L’Orientalisme en a rêvé, Karim Hanifi l’a fait 3/3

Quoi qu’il en soit de l’origine historique de l’Évangile de Barnabé, l’un des grands mérites du Nazarenus de John Toland est d’avoir sondé l’archéologie profonde du Coran. Guy Stroumsa en a signalé le caractère novateur et l’importance historiographique. Dès 1718, Toland affirmait en effet que l’idée centrale dans l’islam qu’un autre ait pu mourir à la place de Jésus n’était pas une innovation. « On ne peut s’empêcher de crier contre l’ignorance de ceux qui s’imaginent que cette histoire de la mort de Jésus-Christ est originalement de l’invention des mahométans. Les basilidiens, au commencement du christianisme, niaient que Jésus-Christ eût souffert de la mort lui-même. » Selon Irénée, il est vrai que pour les basilidiens « un certain Simon de Cyrène fut réquisitionné et porta sa croix à sa place. Et c’est ce Simon qui, par ignorance et erreur, fut crucifié, après avoir été métamorphosé par Jésus pour qu’on le prît pour lui ». Dès le II e siècle, le christianisme s’était heurté à une contradiction insoluble. Si Jésus est de nature divine – ce qui s’affirme de plus en plus nettement depuis l’évangile de Jean jusqu’à l’épître aux Hébreux ou l’épître aux Philippiens : « Lui, de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu » (Phi 2,6) – une question capitale se pose : Dieu peut-il mourir sur la croix ?
Avec le personnage de Simon de Cyrène, qui figure chez les évangélistes Marc, Matthieu et Luc, les récits du Nouveau Testament offrent une échappatoire à ceux qui n’acceptent pas que le Christ ait pu mourir de la façon la plus ignominieuse qui soit. C’est notamment l’apanage de groupes que les hérésiologues appelleront « docètes » (du verbe dokein, « sembler »). Ce docétisme, on peut en trouver la trace même dans le christianisme canonique qui n’exclut pas entièrement la conception d’un corps spirituel du Christ, mais surtout chez les gnostiques pour lesquels le Christ ne peut avoir, selon la révélation réservée aux initiés, qu’un corps psychique, un corps pneumatique. Ainsi selon les Actes de Paul, Simon et Cleobios étaient venus à Corinthe répétant « Jésus-Christ n’a pas été crucifié mais c’est un simulacre qui a eu lieu ». On n’est pas loin de la conception coranique.
Cette thèse revient dans deux des textes coptes retrouvés à Nag Hammadi. Pour Le Traité du Grand Seth : « Celui qui buvait le fiel et le vinaigre, ce n’était pas moi. Ils me flagellaient avec le roseau. C’était un autre, celui qui portait la croix sur son épaule, c’était Simon. » L’Apocalypse de Pierre s’en fait l’écho également : « Le Sauveur me dit : “Celui que tu vois au-dessus de la croix, joyeux et riant, c’est le Jésus vivant. Mais celui dont ils clouent pieds et mains est son aspect physique, c’est-à-dire le substitut.” »
Dans les Actes de Jean, le Christ révèle la vérité à son disciple : « Pour moi, quand je le vis souffrir, je n’assistai pas non plus à sa souffrance, mais je m’enfuis sur le mont des Oliviers, en pleurant à cause de ce qui était arrivé. Lorsqu’il fut suspendu le vendredi à la sixième heure, il y eut des ténèbres sur toute la terre ; et mon Seigneur se tint au milieu de la grotte, il m’illumina et dit : Jean, pour la foule d’en bas, à Jérusalem, je suis crucifié, je suis piqué par des lances et des roseaux, je suis abreuvé de vinaigre et de fiel. Mais à toi je vais parler, et ce que je vais dire, écoute-le. C’est moi qui t’ai donné l’idée de monter sur cette montagne pour que tu écoutes ce qu’il faut qu’un disciple apprenne de son maître et un homme de son Dieu […]. Ce n’est pas la croix de bois que tu vas voir quand tu seras descendu d’ici. Je ne suis pas non plus celui qui est sur la croix, moi que maintenant tu ne vois pas, mais dont tu entends seulement la voix. J’ai été considéré pour ce que je ne suis pas, n’étant pas ce que je suis pour la multitude ; bien plus, ce qu’ils diront à mon sujet est vil et indigne de moi […]. Tu entends dire que j’ai souffert, or je n’ai pas souffert ; que je n’ai pas souffert, or j’ai souffert ; que j’ai été transpercé, or je n’ai pas été transpercé ; que j’ai été frappé, or je n’ai pas été frappé ; que j’ai été suspendu, or je n’ai pas été suspendu ; que du sang s’est écoulé de moi, or il ne s’en est pas écoulé. En un mot, ce que ces gens-là disent de moi, je ne l’ai pas subi ; et ce qu’ils ne disent pas, voilà ce que j’ai souffert. » Enfin, pour Irénée, le Sauveur « est demeuré impassible : il ne pouvait en effet souffrir, étant insaisissable et invisible ».
Même les quatre évangiles canoniques supposent la thèse du substitut
D’un point de vue strictement littéraire, on pourrait formuler l’hypothèse que le remplacement de Jésus sur la croix par un autre a été suggéré par les récits canoniques eux-mêmes. Dans les quatre évangiles, au nom d’une très hypothétique coutume pascale, le gouverneur romain propose aux habitants de Jérusalem de choisir qui va être condamné à la croix : Jésus ou Barabbas, voire « Jésus Barabbas ». C’est ce (Jésus) Barabbas qui est gracié, laissant pour longtemps en tête la supposition qu’un autre Jésus aurait pu prendre réellement la place du crucifié. La place du mort. Or, c’est avec d’autres substituts qu’une telle permutation va se retrouver virtuellement disponible pour les différents schémas mis à contribution par la Tradition musulmane. Mais un second modèle narratif existe encore dans les récits chrétiens.
Si chaque évangile comporte son propre récit d’apparitions de Jésus, le point commun de ces « christophanies » est que le Ressuscité – étrangement semblable à lui-même – n’est pas immédiatement reconnu : « Aucun des disciples n’osait lui demander “Qui es-tu ?” » (Jn 21,12) même s’ils ne doutent pas que ce soit le Seigneur. Ainsi dans un premier temps, Marie de Magdala confond Jésus revenu d’entre les morts avec le jardinier. Quand elle avance la main pour s’assurer de sa réalité, Jésus lui ordonne : « Ne me touche pas » (Jn 20,17). Peu après, Thomas, l’un des douze disciples, réitère la même demande : « Si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, et si je ne mets pas ma main dans son côté, je ne croirai pas » (Jn 20,25). Contrairement à ce que la peinture s’est ingéniée à figurer, Thomas face au Christ ressuscité retient son geste et devant le corps intouchable proclame : « Mon Seigneur et mon Dieu » (Jn 20,28).
La scène de la tentation de Thomas se retrouve dans d’autres termes chez les Pères de l’Église. Ignace d’Antioche au début du II e siècle, par exemple, cite une phrase attribuée à Jésus (en fait un extrait de la Doctrine de Pierre rapporté par Origène) : « Prenez, touchez-moi et voyez que je ne suis pas un démon incorporel. » L’évangile de Luc évitait d’associer au Christ le mot « démon » tout en développant le même schéma : « Voyez mes mains et mes pieds ; c’est bien moi ! Palpez-moi et rendez-vous compte qu’un esprit n’a ni chair ni os, comme vous voyez que j’en ai » (Lc 24,39). Ressuscité, Jésus apparaît toujours corporel ; ce n’est ni un fantôme ni un spectre mais un être physique, quoique personne ne puisse obtenir de preuve tangible de sa réalité. Il faut croire et rien d’autre. Un être qui semble réel, mais que l’on ne peut toucher (ni Thomas ni Marie-Madeleine n’accomplissent ce geste si on lit bien), c’est très exactement un simulacre, une illusion, une apparence. Ce dont le Coran, quelques siècles plus tard, garde la mémoire. Mais, au lieu que Jésus ressuscité retrouve la vie en apparence, le Jésus coranique n’est pas réellement crucifié.
Mort ou vif L’islam résout l’impasse théologique dans laquelle les chrétiens sont enfermés par la mort de Jésus sur la croix grâce à la formule « wa lâkin shubiha lahum », « il leur a semblé… ». Pour les musulmans, quelles que soient les interprétations données à la sourate IV, la crucifixion de Jésus n’a été finalement qu’une illusion. Dieu a pu laisser croire à ses accusateurs que Jésus était mort, voire les tromper sur l’identité de la victime. Si les juifs à la sourate IV « n’ont certainement pas tué Jésus », même s’ils l’ont cru, même s’ils l’affirment, c’est une ruse de Dieu, une illustration de sa puissance. Allah ne peut pas laisser mourir son envoyé. Au verset 158, le texte se porte aussitôt à son secours : « Mais Dieu l’a élevé vers lui » ou encore au verset 55 de la sourate III : « Dieu dit : “Ô Jésus, je vais en vérité te rappeler à moi ; t’élever vers moi ; te délivrer des incrédules, jusqu’au Jour de la Résurrection.” »
La ressemblance troublante entre les apocryphes judéo-chrétiens et le Coran
Un grave dilemme s’impose à Karim, puisqu’il rejette les textes extra-canoniques de la Bible, en conclut-il, avec ses « confrères » islamologues que, ayant exclus l’apport surnaturel pour expliquer cette « connivence », il ne peut s’agir que de plagiat, ou, au mieux, d’une influence ?
Cette proximité troublante laissa perplexes, aussi bien intentionnés soient-ils, nos deux auteurs de Jésus selon Mahomet :
Pourquoi, dans l’islam, est-ce Marie qui est distinguée entre toutes les femmes comme elle l’est dans l’évangile de Luc : « Bénie es-tu entre toutes les femmes, et béni le fruit en ton sein » ? (Lc 1,42). C’est un véritable défi herméneutique que relève le Coran : Marie est unique de son espèce, elle est l’élue, son fils n’est pas engendré par Dieu mais créé par lui : « Et celle qui était restée vierge, nous lui avons insufflé de notre Esprit » (XXI, 91).
Cependant, à la forme poétique, le Coran préférera la forme narrative pour célébrer Marie. Il s’attarde longuement – bien plus que sur la crucifixion apparente de Jésus – sur ses parents et sa naissance. Après avoir mis sa fille au monde, sa mère, la femme d’Imran, dit : « Mon Seigneur j’ai mis au monde une fille. – Dieu savait ce qu’elle avait enfanté : un garçon n’est pas semblable à une fille – Je l’appelle Marie » (III, 38). La petite fille est confiée au Temple de Jérusalem, et placée sous la protection de Zacharie, un personnage tiré du récit de l’enfance, au début de l’évangile de Luc et qui n’apparaît dans le Coran qu’en lien avec Marie. Zacharie se lamente, car sa femme est vieille et stérile, mais Dieu décide de lui donner un garçon, ce sera Jean le Baptiste, tandis que les anges annoncent à la Vierge Marie de la part de Dieu : « la bonne nouvelle d’un Verbe émanant de lui : son nom est : le Messie, Jésus, fils de Marie ; illustre en ce monde et dans la vie future ; il est au nombre de ceux qui sont proches de Dieu. Dès le berceau, il parlera aux hommes comme un vieillard ; il sera au nombre des justes » (III, 45-46). Les versets et la suite du texte sont programmatiques, enchâssant un récit de la vie de Jésus dans celui de l’enfance de Marie, comme si l’histoire de l’une était enceinte de l’histoire de l’autre, le présent du futur.
Ainsi, après l’Annonciation évoquée par la sourate III, la sourate XIX développe le récit de la grossesse et de l’accouchement. Marie souffre terriblement au moment de l’enfantement : « Malheur à moi ! Que ne suis-je déjà morte totalement oubliée ! » (XIX, 23). Douleurs physiques et psychologiques ignorées du Nouveau Testament. Or ce n’est pas dans une mangeoire ou une crèche que Marie enfante, c’est au milieu du désert, à l’ombre d’un miraculeux palmier, comme si l’épisode transposait la fuite en Égypte selon l’évangile de Luc – épisode qui, en revanche, n’apparaît pas dans le Coran. Pour l’encourager à vivre, pour la consoler, pour la rassasier de dattes fraîches, le palmier miraculeux se penche sur elle tandis qu’un ruisseau jaillit sous ses pieds. « Mange et bois et cesse de pleurer », lui ordonne l’enfant Jésus (XIX, 26). Double miracle : celui du palmier nourricier dans le désert, celui du nouveau-né qui parle (ce prodige qu’évoque encore un autre verset – V, 110 : « Dès le berceau tu parlais aux hommes comme un vieillard »).
Ces éléments surnaturels semblent sortis tout droit d’un récit apocryphe chrétien, un évangile de l’enfance, le Pseudo-Matthieu : « Mais, deux jours après leur départ, il advint que Marie, dans le désert, souffrit de l’excessive chaleur du soleil, et, voyant un palmier, elle désira se reposer un peu à son ombre. Joseph s’empressa de la conduire près du palmier et la fit descendre de sa monture. Et, après que Marie se fut assise, levant les yeux vers le feuillage du palmier, elle vit qu’il était chargé de fruits, et elle dit : Oh, s’il était possible que je puisse goûter des fruits de ce palmier. Et Joseph lui dit : Je m’étonne que tu dises cela, alors que tu vois combien ce palmier est haut. Toi, tu songes aux fruits du palmier, mais moi je songe à l’eau qui manque déjà dans nos outres, et nous n’avons pas de quoi les remplir et nous désaltérer. Alors, le petit enfant Jésus, assis sur les genoux de sa mère la vierge, s’écria et dit au palmier : Arbre, incline-toi, et restaure ma mère de tes fruits. Et aussitôt, à cette parole, le palmier inclina sa tête jusqu’aux pieds de Marie, et, après avoir cueilli les fruits qu’ils portaient, tous se restaurèrent. Mais, après que tous ses fruits eurent été cueillis, l’arbre restait incliné, attendant pour se redresser l’ordre de celui qui lui avait ordonné de s’incliner. Alors Jésus lui dit : Redresse-toi, palmier, fortifie-toi et sois le compagnon des arbres que je possède dans le paradis de mon père. Fais jaillir de tes racines les sources cachées et que de l’eau à notre satiété en coule. Et aussitôt le palmier se redressa et d’entre ses racines des sources d’eau limpide, fraîche et très douce se mirent à couler. Voyant couler ces sources d’eau, ils se réjouirent d’une grande joie, et ils burent avec leurs bêtes et leurs serviteurs en rendant grâce à Dieu. »
On lit dans le Protévangile de Jacques un récit de l’enfance que Marie a passée au Temple (de Jérusalem) – épisode des plus invraisemblables sur le strict plan historique (sic) : le voile qu’elle tisse, le tirage au sort de celui qui devra veiller sur elle, la nourriture venue du ciel, l’annonciation par les anges, la Nativité. À la manière du midrash juif, le texte coranique va fusionner les influences et les récits, s’approprier la gamme des figures chrétiennes, les répéter et les interpréter selon sa propre partition. Cela suppose que l’auditoire de Mahomet ait déjà connu l’histoire évangélique de Marie et Jésus ; d’autant que les récits ne sont jamais racontés entièrement dans le Coran, mais évoqués par touches plus ou moins détaillées, nécessairement de connivence avec les auditeurs. Il est d’ailleurs significatif de constater que toutes les allusions au Pseudo-Matthieu, au Protévangile de Jacques, voire au récit de l’enfance chez Luc, viennent presque certainement de traditions orales. C’est par l’oreille que l’histoire chrétienne a atteint Mahomet. Le Coran ne cite jamais littéralement les textes chrétiens – orthodoxes ou extra-canoniques –, il les paraphrase, les réinvente comme on peut reformuler, réinventer une histoire racontée par quelqu’un qui, lui-même, la tenait d’un autre qui l’avait entendue ailleurs.
Le modèle – très païen du reste – de ce miracle n’apparaît nulle part dans le Nouveau Testament. En revanche, il est en toutes lettres dans les évangiles apocryphes que le Coran se plaît à évoquer. On en trouve une trace dans L’Histoire de l’enfance de Jésus, connue jadis comme L’Évangile de l’enfance selon Thomas, texte composé en grec et traduit très tôt, entre le IV e et le VII e siècle, en syriaque et notamment en éthiopien. Âgé de cinq ans, Jésus joue près d’un ruisseau. « Ensuite il tira de la vase de l’argile molle et en façonna douze oiseaux » bien que ce soit le jour du sabbat. Réprimandé par Joseph, « Jésus frappa des mains et fit s’envoler les passereaux en disant : “Allez, volez et souvenez-vous de moi, vous qui êtes vivants.” » Le thème a été repris plus tard par un évangile populaire, La Vie de Jésus en arabe, dont l’original était écrit directement en syriaque et qui a beaucoup circulé sous la forme d’au moins trois versions arabes. On y voit Jésus enfant à différents âges. À sept ans, Jésus sculpte des figurines d’animaux en terre, puis leur commande de marcher. « Ainsi, il faisait des oiseaux, leur ordonnait de voler, et ils s’envolaient. » Ce texte, peint en couleurs naïves, rend hommage au « fils de Marie » et vise à illustrer les pouvoirs surnaturels du fils du Créateur, y compris sur leur versant diabolique.
La repentance d’Adam
Autre exemple : la repentance d’Adam après le péché originel, inexistante dans l’Ancien Testament mais que l’on retrouve dans le Talmud (Erouvim, 18b) ainsi que dans la Vie d’Adam et Ève ou Apocalypse de Moïse et dans le Livre d’Hénoch. Les concordances entre le Coran et ce dernier texte sont particulièrement fréquentes. Un autre exemple est celui de la prosternation des anges devant Adam (sauf Iblîs que Dieu maudit et chasse du paradis pour avoir refusé de se prosterner). Cette histoire, évoquée ou décrite sept fois dans le Coran, est absolument étrangère au livre de la Genèse. Mais elle apparaît plusieurs fois dans les traditions chrétiennes apocryphes, la Caverne des trésors, texte syriaque du V e ou VI e siècle attribué à Éphrem ou à l’un de ses disciples, la Vie d’Adam et Ève ou Apocalypse de Moïse, les Questions de Barthélemy, l’Apocalypse de Sedrach. Il en est de même pour la repentance d’Adam après la chute, thème absent de la Bible mais présent dans l’Apocalypse de Moïse et dans le Livre d’Hénoch, mais aussi dans le Talmud (Erouvim, 18b). Sauf à vouloir parier sur une extraordinaire coïncidence, cela montre combien la lecture rabbinique était également présente à l’arrière-plan de l’élaboration du Coran.
Par : Karim Zentici