l’empêchent de sombrer du côté des passions. »[7]

 

Louange à Celui qui a repoussé les ruses et les incursions de Satan grâce à la lumière de la sunna et du Coran. Allah (I) révèle [Par l’âme qu’Il a formé harmonieusement • Et à qui Il a inspiré la perversité et la piété • bienheureux est celui qui l’élève • et malheureux est celui qui la rabaisse].[8]

 

Les grandes lignes du djihad

 

Dans le cadre d’une fatwa qui lui fut soulevée sur les attentats-suicide, Le grand Muftî d’Arabie Saoudite, Sheïkh ‘Abd el ‘Azîz  Âl e-Sheïkh dresse les grandes lignes du djihad

 

Question : des citoyens de pays musulmans en guerre ou sous occupation d’une puissance étrangère se lancent dans des opérations-suicides contre l’envahisseur. Le candidat provoque sa mort et fait plusieurs victimes du côté ennemi. Parfois, ce sont des civils locaux et étrangers qui subissent les frais de ces attentats. Selon leurs auteurs, c’est une forme de djihâd parmi tant d’autres, et qui offre tout autant le martyre. Quel est l’avis de son Éminence sur ce genre d’action ?

 

En réponse : le djihâd sur le sentier d’Allah est l’une des œuvres les plus pieuses qui soient. De nombreux textes du Coran et de la sunna l’enjoignent, l’encouragent et vantent ses vertus. Ils sont tellement nombreux que, selon certains savants, il faudrait, pour tous les recenser, y consacrer un tome entier.

 

Nous avons notamment le hadîth : « Partir le matin ou revenir le soir sur le sentier d’Allah vaut mieux que la terre et toutes ses richesses. »[9]

 

Selon Abî ‘Abs el Hârithî (t), j’ai entendu dire le Prophète (r) : « Allah interdit à l’Enfer les deux pieds qui ont foulé la poussière sur son sentier. »[10]

 

Selon ibn Abî Awfâ, le Messager d’Allah (r) a dit : « Sachez que le Paradis est à l’ombre des épées. »[11]

 

D’après el Bukhârî et Muslim, selon Sahl ibn Sahd, le Messager d’Allah (r) affirme également : « Faire la sentinelle sur le sentier d’Allah vaut mieux que la terre et toutes ses richesses ; la place du fouet de l’un d’entre vous au Paradis vaut mieux que la terre et toutes ses richesses ; partir le matin ou revenir le soir sur le sentier d’Allah vaut mieux que la terre et toutes ses richesses. »[12]

 

Par ailleurs, de nombreux Versets imposent le djihâd, dont : [Ô Prophète, combat les infidèles et les hypocrites, et sois dur avec eux ; ils auront pour demeure la Géhenne, une bien mauvaise destinée !][13] ; [Partez au combat, que vous soyez lourds ou légers, et engagez vos biens et vos personnes sur le sentier d’Allah ; cela vaut mieux pour vous, si vous en aviez vraiment conscience].[14]

 

Le Coran va jusqu’à privilégier les moudjahiddines aux autres croyants : [Les croyants qui sont restés chez eux sans souffrir d’aucun handicap ne sont pas comparables à ceux qui engagent sur le sentier d’Allah leurs biens et leurs personnes ; Allah donne la préférence à ceux qui engagent sur le sentier d’Allah leurs biens et leurs personnes sur les autres ; s’Il a promis une belle récompense à tous, les combattants seront largement favorisés sur les croyants restés chez eux Il les élève en degré et leur accorde pardon et miséricorde, Il était certes Absoluteur et Tout-Miséricordieux],[15] etc.

 

Autant d’attention démontre que le djihâd rapporte des avantages énormes pour la religion, mais aussi pour la vie profane. D’un point de vue religieux, il contribue à élever, à faire triompher, et à répandre la Parole d’Allah sur terre, conformément aux injonctions divines. En même temps, il veille à la défense de la religion et de ses adeptes contre toute menace extérieure. Il protège les frontières, les richesses et les personnes.

 

Les savants disent que le djihâd relève de l’obligation individuelle et incombe à tout musulman ayant toutes ses capacités dans trois situations :

 

Primo : quand les armées musulmanes engagent les hostilités contre l’ennemi, il incombe à tous les soldats d’y participer, conformément au Verset : [Ô Croyants, quand vous faites face à l’ennemi, répondez présent, et multipliez l’évocation d’Allah ; de là dépend votre succès][16] ; [Ô Croyants, quand vous êtes face à une armée d’infidèles, ne lui tournez pas le dos].[17] Par ailleurs, le Prophète (r) compte parmi les sept péchés « capitaux » la fuite en plein champ de bataille.

 

Secundo : quand l’ennemi est aux portes du pays, il incombe à tous les habitants de défendre ses frontières.

 

Tercio : quand le Chef des armées lance un appel au combat, il n’incombe à aucun appelé de se désister : [Ô Croyants, quand vous entendez l’appel à la guerre sur le sentier d’Allah, qu’avez-vous à restez clouer sur vos terres ?][18] Un hadîth nous apprend également : « Quand on vous appelle à la guerre, répondez présent ! »[19]

 

Le djihâd doit être mu par une intention sincère à Dieu, et être conforme au Coran et à la sunna, au même titre que n’importe quel acte d’adoration.

 

Il incombe notamment de se placer sous l’étendard et l’autorité du gouverneur musulman en place. L’armée doit suffisamment être équipée en hommes et en matériels militaires. La phase de préparation des forces est indispensable, en mettant l’accent sur la préparation spirituelle qui passe notamment par la réforme du crédo et des pratiques religieuses, etc.

 

Enfin, pour répondre à la question qui touche à l’action connue sous le nom d’attentat-suicide, je ne lui vois aucune légitimité en regard de la religion, et je ne la considère pas comme un djihâd. Il faudrait plus la mettre au compte du suicide. Alors, certes, la religion nous encourage, voire nous impose de décimer l’ennemi, mais elle nous ordonne également de passer par des moyens légaux.[20]

 

À suivre…

                     

Par : Karim Zentici

http://mizab.over-blog.com/

 

 

[1] La vache ; 216

[2] Les groupes ; 15

[3] Le Façonneur ; 5

[4] Yâ-Sîn ; 60

[6] El A’râf ; 27

[7] Ibn el Qaïyim explique qu’Allah installa la haine entre l’ange et le démon, entre la raison et les passions, entre les mauvais penchants (e-nafs el ammâra bi e-sû) et l’âme paisible (e-nafs el mutma-inna ndt.). Il met ainsi Ses créatures à l’épreuve en approvisionnant chacun, fort de son statut, en armes et en renfort. Dans une lutte incessante et acharnée, tantôt c’est le bien qui l’emporte, tantôt c’est le mal. Quand le déroulement de la bataille tourne en faveur du bien, l’individu jouit alors du bonheur, de la félicité, de l’épanouissement, d’un joli butin qui va combler sa vie. Mais quand le mal prend le dessus, là seront les pleurs et les grincements de dents avec son lot de tristesse, de mélancolie, de soucis, d’anxiété, de malheur, et de décrépitude. Voir : Fawâid el fawâid (p. 409).

Voir : http://mizab.over-blog.com/2016/03/les-dangers-des-passions-et-des-desirs-malsains.html

[8] Le soleil ; 7-10

[9] Rapporté par el Bukhârî (n° 2792) et Muslim (n° 4907).

[10] Rapporté par el Bukhârî (n° 907).

[11] Rapporté par el Bukhârî (n° 2818) et Muslim (n° 4563).

[12] Rapporté par el Bukhârî (n° 2792) et Muslim (n° 4907).

[13] Le repentir ; 73

[14] Le repentir ; 41

[15] Les femmes ; 95-96

[16] Le butin ; 45

[17] Le butin ; 15

[18] Le repentir ; 38

[19] Rapporté par el Bukhârî (n° 2783) et Muslim (n° 3281).

[20] Voir : el fatâwâ e-shar’iya de Mohammed el Husaïn (p. 166).

 

Partager cet article
Repost0
21 mai 2017 7 21 /05 /mai /2017 11:07

 

Tout sur le djihad

(Partie 2)

 

Les vertus du djihad

 

Le djihad est un sujet qui remue les passions aujourd’hui, et ce n’est pas étonnant au vu des agressions et des persécutions qui s’abattent quotidiennement sur les musulmans. La « guerre sainte » est noble en soi et rapporte une récompense énorme quand l’objectif est sain, et motivé par la seule volonté de plaire au Visage d’Allah prévient le Coran : [Allah a acheté les âmes des croyants et leurs richesses en échange du Paradis, s’ils tuent et se font tuer sur Son sentier ; Il en a fait la promesse en toute vérité dans la Thora, l’Évangile et le Coran ; personne n’est aussi prompt à tenir sa promesse, alors réjouissez-vous de ce troc que vous avez contracté, car vous avez là un succès immense].[1]

 

Ibn Nahhâs propose une analyse extraordinaire de ce Verset. Qu’on en juge : « On reconnait la valeur d’une marchandise à trois choses :

  • À la valeur de l’acheteur, car, en temps normal, il est improbable que quelqu’un de haut rang se rabaisse à acheter par lui-même de viles marchandises, et il ne convient pas de dire qu’il en est l’acquéreur.
  • À la valeur de celui qui recommande la marchandise, car un courtier digne de ce nom ne fait jamais l’intermédiaire pour des choses qui n’en valent pas la peine.
  • Au prix à payer, car on ne brave pas tous les dangers pour des choses insignifiantes.

Comparons alors avec les âmes des guerriers et des martyrs dont le noble acheteur n’est autre que le Très-Haut avec qui il fait la transaction de la plus précieuse de Ses créations, le Paradis ; ce Paradis dont l’acquisition offre le meilleur des voisinages, celui du Seigneur de l’univers. Sans compter que les bénéficiaires de cette transaction ne partagent ce gracieux privilège avec personne. »[2]

 

Ibn el Qaïyim fait pratiquement le même constat dans un passage qu’il conclut par ces mots : « Le Paradis est la marchandise du Seigneur de la terre et des cieux et dont Il fait la transaction ; son prix est la vision béatifiante de Son Visage majestueux là où on pourra écouter Ses Paroles ; le courtier qui prend en main le négoce n’est autre que Son Messager. Comment peut-on dès lors négliger et laisser passer une marchandise aussi alléchante ? Ou, comment peut-on l’échanger contre un prix vil là où la vie éphémère est vouée à l’extinction ? Quelle perte et quel gâchis ! On se rendra compte des dégâts de cette grossière supercherie, le jour des règlements de comptes, quand la balance des pieux sera lourde et que celle des incrédules sera légère. »[3]

 

D’après el Bukhârî et Muslim, selon Abû Huraïra, le Messager d’Allah (r) a dit : « Allah garantit à Son serviteur qui part en campagne sur Son sentier : « S’il est parti en guerre sur Mon sentier alors qu’il a foi en Moi et à Mes messagers, Je me porte garant de le faire entrer au Paradis ou de le ramener chez lui d’où il est parti, en lui offrant soit la récompense soit le butin. » Par Celui qui détient l’âme de Mohammed entre Ses Mains ! S’il est touché sur le sentier d’Allah, il ressuscitera le jour du jugement dernier en baignant dans sa blessure, comme à ses premiers instants. Elle aura la couleur du sang, mais l’odeur du musc.

Par Celui qui détient l’âme de Mohammed entre Ses Mains ! Si ce n’était la crainte de faire peser un fardeau aux musulmans, je ne manquerais jamais à l’appel d’une expédition sur le sentier d’Allah. Néanmoins, je n’ai pas les moyens de les emmener. Eux-mêmes n’ont pas les moyens de venir, et il leur serait très pénible de me voir partir en les laissant derrière moi.

Par Celui qui détient l’âme de Mohammed entre Ses Mains ! J’aimerais me faire tuer sur le sentier d’Allah, et ressusciter ensuite pour me faire tuer à nouveau sur Son sentier, et ressusciter pour me faire tuer encore. »[4]

 

Quoi qu’il en soit, les vertus du djihâd sont innombrables, et les textes qui en parlent sont facilement retrouvables et connus de tous. Ils abordent un noble domaine de la religion, et c’est ce qui explique pourquoi par le passé, il était l’apanage des gens nobles et pieux.

 

Ibn el Qaïyim nous offre des perles dont il a le secret : « Leçon précieuse : Allah (I) révèle : [Ceux qui redoublent d’efforts pour Notre cause, Nous allons les guider sur Nos sentiers][5] ; Le très-Haut fait un parallèle entre partir en guerre et suivre la bonne voie ; les hommes les mieux guidés sont ceux qui s’investissent le plus dans le djihâd, en sachant que le djihâd prioritaire commence par un effort sur soi dans un combat incessant contre les passions, Satan, et les épreuves de la vie. En affrontant ces quatre ennemis pour la cause d’Allah, on sera guidé en retour vers les sentiers de Son Agrément qui mènent droit au Paradis. À l’inverse, moins on fait d’effort dans ce sens, et moins on est guidé sur le droit chemin. El Junaïd le dit lui-même :

« Ceux qui luttent pour Notre cause contre leur penchant à travers le repentir, Nous allons les guider sur les sentiers de la sincérité exclusive à Dieu. »

Ainsi, on ne peut venir à bout de l’ennemi apparent sans triompher de ses ennemis cachés ; quand on a le dessus sur les seconds, on a le dessus sur les premiers, et le contraire est aussi vrai, soit que si c’est les seconds qui prennent le dessus, alors il faut s’attendre au péril entre les mains des premiers. »[6]

 

Le djihâd est un devoir moral qui incombe à tous

 

Il incombe à chaque musulman de penser au djihâd, peu importe qu’Allah lui en donne l’opportunité ou non dans un avenir plus ou moins proche, car le triomphe collectif est  tributaire de ce sentiment individuel. Ainsi, la notion d’effort est constamment présente ; si le groupe n’est pas capable de faire le djihâd par les armes, il peut se replier sur le djihâd par la langue en se concentrant sur la prédication, ou, sinon, il lui reste le djihâd intérieur, celui qui le cœur pour arme.

 

« Le djihâd, souligne ibn Taïmiya, bien qu’il relève de l’obligation collective, s’adresse initialement à tous les croyants. Ils sont tenus de croire à son caractère obligatoire, et d’avoir la ferme intention de répondre à son appel, le cas échéant. C’est pourquoi, le Prophète (r) prescrit : « Quand on vient à mourir sans n’être jamais parti au combat, ou sans jamais n’y avoir pensé, on meurt entaché d’hypocrisie. » Rapporté par Muslim. Il nous informe qu’on est entaché d’hypocrisie quand il laisse indifférent. Par ailleurs, le djihâd est un nom générique qui regroupe plusieurs types d’efforts ; il est donc imposé au musulman de répondre à au moins l’un d’entre eux. »[7]

 

Ailleurs, il renchérit : « Allah (I) éprouve les croyants en leur demandant de sacrifier leur vie au combat pour Sa cause et par amour envers Son Messager. Deux destins s’imposent à eux : le martyre s’ils viennent à mourir ou la victoire s’ils reviennent vivants, exactement comme le souligne le Verset : [Dis-leur : prévoyez-vous pour nous autre chose que l’un des deux heureux évènements].[8] »[9]

 

Le Coran, qui est la source d’inspiration du djihad par la plume, nous dit bien : [Alors ne cède pas à la volonté des infidèles, et sers-toi de ce Livre pour leur livrer un grand combat].[10] Pour ibn el Qaïyim, il s’agit du plus grand des combats.[11] Autrement dit, la plume à l’ascendant sur l’épée. Un  passage des fatâwa d’ibn Taïmiya développe davantage le principe de la prépondérance de la plume sur le sabre : « Allah, nous dit-il, révèle dans Son Livre : [Nous avons envoyé nos prophètes porteurs d’une preuve évidente, et Nous les avons assistés du Livre et de la Balance de toute chose afin que les hommes fassent régner la justice. Nous leur avons également apporté du ciel le fer qui confère une force redoutable en plus de ses multiples usages ; afin qu’Allah, haut de Sa Force et de Sa Puissance, reconnaisse ceux qui défendent sa cause, celle de Ses messagers, en vertu de la foi qui les anime].[12] Il nous informe qu’il a fait descendre sur terre le Livre et la Balance de toute chose afin que les hommes fassent régner la justice. Il nous apprend ensuite qu’Il a également mis à leur disposition le fer, l’autre pilier du pouvoir à même de maintenir la religion. Nous avons donc le livre incitatif et l’épée dissuasive : [mais tu trouveras en Ton Seigneur le guide et le soutien suffisants].[13] Le Livre se situe à la base de la religion. Ainsi, dès l’avènement de l’Islam, le Très-Haut révéla le Livre à Son Messager qui, pendant toute la période mekkoise, ne reçut aucune prescription guerrière. Il fallut qu’il émigre et qu’il s’entoure d’une force pour que la législation du djihad voie le jour. »[14] Le Livre est donc à la base de la religion, tandis que l’épée ne fait que le seconder dans sa mission. C’est à la lumière de cette explication qu’il convient de comprendre l’adage : Le sultan est plus dissuasif, par la Volonté de Dieu, que le Coran, de par la peur qu’il inspire. »[15]

 

Les formes de djihad

 

Sheïkh Sâlih el Fawzân : Ihdhar e-sharîk el khawwân.

 

Le Seigneur de l’univers (I) a ordonné le djihâd à tous Ses serviteurs en fonction des moyens et des possibilités de chacun à travers le Verset : [Consacrez le djihâd pour Allah comme il se doit].[16] Cette injonction est adressée à tous les musulmans. Ce devoir incombe à toute personne qui en a la capacité. Le Très-Haut ordonne à Ses créatures de se soumettre au djihâd comme il se doit, de la même façon qu’Il leur a demandé de Le craindre comme il se doit.

 

Il existe quatre sortes de djihâd :

  1. Le djihâd sur soi.
  2. Le djihâd contre Satan.
  3. Le djihâd contre les infidèles
  4. Le djihâd contre les hypocrites.

 

À l’origine, il consiste à se dompter soi-même. On ne peut combattre l’ennemi extérieur tant que dans un premier temps, on n’a pas pris le dessus sur soi en se soumettant aux obligations et en s’éloignant des interdictions. D’où les paroles du Prophète (e) : « Le mujâhid est celui qui soumet son âme à l’obéissance d’Allah, et le muhâjir (l’émigré ndt.) est celui qui s’éloigne des choses qu’Allah a interdites. »

Ce dernier (e) déclarait notamment au cours de sa formule introductive à ses sermons (khutba el hâja) : « Et nous cherchons refuge auprès d’Allah contre nous-mêmes et nos mauvaises actions. » Un jour, il interpella El Husaïn ibn ‘Ubaïd en ces termes : « Embrasse l’islam et je t’apprendrai des paroles qui te seront utiles. » Il embrassa l’Islam et le Prophète (e) lui prescrivit alors : « Dis : Ô Allah ! Inspire-moi la raison et protège-moi contre moi-même. » Celui qui n’est pas épargné par son propre mal ne peut parvenir au Très-Haut étant donné qu’il constitue lui-même un obstacle qui s’interpose entre lui et cette noble ambition.

 

Il existe deux catégories d’individus : des individus qui parviennent à dominer et à vaincre leur âme en la rendant docile, et des individus qui se laissent dominer par les passions en leur devenant dociles. Allah évoque ces deux catégories dans le Verset : [Quant à celui qui se rebelle • et qui privilégie la vie d’ici-bas • l’Enfer sera son refuge • Quant à celui qui craint de comparaître devant Son Seigneur et qui retient son âme de sombrer dans les passions • le Paradis sera son refuge].[17] Ainsi, l’âme incite l’individu à la rébellion et à privilégier la vie d’ici-bas. Tandis que le Seigneur ordonne à Son serviteur de Le craindre et de contenir son âme. Soit l’individu se laisse guider par ses mauvais penchants qui vont lui causer sa perte, soit il sauve sa personne en répondant à l’appel de Son Seigneur. L’âme incite entre autre à la cupidité surtout quand il s’agit de la bonne cause, mais Allah invite à dépenser sur Son sentier comme le révèle le Verset : [Dépensez cela vaut mieux pour vous • Quiconque se préserve de la cupidité de son âme fera partie des vainqueurs].[18]

 

Ainsi, l’âme gaspille à cœur joie des sommes énormes en vue d’acquérir les futilités de se monde, mais elle fait preuve de beaucoup moins d’empressement envers les pauvres. Parfois, elle incite à faire le mal, parfois elle se culpabilise après avoir sombré dans le péché, et parfois elle s’apaise lorsqu’elle se tourne vers l’adoration, l’évocation et l’amour d’Allah. Avoir l’âme apaisée est louable, être attiré vers le mal est blâmable et se culpabiliser est un sentiment qui vacille entre les deux.

 

Faire un djihâd sur soi consiste à se contenir et à ne pas succomber aux pulsions de l’âme. Un hadith affirme à ce sujet : « L’homme intelligent est celui qui fait ses propres comptes (ou qui soumet son âme), et qui œuvre pour l’autre vie. Quant à l’incapable, il suit ses passions et il fonde sur Allah de faux espoirs. » Faire ses propres comptes revient à faire son autocritique…

 

‘Omar ibn el Khattâb (t) est l’auteur des paroles : « Faites vos comptes avant qu’on vous les fasse et pesez-vous avant que soyez pesés. Il vaut mieux pour le Jugement de demain – le jour où vous serez pesés pour la grande comparution – que vous fassiez vos comptes dès aujourd’hui. [Ce jour-là, vous comparaîtrez et rien de votre vie ne sera caché].[19] Maïmûn ibn Mihrân a dit : « L’individu ne prétendra jamais à la piété s’il n’est pas plus scrupuleux à faire ses propres comptes qu’un marchant envers son associé. »

 

C’est pourquoi, selon le dicton, l’âme est comparable à un associé infidèle. Si tu n’examines pas ses comptes, il se sauve avec ton argent. ‘Omar ibn el Khattâb (t) fit le courrier à l’un de ses exécutants : « Fais tes comptes pendant que tout va bien, et avant qu’on te les fasse quand tout ira mal. C’est ainsi qu’au bout du compte, tu gagneras la satisfaction et fera des envieux. Quant à celui qui se laisse distraire par la vie et absorber par ses passions, il n’aura au bout du compte que déception et regret. »

 

El Hasan affirme quant à lui : « Les comptes seront plus faciles le Jour de la Résurrection pour ceux qui faisaient les leurs sur terre. Les comptes y seront plus pénibles pour ceux qui s’investissent dans la religion sans faire les leurs. Pour les rendre plus faciles, il suffit de savoir que plus on fait des efforts aujourd’hui plus on se reposera demain quand c’est les autres qui seront confrontés à leur juge. Et plus l’individu est négligeant aujourd’hui plus les charges retenues contre lui pèseront sur ses épaules. En mettant ses comptes à jour dès à présent, il gagnera demain une place au Firdaws, mais toute négligence de sa part aujourd’hui le fera sombrer demain dans les remords au moment d’entrer en Enfer. » Toute personne qui est à la fois intelligente, déterminée et qui a foi en Allah et au Jour du Jugement Dernier passe sérieusement au crible tous ses actes, ses pas, et ses pensées. Le Jour de la Résurrection, il sera facile de voir lequel sera lésé entre l’homme scrupuleux et le négligent. [Le jour où chacun trouvera devant lui ses bonnes actions, mais aussi celles qu’il voudra tenir le plus éloignées possible].[20]

 

À suivre…

                     

Par : Karim Zentici

http://mizab.over-blog.com/

 

 

[1] Le repentir ; 111

[2] Mashâri’ el ashwâq ilâ masâri’ el ‘ushshâq (2/842).

[3] Risâla ibn el Qaïyim ilâ ahad ikhwânihi (p. 32).

[4] Rapporté par el Bukhârî (n° 36) et Muslim (n° 1876).

[5] L’araignée ; 69

[6] El fawâid (p. 109).

[7] Majmû’ el fatâwa (7/16).

[8] Le repentir ; 52

[9] Qâ’ida fî el inghimâs fî el ‘aduww (p. 36).

[10] Le discernement ; 52

[11] Voir : miftâh dâr e-sa’âda (1/70).

[12] Le fer ; 25

[13] Le discernement ; 31

[14] Majmû’ el fatâwâ (28/234).

[15] Majmû’ el fatâwa (10/356).

[16] Le pèlerinage ; 78

[17] E-Nâzi’ât ; 37-41

[18] La tromperie mutuelle ; 16

[19] L’évidence ; 18

[20] La famille de ‘Imrân ; 30

Partager cet article
Repost0
20 mai 2017 6 20 /05 /mai /2017 12:35

 

Tout sur le djihad

(Partie 1)

Les appels coraniques au djihad sont explicites et incontestables ; mais j’oserai dire que, jusqu’aujourd’hui, l’islam s’est montré infiniment moins violent que le christianisme : non seulement dans les textes, parce que les prescriptions du djihad sont encadrées et que les docteurs les plus rigoristes ont considéré depuis des siècles que la guerre sainte était close (hormis les cas d’invasion du « dar al-islam »), mais encore dans les faits, puisque l’expansion islamique à la mort du Prophète s’est faite de façon beaucoup plus pacifique qu’on ne l’imagine. Les Arabes, je l’ai dit plus haut, ont été accueillis par les juifs et les chrétiens non-orthodoxes comme de véritables sauveurs, et la chose s’est répétée au moment des Croisades, lorsque les chrétiens orientaux ont préféré la protection de l’islam à la barbarie des chrétiens latins.

Michel Orcel

 

Allah (I) révèle : [Tu ne pourras jamais satisfaire les Juifs ni les chrétiens, sauf si tu te soumets à leur religion)[1] ; [Feriez-vous de la complaisance avec ce discours ?][2] ; [Ils aimeraient que tu sois complaisant avec eux afin qu’ils le soient avec toi].[3] Ils voudraient que tu fasses des concessions dans ta religion.

 

Voir pour les parties précédentes :

http://mizab.over-blog.com/2017/03/guerre-sainte-croisades-et-inquisitions-a-l-assaut-de-l-histoire-partie-5/1.html

http://mizab.over-blog.com/2017/03/dialogue-entre-un-quietiste-et-un-chretien-flic-partie-6/1.html

 

L’antidote ou vaincre le mal par le mal

 

Il n’y a pas de mal en regard de la religion d’avoir des relations avec les mécréants dans la mesure où l’intérêt supérieur des musulmans en dépend, comme le prouve déjà la pratique du Prophète (r) ; cela ne s’oppose nullement au principe du djihâd.[4] Les lois d’Allah (I), notamment celles du djihâd, ne sont soumises aux appréciations de personne. Il est Seul à même de les abroger. Aucun code humain n’a le droit d’intervenir dans Ses décisions.

 

Si nous renonçons à donner à nos enfants la vrai image du djihâd, ils risquent ainsi d’en avoir une vision déformée, et contraire aux ambitions du Législateur. Quoi que nous fassions, ils auront toujours à leur portée les textes de la « guerre juste » soit directement dans le Coran soit dans les ouvrages sur le sujet. S’ils ne sont pas encadrés convenablement, c’est là que le réel danger se profile devant nous. Le meilleur exemple est celui des savants autoproclamés qui sortent ici et là, et qui, sans s’en rendre compte, sont une plaie pour leurs frères, à cause de leur mauvaise connaissance du sujet. C’est d’ailleurs ce qui les a poussés à sombrer dans le takfîr (connu sous le terme d’ « excommunication » ndt.), et les attentats meurtriers. Le remède est donc de sensibiliser les gens sur la vraie image du djihâd.[5]

 

L’art d’inverser les rôles ou un véritable djihad contre les musulmans

 

Profitant du déclin, Les mécréants attisèrent très tôt la flamme de la discorde dans les rangs des musulmans qu’ils montèrent les uns contre les eux. Ils fomentèrent des complots perfides en vue d’entretenir la division qui déboucha sur la désintégration de l’Empire en provinces autonomes inféodés par les puissances chrétiennes. Celles-ci se permettaient désormais de les manipuler à leur guise, et lorgnaient sur leurs richesses, exactement comme l’annonçait la prophétie : « Les nations vous convoiteront bientôt de toute part, comme des mains autour d’un plat.

  • Serons-nous peu nombreux à cette époque, s’exclamèrent les Compagnons ?
  • Non, vous serez plutôt en grand nombre, mais aussi faible que l’écume du torrent ; vous n’inspirerez plus la crainte dans les cœurs de vos ennemis, et la faiblesse imprégnera les vôtres.
  • Quelle sera cette faiblesse, Messager d’Allah ?
  • L’attachement à la vie terrestre, et la peur de la mort. »[6]

 

Les mécréants ne sont toujours pas encore arrivés à leur fin aujourd’hui. Malgré toutes les blessures et les déchirures qui affectent les pays musulmans, l’Islam est encore debout. Ils ont recours à une nouvelle ruse en montant les peuples arabes contre leurs gouverneurs en vue de les mettre à terre. Le seul moyen de sortir de ce pétrin est de revenir à la source. Le Coran et la sunna leur garantissent l’union et la gloire d’antan autour d’une même unité politique : [La fierté revient à Allah, à Son Messager et aux croyants][7] ; [Ne faiblissez pas et ne soyez pas affligés alors que vous avez le dessus, si vous êtes vraiment croyants].[8] 

 

Comme le disait l’Imâm Mâlik – qu’Allah lui fasse miséricorde –, rien ne vaut pour les dernières générations de cette communauté qui n’a pas valu pour les premières.

 

Malheureusement, certains des nôtres voient la réforme dans les préceptes de la vie occidentale. Ce défaitisme est contre-nature, étant donné que les Arabes n’ont jamais obtenu la gloire, en se tournant vers autre chose que l’Islam. Le jour où ils ont eu la mauvaise idée de se mettre à la queue de l’Europe, ils ont tout perdu, et furent mis au ban des nations. (S. Fawzân).[9]

 

On peut cautionner le djihad sous ses deux formes (offensif et défensif) et condamner le terrorisme sous toutes ses formes

 

http://mizab.over-blog.com/2015/11/le-bouclier-humain-pour-justifier-les-attentats-de-la-terreur-partie-1.html

http://mizab.over-blog.com/2014/10/le-djihad-et-le-meurtre-des-innocents-partie-1.html

http://mizab.over-blog.com/2015/11/la-riposte-imparable-aux-attentats-sanglants-partie-1.html

http://mizab.over-blog.com/2015/11/missions-suicides-vs-attentats-suicides-partie-1.html

http://mizab.over-blog.com/2015/11/fatwas-de-savants-contemporains-sur-les-attentats-suicides-partie-1.html

http://mizab.over-blog.com/2015/11/l-histoire-du-moine-et-de-l-enfant-au-service-des-attentats-suicides.html

http://mizab.over-blog.com/2014/10/djihad-legal-vs-djihad-heretique-partie-1.html

 

Définition étymologique du djihad

 

Selon ibn Taïmiya, le vocable « jihâd » provient de « juhd» qui signifie effort dans le sens d’énergie et de peine extrême. Cette notion d’effort est plus accentuée que dans le terme « jahd » qui lui est plus lié à la difficulté ; la voyelle dhamma étant plus forte que la fatha. En un mot, plus les lettres ou les voyelles sont fortes, plus leur signification est intense. Ainsi, jurh est plus fort que jarh, le premier étant la blessure proprement dite, qui est différent du verbe à l'infinitif « blesser ». Cette règle se vérifie également avec kurh (aversion), makrûh (désapprobation), mukrah (contrainte ou répugnance). (Il vous a été décrété le combat, alors que vous le répugnez)[10] ; (Devant Dieu, se prosternent les créatures des cieux et de la terre de gré ou de force)[11].

 

Dans le hadith : « La meilleure aumône provient d’une personne dans le besoin, qui, au prix d’un sacrifice et d’un effort, donne à un pauvre à l’insu des gens. »[12]

C'est pourquoi, aux dires du Prophète (r) : « Le djihad sur le sentier d’Allah est le sommet le plus haut de la religion. »[13]

     

Le sommet en question est le symbole de la volonté extrême, et du surpassement de l'être qui demande un effort considérable. Celui-ci représente le plus haut degré de la foi, à l'image de la bosse du chameau (sanâm que nous avons traduit par « sommet » ndt.) qui se produit avec ou sans difficulté. Tandis que l'effort (jahd) réclame une certaine peine, mais par forcément le summum de la force.

 Le jihâd sur le chemin du Très-Haut provient donc de juhd qui a le sens de lutter et de combattre en déployant toute sa force et son énergie. Celui-ci requiert deux choses :

  1. dépenser toutes ses capacités et sa force ;
  2. déployer cette énergie dans le but de répandre le bien et de lutter contre le mal.

 

Le djihad est le sommet le plus haut de la religion, non son sixième pilier

 

Selon un hadîth : « L’Islam est la base de la religion, la prière est son pilier, et le djihad sur le sentier d’Allah est son sommet le plus haut. »[14]

 

L’Islam, c’est se soumettre à Allah à travers Son unicité et Son obéissance, tout en renonçant à l’association et à ses adeptes. Cela correspond exactement à : « L’Islam est la base de la religion » Les deux attestations de foi en incarnent le fondement. La condition pour devenir musulman est de les prononcer, d’y donner foi, et de les mettre en pratique. Le Prophète (r) a comparé la religion a un corps ayant une tête (ra-sûn que nous avons traduit par « base » ndt.), une colonne vertébrale (‘amûd que nous avons traduit par « pilier » ndt.), et une bosse (sanâm que nous avons traduit par « sommet » ndt.). Sans la tête, il n’y a plus aucune trace de vie. Nous pouvons dire de la même façon que sans le tawhîd, il n’y a aucune trace de la religion. La tête est l’organe qui tient le corps en vie et qui permet son fonctionnement.

 

La prière est la colonne vertébrale de la religion. Elle a la même fonction qu’un pilier sans lequel la tente ou la maison ne peut tenir. Selon l’opinion la plus vraisemblable des savants, en négligeant sciemment la prière, ne serait-ce que par fainéantise, on sort de l’Islam. Il n’est pas suffisant de reconnaitre son caractère obligatoire, sans la mettre en pratique. Cette opinion est celle des grands spécialistes, mais il existe un point sur lequel il ne règne aucune divergence. C’est le cas où l’on renie son aspect obligatoire. À l’unanimité des savants en effet, cette conviction relève de l’apostasie.

 

« et le djihad sur le sentier d’Allah est son sommet le plus haut » : le djihad est le sommet le plus haut de la religion. Il est l’indicateur de sa force tant spirituelle que matérielle.

 

Ainsi, le Prophète (r) nous partage la religion en trois parties : la base, le pilier, et le sommet. Sans le tawhîd (l’attestation de foi) qui est la base, on ne peut prétendre à l’Islam. La prière est le pilier sans lequel la fondation s’écroule. Et le djihad, l’instrument qui épargne aux musulmans d’accuser un état de faiblesse, est le thermomètre et la marque de la puissance. Le terme utilisé est sanâm qui est la bosse du chameau. C’est la partie du corps qui symbolise la force et la bonne santé.

 

Cette métaphore mise en avant par l’envoyé d’Allah (r) vise à rapprocher à notre entendement la répartition de notre religion. Aujourd’hui, les musulmans sont faibles, mais le Messager (r) nous a prédit le remède : « Quand vous aurez recours à la vente à terme, que vous vous accrocherez à la queue des vaches, et que vous abandonnerez la guerre sur le sentier d’Allah, vous serez frappés d’une humiliation dans laquelle vous serez engluez tout le temps que vous resterez éloignés de votre religion. »[15] C’est en rendant au djihad ses lettres de noblesse que nous retrouverons la force et l’opulence, à l’image de la bosse de chameau. (S. Fawzân)

 

À suivre…

                     

Par : Karim Zentici

http://mizab.over-blog.com/

 

[1] La vache ; 120

[2] L’évènement inéluctable ; 81

[3] La plume ; 9

[4] Les accords qui lient les musulmans aux infidèles et les lois qui en découlent entrent justement dans le chapitre du djihâd enseigné à l’école. C’est l’occasion pour l’élève d’élargir ses connaissances sur le domaine et de ne pas tomber dans les mêmes incompréhensions que notre auteur [d’un article qui critique les programmes scolaires saoudiens]. Incompréhensions qui sont souvent à l’origine de mauvais agissements. Les lois du djihâd ne s’opposent en aucun cas aux accords internationaux ! (S. Fawzân)

[5] Étudier les règles de la guerre ne remet absolument pas en cause les traités légitimes noués avec les non musulmans. Cela ne veut pas dire non plus que nous devons leur déclarer la guerre, car cela reviendra à trahir nos engagements envers eux. Nous devons plutôt savoir comment nous comporter tant en temps de guerre qu’en temps de paix pour justement nous éviter de sombrer dans l’erreur à la manière des mouvements takfirî. Ces derniers en arrivent à fomenter des attentats contre des innocents à cause de leur méconnaissance du sujet ou d’un changement dans les idées. Il est possible, en effet, d’aller à l’encontre de ses principes acquis, suite à un endoctrinement en sachant que nul n’est à l’abri de ce genre d’épreuves. Combien de savants ont-ils dévié du droit chemin ? Selon un hadîth authentique, le Miséricordieux tient entre Ses deux Doigts tous les cœurs qu’Il change comme Il veut. Ceux qui dévient ne sont pas représentatifs des musulmans. (S. Fawzân)

[6] Propos authentifié par el Albânî dans silsilat el ahâdîth e-sahiha (n° 958).

[7] Les hypocrites ; 8

[8] La famille d’Imrân ; 139

[9] Le Prince des croyants ‘Omar ibn el Khattâb (t) est l’auteur des paroles : « Alors que nous étions une nation vile, Allah nous a offert le triomphe avec l’Islam, mais, si nous cherchons le triomphe ailleurs, Il nous ramènera là où nous étions. » Voir : silsilat el ahadith e-sahîha de Sheïkh el Albânî (1/50).

[10] La vache; 216

[11] Le tonnerre ; 15

[12] Extrait d'un long hadîth rapporté par e-Nasâî, Ahmed, e-Tiyalissi, et el Baïhaqi.

[13] Rapporté par e-Tirmidhî (n° 2616), et e-Nasâî dans el kubrâ (n° 11330), selon Mu’âdh ibn Jabal (t), à l'origine il se trouve chez el Bukhârî et Muslim.

[14] Rapporté par e-Tirmidhî (n° 2616), et e-Nasâî dans el kubrâ (n° 11330), selon Mu’âdh ibn Jabal (t), à l'origine il provient d’el Bukhârî et Muslim.

[15] Rapporté par Ahmed (n° 5562) et Abû Dâwûd (n° 3462), selon ibn ‘Omar – qu’Allah les agrée son père et lui

–.

Partager cet article
Repost0
28 avril 2017 5 28 /04 /avril /2017 16:20

La Mecque, la terre de la nouvelle alliance

(Partie 5)

 

La recherche moderne confirme

L’historiographe Mas‘ûdi (Xe siècle) mentionne que l’empereur byzantin Nicéphore le Logothète (802-811) de la dynastie isaurienne a dû prendre un décret où il défend à ses sujets d’appeler les Arabes des Sarrasins, nom qui signifiait « esclaves de Sara », et que les Grecs leur donnaient par allusion injurieuse à Hagar (Dagorn, 1981 : 202). La servitude de celle-ci n’était pas uniquement un point de controverse entre musulmans et non-musulmans, il semble qu’elle était aussi un enjeu de débat entre musulmans arabes et musulmans non arabes (Dagorn, 1981 ; Benslama, 2002 ; Kaltner, 2002). Face à l’origine agarienne et ismaélienne des premiers, les Persans et les Nabatéens vont se prévaloir d’une ascendance abrahamique par Isaac, traitant les Arabes de fils de la lakhnâ, la puante.

 

Reconsidérons maintenant la version biblique du sacrifice. Dans Genèse 22,2, on lit : « Dieu dit [à Abraham] : Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac ». S’il est vrai que le chapitre précédent, Genèse 21,21, relate l’installation d’Ismaël dans le désert, cette séparation géographique, comme le rappelle judicieusement Römer (1999 : 162), n’indique nullement qu’il cesse d’être le fils premier-né d’Abraham. Tout se passe comme si le narrateur voulait ignorer ou oublier Ismaël. La tradition rabbinique, affirme Römer, a bien ressenti le problème de l’ordre divin dans Genèse 22 et a « inventé » le dialogue suivant : « Prends ton fils. – Lequel ? demande Abraham. J’en ai deux. – Ton unique. – L’un est l’unique pour sa mère et l’autre est unique pour la sienne. – Celui que tu aimes. – J’aime celui-ci et j’aime celui-là. – Isaac ». Cette transformation, bien qu’elle ait permis au Midrash de rappeler qu’Abraham avait deux fils et non un seul, ne permet toutefois que partiellement de réhabiliter Ismaël en l’insérant dans un récit dialogique entre le Père et Dieu. Ismaël n’est inclus dans le récit de la paternité que pour être exclu de l’alliance. « Apparemment, écrit Römer, il est très difficile d’accepter cette double paternité d’Abraham telle que la Bible nous la présente. Selon l’interprétation juive et chrétienne des récits de la Genèse, c’est Isaac qui apparaît toujours comme le “vrai” fils d’Abraham » (1999 : 162). Vrai, peut-être ! Mais est-ce qu’il est l’unique ? Sur un ordre chronologique, Isaac ne peut en aucun cas être l’unique de son père ; tandis qu’Ismaël l’était avant la naissance de son frère. La progression du récit du sacrifice de ton « fils unique » à « Isaac », pourrait être lue comme une forme d’inversion par précision.

 

L’épisode de la circoncision est relaté dans Genèse 17,9-14 : « et Dieu dit à Abraham : et toi, tu garderas mon alliance, toi et la semence après toi, en leurs générations. Que tout mâle d’entre vous soit circoncis. Et vous circoncirez la chair de votre prépuce, et ce sera signe d’alliance perpétuelle. Et le mâle qui n’aura point été circoncis en la chair de son prépuce, cette âme sera retranchée de ses peuples : il aura violé mon alliance. Puis Abraham prit Ismaël, son fils. Il circoncit la chair de leur prépuce en ce même jour comme Dieu le lui avait dit. Abraham était âgé de quatre-vingt-dix-neuf ans lorsqu’il fut circoncis en la chair de son prépuce et Ismaël, son fils, était âgé de treize ans ».

 

Si, selon la tradition musulmane, le sacrifice d’Ismaël peut être considéré comme une confirmation de la première alliance marquée par la circoncision, le sacrifice d’Isaac, dans la tradition juive, est en quelque sorte l’annulation de la première alliance d’Ismaël faite par la circoncision. Cette hypothèse est bien confirmée par un passage rabbinique : « Ismaël se vantant du mérite qu’il avait à endurer la circoncision déjà âgé de treize ans plutôt qu’à huit jours comme Isaac, celui-ci se déclare prêt à donner sa vie en témoignage d’obéissance à Dieu » (de Menasce, 1951 : 100). L’alliance d’Isaac par le sacrifice est perçue, non seulement, comme plus importante que l’alliance d’Ismaël faite par la circoncision, mais elle en est l’abrogation. Dans certains cas, comme dans le Livre des Jubilés, c’est l’âge même de la circoncision d’Ismaël, à treize ans, qui est évoqué pour l’exclure de toute alliance possible.

 

Mais ces interprétations exclusivistes, comme le rappelle Römer (1999), vont à l’encontre du texte de la Genèse où le personnage d’Ismaël revêt un caractère important, voire principal. Non seulement la Genèse relate l’histoire de la naissance d’Ismaël et explique le sens de son nom, mais elle l’inclut aussi dans l’alliance qu’établit Dieu avec Abraham. Le récit relate l’intervention divine aussi bien pour sauver Ismaël et sa mère d’une mort certaine que pour la promesse d’une grande descendance. Mais bien que ce soit la circoncision qui permet de définir le lien étroit qui unira Ismaël et Isaac, l’alliance divine sera accordée essentiellement à ce dernier (Genèse 17,21). « C’est presque un paradoxe, écrit Römer, dans la mesure où Ismaël participe au signe de l’alliance » (1999 : 170). Tout se passe comme si Ismaël, bien qu’il partage le même symbole de l’alliance qu’Isaac, n’était que l’héritier d’une promesse partielle qui ne concerne que la multiplication de sa descendance.

 

Souvent, c’est aussi l’ascendance agarienne d’Ismaël qui est rappelée pour l’écarter de toute alliance. Les positions différentes d’Ismaël et d’Isaac doivent donc être interprétées non seulement par rapport à leur statut respectif mais aussi en fonction de celui de leurs mères distinctes.

Paul, dans l’Épître aux Galates 4,22-26, développe une exégèse surprenante de la différence entre les deux fils d’Abraham ainsi que de leurs mères respectives : « il est écrit qu’Abraham eut deux fils, un de la femme esclave, et un de la femme libre. Mais celui de l’esclave naquit selon la chair, et celui de la femme libre naquit en vertu de la promesse. Ces faits ont une valeur allégorique ; car ces femmes sont deux alliances. L’une du mont Sina, enfantant pour la servitude, c’est Agar – car Agar, c’est le mont Sina en Arabie – et elle correspond à la Jérusalem actuelle, qui est dans la servitude avec ses enfants. Mais la Jérusalem d’en haut est libre, c’est notre mère [Sara] ».

 

Hagar, l’esclave, est donc l’allégorie de l’alliance du désert, une alliance qui a instauré l’esclavage de la Loi, alors que Sara, la femme libre, symbolise la nouvelle alliance, libératrice et qui préfigure les chrétiens. Selon Pabst (2003), ce sont les pères de l’Église qui furent les premiers à interpréter le couple Sara/Hagar comme une allégorie du dedans et du dehors. Si Sara symbolise le dedans positif et identificateur, Hagar, quant à elle, représente l’altérité rejetée et expulsée.

 

Dans la tradition rabbinique, le couple duel Sara/Hagar représente aussi une allégorie du même et de l’autre. Si Sara représente Jérusalem et Israël, Hagar symbolise l’étrangeté et l’altérité dans son absolu (Pabst, 2003). Zucker (1990 : 44) confirme pour sa part le rôle négatif souvent assigné à Hagar dans certaines sources juives classiques. Celle-ci, affirme-t-il, est non seulement inculpée exclusivement dans le conflit qui l’a opposée à Sara, mais elle est aussi rabaissée au statut d’idolâtre et de païenne.

 

Reis, dans un article très récent, réserve à Hagar le même rôle négatif. Selon elle, la réaction cruelle de Sarah contre Hagar est légitime dans la mesure où c’est cette dernière qui, après avoir rempli son rôle de mère « porteuse », continue à s’introduire dans la tente d’Abraham.

 

Si l’on se réfère à Genèse 16,3, on remarque que les termes « femme » et « mari », désignant Saraï et Abram, sont martelés d’une façon répétitive : « Alors Saraï, femme d’Abram, prit Agar, l’Égyptienne, sa servante, et la donna pour femme à Abram, son mari... ». Pour Reis, ce caractère répétitif du verset a pour but de désigner, haut et fort, Sara comme seule femme du Patriarche. Servante et esclave, Hagar est acculée, quant à elle, au statut de mère porteuse.

 

Genèse 21,14 est, selon Reis, la preuve, non pas d’une séparation géographique entre Hagar et Abraham, mais d’une rupture maritale. Le verbe « renvoyer » dans le verset renvoie, selon elle, au divorce.

 

Aux antipodes de ces interprétations négatives, plusieurs auteurs ont récemment montré la centralité de la figure hagarienne dans la Genèse (Dozeman, 1998 ; Nikaido, 2001 ; Wénin, 2001 ; Jarrel, 2002 ; Pabst, 2003). Selon Wénin, Hagar occupe bel et bien le rôle d’une épouse à part entière ; ce n’est donc pas à la domestique étrangère qu’Abraham s’unit, mais à cette femme nommée Hagar : « on voit, écrit Wénin, qu’Abram tout en jouant le jeu initié par Saraï, n’adopte pas tout à fait sa façon de traiter la domestique en objet. Il semble plutôt considérer celle-ci comme une personne vers qui il vient avec un certain respect. » (2001(Page number): 43).

 

Comme le note Leviant (1999), bien que le terme hébreux, isha, pour désigner Hagar dans Genèse 16,3, signifie épouse et non concubine, c’est plutôt ce dernier terme qui en est la traduction la plus courante.

 

Hagar s’affirme ainsi, pour la première fois, comme une épouse légitime dont le statut est supérieur à celui de celle qui l’a prise comme moyen de se satisfaire. Ce renversement de situation, souvent lu comme un geste arrogant et méprisant d’Hagar envers Sara, se prête néanmoins à une autre lecture. Car, selon Wénin, la fin de Genèse 16,4 (« et elle [Saraï] fut légère à ses yeux ») n’est pas aussi claire qu’on le croit. Une lecture alternative permet d’élucider le côté subjectif de l’histoire où le possessif de « ses yeux » pourrait renvoyer non à Hagar, mais à Sara même.

 

Comme le montre Nikaido, Hagar ainsi que son fils Ismaël sont associés à des figures bibliques centrales. Celle-là est associée à Hannah, celui-ci à Samuel ainsi qu’à Joseph, petit-fils d’Isaac et fils de Jacob (2001 : 237).

 

Selon Nikaido, c’est Hagar, et non Sara, qui représente l’homologue féminin du patriarche Abraham et son véritable compagnon dans les tribulations.

 

Dans cette lecture alternative de la Genèse, non seulement Hagar occupe la position positive de femme d’Abraham, mais elle représente également un personnage biblique central. Ainsi, Nikaido (2001) montre, dans une perspective intertextuelle, comment Hagar symbolise la figure féminine de l’alliance avec le divin. Dans le même ordre d’idées, Jarrell (2002) estime que la relation entre Hagar et Dieu informe et sert de prototype à l’ensemble des relations contractuelles entre les femmes de la Genèse et Yahweh. Cette relation contractuelle est exprimée dans le récit de la naissance ; ce genre narratif représente la contrepartie de l’alliance divine avec les hommes. L’histoire d’Hagar, comme le note Dozeman (1998), sert aussi de modèle pour la vie de Moïse et préfigure la souffrance et l’esclavage d’Israël. Et l’ensemble des deux histoires montre comment Dieu transforme un conflit familial en une occasion de libération fondatrice des nations.[1] De toutes ces recherches récentes, on pourrait avancer que le rôle négatif souvent assigné à Hagar dans certaines sources post-bibliques, s’est constitué à l’encontre de l’esprit du texte sacré. Il s’agit d’une inversion symbolique qui concerne la position d’Hagar en tant que deuxième femme d’Abraham et mère de son premier fils.

 

L’intimité entre l’Éternel et Hagar était perçue comme insupportable, et c’est pourquoi on procéda à ce que Jarrell appelle le « nettoyage patriarcal ». L’auteur n’exclut pas la possibilité d’une restructuration des récits primitifs par les rédacteurs patriarcaux, par l’insertion d’un intermédiaire contractuel, un mari notamment. Selon Jarrell, ce genre de réarrangement est bien perceptible dans l’histoire d’Hagar ; surtout si l’on compare la version J, (Genèse, 16,10), où la promesse lui est directement adressée (L’ange de l’Éternel lui dit : Je multiplierai ta postérité, et elle sera si nombreuse qu’on ne pourra la compter), à la version E, (Genèse, 21,13), où la promesse est plutôt adressée à Abraham (Je ferai aussi une nation du fils de ta servante ; car il est ta postérité).

 

Une affaire d’héritage !

 

Le revirement dans le comportement de Sara envers Hagar et son fils Ismaël montre clairement le facteur principal mis en jeu dans le réseau des relations liant l’ensemble des membres de la famille du Patriarche. Genèse 21,9-10 laisse entrevoir le rôle important que joue l’héritage dans le conflit qui oppose Sara à Hagar. Plusieurs auteurs (Hackett, 1989 ; William, 1993) confirment le rôle décisif de l’héritage dans l’expulsion d’Ismaël et sa mère.

 

Certaines lectures juives vont dans ce sens ; Ismaël, selon le Midrash, aurait indécemment réclamé le droit, en tant qu’aîné, de recevoir une part double de l’héritage (Reis 2000 : 94). Bien que le récit biblique ne donne aucun indice de la portée péjorative du geste d’Ismaël, certaines interprétations juives classiques l’ont exagérée au point de l’assimiler à un acte immoral grave : l’idolâtrie et le meurtre (Zucker, 1990 : 40 ; Reis, 2000 : 94), acte qui pourrait irrémédiablement priver Ismaël de tout droit à l’héritage.

Le droit d’aînesse d’Ismaël est gênant au point même que sa filiation avec Abraham soit controversée. Römer (1999 : 172) cite l’avis du Rabbi ‘Awira qui présume qu’Abraham, lors du festin eschatologique, aurait dit : « je ne peux pas rendre grâce, car j’ai engendré Ismaël ».

Comme on l’a mentionné pour Hagar, ou pourrait affirmer que les interprétations négatives de la figure ismaélienne vont à l’encontre de l’esprit du texte biblique (Zucker, 1990 ; Leviant, 1999 ; Römer, 1999 ; Kaltner, 2002). On pourrait parler, dans ce cas, d’une inversion symbolique qui concerne le droit d’aînesse d’Ismaël et ses conséquences en matière d’héritage. L’héritage dont il est question ici est plus un capital symbolique et spirituel. C’est l’héritage de toute une tradition prophétique qui représente une alliance avec le divin. Aussi, le juif cherchant à défendre le droit d’Isaac à l’héritage abrahamique, contre celui d’Ismaël, tente-t-il de légitimer son propre héritage de cette alliance avec le divin. Le musulman essaie tout autant de conforter la position sociale de la mère d’Ismaël pour pouvoir prétendre au même titre que le juif à cet héritage.

Selon Zucker, ce sont les interprétations tardives, surtout dans la littérature talmudique et certaines exégèses du Moyen Âge, qui ont assigné un rôle très négatif à Ismaël, sa mère et leurs descendants.

Voir : https://assr.revues.org/13833#bodyftn35

 

Conclusion du chapitre sur l’historicité de La Mecque

 

Tout en discutant le corpus de la preuve documentaire concernant l’avènement de l'Islam et de son absence presque totale dans le travail de Christoph Luxenberg, entre d'autres, Robert Hoyland constate :

« D’abord, nous avons un certain nombre de preuves physiques - particulièrement de sources non-Musulmanes, papyrus, inscriptions et excavations archéologiques - qui peuvent servir de référentiel externe utile et dont l’exploitation de la richesse vient juste de commencer d'une façon systématique.

Deuxièmement, la mémoire historique de la communauté musulmane est plus robuste que certains ont prétendus. Par exemple, plusieurs divinités, rois et Tribus de la période Arabe préislamiques qui ont été dépeints par les Historiens Musulmans du IXème siècle paraissent également dans des monuments épigraphiques, tout comme plusieurs souverains et gouverneurs du premier état islamique.

Ceci rend très difficile d’accepter les scénarios historiques qui exigent pour leur concorde une discontinuité totale dans la mémoire historique de la communauté Musulmane - telle celle que Mohamed n'a pas existé, que le Coran n'a pas été écrit en arabe, que la Mecque était à l'origine dans un endroit différent etc., peuvent-ils vraiment être justifiés ? -. Plusieurs de ces scénarios se fondent sur l'absence de preuves, mais cela semble une humiliation d’avoir recours à un tel procédé quand on sait qu’il y a déjà des évidences matérielles aussi nombreuses que variées attendant toujours à être étudiées. »[2]

 

Voir : http://lechemindroit.webs.com/Origine%20Aramo-Syriaque%20du%20Coran.pdf

http://blog.decouvrirlislam.net/Home/islam/coran/le-coran-d-origine-syriaque-reponse-a-la-these-farefelue-de-mingana-et-luxenberg

                     

Par : Karim Zentici

http://mizab.over-blog.com/

 

 

[1] En effet, les similitudes entre l’histoire de Hagar, dans Genèse 16 et 21, et de Moïse, dans Exode 1-15, sont très révélatrices.

[2] R. Hoyland, "New Documentary Texts And The Early Islamic State", Bulletin Of The School Of Oriental And African Studies, 2006, Volume 69, No. 3, pp. 410-411.

Partager cet article
Repost0
27 avril 2017 4 27 /04 /avril /2017 13:08

 

La Mecque, la terre de la nouvelle alliance

(Partie 4)

Le fils unique d’Abraham

 

Isaac n'a jamais été l'unique fils engendré d'Abraham. Comment aurait-il pu l'être, quand Ismaël était né quatorze années plus tôt ? La comparaison de Genèse 16 : 16 – "Abram (i.e., Abraham) avait quatre-vingt-six ans quand Hagar lui donna Ismaël" – avec Genèse 21 : 5 – "Abraham avait cent ans quand lui naquit son fils Isaac" – révèle la différence d'âge. Ceci est confirmé dans Genèse 17 : 25, qui nous dit qu'Ismaël a été circoncis à l'âge de treize ans, un an avant la naissance d'Isaac. En outre, Ismaël et Isaac ont tous deux survécu à leur père, Abraham, comme le révèle Genèse 25 : 8-9.

Alors comment Isaac aurait-il pu être à un moment ou un autre l'"unique fils engendré" d'Abraham ? Pour palier à cette difficulté, certains auteurs émettent la thèse qu’Ismaël aurait été le produit d'une union illicite entre Abraham et Hagar, la servante de Sarah.  Cette illégitimité lui aurait fait perdre sa place dans la lignée du Patriarche. En quelque sorte, c’est comme s’il n’avait jamais existé. Or, aucun érudit sérieux n'entérine cette vision saugrenue, et pour cause. Pour commencer, Ismaël était le fils engendré d'Abraham, indépendamment de la nature de cette parenté. De plus, c’est Dieu lui-même qui valide cette filiation. Plusieurs passages de la Bible accordent à Ismaël le statut de fils légitime d’Abraham. Voir : Genèse 16 : 11, 16 : 15, 17 : 7, 17 : 23, 17 : 25, 21 : 11. Et si Dieu entérine cette généalogie, qui oserait le contredire ?

 

Jacob M. Myers, professeur au Séminaire Théologique Luthérien et un savant émérite de l'Ancien Testament, commente dans son Invitation à l'Ancien Testament : « Les découvertes archéologues nous aident à compléter les détails de la narration biblique et à expliquer plusieurs des références autrement obscures et des coutumes étranges qui étaient ordinaires au monde et au temps d'Abraham. Par exemple, toute la série des pratiques concernant la naissance d'Ismaël et le traitement ultérieur de Hagar, sa mère ... sont tous connus aujourd'hui pour avoir été des événements ordinaires et de tous les jours, régularisés par la loi. Un contrat de mariage Nuzi stipule qu'une femme sans enfant peut prendre une femme du pays et la donner en mariage à son mari pour obtenir une progéniture. Mais elle n'a pas le droit d'en chasser les rejetons même si elle engendre plus tard ses propres enfants. L'enfant né de la servante a le même statut que celui de l'enfant de la femme. »[1]

 

Cherchez Ismaël dans la New Catholic Encyclopedia (la référence de ceux qui seraient probablement les plus enclins à opposer, à bases idéologiques, le rassemblement des pièces de ce casse-tête), et là vous trouverez la confirmation suivante : « Ismaël, fils d'Abraham, le premier né d'Abraham ... »[2]

 

Genèse 16, 10-11 10 L'ange de l'Eternel lui dit : Je multiplierai ta postérité, et elle sera si nombreuse qu'on ne pourra la compter. 11L'ange de l'Eternel lui dit : Voici, tu es enceinte, et tu enfanteras un fils, à qui tu donneras le nom d'Ismaël ; car l'Eternel t'a entendue dans ton affliction.…

C'est Dieu Lui-même qui a donné le nom à Ismaël. Aujourd'hui tous les enfants d'Ismaël bénissent Abraham et la Bible dit : « Je bénirai ceux qui te béniront, et je maudirai ceux qui te maudiront ; et toutes les familles de la terre seront bénies en toi. » (Genèse 12, 3).

http://www.enseignemoi.com/bible/genese-17.html

Dans la Genèse, Dieu dit que le signe de l'alliance perpétuelle entre Abraham et sa descendance est LA CIRCONCISION. Les Israélites avaient déjà aboli cette alliance "PERPETUELLE". Donc le terme est conditionnel. Si vous respectez mes ordres, alors cette alliance est perpétuelle, mais si vous ne les respecter pas, celle-ci sera abolie.
Selon la définition de "perpétuelle" dans The Holy Book, cette alliance est conditionnelle. Elle passe par la circoncision des mâles. Qui est l'enfant qui a été circoncis ? Les juifs disent qu’il s’agit d’Isaac, alors que dans la bible Abraham a circoncis Ismaël et les autres mâles à l’âge de 99 ans (Ismaël avait 13 ans).

Isaac est venu un peu plus tard quand son père atteint les cent ans et que sa mère, Sara en avait 98. (Genèse 17 - 26).

Il est clair que l'alliance est faite avec Abraham et tous SES descendants.
L’alliance concerne donc la circoncision des mâles, et la suite du texte parle de Sara : Je vais la bénir (dans le futur elle aura un garçon nommé Isaac, elle ne l'a donc pas encore). Il devient clair que la circoncision = Alliance qui avait été faite au sujet d’Ismaël quand Abraham avait 99 ans, alors que la promesse de Dieu de lui donner Isaac, s’inscrit plus tard dans le temps. La première circoncision a lieu alors qu’Isaac n'est pas encore né. N'est ce pas une forme d'alliance ?

Genèse 15.1 Après ces événements, la parole de l'Eternel fut adressée à Abram dans une vision, et il dit : Abram, ne crains point ; je suis ton bouclier, et ta récompense sera très grande. 2 Abram répondit : Seigneur Eternel, que me donneras-tu ? Je m'en vais sans enfants ; et l'héritier de ma maison, c'est Eliézer de Damas. 3 Et Abram dit : Voici, tu ne m'as pas donné de postérité, et celui qui est né dans ma maison sera mon héritier.

4 Alors la parole de l'Eternel lui fut adressée ainsi : Ce n'est pas lui qui sera ton héritier, mais c'est celui qui sortira de tes entrailles qui sera ton héritier. 5 Et après l'avoir conduit dehors, il dit : Regarde vers le ciel, et compte les étoiles, si tu peux les compter. Et il lui dit : Telle sera ta postérité. 6 Abram eut confiance en l'Eternel, qui le lui imputa à justice.

Ismaël est-il ou non sortit des entrailles d'Abraham ?

Ainsi, lorsque Dieu s'adresse à Abraham au chapitre 17, Ismaël était déjà né et par conséquent, il était déjà héritier, et c'est pour cette raison que le Seigneur parle seulement d'Isaac dans le chapitre 17.

1- le Mot unique « ton fils, ton unique celui que tu aimes, Isaac » dans le verset 22.2, montre Bien que le nom Isaac a été rajouté, car Isaac n'était pas le fils unique d'Abraham
2- dans le verset 21.12, Dieu dit a d'Abraham après la naissance d'Isaac : « car c'est d'Isaac que sortira une postérité qui te sera propre ». Ici, le Très-Haut prédit qu’Isaac aura une descendance, puis après il demande à Abraham de le sacrifier jeune ; est-ce que Dieu a changé d'avis (en sachant que cela ne peut pas constituer une épreuve pour Abraham qui sait déjà qu’Isaac vivra et qu’il aura une descendance) ?

Nous savons également que Léa et Rachel étaient deux femmes de Jacob (Genèse chap 30), pourtant Léa n'était pas stérile à la différence de Rachel (Genèse 29:31). Or, Dieu a permis à Rachel d'avoir miraculeusement deux enfants (Genèse 30:22) qui sont Joseph (Genèse 30:25) et Benjamin.

Devons-nous en déduire que seul Joseph et Benjamin sont les fils uniques de Jacob, et que par conséquent Juda qui est le fils de Jacob par Léa (Genèse 35:23) et dont descendra Jésus (Luc 3:33, Matthieu1:3), n'est pas considéré comme étant le fils unique de Jacob ? Ce qui nous amènera à conclure que Jésus n'est pas considéré comme étant le véritable fils de Jacob, et donc non plus le véritable fils d'Abraham.

https://www.bladi.info/threads/tribu-kedar-fils-dismael.319074/

 

L’enfant-sacrifice

 

Voir : Majmû’ el Fatâwa de Sheïkh el Islam ibn Taïmiya (4/331-336).

 

 Ismâ’îl est le fils d’Ibrahim qui fut choisi pour le sacrifice de son père comme l’établissent le Coran, la sunna, et un certain nombre de preuves qui sont notoires. D’ailleurs, la Thora qui est entre les mains des « gens du Livre » le confirme.  Les anciennes écritures disent en effet : « égorge ton fils unique. »[3] L’autre traduction parle d’un premier-né. Ismaël fut bel et bien le fils unique à cette époque et le premier-né du Patriarche à l’unanimité des savants musulmans et des hébreux, mais ces derniers ont falsifié leurs écritures en y insérant Isaac. Par la suite, cette information qui doit son origine aux textes hébraïques falsifiés, fut véhiculée notamment dans les rangs des musulmans qui l’entérinent pour certains d’entre eux.

 

La Surate les rangs, qui relate l’histoire du sacrifice, démontre notamment à travers le Verset suivant, que l’enfant en question fut Ismâ’îl : (Nous lui annonçâmes la naissance d’un enfant sage).[4] Cette annonce nous offre trois informations : la nouvelle d’une enfant mâle, qui atteindra l’âge de raison ou de la puberté (hulm qui a les mêmes racines que halîm ndt.), et qui de surcroît sera sage. Y a-t-il une meilleure preuve de sagesse (dans le sens de résignation ndt.) de la part d’un fils qui se plie à la volonté d’un père déterminé à lui arracher la vie, et, qui plus est, lui facilite la tâche avec des paroles rassurantes : (Tu me trouveras si Dieu le veut parmi les patients)[5] ? Aux yeux de certains savants, la sagesse est la moindre des qualités qu’Allah accorde à l’un de ses prophètes, étant donné qu’elle dégage une grande force (ou qu’elle domine par sa présence, ou encore qu’Allah garantit par sa présence la victoire à Ses élus ; le texte n’est pas très clair ndt.).

Ibrahim lui-même fut qualifié ainsi dans deux passages : (Ibrahim était sage et dévoué).[6] (Ibrahim était sage, dévoué, et repentant).[7] L’événement démontre que ses deux hommes sont vraiment « sages » : (Quand il parvint à l’âge mûr, il lui dit : « Mon fils ! J’ai vue en songe que je devais t’égorger, alors vois ce que tu dois faire. » Il répondit : « Père ! Fais ce qu’on t’ordonne, tu me trouveras si Dieu le veut au nombre des patients »),[8] jusqu’à : (Nous l’échangeâmes contre une offrande immense • et nous laissâmes leur souvenir dans les générations futures • Paix à Ibrâhîm ! • C’est ainsi que nous rétribuons les bienfaiteurs • Il comptait parmi nos serviteurs croyants • Nous lui annonçâmes ensuite la naissance d’Ishâq qui fut un prophète parmi les vertueux • Nous les avons bénis tous les deux. Dans leur descendance, il y a des bienfaiteurs et d’autres qui sont manifestement injuste envers eux-mêmes).[9]

 

Cette histoire démontre que l’enfant en question fut bien Ismâ’îl, en voici la démonstration[10] :

 

Premièrement : le Seigneur annonce à Ibrahim la naissance d’un enfant qu’il devra vouer plus tard en sacrifice. Dans un premier temps, le Coran relate l’événement du sacrifice avant d’enchaîner : (Puis, Nous lui annonçâmes la naissance d’Ishâq qui fut un prophète parmi les vertueux • Nous les avons bénis tous les deux). Il y a donc deux annonces différentes : l’une concerne le « héros » du sacrifice et l’autre concerne Isaac, comme cela ne peut échapper à personne.

 

Deuxièmement : l’histoire du sacrifice est uniquement mentionnée à cet endroit du Coran, alors que les autre passages se contentent d’évoquer l’annonce de la naissance d’Ishâq, comme par exemple dans la Surate Hûd où le Très-Haut révèle : (Alors que sa femme se tenait debout, elle se mit à rire ; nous lui annonçâmes la naissance d’Ishâq et de Ya’qûb après lui).[11] Si le sacrifice concernait effectivement Ishâq, la naissance promise de Ya’qûb n’aurait plus lieu d’être. Le verset dit en effet : (Quand il ressentit de la peur vis-à-vis d’eux, Ils lui dirent : « N’ais pas peur ! » Ils lui annoncèrent ensuite la naissance d’un enfant savant. Sa femme apparut en se frappant le visage et en criant : « Quoi ! Moi, une femme vieille et stérile ! »).[12]

 

Allah (I) révèle également dans la Surate el Hijr : (Ils dirent : « Ne tremble pas ! Nous t’annonçons la prochaine naissance d’un enfant savant » • Il répondit : « Vous m’annoncez cela alors que je suis déjà vieux ! Que m’annoncez-vous au juste ! » Ils dirent : « Nous te l’annonçons en toute vérité, ne sois pas au nombre de ceux qui désespèrent. »).[13] Il n’est question ici d’aucun sacrifice. Par ailleurs, en annonçant les deux bonnes nouvelles que sont le futur sacrifice et la naissance d’Isaac après lui, cela démontre qu’Isaac et l’enfant-sacrifice sont deux personnes différentes. Et cela d’autant plus que le Seigneur à fait don du frère d’Ismâ’îl et de Jacob à Son Ami Abram (comme le nomme ainsi la bible ndt.) : (Nous lui avons fait don d’Ishâq et Nous lui avons offert Ya’qûb avec lui ; tous deux étaient des gens pieux)[14] ; (Nous lui avons fait don d’Ishâq et de Ya’qûb, et nous avons établi dans sa descendance le Livre et la prophétie. Nous l’avons rétribué sur terre, et dans l’au-delà il comptera parmi les pieux).[15] Aucun de ces deux Versets ne fait mention de l’enfant-sacrifice.

 

Troisièmement : Allah nous apprend que le futur sacrifice sera un enfant sage. Quand à Ishâq, son père reçut l’heureuse nouvelle qu’il sera un enfant savant dans un autre passage du Coran. Il y a forcément une raison pour laquelle les deux enfants furent qualifiés différemment. Cette distinction s’accentue lorsque l’une de leur qualité respective en accompagne une autre. La sagesse convient tout-à-fait à la patience qui revient à l’enfant-sacrifice. Ismâ’îl est, en effet, patient : (évoque Ismâ’îl, el Asa’, et Dhû el Kifl, tous comptaient parmi l’élite).[16] Voici donc une troisième raison en faveur de notre thèse, car un autre passage dit au sujet de l’enfant-sacrifice : (Père ! Fais ce qu’on t’ordonne, tu me trouveras si Dieu le veut parmi les patients).[17] Allah a donc reconnu à Ismâ’îl la qualité de patient comme Il lui a accordé ailleurs de respecter ses engagements : (Il était sincère envers ses engagements).[18] Il avait promis en effet à son père d’endurer patiemment son épreuve.

 

Quatrièmement : La naissance prochaine d’Ishâq relevait du miracle, car sa mère était vielle et stérile. C’est pourquoi, l’Ami d’Allah (u) a réagi avec étonnement à l’annonce de la nouvelle céleste : (Vous m’annoncez cela à moi qui suis si vieux ! Que m’annoncez-vous au juste ?) Sa femme n’en fut pas moins surprise lorsqu’elle s’écria : (Vais-je enfanter, moi qui suis arrivé à un âge avancé tout comme que mon mari ?)[19]

 

Nous avons déjà vu que cette nouvelle lui vint vers la fin de sa vie, et qu’elle la concernait elle et son mari. En revanche, Ibrahim (u) fut le seul intéressé par l’annonce de l’enfant-sacrifice. Il fut mis à l’épreuve de le tuer sans que la mère d’Isaac n’ait aucun lien avec cet événement. Cela corrobore tout-à-fait avec le hadith rapporté dans le recueil e-sahîh, et selon lequel le Prophète (r) et ses Compagnons nous apprennent qu’à la naissance d’Ismâ’îl, Sâra fut jalouse de sa mère Hâjar. Dès lors, Ibrahim prit l’enfant et la servante pour les emmener à la Mecque actuelle. Sur place, il reçut l’ordre, des années plus tard, de tuer son fils. Ainsi, l’enfant-sacrifice et Isaac sont deux personnes différentes.

 

La preuve également que l’enfant-sacrifice n’est pas Isaac, c’est que le Seigneur révèle juste avant ce Verset : (Nous lui annonçâmes la naissance d’Ishâq (à Sâra), et celle de Ya’qûb après lui).[20] Comment Ishâq peut-il être voué au sacrifice dans ces conditions ? L’annonce de Ya’qûb implique forcément que son père reste en vie avant que son fils ne vienne au monde. Personne ne conteste que l’histoire du sacrifice a eu lieu avant la naissance de Jacob. Bien plus, ce dernier n’a vu le jour qu’après la mort de son grand-père Ibrahim (u) ; nul ne doute pourtant que l’anecdote du sacrifice s’est déroulée avant son décès.

La preuve, c’est que cette histoire s’est déroulée à la Mecque. Le jour de la Conquête de la Ville Sainte, le Prophète (r) a trouvé les cornes du fameux bélier d’Abraham à l’intérieur de la Ka’ba. Il s’est alors adressé au gardien du Temple en ces termes : « Je t’ordonne de recouvrir les cornes du bélier, car il ne doit rien y avoir en direction de la Qibla qui puisse distraire le fidèle en prière. » C’est pourquoi, l’endroit où s’est produit l’événement sert de rite depuis l’époque d’Ismaël, qui, avec son père, a construit le Temple comme le formule explicitement le Coran.

 

Personne n’assume qu’un jour Isaac s’est rendu à la Mecque ni parmi les « gens du Livre » ni personne d’autre. Néanmoins, certains adeptes de la religion juive prétendent que l’histoire du sacrifice a eu lieu dans la région du Shâm, mais ce n’est que pur mensonge ! Si certaines montagnes du Levant avaient assistées à cet événement, on l’aurait forcément su, et on y aurait certainement consacré un rite, au même titre que la Mosquée construire par Ibrahim, et ses environs sont devenus des lieux de rituels…

 

À suivre…

                     

Par : Karim Zentici

http://mizab.over-blog.com/

 

 

[1] Myers, Jacob M. 1966. Invitation to the Old Testament. New York: Doubleday & Company. p. 26.

[2] New Catholic Encyclopedia. Vol 7, p. 690.

[3] Voici les termes de la Traduction œcuménique : « Prends ton fils, ton unique, Isaac, que tu aimes. Pars pour le pays de Morriya et là, tu l’offriras en holocauste sur celle des montagnes que je t’indiquerais. » [Genèse ; 22-3]

[4] Les rangs ; 101 Ismâ’îl fut qualifié ici de halîm que nous traduisons par sage, mais qui prend en fait des sens multiples comme magnanime (qui est enclin au pardon comme nous le souligne e-Sa’dî), longanime (qui supporte ce qu’il pourrait réprimer comme nous l’apprend el Baghawî), ou qui se résigne, fait preuve de patience et d’une maitrise de soi. (N. du T.) 

[5] Les rangs ; 102

[6] Le repentir ; 114 D. Masson explique en ces termes le sens de awwah (que nous avons traduit par « dévoué » mais qui a aussi le sens d’humilité) : « celui qui gémit, qui soupire, et qui implore la miséricorde de Dieu. » Elle corrobore ainsi l’exégèse des grands spécialistes à l’exemple d’el Baghawî et du linguiste exégète e-Râghib el Asfahânî dans Mufradât alfâdh el Qurân que chaque arabophone, et  plus particulièrement chaque traducteur, doit compter dans sa bibliothèque.

[7] Hûd ; 75 repentant est l’un des sens de munîb, mais de façon plus général il signifie revenir à Allah.

[8] Les rangs ; 101, 102. Certains exégètes assument que l’événement s’est passé quand Ismaël a atteint l’âge de treize ans. Toutefois le début du premier Verset peut avoir d’autres sens. Il peut vouloir dire : quand le père l’a emmené jusqu’au pied de la montagne, ou quand il devint vieux.

[9] Les rangs ; 106-113

[10] Voir notamment Tafsîr ibn Kathîr.

[11] Hûd ; 71 Il s’agit dans cette épisode de Sarah fille de Hârân fils de Ahwar qui fut marié à son cousin Ibrahim (Voir Tafsîr el Baghawî qui précisent notamment que Saraï se tenait derrière un rideau).

[12] E-Dhâriyât ; 28 Selon certains exégètes, elle n’a fait que crier d’où elle était, sans se montrer à ses visiteurs, mais par un effet de rhétorique, c’est sa voix qui se serait déplacée.

[13] El Hijr ; 53

[14] Les Prophètes ; 72

[15] L’araignée ; 27

[16] Sâd ; 48

[17] Les rangs ; 101, 102

[18] Mariam ; 54

[19] Hûd ; 72

[20] Hûd ; 71

Partager cet article
Repost0
27 avril 2017 4 27 /04 /avril /2017 12:36

 

 

Les noms de Zam-zam

C’est la meilleure, la plus noble et la plus illustre des eaux. C’est la plus aimée, la plus chère et la plus précieuse aux yeux des hommes ! C’est la source que Jibrîl tata du talon et d’où Isma’ïl se désaltéra.

Zâd el ma’âd d’ibn el Qaïyim (4/392).

 

Nous avons vu que la multitude de noms pour désigner une chose témoigne de son importance à l’exemple des Noms d’Allah (I) et de ceux de Son Messager (r).[1] Ainsi, il existe plus de soixante surnoms de Zam-zam, dont :[2] Kâfiya, Maïmûna, Sâlima, Tâhira, Nâfi’a, ‘Awna, Madhnûna, Zhabiya, Shabbâ’a, Baraka, Mubârak, Barra, Taïba, Marwiya, Bushra, Saïda, Mûnisa, Nâfi’a, etc. Chacun d’eux évoque une vertu.

 

Plusieurs hypothèses sont avancées sur l’origine étymologique du terme Zam-zam :

  • Il proviendrait des paroles de Hâjar qui ordonna à la source de couler à flot : « Zum ! Zum ! » ;
  • Les Perses de l’Antiquité se rendaient au puits de Zam-zam autour duquel ils se regroupaient (tazamzam) ;
  • Dès qu’elle se mit à jaillir, la source fut entourée (zammat) avec du sable, sinon elle aurait rempli toute la vallée[3] ;
  • Ibn Hajar enrichit en disant que la source fut entourée de part et d’autre par la balance.[4]

Pour e-Nawawî, la source prit ce nom en raison de son abondance. On dit d’une eau en grande quantité qu’elle est zamzam ou zamâzim. Une certaine hypothèse avance qu’elle fut appelée ainsi en raison de l’épisode où Hâjar entoura de ses mains la source jaillissante. Selon une autre opinion, Jibrîl fit retentir un grondement (zamzamat) au moment de la faire jaillir.[5]

 

Ce qu’en disent les Textes :

 

Bon nombre de hadîth vantent les vertus de Zam-zam, en voici quelques-uns : selon ibn ‘Abbâs (t), le Messager d’Allah (r) affirme : « Zam-zam est la meilleure eau sur terre, elle est nourrissante et guérit toute maladie… »[6] Abû Dhar el Ghifârî quitta son peuple en compagnie de son frère Unaïs et de sa mère pour se rendre à La Mecque où il embrassa l’Islam. Un mois après, le Prophète (r) l’interrogea : « Depuis combien de temps es-tu ici ?

  • Depuis trente jours et trente nuits, répondit-il.
  • Qui te donnait à manger (pendant tout ce temps) ?
  • À part l’eau de Zam-zam, je n’avais rien à manger. Elle m’a tellement fait grossir que j’en ai des plis au ventre et je ne ressens aucun creux.
  • C’est une eau bénite et nourrissante lui affirma, le Prophète (r). »[7]

 

Selon Jâbir ibn Abd Allah (t), j’ai entendu dire le Messager d’Allah (r) : « [Les bienfaits de] Zam-zam varie(nt) selon l’intention du buveur. »[8] Autrement dit, elle est un remède et apaise la faim et la soif.[9] Selon Abû e-Tufaïr, j’ai entendu dire ibn ‘Abbâs (t) : « Nous l’appelions Shabbâ’a (la rassasiante) – en parlant de Zam-zamet elle nous était une aide précieuse pour (nourrir) nos enfants. »[10] Selon ibn ‘Abbâs (t), le Messager d’Allah (r) a dit : « La fièvre se répand (ou est bouillante) comme la Géhenne, apaisez-la avec l’eau de Zam-zam. »[11] ‘Âisha – qu’Allah l’agrée – en ramenait de La Mecque dans des carafes et disait : « Le Messager d’Allah (r) en transportait dans des idâwa et des qurba (des outres). Il en versait sur les malades et leur donnait à boire. »[12]

 

En outre, de nombreux hadîth parlent de l’épisode de la nuit de l’Ascension où Jibrîl (u) ouvrit la poitrine de Mohammed (r) comme pour le préparer à l’événement qui allait suivre. Il lui lava le cœur avec de l’eau de Zam-zam, avant de l’amener avec lui.[13] D’autres annales vantent les méritent de cette eau bénite, mais la plupart sont mensongèrement imputées au Prophète (r) et relèvent plutôt de la légende.[14]

 

À suivre…

                     

Par : Karim Zentici

http://mizab.over-blog.com/

 

 

[1] Tahdhîb el asmâ wa el lughât (3/157).

[2] Voir : Fadhâil mâ Zam-zam (p. 89-90), Akhbâr Makka d’el Fâkihî (2/67-69), et Tâj el ‘arûs min jawâhir el qâmûs d’el Zubaïdî (8/328).

[3] Faïdh el Qadîr d’el Manâwî (4/64).

[4] Fath el Bârî (3/493).

[5] Sharh sahîh Muslim (4/430).

[6] Rapporté par e-Tabarânî dans el mu’jam el kabîr (11/98) et el mu’jam el awsat (4/179) ; voir : silsilat el ahâdîth e-sahîha (n° 1056) et sahîh el jâmi’ (n° 3317) de Sheïkh el Albânî.

[7] Rapporté par Muslim (4/1919-1923).

[8] Rapporté par ibn Mâja (2/1018) et Ahmed (3/357, 372) ; voir : irwâ el ghalîl (n° 1123) et Sahîh el jâmi’ (n° 5378) de Sheïkh el Albânî.  En explication à ce hadîth, Mujâhid précise que celui qui en boit dans l’intention de guérir, Allah le guérira ; s’il en boit dans l’intention d’étancher sa soif ou d’apaiser sa faim, Allah étanchera sa soif et apaisera sa faim. [Voir : mu’jam e-Tabarânî el kabîr (11/98) ;  Sheïkh el Albânî l’a authentifié dans silsilat el ahadîth e-sahîha (3/45).

[9] Voir : el fawâid el majmû’a (n° 319) en bas de note.

[10] Rapporté par ‘Abd e-Razzâq (5/117) et ibn Abî Shaïba (3/273) dans leur recueil el musannif ; voir : fadhâil Makka du D. Mohammed Ghabbân (2/879-880).

[11] Rapporté par el Bukhârî (6/330) ; voir pour l’explication de ce hadîth : Zâd el ma’âd d’ibn el Qaïyam (4/29) et Fath el Bârî (10/175).

[12] Rapporté par e-Tirmidhî (3/295) et el Bukhârî dans e-târîkh el kabîr (3/189) ; voir : silsilat el ahâdîth e-sahîha (n° 883) et Sahîh el Jâmi’ (n° 4807).

[13] Les hadîth sur le sujet sont rapportés par el Bukhârî (voir notamment : 1/458-459) et Muslim (voir notamment : 1/148-149) ; voir : Fadhâil Makka (2/902-911).

[14] Voir : Fadhâil Makka (2/912-916).

Partager cet article
Repost0
26 avril 2017 3 26 /04 /avril /2017 12:47

La Mecque, la terre de la nouvelle alliance

(Partie 3)

Nous allons recenser dans les lignes suivantes quelques surnoms de la Mecque dont plusieurs Textes scripturaires font mentions, non qu’il soit interdit d’en trouver ailleurs, mais cela leur donne plus de poids. Il y a notamment :

 

1- Mekka : Le Coran mentionne ce nom dans le Verset suivant : (C’est Lui qui vous a épargné de leurs mains et qui les ont épargné des vôtres au cœur de Mekka après qu’Il vous a fait triomphé d’eux…).[1] Mekka est le nom le plus connu et le plus répandu. Celui-ci figure souvent dans la Tradition prophétique. Or, les opinions divergent concernant le sens étymologique de ce terme. Selon une hypothèse, il signifierait à l’origine éteindre l’ardeur des tyrans ; une autre hypothèse avance qu’il aurait le sens de chasser le pervers de son enceinte ; selon une troisième hypothèse, cette contrée fut désigné ainsi, car elle attire le cœur des hommes de la même façon que le petit de la chamelle vide les mamelles de sa mère. D’autres hypothèses sont avancées concernant l’origine du vocable « Mekka » qui sert à désigner les contours de cette contrée.

 

2- Bekka : dans le Verset suivant : (Le premier temple édifié aux hommes, qui se trouve à Bekka, est bénit et est un guide pour l’humanité).[2] Il voudrait dire la même chose que Mekka selon une hypothèse, mais d’autres opinions assument qu’il a un sens différent. Il désignerait en effet pour certains savants l’endroit où le Temple est situé. D’autres avancent qu’il désigne le Temple lui-même et la Mosquée Sacrée, ou la « Maison d’Allah » et ses alentours, ou encore le périmètre entre les deux sommets de la région. Plusieurs thèses peuvent expliquer la raison pour laquelle la Ville fut baptisée ainsi :

  • ce serait en raison de la foule immense qui s’y entasse ;
  • celle-ci réduirait à néant le cou des tyrans ;
  • celle-ci rabaisserait le zèle des orgueilleux.

 

3- Um el Qurâ : la « Mère des cités » apparaît dans le Verset : (Voici un Livre que Nous avons descendu, bénit, et venant confirmé le Livre révélé avant lui et afin que tu mettes en garde la Mère des cités et ses alentours…).[3] Le Très-Haut révèle par ailleurs : (Ainsi, Nous t’avons révélé une lecture (coran) en arabe afin que tu mettes en garde la Mère des cités et ses alentours…).[4] Ni e-Tabarî ni ibn Kathîr n’ont évoqué une objection éventuelle qui viendrait s’opposer au consensus autour de l’opinion disant qu’il s’agit ici de la Mecque. La divergence porte cependant sur la raison pour laquelle la Ville Sainte fut surnommée ainsi, notamment :

  • la Mecque serait l’endroit au-dessus duquel la terre fut étendue au début de la création ;
  • celle-ci est la direction vers laquelle se tournent tous les peuples ;
  • c’est la plus illustre ville de la terre ;
  • il s’y trouve en son sein  la « Maison d’Allah » ; l’usage veut que la ville où le roi élit résidence et où il installe son palais principale a plus d’importance que tout autre endroit. En cela, elle prend le statut de capitale ou de ville-mère en raison de sa prépondérance par rapport à ses provinces.

 

La première raison évoqué ci-dessus réclame une preuve textuelle venant l’appuyer. Nous verrons plus loin qu’il n’existe aucun texte authentique sur la question.[5] Quant aux autres hypothèses, celles-ci ne posent pas problème bien qu’il soit plus adéquat de les prendre toutes autant qu’elles sont en considération si l’on sait qu’elles ne se contredisent pas les unes les autres.

 

3- El Balad (pays) : le Très-Haut révèle en effet : (J’en jure par ce pays • Ce pays qui te fut désacralisé).[6] Ibn Jarîr a fait le commentaire suivant : « Le Très-Haut déclare : Je jure Ô Mohammed, par ce pays sacré qui est la Mecque ! Les exégètes ont avancé la même interprétation de ce Verset. »[7] Il a ensuite cité une série d’annales allant dans ce sens. La Mecque fut appelé « le Pays » qui a un sens général, pour exprimer son importance de la même façon que l’algenid (thariya) fut appelé l’Étoile.[8] Cette cité est donc à la tête de toutes les cités, car le terme balad prend dans la Langue le sens de sadr (qui signifie être à la tête de ndt.).[9]

 

4- El Balda (ville) : Allah révèle : (Il me fut simplement ordonné d’adorer le Seigneur de cette ville qu’Il a rendu sacrée).[10] Dans la Langue, el balad et el balda sont synonymes bien que certaines hypothèses soutiennent que le « pays » à un sens plus vaste que celui de « ville » qui serait en fait une partie d’el Balad.[11]

 

5- El Balad el amîn (le pays paisible) : comme nous l’apprend le Verset : (et ce pays paisible).[12] Ibn Jarîr souligne : « Ce pays paisible est épargné de se faire attaquer ou envahir par ses ennemis. Une autre hypothèse avance que paisible (amîn) à le sens ici d’abri, de refuge (âmin). » Il poursuit ensuite : « Le « pays paisible » fait allusion à la Mecque ; les exégètes ont eu la même interprétation que la nôtre. »[13]

 

7- El Masjid el Harâm : la « Mosquée Sacrée » est évoquée dans le Livre saint à quinze différents endroits que nous pouvons répertorier en quatre sous-ensembles :

  1. Certains passages désignent la Ka’ba ;
  2. D’autres parlent de la Mosquée et de ses alentours ;
  3. D’autres parlent de tout le territoire sacré ;
  4. D’autres enfin font allusion à la ville de La Mecque.[14]

 

Ce Verset notamment évoque La Mecque : (Gloire à Celui qui a fait voyager de nuit Son serviteur de la Mosquée Sacrée à la Mosquée el Aqsa dont nous avons béni les alentours).[15] Selon une autre opinion cependant, il s’agirait exclusivement du Temple Sacré.

 

8- Ma’âd (destin, rendez-vous) : le Tout-Puissant déclare : (Celui qui T’a prescrit le Coran va te ramener vers un certain destin).[16] Les avis des spécialistes divergent sur le sens du terme ma’âd ; il ferait allusion à la mort, au Jour de la Résurrection, au Paradis, ou à la Mecque.[17]

Ibn ‘Abbâs (t), entre autres, a sur la question plusieurs opinions au sujet desquelles ibn Kathîr fait le point en disant : « La façon dont nous pouvons accorder entre ces différentes opinions consiste à dire qu’ibn ‘Abbâs fait parfois allusion au retour du Prophète (r) à la Mecque qui correspond à la Grande Conquête que lui-même considère comme un signe annonçant la mort prochaine de son cousin. C’est par exemple l’interprétation qu’il fait du Verset : (Quand viendra la victoire d’Allah et la Conquête).[18] »[19]

 

9- El Qaria (la Citée) : le Très-Haut révèle : (Allah donne en exemple une citée paisible et tranquille).[20] Selon certains exégètes, il s’agirait de Mekka qui était une contrée paisible ; alors qu’à ses alentours, les hommes se déchiraient, quiconque entrait en son sein était en paix.

 

L’auteur a dit : le terme « citée » n’est pas précédé par un article défini bien qu’il désigne la Mecque ; devenu un nom propre, il ne peut correspondre dans ce contexte à une citée quelconque.

 

10- El Haram : selon Abû Qatâda, le Messager d’Allah (r) a imploré Dieu en ces termes : « Ô Allah ! Ibrahim Ton Prophète et Ami a invoqué en faveur des habitants de la Mecque… » Il a continué plus loin (en parlant de Médine) : « Ô Allah ! Je l’ai rendu sacré entre ses deux plaques volcaniques comme Ibrahim a rendu sacré el Haram. »[21] Les différents noms de la Mecque que nous venons de recenser sont puisés des Textes du Coran et de la sunna bien que certains d’entre font l’objet d’une divergence. Il est possible toutefois d’en dénombrer plus, en sachant qu’elle fut « baptisée » par d’autres noms à l’exemple d’el Bâssa, e-Nâssa, e-Nassâsa, el Hâtima, Salâh, el Muqaddasa, Um Rûh, etc.

 

[1] La Grande Conquête ; 24

[2] La famille d‘Imrân ; 96

[3] La famille d‘Imrân ; 92

[4] La concertation ; 7

[5] Plusieurs hadith et annales dont l’authenticité est plus qu’hypothétique vont dans ce sens. Voir : Fadhâil Makka du D. Mohammed Ghabbân (1/456-471).

[6] Le pays ; 1, 2

[7] Jâmi’ el bayân (30/193).

[8] Voir : Lisân el ‘arab (3/94).

[9] Voir : el qamûs el muhît (p. 343).

[10] Les fourmis ; 9

[11] Voir : Lisân el ‘arab (3/94).

[12] Le figuier ; 3

[13] Jâmi’ el bayân (30/341-342).

[14] Voir : Tahdhîb el asmâ wa el lughât (3/152).

[15] Le voyage nocturne ; 1

[16] Les récits ; 85

[17] Voir : Jâmi’ el bayân (15/3-5).

[18] La Conquête ; 1

[19] Tafsîr ibn Kathîr (3/403).

[20] Les abeilles ; 112

 

Partager cet article
Repost0
25 avril 2017 2 25 /04 /avril /2017 14:30

La Mecque, la terre de la nouvelle alliance

(Partie 2)

Il est connu à l’unanimité des peuples et des textes sacrés qu’Ismaël a grandi dans le pays de La Mecque, lieu de pèlerinage depuis l’époque d’Abraham ; les Arabes notamment, mais aussi les prophètes, lui consacraient un voyage, à l’instar de Moïse fils d’Amrân et de Yûnas ibn Matta comme le formule le recueil e-sahîh, d’après la version rapportée par ibn ‘Abbâs et selon laquelle, en passant près de Wâdî el Azraq, le Messager d’Allah (r) s’écria : « Quel est ce Wâdî (vallée) ?

  • C’est le Wâdî d’el Azraq lui répondirent ses Compagnons.
  • J’ai l’impression de voir Moussa (u) en train de descendre le versant de la montagne les doigts dans les oreilles ; au cours de sa talbiya, il levait la voix pour implorer Allah (I) en traversant la vallée. »

 

Lorsque plus loin nous arrivâmes près du versant d’une montagne, il demanda : « comment s’appelle cet endroit ?

  • C’est Harsha.
  • J’ai l’impression de voir Yûnâs sur une chamelle blanche dont la bride était en fibre ; habillé d’un manteau en laine, il faisait la talbiya en traversant la vallée. »[1]

 

Dans une version, il est précisé : « Quant à Moussa, c’est un homme brin, trapu, il était monté d’un chameau roux dont la bride était en fibre. »[2]

 

Les annales nous apprennent que même Jésus devra s’y rendre à l’occasion de son retour sur terre : « par Celui qui détient mon âme entre Ses Mains, ibn Mariam va se sacraliser à partir du défilé de Rawha pour entreprendre le grand ou/et le petit pèlerinage. »[3]

 

Depuis l’avènement de Mohammed (r), le Hadj incombe à tout le monde ; les pèlerins s’y rendent de tous les coins de la terre. Le puits d’où Ismâ’îl et sa mère se sont désaltérés, c’est Zem-Zem. Son histoire est relatée dans le recueil d’el Bûkharî, disant, selon ibn ‘Abbâs : « la première fois que les ceintures ont été utilisées par les femmes, c’est de la part de la mère d’Ismâ’îl ; elle s’en est servie pour effacer ses traces aux yeux de Sara. »[4] Ensuite, Abraham l’emmena avec son fils, pendant sa période d’allaitement pour les installer auprès du temple sacré, vers un arbre au-dessus de Zem-Zem, dans les hauteurs de la mosquée.

 

À l’époque, il n’y avait ni eau ni personne. Il lui laissa un sac de dattes et une outre remplie d’eau. Puis, lorsqu’il tourna les talons, Hagar le suivit et s’écria : « Ibrahim ! Où vas-tu ? Nous laisses-tu dans cette vallée où il n’y a rien ni personne ? » Elle l’interrogea plusieurs fois de la sorte, mais sans qu’il ne se retourne. « Allah t’a-t-il ordonné de le faire, s’exclama-t-elle alors ?

  • Oui, confirma-t-il.
  • Hé bien, Il ne nous abandonnera pas. »

Après ces mots, elle revint sur ses pas. Ibrahim s’en alla et s’arrêta sur le versant de la montagne en veillant à ne pas se faire voir. Ce dernier se retourna en direction du futur Temple pour implorer en ces termes : (Seigneur ! J’ai laissé une partie de ma progéniture dans une vallée aride, auprès de Ta Maison Sacrée, etc.).[5]

 

Hagar allaita son bébé et épuisa l’eau de son outre. Ils furent pris par la soif. Comme elle le voyait se tordre de douleur, elle s’éloigna de lui pour ne pas souffrir ce spectacle. Elle se rendit à Safa qui était le monticule le plus proche ; elle grimpa dessus pour dominer la vallée du regard et chercher de l’aide, mais elle ne vit personne. Elle se déplaça. Une fois en bas de Safa, elle se retrouva dans l’oued. Elle leva un empan de son vêtement et se mit à courir à perdre haleine. De l’autre côté de l’oued, Marwa se dressait devant elle. Elle l’escalada pour scruter l’horizon, dans l’espoir de trouver quelqu’un, mais en vain. Sa détermination resta intacte, elle revint sur ses pas et réitéra le même parcourt à sept reprises.

 

Selon ibn ‘Abbâs, le Prophète (r) a dit : « C’est la raison pour laquelle, les pèlerins font le parcourt entre Safa et Marwa aujourd’hui. » Arrivée enfin sur le mont Marwa, elle entendit un bruit. « Chut ! » se dit-elle a elle-même.  Après l’avoir entendu à nouveau, elle s’écria : « Tu t’es fait entendre, si tu as quelques secours à proposer. » Elle se retrouva face à l’ange qui se tenait à l’emplacement de Zem-Zem. Il tâta du talon – ou a-t-il dit de l’aile – le sol, et l’eau se mit à jaillir. Elle l’entoura de ses mains et remplit son outre jusqu’à la faire déborder.

 

Selon ibn ‘Abbâs, le Prophète (r) a commenté : « Qu’Allah fasse miséricorde à la mère d’Ismâ’îl, si elle n’avait pas de ses mains touché à la source pour y puiser l’eau, Zem-Zem coulerait aujourd’hui en surface. »[6] Elle en but, reprit-il, et allaita son bébé. « Ne craignez rien, vous ne serez pas laissés à l’abandon, dit l’ange, à cet endroit se trouve la Maison d’Allah que cet enfant et son père vont édifier. Allah ne laissera pas ses habitants à l’abandon. » La maison était surélevée au-dessus du sol comme une colline. Quand il y avait des torrents, ils la contournaient de part et d’autre, etc.

 

Avec le temps, le puits de Zem-Zem fut enseveli, mais ‘Abd el Muttalib le grand-père du Prophète (r) lui redonna vie. La distribution de l’eau (e-siqâya) revint à son fils el ‘Abbâs et à sa postérité. Il avait la charge de distribuer Zem-Zem et l’eau potable ; il fait partie de la tradition (sunna) d’en boire.

 

La vision d’Abd el Muttalib :

 

Sur le chemin du retour, une caravane de la tribu yéménite Jurhum avait fait halte non loin de l’endroit où se produisit le miracle. Un oiseau qui tournoyait dans le ciel leur indiquait, à leur grande surprise, qu’il y avait de l’eau juste en dessous de lui. Pourtant, aucune source n’était signalée dans la région. Pour étancher leur curiosité, ils envoyèrent deux hommes en reconnaissance. Ceux-ci découvrirent une source près de laquelle se tenait une femme. Ils se rapprochèrent et lui demandèrent l’autorisation de s’installer près d’elle. Elle accepta, elle qui avait besoin de compagnie, sans oublier de leur rappeler au passage que la source ne leur appartenait pas. Ils se plièrent à sa volonté et allèrent chercher le reste de la caravane.[7] Jurhum était une branche de la tribu Qahtân dont les membres sont les descendants des arabes primitifs.[8] Ismâ’il grandit au milieu d’eux, il apprit leur langue et prit une de leurs filles pour épouse. Ses descendants, dont ‘Adnân l’ancêtre de Mohammed (r) est issu, sont les arabes d’adoption.[9] Après la mort de sa mère, Ismâ’il aida son père Ibrahim à élever les fondations de la Ka’ba.

 

La Mecque commença à grandir, mais ses habitants respectaient de moins en moins son caractère sacré. Ils encourraient la punition divine et durent quitter les Lieux saints, car comme son nom l’indique, Mekka éteint l’ardeur des tyrans ou selon une autre hypothèse, elle chasse les pervers de son enceinte.[10] La tribu des Banû Bakr aidés des Ghabashân – tout deux issus des Khuzâ’a - décidèrent de se faire justice eux-mêmes et expulsèrent les Jurhum de l’enceinte sacrée. Après vingt et un siècles de règne des Jurhum, les Khuzâ’a prenaient le relais de l’entretien du Temple.[11] Conscient d’une défaite certaine, le roi Mudhâdh ibn ‘Amr el Jurhumî avait pris soin avant de se sauver au Yémen (qui était la terre de ses ancêtres), de dissimiler ses richesses dans le puits de Zam-zam. Puis, il l’ensevelit pour interdire à ses ennemis l’accès à la source principale en eau de la ville.[12] Trois cents ans plus tard, naquit Qusaï ibn Kilâb qui grandit aux frontières du Shâm. Armée d’une forte personnalité, il allait changer le destin de La Mecque. De la descendance de ‘Adnân puis d’Ismâ’îl, il se maria dans un premier temps à la fille du gouverneur de la ville Sainte qui, comme nous l’avons vu, revint aux mains des Khuzâ’a. C’est ainsi qu’il commença à se faire un nom auprès de ses concitoyens. Il devint riche et monta très vite les échelons dans la société.

 

Un beau jour, la tribu de Khuzâ’a se retourna contre lui. Les historiens donnent plusieurs explications à cette rupture. Pour certains, Qusaï aurait voulu reprendre le règne de son ancêtre Ismâ’îl ; pour d’autres, son gendre lui aurait fait hériter de l’entretien du Temple et des Lieux saints ; d’autre enfin avancent qu’un des membres de Khuzâ’a lui aurait vendu la Ka’ba en échange d’une cruche de vin. Quoi qu’il en soit, furieux, les Khuzâ’a prirent les armes aux côtés des Banû Bakr. En face, Qusaï avait monté une armée de Quraïsh et obtint le soutien des Kinâna. De violents combats eurent lieu. Ils se soldèrent par la victoire de Qusaï. Après arbitrage, les antagonistes renoncèrent au prix du sang ; l’entretient du Temple revint aux descendants d’Ismâ’îl, les Quraïsh et l’administration de la ville aux Khuzâ’a. La renommée des Quraïsh, qui s’étaient emparés de la capitale économique et spirituelle des Arabes, prenait de l’ampleur à travers toute la péninsule.[13]

 

Or, à cette époque Zam-zam était toujours introuvable. Après la mort de Qusaï, ses enfants se partagèrent, non sans tension, l’administration des Lieux saints. Aux Banû ‘Abd Manâf revenait l’approvisionnement des pèlerins en eau (siqâya). Shaïba el Hamd ibn Hâshim ibn ‘Abd Manâf ibn Qusaï fut éduqué par son oncle el Muttalib. C'est pourquoi on lui donna le surnom d’Abd el Muttalib (le serviteur d’el Muttalib). Quand Abd el Muttalib, qui deviendra le grand-père de l’Envoyé (r), hérita de son oncle la fonction de siqâya, il ne savait pas qu’un grand destin l’attendait.

Cet évènement n’a pas échappé à l’historiographe ibn Ishâq qui l’a répertorié en intégralité. Il nous raconte qu’un jour, le grand-père de l’Ami d’Allah (r) entra dans le Hijr de la Ka’ba pour y faire un somme. Il vit en songe qu’on lui demandait de déterrer Taïba, mais il ne savait pas à quoi ce nom correspondait. Le lendemain, le même rêve se renouvela, mais cette fois il s’agissait de Barra. Il vécut la même chose les deux jours suivants, et à chaque fois l’endroit qu’il fallait déterrer changeait de nom ; il s’agissait pour la troisième nuit de Madhnûna, et pour la quatrième de… Zam-zam.[14]

 

Ce nom étrange demeurait pour lui une énigme que sa vision nocturne, désormais coutumière, allait résoudre. La nuit suivante, il vit le lieu où il fallait creuser. Le lendemain, il se rendit à l’endroit en question accompagné d’el Hârith, qui était alors son seul fils. Il se mit à creuser et dès qu’il découvrit le puits, il proclama la grandeur d’Allah. Les Quraïshites comprirent alors qu’il avait atteint son but. Ils vinrent à sa rencontre et lui rappelèrent que ce puits appartenait à leur ancêtre Ismâ’îl, et qu’ils avaient dessus autant de droits que celui qui l’avait retrouvé. Il y avait déniché notamment deux gazelles en or qui appartenaient à la tribu de Jurhum. Ils y avaient caché également leurs sabres et leurs armures…[15] Avant d’entamer les recherches, Hishâm avait fait le vœu à Dieu que s’il menait sa mission à bien et qu’il engendrait dix enfants mâles, d’en égorger un par reconnaissance envers Ses bienfaits immenses.

 

Après l’histoire du puits, ibn Hâshim avait gagné l’estime de ses concitoyens et le rang des Banû ‘Abd Manâf grandissait jour après jour. Il engendra dix enfants mâles et devait désormais remplir son vœu. Il tira au sort pour désigner lequel de ses fils devait mourir. À chaque fois, le sort désignait celui qui était le plus cher à ses yeux ; celui-là même qui, plus tard, mettra au monde le sceau des Prophètes : c’était ‘Abd Allah ! Les oncles de l’enfant et les notables de Quraïsh cherchèrent à l’en dissuader. Il décida alors de tirer au sort pour choisir lesquels entre ‘Abd Allah ou cent chameaux devait-il sacrifier. Le décret d’Allah porta sur les bêtes,[16] ‘Abd Allah fut sauvé, car l’humanité attendait l’avènement prochain de son fils, ce qui en soit est un signe précurseur à sa prophétie. La prière de ses ancêtres Ibrahim et Ismâ’il devait ainsi être exaucée : [Seigneur ! Envoie-leur un messager issu des leurs afin qu’il leur récite Tes Versets, qu’il leur enseigne le Livre et la sagesse et qu’il les purifie ; Tu es certes le Puissant et le Sage].[17]

 

Les noms de La Mecque

 

Voir : Fadhâil Makka du D. Mohammed Ghabbân (1/23-28).

 

Les savants se sont penchés très tôt sur les noms de la Mecque ; certains d’entre eux, surtout parmi les modernes, se sont étendus sur le sujet. Celle-ci est digne d’intérêt d’autant plus qu’un nombre important de qualificatifs pour désigner une seule et même chose exprime l’importance et la considération qu’elle concède dans le cœur des gens. E-Nawawî signale à cet effet : « Sache que la multitude de noms pour désigner une chose témoigne de son importance à l’exemple des Noms d’Allah (I) et de ceux de Son Messager (r). À notre connaissance, aucune ville ne possède plus de noms que la Mecque et Médine, étant donné qu’elles représentent les meilleurs endroits sur terre. »[18]

 

E-Zarkashî souligne également : « Celle-ci – la Mecque – a de nombreux noms. La sagesse qui se cache derrière ce constat, c’est que la multitude de noms pour désigner une chose témoigne de son importance. »[19] Le poète a dit pour sa part :

 

Nombre de noms traduit son importance

Allah la fait aimer d’eux pour la Ka’ba

 

À suivre…

                     

Par : Karim Zentici

http://mizab.over-blog.com/

 

 

[1] Rapporté par el Bukhârî (n° 5913) et Muslim (n° 166).

[2] Cette version revient à el Bukhârî.

[3] Rapporté par Muslim (n° 1252).

[4] Voir Fath el Bârî (6/400-401).

[5] Ibrahim ; 37

[6] Voir Fath el Bârî (6/402).

[7] Rapporté par el Bukhârî (3364).

[8] Qahtân est mentionné dans l’Ancien Testament sous le nom de Yoqtân (voir : la Génèse ; 10.26).

[9] Voir : Fadhâil mâ Zam-zam (p. 24).

[10] Voir : Fadhâil Makka du D. Mohammed Ghabbân (1/23-28).

[11] Voir : Fadhâil mâ Zam-zam (p. 28).

[12] Voir : Târîkh el Ka’ba du D. Husnî el Kharbûtlî.

[13] Voir : Sîra ibn Hishâm (1/247-249).

[14] Voir : Akhbâr Makka d’el Azraqî (2/44-46), Dalâil e-Nubuwwa d’el Baïhaqî (1/93), Sîra ibn Hishâm (1/89-90), el bidâya wa e-nihâya d’ibn Kathîr (2/227).

[15] Cette version est rapportée dans Akhbâr Makka d’el Azraqî.

[16] Idem. (2/42-43).

[17] La vache ; 129

[18] Tahdhîb el asmâ wa el lughât (3/157).

[19] I’lâm el masâjid (p. 78).

 

Partager cet article
Repost0
25 avril 2017 2 25 /04 /avril /2017 13:07

 

La Mecque, la terre de la nouvelle alliance

(Partie 1)

Aggée 2.7 « J'ébranlerai toutes les nations ; Les trésors de toutes les nations viendront, Et je remplirai de gloire cette maison, Dit l'Éternel des armées. . »

2.8 « L'argent est à moi, et l'or est à moi, Dit l'Éternel des armées.»

2.9 « La gloire de cette dernière maison sera plus grande que celle de la première ; Dit l'Éternel des armées ; Et c'est dans ce lieu que je donnerai la paix, Dit l'Éternel des armées. . »

 

La fin d’une alliance

 

Voir : http://www.enseignemoi.com/bible/jeremie-31.html

 

Les Prophètes : Osée 9 : Osée, qui compte parmi les douze [petits] prophètes, annonce, au sujet de la nation de Mohammed, le Messager d’Allah (r) : « Ephraïm se complait du mensonge et de l’imposture ; les fils d’Israël et Juda multiplient mensonges et trahisons jusqu’à ce que Dieu fasse venir la nation Sainte et croyante. »[1]

 

«  La période vécue par les esséniens (de 160 avant notre ère jusqu’à la naissance du Christ) peut donc être qualifiée d’intermédiaire.  » Une Alliance disparaît  : «  Nos signes ont cessé, il n’est plus de prophètes, et nul parmi nous ne sait jusqu’à quand.  » (Ps 74, 9)

 

À la veille de ce qu'on appelle aujourd'hui le début de l'ère chrétienne, les Fils d'Israël se trouvaient à une étape particulière de leur histoire. Pour reprendre l'expression de Max Dimont, ils étaient "pris entre le cerveau de la Grèce et l'épée de Rome" ("caught between the mind of Greece and the sword of Rome")[2]

 

Selon la New Catholic Encyclopedia, on pourrait croire que plusieurs juifs, attendant la venue imminente d’un messie en Arabie, auraient démontré un intérêt particulier en lui (i.e., Mohammed).[3]

 

L’islam peut donc affirmer par Abraham, nous dit Hans Küng, qu’elle est la religion la plus ancienne et la plus authentique, enseignée par tous les prophètes (la même chose leur a tous été révélée) et finalement proclamée d’une façon nouvelle et définitive par le Prophète Mohammed, le < sceau > qui sanctionne le message de ses prédécesseurs ; cette religion qu’il a reçu par le biais l’ange envoyé par le seul vrai Dieu, est dénuée des erreurs et des déformations perpétrées par les juifs et les chrétiens. En ce qui concerne le Coran, il est clair que les musulmans tiennent la position la plus proche d’Abraham ; dans la descendance d’Abraham, ils ne sont pas seulement les seuls adorateurs de Dieu, mais ils sont aussi Ses seuls vrais adorateurs.[4]

 

Un peu d’histoire :

 

Allah révèle : (Seigneur ! J’ai installé une partie de ma postérité dans une vallée aride, auprès de Ta Maison Sacrée, Seigneur, afin qu’ils observent la prière. Dirige vers eux le cœur de certains hommes et accorde-leur de bons fruits ; ainsi seront-ils reconnaissants).[5] (Et quand Nous fîmes de la Maison Sacrée un asile pour les hommes et une terre paisible. Prenez la station d’Ibrahim comme lieu de prière. Nous avons pris à Ibrahim et à Ismâ’îl le serment de purifier Ma Maison pour ceux qui voudraient en faire le tour, s’y recueillir, s’y incliner, et s’y prosterner • Et quand Ibrahim a dit : Seigneur ! Rends cette terre paisible et accorde de bons fruits à ses habitants ; ceux parmi eux qui ont cru en Allah et au Jour dernier. Le Seigneur répondit : le mécréant certes, Je le laisserais profiter un peu avant de le précipiter dans les tourments de l’Enfer ; quelle bien vilaine destinée !)[6]

 

Le Maitre des cieux et de la terre nous informe qu’Ibrahim L’implora de rendre La Mecque une terre paisible. Il évoque dans plusieurs endroits du Coran qu’Il exauça son souhait. Son fidèle serviteur y construisit la Maison sacrée : (Quand Ibrahim et Ismâ’îl élevèrent les fondations de la Maison Sacrée, Seigneur ! Acceptes notre œuvre, tu es certes l’Entendant et le Savant • Seigneur ! Fais que nous soyons soumis à Toi, ainsi qu’une partie de notre postérité, fais-nous voir nos rites, et pardonne-nous ; Tu es certes Absoluteur et Miséricordieux • Seigneur ! Envoie-leur un Messager issu des leurs afin qu’il leur récite Tes Versets, qu’il leur enseigne le Livre et la Sagesse, et qu’il les élève ; Tu es certes le Fort et le Sage)[7] ; (La première Maison fondée pour les hommes est celle qui se trouve à Bekka ; bénite et direction pour l’univers • Celle-ci renferme des signes évidents et la Station d’Ibrahim. Quiconque y entre est en paix. Les hommes doivent envers Allah faire le pèlerinage à la Maison sacrée dans la limite de leurs moyens ; et pour celui qui Le renie, qu’il sache qu’Allah se passe aisément de l’Humanité)[8] ; (Pour l’alliance des Qoraïchites • l’alliance de leur itinéraire d’hiver et d’été • qu’ils adorent le Dieu de cette Maison • Celui qui a apaisé leur faim et qui a apaisé leur peur)[9] ; (Ils dirent : si nous devions suivre la bonne voie avec toi, nous serions arrachés à nos terres, mais ne les avons-Nous pas établis sur une terre sacrée et paisible où s’amoncèlent tous les fruits, par un effet de Notre grâce ? Sauf que la plupart ne savent point)[10] ; (Ne voient-ils pas que Nous avons rendu ce pays sacré et paisible ; autour les gens s’acharnent les uns contre les autres. Croient-ils au faux alors qu’ils renient les bienfaits d’Allah).[11]

 

(Par le figuier et l’olivier • Par le mont Sinaï • Par ce pays paisible)[12]

 

Voici un texte apocryphe très peu connu, un pseudépigraphe d’une extrême importance, car préislamique ; les propos restent dans l’optique de la Bible, à de cela près qu’il y est clairement question de la construction d’un Temple par Abraham et son fils Ismaël au bénéfice de sa semence :

The Writings of Abraham from the papyri found in Egypt 1831

http://earth-history.com/Pseudepigrapha ... aham-1.htm

THE WRITINGS OF ABRAHAM

Another Neo-Apocryphal work attributed to Abraham and supposedly translated by John Bryant. This text appears to share ideas with Missaticum Biblia, especially the Book of Joseph section. Again, there is no manuscript evidence to support this "translation". However, this is a lengthy and interesting piece of work. Below are the PDF files.

À ce titre, nous avons :

CHAPTER 127

THEREFORE, I arose early in the morning and took Hagar and my son Ishmael into the deserts

of Arabia where dwelt a people who were friendly to me.

2. And there I built with Ishmael a temple unto the Lord our God that his seed might always be

kept in remembrance of the Lord.

3. And Hagar and Ishmael dwelt among the people of the desert and were content, and Ishmael

was a mighty hunter with the bow among them.

4. And every year at a certain time I went and dwelt with my wife, Hagar, and with my son,

Ishmael.

5. And when Ishmael was twenty years of age, his mother asked my consent to take him to the

house of her father in Egypt, for she longed to see her family again.

6. Wherefore, I gave them my blessing and they departed into the land of Egypt where they

remained one year.

7. And while they were in Egypt, Ishmael took to wife Meribah, daughter of Phanes, son of

Pharaoh, king of Egypt.

8. And after he had taken Meribah to wife, they remained in the land of Egypt yet ten years and

Meribah bare unto Ishmael four sons and two daughters.

9. After this time, Ishmael took his mother and his wife and his children and returned to the

deserts of Arabia.

10. And the Lord blessed Ishmael for my sake and increased him in flocks and in herds and in

good things.

Traduction rapproché :

"2 Et là, j'ai construit avec Ismaël un temple au Seigneur notre Dieu que sa semence pourrait toujours

garder en souvenir du Seigneur.

3 Et Agar et Ismaël ont habité au sein des habitants du désert et vécurent heureux ; Ismaël

était un puissant chasseur à l'arc au milieu d’eux... "

Voir : http://rejectedscriptures.weebly.com/up ... _three.pdf

http://www.forum-religion.org/islamo-chretien/la-mecque-existait-elle-avant-l-islam-t17983-30.html

Les manuscrits dans la mer morte parlent d’une façon directe de la sainte KAABA dans l’un des ces manuscrits intitulé : Livre d’Adam et Êve où nous lisons :

Verste 29 : 5 – 7 « Adam informe son fils Sheth que Dieu indiquera aux personnes fideles où construire sa maison (MAISON DE DIEU).

Le Docteur Charles qui a traduit le livre en anglais a écrit : « L’endroit où Adam avait l’habitude de faire sa prière est le même lieu où les musulmans ont appris à vénérer la KAABA. »

 

L’épisode d’Hajar

 

Ibn Qutaïba et d’autres savants musulmans mentionnent qu’Ismâ’îl a été élevé dans le désert de Farân, ce qui est conforme aux enseignements de la Thora où il est dit : « Abraham se leva de bon matin, prit du pain et une outre d’eau qu’il donna à Hagar. Il mit l’enfant sur son épaule et la renvoya. Elle s’en alla errer dans le désert de Béer-Shéva. Quand l’eau de l’outre fut épuisée, elle jeta l’enfant sous l’un des arbustes. Puis elle alla s’asseoir à l’écart à la distance d’une portée d’arc. Elle disait en effet : « Que je n’assiste pas à la mort de l’enfant ! » Assise à l’écart, elle éleva la voix et pleura. Dieu entendit la voix du garçon et, du ciel, l’ange de Dieu appela Hagar. Il lui dit : « Qu’as-tu Hagar ? Ne crains pas, car Dieu a entendu la voix du garçon, là où il est. Lève-toi ! Relève l’enfant et tiens-le par la main, car de lui je ferai une grande nation. » Dieu lui ouvrit les yeux et elle aperçut un puits avec de l’eau. Elle alla remplir l’outre et elle fit boire le garçon. Dieu fut avec le garçon qui grandit [et habita au désert. C’était un tireur d’arc] ; il habita dans le désert de Parân… »[13]

 

Le Seigneur nous apprend dans la Thora qu’Ismaël a grandi et a vécu dans le désert de Parân, après avoir failli mourir de soif. Le Très-Haut l’a sauvé grâce à l’eau d’un puits. Il est communément répandu qu’Ismaël a grandi à La Mecque et qu’ils ont construit, son père et lui, la Maison Sacré. Il est donc évident que Mekka et Parân sont une seule et même terre. La Thora relate ainsi la bonne nouvelle concédée à Hagar et à son fils. Un autre passage le corrobore : « (Pour Ismail je t’exauce,) je le bénis, je le rends fécond, prolifique à l’extrême [et quand Hagar ouvrit les yeux, elle vit un puits et se rapprocha, etc.] »[14]

 

Il nous apprend ailleurs au sujet d’Ismaël : « Sa main contre tous, la main de tous contre lui. »[15]

 

Aux yeux d’Ibn Taymiyya, le nom Parân désigne non seulement le désert de la péninsule du Sinaï, mais tout le désert qui recouvre une partie de la péninsule du Sinaï, le pays de Madian et le littoral occidental de la péninsule arabique (Al-Jawâb us-sahîh 3/242).

Il est donc tout aussi vrai de dire qu'Ismaël habita le désert qui recouvre le sud du Sinaï que de dire qu'il habita le désert où se situe la vallée de Bakka : le nom "Parân" désignant le tout.

Selon des commentateurs chrétiens, il s'agit donc du "désert de la péninsule du Sinaï, au sud de Qadesh" (TOB).

http://www.maison-islam.com/articles/?p=482
Notons également que d'une part le texte biblique aussi affirme que les fils d'Ismaël s'établirent en Arabie : "les Ismaélites demeurèrent de Hawila à Shour, aux confins de l'Egypte, jusqu'à Ashour" (Genèse 25/18).

Hawila : "selon 10/2, il s'agirait d'une région d'Arabie" (TOB, p. 24, note de bas de page) ;
Shour se trouve aux confins de l'Egypte, comme le dit ce passage et comme le montre Exode 15/22 ; pour la TOB, Ashour est une : "région non identifiée, mentionnée également en Nombres 24/22" (TOB, p.47).

On note de même que Téma est une cité d'Arabie bien connue, alors que c'est aussi le nom d'un fils d'Ismaël (Genèse 25/15) : tout porte à penser que la cité a été nommée d'après le nom de ceux qui s'y sont installés, autrement dit des fils d'Ismaël.
Or, et d'autre part, il est peu probable qu’Ismaël n'ait pas dépassé la péninsule du Sinaï, mais que ses fils soient, eux, allés prendre souche dans la péninsule arabique ; en revanche, si on retient l'avis selon lequel Ismaël s'était installé à la Mecque, il devient plus facile de comprendre que ses fils aient essaimé dans les trois directions : vers le nord jusqu'à Téma et aux confins d'Egypte, vers l'est, et vers le sud (à l'ouest se trouvant la Mer rouge).
Un autre indice allant dans ce sens est qu'un autre passage du texte biblique affirme : "Le Seigneur est venu du Sinaï, pour eux il s'est levé à l'horizon, du côté de Séïr, il a resplendi depuis le mont de Parân" (Deutéronome 33/2). Cette prophétie semble désigner des révélations de Dieu ; or, si on considère l'avis selon lequel le désert de Parân ne désigne que le désert de la péninsule du Sinaï, on peut se demander quelle révélation reconnue par les judéo-chrétiens a eu lieu dans cette partie du désert ; et, si on considère l'avis selon lequel il s'agit du désert qui va jusqu'à la péninsule arabique, les choses deviennent plus claires : à la Mecque a eu lieu la révélation d'une grande partie du Coran à Muhammad, descendant d'Ismaël. Dans le commentaire de la TOB sur ce verset, on lit : "mont de Parân : localisation incertaine ; on peut le mettre en rapport avec le désert de Parân (voir Gn 21/21 et la note) Ha 3.3" (TOB p. 256).

En outre, aucun israélite, y compris Jésus, n’a eu un quelconque rapport avec Parân (ou se trouve le mont Hira). En effet, Hajar avec son fils « Ismail » se sont promenés dans les labyrinthes du « puits d’Al Sab’ » et ce sont eux qui ont par la suite habité le désert de Parân (le Hijaz).

Et sa mère lui fit épouser une femme du pays d’Egypte. De son premier fils, Qédar (Adnan) sont issus les petits-fils arabes qui ont habité depuis cette période le désert de Parân et l’ont adopté comme patrie. Mohammad, comme cela est connu de tous, est issu de la lignée d’Ismail et de son fils Qédar (Adnan)…

http://kalam.over-blog.net/article-7197150.html

 

À suivre…

                     

Par : Karim Zentici

http://mizab.over-blog.com/

 

 

 

[1] Osée : 9.7-9 La version actuelle dit : « Ephraïm m’entoure de mensonge et la maison d’Israël d’imposture. Mais Juda marche encore avec Dieu et reste fidèle au Très-Saint. » Il faut savoir que cette annonce ne peut pas concerner les chrétiens étant donné qu’ils sont, au même titre que les juifs, les fils d’Israël. En dehors de l’Islam, aucune nation n’est venue après la leur. (Voir : el ajwiba el fâkhira d’el Qarrâfî (p. 177, 178). 

[2] Jews, God and History, New American Library, p. 90).

[3] New Catholic Encyclopedia. Vol 7, p. 677.

[4] Hans Küng. 2007. Islam, Past, Present and Future. One World Publications, p. 51.

[5] Ibrahim ; 37

[6] La vache ; 125-126

[7] La vache ; 127-129

[8] La famille de ‘Imran ; 96-97

[9] Les Qoraïchites

[10] Les récits ; 57

[11] L’araignée ; 67

[12] Les Figuiers ; 1-3

[13] La Genèse ; 21.14-21

[14] La Genèse ; 17.20 la partie entre crochets ne figure pas dans notre version contemporaine. (N. du T.)

[15] La Genèse ; 16.12 l’auteur se réfère à des versions vraisemblablement différentes de la traduction œcuménique contemporaine, ce qui jette d’autant plus le discrédit sur la Bible compte tenu des multiples évolutions qu’elle a connu à travers les siècles, sans parler des différences de traductions. Ses termes en effet sont les suivants : « Il mettra sa main au dessus de celle des autres. » le sens est ainsi radicalement différent ! (N. du T.)

Partager cet article
Repost0
12 avril 2017 3 12 /04 /avril /2017 10:51

 

La Bible, le puits, le vivier qui dessert… la Mecque

(Partie 4)

Ésaïe prophétise au sujet de la Mecque : « Mets-toi debout et deviens lumière, car elle arrive, ta lumière : la gloire du SEIGNEUR sur toi s’est levée. Voici qu’en effet les ténèbres couvrent la terre et un brouillard les cités, mais sur toi le SEIGNEUR va se lever et sa gloire, sur toi, est en vue. Les nations vont marcher vers ta lumière et les rois vers la clarté de ton lever. Porte tes regards sur les alentours et vois : tous, ils se rassemblent, ils viennent vers toi, tes fils et tes filles seront élevés sur des trônes et des coussins. »[1]

Cette prophétie concerne particulièrement la Mecque vers laquelle se dirigeront les hommes et où la foi en Dieu se manifestera ; ses habitants règneront et la lumière du savoir qui sera hérité par ses fils y dissipera les ténèbres du paganisme. Pour ceux qui n’en seraient pas convaincus qu’ils nous désignent un temple et une société sur toute la surface de la terre qui répondent à ce signalement !

 

Ésaïe encense la Mecque vers laquelle les cœurs se tourneront : « Oui, les îles tendent vers moi, vaisseaux de Tarsis en tête, pour ramener tes fils du lointain et avec eux leur argent et leur or, en hommage au nom du SEIGNEUR, ton Dieu, en hommage au Saint d’Israël, car il t’a donné sa splendeur. Les fils de l’étranger [re]bâtiront tes murailles et leurs rois contribueront à tes offices… Tes portes, on les tiendra constamment ouvertes, de jour, de nuit, jamais elles ne seront fermées, pour qu’on introduise chez toi la troupe des nations, et leurs rois, mis en colonne ! – Nation et royaume qui ne te serviront pas périront, les nations seront totalement dévastées. – La gloire du Liban viendra chez toi, le cyprès, l’orme, et le buis ensemble, pour encenser (parfumer, selon la version actuelle : pour rendre splendide ndt.) le socle de mon sanctuaire ; oui, le socle de mes pieds, je le rendrai glorieux, ils iront vers toi en se courbant, les fils de ceux qui t’humiliaient, ils se prosterneront à tes pieds… Je ferai de toi la fierté des siècles, l’enthousiasme des générations et des générations. Tu suceras le lait des nations, tu dévoreras la richesse des rois, et tu sauras que ton Sauveur, c’est moi le SEIGNEUR, moi qui gardera tes lampes illuminées à jamais. »[2]

Ésaïe évoque ainsi explicitement la Mecque. L’adversaire est-il capable de nous trouver un temple sur terre qui réponde à cette description, qu’Allah a autant honoré et qui attise autant les cœurs ?

 

Ésaïe prophétise au sujet de la Ka’ba et de la Pierre Noire : « Ainsi parle le SEIGNEUR : Voici que j’élèverai ma main vers les nations, que je dresserai mon étendard vers les peuples : ils ramèneront tes fils sur leurs bras et tes filles seront hissées sur leurs épaules. Des rois seront tes tuteurs, et leurs princesses, tes nourrices. Visage contre terre ils se prosterneront devant toi, ils lècheront la poussière de tes pieds. Tu sauras alors que je suis le SEIGNEUR ; ceux qui espèrent en moi n’auront point de honte. »[3] Les nourrices correspond ici aux sages-femmes, aux femmes d’atours, et aux mères nourrices. Ainsi, les rois et les reines vont servir la Sainte Mosquée ; ils vont la couvrir et l’orner d’or, d’argent, et de brocart. Ils vont l‘enduire de musc, la laver avec de l’eau de rose, et la parfumer avec de luxueux parfums. Ils deviendront ses humbles serviteurs et seront au service de ses habitants et des fidèles qui tourneront autour d’elle ; ils embrasseront sa Pierre, ils auront les pieds nus, la tête dénudée et seront remplis d’humilité. Y a-t-il plus éloquent pour celui dont Allah a illuminé le cœur, à qui Il veut du bien et qu’Il a préservé des passions ?

 

« Le SEIGNEUR a dit : Et moi le SEIGNEUR ton Dieu, moi, je t’ai élevé dans le désert dans un pays aride, ravagé et inhabité, dans un pays sans compagnie. »[4]

Seuls Mohammed (r) et son ancêtre Ismaël (r) répondent à ce signalement.

 

Le prophète Michée prophétise au sujet de la Maison d’Allah, la Sainte Mosquée de la Mecque, vers laquelle se rendront les pèlerins de tous les horizons : « Il arrivera à la fin des temps (dans l’avenir dans la version actuelle ndt.) que [la montagne de] la Maison du SEIGNEUR sera établie au sommet des montagnes et elles dominera les collines. Toutes les nations diront : « Venez, montons à la montagne du SEIGNEUR. » »[5]

 

La Maison en question c’est la Ka’ba et la montagne c’est ‘Arafa bien que les « gens du Livre » en disent autrement. Il s’agirait selon eux de Jérusalem. Mais que disent-ils de : « Il arrivera à la fin des temps » ? Jérusalem existait déjà à l’époque de Michée, l’auteur de cette prophétie, et les juifs l’encensaient déjà. Une prophétie parle d’évènements à venir et non d’évènements présents !

 

Le prophète Sophonie (r) prophétise au sujet de « la parole de l’unicité » qui correspond à l’attestation qu’il n’y a d’autre dieu en dehors d’Allah : « Ô vous les hommes ! Attendez le jour où je me lèverai pour témoigner. Voici le temps où ma sentence sera de rassembler les nations de la terre entière. Alors, je leur renouvellerai la langue favorite pour qu’ils annoncent tous le nom du SEIGNEUR, pour qu’ils l’adorent dans un même effort. Des rivages des fleuves de Nubie, ils apporteront à cette époque des offrandes. »[6]

 

La langue favorite (ou choisie) correspond à la langue arabe. Elle s’est répandue sur la terre entière et fut utilisée par les autres peuples qui renoncèrent à leur langue d’origine qui étaient bien moins pratiques. Les rivages des fleuves de Nubie concernent les environs du Yémen et du Hijâz. De ces rivages seront apportés les troupeaux et les offrandes destinées au Temple Sacré de la Mecque. Prétendre que ces troupeaux et ses offrandes soient destinés aux terres du Shâm et à Jérusalem, c’est vouloir l’impossible !

 

Jean l’Apôtre relate la conversation qui a eu lieu entre Jésus et une femme de la tribu de Jacob (samaritaine selon la version actuelle ndt.), lorsque celle-ci s’écria : « « Nos pères ont adoré sur cette montagne et vous, vous affirmez qu’à Jérusalem se trouve le lieu où il faut adorer. » Jésus lui dit : « Crois-moi femme, l’heure vient où ce n’est ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père. »[7]

 

Ces paroles du Masîh font allusion à la Ka’ba étant donné qu’avec l’avènement de Mohammed, toute autre direction qibla (direction) que la sienne est abrogée. Il n’est plus toléré de se prosterner en direction ni de Jérusalem ni d’aucun autre endroit. La Ka’ba est la seule qibla valable. Il annonçait ainsi le kingdom of heaven. Lui qui lança à la samaritaine « Crois-moi femme, l’heure vient où ce n’est ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père. »[8] Jésus s’exclama au milieu d’une assemblée : « Aussi, je vous le dis, beaucoup viendront du levant et du couchant prendre place au festin avec Abraham, Isaac et Jacob dans le Royaume des cieux, tandis que les héritiers du Royaume seront jetés dans les ténèbres du dehors : là seront les pleurs et les grincements de dents. »[9]

 

Selon Mathieu l’Apôtre, Jésus a déclaré : « N’ont-ils pas lu dans les Écritures : la pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs, c’est elle qui est devenue la pierre angulaire ; c’est là l’œuvre du Seigneur : quelle merveille à nos yeux. Aussi, je vous le déclare : le Royaume de Dieu vous sera enlevé, et il sera donné à un peuple qui en produira les fruits. Celui qui tombera sur cette pierre sera brisé, et celui sur qui elle tombera elle l’écrasera. »[10]

 

D’après Sahîh Muslim, selon Abû Huraïra, le Messager d’Allah (r) a dit : « Je suis par rapport aux  prophètes avant moi comme un homme ayant construit une belle maison qu’il a pris soin de bien finir, sauf qu’il manquait une brique à l’un des coins. Les passants étaient étonnés et se disaient : « Il manque une brique ici pour finir la construction. » Mohammed s’exclama alors : « Je suis cette fameuse brique ! » »[11]

Le destin a voulu[12] que le fils d’Abd Allah posa la dernière pierre de la Ka’ba qui fut l’objet de travaux à l’ère préislamique, annonçant ainsi symboliquement la clôture du cycle de la prophétie…

 

« Le sceptre ne s’écartera pas de Juda, ni le bâton d’entre ses pieds jusqu’à ce que vienne celui à qui il appartient et à qui les peuples doivent obéissance. »[13] « Ils m’ont donné pour rival ce qui n’est pas Dieu, ils m’ont offensé par leurs vaines idoles. Eh bien ! moi, je leur donnerai pour rival, ce qui n’est pas un peuple, par une nation folle je les offenserai. »[14]

 

Ésaïe confirme : « Je me suis laissé rechercher par ceux qui ne me consultaient pas, je me suis laissé trouver par ceux qui ne me cherchaient pas, j’ai dit : « Me voici, me voici » à une nation qui n’invoquait pas mon nom. J’ai tendu mes mains, à longueur de jour, vers un peuple rebelle, vers ceux qui suivent le chemin qui n’est pas bon, qui sont à la remorque de leurs propres pensées. C’est un peuple qui me vexe, en face, sans arrêt : ils font des sacrifices dans des jardins, ils font fumer des aromates sur des briques, ils se tiennent dans des sépulcres (…) ; attention cela est mis par écrit en face de moi, si bien que je ne resterai pas inactif, jusqu’à ce que j’ai payé de retour, et payé de retour en plein cœur vos perversités et les perversités de vos pères. »[15]

 

Jérémie prophétise également que la nation mohammadienne aura la victoire sur les juifs, les chrétiens, et les autres nations : « Je vais amener contre vous, gens d’Israël, une nation lointaine [– oracle du SEIGNEUR –]  une nation inépuisable, une nation de vieille souche, une nation dont tu ignores la langue, dont tu ne comprends pas les propos. Ils sont tous expérimentés et puissants. »[16] Dans un autre passage, il est dit : « Je mettrai ma loi dans leur bouche et je l’inscrirai dans leur cœur. Je deviendrai Dieu pour eux, et eux, deviendront un peuple pour moi. Un homme n’aura plus besoin de s’instruire chez un autre de la religion et de la confession. On n’aura plus besoin de leur faire connaître Dieu, car ils me connaîtront tous, petits et grands [– oracle du SEIGNEUR]. Alors, je pardonnerai leurs péchés et je leur effacerai leurs fautes. »[17]

 

Daniel explique : « J’ai imploré Dieu et je lui ai supplié de me montrer ce que les fils d’Israël allaient devenir, est-ce qu’il va leur pardonner, leur rendre leur royaume, et leur envoyé encore des prophètes ou bien va-t-il déposé la prophétie chez un autre peuple ? Daniel a dit : l’ange m’est apparu sous la forme d’un jeune homme au beau visage. Celui-ci m’a dit : salut à toi Ô Daniel ! Dieu – le Très-Haut – a dit : les fils d’Israël ont déclenché ma colère et se sont rebellés contre moi. Ils ont adoré d’autres dieux en dehors de moi… »[18]

 

Ainsi, Jésus prévenait contre le jour fatidique, à travers des passages gardés en partie intacts : « Comme quelques-uns parlaient des belles pierres et des offrandes qui faisaient l'ornement du temple, Jésus dit : Les jours viendront où, de ce que vous voyez, il ne restera pas pierre sur pierre qui ne soit renversée. Ils lui demandèrent : Maître, quand donc cela arrivera-t-il, et à quel signe connaîtra-t-on que ces choses vont arriver ? Jésus répondit : Prenez garde que vous ne soyez séduits. Car plusieurs viendront en mon nom, disant : C'est moi, et le temps approche. Ne les suivez pas. Quand vous entendrez parler de guerres et de soulèvements, ne soyez pas effrayés, car il faut que ces choses arrivent premièrement.

Mais ce ne sera pas encore la fin. Alors il leur dit : Une nation s'élèvera contre une nation, et un royaume contre un royaume ; il y aura de grands tremblements de terre, et, en divers lieux, des pestes et des famines ; il y aura des phénomènes terribles, et de grands signes dans le ciel. Mais, avant tout cela, on mettra la main sur vous, et l'on vous persécutera ; on vous livrera aux synagogues, on vous jettera en prison, on vous mènera devant des rois et devant des gouverneurs, à cause de mon nom.

 

Cela vous arrivera pour que vous serviez de témoignage. Mettez-vous donc dans l'esprit de ne pas préméditer votre défense ; car je vous donnerai une bouche et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront résister ou contredire. Vous serez livrés même par vos parents, par vos frères, par vos proches et par vos amis, et ils feront mourir plusieurs d'entre vous. Vous serez haïs de tous, à cause de mon nom. Mais il ne se perdra pas un cheveu de votre tête ; par votre persévérance vous sauverez vos âmes.

 

Lorsque vous verrez Jérusalem investie par des armées, sachez alors que sa désolation est proche. Alors, que ceux qui seront en Judée fuient dans les montagnes, que ceux qui seront au milieu de Jérusalem en sortent, et que ceux qui seront dans les champs n'entrent pas dans la ville. Car ce seront des jours de vengeance, pour l'accomplissement de tout ce qui est écrit. Malheur aux femmes qui seront enceintes et à celles qui allaiteront en ces jours-là ! Car il y aura une grande détresse dans le pays, et de la colère contre ce peuple. Ils tomberont sous le tranchant de l'épée, ils seront emmenés captifs parmi toutes les nations, et Jérusalem sera foulée aux pieds par les nations, jusqu'à ce que les temps des nations soient accomplies. »[19]

 

« C'est pourquoi, lorsque vous verrez l'abomination de la désolation, dont a parlé le prophète Daniel,[20] établie en lieu saint, - que celui qui lit fasse attention ! - alors, que ceux qui seront en Judée fuient dans les montagnes ; que celui qui sera sur le toit ne descende pas pour prendre ce qui est dans sa maison ; et que celui qui sera dans les champs ne retourne pas en arrière pour prendre son manteau. Malheur aux femmes qui seront enceintes et à celles qui allaiteront en ces jours-là ! Priez pour que votre fuite n'arrive pas en hiver, ni un jour de sabbat. Car alors, la détresse sera si grande qu'il n'y en a point eu de pareille depuis le commencement du monde jusqu'à présent, et qu'il n'y en aura jamais. Et, si ces jours n'étaient abrégés, personne ne serait sauvé ; mais, à cause des élus, ces jours seront abrégés. »[21]

 

La boucle était bouclée…

 

À suivre…

                     

Par : Karim Zentici

http://mizab.over-blog.com/

 

 

 

 

[1]  Ésaïe ; 60.1-4  Dans la version actuelle, la dernière phrase est comme suit : « tous, ils se rassemblent, ils viennent vers toi, tes fils vont arriver du lointain, et tes filles sont tenues solidement sur la hanche »

[2]  Ésaïe ; 60.9-16 L’auteur ne rapporte pas les passages où Jérusalem est citée et qui vraisemblablement ont été rajoutés.

[3] Ésaïe ; 49.22-23

[4] Osée ; 13.4-5 La version actuelle dit : « Et moi, le SEIGNEUR ton Dieu, depuis le pays d’Egypte, - et moi excepté, tu ne connais pas de Dieu, et de sauveur, il n’y en a point sauf moi -, moi, je t’ai connu au désert, dans un pays de fièvre. »

[5] Michée ; 4.1-2 La partie entre crochets ne figure pas dans la version actuelle qui dit notamment : « Des peuples y afflueront. Des nations nombreuses se mettront en marche et diront : « Venez… » »

[6] Sophonie ; 3.8-10 La version actuelle dit : « Eh bien ! Attendez-moi – oracle du SEIGNEUR. Attendez le jour où je me lèverai comme témoin à charge ! Ma sentence sera d’extirper les nations, d’entasser les royaumes, de déverser sur eux mon indignation, toute l’ardeur de ma colère, car la terre toute entière sera consumée au feu de ma jalousie. Alors je ferai que les peuples aient les lèvres pures pour qu’ils invoquent tous le nom du SEIGNEUR, pour qu’ils le servent dans un même effort. D’au-delà des fleuves de Nubie, ceux qui m’adorent – ceux que j’ai dispersés – m’apporteront une offrande. »

[7] Jean ; 4.19-21

[8] Jean ; 4.19-21

[9] Mathieu ; 8.11-12

[10] Mathieu ; 21.42-44

[11] Rapporté par Muslim (kitâb el fadhâil ; hadîth n° 21).

[12] C’est une simple formule rhétorique, car seul Dieu est à l’origine de toute chose !

[13] La Genèse ; 49.1-12

[14] Deutéronome ; 32.21 Une version de la Bible de 1844 parle d’un peuple ignorant, ce qui correspond tout à fait au peuple arabe illettré. Voir : Izhâr el Haq de Rahmatu Allah el Kaïrânawî, résumé par Mohammed Mulkâwî.

[15] Ésaïe ; 65.1-7

[16] Jérémie ; 16.15-16 La partie entre crochets ne figure pas dans la version actuelle qui dit notamment : « Leur carquois est un sépulcre géant ; ils sont tous des héros » à la place de : « Ils sont tous expérimentés et puissants. »

[17] Jérémie ; 51.20-24 La partie entre crochets ne figure pas dans la version actuelle qui dit : « Voici donc l’alliance que je conclurai avec la communauté d’Israël – oracle du SEIGNEUR : je déposerai mes directives au fond d’eux-mêmes, les inscrivants dans leur être ; je deviendrai Dieu pour eux, et eux, ils deviendront un peuple pour moi. Ils ne s’instruiront plus entre compagnons, entre frères, répétant : « Apprenez à connaître le SEIGNEUR», car ils me connaîtront tous, petits et grands – oracle du SEIGNEUR. Je pardonne leur crime ; leur faute, je n’en parle plus. »

[18] Voir : Daniel ; 9, 10, 11, 12 en sachant que la Bible actuelle propose une version différente.

[20] Daniel ; 9.20-27 C’est exactement dans la continuité de l’interprétation du rêve que le tyran Nabuchodonosor avait fait sur l’énorme statut aux pieds d’argile. Voir : L’histoire de la version actuelle dans : Daniel : 2.

[21] Mathieu : 24. 15-22 Les anciennes prophéties parlent également de la destruction du temple ; voir notamment : Michée 3.12 « C'est pourquoi, à cause de vous, Sion sera labourée comme un champ, Jérusalem deviendra un monceau de pierres, Et la montagne du temple une sommité couverte de bois. C'est pourquoi, à cause de vous, Sion sera labourée comme un champ, Jérusalem deviendra un monceau de pierres, Et la montagne du temple une sommité couverte de bois. » 

Partager cet article
Repost0