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2 août 2019 5 02 /08 /août /2019 13:21

 

L’Orientalisme en a rêvé, Karim Hanifi l’a fait 3/3

 

Quoi qu’il en soit de l’origine historique de l’Évangile de Barnabé, l’un des grands mérites du Nazarenus de John Toland est d’avoir sondé l’archéologie profonde du Coran. Guy Stroumsa en a signalé le caractère novateur et l’importance historiographique. Dès 1718, Toland affirmait en effet que l’idée centrale dans l’islam qu’un autre ait pu mourir à la place de Jésus n’était pas une innovation. « On ne peut s’empêcher de crier contre l’ignorance de ceux qui s’imaginent que cette histoire de la mort de Jésus-Christ est originalement de l’invention des mahométans. Les basilidiens, au commencement du christianisme, niaient que Jésus-Christ eût souffert de la mort lui-même. » Selon Irénée, il est vrai que pour les basilidiens « un certain Simon de Cyrène fut réquisitionné et porta sa croix à sa place. Et c’est ce Simon qui, par ignorance et erreur, fut crucifié, après avoir été métamorphosé par Jésus pour qu’on le prît pour lui ». Dès le II e siècle, le christianisme s’était heurté à une contradiction insoluble. Si Jésus est de nature divine – ce qui s’affirme de plus en plus nettement depuis l’évangile de Jean jusqu’à l’épître aux Hébreux ou l’épître aux Philippiens : « Lui, de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu » (Phi 2,6) – une question capitale se pose : Dieu peut-il mourir sur la croix ?

 

Avec le personnage de Simon de Cyrène, qui figure chez les évangélistes Marc, Matthieu et Luc, les récits du Nouveau Testament offrent une échappatoire à ceux qui n’acceptent pas que le Christ ait pu mourir de la façon la plus ignominieuse qui soit. C’est notamment l’apanage de groupes que les hérésiologues appelleront « docètes » (du verbe dokein, « sembler »). Ce docétisme, on peut en trouver la trace même dans le christianisme canonique qui n’exclut pas entièrement la conception d’un corps spirituel du Christ, mais surtout chez les gnostiques pour lesquels le Christ ne peut avoir, selon la révélation réservée aux initiés, qu’un corps psychique, un corps pneumatique. Ainsi selon les Actes de Paul, Simon et Cleobios étaient venus à Corinthe répétant « Jésus-Christ n’a pas été crucifié mais c’est un simulacre qui a eu lieu ». On n’est pas loin de la conception coranique.

 

Cette thèse revient dans deux des textes coptes retrouvés à Nag Hammadi. Pour Le Traité du Grand Seth : « Celui qui buvait le fiel et le vinaigre, ce n’était pas moi. Ils me flagellaient avec le roseau. C’était un autre, celui qui portait la croix sur son épaule, c’était Simon. » L’Apocalypse de Pierre s’en fait l’écho également : « Le Sauveur me dit : “Celui que tu vois au-dessus de la croix, joyeux et riant, c’est le Jésus vivant. Mais celui dont ils clouent pieds et mains est son aspect physique, c’est-à-dire le substitut.” »

 

Dans les Actes de Jean, le Christ révèle la vérité à son disciple : « Pour moi, quand je le vis souffrir, je n’assistai pas non plus à sa souffrance, mais je m’enfuis sur le mont des Oliviers, en pleurant à cause de ce qui était arrivé. Lorsqu’il fut suspendu le vendredi à la sixième heure, il y eut des ténèbres sur toute la terre ; et mon Seigneur se tint au milieu de la grotte, il m’illumina et dit : Jean, pour la foule d’en bas, à Jérusalem, je suis crucifié, je suis piqué par des lances et des roseaux, je suis abreuvé de vinaigre et de fiel. Mais à toi je vais parler, et ce que je vais dire, écoute-le. C’est moi qui t’ai donné l’idée de monter sur cette montagne pour que tu écoutes ce qu’il faut qu’un disciple apprenne de son maître et un homme de son Dieu […]. Ce n’est pas la croix de bois que tu vas voir quand tu seras descendu d’ici. Je ne suis pas non plus celui qui est sur la croix, moi que maintenant tu ne vois pas, mais dont tu entends seulement la voix. J’ai été considéré pour ce que je ne suis pas, n’étant pas ce que je suis pour la multitude ; bien plus, ce qu’ils diront à mon sujet est vil et indigne de moi […]. Tu entends dire que j’ai souffert, or je n’ai pas souffert ; que je n’ai pas souffert, or j’ai souffert ; que j’ai été transpercé, or je n’ai pas été transpercé ; que j’ai été frappé, or je n’ai pas été frappé ; que j’ai été suspendu, or je n’ai pas été suspendu ; que du sang s’est écoulé de moi, or il ne s’en est pas écoulé. En un mot, ce que ces gens-là disent de moi, je ne l’ai pas subi ; et ce qu’ils ne disent pas, voilà ce que j’ai souffert. » Enfin, pour Irénée, le Sauveur « est demeuré impassible : il ne pouvait en effet souffrir, étant insaisissable et invisible ».

 

Même les quatre évangiles canoniques supposent la thèse du substitut

 

D’un point de vue strictement littéraire, on pourrait formuler l’hypothèse que le remplacement de Jésus sur la croix par un autre a été suggéré par les récits canoniques eux-mêmes. Dans les quatre évangiles, au nom d’une très hypothétique coutume pascale, le gouverneur romain propose aux habitants de Jérusalem de choisir qui va être condamné à la croix : Jésus ou Barabbas, voire « Jésus Barabbas ». C’est ce (Jésus) Barabbas qui est gracié, laissant pour longtemps en tête la supposition qu’un autre Jésus aurait pu prendre réellement la place du crucifié. La place du mort. Or, c’est avec d’autres substituts qu’une telle permutation va se retrouver virtuellement disponible pour les différents schémas mis à contribution par la Tradition musulmane. Mais un second modèle narratif existe encore dans les récits chrétiens.

 

Si chaque évangile comporte son propre récit d’apparitions de Jésus, le point commun de ces « christophanies » est que le Ressuscité – étrangement semblable à lui-même – n’est pas immédiatement reconnu : « Aucun des disciples n’osait lui demander “Qui es-tu ?” » (Jn 21,12) même s’ils ne doutent pas que ce soit le Seigneur. Ainsi dans un premier temps, Marie de Magdala confond Jésus revenu d’entre les morts avec le jardinier. Quand elle avance la main pour s’assurer de sa réalité, Jésus lui ordonne : « Ne me touche pas » (Jn 20,17). Peu après, Thomas, l’un des douze disciples, réitère la même demande : « Si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, et si je ne mets pas ma main dans son côté, je ne croirai pas » (Jn 20,25). Contrairement à ce que la peinture s’est ingéniée à figurer, Thomas face au Christ ressuscité retient son geste et devant le corps intouchable proclame : « Mon Seigneur et mon Dieu » (Jn 20,28).

 

La scène de la tentation de Thomas se retrouve dans d’autres termes chez les Pères de l’Église. Ignace d’Antioche au début du II e siècle, par exemple, cite une phrase attribuée à Jésus (en fait un extrait de la Doctrine de Pierre rapporté par Origène) : « Prenez, touchez-moi et voyez que je ne suis pas un démon incorporel. » L’évangile de Luc évitait d’associer au Christ le mot « démon » tout en développant le même schéma : « Voyez mes mains et mes pieds ; c’est bien moi ! Palpez-moi et rendez-vous compte qu’un esprit n’a ni chair ni os, comme vous voyez que j’en ai » (Lc 24,39). Ressuscité, Jésus apparaît toujours corporel ; ce n’est ni un fantôme ni un spectre mais un être physique, quoique personne ne puisse obtenir de preuve tangible de sa réalité. Il faut croire et rien d’autre. Un être qui semble réel, mais que l’on ne peut toucher (ni Thomas ni Marie-Madeleine n’accomplissent ce geste si on lit bien), c’est très exactement un simulacre, une illusion, une apparence. Ce dont le Coran, quelques siècles plus tard, garde la mémoire. Mais, au lieu que Jésus ressuscité retrouve la vie en apparence, le Jésus coranique n’est pas réellement crucifié.

Mort ou vif L’islam résout l’impasse théologique dans laquelle les chrétiens sont enfermés par la mort de Jésus sur la croix grâce à la formule « wa lâkin shubiha lahum », « il leur a semblé… ». Pour les musulmans, quelles que soient les interprétations données à la sourate IV, la crucifixion de Jésus n’a été finalement qu’une illusion. Dieu a pu laisser croire à ses accusateurs que Jésus était mort, voire les tromper sur l’identité de la victime. Si les juifs à la sourate IV « n’ont certainement pas tué Jésus », même s’ils l’ont cru, même s’ils l’affirment, c’est une ruse de Dieu, une illustration de sa puissance. Allah ne peut pas laisser mourir son envoyé. Au verset 158, le texte se porte aussitôt à son secours : « Mais Dieu l’a élevé vers lui » ou encore au verset 55 de la sourate III : « Dieu dit : “Ô Jésus, je vais en vérité te rappeler à moi ; t’élever vers moi ; te délivrer des incrédules, jusqu’au Jour de la Résurrection.” »

 

La ressemblance troublante entre les apocryphes judéo-chrétiens et le Coran

 

Un grave dilemme s’impose à Karim, puisqu’il rejette les textes extra-canoniques de la Bible, en conclut-il, avec ses « confrères » islamologues que, ayant exclus l’apport surnaturel pour expliquer cette « connivence », il ne peut s’agir que de plagiat, ou, au mieux, d’une influence ?

 

Cette proximité troublante laissa perplexes, aussi bien intentionnés soient-ils, nos deux auteurs de Jésus selon Mahomet :

 

Pourquoi, dans l’islam, est-ce Marie qui est distinguée entre toutes les femmes comme elle l’est dans l’évangile de Luc : « Bénie es-tu entre toutes les femmes, et béni le fruit en ton sein » ? (Lc 1,42). C’est un véritable défi herméneutique que relève le Coran : Marie est unique de son espèce, elle est l’élue, son fils n’est pas engendré par Dieu mais créé par lui : « Et celle qui était restée vierge, nous lui avons insufflé de notre Esprit » (XXI, 91).

 

Cependant, à la forme poétique, le Coran préférera la forme narrative pour célébrer Marie. Il s’attarde longuement – bien plus que sur la crucifixion apparente de Jésus – sur ses parents et sa naissance. Après avoir mis sa fille au monde, sa mère, la femme d’Imran, dit : « Mon Seigneur j’ai mis au monde une fille. – Dieu savait ce qu’elle avait enfanté : un garçon n’est pas semblable à une fille – Je l’appelle Marie » (III, 38). La petite fille est confiée au Temple de Jérusalem, et placée sous la protection de Zacharie, un personnage tiré du récit de l’enfance, au début de l’évangile de Luc et qui n’apparaît dans le Coran qu’en lien avec Marie. Zacharie se lamente, car sa femme est vieille et stérile, mais Dieu décide de lui donner un garçon, ce sera Jean le Baptiste, tandis que les anges annoncent à la Vierge Marie de la part de Dieu : « la bonne nouvelle d’un Verbe émanant de lui : son nom est : le Messie, Jésus, fils de Marie ; illustre en ce monde et dans la vie future ; il est au nombre de ceux qui sont proches de Dieu. Dès le berceau, il parlera aux hommes comme un vieillard ; il sera au nombre des justes » (III, 45-46). Les versets et la suite du texte sont programmatiques, enchâssant un récit de la vie de Jésus dans celui de l’enfance de Marie, comme si l’histoire de l’une était enceinte de l’histoire de l’autre, le présent du futur.

 

Ainsi, après l’Annonciation évoquée par la sourate III, la sourate XIX développe le récit de la grossesse et de l’accouchement. Marie souffre terriblement au moment de l’enfantement : « Malheur à moi ! Que ne suis-je déjà morte totalement oubliée ! » (XIX, 23). Douleurs physiques et psychologiques ignorées du Nouveau Testament. Or ce n’est pas dans une mangeoire ou une crèche que Marie enfante, c’est au milieu du désert, à l’ombre d’un miraculeux palmier, comme si l’épisode transposait la fuite en Égypte selon l’évangile de Luc – épisode qui, en revanche, n’apparaît pas dans le Coran. Pour l’encourager à vivre, pour la consoler, pour la rassasier de dattes fraîches, le palmier miraculeux se penche sur elle tandis qu’un ruisseau jaillit sous ses pieds. « Mange et bois et cesse de pleurer », lui ordonne l’enfant Jésus (XIX, 26). Double miracle : celui du palmier nourricier dans le désert, celui du nouveau-né qui parle (ce prodige qu’évoque encore un autre verset – V, 110 : « Dès le berceau tu parlais aux hommes comme un vieillard »).

 

Ces éléments surnaturels semblent sortis tout droit d’un récit apocryphe chrétien, un évangile de l’enfance, le Pseudo-Matthieu : « Mais, deux jours après leur départ, il advint que Marie, dans le désert, souffrit de l’excessive chaleur du soleil, et, voyant un palmier, elle désira se reposer un peu à son ombre. Joseph s’empressa de la conduire près du palmier et la fit descendre de sa monture. Et, après que Marie se fut assise, levant les yeux vers le feuillage du palmier, elle vit qu’il était chargé de fruits, et elle dit : Oh, s’il était possible que je puisse goûter des fruits de ce palmier. Et Joseph lui dit : Je m’étonne que tu dises cela, alors que tu vois combien ce palmier est haut. Toi, tu songes aux fruits du palmier, mais moi je songe à l’eau qui manque déjà dans nos outres, et nous n’avons pas de quoi les remplir et nous désaltérer. Alors, le petit enfant Jésus, assis sur les genoux de sa mère la vierge, s’écria et dit au palmier : Arbre, incline-toi, et restaure ma mère de tes fruits. Et aussitôt, à cette parole, le palmier inclina sa tête jusqu’aux pieds de Marie, et, après avoir cueilli les fruits qu’ils portaient, tous se restaurèrent. Mais, après que tous ses fruits eurent été cueillis, l’arbre restait incliné, attendant pour se redresser l’ordre de celui qui lui avait ordonné de s’incliner. Alors Jésus lui dit : Redresse-toi, palmier, fortifie-toi et sois le compagnon des arbres que je possède dans le paradis de mon père. Fais jaillir de tes racines les sources cachées et que de l’eau à notre satiété en coule. Et aussitôt le palmier se redressa et d’entre ses racines des sources d’eau limpide, fraîche et très douce se mirent à couler. Voyant couler ces sources d’eau, ils se réjouirent d’une grande joie, et ils burent avec leurs bêtes et leurs serviteurs en rendant grâce à Dieu. »

 

On lit dans le Protévangile de Jacques un récit de l’enfance que Marie a passée au Temple (de Jérusalem) – épisode des plus invraisemblables sur le strict plan historique (sic) : le voile qu’elle tisse, le tirage au sort de celui qui devra veiller sur elle, la nourriture venue du ciel, l’annonciation par les anges, la Nativité. À la manière du midrash juif, le texte coranique va fusionner les influences et les récits, s’approprier la gamme des figures chrétiennes, les répéter et les interpréter selon sa propre partition. Cela suppose que l’auditoire de Mahomet ait déjà connu l’histoire évangélique de Marie et Jésus ; d’autant que les récits ne sont jamais racontés entièrement dans le Coran, mais évoqués par touches plus ou moins détaillées, nécessairement de connivence avec les auditeurs. Il est d’ailleurs significatif de constater que toutes les allusions au Pseudo-Matthieu, au Protévangile de Jacques, voire au récit de l’enfance chez Luc, viennent presque certainement de traditions orales. C’est par l’oreille que l’histoire chrétienne a atteint Mahomet. Le Coran ne cite jamais littéralement les textes chrétiens – orthodoxes ou extra-canoniques –, il les paraphrase, les réinvente comme on peut reformuler, réinventer une histoire racontée par quelqu’un qui, lui-même, la tenait d’un autre qui l’avait entendue ailleurs.

 

Le modèle – très païen du reste – de ce miracle n’apparaît nulle part dans le Nouveau Testament. En revanche, il est en toutes lettres dans les évangiles apocryphes que le Coran se plaît à évoquer. On en trouve une trace dans L’Histoire de l’enfance de Jésus, connue jadis comme L’Évangile de l’enfance selon Thomas, texte composé en grec et traduit très tôt, entre le IV e et le VII e siècle, en syriaque et notamment en éthiopien. Âgé de cinq ans, Jésus joue près d’un ruisseau. « Ensuite il tira de la vase de l’argile molle et en façonna douze oiseaux » bien que ce soit le jour du sabbat. Réprimandé par Joseph, « Jésus frappa des mains et fit s’envoler les passereaux en disant : “Allez, volez et souvenez-vous de moi, vous qui êtes vivants.” » Le thème a été repris plus tard par un évangile populaire, La Vie de Jésus en arabe, dont l’original était écrit directement en syriaque et qui a beaucoup circulé sous la forme d’au moins trois versions arabes. On y voit Jésus enfant à différents âges. À sept ans, Jésus sculpte des figurines d’animaux en terre, puis leur commande de marcher. « Ainsi, il faisait des oiseaux, leur ordonnait de voler, et ils s’envolaient. » Ce texte, peint en couleurs naïves, rend hommage au « fils de Marie » et vise à illustrer les pouvoirs surnaturels du fils du Créateur, y compris sur leur versant diabolique.

 

La repentance d’Adam

 

Autre exemple : la repentance d’Adam après le péché originel, inexistante dans l’Ancien Testament mais que l’on retrouve dans le Talmud (Erouvim, 18b) ainsi que dans la Vie d’Adam et Ève ou Apocalypse de Moïse et dans le Livre d’Hénoch. Les concordances entre le Coran et ce dernier texte sont particulièrement fréquentes. Un autre exemple est celui de la prosternation des anges devant Adam (sauf Iblîs que Dieu maudit et chasse du paradis pour avoir refusé de se prosterner). Cette histoire, évoquée ou décrite sept fois dans le Coran, est absolument étrangère au livre de la Genèse. Mais elle apparaît plusieurs fois dans les traditions chrétiennes apocryphes, la Caverne des trésors, texte syriaque du V e ou VI e siècle attribué à Éphrem ou à l’un de ses disciples, la Vie d’Adam et Ève ou Apocalypse de Moïse, les Questions de Barthélemy, l’Apocalypse de Sedrach. Il en est de même pour la repentance d’Adam après la chute, thème absent de la Bible mais présent dans l’Apocalypse de Moïse et dans le Livre d’Hénoch, mais aussi dans le Talmud (Erouvim, 18b). Sauf à vouloir parier sur une extraordinaire coïncidence, cela montre combien la lecture rabbinique était également présente à l’arrière-plan de l’élaboration du Coran.

                           

Par : Karim Zentici

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1 août 2019 4 01 /08 /août /2019 13:16

L’Orientalisme en a rêvé, Karim Hanifi l’a fait 2/3

 

La thèse musulmane est loin d’être irrationnelle

 

Après leur succès, Jésus sans Jésus, qui, sur la conservation de la Bible, réfute en filigrane Karim Hanifi nous ayant habitués à faire passer les musulmans pour des arriérés fanatiques, les auteurs Gérard Mordillat et Jérôme Prieur s’essaient à Jésus selon Mahomet. Ils sont loin d’être des islamophiles invétérés, car ils imaginent sans peine que le Prophète de l’Islam ait reçu une influence nazaréenne, bien qu’ils soient relativement objectifs. Nul n’échappe à sa condition, et leur approche est purement matérialiste, donc, on ne peut pas leur en vouloir. Ne soyons pas trop exigeant ! Et pourtant, ils arrivent sans effort à valider d’un point de vue purement rationnel, n’en déplaise à Romain Sirugue, la version musulmane de la crucifixion. En voici de larges passages :

 

La crucifixion n’était certes pas un châtiment inconnu des juifs. L’historien juif Flavius Josèphe relate qu’Alexandre Jannée, roi asmonéen de Judée et grand prêtre de Jérusalem (103-76 av. J.-C.), fit crucifier huit cents pharisiens à Jérusalem… Mais à l’époque de Jésus, au I er siècle de notre ère, sous Ponce Pilate, les juifs de Judée n’avaient nullement le droit de mettre à mort ; le jus gladii (le droit du glaive) était le privilège exclusif des autorités romaines d’occupation. La crucifixion était par excellence le « supplice servile » réservé aux esclaves qui se révoltaient contre leurs maîtres ; un mode d’exécution qui fut rapidement étendu aux autochtones des provinces de l’Empire condamnés pour des motifs politiques ou de droit commun.

 

Dans la tradition chrétienne, la crucifixion de Jésus est d’ailleurs l’un des deux points du récit où l’on peut avancer avec certitude que le texte touche à l’histoire, aux faits bruts. Quand les évangiles sont écrits, avant et après la première guerre juive contre Rome, c’est-à-dire entre 70 et 90 de notre ère, quarante à soixante ans après l’événement, les partisans de Jésus auraient tout intérêt à minimiser la responsabilité romaine dans sa mort et à accentuer, plus encore qu’ils ne le font, la culpabilité des autres juifs avec qui ils sont en conflit religieux. Or, ils ne le font pas parce que, précisément, la crucifixion, châtiment romain et non juif, est un fait incontournable. Il n’y a rien à faire, Jésus n’a pas été lapidé par les juifs comme les Romains toléraient qu’ils le fassent en cas de blasphème, mais il a été exécuté comme criminel politique, crucifié, quelle qu’ait été l’importance réelle de son atteinte à la paix romaine. Les quatre évangiles canoniques rapportent bien que Jésus a été exécuté par les Romains après avoir été condamné à mort comme « roi des Juifs », c’est-à-dire pour rébellion et crime de lèse-majesté, des raisons d’ordre public. Ce motif de condamnation est le second point où la probabilité de toucher à l’histoire est quasi certaine. Cette dénomination « roi des Juifs » ne peut venir que de l’extérieur, des Romains. Les juifs ne se nomment pas « juifs » mais « Israël ». Si les juifs avaient été les bourreaux de Jésus, ils l’auraient condamné comme « roi d’Israël » pour dénoncer sa prétention à les gouverner au nom de Dieu. Choisir ce titre d’accusation aurait permis aux auteurs chrétiens des premiers temps d’incriminer les juifs de la façon la plus directe.

 

Une version juive de l’exécution de Jésus se trouve bien dans le Talmud, mais elle est largement réactive à l’essor du christianisme. « On rapporte : la veille de Pâque, on pendit Jésus. Quarante jours auparavant le héraut le précédait en annonçant : “On emmène Jésus de Nazareth pour le lapider en châtiment des chefs suivants : sorcellerie, séduction et égarement d’Israël. Quiconque a connaissance de quelque chose qui soit à sa décharge doit se présenter et plaider en sa faveur !” Mais on ne lui trouva rien qui soit à sa décharge et on le pendit la veille de Pâque » (Talmud Babylone, Sanhédrin 43a).

 

Ce récit bien postérieur aux évangiles indique clairement que si Jésus avait été condamné par les juifs pour blasphème – ce qui n’a pas été le cas – il aurait été lapidé avant d’être pendu au bois, conformément au protocole prévu par le Deutéronome à l’égard des criminels condamnés à la peine capitale : « Il sera mis à mort et tu le pendras au bois » (Dt 21,22-23). Du point de vue juif, le condamné ne doit pas mourir sur la croix, c’est son cadavre qui est « pendu au bois » et qui est l’objet d’une malédiction : « Maudit soit quiconque est attaché au bois » (Dt 21,23).

 

La peine de crucifixion dans le Coran

 

Le Coran connaît lui aussi le châtiment de la crucifixion. Ainsi à la sourate VII peut-on lire cette sentence prononcée par le Pharaon : « Je vous ferai couper la main droite et le pied gauche, puis je vous ferai tous crucifier » (VII, 124) ; ensuite à la sourate XII, puis aux sourates XX et XXVI, on trouve toujours le même scénario d’un châtiment infligé par le Pharaon à ceux qui refusent de renier leur foi. Mais dans la sourate V, le Pharaon disparaît. Les musulmans reprennent à leur compte le mode d’exécution contre ceux « qui font la guerre contre Dieu et son Prophète, ceux qui exercent la violence sur la terre : ils seront tués ou crucifiés ou bien leur main droite et leur pied gauche seront coupés ou bien ils seront expulsés du pays » (V, 33). De même que l’on peut lire dans le Deutéronome deux manières opposées de concevoir la crucifixion, les écoles juridiques musulmanes ne s’accordent pas sur l’interprétation à donner du verset 33 de la sourate V. Pour deux écoles sunnites, les malékites et les hanafites, il est prescrit de crucifier l’homme vivant – comme dans une version du Deutéronome retrouvée parmi les manuscrits de la mer Morte à Qumrân où l’on a pu lire cette variante : « S’il arrive qu’un homme rapporte contre son peuple et qu’il trahisse son peuple, enfin qu’il le livre à un peuple étranger et qu’il agisse mal contre son peuple, vous le pendrez sur le bois et il mourra. » Au contraire, les écoles chaféite et hanbalite prônent l’exposition du cadavre sur la croix après la mise à mort du condamné en obéissant à la prescription traditionnelle du Deutéronome.

 

Les juifs accusés par les chrétiens d’avoir tué le Christ

 

Datée des années 50 de notre ère, dans la première épître aux Thessaloniciens (1 Th 2,14-15), l’apôtre Paul affirmait : « Ce sont ces juifs qui ont fait mourir le Seigneur Jésus et les prophètes, qui nous ont persécutés, qui ne plaisent point à Dieu, et qui sont ennemis de tous les hommes. »

 

Dans les Actes des Apôtres, au verset 24 du chapitre 2, l’auteur de ce récit des débuts du christianisme imagine un discours de Pierre cinquante ans après les événements : « […] ce Jésus, vous l’avez pris et fait mourir en le clouant à la croix par la main des impies » ; c’est-à-dire par la main des soldats romains comme il est dit dans les évangiles de Marc, Matthieu, Luc et Jean. Douze versets plus loin, dans le même discours, on lit tout au contraire : « que toute la maison d’Israël le sache avec certitude. Dieu l’a fait Seigneur et Christ ce Jésus que vous avez crucifié », le pronom « vous » incriminant directement les Juifs.

 

Dans l’évangile de Pierre, récit non canonique écrit vers 180, les juifs outragent Jésus : « Ils le poussaient en courant et disaient : “Traînons le fils de Dieu, puisque nous le tenons en notre pouvoir” […]. Ceux qui étaient présents lui crachaient à la face et d’autres lui frappaient les joues, d’autres le piquaient avec un roseau et certains le fouettaient en disant : “Par cet hommage, honorons le fils de Dieu.” » Plus loin, ce sont les mêmes juifs qui le crucifient, tirent au sort ses vêtements et « accomplirent tout et accumulèrent les péchés sur leur tête ». Au II e siècle encore, vers 160-170, dans son Homélie sur la Pâque, l’évêque Méliton de Sardes, grand théologien d’Asie Mineure, exhorte les juifs : « Voici les paroles, ô Israël, que tu aurais dû crier à Dieu. Ô maître, s’il faut que ton fils souffre, et si telle est ta volonté qu’il souffre, mais pas par moi. Qu’il souffre par les gens d’une autre race, qu’il soit jugé par des gens circoncis, qu’il soit cloué par une main tyrannique mais par moi non. » La main tyrannique n’est plus désormais celle des Romains, mais celle des juifs.

 

Méliton ira encore plus loin, osant écrire : « Celui qui est maître est outragé, celui qui est Dieu est assassiné, celui qui est le roi d’Israël est écarté par une main israélite. » Méliton fonde ici la théorie chrétienne du « peuple déicide ». Une théorie qui, du II e siècle à nos jours en passant même par Alphonse de Lamartine, sera constamment soutenue par les chrétiens les plus intégristes, les plus antisémites : « Serions-nous donc pareils au peuple déicide / Qui, dans l’aveuglement de son orgueil stupide / Du sang de son Sauveur teignit Jérusalem ? » (Lamartine, Harmonies poétiques et religieuses, I, 6.)

 

En s’ouvrant à des non-juifs, le christianisme primitif (qui est un judaïsme) va changer de nature, s’affranchir d’Israël et se tourner vers Rome. Pour mesurer dans les textes eux-mêmes cet incroyable basculement de l’histoire, il n’y a qu’à observer l’évolution du personnage de Pilate à travers les évangiles canoniques : de juge impitoyable chez Marc (le plus primitif), il accède au statut d’avocat de la défense de Jésus dans l’évangile selon Jean (le plus tardif).

 

Les « craignant-Dieu », ces païens devenus majoritaires dans les communautés chrétiennes, vont peu à peu écarter parmi eux tous les juifs qui veulent reconnaître Jésus comme le Messie d’Israël tout en restant fidèles à la loi mosaïque. Ces juifs chrétiens constitueront alors une nébuleuse dont on désignera les membres du terme vague de « judéo-chrétiens », tandis que les autres formeront la grande Église, définitivement coupée de ses racines juives et, pis encore, ennemie déclarée du judaïsme, donné comme intrinsèquement meurtrier. Le Coran répercute l’onde de choc de cette vieille accusation.

 

Voir : Christine Bergano, « L’émergence de la théologie de la substitution dans les discours des Pères de l’Église ».

 

De toutes les accusations contre les juifs, historiquement celle qui eut une portée majeure est sans conteste d’avoir falsifié les Écritures. Les juifs selon le Coran auraient déformé leurs textes saints et corrompu la parole de Dieu : « ils altèrent le sens des paroles révélées » (V, 41) ou « ceux d’entre eux qui étaient injustes substituèrent d’autres paroles à celles qui avaient été dites » (VII, 162). De ce point de vue, le Coran n’innove pas. Il se place ouvertement dans la droite ligne des auteurs chrétiens qui, de L’Apologie d’Aristide à l’Adversus Judaeos de Tertullien en passant par Justin, Méliton de Sardes et l’Évangile de Barnabé, formaliseront cette questio. Dans son Dialogue avec Tryphon, Justin discute avec un rabbin fictif, prétendant lui démontrer pourquoi et comment le christianisme est le véritable judaïsme (27, 4). Ce que le rabbin, aussi imaginaire soit-il, a forcément des difficultés à accepter : « Quoi donc ? dit Tryphon, vous êtes Israël ? » Pour Justin, c’est indiscutable, c’est une vérité établie, une vérité révélée : « Nous sommes la véritable race israélite » (135, 3). Les juifs sont disqualifiés pour n’avoir pas su lire que leurs Écritures annonçaient la venue du Christ à chaque ligne : « Vous êtes un peuple au cœur dur » (Ez 3,7), sot, aveugle, boiteux, « des fils qui n’ont pas la foi » (Dt 32,20), « Vous enseignez vos enseignements et non les siens ». Pour Justin, la Bible appartient à ceux qui savent l’interpréter et se laisser « persuader par elle » ; l’interprétation des juifs ne mérite aucun crédit (20, 3) car ils ne comprennent pas (34, 1).

 

Ces arguments se retrouveront sans exception dans le Coran. Comme s’y retrouveront ceux de Méliton, d’Éphrem le Syrien, de Jean Chrysostome et des Pères de l’Église. Une chaîne de transmission court du Nouveau Testament et des autres écrits chrétiens jusqu’aux sourates coraniques. Les mêmes accusations, les mêmes malédictions circulent d’une tradition à l’autre comme une réserve sans fond d’où extraire ce qui sert sa cause.

 

Les traductions de shubbiha lahum chez les Occidentaux

 

Jacques Berque a proposé une traduction plus radicale de ces deux lignes en écrivant : « Ceux qui là-dessus controversent ne font qu’en douter, sans avoir en l’espèce d’autre science que de suivre la conjecture. »

 

René Khawam écrit : « Ils ne l’ont pas tué, ils ne l’ont pas crucifié, mais quelque chose de semblable leur est apparu. »

 

Ludovico Marracci, membre de la communauté des Clercs réguliers de la Mère de Dieu à Padoue, donna en 1698, outre une réfutation, une traduction latine du Coran, qui ne fut pas la première mais que l’on aurait aimé comparer à celle d’Antoine Galland, l’illustre traducteur des Mille et Une Nuits, si elle n’avait été perdue. On sait pourtant que Marracci a traduit ainsi le verset en question : « sed obieta est eis similitudo eius », « ce qui était devant leurs yeux, c’était sa similitude ». Pour Albert Félix Kasimirski de Biberstein, interprète de la légation française de Perse en 1840 : « non, ils ne l’ont point tué, ils ne l’ont point crucifié, un autre individu qui lui ressemblait lui fut substitué ». Ou bien, plus récemment, au XX e siècle, selon la traduction d’Ameur Ghedira : « non, ils ne l’ont pas crucifié, ce n’était qu’un sosie », tandis que pour l’orientaliste Régis Blachère : « son sosie a été substitué à leurs yeux ». De l’avis des arabisants, la théorie du sosie ou du simulacre est difficile à extrapoler à partir du texte lui-même car elle va beaucoup plus loin que les mots eux-mêmes. Mais cette théorie permet de résoudre le clair-obscur dans lequel demeure plongée la scène de la crucifixion, c’est-à-dire ce qui a pu, d’un point de vue uniquement vraisemblable, réellement avoir lieu.

 

On peut répertorier parmi la vingtaine d’interprétations anciennes que rapportent les recueils du Hadîth trois scénarios principaux. Dans le premier, les juifs se trompent de victime en exécutant un quidam à la place de Jésus ; dans le deuxième, un disciple s’offre volontairement pour remplacer son maître ; dans le troisième cas, Jésus se métamorphose et, échappant miraculeusement à ses bourreaux, se venge de ceux qui ont voulu sa mort.

 

Pierre, nommé aussi Simon ou Kifa (Céphas). Ailleurs, c’est un certain Serge qui s’offre comme otage pour être exécuté en lieu et place de Jésus d’après Ibn Ishâq cité par le Tafsîr, le commentaire de Tabarî. Le nom de Serge, absent de toutes les listes connues des disciples de Jésus, est en revanche, dans les Actes des Apôtres, celui « d’un homme avisé » (Ac 13,7).

 

(…) dans l’évangile de Marc : « Et tous l’abandonnèrent et prirent la fuite. Un jeune homme le suivait, n’ayant qu’un drap sur le corps. On l’arrête, mais lui lâchant le drap s’enfuit tout nu » (Mc 14,50-52).

 

À suivre…

                            

Par : Karim Zentici

http://mizab.over-blog.com/

 

 

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31 juillet 2019 3 31 /07 /juillet /2019 12:38

 

L’Orientalisme en a rêvé, Karim Hanifi l’a fait 1/3

 

1 Non, la main de l'Eternel n'est pas trop courte pour sauver, Ni son oreille trop dure pour entendre. 2 Mais ce sont vos crimes qui mettent une séparation Entre vous et votre Dieu ; Ce sont vos péchés qui vous cachent sa face Et l'empêchent de vous écouter. 3 Car vos mains sont souillées de sang, Et vos doigts de crimes ; Vos lèvres profèrent le mensonge, Votre langue fait entendre l'iniquité.

Ésaïe (59, 1- 3)

 

Voir : http://mizab.over-blog.com/2019/07/karim-hanifi-crucifie-sur-l-autel-du-reformisme-neo-rationaliste-1/4.html

 

Cette partie est consacrée à montrer du doigt le copinage étroit que Romain Sirugue, alias Karim Hanifi, a tissé avec l'orientalisme occidental. D'ailleurs, je ne le considère plus comme un prédicateur musulman, mais un islamologue d'origine musulmane, voire islamophile, qui est intéressant dans la critique textuelle biblique, même si je ne partage pas ses conclusions, mais dont il faut prendre avec une grande circonspection ses positions sur l'Islam, car orientées sous le prisme de l'Occidentalisme matérialiste. 

 

Pour la petite histoire, sa position sur la crucifixion s'inspire, ou rejoint c’est selon, celle du chercheur chrétien Gabriel Said Reynolds qui lui-même s'inspire d'un Jacob de Serugh, alias Jacques de Saroug, évêque monophysite de Batna de l'Eglise syriaque dans la Mésopotamie préislamique. Je ne sais pas s'il était d'origine juive, mais il était en tout cas bienveillant envers les juifs qu'il réfutait. Notons qu'il ne croyait pas à l'Immaculée Conception. Bref, Karim rejoint l'orientalisme qui vise à séparer le Coran du hadith et de son exégèse en vue de le rendre plus vulnérable, plus malléable, et conciliable avec leurs idées ou les idées qu’ils désirent distiller. En voici la démonstration.

 

Dans un article datant de 2009, qui correspond à la période à laquelle Karim, déjà, adhérait à l’idée que Jésus fut mort sur la croix, Reynolds couche sa vision de la crucifixion qu’il comprend du texte coranique. Ayant pour titre the Muslim Jesus: dead or alive ?, il explique notamment que : C'est vraisemblablement l'ambiguïté de sūrat al-nisā, (4) 157–8, affirme Reynolds, qui a amené les érudits musulmans à relier la doctrine du rôle eschatologique de Jésus avec une insistance pour qu'il ne soit pas mort. Cependant, comme le souligne Neal Robinson, il n'y a aucune raison a priori de faire un tel lien.

 

Pour Reynolds, en effet, l’exégèse musulmane octroie à Jésus un rôle eschatologique, contrairement aux enseignements coraniques, pour deux raisons : par sectarisme envers les chrétiens en reprenant leur eschatologie à leur compte, et envers les chiites pour contrer leur credo sur le douzième imam. Reynolds, au même titre que Karim Hanifi, note l’immobilisme en matière exégétique, et condamne le mimétisme des exégètes classiques.

 

 

Aux yeux de Reynolds, le quasi-consensus actuel s'explique par le fait de « lire le Coran à travers l'optique du tafsir », et il ajoute cette citation de Lawson : « ce sont les tafsir, et non le Coran, qui nient la crucifixion ».

 

C’est bien le but, et il est donc curieux, s’étonne Reynolds, de voir Lawson ailleurs insister que la plupart des érudits occidentaux ont « ignoré la tradition exégétique musulmane ».

 

Au contraire, réfute Reynolds, le problème semble être que les érudits occidentaux se sont bien trop appuyés sur la tradition exégétique musulmane. En effet, si les chercheurs occidentaux n’ont pas la piété des exégètes musulmans classiques, néanmoins, ils n’ont pas souvent partagé la même herméneutique : une lecture fiable du Coran doit être obtenue grâce à une lecture critique de l’exégèse islamique, conclut-il.

 

L’effet de cette herméneutique est également manifeste dans les efforts des spécialistes modernes pour trouver une explication historique à la négation apparente du Coran de la crucifixion. C’est bien sûr la tradition exégétique islamique - pas le Coran lui-même -, pense-t-il, qui développe un contexte historique pour le Coran, mais la plupart des érudits des pays occidentaux ont fidèlement suivi cette contextualisation. En conséquence, ils ont cherché à expliquer un aspect de la tradition islamique, que le Coran nie la mort, à travers un autre aspect, que le Coran reflète la carrière d’un homme de l’ombre du début du VIIe siècle. En conséquence, ces chercheurs se sont polarisés sur une secte chrétienne qui pourrait avoir vécu à cette époque et qui aurait tenu des vues « docètes ».

 

Pour cette même raison, poursuit Reynolds, William Montgomery Watt affirme que même un chrétien pourrait accepter la déclaration du Coran sur la crucifixion, « depuis la crucifixion était l'œuvre de soldats romains ; et il est également vrai dans un sens plus profond, puisque la crucifixion n'était pas une victoire pour les juifs en vue de sa résurrection ». En conséquence, Kenneth Cragg fait valoir que l'accent de sūrat al-nisā, (4) 157–8 n'est pas sur la crucifixion elle-même, mais sur l'instinct maléfique des humains, qui croyaient pouvoir déjouer Dieu en tuant son Messager. Ainsi la phrase shubbiha la-hum ne signifie pas que la figure de Jésus leur est apparue, mais plutôt que l'événement a été fait pour apparaître autre que ce qu'il était ; en d'autres termes, Dieu les a dépassés (cf. Q 3.54).

 

En fait, dans une publication ultérieure, Robinson semble concéder la validité d'une telle interprétation. Dans son Encyclopédie du Quran, article, « Jésus », il écrit que la référence du Coran à la crucifixion pourrait signifier « que même si les Juifs pensaient avoir tué Jésus, les musulmans ne doivent pas penser qu’il est mort, car, du point de vue du Coran, il est vivant avec Dieu comme les martyrs de Uh˙ud (q 3,169) ». Si Robinson reconnaît ici que le Coran ne nie pas la mort de Jésus, son explication de la langue du Coran me semble encore imprécise. Le Coran n'a rien à dire sur le fait que Jésus soit vivant avec Dieu au ciel, comme cela concerne les martyrs (Q 3.169; cf. Q 2.154; 3.157; 4.74; 9.111; 47.4–6).

 

O. Carré plaide pour « la lecture non docétiste de la crucifixion du Coran et de l'élévation du corps et de l'âme de Jésus, et également, des martyrs ».[1] L'approche de Masson est différente. Il propose que le Coran insiste pour que la nature divine du Christ n’ait pas été touchée par la mort : « Les hommes, en faisant mourir Jésus, ont fait mourir, in effect, the body in incarnait Verbe eternel et immuable », Masson, 330. 70 K. Cragg, Jésus et le musulman (Londres : George Allen & Unwin, 1985). Cragg affirme que le sens profond de ce passage manque aux commentateurs musulmans qui apportent des dogmes religieux à leur lecture du Coran: « Les convictions islamiques à propos de Jésus et la Croix n’ont jamais été simplement ceux de simples enquêteurs chargés de dence. C'étaient ceux de croyants déjà persuadés par la théologie ... L'historicité est impliqué de manière inextricable dans le thème plus vaste de ce qui devrait être », p. 178.

 

Ainsi, Reynolds s’inscrit dans une perspective déontologique plus large qui consiste à dénuder le Coran de ses liens historiques avec son exégèse, en sombrant dans d’autres difficultés non moins inextricables que celles auxquelles il pensait échapper.

 

Il est paradoxal que ce soit un chercheur de culture musulmane, en la personne de Hichem Djaït, qui nous mette à nue cette approche biaisée de l’orientalisme militant.

« Il s’agit là d’un fait objectif que l’historien ne peut éluder, affirme l’historien musulman. Loin d’être superficiel, l’impact du christianisme sur l’islam primitif fut profond et fortement intériorisé. Ne pas admettre cette réalité, c’est renoncer à comprendre comment Muhammad a pu apparaître en ce temps et en ces lieux. En un mot ce serait consentir au caractère purement et définitivement divin du fait coranique, et arrêter par conséquent toute recherche historique »[2]

 

Ainsi, la seule explication rationnelle pour comprendre la genèse du Coran est d’entériner la thèse du plagiat judéo-chrétien. Ce n’est pas très scientifique tout cela, car elle occulte volontairement l’hypothèse que c’est la Révélation qui ait mis au courant Mohammed sur les agissements du paléo-christianisme. Or, cette hypothèse n’est pas moins rationnelle que la précédente, et elle a le mérite de résoudre les énigmes auxquelles fut confrontée la recherche moderne, sauf que cela ne l’arrange absolument pas ; son paradigme biaisé de départ n’admet que la dimension matérielle de l’homme, et elle occulte de manière systématique, et quasiment avec un fanatisme obscurantiste, sa dimension spirituelle.

 

D’où la conclusion sans appel, celle-là même qui s’impose à Karim Hanifi n’arrivant plus à cacher ses véritables intentions :

 

« Quelqu’un qui aurait pris miraculeusement l’apparence de Jésus serait mort à sa place, à savoir s'il donnait un compte rendu historique de la crucifixion qui était fondamentalement contraire à ce que les juifs et les chrétiens avaient signalé il y a des centaines d’années auparavant, alors certainement un tel compte-rendu révolutionnaire - le cas échéant – aurait marqué les mémoires et aurait été bien conservé. Bien au contraire, les rapports des mufassirūn sont incohérents et souvent contradictoires. Ils se basent tous sur des exégèses aléatoires. Cela me semble être une raison suffisante pour que les érudits critiques lisent ce passage coranique à la lumière des événements antérieurs (juifs et chrétiens) et non plus tardifs (ex. islamiques). Lorsque le Coran est lu sous cet angle, il devient vite apparent que le passage sur la crucifixion est pleinement conforme à la rhétorique chrétienne anti-juif. »

 

Le chercheur dominicain Emmanuel Pisani consacre un article dans lequel il expose les raison objective (comprendre matérialiste) de séparer le Coran de son exégèse et du corpus du hadith. Cet écrit est une véritable mine d’or, et, un aveu en mode caché, ce mode d’emploi par excellence afin de comprendre la méthodologie orientaliste pour saper les fondements de l’Islam au nom de l’objectivité scientifique. Je n’en retiens qu’un passage qui est loin d’être le plus éloquent (il faut mettre des virgules après les car, monsieur le dominicain) :

« (…) en prenant en compte la réception d’une notion dans la tradition musulmane, certains articles ne sont-ils pas tributaires d’une vision traditionnelle faisant de ce dictionnaire davantage celui de l’islam que du Coran ? La remarque n’est pas sans importance car un des enjeux du renouvellement des études coraniques est aussi celui du déploiement du sens du texte aujourd’hui figé par des œuvres de référence de la tradition islamique comme la Sîra d’Ibn Ishâq et d’Ibn Hišâm, le Kitâb al-Tabaqât al-kabîr d’Ibn Sa‘ad, al-Fiqh al-akbar d’Abû Hanîfa, le Muwatta’ de al-Mâlik, la Risâla d’al-Šâfi‘î, le Sahîh d’al-Bukhârî, le Sahîh de Muslim ou le Tafsîr d’al-Tabarî.

 

L’omniprésence de ces ouvrages a fini par rendre les musulmans étrangers à la lecture de leur propre texte sacré, et l’exégèse coranique traditionnelle (tafsîr) a contribué à enfermer la compréhension du Coran dans des schèmes cognitifs propres à des courants théologiques ou à des écoles juridiques dont l’exégète (mufassir) était le représentant. Or, pour l’universitaire tunisien ‘Abd al-Mahîd Šarfî, « c’est une erreur de persister à suivre les Anciens en toutes les options qu’ils ont prises, quand ils ont travaillé à faire passer le message de Muhammad du niveau théorique à celui de l’application. Car ils n’ont compris de ce message que ce que les circonstances historiques leur permettaient de comprendre. Ils l’ont toujours interprété, consciemment ou non, en fonction de leurs intérêts, de leur horizon mental et des luttes profanes dans lesquelles ils étaient totalement impliqués ». En ce sens, un dictionnaire du Coran devrait pouvoir contribuer à procéder à cette prise de distance vis-à-vis des lectures traditionnelles par une extension, un élargissement, un renouvellement du sens et des problématiques au regard du Coran lui-même. Il ne s’agit pas d’ignorer la tradition musulmane ou d’opérer une lecture fondamentaliste, mais de revenir aux fondamentaux du texte appréhendé par une distance critique et de sortir le Coran d’une interprétation figée qui s’en est approprié le sens. »

 

Pour se délecter de ses autres perles, voir : https://www.cairn.info/revue-d-ethique-et-de-theologie-morale-2009-1-page-29.htm?contenu=article

 

À suivre…

                     

Par : Karim Zentici

http://mizab.over-blog.com/

 

 

 

[1] O. Carré, « À propos du coran sur quelques ondes françaises actuelles », Arabica 53, 2006, 353–81, 363.

[2] Hichem Djaït, La Vie de Muhammad, t. II, Fayard, 2008, p. 260

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30 juillet 2019 2 30 /07 /juillet /2019 13:03

Karim Hanifi crucifié sur l’autel du réformisme néo-rationaliste II 3/3

 

‘Abd Allah el Ghumârî souligne dans son livre Iqâmat el burhân ‘alâ nuzûl ‘Issa fî âkhir e-zamân : « Remarque : en regard des textes cités précédemment, il ressort que l’hypothèse soutenant que le pronom revient au partisan du Livre est faible, et que celle soutenant qu’il revient à quelqu’un d’autre que ‘Issa est complètement fausse ; elle ne tient pas debout face aux arguments largement plus solides venant à son encontre. Le noble Verset exprime explicitement que ‘Issa est vivant comme il sous-entend qu’il va revenir sur terre grâce aux annales cité précédemment. Un texte peut parfois constituer une preuve explicite en lui-même ou parfois il le devient grâce aux indices qui l’entourent. Ce n’est pas parce qu’un texte tolère plusieurs hypothèses que celles-ci exercent forcément un influence sur ce dernier, contrairement à ce que s’imaginent bon nombre d’individus qui maîtrisent mal les règles en matière de principologie. » Fin de citation.

 

Les preuves scripturaires du retour de Jésus sur terre

 

1- Le Très-Haut révèle dans la sourate La famille d‘Imrân, concernant l’annonce faite à Mariam au sujet de son fils : (Il communiquera avec les hommes au berceau, mais aussi à l’âge mûr, et il comptera parmi les justes).[1] Le Tout-Puissant dit également dans la sourate Le Repas céleste en s’adressant à ‘Issa : (Et Allah s’adressera à Jésus fils de Marie : souviens-toi des grâces que Je vous ai accordé à ta mère et toi, quand, grâce au renfort du Saint Esprit, tu communiquas avec les hommes dès le berceau, mais aussi à l’âge mûr, que je t’enseignai le Livre et la sagesse, ainsi que la Thora et l’Évangile, que, par Ma Volonté, tu façonnais à partir de la glaise un oiseau à qui, sous l’effet de ton souffle, tu donnais vie avec Ma permission, que, par Ma Volonté, tu guérissais le lépreux et l’aveugle, que, grâce à Moi, tu ramenais les morts dans le royaume des vivants, et que j’empêchai les enfants d’Israël de t’atteindre, qui, incrédules, criaient à la pure magie face aux miracles que tu leur prodiguait).[2]

 

D’après ibn Jarîr dans son exégèse, selon Yûnas, selon ibn Wahb, je l’ai entendu dire (en parlant d’ibn Zaïd) à propos de l’exégèse du Verset : (Il communiquera avec les hommes au berceau, mais aussi à l’âge mûr), ‘Issa a déjà parlé aux hommes au berceau et il leur parlera à nouveau lorsque, à l’âge adulte, il va tuer l’Antéchrist.

 

D’après ibn Jarîr également, selon Yûnas, selon ibn Wahb, ibn Zaïd a dit au sujet du Verset : (Je vais te reprendre, t’élever vers Moi),[3] je vais t’enlever ; le verbe « enlever » est synonyme de « reprendre ». Il ne va pas mourir, poursuit-il, avant de tuer l’Antéchrist. Pour étayer ses propos, il s’est inspiré du Verset : (Il communiquera avec les hommes au berceau, mais aussi à l’âge mûr). Allah, justifie-t-il, l’a élevé au ciel avant qu’il n’atteigne l’âge mûr, mais il reviendra au milieu des mortels pour accomplir cette prophétie.

 

Selon el Husaïn ibn el Fadhl el Bajalî, il sera en âge mûr après son retour sur terre à la fin des temps ; il parlera aux hommes et tuera l’Antéchrist. El Husaïn ibn el Fadhl argumente : « Ce Verset exprime explicitement qu’il  reviendra sur terre. » Tha’lab signe. À ses yeux, ‘Issa aura atteint l’âge mûr lorsqu’il redescendra sur terre. Fin de citation.

 

Les paroles d’ibn Jarîr que nous venons de reproduire ici coïncident avec l’opinion de la plupart des exégètes qui vont tous dans le même sens au sujet de ce Verset qui constitue, pour eux, la preuve formelle que Jésus va revenir à la fin des temps. Il va sans dire que cette opinion est la bonne, si l’on sait que l’expression (à l’âge mûr) est subordonnée au même verbe que la proposition qui la précède ; les deux propositions ayant ainsi la même fonction. Nous pourrions reformuler la phrase comme telle : « Jésus va parler aux hommes au berceau et il leur parlera à l’âge mûr. » Si parler à la naissance est un miracle, il incombe en toute logique que la seconde proposition soit aussi marquée par un fait extraordinaire. Or, il n’y a rien d’extraordinaire à parler à l’âge adulte, et il n’y aurait donc aucun intérêt à le préciser sans cette dimension miraculeuse, surtout dans ce contexte qui a pour ambition d’annoncer une bonne nouvelle.

 

Nous sommes face à un évènement surnaturel. Selon la plupart des érudits, Jésus monta au ciel à l’âge de trente trois ans, et à son retour ce dernier vivra quarante ans, nous informe un hadith authentique. Une autre tradition que rapporte ibn Jarîr sous l’autorité de Ka’b el Akhbâr, avec une chaîne narrative authentique, parle de vingt quatre ans. Une troisième hypothèse, moins probable, avance une durée de sept ans que Jésus passera sur terre avant de mourir à quarante ans, mais la première hypothèse est la bonne.

 

 2- (Tous les adeptes du Livre donneront foi à son ministère avant sa mort, et, le Jour du grand jugement, il présentera son témoignage qui sera ou non en leur faveur).[4] Nous avons vu précédemment que la plus pertinente des opinions rapportées par ibn Jarîr ramènent le pronom dans (avant sa mort), à Jésus – salut à lui –. À cette période, tous les adeptes du Livre vont croire en lui, car il va lever le tribut et soumettra de choisir entre l’Islam et la mort. Tout récalcitrant sera passé au fil de l’épée. Ainsi, si le pronom revient effectivement à ‘Issa comme le suggère l’opinion faisant autorité, son retour sur terre devient élémentaire et ne prête plus au moindre doute.

C’est bien lui qui descendra sur terre comme l’affirment les hadith authentiques communément transmis que nous allons ultérieurement recenser in shâ Allah ! Ce n’est certainement pas les adeptes du Livre qui vont monter au ciel pour croire en lui.

 

3- Allah (I) révèle : (Et [son retour], n’en doutez point, est le signe de l’Heure de la fin du monde, alors vous n’avez qu’à me suivre sur la voie droite que je vous ai tracée).[5]

 

Dans son livre Iqâmat el burhân ‘alâ nuzûl ‘Issa  fî âkhir e-zamân, ‘Abd Allah el Ghumârî souligne au sujet de ce Verset que le retour du fils de Marie sur terre est le signe qui ne doit prêter aucun doute, de la fin du monde.

 

L’Ami d’Allah (r) l’a interprété ainsi, nous apprend ibn Hibbân dans son recueil e-sahîh, sous le chapitre ayant pour titre dhikr el bayân bi anna nuzûl ‘Issa ibn Mariam min a’lâm e-Sâ’a : selon Mohammed ibn el Hasan ibn el Khalîl, selon Hishâm ibn ‘Ammar, selon el Walîd ibn Muslim, selon Shaïbân ibn ‘Abd e-Rahmân, selon ‘Âsim, selon Abû Ruzaïn, selon Abû Yahyâ le captif d’ibn ‘Afrâ, selon ibn ‘Abbâs, le Prophète (r) a affirmé au sujet du Verset : (Et [son retour], n’en doutez point, est le signe de l’Heure de la fin du monde) : « Ce Verset annonce le retour sur terre d’Issa fils de Mariam avant la fin du monde. » Cette chaîne narrative dont les rapporteurs sont crédibles, est authentique ; ‘Âsim est une grande référence connue en matière de Lecture du Coran.

 

Des références telles qu’ibn ‘Abbâs, Abû Mâlik, el Hasan, Mujâhid, Qatâda, e-Suddî, e-Dhahhaq, ibn Zaïd et tant d’autres corroborent cette tradition. Le tafsîr d’ibn Jarîr répertorie leurs narrations avec diverses chaînes narratives qui indiquent toutes explicitement que le Verset fait allusion au retour du Messie avant la fin du monde.

 

C’est la seule interprétation qui s’impose, et toute autre option est d’emblée écartée pour les raisons suivantes :

 

Primo : celle-ci coïncide avec un Propos prophétique comme nous l’avons vu ci-dessus.

 

Secundo : le contexte porte exclusivement sur Jésus, qu’on en juge : (Ibn Mariam fut donné en exemple, et là ton peuple se mit à le railler • Ils protestèrent : nos divinités ne valent-elles pas mieux que lui ? Cette vile comparaison, venant de querelleurs opiniâtres, avaient pour seule ambition de déclencher une polémique • Jésus n’est qu’un simple serviteur qui fut comblé par Notre grâce, et dont Nous fîmes un exemple dans les rangs des tribus d’Israël • Il nous serait aisé d’installer sur terre à votre place des générations d’anges qui se succéderaient les unes à la suite des autres • Et [son retour], n’en doutez point, est le signe de l’Heure de la fin du monde, alors vous n’avez qu’à me suivre sur la voie droite que je vous ai tracée).[6]

 

Il n’est pas pertinent de sortir le Verset de son contexte, sans ne s’appuyer sur la moindre preuve issue des textes scripturaires de l’Islam composés du Coran et de la tradition faisant autorité, comme l’a signalé ci-dessus le grand exégète Tabarî.

 

Tercio : faire revenir le pronom à quelqu’un d’autre qu‘Issa affecterait foncièrement le style, ce qui est en contradiction avec l’éloquence dont se prévaut le Coran. Fin de citation.

 

L’érudit ibn Kathîr fait savoir pour sa part à propos du passage : (Et [son retour], n’en doutez point, est le signe de l’Heure)[7] : « Nous avons précédemment précisé à travers l’exégèse d’ibn Ishâq que le « signe » (‘ilm) en question correspond aux miracles qui ornent la mission d‘Issa ayant ressuscité les morts, guéri l’aveugle et le lépreux, etc. sauf que cette exégèse est sujette à discussion. Une autre explication encore moins pertinent que rapporte Qatâda selon el Hasan el Basrî et Sa’îd ibn Jubaïr, assume que le pronom personnel « il » reviendrait au Coran.

 

En réalité, il revient à ‘Issa à qui le contexte est consacré. Le Verset signifie ainsi qu’il va redescendre sur terre avant la fin des temps comme le confirme l’Auteur de ces Paroles : (Tous les adeptes du Livre donneront foi à son ministère avant sa mort) c’est-à-dire avant la mort de Jésus. Puis, le Jour de la Résurrection, il se chargera de témoigner contre eux. Une autre lecture du Verset vient confirmer cette orientation. Celle-ci formule que le retour d’Issa fils de Mariam avant le Jour de la Résurrection est un signal (‘alam) de la fin du monde. Cette exégèse a notamment été soutenue par Abû Huraïra, ibn Abbâs, Abû el ‘Âliya, Abû Mâlik, ‘Ikrima, el Hasan, Qatâda, e-Dhahhâq, etc. Sans compter que selon des hadith communément transmis, le Messager d’Allah (r) informe que ‘Issa va revenir sur terre où il va régner en tant que chef sage et juste. » Fin de citation.

 

Alors penchons-nous désormais sur les hadith authentiques qui parlent du retour du Christ sur terre. Si certains d’entre eux ne dépassent pas le degré de narrations isolées (âhâd), tous sont malgré tout liés par une point commun ; ce qui nous amène à conclure qu’ils sont symboliquement communément transmis (mutawâtir ma’nawî) de sorte que l’information qu’ils s’accordent à rapporter devient incontestable. Nous disons donc avec l’aide d’Allah !

 

Puis, l’auteur rapporte quinze hadîth certifiés qui confirment le retour de Jésus sur terre à la fin des temps, et que, par voie de conséquence, il se trouve actuellement vivant au ciel.

                           

Par : Karim Zentici

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[1] La famille d‘Imrân ; 46

[2] Le Repas céleste ; 110

[3] La famille d‘Imrân ; 55

[4] Les femmes ; 159

[5] Les ornements ; 61

[6] Les ornements ; 57-61

[7] Les ornements ; 61

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29 juillet 2019 1 29 /07 /juillet /2019 14:10

Karim Hanifi crucifié sur l’autel du réformisme néo-rationaliste II 2/3

 

Or, le Messie a été élevé au ciel dans le sens où il a été purifié (épargné, débarrassé) du complot des juifs visant à le tuer. Si el wafâ signifiait vraiment la mort, l’annonce faite par Allah de le préserver et de le sauver se saurait avérée fausse. Selon cette hypothèse, le Seigneur lui-même aurait débarrassé les juifs de Jésus qui souhaitaient sa mort d’une façon ou d’une autre. Est-il possible de comprendre le verset suivant : (Les juifs complotèrent contre Jésus, mais Dieu, le plus fin des stratèges, déjoua leur complot)[1] en disant qu’Allah a fait mourir Son serviteur ? Quel est le meilleur stratagème pour déjouer le complot des juifs, le faire mourir avant qu’ils ne lui mettent la main dessus ou bien de l’élever vers Lui, et de le faire revenir sur terre à la fin des temps afin qu’il tire vengeance de ses conspirateurs et de ses ennemis ? Ce jour-là il va les soumettre par les armes à une seule religion qui est l’Islam ; tout récalcitrant sera tué et tout converti aura la vie sauve. Aucune narration authentique digne de considération parmi les nombreuses versions que rapportent ibn Kathîr ne laisse entendre qu’el wafâ signifie « faire mourir ».

 

La narration d’ibn ‘Abbâs rapportée par ‘Ali ibn Abî Talha est en effet munqati’ (interrompue, coupée à l’intérieur : chaîne narrative dont il manque un rapporteur à l’intérieur, contrairement à la chaine maqtû’ qui est coupée aux extrémités ndt.). Ibn Abî Talha ne l’a pas entendu directement d’ibn ‘Abbâs. Celle-ci ne fait pas le poids devant les nombreuses autres versions attribuées à ibn ‘Abbâs spécifiant que le fils de Marie se trouve actuellement au ciel à la suite d’une ascension, et qu’il va, plus tard, revenir sur terre. Et quand bien même, elle serait authentique, ce serait logiquement pour signifier que le Messie va connaître la mort à la fin des temps une fois qu’il sera revenu au milieu des terriens. Cette orientation qui s’impose pour plus de cohérence est corroborée par Qatâda. Il est notoire que la conjonction de coordination wa (et) n’indique ni l’ordre chronologique ni la conséquence. Cette orientation est donc beaucoup plus pertinente que celle avancée par Wahb ibn Munabbih, sous l’autorité d’ibn Ishâq. Cela, afin qu’elle s’accorde avec les autres annales rapportées par ce même Compagnon.

 

La narration de Wahb ibn Munabbih n’a pas plus de poids que celle d’ibn ‘Abbâs. Déjà, ibn Ishâq, sa source, est un historiographe non un spécialiste en hadith. D’autre part, Wahb ibn Munabbih est un juif converti. En règle générale, les gens du Livre ayant embrassé l’Islam se servent de bon nombre d’anecdotes israélites issues de leur culture pour expliquer le Coran. Quoi que, Wahb ne fait que souligner ici que le fils de Marie a goûté à la mort pendant trois heures durant lesquelles il fut élevé au ciel, avant de retrouver à nouveau la vie.

Pour Ibn Hazm, le Christ a connu la mort avant d’être élevé au ciel, en se fiant au sens strict du texte : (Je vais te reprendre, t’élever vers Moi). S’il a vu juste pour l’élévation, il n’est pas allé plus loin que le sens littéral du texte concernant la première partie du Verset, comme il est de coutume chez les littéralistes.

 

Après déduction, il reste trois interprétations plausibles pour expliquer le Verset en question :

 

  1. L’opinion de la majorité : ibn Kathîr l’a adopté et l’a imputé à el Hasan el Basrî par le biais d’une narration. Selon cette opinion, el wafâ signifie « faire dormir ».[2]
  2. L’opinion de Qatâda qui a interverti l’ordre chronologique du Verset. Selon lui, il voudrait dire : « Je vais t’élever et reprendre ton âme » c’est-à-dire après ton retour sur terre.
  3. L’opinion d’ibn Jarîr concernant le sens d’el wafâ : il correspondrait à l’élévation proprement dite. Autrement dit, Je vais t’enlever de la surface de la terre et te monter corps et âme au ciel. Cette exégèse est attribuée à ibn Zaïd, et correspond notamment à celle qu’ibn Kathîr a attribué à Matar el Warrâq.

 

Ces trois interprétations s’accordent à dire que le Messie fut élevé vivant au ciel, bien qu’elles ne soient pas toutes aussi plausibles les unes que les autres. L’opinion la plus cohérente, au demeurant, est celle de la majorité des savants, puis celle de Qatâda, et enfin celle d’ibn Jarîr qui s’inscrit en troisième position, mais certes Dieu seul le sait !

 

2- Allah (I) révèle : (Et pour avoir soutenu qu’ils avaient mis à mort Jésus fils de Marie, et messager de Dieu, alors qu’ils ne le tuèrent point, ni même ne le crucifièrent, mais ils furent victimes d’une illusion. D’ailleurs, ceux-là même qui se divisèrent sur la chose, n’en avaient aucune certitude. Ils se livraient à de vulgaires conjectures, envahis qu’ils furent par le doute sur sa mort probable • Allah, Tout-Puissant et Sage, l’éleva plutôt vers Lui).[3]

 

Le Seigneur dément les Juifs qui se glorifient du meurtre d‘Issa (u) sur la croix. Il informe, en revanche, sachant que Ses informations sont infaillibles, qu’un substitut l’a remplacé sur le bois. Allah a donné son apparence vraisemblablement à l’un de ses disciples, mais peut-être aussi à l’un de ses ennemis, qui a donc été condamné à mort et crucifié vivant à la place de Jésus, et à l’insu de ses bourreaux. Le Très-Haut met ensuite à notre connaissance que le doute demeure malgré tout dans leur esprit, et qu’ils n’ont pas la certitude de l’avoir éliminé réellement. En fait, ils sont nourris par la présomption qui n’est fondée sur aucune certitude.

 

Contrairement à leurs  allégations, nous dit le Coran,  le fils de Marie est monté au ciel. Le Verset s’achève sur les deux Noms sublimes le Puissant et le Sage qui exaltent le Dieu triomphant sur ses ennemis dont le plan a été mis en échec. Dans son immense sagesse, Le Tout-Puissant a sauvé son serviteur des griffes de ses inquisiteurs. Le Verset démontre explicitement qu‘Issa fut élevé vivant au ciel, et il  réfute par-là même qu’il fut assassiné et crucifié. Si le Messie était vraiment mort et enterré sur terre (sic), et si l’élévation en question correspondait à l’élévation de son âme ou encore de son rang comme le prétend l’adversaire, il n’aurait pas été adéquat d’évoquer son élévation en opposition à son meurtre. Le fait qu’il fut élevé vivant réfute justement l’idée qu’il fut tué et crucifié sinon le Verset aurait dit : « Ils ne l’ont ni tué ni crucifié mais Allah l’a fait mourir. »

 

(Allah, Tout-Puissant et Sage, l’éleva plutôt vers Lui) : Quel élément permet de penser qu’Allah a élevé l’âme de Jésus uniquement, alors que le Verset rejette justement l’idée qu’il fut tué et crucifié ? S’il avait s’agit de l’élévation de l’âme, cela n’aurait eu aucune conséquence sur le meurtre présumé du Messie. Cette hypothèse rendrait plutôt cette revendication cohérente. En supposant qu’il fut effectivement assassiné, son âme serait montée au ciel. Pourtant, l’élévation dont il est question dans le Verset laisse entendre que le Seigneur (I) a privilégié Son serviteur d’une certaine faveur. Il l’a fait monter vivant (corps et âme) auprès de Lui. En cela, il se distingue des autres Prophètes et des croyants en général dont les âmes sont élevées au ciel après leur mort. Or, le Verset met l’accent sur une particularité dont ‘Issa est le seul à jouir.

 

(Allah, Tout-Puissant et Sage) : en concluant le Verset en ces termes, Allah nous manifeste Sa Puissance et Sa Sagesse. Cette manifestation devient cohérente dans la mesure où il s’agit d’un événement important et hors du commun. Il n’y a rien de particulier à ce que l’âme d‘Issa soit élevée après sa mort, car comme nous l’avons souligné il ne se distinguerait en rien des autres croyants. Voyons plutôt ce que  les exégètes parmi les anciens nous disent à ce sujet.

 

Ibn Abî Hâtim a dit : d’après Ahmed ibn Sinân, selon Abû Mu’âwiya, selon el A’mash, selon el Minhâl ibn ‘Amr, selon Sa’îd ibn Jubaïr, ibn ‘Abbâs a dit : « Le jour où Allah prit la décision de l’élever au ciel, ‘Issa rejoignit ses compagnons dans la maison où s’étaient réunis douze hommes qui composaient ses Apôtres. Il était arrivé de la fontaine qui se trouvait à l’intérieur, et son visage ruisselait d’eau. Sur place, il s’exclama : « Cette nuit, l’un d’entre vous va me renier douze fois après avoir cru en moi. Qui d’entre vous veut prendre mon apparence et se faire tuer à ma place afin d’avoir le même rang que le mien ? » L’un des plus jeunes de l’assemblée s’est alors levé. « Assis-toi lui, lança-t-il ! » Après avoir réitéré sa question, ce jeune se leva à nouveau. « Assis-toi, répéta-t-il ! » La troisième fois, le garçon en question se leva et s’écria : « moi !

  • Tu seras cet homme » affirma finalement Jésus.

Le jeune homme reçut l’apparence de son maître, et ‘Issa fut élevé au ciel par une petite lucarne de la maison. Lorsque les soldats juifs envahirent les lieux pour s’emparés d‘Issa, ils eurent à faire à son double qu’ils emportèrent pour le tuer et le mettre en croix. L’un des Apôtres renia alors douze fois le Messie après avoir cru en lui. »

 

Ibn Kathîr, qui rapporte cette annale, en a fait le commentaire suivant : « Sa chaîne narrative jusqu’à ibn ‘Abbâs est authentique. Cette annale est rapporté également par e-Nasâî, selon Abû Kuraïb, selon Abû Mu’âwîya, etc. Plus d’un ancien mentionne qu‘Issa a dit : « Qui d’entre vous veut prendre mon apparence et se faire tuer à ma place pour me tenir compagnie au Paradis ? » »[4]

Ibn Ishâq a dit : d’après un ancien chrétien converti à l’Islam, Allah a annoncé à Jésus : « Je vais t’élevé vers moi ! » Dès lors, Jésus s’est exclamé : « Vous les Apôtres ! Qui d’entre vous veut me tenir compagnie au Paradis ? Il lui suffit de se faire passer pour moi auprès de mes bourreaux en prenant mon apparence, et de se faire tuer à ma place.

  • Moi, Esprit de Dieu, s’écria Serge !
  • Assis-toi à ma place, lui somma-t-il. »

 

Serge a pris la place d‘Issa (u)  qui a été élevé au ciel. Les soldats sont alors entrés et se sont emparés de son double pour le crucifier. Ils l’ont ainsi confondu avec l’Apôtre de Dieu.

D’après ibn Jarîr, selon Mujâhid, un homme qui reçut l’apparence du Christ fut crucifié à sa place tandis qu’il fut élevé vers le Très-Haut.

 

3- Allah (I) révèle : (Tous les adeptes du Livre donneront foi à son ministère avant sa mort, et, le Jour du grand jugement, il présentera son témoignage qui sera ou non en leur faveur).[5]

 

Ibn Jarîr explique : « Les exégètes ont des opinions différentes pour expliquer ce Verset. Certains assurent notamment que : (Tous les adeptes du Livre donneront foi à son ministère avant sa mort) signifie avant la mort d‘Issa à l’époque où il va redescendre sur terre pour tuer l’Antéchrist. En ces temps futurs, il n’y aura plus qu’une seule confession qui est l’Islam, la religion hanîfiya (fidèle) d’Ibrahim (u). »

 

Les partisans de cette opinion :

 

Selon ibn Bashshâr, selon ‘Abd e-Rahmân, selon Sufiân, selon Abû Husaïn, selon Sa’îd ibn Jubaïr, selon ibn ‘Abbâs : (Tous les adeptes du Livre donneront foi à son ministère avant sa mort) avant la mort d‘Issa (u). El ‘Awfî a rapporté la même chose de la part d’ibn ‘Abbâs. Quant à Abû Mâlik, il affirme au sujet du Verset : (Tous les adeptes du Livre donneront foi à son ministère avant sa mort), que cela aura lieu au moment où ‘Issa ibn Mariam (u) redescendra avant sa mort, période à laquelle tous les gens du Livre sans exception vont croire en lui.

Selon e-Dhahhâq, selon ibn ‘Abbâs : (Tous les adeptes du Livre donneront foi à son ministère avant sa mort) fait référence aux Juifs uniquement, mais pour el Hasan el Basrî il s’agirait du Négus et de son entourage. Ces deux narrations ont été rapportées par ibn Abî Hâtim.

 

D’après ibn Jarîr également, selon Ya’qûb, selon Abû Rajâ, el Hasan a signalé au sujet du Verset : (Tous les adeptes du Livre donneront foi à son ministère avant sa mort) : « Cela se passera avant la mort d‘Issa. Par Allah ! Il est actuellement vivant auprès d’Allah, mais dès qu’il va redescendre sur terre, tout le monde va croire en lui. »

 

Après avoir relaté les paroles d’ibn Jarîr, ibn Kathîr a fait le commentaire suivant : « Qatâda, ‘Abd e-Rahmân ibn Zaïd ibn Aslam, et tant d’autres ont la même explication. Cette opinion est la bonne comme nous allons le démontrer prochainement grâce à une preuve irréfutable in sha Allah ! Nous avons confiance en Dieu en qui nous nous remettons entièrement ! »

Ibn Kathîr a rapporté selon ibn Jarîr l’opinion des exégètes disant que le pronom dans : (avant sa mort)[6] correspond soit à un juif soit à un chrétien non au fils de Marie. Autrement dit, nul adepte du Livre parmi les juifs et les chrétiens ne va goûter à la mort sans n’avoir cru auparavant à ‘Issa. L’explication est la même au sujet de Mohammed (r) ; c’est-à-dire qu’un adepte du Livre va croire en lui avant que cet adepte en question ne rendra l’âme. Or, ibn Kathîr a fait savoir en commentaire : ibn Jarîr a précisé ensuite que l’opinion la plus pertinente était la première d’entre elles alléguant que tous les gens du Livre sans exception vont croire à ‘Issa après son retour sur terre, et avant que ce dernier ne goûte à la mort. Nul doute qu’ibn Jarîr a choisi la bonne opinion, car celle-ci coïncide au contexte dans lequel le Seigneur réfute catégoriquement la prétention des juifs qui se vantent, comme le croient les chrétiens crédules, d’avoir crucifié et assassiné le Christ.

Il n’en fut pas ainsi, nous informe le Seigneur, mais Jésus fut remplacé par un substitut qui fut tué à sa place sans que ses bourreaux s’en aperçoivent. Puis, le Seigneur le fit monter auprès de Lui. Il est actuellement vivant, et il va redescendre avant la fin des temps comme le confirment les annales communément transmises que nous allons mentionner sous peu in shâ Allah !

 

Dès lors, il va tuer l’Antéchrist, briser la croix, tuer le porc, et lever le tribut dans le sens où il ne l’acceptera pas des partisans des autres religions qui n’auront d’autre choix que l’Islam ou l’épée. Le noble Verset ci-dessus nous apprend donc qu’à cette période, tous les gens du Livre vont croire en lui sans qu’aucun d’entre eux ne se désiste. C’est pourquoi, le Verset précise : (Tous les adeptes du Livre donneront foi à son ministère avant sa mort).[7] Soit, avant la mort d‘Issa qui serait selon les juifs et les chrétiens qui les ont imités, mort et crucifié ; (et, le Jour du grand jugement, il présentera son témoignage qui sera ou non en leur faveur)[8] : c’est-à-dire qu’il va témoigner des œuvres des adeptes de ces deux confessions dont il fut contemporain avant de monter au ciel et après son retour sur terre…

 

Il a dit ensuite : ainsi, ce Verset établit comme nous l’avons signalé, que le Messie est actuellement en vie, qu’il se trouve au ciel, et qu’il va redescendre sur terre avant la fin temps dans le but de démentir les allégations des juifs et des chrétiens à son encontre, et qui sont aussi diversifiées que contradictoires, et dénuées de toute vérité. D’un côté les juifs manquent de considération à son égard (tafrît) et de l’autre côté les chrétiens éprouvent envers lui de la considération à outrance (ifrât). Les juifs en effet manquent de respect à lui et à sa mère pour avoir proférer de graves calomnies sur leur dos. À l’opposé, les chrétiens l’encensent avec exagération en lui octroyant des qualités qu’il n’a pas et en le hissant du statut de prophète à celui de divinité. Allah est bien au-dessus des mensonges que profèrent les uns et les autres ! Qu’Il soit exalté et sanctifié ! Il n’y a d’autre dieu digne d’être adoré en dehors de Lui ! Fin de citation.

 

À suivre…

                     

Par : Karim Zentici

http://mizab.over-blog.com/

 

[1] La famille d‘Imrân ; 54

[2] Nous ne concédons pas facilement à ibn Kathîr que la majorité valide le sens de « faire dormir » pour el wafa, dans la mesure où aucun ancien ne l’a jamais avancé de façon sûre. Déjà, la narration de Hassan est « faible », et, aux dires d’ibn Taïmiya (bayân talbîs el jahmiya (2/419), et peut-être de façon plus claire, d’ibn ‘Atiya (el muharrar el wajîz 3/143), il existe un consensus stipulant que Jésus est actuellement vivant au ciel, et qu’il reviendra à la fin des temps. nous le verrons, des traditions communément transmises corroborent cette assertion.

En outre, en dehors d’ibn Munabbih qui s’inspire des annales israélites, et d’une narration jugée « faible » imputé à ibn ‘Abbâz, aucun ancien n’a jamais interprété el wafa par la mort dans ce contexte, wa Allah a’lam (N. du T.).

[3] Les femmes ; 157-158

[4] L’authenticité de cette narration est controversée, mais celle-ci est recoupée par un ensemble d’indices qui valident l’idée du « substitut », n’en déplaise à notre boulimique Karim Hanifi.

[5] Les femmes ; 159

[6] Les femmes ; 159

[7] Les femmes ; 159

[8] Les femmes ; 159

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28 juillet 2019 7 28 /07 /juillet /2019 17:51

Karim Hanifi crucifié sur l’autel du réformisme néo-rationaliste II 1/3

 

Psaumes 7
14 Voici, le méchant prépare le mal, Il conçoit l'iniquité, et il enfante le néant.
15 Il ouvre une fosse, il la creuse, Et il tombe dans la fosse qu'il a faite.
16 Son iniquité retombe sur sa tête, Et sa violence redescend sur son front.
Psaumes 9
15 Les nations tombent dans la fosse qu'elles ont faite, Leur pied se prend au filet qu'elles ont caché.
16 L'Eternel se montre, il fait justice, Il enlace le méchant dans l'œuvre de ses mains. -Jeu d'instruments. Pause.
Psaumes 35.8  
Que la ruine les atteigne à l'improviste, Qu'ils soient pris dans le filet qu'ils ont tendu, Qu'ils y tombent et périssent !
Proverbes 11
5 La justice de l'homme intègre aplanit sa voie, Mais le méchant tombe par sa méchanceté.
6 La justice des hommes droits les délivre, Mais les méchants sont pris par leur malice.
Proverbes 26:27 
Celui qui creuse une fosse y tombe, Et la pierre revient sur celui qui la roule.
Ecclésiaste 10:8  
Celui qui creuse une fosse y tombera, et celui qui renverse une muraille sera mordu par un serpent.

 

Voir : http://mizab.over-blog.com/2019/07/karim-hanifi-crucifie-sur-l-autel-du-reformisme-neo-rationaliste-1/4.html

 

Finalement, Karim Hanifi, comme ne l’indique peut-être pas sa physionomie, est un bourrin avec sa propension à jeter à la poubelle tout ce qui ne va pas dans le sens de ses idées funestes, si tant est qu’il donne l’impression d’obéir à un planning en vue de mettre en place la destruction contrôlé de l’orthodoxie musulmane. La tâche fut facile au début quand il a fallu éliminer de sa route les apocryphes chrétiens et le très controversé Évangile de Barnabé pour notamment défendre sa thèse sur l’enfant-sacrifice et la crucifixion.  Après, vu sa carrure, à cette étape de sa carrière, il s’est fendu d’une attaque en règle des deux compilations de hadîth les plus solides, les incontournables Bukhârî et Muslim, et force est de constater qu’il n’a pas froid aux yeux, car rien ne lui fait peur dans le lourd patrimoine islamique. Il relève tous les défis qui se présentent à lui quitte à annihiler d’un revers de la main pas moins de cent exégèses, rien que cela.

 

Aux grandes ambitions les grands moyens. Désormais, intrépide, il cherche à séparer les musulmans de leurs exégètes pour mieux leur inoculer ses vues en phase avec la Bible. Pourtant, il criait à qui voulait l’entendre que je mentais sur lui. Décidemment, la fuite en avant qu’il s’est tracée nous ouvre bien des perspectives de réfutation. Merci champion de nous faciliter l’entreprise. À quand la nouvelle flèche à ton arc, la thèse de l’islamologue Hassan Chahdi qui manque à ton tableau de chasse pour atteindre les sommets de la gloire en te distinguant de la petite gens et du commun des mortels au sein des musulmans.

 

C’est une véritable manie chez ces chercheurs de trophées qui mènent leur intelligence au service de leur égo, sur les hauteurs tout la haut, loin des troupeaux et des ouailles apeurées que tu toise de ton regard dédaigneux, et que tu alimentes des miettes de ton érudition débordante dans les nues de ta généreuse imagination immaculée. Le problème, c’est qu’en prenant de l’assurance face à une résistance faible, on en arrive à baisser sa garde. Il devrait savoir, lui l’illustre érudit, qu’il ne faut jamais sous-estimer son adversaire, cette erreur fatale qui risque véritablement de lui en coûter. Car, il s’empêtre aujourd’hui dans un dilemme inéluctable. Ha, sacrée folie des grandeurs, il faut bien un jour en payer les pots cassés. Je comprends que pour arriver à ses fins, il ne faille pas lésiner sur les moyens, mais alors assume mon ami, et confie-nous le fond de ta pensée, bien que, je ne suis pas dupe, cela reste paradoxal, et anecdotique dans ton parcours vers les sommets de la reconnaissance intellectuelle, à défaut d’être un grand orateur à la photogénie impeccable. On ne peut pas tout avoir, il faut se faire une raison Super Karim.

 

Alors, voici le dilemme qui s’impose à toi : est-ce que le Coran, le Livre sacré des musulmans est un mauvais plagiat des apocryphes judéo-chrétiens ? Ce n’est pas en séparant le Coran de son exégèse que tu vas te tirer d’affaire, et retirer cette épine enfoncé dans ton pied collé au bois consacré au sacrifice du supplicié, si ce n’est qu’auprès des dupes et des incultes complexés, ou des ouailles aveuglées par la grandeur de l’Occident matérialise en cruelle perte de vitesse.

 

Les preuves scripturaires que Jésus n’est pas mort sur la croix

 

Voir : fasl el maqâl fî raf’ ‘Îsâ hayyan du Sheïkh D. Mohammed ibn khalîl Harrâs

 

1- Allah (I) révèle : (Alors, Allah s’adressa à Jésus : Je vais te reprendre, t’élever vers Moi, te débarrasser des infidèles, et placer tes adeptes, jusqu’au Jour de la Résurrection, au-dessus de ces derniers. Puis, vous serez ramenés vers Moi, et là Je trancherais sur ce qui faisait l’objet de vos divergences)[1]

 

Les exégètes ont des avis partagés sur l’explication du Verset : (Je vais te reprendre, t’élever vers Moi). Pour Qatâda, notamment, l’ordre de la phrase est inversé. Autrement dit, « Je vais t’élever, et après cela te faire dormir ». D’après ‘Ali ibn Abî Talha, selon ibn ‘Abbâs, « te reprendre » signifie « te faire mourir ». Mohammed ibn Ishâq rapporte d’après une personne de confiance, les paroles de Wahb ibn Munabbih : « Allah l’a fait dormir à l’aube trois heures durant, le jour où Il l’a élevé vers Lui. » aux yeux d’ibn Ishâq, les chrétiens prétendent qu’Allah a repris l’âme de Jésus pendant sept heures avant de la lui rendre. D’après Ishâq ibn Bishr, selon Idrîs, selon Wahb, Allah lui a redonné la vie après lui avoir donné la mort et, au bout de trois jours, Il l’a élevé au ciel.

 

Matar el Warrâq, pour sa part, affirme que le Seigneur des cieux et de la terre lui a extirpé l’âme du monde des terriens sans pour autant l’avoir faire mourir. Ibn Jarîr Tabarî, en accord avec cette idée, interprète el wafâ (mourir ou dormir) ici par l’élévation au ciel. La majorité des exégètes définissent el wafâ dans ce contexte par le sommeil. En voici deux exemples dans le saint Coran : (Il est Celui qui vous reprend l’âme au cours de la nuit)[2] ; (Allah reprend les âmes au moment de leur trépas, mais aussi celles qui ne meurent pas au cours de leur sommeil ; Il retient les unes dont Il a décrété la mort, et libère les autres pour un délai déterminé).[3]

 

À chaque réveil, le Messager d’Allah (r) exprimait sa reconnaissance à Dieu en récitant la formule liturgique : « Louange à Allah, Celui qui nous a fait revivre après avoir repris nos âmes, etc. »[4] D’après ibn Abî Hâtim, selon Ahmed ibn ‘Abd e-Rahmân, selon ‘Abd Allah ibn Abî Ja’far, selon son père, selon e-Rabî’ ibn Anas, el Hasan qui commente le Verset : (Je vais te reprendre) : « Cela correspond au sommeil, assure-t-il, dans le sens où Allah l’a élevé au cours de son sommeil. » Selon el Hasan, l’Élu (r) a prévenu ses contemporains juifs que : « ‘Issa n’est pas mort, il reviendra parmi vous avant le Jour de la Résurrection. »[5]

 

(te débarrasser des infidèles) : c’est-à-dire en t’élevant au ciel. Fin de citation.[6]

 

Ibn Kathîr a cité ainsi un certain nombre d’exégèses de ce Verset. Il a ensuite opté pour l’opinion de la majorité des savants interprétant el wafâ par le sommeil. Il s’est inspiré dans son choix des deux Versets du Coran dans lesquels el wafâ prend le sens de faire dormir. Il a pris également pour argument le hadith selon lequel le sommeil est comparé à la mort et le réveil à la vie.

 

Pour appuyer son idée, Il s’est fondé notamment sur le Verset de la Sourate les femmes, dans lequel le Seigneur (I) révèle : (Tous les adeptes du Livre donneront foi à son ministère avant sa mort, et, le Jour du grand jugement, il présentera son témoignage qui sera ou non en leur faveur).[7] Le pronom personnel dans (avant sa mort) revient à ‘Issa (u) à qui  tous les adeptes des ancienne Écritures sans exception, vont croire. Cet événement aura lieu dès son retour sur terre peu avant la fin du monde comme nous allons l’expliquer plus loin. Dès lors, les juifs et les chrétiens vont se soumettre à son autorité, car il décrétera la levée du tribut[8] et il ne va tolérer aucune religion en dehors de l’Islam.

 

Ibn Kathîr a ensuite imputé cette opinion, sous l’autorité d’ibn Abî Hâtim, à el Hasan qui a rapporté sur le sujet un hadith dont la chaine narrative remonte au Prophète (r). Nous pensons avec ibn Kathîr que c’est à la lumière de cette interprétation qu’il incombe d’orienter le Verset en question. Celle-ci est en phase avec l’esprit du Coran qui enjoint de ramener les Versets ambiguës aux Versets formels afin d’en pénétrer le véritable sens. Le vocable « wafâ » est ambiguë, si l’on sait qu’il exprime à la fois la mort, le sommeil, et l’action de prendre ou de récupérer quelque chose, etc.

 

En revanche, le sens d’élever est formel et explicite. Rien ne sert de vouloir l’interpréter par l’élévation de l’esprit ou du rang d’une personne, car c’est une façon de dénaturer et de défigurer le Verset. Si cela est clair, il convient d’expliquer l’élévation vers Allah par l’un des sens d’el wafâ qui correspond dans ce contexte au sommeil non à la mort sinon le Verset perdrait toute sa signification ; il n’est pas pertinent en effet qu’un mort soit élevé vers Dieu.

 

À suivre…

                     

Par : Karim Zentici

http://mizab.over-blog.com/

 

 

 

[1] La famille d‘Imrân ; 55

[2] Le bétail ; 60

[3] Les groupe ; 42

[4] Hadîth rapporté par el Bukhârî (n° 6312, 6313, et ailleurs) et Muslim (n° 2711).

[5] Ibn Kathîr a cité ce hadith dans son exégèse (1/367).

[6] Voir : Tafsîr ibn Kathîr.

[7] Les femmes ; 159

[8] La contribution que les non musulmans doivent verser à l’Etat musulman.

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27 juillet 2019 6 27 /07 /juillet /2019 10:49

 

Karim Hanifi crucifié sur l’autel du réformisme néo-rationaliste 4/4

 

La thèse de Karim Hanifi, un vulgaire plagiat amélioré ?

 

Finalement, le géantissime Karim Hanifi ne ramène rien de nouveau sous le soleil de Satan. Le chercheur américain Gabriel Said Reynolds opère à un certains syncrétisme entre Bible et Coran. D’origine libanaise, il est l’auteur d’une thèse sur la crucifixion de Jésus selon les sources musulmans. Voici le résumé de the Muslim Jesus: dead or alive ?

« Selon la plupart des commentateurs musulmans classiques, le Coran enseigne que Jésus n'est pas mort. Le jour de la crucifixion, une autre personne - qu'il s'agisse de son disciple ou son traître - a été miraculeusement transformé et supposé l'apparition de Jésus. Il a été emmené, crucifié, et tué, tandis que Jésus a été assumé corps et âme au ciel. Les chercheurs les plus critiques acceptent que ce soit bien là l'enseignement du Coran, même si le Coran dit ceci explicitement seulement que les Juifs n'ont pas tué Jésus. Dans le présent document, je soutiens que le Coran admet plutôt que Jésus est mort, et qu'il fait allusion à sa mort, comme témoin contre ses meurtriers dans l'apocalypse. Le document commence avec une analyse des références du Coran à la mort de Jésus, continue avec une description de l'exégèse musulmane classique de ces références, et se termine par une présentation de la conversation du Coran avec les Juifs. Et la tradition chrétienne sur la question de la mort de Jésus. »

 

Karim Hanifi, loin d’innover reprend exactement la même logique que Reynolds, alors qu’il nous avait vendu la lune. Le pire, c’est qu’il n’est pas besoin de chercher loin pour s’en apercevoir, il suffit juste d’aller sur la page Wikipédia vers l’article Mort d'ʿĪsā où l’on trouve noir sur blanc :

 

Si l'historicité de la crucifixion de Jésus est acceptée par de nombreux chercheurs, la plupart des musulmans croient quʿʿĪsā/Jésus n'est pas mort sur la croix, à l'exception de quelques groupes restreints. Cette tradition repose sur des passages coraniques, considérés comme ambigus par plusieurs chercheurs, et qui ont en Islam donné lieu à différentes exégèses (tafsir). Pour Reynolds, le quasi-consensus actuel s'explique par le fait de « lire le Coran à travers l'optique du tafsir », et il ajoute cette citation de Lawson : « ce sont les tafsir, et non le Coran, qui nient la crucifixion ».

 

La version francophone de cette relecture du Coran nous vient notamment du Dr Al Ajamî, Docteur en médecine, Docteur en Littérature et langue Arabes, Coranologue, Théologien, Spécialiste de l’exégèse du Coran, rien que cela. Tous ses titres auraient dû l’aider à se pencher un peu plus sérieusement sur le champ sémantique de wafa chez les linguistes dignes de ce nom. Il serait intéressant d’ailleurs d’analyser, d’un point de vue purement psychologique, le cas de ces intellectuels complexés de culture musulmane dont le mépris pour les musulmans est proportionnel à leur fascination pour l’Occident. Notons que notre Docteur épouse la thèse d’un autre islamologue déchiré avec sa personne, le désormais célèbre Hassan Chahdi, sur la possibilité de la transmission du Coran par le sens, tiens, tiens Karim quelle surprise ? On se rapproche. On pourrait presqu’anticiper que tu vas bientôt intégrer dans ton éventail cette approche ô combien alléchante pour rééquilibrer les débats avec les chrétiens. Sans te jeter la pierre, tu pourrais même faire une pierre deux coups en validant le crédo mu’tazilite du caractère créé du Coran.

 

Il faut dire que, malgré les soins que tu apportes pour dissimiler ta croyance, celle-ci nous est de plus en plus apparente, et s’impose à nous littéralement. Ce même Docteur Dr Al Ajamî construit le retour de Jésus sur sa lecture de la crucifixion, et Hassan Chahdi, beaucoup moins coraniste que ce dernier, tourne autour du pot. Ce crédo qui consiste à renier le retour de Jésus sur terre pour y faire régner la justice te colle de plus en plus à la peau. Et, c’est d’ailleurs là que le bât blesse, puisqu’il suffit de prouver que les textes scripturaires en font la prophétie pour écrouler littéralement ta thèse sur le « sosie » et le « faux semblant » que tu camouffles derrière la recherche moderne, bien essayé. Mais, ne précipitons pas les évènements, nous aurons bien le temps d’y revenir dans la prochaine partie.

 

Les dernières paroles du crucifié

 

Pour finir, notons un fait troublant, et qui est peu remarqué. L’expression de désespoir utilisée par le suppliciée peut tout aussi bien dire : « Pourquoi as-tu changé mon apparence ? »

 

Matthieu et Marc dirent : « Jésus cria d’une voix forte : Eloi, Eloi, lama sabaqthani ? » Ce qui a été traduit par : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » ; cela signifie aussi : « Mon Dieu, mon Dieu, Pourquoi m’as-tu teinté, pourquoi m’as-tu coloré, transformé ? » (Mt 27.46 ; Mc 15.34) Nous retrouvons quasiment la même racine en arabe sab’a signifiant teinté. Tandis que d’après Luc : « Jésus poussa un grand cri : il dit : Père, entre tes mains, je remets mon esprit. Et, en disant ces paroles, il expira » Luc 23.46 Alors que selon Jean : « Jésus dit : Tout est achevé. Et, baissant la tête, il rendit l’esprit » Jean 19.30

 

Nous ne parlons pas des contradictions dans les différentes versions de l’évènement, bien qu’il soit parfois possible de concilier entre elles, il arrive comme ici que celles-ci soient purement et simplement incompatibles. En voici d’autres exemples :

 

L’heure de la crucifixion

 

D’après l’Évangile de Marc (traduction Louis Segond) : « C’était la troisième heure quand ils le crucifièrent » (Marc 15.25) Mais d’après la traduction œcuménique de la Bible (TOB), Marc lui-même dit : « Il était neuf heures quand ils le crucifièrent » (Marc 15.25) Et d’après Jean, c’était à six heures et non pas à trois heures ou à neuf heures. (Jean 19.14-16)

 

La résurrection

 

Les évangiles enseignent que Jésus, après avoir trouvé la mort sur la croix, son corps a été mis dans une tombe, vendredi soir. Dimanche matin aux premières heures, Marie de Magdala et Marie, mère de Jacques et Salomé se rendirent à la tombe et découvrirent qu’elle était vide et la pierre roulée. Entrées dans le tombeau, elles virent un jeune homme (Évangile de Marc), deux hommes (Évangile de Luc), un ange (Évangile de Matthieu), deux anges (Évangile de Jean) qui leur di(sen)t que Jésus est ressuscité et qu’il n’est point ici. Mais allez dire à ses disciples et à Pierre qu’il vous précède en Galilée : c’est là que vous le verrez comme il vous l’a dit. Elles sortirent du sépulcre et s’enfuirent. La peur et le trouble les avaient saisies ; et elles ne dirent rien à personne, à cause de leur effroi (Évangile de Marc), elles annoncèrent toutes ces choses aux onze et à tous les autres (Évangiles de Matthieu et Luc) ; mais Jean parle de Marie de Magdala qui, après avoir vu les deux anges, vit Jésus qui lui dit : « ne me touche pas ; car je ne suis pas encore monté vers mon Père. Mais va trouver mes frères, et dis-leur que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. Marie de Magdala alla annoncer aux disciples qu’elle avait vu le Seigneur, et qu’il lui avait dit ces choses » Jean 20.15-18

 

Ainsi, les contes de la résurrection de Jésus divergent d’un évangéliste à l’autre. On ne sait à quel récit s’en tenir. A noter que les disciples, présidés par Pierre, eurent des doutes et ne crurent pas en ces contes. La première évidence sur la résurrection, comme fait remarquer George Caird : « n’était pas donnée dans les évangiles, mais dans les épîtres de Paul, spécialement 1 Co 15, écrit dix ans, au moins, avant le plus ancien des évangiles. En ce chapitre (no.15) Paul cite une tradition qu’il avait reçue de ceux qui étaient chrétiens avant lui »[1]

 

L’Apparition

 

À l’issue des tristes événements de la croix, Jésus apparut à ses disciples sain et sauf. Il les rassura qu’il était le même Jésus et qu’il n’a subi aucun mal. Il leur montra ses mains, ses pieds et son côté et leur dit : regardez, touchez ! Thomas, qui était absent ce jour-là, se montra réticent à croire, Jésus se présenta une deuxième fois à ses disciples et demanda particulièrement à Thomas de regarder et de toucher ses mains et son côté (Jean 20.27). Les disciples étaient troublés croyant voir un esprit. « Mais il leur dit : Pourquoi êtes-vous troublés, et pourquoi pareilles pensées s’élèvent-elles dans vos cœurs ? Voyez mes mains et mes pieds, c’est bien moi ; touchez-moi : un esprit n’a ni chair ni os, comme vous voyez que j’ai. Et en disant cela, il leur montra ses mains et ses pieds » (Luc 24.38.40). Il leur demanda s’ils avaient quelque chose à manger. « Ils lui présentèrent du poisson rôti et un rayon de miel. Il en prit, et il mangea devant eux » Luc 24.42, 43… Jésus s’est présenté à ses disciples sans blessures ni marque de la croix et ne portant aucune trace d’un revenant ou d’un ressuscité, et pour preuve : il leur a dit : « un esprit n’a ni chair ni os, comme vous voyez que j’ai ». Tout se passe comme si Jésus leur disait : « La crucifixion est une fiction, c’est faux, c’est un mensonge ! »

                           

Par : Karim Zentici

http://mizab.over-blog.com/

 


[1] Ahmad Abdel-Wahab : Dialogue transtextuel entre le Christianisme et l’Islam, Centre Abaâd, Paris 1987, page 117.

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26 juillet 2019 5 26 /07 /juillet /2019 09:49

 

Karim Hanifi crucifié sur l’autel du réformisme néo-rationaliste 3/4

 

La crucifixion et la résurrection

 

On rapporte que Jésus a enseigné le message d'Osée 6 : 6, « Je désire la miséricorde, et non le sacrifice. »

 

Voir : http://mizab.over-blog.com/2017/03/la-legende-de-jesus-de-nazareth-partie-1.html

 

Joel Carmichael, auteur de The Death of Jesus (La mort de Jésus), « Qui auraient pu être les témoins ? … non seulement (les disciples) ‘’tous abandonnent’’ Jésus et prennent la fuite ; encore plus surprenant, ils ne réapparaissent pas durant le procès de Jésus, ni ne sont présents à son exécution, ni ne sont ceux qui l'enterrent. »[1]

 

La New Catholic Encyclopedia admet, « Les quatre évangélistes diffèrent peu dans les mots décrivant l'inscription (au sommet de la croix), ce qui montre qu'ils étaient en train de citer par mémoire et par évidence de ouï-dire. »[2]

 

Les disciples ont tous déserté Jésus au jardin de Gethsémani, comme enregistré par Marc 14 : 50 : « Et tous l'abandonnèrent et prirent la fuite. » la "Pierre" (sur laquelle Jésus a promis de bâtir son église - Matthieu 16: 18-19) trois fois renia avoir connu Jésus. Jésus a-t-il dit "pierre" ? Peut–être ce qu'il voulait vraiment dire était "Satan" et "une offense," comme il l'a déclaré à peine cinq versets plus loin (cette réflexion du Dr. Laurence B. Brown n’engage que lui). En tous les cas, Pierre n'était pas l'un des auteurs des évangiles. Alors où étaient-ils ? Matthieu 27 : 55 et Luc 23 : 49 nous disent que les "observateurs" n'étaient pas présents à la crucifixion, alors nous ne pouvons que deviner ! Concernant la prétendue résurrection, les quatre évangiles (Matthieu 28, Marc 16, Luc 24, et Jean 20) ne sont pas d'accord sur ce qui est arrivé après la crucifixion.

 

Plusieurs Chrétiens du second et troisième siècle croyaient que Jésus n'était pas mort.[3] Et pour ceux qui l’ont vu : « leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître » (Luc 24 : 16). Marie-Madeleine n'a pas réussi à reconnaître Jésus hors du tombeau, « croyant avoir affaire au gardien du jardin … » (Jean 20 : 15).

 

Parmi les Chrétiens des premiers temps, les Corinthiens, les Basilidiens, les Pauliciens, les Cathares et les Carpocratiens tous croyaient que la vie de Jésus avait été épargnée. Les Basilidiens croyaient que Simon de Cyrène a été crucifié à sa place, ce qui n'est peut-être pas une suggestion déraisonnable, vu que Simon portait la croix de Jésus (voir : Matthieu 27 : 32, Marc 15 : 21 et Luc 23 : 26). Typiquement, toutes les sectes dissidentes susmentionnées ont été jugées comme ayant été des Gnostiques et/ou des hérétiques par l'Église. L’Histoire, comme on le dit si bien, est écrite par les vainqueurs. En l’occurrence, note Ehrman, « les vainqueurs dans les luttes pour établir l'orthodoxie chrétienne non seulement ont gagné leurs batailles théologiques, mais ils ont aussi réécrit l'histoire du conflit ... »[4]

 

Le concept de Jésus Christ mourant pour les péchés de l’humanité se trouve dans les épîtres de Paul (eg., Romains 5 : 8-11 et 6 : 8-9), et nulle part ailleurs.

« Mais maintenant morts [i.e., ayant souffert] à ce qui nous tenait captifs, nous avons été affranchis de la loi, de sorte que nous servons sous le régime nouveau de l’Esprit, et non sous le régime périmé de la lettre. » (Romains 7 : 6).

 

Jacques a enseigné que la foi seule n’était pas suffisante pour le salut. Dans le passage parfois intitulé "Sans œuvres, la foi est morte" (Jacques 2 : 20), l’auteur condamne d’une façon sarcastique ceux qui reposent uniquement sur la foi pour obtenir le salut : « Tu crois que Dieu est un ? Tu fais bien. Les démons le croient, eux aussi, et ils frissonnent » (Jacques 2 : 19). Le Dr. Laurence B. Brown paraphrase très bien cette notion dans un langage moderne : « Tu crois en Dieu ? Et alors ? Satan aussi croit en Dieu. En quoi serais-tu différent de lui ? » Jacques clarifie que « l’on doit sa justice aux œuvres et pas seulement à la foi » (Jacques 2 : 24). Pourquoi ? Parce que « de même que, sans souffle, le corps est mort, de même aussi, sans œuvres, la foi est morte » (Jacques 2 : 26).

 

« Si tu veux entrer dans la vie éternelle [c’est-à-dire le salut], garde les commandements. » (Matthieu 19 : 17).

 

Le péché originel et la rédemption

 

« Laissez faire ces enfants, ne les empêchez pas de venir à moi, car le Royaume des cieux est à ceux qui sont comme eux » (Matthieu 19 : 14).

 

Au sujet de l’Alliance de l’Ancien Testament, Encyclopedia Judaica explique que : « La relation du pacte définie de cette manière porte en elle ses responsabilités, de la même façon que les individus élus sont responsables de certaines tâches et sont appelés à assumer des rôles particuliers… Israël est tenu par ce choix d’honorer « pourvu qu’ils gardent Ses décrets, et qu’ils observent Ses lois » (Ps. 105 : 45). »[5]

 

Or, comme le souligne Suzanne La Follette : « Il n’y a rien de plus humainement inné que la tendance à transgresser ce qui est devenu coutumier en ce qui a été divinement ordonné. »[6]

 

Si cela est clair, nous trouvons cette notion de salut acquis non par les actes, mais grâce à un statut chauvin, intrinsèque (être membre du peuple élu) ou à une croyance précise qui ne réclame aucun effort (donner foi au rachat des péchés par la crucifixion, aux douze imams, etc.) ; crédo qui place ses adeptes dans une situation favorable, privilégiée, les poussant à se reposer sur leurs lauriers, et par voie de conséquence, à un certains laxisme ; la forme extrême étant l’ésotérisme (voire le gnosticisme) qui est commun aux trois religions, en passant par l’ascétisme (le soufisme ultra chez les musulmans adeptes du monisme panthéisme) et qui prône une émancipation de la Loi vers un libertinage perçu comme une relation spéciale avec le divin.  

 

Témoignages de scientifiques de l’Imperial College de Londres

 

Deux scientifiques de la Faculté de médecine de l’Imperial College de Londres soutiennent que l’image de la crucifixion de Jésus, le symbole du christianisme, est erronée. D’après leur étude, il n’existe aucune preuve que Jésus a été crucifié de cette façon.

Source en ligne :

http://64.233.183.104/search?q=cache:UmoEXvLVbfAJ:tf1.lci.fr/infos/sciences/0,,3293190,00.html+non+crucifixion+J%C3%A9sus&hl=fr&ct=clnk&cd=5

(Français) « Le crucifix est l’emblème du christianisme depuis plus de 2 000 ans. Il symbolise la souffrance du christ sur sa croix et suscite l’adoration de milliards de croyants. Deux scientifiques de la Faculté de médecine de l’Imperial College de Londres remettent pourtant en cause l’exactitude de la scène. L’image qui a traversé les siècles, celle d’un homme cloué sur la croix par les mains et les pieds, les bras étendus et la tête en haut, n’a jamais été étayée scientifiquement, relève l’étude publiée dans le numéro d’avril du Journal of the Royal Academy of Medicine. »

 

« Les preuves disponibles montrent que les gens étaient crucifiés dans différentes positions et que différents moyens étaient employés pour les fixer sur la croix, précise l’étude. »

 

Des techniques de crucifixion extrêmement variées

 

Pour étayer leur argumentation, Piers Mitchell et Matthew Maslen ont passé au peigne fin l’ensemble des études et documents disponibles sur les causes médicales de la mort du Christ. Les techniques de crucifixion étaient extrêmement variées, soulignent les auteurs, mais toutes provoquaient finalement la mort du supplicié. « Les victimes n’étaient pas nécessairement positionnées la tête en haut, ni forcément fixées par des clous enfoncés dans le pied de l’avant vers l’arrière », expliquent-ils, sans pour autant remettre en cause la crucifixion elle-même. Les croix étaient érigées dans toutes les orientations possibles, avec les suppliciés parfois la tête en bas, attachés avec des cordes et non des clous, voire cloutés par les parties génitales. « Si le supplicié était crucifié la tête en haut, un support en bois pouvait être ajouté pour soutenir le poids de la victime et prolonger ainsi le supplice », précisent les deux scientifiques. Aucune preuve suffisante sur la façon dont les gens mourraient. Sur le plan archéologique, une seule preuve des méthodes de crucifixion employées à l’époque a été retrouvée en Israël : un squelette de pied avec un clou de 11,5 centimètres planté par le travers et qui était celui d’un Juif nommé Yehonanan ben Hagkol, si l’on en croit une inscription trouvée dans un ossuaire tout proche.

 

Aucune trace de clou n’avait en revanche été retrouvée au niveau des poignets et des avant-bras. « Il n’existe à l’heure actuelle aucune preuve suffisante sur la façon dont les gens mourraient sur la croix à l’époque romaine », résument les auteurs. « Et il est vraisemblable que la position dans laquelle ils ont été crucifiés est déterminante pour établir les causes physiques de la mort », concluent-ils, appelant à de nouvelles recherches sur ce sujet.

D’après AFP - le 29/03/2006 - 17h24.

 

La vision de l’orthodoxie musulmane sur la crucifixion

 

Celle-ci nous est résumée par le chercheur dominicain égyptien G. C. Anawati.

 

Jésus et le problème de la Crucifixion. Au sujet de la mort de Jésus, deux points sont à préciser: — 1. Jésus a-t-il été réellement crucifié et donc est-il mort sur la croix ? — 2. En supposant qu’il ne l’a pas été, est-il mort de mort naturelle ?

 

Au sujet de la première question, les affirmations du Ḳurʾān sont catégoriques : contre les Juifs qui prétendaient avoir « tué le Messie, fils de Marie, l’envoyé d’Allah », il assure « qu’ils ne l’ont ni tué ni crucifié mais qu’il leur a semblé [ainsi] (wa-lākin s̲h̲ubbiha lahum). En vérité ceux qui s’opposent à l’égard [de Jésus] sont certes dans un doute à son endroit. ¶ Ils n’ont nulle connaissance [de Jésus] ; ils ne suivent que conjecture et n’ont pas tué [Jésus] réellement (yaḳīn an). Tout au contraire Dieu l’a élevé vers Lui » (IV, 156-7).

 

La tradition musulmane complète les données du Ḳurʾān. Selon les uns, le remplaçant du Christ fut un sosie, selon d’autres ce fut Simon le Cyrénéen ou un des Apôtres (Judas).
Sur les différentes explications modernes du « walākin s̲h̲ubbiha lahum», cf. Michaud, 64-5 qui les mentionne et se rallie à la position de Hayek (41), en comprenant : « il leur a semblé ainsi », position qui nous paraît la plus plausible. Certains falāsifa et des commentateurs ismāʿīliens ont voulu interpréter ce passage dans ce sens : les Juifs ont pensé détruire complètement la personne de Jésus ; en fait, ils n’ont crucifié que son nāsūt, son lāhūt est resté vivant; cf. L. Massignon, Le Christ dans les Évangiles selon Ghazâlî, dans REI, 1932, 523-36, qui cite des textes des Rasāʾil Ik̲h̲wān al-Ṣafāʾ (éd. Bombay, IV, 115), un passage d’Abū Ḥātim al-Rāzi̊ (vers 934), un autre de l’Ismāʿīlien Muʾayyad S̲h̲īrāzī (1077).

 

Mais cette interprétation n’a eu aucun succès, et on peut dire qu’il y a accord unanime sur la négation de la crucifixion. Cette négation concorde d’ailleurs parfaitement avec la logique du Ḳurʾān. Les récits bibliques rapportés dans celui-ci (ex. de Job, de Moïse, de Joseph, etc.) et les épisodes relatifs à l’histoire du début de l’Islam montrent que c’est une « coutume de Dieu » (sunnat Allāh) qu’il fasse triompher finalement la foi sur les forces du mal et de l’adversité. « En vérité, après l’adversité, il y a le bonheur » (XCIV, 5, 6). Jésus mort sur la Croix aurait signifié le triomphe de ses bourreaux. Or le Ḳurʾān affirme indubitablement leur échec: « Dieu n’abandonne pas Ses défenseurs » (XXII 40) ; Il déjoue les machinations des ennemis du Christ (III, 54).[7]

 

Quant à la seconde question (mort et élévation de Jésus auprès de Dieu), l’examen des textes ḳurʾāniques XIX, 34, III, 48, XXXIX, 43 et surtout le texte capital IV, 155-7 qui éclaire les précédents et révèle la vraie pensée de l’Islam sur la mort de Jésus, montre que la résurrection dont parle XIX, 84 est la résurrection générale que le Ḳurʾān proclame pour la fin du monde ; il n’y a pas de résurrection particulière pour Jésus, puisque Jésus n’est pas mort sur la croix. La tradition ultérieure (cf. Hayek, 265-8) affirmera que c’est à la fin des temps, lorsque Jésus reviendra, qu’il mourra de la mort naturelle annoncée par XIX, 34.

 

Le mot tawaffā désigne ordinairement une mort bénie, un retour à Dieu pour la rétribution finale, mais il est également utilisé dans VI, 60 pour Dieu qui rappelle les âmes des dormeurs durant leur sommeil et qu’il leur retourne quand ils se réveillent (cf. Frānkel, dans ZDMG, LVI,77). Le verbe est appliqué deux fois à Jésus en III, 48 et V, 119. Le premier passage s’accommode d’une élévation de Jésus vivant vers Dieu. Le second est ambigu. Ce qui tranche la question, c’est le passage IV, 155-7 où il est affirmé que Jésus n’a pas été tué par les Juifs mais a été élevé au ciel. Autrement dit, nous avons la succession suivante : mort apparente, élévation, parousie, mort naturelle, résurrection générale. Pour toute cette partie, cf. Michaud 60-4.

 

Est-il pensable qu’un chercheur chrétien comprenne mieux l’esprit du Coran que Karim Hanifi, l’autoproclamé défenseur des pauvres musulmans et de la cause islamique face aux attaques cruelles du monde extérieur ?

 

À suivre…

                     

Par : Karim Zentici

http://mizab.over-blog.com/

 

 

[1] Carmichael, Joel. pp. 202–206.

[2] New Catholic Encyclopedia. Vol 4, p. 486.

[3] Ehrman, Bart D. Lost Christianities. p. 2.

[4] Ehrman, Bart D. 2003. Lost Scriptures: Books that Did Not Make It into the New Testament. Oxford University Press. p. 2.

Quels points de vue alternatifs ont été brûlés en cendres dans la destruction d'un nombre estimé de 250 à 2000 actes, épîtres, et évangiles que le concile de Nicée a exclus de la canonisation, et pourquoi la prétendue crucifixion fut-elle débattue par les Chrétiens du premier siècle. En d'autres mots, qu'est-ce qu'ils savaient que nous ne connaissons pas ?

[5] Encyclopaedia Judaica. Vol 5, p. 499 (under “Chosen People”).

[6] La Follette, Suzanne. 1926. Concerning Women. “The Beginnings of Emancipation.”

[7] Sur les origines de la conception ḳurʾānique de la Crucifixion (chrétienne gnostique et docète, thèse de H. Grégoire : main tendue à certains monophysites docètes, dans Mélanges Charles Diehl, Paris 1930, I, 107-19; rejet de la position Ledit dans Mahomet, Israēl et le Christ, 151-6 qui essaie de trouver des textes du Ḳurʾān où le mystère de la rédemption seraient symboliquement inscrits), cf. Michaud, 68-71.

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25 juillet 2019 4 25 /07 /juillet /2019 11:07

Karim Hanifi crucifié sur l’autel du réformisme néo-rationaliste 2/4

 

Les textes canoniques sont parfois plus tardifs que les apocryphes (ce point mérite des précisions)

 

La datation neutre démontre que malgré les retouches, l'Évangile de l'enfance selon Thomas est antérieur à l'Évangile de Jean.

Datation des évangiles apocryphes de l'enfance : vers 130 - 140 : Les deux premières parties au moins jusqu'au chapitre 22 (la fabrication des oiseaux est dans la deuxième partie) de l'Évangile de l'enfance/Protévangile de Jacques/Jacques l'Hébreu semblent déjà connues. Ce texte raconte l'enfance de Jésus, mais il ignore tout des coutumes juives. Ce livre a du être remanié tardivement, car il utilise le titre de "Mère de Dieu" (theotokos) pour Marie ... hors ce titre ne date que du concile d’Ephèse en 431 ap. J.-C. L'Évangile de Jean daterait apparemment d'un peu avant 152 ap. J.-C.

L'eau en vin vers 152, la fabrication des oiseaux entre 130 et 140, selon les résultats de  la paléographie.

 :intello:

Jésus a réalisé des signes non consignés dans les évangiles, nous apprend la Bible en substance (Jean, 20:30-31) : « 20.30 Jésus a fait encore, en présence de ses disciples, beaucoup d'autres signes, qui ne sont pas écrits dans ce livre. 20.31 Mais ces choses ont été écrites afin que vous croyiez que Jésus est le Christ. »

 La mention de la fabrication des golem figure dans l'Évangile de l'enfance de Thomas, daté antérieurement à l'évangile de Jean, qui reconnait l'existence de nombreux signes non consignés dans son manuscrit.

 

- Vers 110-135 : naissance d'un Évangile de Marc (probablement une version différente que celle d’aujourd’hui) et d'un Évangile araméen de Matthieu différent de l'actuel (= la "Source Q" ?). Existence de la "péricope de la femme adultère", mais elle ne se trouve pas encore insérée dans l'Évangile de Jean.

 - Vers 135-140 : Existence d'au moins une partie de l'Apocalypse, et des deux premières parties au moins du Protévangile de Jacques (de ce texte dériveront plus tard les Évangiles de l'enfance).

 - Un peu avant 140 : Assemblage de l'Évangile de Luc (sans sa 1ère partie) à partir de la "Source Q" et de l'Évangile de Marc.

- Un peu après 140 : Existence des "Actes des apôtres" selon leur forme actuelle.

- Vers 130-165 : Existence de l'Évangile du papyrus "Egerton 2", une source possible de l'Évangile de Jean.

- Un peu avant 150 (ou vers 120 ?) : Assemblage de l'Évangile de Matthieu (sans sa 1ère partie) à partir de la "Source Q" et de l'Évangile de Marc. Création probable de l'Évangile de Jean.

- Vers 150 : Existence de l'Évangile de l'enfance selon St. Matthieu (pas encore intégré au début de l'Évangile de Matthieu). Existence aussi de l'Évangile des Hébreux (version primitive de l'Évangile de Matthieu ?).

- 172 : Il est probable que l'Évangile de Luc ne comporte toujours pas sa 1ère partie (l'Évangile de l'enfance selon St. Luc) et que l'Évangile de Matthieu ne comporte toujours pas sa 1ère partie non plus (l'Évangile de l'enfance selon St. Matthieu). Existence de l'évangile de Thomas. 

- 178 : Existence avérée de l'Évangile de l'enfance selon St. Luc.

- Vers 175-180 : Édition du Nouveau Testament dans ses versions Alexandrine et Césaréenne. La version occidentale pourrait être plus ancienne.

- 185 - 190 : Existence certaine de l'Évangile de Jean (le 21ème chapitre sera ajouté plus tard) ainsi que de l'Évangile de Juda et de l'Histoire de l'enfance de Jésus (d'où on tirera l'Évangile en arabe de l'enfance au 6e ou 7e siècle).

- Vers la fin du 2ème siècle : L'Évangile de l'enfance selon St. Luc est ajouté au début de l'Évangile de Luc et l'Évangile de l'enfance selon St. Matthieu est ajouté au début de l'Évangile de Matthieu. Existence d'un "Évangiles des Hébreux" (ou "des Ébionites" ou "des Nazaréens") qui semble être une variante courte (et archaïque) de l'Évangile de Matthieu (en araméen). Existence également d'un "Évangile de Pierre" (écrit vers 130-180 ?).

- Vers 200 : Existence d'un "Livre de Jacques" qui doit être le "Protévangile de Jacques". Ce livre inspirera plus tard l'Évangile de Matthias ou du pseudo-Matthieu (au 4e ou 5e siècle) et celui de la "Nativité de Jésus".

- Vers la fin du 3ème siècle : Existence de la péricope de la femme adultère dans l'Évangile des Hébreux.

- Vers 320-330 : Insertion de la "péricope de la femme adultère" dans l'Évangile de Jean (Bibles occidentales) ou dans l'Évangile de Luc (Bibles Césaréennes F13).

- Vers 400 : L'Évangile de Matthieu en araméen/Évangile des Hébreux est toujours utilisé par les Nazaréens.

- Vers 550-570 : Création du Pseudo-Matthieu en se basant sur le Protévangile de Jacques, et en y ajoutant le récit de la fuite en Égypte.

- Vers le 6ème siècle : Le passage « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirais mon Église » est inséré dans l'Évangile de Matthieu.

 

P.S. Le Protévangile de Jacques qui a servi à fonder le dogme de l'immaculée conception de l'Église catholique romaine ainsi que l’approvisionnement en nourriture par des anges et le tirage au sort pour la garde de Marie selon le Coran date de la même époque que les évangiles canoniques. L'évangile de l'enfance selon Thomas qui mentionne la fabrication d'oiseaux de glaise par Jésus est antérieure à l'évangile de Jean. Donc les écrits paléochrétiens qui rejoignent des passages actuellement non canoniques datent tous d'avant Irénée de Lyon et de la canonisation des manuscrits.

Le Protévangile de Jacques occupe une place spéciale, il est utilisé en Orient par Grégoire de Nysse, Épiphane de Salamine etc. En Occident, il était connu mais on n'y fait pas recours officiellement. Saint Ambroise est typique, il a donné beaucoup de place à la figure de Marie, mais ne parle pas de sa mise en tutelle auprès des prêtres du Temple etc. Le Protévangile de Jacques a inspiré de nombreux artistes du Temple etc. Le Protévangile de Jacques a inspiré les artistes chrétiens d'Orient comme d'Occident, et la liturgie du 21 novembre, présentant Marie au Temple en Orient, présentant Marie en Occident, etc. Le Coran, tout comme les pères de l'Église en Orient, cite des événements sur la vie de Marie figurant dans ce précieux évangile, qui donne également les noms de Anne et de Joachim, les parents de Marie, tant en Occident qu'en Orient. 

 

Les écrits paléochrétiens jusque vers la fin du IIe siècle, étaient utilisés selon les traditions des pères de l'Église et même si certains écrits étaient rejetés, on continuait d'y puiser des éléments. Le Coran qui fait mention d'événements apocryphes aux yeux de l'Église catholique romaine, rejoint néanmoins les pères de l'Eglise du paléo-christianisme qui font encore référence en ce XXIe siècle.

 

L'Évangile de l'enfance selon Thomas est un écrit paléochrétien dont la source remonte chez l'apôtre Jacques et date de la même époque que l'Évangile selon Jean. Ainsi, pour répondre à Karim Hanifi, il est souvent matériellement impossible de retracer l'historicité d'un miracle. Il n'est pas plus scientifique d'accepter que les cadavres des saints sont sortis des tombes et entrés dans Jérusalem à la mort de Christ : (Mathieu, 27:52). Il est donc aléatoire d’avancer un consensus sur la mort de Jésus, s’il est matériellement impossible de démontrer son ascension au ciel. Les deux parties en présence reconnaissent qu’il y a eu crucifixion, il est donc impertinent de prétendre que les musulmans dérogent à ce consensus. D'un point de vue paléographique, il faut se fonder sur les manuscrits. Les manuscrits subissent des altérations et des modifications... La critique historique nécessite de fonder les études comparatives selon la date de la mise par écrit des manuscrits.

 

Les textes apocryphes confirment la thèse du « faux-semblant » ou du « sosie »

 

La Vérité coranique sur la non crucifixion de Jésus commence à avoir des preuves à l’appui. La crucifixion de Jésus est mise en cause par des apôtres et des savants. HM Gwatkin, dans la petite Histoire de l’Église, affirme : « La pierre d’achoppement de l’époque des débuts du christianisme n’est pas tant la divinité de Jésus, mais sa crucifixion [...] Certains des premiers groupes qui ont suivi le chemin de Jésus, ainsi que plusieurs autres sources historiques autres que le Coran confirment que Jésus n’est pas mort sur la croix. » Une étude approfondie révèle que les chrétiens au cours de l’ère préislamique avaient des croyances que Jésus n’a pas été crucifié. Bon nombre de sectes chrétiennes du début du christianisme ont même nié que la crucifixion eut lieu.

 

John Toland, (1670 – 1722) philosophe du panthéisme (proche de Spinoza) confirme

 

Dans son livre « Le Nazaréen- ou, Le christianisme des Juifs, des Gentils et des Mahométans » John Toland affirme ce qui suit (page 32, chapitre 6) : « On ne peut s’empêcher de crier contre l’ignorance de ceux qui s’imaginent que cette histoire de la mort de jésus est originalement de l’invention des mahométans. Les Bazilidiens au commencement du christianisme niaient que Jésus-Christ eut souffert la mort lui-même : ils disaient que Simon de Cyrène avait été crucifié à sa place, les Carpocratiens qui les ont suivis pour ne pas citer d’autres de ceux qui croyaient que Jésus-Christ n’avait été qu’un homme ordinaire, ont cru pareillement qu’il n’avait pas été crucifié, mais bien un de ses disciples qui lui ressemblait. »

 

Plus loin, il poursuit : « Dans l’histoire ecclésiastique, Epiphanius nous apprend qu’il a lu un livre intitulé « le voyage des apôtres » contenant les actes de Pierre, Jean, André, Thomas et Paul, qu’entre plusieurs choses on y lit ce qui suit : « Que le Christ n’a jamais été crucifié, mais un autre à sa place, que par ce moyen il s’était moqué de ceux qui s’imaginaient l’avoir crucifié » : quelques-uns ont avancé que c’était Judas qui a été crucifié à sa place. Cette circonstance que Jésus-Christ s’était moqué des juifs, est aussi affirmée par les Bazilidiens, comme on peut le voir dans le passage que je viens de citer d’Epiphanius. »

À ce jour, les dernières découvertes archéologiques notamment les manuscrits retrouvés à Nag Hammadi ont révélé qu’un grand nombre des premiers chrétiens ne croyaient guère en la crucifixion de Jésus Christ et avaient la même croyance affirmée par le saint Coran : « QUE CE FUT UN FAUX SEMBLANT. » Ces manuscrits sont un ensemble remarquablement représentatif de la toute première littérature chrétienne, ils n’ont été l’objet d’aucun remaniement depuis la date de leur rédaction.

 

Quelques manuscrits confirmant que les premiers chrétiens ne croyaient pas tous que jésus fut crucifié :

 

Les actes de Jean Libellé : Les actes de Jean. Date estimée : 150-200 Avant Jésus. Langue originale : grec.

Source en ligne : http://www.earlychristianwritings.com/text/actsjohn.html

 (Anglais). Extraits : « Discours de Jean : le Christ lui révèle la croix de lumière et son mystère 97. Bien-aimés, après que le Seigneur eut accompli cette danse, il sortit avec nous. Et nous, comme victimes de l’égarement ou du sommeil, nous prîmes la fuite, chacun de son côté. Pour moi, quand je le vis souffrir, je n’assistai pas non plus à sa souffrance, mais je m’enfuis sur le mont des Oliviers, en pleurant à cause de ce qui était arrivé. Lorsqu’il fut suspendu le vendredi à la sixième heure, il y eut des ténèbres sur toute la terre ; et mon Seigneur se tint au milieu de la grotte, il m’illumina et dit : Jean, pour la foule d’en bas, à Jérusalem, je suis crucifié, je suis piqué par des lances et des roseaux, je suis abreuvé de vinaigre et de fiel. Mais à toi je vais parler, et ce que je vais dire, écoute-le. C’est moi qui t’ai donné l’idée de monter sur cette montagne pour que tu écoutes ce qu’il faut qu’un disciple apprenne de son maître et un homme de son Dieu... »

 

(Jésus continue)… « Ce n’est pas la croix de bois que tu vas voir quand tu seras descendu d’ici. Je ne suis pas non plus celui qui est sur la croix, moi que maintenant tu ne vois pas, mais dont tu entends seulement la voix. J’ai été considéré pour ce que je ne suis pas, n’étant pas ce que je suis pour la multitude ; bien plus, ce qu’ils diront à mon sujet est vil et indigne de moi. En effet, puisque le lieu du repos ne peut être ni vu ni décrit, à bien plus forte raison, moi qui suis le Seigneur de ce lieu, je ne pourrai être ni vu... »

 

(Jésus continue)… « 101. Ainsi, je n’ai souffert aucune des souffrances qu’ils vont me prêter. Bien plus, cette souffrance que je t’ai montrée à toi et aux autres en dansant, je veux qu’elle soit appelée « mystère ». Car ce que tu es, tu le vois : je te l’ai montré. Mais ce que je suis, moi seul le sais, et personne d’autre. Ce qui m’est propre, laisse-m’en la possession, et ce qui t’est propre, vois-le à travers moi. Quant à voir ce que je suis en réalité, j’ai dit que ce n’était pas possible, à l’exception de ce que tu peux connaître comme parent. Tu entends dire que j’ai souffert, or je n’ai pas souffert ; que je n’ai pas souffert, or j’ai souffert ; que j’ai été transpercé, or je n’ai pas été transpercé ; que j’ai été frappé, or je n’ai pas été frappé ; que j’ai été suspendu, or je n’ai pas été suspendu ; que du sang s’est écoulé de moi, or il ne s’en est pas écoulé. En un mot, ce que ces gens-là disent de moi, je ne l’ai pas subi ; et ce qu’ils ne disent pas, voilà ce que j’ai souffert. Ce dont il s’agit, je vais te le dire de façon voilée, car je sais que tu comprendras. Comprends-moi donc comme capture du Logos, transpercement du Logos, sang du Logos, blessure du Logos, pendaison du Logos, souffrance du Logos, clouage du Logos, mort du Logos. Et, après avoir fait une place à l’homme, je vais parler ainsi : en premier lieu, comprends donc le Logos ; ensuite, tu comprendras. »

Deuxième traité du grand Seth Date estimée : 100-200 A J. Langue originale : copte. Source en ligne : http://www.ftsr.ulaval.ca/bcnh/traductions/grseth.asp

(Français). Extraits : « Et j’étais dans la gueule des lions. Quant au plan qu’ils ont ourdi contre Moi en vue de la destruction de leur erreur et de leur déraison, je n’ai pas combattu contre eux comme ils en avaient délibéré. Au contraire, je n’étais nullement affligé. Ils m’ont châtié ceux-là, et je suis mort, non pas en réalité mais en apparence, car les outrages qu’ils m’infligeaient restaient loin de Moi. Je rejetai loin de Moi la honte et je ne faiblis pas devant ce qui m’a été infligé de leurs mains. J’allais succomber à la crainte. Et Moi, j’ai « souffert » à leurs yeux et dans leur esprit, afin qu’ils ne trouvent jamais nulle parole à dire à ce sujet. En effet, cette mort qui est mienne et qu’ils pensent être arrivée, pour eux dans leur erreur et leur aveuglement, car ils ont cloué leur homme pour leur propre mort. Leurs pensées en effet ne me virent pas, car ils étaient sourds et aveugles, mais en faisant cela, ils se condamnaient. Ils m’ont vu, ils m’ont infligé un châtiment.

C’était un autre, leur père. Celui qui buvait le fiel et le vinaigre, ce n’était pas Moi. Ils me flagellaient avec le roseau. C’était un autre, celui qui portait la croix sur son épaule, c’était Simon. C’était un autre qui recevait la couronne d’épines. Quant à Moi, je me réjouissais dans la hauteur, au-dessus de tout le domaine qui appartient aux archontes et au-dessus de la semence de leur erreur, de leur vaine gloire et je me moquais de leur ignorance. Et j’ai réduit toutes leurs puissances en esclavage. En effet, lorsque je descendis, nul ne me vit, car je me transformais, échangeant une apparence pour une autre et, grâce à cela, lorsque j’étais à leurs portes, je prenais leur apparence. En effet, je les traversai facilement et je voyais les lieux, et je n’éprouvai ni peur ni honte, car j’étais immaculé. Et je leur parlais, me mêlant à eux par l’intermédiaire des miens, et foulant aux pieds leur dureté ainsi que leur jalousie et éteignant leur flamme. Tout cela, je le faisais par ma volonté, afin d’accomplir ce que je voulais dans la volonté du Père d’en haut. »

 

Apocalypse copte de Pierre Libellé : Apocalypse copte de Pierre. Date estimée : 200-255 apr. J.-C. Langue originale : copte.

Source en ligne : http://www.gnosis.org/naghamm/apopet.html

(Anglais). Présentation : C’est là une vision de la crucifixion assez mal connue chez les chrétiens de nos jours : un Jésus rieur au-dessus de la croix, avec une enveloppe charnelle de Jésus qui est Simon de Cyrène (selon cette doctrine, celui qui a été crucifié c’est Simon de Cyrène, Jésus et Simon ayant échangé leurs traits).

 

Extraits : « Et je dis « qu’est ce que je vois, Seigneur, est-ce vous-même qu’ils prennent .....Ou qui est celui-ci, heureux et riant sur l’arbre ? Et est-ce un autre dont les pieds et les mains sont frappés ? »... le sauveur me dit : « celui que tu as vu sur l’arbre, heureux et riant, celui-là est le Jésus vivant. Mais celui-ci auquel on cloue les mains et les pieds et sa partie charnelle qui est un substitut mis à la honte, celui qui est venu est son semblant, regarde lui et moi. » »

Source en ligne : http://www.bibliographe.com/html/la_crucifixion_de_jesus.html

 

(Français) L’évangile de Thomas rédigé en 150, dit clairement que Jésus n’a pas été crucifié. L’édition de cet évangile aux Etats-Unis, est l’un des best-sellers du moment. Cet évangile se distingue par les trois NON célèbres à propos de Jésus : Non crucifixion, non résurrection, non divinité de Jésus.

 

À suivre…

                     

Par : Karim Zentici

http://mizab.over-blog.com/

 

 

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24 juillet 2019 3 24 /07 /juillet /2019 11:24

Karim Hanifi crucifié sur l’autel du réformisme néo-rationaliste 1/4

 

(Psaume 135, v. 15-18) : « Les idoles des païens, or et argent, une œuvre de mains d’homme : « Elles ont une bouche et ne parlent pas, elles ont des yeux et ne voient pas. « Elles ont des oreilles et n’entendent pas, pas le moindre souffle en leur bouche. « Comme elles sont ceux qui les firent, quiconque met en elles sa foi ».

 

Voir : http://mizab.over-blog.com/2019/07/enquete-sur-la-crucifixion-du-christ-1/6.html

 

Voici ce qu’on peut lire sur un forum où il arrive de trouver des merveilles : « La lecture intertextuelle ne doit pas être interprétée comme si le Coran avait plagié ou copié la Bible, ou en avait subi l’influence, comme l’a souvent fait une polémique chrétienne anti-islamique. Il s’agit de « relectures » par le Coran, des textes sacrés antérieurs, comme la Bible elle-même n’a cessé de relire et de réinterpréter ses propres textes : pensons au récit de l’Exode, si souvent « relu », ou encore à la réinterprétation du Premier Testament par le Nouveau. On a vu plus haut comment saint Luc et saint Matthieu reprenaient un oracle d’Isaïe. Le Coran relit lui aussi les textes antérieurs pour les réorienter et les intégrer dans une nouvelle synthèse théologique. Ignorer cela, c’est risquer tout simplement de ne pas comprendre le texte du Coran. »

 

Si cela est clair, il faut savoir que plusieurs récits coraniques sont relatés dans les textes extra-canoniques chrétiens tels que :

  • Le récit du Tirage au Sort pour désigner celui qui devait assurer la garde de Marie encore enfant est relevée dans l’Évangile de Jacques ;
  • Le récit du miracle de Jésus de l'oiseau de glaise est relaté dans l'Évangile de l'Enfance considéré comme apocryphe.

 

En outre, les feuillets d’Abraham et de Moïse feraient référence à des écrits apocryphes, « le Testament d’Abraham » et « le Testament et la mort de Moïse » (Gobillot, 2007 : 58). Il faut certes y séparer le bon grain de l’ivraie, car nombreux sont les récits extrabibliques qui sont imprégnés ou enrobés de gnosticisme, mais cela ne remet pas en question la valeur historique du « squelette » des histoires qu’ils retranscrivent, sans compter que les critères dégagés par l’Église pour assimiler un texte à la gnostique sont, pour la plupart, bien subjectifs si l’on sait que les mystères de la Trinité ou de la passion du Christ eux-mêmes sont d’origine païennes et gnostiques, comme expliqué dans l’article précédent.

 

Ainsi, pour désigner l’enfant-sacrifice, il n’est pas pertinent de rejeter le passage « ton fils premier-né », version du Livre des Jubilés, ou, selon le Targum Palestine « ton fils, ton unique engendré », sous prétexte qu’il serait extra-canonique. La seule échappatoire qui reste à Karim Hanifi pour le jeter à la poubelle, comme il se plait à le faire avec les hadiths qui le dérangent, c’est de démontrer que ces écrits ont été fabriqués après l’avènement de l’islam…

 

Le dogme de l'immaculée conception, les noms des parents de Marie et les apocryphes

 

Les catholiques romains et l'Église soutiennent la perpétuelle virginité de Marie. Cela ne figure nullement dans les évangiles canoniques, ni nulle part dans la Bible, mais se retrouve dans le Protévangile de Jacques, un écrit apocryphe dont certains passages rejoignent des extraits du Coran. Le Coran ne retient pas l'immaculée conception des apocryphes.

 

Le tirage au sort pour la garde de Marie, ainsi : [Ce sont là des nouvelles de l'Inconnaissable que Nous te révélons. Car tu n'étais pas la lorsqu'ils jetaient leurs calames pour décider qui se chargerait de Marie ! Tu n'étais pas la non plus lorsqu'ils se disputaient] (Coran 3,43).

 

Cette allusion coranique au tirage au sort par lancer de calame, pour désigner à qui devait revenir la garde de Marie encore enfant se retrouve dans des textes chrétiens extra-canoniques. Extraits : « ...Et le prêtre revêtit l'habit aux douze clochettes, pénétra dans le Saint des Saints et se mit en prière. Et voici qu'un ange du Seigneur apparut, disant : « Zacharie, Zacharie, sors et convoque les veufs du peuple. Qu'ils apportent chacun une baguette. Et celui à qui le Seigneur montrera un signe en fera sa femme. »
Des hérauts s'égaillèrent dans tout le pays de Judée et la trompette du Seigneur retentit, et voici qu'ils accoururent tous. Joseph jeta sa hache et lui aussi alla se joindre à la troupe. Ils se rendirent ensemble chez le prêtre avec leurs baguettes. Le prêtre prit ces baguettes, pénétra dans le temple et pria. Sa prière achevée, il reprit les baguettes, sortit et les leur rendit. Aucune ne portait de signe. Or Joseph reçut la sienne le dernier. Et voici qu'une colombe s'envola de sa baguette et vint se percher sur sa tête. Alors le prêtre : « Joseph, Joseph, dit-il, tu es l'élu : c'est toi qui prendras en garde la vierge du Seigneur. » » (Protévangile de Jacques VIII,3-IX,1).

 

Marie nourrie par des anges. Aussi, (Coran, 3:37) : [Chaque fois que Zacharie allait la voir dans le Temple, il trouvait auprès d’elle la nourriture nécessaire et lui demandait : O Marie ! D’où cela te vient-il ? Elle répondait : Cela vient de Dieu ; Dieu donne sa subsistance à qui il veut sans compter]

 

Ce passage rejoint le ch. VIII du Protévangile : « La main d’un ange la nourrissait. » et au ch. XIII : « Toi qui fus élevée dans le Saint des Saints, et qui fus nourrie de la main d’un ange. » (D. Rops - Cerf - 1952, p. 53 et 57).

 

L'autre extrait du Protévangile de Jacques fondant l'immaculée conception : « 19.3. Et la sage-femme sortant de la grotte, rencontra Salomé et elle lui dit : « Salomé, Salomé, j'ai une étonnante nouvelle à t'annoncer : une vierge a enfanté, contre la loi de nature. » Et Salomé répondit : « Aussi vrai que vit le Seigneur mon Dieu, si je ne mets mon doigt et si je n'examine son corps, je ne croirai jamais que la vierge a enfanté. » 20.1. Et la sage-femme entra et dit : « Marie, prépare-toi car ce n'est pas un petit débat qui s'élève à ton sujet. » À ces mots, Marie se disposa. Et Salomé mit son doigt dans sa nature et poussant un cri, elle dit : « Malheur à mon impiété et à mon incrédulité ! disait-elle, j'ai tenté le Dieu vivant ! Et voici que ma main se défait, sous l'action d'un feu. » » (Protévangile de Jacques, XIX,3-XX,2)

 

 

 

La mariolâtrie ou la divinisation de Marie

 

(Coran, 4:116) : [(Rappelle-leur) le moment où Allah dira : O jésus, fils de Marie, est-ce toi qui as dit aux gens : Prenez-moi, ainsi que ma mère, pour deux divinités en dehors d'Allah?][1]

 

Voici sa confirmation dans l’Évangile arabe de l'enfance, chapitre 17 : « Quand le lendemain fut venu, cette (même) femme prit de l'eau parfumée pour y baigner le Seigneur Jésus. Et après l'avoir lavé, elle prit l'eau du bain. (Or) il y avait là une jeune fille dont le corps était blanc de lèpre. Elle versa sur elle un peu de cette eau et s'en lava ; et aussitôt elle fut purifiée de sa lèpre. Quant au peuple de l'endroit, il disait : « Sans aucun doute, Joseph, Marie et l'enfant sont des dieux et non des hommes. » Et lorsque (Marie et Joseph) se résolurent à les quitter, cette jeune fille qui avait été lépreuse s'approcha d'eux et leur demanda de l'emmener. » 

Ce passage de l'Évangile arabe de l'enfance témoigne de ce que certains chrétiens contemporains de Muhammad tenaient Jésus et Marie pour des divinités. À ne pas confondre avec la notion de Theotokos, Mère de dieu.

 

La biographie de Marie

 

« Certains apocryphes contiennent des traditions plus anciennes que la composition des récits de naissance de Jésus chez Matthieu et Luc. » Enrico Norelli, Marie des apocryphes. Enquête sur la mère de Jésus dans le christianisme antique, Genève, Labor et Fides, 2009, p.9 (ISBN 978-2-8309-1340-8)

 Les catholiques conçoivent Marie comme un cocon qui doit se briser pour donner vie à leur dieu. En effet, les écrits canoniques ne font nulle mention de la vie de Marie, ni de sa mort. Elle disparait des évangiles très vite. Elle sera ressuscitée lors des débats christologiques sur la déification de Jésus. Cependant, les rares connaissances sur Marie, les noms de ses parents, etc. se retrouvent dans les écrits qualifiés d'apocryphes, dont non seulement les historiens se servent, mais également les ecclésiastiques et les fresques des églises. Le Coran aussi puise dans ces traditions précieuses (il est plus juste de dire que le texte coranique confirme certaines vérités relatées dans les apocryphes), et dépeint Marie avec beaucoup d'amour et de respect, pour ce qu'elle est, et non pour sa qualité de mère porteuse.

 

Le fils de Marie parle au berceau

 

Dès le premier verset de L‘Évangile arabe de l'Enfance, nous avons : « I. - Nous trouvons dans le livre du pontife Joseph, qui vécut au temps du Christ [quelques-uns le prennent pour Cajapha, il dit] que Jésus parla même lorsqu'il était au berceau, et qu'il dit à sa mère Marie : Je suis Jésus, fils de Dieu, ce Verbe que vous avez enfanté, comme l'ange Gabriel vous l'a annoncé ; et mon père m'a envoyé pour le salut du monde. »

 

L‘Évangile arabe de l'Enfance rapporte des prodiges réalisés par Jésus que l’on trouve également dans le Coran : « Jésus parle au berceau » dans la sourate III, La famille de ‘Imran, 46, la sourate XIX, Marie, 29-34 et la sourate V, La Table, 110 « Jésus anime de son souffle des oiseaux en argile » dans la sourate III, La famille de ‘Imran, 49 et la sourate V, La Table, 110. Tant dans l'Évangile syriaque de l'enfance que dans le Coran, Jésus est présenté comme un bébé au berceau donnant un discours très théologique en présence de la Vierge Marie à propos de leur mission respective.

 

Le miracle de l'oiseau de glaise 

 

Jésus « fabrique » des golem (Coran, 5:110) : [110. Et quand Dieu dira : « Ô Jésus, fils de Marie, rappelle-toi Mon bienfait sur toi et sur ta mère quand Je te fortifiais du Saint-Esprit. Au berceau tu parlais aux gens, tout comme en ton âge mûr. Je t'enseignais le Livre, la Sagesse, la Thora et l'évangile ! Tu fabriquais de l'argile comme une forme d'oiseau par Ma permission ; puis tu soufflais dedans. Alors par Ma permission, elle devenait oiseau. Et tu guérissais par Ma permission, l'aveugle-né et le lépreux. Et par Ma permission, tu faisais revivre les morts. Je te protégeais contre les Enfants d'Israël pendant que tu leur apportais les preuves. Mais ceux d'entre eux qui ne croyaient pas dirent : « Ceci n'est que de la magie évidente ».]

 

Bien sûr, les incrédules assimilent ce miracle à de la magie : « Être, le plus souvent de forme humaine, le golem est créé par un acte de magie grâce à la connaissance des dénominations sacrées. Dans le judaïsme, l'apparition du terme golem remonte au Livre des Psaumes et à l'interprétation qu'en donne le Talmud ; il s'agit, dans ce contexte, tantôt d'un être inachevé ou dépourvu de forme définie, tantôt de l'état de la matière brute. Ainsi le Talmud appelle-t-il parfois Adam « golem » quand il veut faire allusion aux douze premières heures de sa vie : il s'agit là d'évoquer son corps encore dénué d'âme. Mais c'est surtout le Sefer Yesirah (le Livre de la Création) et l'exégèse ésotérique qui en fut faite qui développèrent l'idée du golem en relation avec les croyances concernant le pouvoir créatif du discours et des lettres de l'alphabet hébreu... » (Encyclopædia Universalis 2005).

Le Talmud aussi parle de la fabrication de golem par des rabbins versés dans les écritures. Le Coran insiste dans ce passage sur la prophétie ou le prodige de Jésus... Le Sefer Yetsira (Livre de la formation) mentionne la possibilité de fabriquer des golem. Ce livre est dans la tradition juive attribué au Patriarche Abraham.

 

« Le mot "golem" est utilisé dans l'Ancien Testament (psaume 139:16) pour désigner une masse embryonnaire informe. Dans le Talmud (Sanhedrin 38b), Adam est décrit comme un golem, un corps humain inachevé et sans âme, lors de ses 12 premières heures d'existence.

L'ouvrage kabbalistique Sefer Yezirah (Le Livre de la Formation), qui spécule sur la façon dont Dieu a créé le monde, s'intéresse également à la naissance des premiers hommes. Différents rabbins ont commenté cet ouvrage et y ont vu des indications qui permettraient à celui qui serait suffisamment savant pour les déchiffrer et les comprendre, de créer un humain artificiel. Il y est fait allusion dans le Talmud : le rabbin babylonien Rava est
supposé avoir fabriqué un homme artificiel à l'aide du Sefer
Yezirah, qu'il envoya voir le rabbin Zeira. Mais la créature était muette ; le rabbin Zeira compris alors que celle-ci était l’œuvre d'un magicien, et il la détruisit en la faisant retourner à son état primordial de poussière
(Sanhedrin 65b). »

 

Le Coran relate dans le chapitre 3 au verset 49 la fabrication de golems de la part de Jésus. Il est bien-sur insensé de trier certains miracles comme canoniques, ou d'autres comme apocryphes. En pratique, un miracle ne peut pas être considéré comme un fait historique ou scientifique... Seule la foi en celui-ci sera déterminante pour chacun. Mais ce prodige de Jésus selon le Coran a la particularité de montrer que Dieu peut donner vie à la poussière. La mention de cette scène dans le Livre sacré des musulmans entre parfaitement dans le cadre de la christologie coranique. Puisque Jésus voit la Vie dans la pratique de la Loi. En fabriquant ce golem à partir des sagesses de la Torah et de l'hébreu, il montre que la Loi est la Vie. Et que celui qui les pratique vivra.

 

À suivre…

                     

Par : Karim Zentici

http://mizab.over-blog.com/

 

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