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23 juillet 2019 2 23 /07 /juillet /2019 11:24

Enquête sur la crucifixion du Christ 6/6

 

Les racines mithriacistes de la crucifixion et de la rédemption

 

http://www.rationalisme.org/french/cascioli_jesus.htm#foot18

 

Le culte de Mithra bien antérieur à Jésus de deux millénaires, va servir à l'élaboration de la christologie du pagano-christianisme. En effet, Jésus n'a pas selon les évangiles canoniques affirmé une seule fois être fils de dieu, ni prétendu à la divinité de sa bouche... Mieux, l'usage des termes fils de dieu des quatre évangélistes est aléatoire, et on peut le gommer totalement en sélectionnant les récits de toutes les scènes de la carrière de Jésus dans les quatre évangiles. Ce qui est la preuve que jusqu'à la fin du second siècle, cet usage était encore stylistique et symbolique, et ne constitue pas un reflet véritable des événements historiques. Les judéo-chrétiens lutteront durement contre cet usage qui constitue un blasphème selon le judaïsme.

Mithra et la christologie

La christologie va appliquer les croyances mithraïstes dans les détails pour Jésus.

  • Mithra est né le 25 décembre, d'une vierge, dans une caverne.
  • Il est nommé fils de dieu, agneau de dieu et sauveur.
  • Il efface les péchés du monde.
  • Il meurt, est enterré dans une caverne et revient à la vie.

Persécution des judéo-chrétiens et anathèmes

Les romains vont adapter les croyances mithraïste tels quels à Jésus, nommer cela christologie, et condamner par anathème tout chrétien ne se pliant pas à cette hérésie flagrante. Les judéo-chrétiens et les écrits des vrais apôtres seront chassés et détruits progressivement étant accusés d'hérésie.

Le culte d'Horus et le Jésus païen ressuscité d'entre les morts

Les histoires de Jésus et d'Horus sont très semblables, le mythe d'Horus ayant contribué de surcroît à la désignation de Jésus comme le Christ. Les légendes autour d'Horus sont vieilles de plusieurs milliers d'années, et il partage les traits suivants avec Jésus : Horus naquit d'une vierge un 25 décembre. Il eut 12 compagnons ou disciples. Il fut mis au tombeau et ressuscita. Il était désigné comme la voie, la vérité, la lumière, le Messie, le fils oint de Dieu, le bon berger, et troisième personne de la trinité divine (Osiris-Isis-Horus). Il faisait des miracles, et éleva un homme, El-Azar-us, d'entre les morts. L'épithète personnelle d'Horus était "Iusa", "le fils jamais procréé" de "Ptah," le "père" - Churchward, op. cit., p. 365. Cf. aussi le livre Votre Église ne veut pas que vous lisiez, pp. 15-16. Horus était encore désigné comme "le KRST," ou "Oint," longtemps avant que les chrétiens n'en aient reproduit l'appellation - Churchward, ibid., p. 397. Cf. également : Le Livre égyptien des morts, par Massey, pp. 13 et 64. Matériellement, à Rome dans les catacombes on peut encore contempler des images d'Horus-enfant porté par Isis, sa mère vierge, la "Madonne et l'enfant" originels - Churchward, ibid., p. 366. - Osiris La légende d'Osiris est multiforme. Ce dieu défunt est le souverain-juge qui préside le tribunal au jugement dernier (scène de la pesée de l'âme ou psychostase) comme l'est Jésus sur le tympan des cathédrales et de certaines basiliques ; Thot sert de médiateur au Tribunal de Dieu comme Jésus. En bien des points, la religion égyptienne a inspiré les religions juive et chrétienne, de la Genèse à l'Apocalypse. On y trouve des concepts analogues, la même morale, la confession, le rituel de purification par ablutions et celui du pain et du vin consacrés... issu du courant ésotérique osirien, le christianisme vulgarisé et figé en dogmes a perdu de sa vitalité - Livre des morts des anciens égyptiens, Kolpaktchy, éd. Omnium Littéraire.

 

Jésus était VIVANT, et non mort en descendant de la croix (sic). De même que Jésus se qualifiait clairement de fils de l'homme et n'a jamais prétendu de sa bouche à la divinité. La lecture des événements par les faits apportés épuré des commentaires permet de réaliser une étude neutre des mêmes événements. D'ailleurs, les judéo-chrétiens ont longtemps rejeté la notion de fils unique, engendré... La prédominance des pagano-chrétiens et les nombreux anathèmes a détruit les écrits des vrais apôtres et seuls des écrits plus tardifs ont traversé les mailles du filet des anathèmes... Le Coran se situe dans la lignée judéo-chrétienne du paléo-christianisme, et donc du judaïsme antique. Les sources qualifiées d'apocryphes qui rejoignent le Coran datent de la même époque que les écrits canonisés à partir de 170.

 Les pères de l'Eglise ont puisé dans les mêmes écrits jusqu'à ce que ces écrits soient finalement cachés et qualifiés d'apocryphes. La paléographie montre que le Coran refait un nouveau canon, et fait une lecture neuve des mêmes sources. Ainsi, Jésus est dit avoir survécu à la crucifixion, et cela est conforme à la lecture critique des écrits disponibles, à condition de ne pas se focaliser sur les commentaires personnels des auteurs de ces témoignages divers...

 

Michael Marx, islamologue allemand, soutient dans "Le monde de la Bible n 195", décembre 2010, pp.33-35, dans l'article "Quel discours coranique sur Jésus", que ce passage du Coran mérite une recherche plus approfondie. La comparaison avec la secte de Basilide d'Alexandrie est tardive, le Coran ne parle pas de sosie mais de simulacre. Il ne dit pas que Jésus n'a pas été crucifié du tout, mais que c'était un faux-semblant (sic).

Les sacrifices visaient en effet l'absolution des péchés du peuple d'Israël. D'où l'importance du Temple de Jérusalem. Jésus n'a pas versé son propre sang pour en finir avec les sacrifices, puisqu'il a précisé ne pas être venu pour abolir la Loi, mais pour l'accomplir. Mais après la trahison, le temple a été détruit, et de fait certains chrétiens ont inventé cette doctrine du sacrifice propre du Messie pour abolir les sacrifices. Jésus ou les apôtres n'ont jamais prétendu pareille chose, c'est une doctrine tardive élaborée sur mesure après le départ de Jésus.

 

Jurgen Moltmann dans son livre « The Crucified God » : « La mort de Jésus sur la croix est le cœur de toute la théologie chrétienne ; Toutes les déclarations chrétiennes concernant Dieu, la création, le péché et la mort ont leur point central dans la crucifixion du Christ. Toutes les déclarations chrétiennes sur l'histoire, au sujet de l'église, de la foi et la sanctification, de l'avenir et l’espoir proviennent de la crucifixion du Christ ». Cela est également confirmé par Paul dans 1 Corinthiens 15 :14 : « Et si Christ n’est pas ressuscité, notre prédication est donc vaine, et votre foi aussi est vaine. »

Et si Jésus était parti au Cachemire en se réveillant de la caverne ?

 

La disparition de Jésus a ainsi alimenté beaucoup de légendes dont celle de la résurrection de la rédemption et du lever du péché originel... Mais sa disparition est un fait, à moins de se résilier à penser qu'il n'a jamais existé ?

 

Les détails de la condamnation de Jésus

 

Quelles ont été les dernières paroles de Jésus sur la croix ? Cette question est loin d'être anodine, puisque les témoignages sur les événements de la crucifixion nous permettront de reconstituer les événements qui se sont déroulés lors de la condamnation de Jésus à la crucifixion.

Le couronnement d'épines

Ce passage essentiel ne figure pas chez Luc, étrange pour un événement aussi choquant pour un chrétien.

 Qui porte la croix

(Mathieu, 27:32) : C'est Simon de Cyrène qui est requis pour porter la croix. Or, chez (Jean, 19:17), c'est Jésus lui-même qui est sensé porter la croix.

Est-ce que Jésus parle sur le chemin

Trois évangélistes montrent Jésus silencieux sur le chemin de la croix, or, Luc lui fait faire des remontrances. Qui comme par enchantement correspondent à des passages bibliques...

Les brigands condamnés avec Jésus

(Luc, 23:39-43) : fait d'un des larrons un homme juste. Or, (Mathieu, 27:44) : fait insulter Jésus par les deux larrons. Tandis que Jean fait crucifier Jésus seul.

Les dernières paroles de Jésus

Selon Jean, Jésus a juste dit : « Tout est consommé. » Selon Luc, il aurait dit : « Père en tes mains je remets mon esprit. » Mathieu, lui fait dire : « Elie, Elie, pourquoi m'as-tu abandonné », et Marc : « Mon dieu, Mon dieu, pourquoi m'as-tu abandonné. » Ce dernier passage est un emprunt textuel des psaumes 22:1-3, dont le verset 23 décrit un partage d'habits par un tirage au sort, qui sera recopiée pour la scène de la crucifixion.

Point de vue clinique et médical

La réalité est qu'un homme crucifié, et qui plus est à cette hauteur ne pourrait physiologiquement pas parler, et encore moins crier comme le prétendent les évangiles. Car une telle suspension pendant trois heures rendrait même sa respiration très difficile. Or, le fait qu'une chose qualifiée d'eau coule en même temps que du sang lorsque le centurion enfonce son javelot entre ses côtes, témoigne que ce geste visant à le tuer, a atteint les poumons juste à côté, et a dû libérer de la pression accumulée par le plasma, au terme d’une dure souffrance, autour de ses poumons et lui permettre de respirer et survivre.
Pour faire au plus simple, le centurion aurait dû viser le cœur par le ventre, sans toucher les côtes... Pour atteindre le cœur à travers les côtes à plus de deux mètres de haut, il faudrait un géant piquant horizontalement depuis le côté. Rater son coup étant peu probable d'expérience, les romains brisaient ensuite les jambes pour s'assurer de la mort. Or, les jambes de Jésus ne seront pas brisées.

 

Conclusions
            Aucun des détails de la scène de la condamnation ne fait l'unanimité, et les évangélistes se sont appuyés sur des prophéties bibliques pour rendre cela plus palpitant. Or, les passages empruntés varient d'un évangéliste à un autre.

 

Les évangélistes ne sont pas des témoins directs. Ainsi, Jean fait dire à Jésus « Tout est consommé » et donne l'âme. Pour Mathieu lui fait dire « Eli, Eli, lema sabachthani » et Jésus pousse un grand cri et meurt : (Mt.26:46-51). Marc lui fait dire quant à lui : « Eloi, Eloi lema sabachthani » avant le grand cri et de mourir, troisième version : (Mc, 15:34-37). Luc, pour sa part, enregistre ses propos : « Père, en tes mains je remets mon esprit » sans émettre de cri et meurt : (Lc, 23:46). Cela prouve que ces descriptions ne sont pas des témoignages directs, mais de la prose tardive. On a quatre évangiles et quatre versions divergentes. Si un juge neutre se fondait sur ces témoignages pour décider de la culpabilité des Juifs dans cette prétendue mort, il devrait rejeter la requête, car elle est semée de contradictions.

 

Identité de Jean l'Évangéliste

 

Selon de nombreux historiens et exégètes, Jean l'évangéliste et Jean l'apôtre sont deux personnages distincts. Parmi eux, on peut citer : Oscar Cullmann, François Le Quéré, Joseph A. Grassi, James H. Charlesworth, Xavier Léon Dufour, etc. Les partisans de la distinction entre Jean l'évangéliste et Jean, fils de Zébédée, font ainsi valoir une série d'arguments. Un texte aussi imprégné de liturgie sacerdotale, considéré comme le plus théologique des évangiles, aurait difficilement pu sortir de la plume du modeste fils d'un patron pêcheur de Galilée qui réparait les filets de son père.

 

Polycrate, évêque d'Éphèse au IIe siècle précise qu'il fut « hiéreus [prêtre] et [à ce titre] a porté le pétalon [la lame d'or], témoin et didaskale [enseignant] ». Jean, selon ce témoignage, aurait été un homme de Jérusalem, membre de la haute aristocratie juive de la ville. Le pétalon (le tsits, la fleur ou lame d'or) était l'insigne sacerdotal porté sur la poitrine par le grand prêtre au temps de l'Exode, mais dont l'usage, semble-t-il s'était étendu à certains membres des familles ayant donné des grands prêtres. Jean l'évangéliste aurait été un membre de l'aristocratie religieuse de Jérusalem, un prêtre de très haut rang, pétri de théologie juive. Il habitait Jérusalem, et c'est vraisemblablement dans sa maison qu'eut lieu la Cène, tandis que Jean fils de Zébédée, comme son frère Jacques, était pêcheur, de basse extraction, et certainement illettré. D'autres témoignages, ceux d'Irénée, de Papias, d'Eusèbe de Césarée, confirment cette identité. Dans ses deuxième et troisième épîtres, l'auteur de l'évangile se présente comme l'ancien, le presbytre, c'est-à-dire l'un des membres de la première génération apostolique ne faisant pas partie des Douze.
Dans l'évangile de Jean, on ne trouve pas les principaux épisodes auxquels le fils de Zébédée a été associé, comme la résurrection de la fille de Jaïre ou la Transfiguration. Sa description du ministère galiléen est sommaire : il connaît mal la géographie de cette contrée, ignore le nom des bourgades du pourtour du lac de Génésareth, étonnant pour un pécheur de Capharnaüm.

 

L'analyse interne du quatrième évangile largement centré sur Jérusalem, montre que son auteur en était un familier, ce qui ne pouvait être le cas du fils de Zébédée. Il évoque la piscine de Béthseda, de celle de Siloé, du portique de Salomon, du pavement de pierre du prétoire romain... Ce juif pieux, a une très bonne compréhension du judaïsme de son temps, il est connu grand prêtre Hanne connaît Malchus à qui Pierre tranche le lobe de l'oreille et le frère de celui-là, qui interpelle Pierre ; il connaît la gardienne du palais qui sur un simple mot les laisse entrer tous les deux.

 

Aucun des premiers pères de l'Église ne dit que Jean l'évangéliste est le fils de Zébédée. Les évangiles de Matthieu et Marc rapportent que Jésus avaient prévenu les fils de Zébédée seraient tous deux associés à la Passion. Vraisemblablement, au moment où ces évangiles ont été diffusés, dans les années 62 et 63, ces deux personnages étaient déjà morts, et c'est sans doute leur martyr qui remit en mémoire l'annonce prophétique de Jésus à leur sujet.

 

Source : wikipédia.

 

L'évangéliste est tout au plus peut-être un disciple tardif de Jésus influencé par Paul, dont l'écrit original perdu a manifestement subi de nombreuses retouches.

 

                     

Par : Karim Zentici

http://mizab.over-blog.com/

 

 

 

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22 juillet 2019 1 22 /07 /juillet /2019 11:18

Enquête sur la crucifixion du Christ 5/6

 

Jésus n’a jamais appelé à son propre culte

 

(Deutéronome, 18:20) : « Mais le prophète qui aura l'audace de dire en mon nom une parole que je ne lui aurai point commandé de dire, ou qui parlera au nom d'autres dieux, ce prophète-là sera puni de mort. »

 

Un prophète qui ose parler au nom d'autres dieux sera condamné à mort. Alors que dire s’il s’autoproclame fils de dieu ? En adorant Jésus, les chrétiens pervertissent clairement son enseignement. Jésus ne prétend jamais de sa bouche être Dieu. Ce sont les évangélistes qui injectent cela dans leurs commentaires. Il faut savoir qu'en plus des divergences entre les quatre évangiles, il existe des dissonances et contradictions au sein des mêmes évangiles, parce que les extraits sont recopiés à partir d'écrits déjà existants, remaniés et rajoutés de commentaires... Ainsi, les divergences témoignent de cogitations profondes que le lecteur érudit lira en filigrane, qui est une approche plus enrichissante que celle proposée par le corpus littéral des textes... Les écrits gnostiques se fondent d'ailleurs sur cette approche midrashique, et codifient les écrits pour des lecteurs avertis. Par exemple l'encratisme signifie la conversion et l'abandon de l'époux idolâtre.

 

Quelle est la différence entre le gnosticisme de l’Église officiel et celui des textes apocryphes ?

 

Le christianisme est une mouvance gnostique. Christoph Markschies propose une typologie en huit points pour caractériser les textes et mouvements gnostiques de l'antiquité (Christoph Markschies Gnosis: an introduction , Continuum International Publishing Group, 2003) :

  1. L'existence d'un Dieu suprême complètement distant et en dehors du monde (le Père céleste) ;
  2. L'introduction d'autres figures divines plus proches des humains que le Dieu suprême (l'incarnation en Christ, le Saint-Esprit) ;
  3. L'idée que le monde et la matière sont des créations mauvaises, et constituent donc une aliénation ;
  4. L'introduction d'un Dieu créateur (appelé démiurge dans la tradition platonicienne), décrit parfois comme surtout ignorant, mais parfois comme mauvais (les monothéistes israélites ignorent dieu) ;
  5. L'explication de cet état des choses par un drame mythologique dans lequel une étincelle divine est tombée de sa sphère dans le monde mauvais et s'est endormi dans certains êtres humains et peut en être libérée (le péché originel eucharistie, baptême) ;
  6. La connaissance (Gnose) de cet état ne peut être obtenue que par l'intermédiaire d'un rédempteur qui descend de sa sphère supérieure et y retourne (Les fils de lumière seuls comprennent les paraboles, la trinité et les hypostases plus tardivement...) ;
  7. La rédemption des êtres humains passe par la connaissance de ce Dieu ou de cette étincelle en eux (passion du christ rédemption) ;
  8. une tendance vers différents types de dualisme (Le prince de ce siècle a séduit le monde entier).

 

On notera que tous ces points se retrouvent d'une façon largement omniprésente dans les écrits chrétiens. Les spécialistes classent Irénée de Lyon lui-même dans la mouvance gnostique, et voient dans la taxation d'hérésie des autres mouvements gnostiques de la pure rhétorique. La croyance en un dieu descendu des cieux pour sauver l'humanité et leur enseigner le véritable dieu pour leur accorder la rédemption est le gnosticisme par excellence. Les qualifications d'hérésie des autres mouvements gnostiques est décrite par les spécialistes comme purement rhétorique et sectaire...

 

« Il faut admettre avec [Michael Williams] qu’en tant que construction typologique, le concept de gnosticisme échoue à rendre compte du contenu de la plupart des textes dits "gnostiques". Sa principale fonction, en termes de catégorisation, est de créer une catégorie "gnosticisme" à côté de la catégorie « christianisme », et par là-même une distinction artificielle entre un ensemble de phénomènes dits "gnostiques" et un ensemble de phénomènes dits "chrétiens" qui différeraient les uns des autres par essence. En fait, cette construction savante, abandonnée depuis longtemps en Europe centrale, pourrait bien être en grande partie la transposition dans le domaine critique d’un outil polémique mis au point par certains chrétiens du IIe siècle pour en combattre d’autres. » 

http://www.erudit.org/livre/larouchej/2001/livrel4_div18.htm

 

La paléographie pour remédier aux fausses pistes causées par le remaniement des textes

 

Les études paléographiques prouvent que certains passages sont recopiés textuellement de manuscrits plus anciens, le récit s'arrête avec la disparition de Jésus ; c’est ce qui explique l’absence de description de la destruction du temple, et on y parle de l'annonce de la destruction du temple de nombreuses fois comme une prophétie... On parle des israélites en disant les juifs... Et l'allusion aux trous dans les MAINS de Jésus prouve que ce passage est très tardif, les crucifixions on duré jusqu'à l'époque de Constantin. Des expériences de crucifixions sur des cadavres ont prouvé que la crucifixion en clouant par les mains ne tient pas, et que le corps se décroche, et les mains se rompent. 

http://gira.cadouarn.pagesperso-orange.fr/france/annexes/crucifixion_fr.htm

 

Contradictions dans les récits des manifestations

 

Mathieu, 28:8-14. « Elles (Marie de Magdala, Jeanne, Marie mère de Jacques) s'éloignèrent promptement du sépulcre, avec crainte et avec une grande joie, et elles coururent porter la nouvelle aux disciples. Et voici, Jésus vint à leur rencontre, et dit : Je vous salue. Elles s'approchèrent pour saisir ses pieds, et elles se prosternèrent devant lui. Alors Jésus leur dit : Ne craignez pas ; allez dire à mes frères de se rendre en Galilée : c'est là qu'ils me verront. (...) Les onze disciples allèrent en Galilée, sur la montagne que Jésus leur avait désignée. Quand ils le virent, ils se prosternèrent devant lui. Mais quelques-uns eurent des doutes. »

Marc, 16:9-15 « Jésus, étant ressuscité le matin du premier jour de la semaine, apparut d'abord à Marie de Magdala, de laquelle il avait chassé sept démons. Elle alla en porter la nouvelle à ceux qui avaient été avec lui, et qui s'affligeaient et pleuraient. Quand ils entendirent qu'il vivait, et qu'elle l'avait vu, ils ne le crurent point. Après cela, il apparut, sous une autre forme, à deux d'entre eux qui étaient en chemin pour aller à la campagne. Ils revinrent l'annoncer aux autres, qui ne les crurent pas non plus. Enfin, il apparut aux onze, pendant qu'ils étaient à table; et il leur reprocha leur incrédulité et la dureté de leur cœur, parce qu'ils n'avaient pas cru ceux qui l'avaient vu ressuscité. »

 

Luc, 24:9-52. « A leur retour du sépulcre, elles annoncèrent toutes ces choses aux onze, et à tous les autres. Celles qui dirent ces choses aux apôtres étaient Marie de Magdala, Jeanne, Marie, mère de Jacques, et les autres qui étaient avec elles. Ils tinrent ces discours pour des rêveries, et ils ne crurent pas ces femmes. Mais Pierre se leva, et courut au sépulcre. S'étant baissé, il ne vit que les linges qui étaient à terre ; puis il s'en alla chez lui, dans l'étonnement de ce qui était arrivé. Et voici, ce même jour, deux disciples allaient à un village nommé Emmaüs, éloigné de Jérusalem de soixante stades ; (...) Alors leurs yeux s'ouvrirent, et ils le reconnurent ; mais il disparut de devant eux. Et ils se dirent l'un à l'autre : Notre cœur ne brûlait-il pas au dedans de nous, lorsqu'il nous parlait en chemin et nous expliquait les Écritures ? Se levant à l'heure même, ils retournèrent à Jérusalem, et ils trouvèrent les onze, et ceux qui étaient avec eux, assemblés et disant : Le Seigneur est réellement ressuscité, et il est apparu à Simon. Et ils racontèrent ce qui leur était arrivé en chemin, et comment ils l'avaient reconnu au moment où il rompit le pain. Tandis qu'ils parlaient de la sorte, lui-même se présenta au milieu d'eux, et leur dit : La paix soit avec vous ! Saisis de frayeur et d'épouvante, ils croyaient voir un esprit. Mais il leur dit : Pourquoi êtes-vous troublés, et pourquoi pareilles pensées s'élèvent-elles dans vos cœurs ? (...) Puis il leur dit : C'est là ce que je vous disais lorsque j'étais encore avec vous, qu'il fallait que s'accomplît tout ce qui est écrit de moi dans la loi de Moïse, dans les prophètes, et dans les psaumes. Alors il leur ouvrit l'esprit, afin qu'ils comprissent les Écritures. (...) et fut enlevé au ciel. Pour eux, après l'avoir adoré, ils retournèrent à Jérusalem avec une grande joie. »

 

Jean, 20, 21. « Jésus lui dit : Marie ! Elle se retourna, et lui dit en hébreu : Rabbouni ! c'est-à-dire, Maître ! Jésus lui dit : Ne me touche pas ; car je ne suis pas encore monté vers mon Père. Mais va trouver mes frères, et dis-leur que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. Marie de Magdala alla annoncer aux disciples qu'elle avait vu le Seigneur, et qu'il lui avait dit ces choses. Le soir de ce jour, qui était le premier de la semaine, les portes du lieu où se trouvaient les disciples étant fermées, à cause de la crainte qu'ils avaient des Juifs, Jésus vint, se présenta au milieu d'eux, et leur dit : La paix soit avec vous ! Et quand il eut dit cela, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent dans la joie en voyant le Seigneur. Jésus leur dit de nouveau : La paix soit avec vous ! Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie. Après ces paroles, il souffla sur eux, et leur dit : Recevez le Saint Esprit. (...) Thomas, appelé Didyme, l'un des douze, n'était pas avec eux lorsque Jésus vint. Les autres disciples lui dirent donc : Nous avons vu le Seigneur. Mais il leur dit : Si je ne vois dans ses mains la marque des clous, et si je ne mets mon doigt dans la marque des clous, et si je ne mets ma main dans son côté, je ne croirai point. Huit jours après, les disciples de Jésus étaient de nouveau dans la maison, et Thomas se trouvait avec eux. Jésus vint, les portes étant fermées, se présenta au milieu d'eux, et dit : La paix soit avec vous ! Puis il dit à Thomas : Avance ici ton doigt, et regarde mes mains ; avance aussi ta main, et mets-la dans mon côté ; et ne sois pas incrédule, mais crois. (...) Après cela, Jésus se montra encore aux disciples, sur les bords de la mer de Tibériade. Et voici de quelle manière il se montra. Simon Pierre, Thomas, appelé Didyme, Nathanaël, de Cana en Galilée, les fils de Zébédée, et deux autres disciples de Jésus, étaient ensemble.... »

 

Conclusion
 

Les apparitions aussi sont contradictoires, le nombre d'apparitions, en Jérusalem, en Galilée, les onze sans Thomas... Bref, un témoignage d'une panique visant à montrer à tout prix un Jésus ressuscité. Mais des témoignages incompatibles et contradictoires. En effet, la première apparition est contradictoire, le nombre des apparitions est contradictoire. Est-ce les apôtres qui vont en Galilée, ou Jésus les trouve-t-il à table en Jérusalem... Preuve que le récit est forgé par les rédacteurs des évangiles, pour tenter de prouver que Jésus serait ressuscité, et qu'il n'a pas été volé par les apôtres.

 

À suivre…

                     

Par : Karim Zentici

http://mizab.over-blog.com/

 

 

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21 juillet 2019 7 21 /07 /juillet /2019 11:11

Enquête sur la crucifixion du Christ 4/6

 

Le christianisme lui-même, et cela depuis l'Antiquité, a utilisé tout ce qui, autour de lui, dans le monde païen ou profane, lui paraissait susceptible d'illustrer sa foi ou de servir sa pastorale. Que l'on songe au vocabulaire de la philosophie stoïcienne du Xôyoç, peut être dès le prologue de l’Evangile selon saint Jean, à celui des religions à mystères, à partir du IVe siècle, peut-être aussi à certaines images de la théologie Héracléenne pour commenter et illustrer, aux yeux de l'imagination, le texte de la Première épitre de saint Pierre, 3, 19, sur la descente du Christ aux Enfers. S'il est vrai que l'adoration de Jésus comme « Soleil de justice » ce qui veut dire de sainteté tire son origine d'un texte messianique de l'Ancien Testament, Malachie, 3, 20, il est bien certain que c'est le culte contemporain du Soleil, qui a conduit les chrétiens à fixer la date de Noël au 25 décembre, fête païenne du Sol invictus, pour opposer à ce culte, l'adoration de ce « Soleil de Justice ».

 

Il s'agit à chaque fois d'exprimer la doctrine en utilisant les intérêts voire les modes intellectuels des contemporains, ou en se servant des opportunités concrètes de temps ou de lieu, pour substituer à un culte païen le culte chrétien.

 

L’opposition au paganisme

 

Dans ces œuvres de polémique, la contestation s'exprime avec les ressources de la culture antique. Tout se passe comme si nous assistions à la contestation du monde antique par lui-même, à une contestation interne où le paganisme est remis en question par des tenants de la culture antique, ce que prétendent bien être Tertullien, Minucius Félix et Lactance.

 

Dans un monde où le paganisme et la culture, sous toutes ses formes, étaient étroitement liés, dans une solidarité universellement reconnue, comme une évidence première, où l'on voyait s'affirmer toute la consistance du monde antique païen dans son unité — c'est toute l'inspiration de la restauration païenne de Julien, en particulier dans sa loi sur l'enseignement — voici qu'apparaissait une distinction entre paganisme et culture, qui s'étendrait bientôt des lettres aux arts et qui représente, en fait, dans l'édifice du monde antique païen, la lézarde fatale qui commandera son écroulement. Saint Augustin se représentera le rejet du paganisme et l'adoption de la culture antique, par les chrétiens, sous une forme imagée qu'il doit à l'exégèse allégorique d'un passage de la Bible : les chrétiens font ce que firent les Hébreux qui quittèrent la terre d'oppression et de servitude qu'était l'Egypte, mais le firent en emportant les richesses des Égyptiens. (…)

 

Tous les écrivains n'ont pas toujours une formation théologique approfondie — ainsi Arnobe et Lactance — , sans compter qu'avec les meilleures intentions, un écrivain peut commettre des erreurs d'appréciation. Tel fut le cas d'Origène dont la foi et la vertu ne font aucun doute, mais qui fut trop accueillant à certaines thèses du platonisme. (…)

 

Ambroise lorsqu'il reprend dans son œuvre des passages entiers de Plotin

 

Les chrétiens immergés dans un monde païen, en voulant se tenir à l'écart du paganisme, sont amenés à vivre en marge de toute une part de la vie sociale. Perçus par les païens comme des marginaux, ce que contestera Tertullien, on les accuse de haine du genre humain et de troisième race, n'étant ni païens ni juifs.

 

Dans le domaine où les chrétiens devaient être les plus sourcilleux — et nous en verrons un exemple — celui de la liturgie, on voit apparaître progressivement le vocabulaire de la langue religieuse païenne qu'on avait exclu autrefois pour éviter des ambiguïtés, mais qui ne présente plus aucun risque d'équivoque désormais : ainsi purus, ara, templum. En même temps que cette liturgie recherche une syntaxe plus oratoire, intégrant la culture antique — mais non pas les idées religieuses de ce monde — dans le culte chrétien.

 

http://www.persee.fr/docAsPDF/bude_0004-5527_1988_num_1_2_1359.pdf

 

L’obscurantisme de la Trinité

 

Ambroise, répond hautainement : « Ce que vous ignorez, nous l'avons connu par la voix de Dieu. Et, ce que vous cherchez avec vos hypothèses, nous le tenons pour certain de la Sagesse de Dieu et de la Vérité. »

 

On sait que non seulement les païens, mais même beaucoup de chrétiens, comme Arius, refusaient l'absurdité d'un homme-dieu et l'identité du Fils avec le Père, nécessaire à la fondation divine de l'Église. Survient alors au concile de Nicée un Symbole ou Credo qui mettait fin à la dispute en approuvant les dogmes sur la divine Trinité (quelque chose de semblable existait déjà dans Plotin). (…)

 

Et à propos du droit romain, comment ne pas se rappeler que le Christianisme s'il n'a pas pu détruire tout ce qui était païen, se l’est accaparé ? Justinien, cet empereur qui, selon Procope était "pratiquement analphabète, chose qui on n'avait jamais vu dans l'empire romain..., et qui dans la langue, dans l’aspect extérieur et dans la mentalité se comportait comme un sauvage", a commandé le recueil des lois romaines (y-a-il quelque chose de plus païen, peut-être ?) et il l'intitulera au nom de Christ : Proœmium de Confirmatione Institutionum, In nomine Domini nostri Jesu Christi...". Quelle impudente falsification historique ! Le Christianisme, ou bien raye ou bien s'accapare ce qu’il y a de vital dans le Paganisme : il recueille l'héritage de ses lois, il prohibe ou sanctifie ses jeux, il transforme les temples en églises, comme "Santa Maria sopra Minerva", il remplace les dieux par des anges et des saints, il appelle le pape Pontifex Maximus [13], il occupe son siège, hors duquel et sans lequel l'évêque de Rome ne serait pas Pape.

 

Voir : http://racines.traditions.free.fr/eglidiab/pagalcri.pdf

 

L’énigme des douze apôtres : onze ou douze ?

 

Extrait de l'évangile de Jean (Jean, 20:24-29) :

« Thomas, appelé Didyme (le jumeau), l'un des douze, n'était pas avec eux lorsque Jésus vint. Les autres disciples lui dirent donc : Nous avons vu le Seigneur. Mais il leur dit : Si je ne vois dans ses mains la marque des clous, et si je ne mets mon doigt dans la marque des clous, et si je ne mets ma main dans son côté, je ne croirai point. Huit jours après, les disciples de Jésus étaient de nouveau dans la maison, et Thomas se trouvait avec eux. Jésus vint, les portes étant fermées, se présenta au milieu d'eux, et dit : La paix soit avec vous ! Puis il dit à Thomas : Avance ici ton doigt, et regarde mes mains ; avance aussi ta main, et mets-la dans mon côté ; et ne sois pas incrédule, mais crois. Thomas lui répondit : Mon Seigneur et mon Dieu ! Jésus lui dit : Parce que tu m'as vu, tu as cru. Heureux ceux qui n'ont pas vu, et qui ont cru ! »

 

(Marc, 16:14-20) : « Enfin, il apparut aux onze, pendant qu'ils étaient à table ; et il leur reprocha leur incrédulité et la dureté de leur cœur, parce qu'ils n'avaient pas cru ceux qui l'avaient vu ressuscité. Puis il leur dit : Allez par tout le monde, et prêchez la bonne nouvelle à toute la création. Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné. Voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru: en mon nom, ils chasseront les démons ; ils parleront de nouvelles langues ; ils saisiront des serpents ; s'ils boivent quelque breuvage mortel, il ne leur feront point de mal ; ils imposeront les mains aux malades, et les malades, seront guéris. Le Seigneur, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel, et il s'assit à la droite de Dieu. Et ils s'en allèrent prêcher partout. Le Seigneur travaillait avec eux, et confirmait la parole par les miracles qui l'accompagnaient. »

 

Comme le précise Régis Moreau, Thomas est un autre nom de Judas Iscariote. C'est ainsi que Marc parle des onze, tandis que Jean ajoute un passage avec le douzième. Il s'agit d'une autre version sur le repentir de Judas. Or, cette incursion nouvelle du douzième apôtre n'est pas innocente. En effet, Judas n'est autre que Thomas. Or, selon les Actes de Thomas, Thomas est nommé le jumeau et est crucifié à la place de Jésus... Ainsi, en ajoutant en fait cette incrédulité de Thomas, Jean réfute la thèse de la crucifixion de Judas à la place de Jésus. Cet ajout garde ironiquement la cicatrice d'une plume très tardive, puisqu'il est fait mention de trous dans les mains de Jésus, or, les clous étaient enfoncés aux poignets... Etant donné que la crucifixion a été abolie en 320 par Constantin, cet extrait semble bien avoir été au moins remanié après 320... On est devant un artéfact témoignant de la croyance en la transfiguration de Judas en Jésus pour être crucifié à sa place dans les évangiles canoniques, mais selon le camp orthodoxe.

 

Le message de Jean est donc le suivant, Judas n'a pas été crucifié à la place de Jésus, il s'est repenti, mais il a fini par mettre ses propres doigts dans les trous des mains de Jésus qu'il a vendu. Thomas signifie en araméen (Te'oma) le jumeau, Didyme aussi signifie le jumeau. Cette relecture peut sembler tirer par les cheveux à priori, mais le fait est là que cet ajout du douzième apôtre est propre à Jean, le rédacteur le plus tardif, et que cette thèse existait de fait avant la fin du premier siècle au moins chez Thébutis. Jean fait de Judas qui a vendu Jésus, précisément celui qui prouve que Jésus porte les cicatrices de la crucifixion. A noter que dans les Actes de Thomas, Jésus vend Thomas, et c'est aussi lui qui est crucifié à la place de Jésus. Un autre passage qui va en ce sens est celui où Jean écrit que Jésus porte lui-même la croix jusqu'au lieu appelé Golgotha, sachant que certains affirmaient que c'est un dénommé Simon de Cyrène qui a été crucifié par erreur...

 

Jean réécrit l’histoire

 

(Jean, 19:16-18) : « Alors il le leur livra pour être crucifié. Ils prirent donc Jésus, et l'emmenèrent. Jésus, portant sa croix, arriva au lieu du crâne, qui se nomme en hébreu Golgotha. C'est là qu'il fut crucifié, et deux autres avec lui, un de chaque côté, et Jésus au milieu. »

 

Voyons la version de Marc (Marc, 15:20-22) : « Après s'être ainsi moqués de lui, ils lui ôtèrent la pourpre, lui remirent ses vêtements, et l'emmenèrent pour le crucifier. Ils forcèrent à porter la croix de Jésus un passant qui revenait des champs, Simon de Cyrène, père d'Alexandre et de Rufus ; et ils conduisirent Jésus au lieu nommé Golgotha, ce qui signifie lieu du crâne. » Il y a donc contradiction.

 

Jean rejette cette version, et affirme que Jésus porte lui-même la croix. Ainsi, la thèse de la crucifixion de Simon à la place de Jésus est également réfutée à la racine. Par conséquent, quelle que soit la date de la rédaction de l'évangile de Jean, on note que Jean réfute en filigrane la crucifixion d'un autre que Jésus.

 

Pareillement, la thèse de la crucifixion de Barrabas à la place de Jésus est réfutée, en effet, Jean ne mentionne personne d'autre de crucifié avec Jésus. Une façon de nier la crucifixion de Barrabas, nommé Jésus. (Jean, 18:40) : « Alors de nouveau tous s'écrièrent : Non pas lui, mais Barabbas. Or, Barabbas était un brigand. » Pour Jean, seul le Christ doit être crucifié, comme un agneau. Donc, les autres condamnés font tâche. « Si Jésus n'est pas mort sur la croix, la foi est vaine. » On comprend donc ainsi combien ce point crucial avait son importance du temps de l'évangéliste.

 

Contradiction dans la liste des douze apôtres

 

La liste des douze apôtres selon les quatre évangélistes (Mathieu, 10:1-4) : « Puis, ayant appelé ses douze disciples, il leur donna le pouvoir de chasser les esprits impurs, et de guérir toute maladie et toute infirmité. Voici les noms des douze apôtres. Le premier, Simon, appelé Pierre, et André, son frère ; Jacques, fils de Zébédée, et Jean, son frère ; Philippe, et Barthélemy ; Thomas, et Matthieu, le publicain ; Jacques, fils d'Alphée, et Thaddée ; Simon le Zélote (ou le Cananite), et Judas l'Iscariote, celui qui livra Jésus. »

 

(Marc, 3:13-19) : « Il monta ensuite sur la montagne ; il appela ceux qu’il voulut, et ils vinrent auprès de lui. Il en établit douze, pour les avoir avec lui, et pour les envoyer prêcher avec le pouvoir de chasser les démons. Voici les douze qu'il établit : Simon, qu'il nomma Pierre ; Jacques, fils de Zébédée, et Jean, frère de Jacques, auxquels il donna le nom de Boanergès, qui signifie fils du tonnerre ; André ; Philippe ; Barthélemy ; Matthieu ; Thomas ; Jacques, fils d'Alphée ; Thaddée ; Simon le Cananite, et Judas Iscariote, celui qui livra Jésus. »

 

(Luc, 6:12-16) : « En ce temps-là, Jésus se rendit sur la montagne pour prier, et il passa toute la nuit à prier Dieu. Quand le jour parut, il appela ses disciples, et il en choisit douze, auxquels il donna le nom d'apôtres : Simon, qu'il nomma Pierre ; André, son frère ; Jacques ; Jean ; Philippe ; Barthélemy ; Matthieu ; Thomas ; Jacques, fils d'Alphée ; Simon, appelé le zélote ; Juda de Jacques ; et Judas Iscariote, qui devint traître. »

 

(Jean, 21:2) : « Simon Pierre, Thomas appelé le Jumeau, Nathanaël de Cana en Galilée, les fils de Zébédée et deux autres disciples se trouvaient ensemble. »

 

On peut constater que la liste varie donc jusqu'à seize. Car il faut savoir que les apôtres seront considérés comme des colonnes, pour donner du poids à sa version de son évangile. D'où les luttes concernant l'identité des douze, mais également sur leur présentation autour de Simon. Ainsi Marc présente André comme frère de Simon, l'apôtre central... Tandis que Mathieu présente plutôt Jacques comme son frère. Luc présentera Jacques sans aucune précision... Il faut savoir que Jacques était l'ennemi juré de Paul et des personnes luttant contre la circoncision et la loi.

 

Les douze sur le trône (Matthieu 19 :28) : « Jésus leur répondit : Je vous le dis en vérité, quand le Fils de l’homme, au renouvellement de toutes choses, sera assis sur le trône de sa gloire, vous qui m’avez suivi, vous serez de même assis sur douze trônes, et vous jugerez les douze tribus d’Israël. »

 

Or, Judas est sensé être mort apostât après avoir dénié son maître...

 

Jésus se manifeste tantôt aux onze, tantôt aux douze

 

(Marc, 16:14) : « Enfin il se manifesta aux Onze eux-mêmes pendant qu'ils étaient à table, et il leur reprocha leur incrédulité et leur obstination à ne pas ajouter foi à ceux qui l'avaient vu ressuscité. » Jean rajoute le douzième homme, Thomas.

Tandis que les actes des apôtres donnent encore une liste différente des onze. (Actes, 1:13) : « Quand ils furent arrivés, ils montèrent dans la chambre haute où ils se tenaient d'ordinaire ; c'étaient Pierre, Jean, Jacques, André, Philippe, Thomas, Barthélemy, Matthieu, Jacques, fils d'Alphée, Simon le Zélote, et Jude, fils de Jacques. » Ainsi Jude se rajoute à la liste grossissante des douze.

 

Il semblerait bien que le nombre douze soit lui-même une invention postérieure à Jésus. Repris du mithraïsme, et porteur de mystère, tel le nombre des constellations et des mois de l'année. La liste de 12 ne se restreint donc nullement à un groupe bien réel d'apôtres bien identifiés. Chacun ayant sa propre liste des douze. Un peu comme le nombre des mitzvoth ou des dix commandements. Ces nombres sont des symboles typiques de l'époque, qu'il ne fallait pas prendre au pied de la lettre (sic).

Or les divergences sur les listes dénoncent clairement les divergences sur les versions des évangiles et des apôtres...

 

À suivre…

                     

Par : Karim Zentici

http://mizab.over-blog.com/

 

 

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20 juillet 2019 6 20 /07 /juillet /2019 13:15

Enquête sur la crucifixion du Christ 3/6

 

 

Sol Invictus

 

Les empereurs romains ont longtemps essayé de fonder une religion universelle établissant la légitimité de leur fonction. Ils ont d’abord magnifié le culte de Quirinus, dieu fondateur de Rome, puis ils ont établi le culte de la ville même, "la Rome Eternelle", en s'appuyant sur le rôle traditionnellement sacerdotal du prince. Ils essayèrent ensuite de capter des divinités parmi les plus populaires, telle Cybèle par Marius, Mä par Sylla, Hercule Invictus par Pompée. César prétendit prouver son ascendance avec Vénus et lui fit élever un temple dans son nouveau Forum, (Vénus Génitrix). Cela permit d'ailleurs au Sénat de diviniser l'empereur de son vivant, et de lui consacrer un temple particulier sous le nom de Jupiter Julius. Après la mort de César, son culte fut institué comme Diuus Julius, et pérennisé. Le fils adoptif de César, Octavien, prit ensuite le titre de Diui Filius, fils du divinisé, et le culte impérial fut ainsi fondé. Le culte solaire "Sol Invictus" fut lancé au 3ème siècle par l'empereur Aurélien qui fit élever un temple magnifique au champ de Mars, en l'an 274. L'empereur considérait le Soleil comme son protecteur personnel, et il le proclama "Dieu Souverain de l'Empire Romain". Ce culte nouveau semble avoir été partiellement confondu avec celui de Mithra ou lui avoir été pour le moins associé. Aurélien tentait alors de réunir dans un même culte solaire, les Chrétiens, les Mithriastes, les Syriens et les Isiastes, et il fixa la fête de la renaissance du Soleil au 25 décembre.

 

Les traditions romaines montraient une grande tolérance vis-à-vis de tous les cultes. Par contraste, la maison de l’empereur avait transformé le respect des exigences du culte impérial en preuve de loyalisme envers Rome et son empereur. Cette politique despotique créait de sérieuses difficultés, car les mentalités avaient beaucoup évolué. Les multiples divinités étaient de plus en plus considérées comme les manifestations diversifiées, les avatars, d’une même unique et grande divinité universelle. Les antiques sumériens croyaient que l’humanité progressait par vagues successives vers son accomplissement éternel. Nous dirons qu'au début de notre ère, la vague humaine franchissait un seuil d'évolution spirituelle. On comprend mieux alors les tentatives visant à établir un culte national devenu politiquement indispensable. L'une des divinités pressenties avait d'ailleurs été Isis, la Suprême Souveraine, la Mère Universelle, dont le culte avait été encouragé. D'autres étaient sur les rangs, mais le succès d’un culte unique imposé par l’appareil d’État était aléatoire face aux "Mystères mystiques" des religions émergentes. Le " Pansolarisme " d'Aurélien, associé au culte de Mithra, subsista cependant assez longtemps, jusqu'au tout début du 5ème siècle. Il semble avoir été, avant le Christianisme, la dernière tentative impériale pour adapter les structures religieuses d'État à cet "hénothéisme", cette recherche d’une déité souveraine et universelle, qui progressait rapidement dans les mentalités.

 

Après ce relatif échec d’un culte bâti sur la religion romaine traditionnelle et imposé par l’État, il ne restait aux empereurs qu'une seule possibilité pour reprendre la main sur l'évolution des peuples. Il leur fallait promouvoir l'un de ces cultes mystiques si appréciés, et l'associer aux pouvoirs d'état, politique, civil et militaire. Logiquement, ils devaient choisir la populaire religion d'amour, de joie, et d'éternité des pacifiques adorateurs d'Isis, ou bien le culte viril de Mithra, si voisin du culte solaire universel qu'ils prônaient. Cependant, étonnamment, pour des motifs tout à fait mineurs, ils firent le choix d'un autre culte à Mystère venu de la Palestine qui était alors la zone d'influence romaine la plus active dans le Moyen Orient. Ils choisirent le Christianisme naissant, et la face du Monde en fut changée. En 325, pour régler des querelles intestines aux églises chrétiennes, Constantin convoqua le concile œcuménique de Nicée. Appropriant de façon autoritaire le pouvoir doctrinal et les structures sacerdotales, et punissant sévèrement les évêques contestataires, il déclara le Christianisme comme la religion officielle de l'État. Le véritable instaurateur du Christianisme autoritaire fut cependant l'empereur Théodose (bientôt excommunié d'ailleurs). La conversion des empereurs puis leur totale soumission à l'autorité religieuse croissante livra à l'intransigeance chrétienne tout l'appareil du pouvoir impérial et ses terribles moyens de coercition. Elle s'en servit durement.

 

Issus d’Israël dont ils venaient de se séparer, les Paléochrétiens avaient conservé l'intransigeante tradition hébraïque. Ils voulaient être un peuple élu parmi tous les autres et ils attendaient la fin prochaine du Monde. Et, comme les Esséniens, ils se croyaient, hélas, chargés d’une mission sacrée, faire de leur propre Dieu le seul Dieu universel. Ils s'y employèrent activement, et en 382, l’autel de la Victoire, symbole de l'antique religion romaine, fut enlevé du Sénat malgré les protestations de Symmaque, le Préfet de Rome. "Nous réclamons le respect pour les dieux de nos pères, les dieux de notre patrie. Il est juste de croire que tous les hommes adorent le même Un. Car nous regardons les mêmes étoiles, le même ciel nous recouvre, le même univers nous entoure. Qu’importe le moyen par lequel chacun de nous atteint la vérité. On ne peut parvenir par une seule voie à un si grand mystère". Le doux prophète galiléen prêchait la liberté, la tolérance, le salut par la grâce gratuitement donnée, et l’amour de Dieu et des hommes. Le dessein de la religion fondée en son nom fut d’établir impitoyablement sur les structures romaines, l’empire d’un Dieu jaloux, à l’image du vieux Dieu biblique, forçant la conversion, par le fer et le feu, le viol des consciences et la torture, la prison et les bûchers.  En 391, les académies et tous les cultes traditionnels furent interdits dans tout l’Empire, les flambeaux des vieux autels s’éteignirent,  les anciens dieux tombèrent et leurs temples magnifiques furent détruits.

 

La prédication du Christ se fondait sur base la grâce divine offerte aux pécheurs repentants. Elle affirmait la présence actuelle et permanente du Royaume de Dieu dans le cœur des hommes. Elle réduisait les rigoureuses exigences hébraïques à la seule obligation de l'amour de Dieu et du prochain, et elle offrait à tous le pardon divin et la paix de l’âme. Dans un premier temps, elle s'épanouit par la conquête des cœurs. Sous l'influence de Paul de Tarse, la nouvelle religion définit ses dogmes, structura sa hiérarchie et élabora ses propres rites en empruntant beaucoup aux cultes à mystères auxquels elle aurait pu joindre sa lumière. Persuadée de l’importance de sa mission sacrée, elle affronta alors les autres croyances et travailla fanatiquement à leur élimination. En charge institutionnelle du contrôle de la justesse des actes et des consciences jusqu'à la tête de l'Empire, le Christianisme monta en puissance. Il se heurta rapidement au pouvoir, excommuniant Théodose et obtenant de lui une pénitence publique en 390. Après la soumission du puissant empereur de Rome, rien ne pouvait plus l'arrêter. Au cours des siècles suivants, après l’interdiction des cultes traditionnels et la destruction des temples, le Christianisme s’attacha à effacer méticuleusement toutes leurs traces. Il construisit ses sanctuaires dans les lieux consacrés, sur les anciens monuments et sur les ruines des temples détruits, et il plaqua ses propres fêtes votives sur les antiques célébrations agraires.

 

Les peuples de l'Antiquité romaine considéraient qu'aucune tradition religieuse ne pouvait prétendre posséder seule la vérité lentement révélée. "Celle-ci est révélée par les dieux. Elle se répand dans l'humanité sous différentes formes. Chaque peuple, chaque culte, porte une part des secrets divins.". Cette attitude permit la coexistence pacifique avec les cultes à Mystères. Tout au contraire, les Paléochrétiens se révélèrent particulièrement intransigeants ce qui déclencha l'hostilité de leurs opposants. Elle est déjà manifeste au 2ème siècle dans la Polémique anti chrétienne de Celse. Nous sommes ceux à qui Dieu révèle et prédit tout. C'est pour nous seuls qu'il gouverne… négligeant l'univers et le cours des astres… C'est pour nous seuls que tout a été fait et est organisé pour nous servir.". Il faut admettre, aussi douloureux que cela soit pour un Chrétien d'aujourd'hui, (et ce l'est aussi pour moi-même), qu'à l'époque, l'expansion du Christianisme fut imposée par l'appareil d'État avec les rigueurs de  la loi, en coopération avec l'activité des hiérarchies religieuses. La situation empira encore dramatiquement avec un  terrible renforcement juridique, et il me semble, qu'à ce moment, l'Eglise céda à la tentation du pouvoir et quitta la voie évangélique. Dès lors, il suffit à l'autorité religieuse d'excommunier quiconque ou de le déclarer hérétique pour le renvoyer devant un tribunal civil, ce qui le vouait automatiquement à la prison et la torture, au gibet ou au bûcher. D'innombrables personnes furent, hélas, concernées.

 

Jacques Henri PREVOST Les antiques religions à Mystères.

http://jacques.prevost.free.fr/cahiers/cahier_35.htm

 

L’influence de la philosophie grecque

 

Pour beaucoup de pères de l’église, Plotin n’est autre chose qu’un disciple fidèle de Platon, de ce philosophe extraordinaire et privilégié qui, par un effort du génie ou par le bienfait d’une tradition mystérieuse, avait pressenti les dogmes du Christ. Il ne faut point répudier de tels philosophes ; il faut plutôt faire alliance avec eux ; il faut parer la religion nouvelle de l’éclat de leur génie, il faut se servir de ce prestige pour attirer les savants et les lettrés- au dogme nouveau. Aussi voyons-nous saint Basile, dans son Oraison sur le Saint-Esprit, insérer un morceau étendu des Ennéades, en se bornant à remplacer le nom païen d’Âme du monde par celui de Saint-Esprit. Et ce ne sont pas seulement quelques pensées que les pères empruntent aux platoniciens ; il y a eu pendant quatre siècles un travail, tantôt visible et tantôt caché, pour incorporer au dogme chrétien la métaphysique grecque. L’histoire des conciles en témoigne ouvertement à qui sait la comprendre. Au Ve siècle, nous voyons l’œuvre consommée dans les livres de saint Augustin.

 

Dans le passage du paganisme au christianisme il y a donc eu, du moins chez certains des intellectuels et des hauts pasteurs de l’Église, une stratégie pastorale qui privilégiait la récupération orientée ou ré-interprétation plutôt que la destruction pure est simple. S’il y a destruction (voir la lettre de Grégoire le Grand sur les idoles), c’est une destruction sélective. (…)

 

Cette stratégie est consciente et hautement valorisée : « sous l’inspiration divine », « après une longue méditation ». Les deux cas évoqués ont valeur d’exemple, de programme, voire de plan pastoral à la portée universelle. Cette récupération ne vise pas des éléments culturels isolés, mais des ensembles structurés et complexes. Elle reconnaît la valeur des anciennes « habitudes » (terme qui revient souvent, sous diverses formes), dans lesquelles doivent se couler les nouvelles réalités chrétiennes. Ces éléments récupérés sont laissés autant que possible intacts dans leur structure extérieure et leur organisation, tout l’effort étant orienté vers le changement de sens : inmutare, commutare.

Les éléments partiels impliqués dans cette opération sont multiples, et orientent vers autant d’aspects extrêmement riches du phénomène du passage du paganisme au christianisme, car ils touchent à la mémoire des lieux, mais aussi à la mémoire du temps, des gestes, des fonctions, des valeurs :

Le thème de la récupération des lieux (les édifices, mais aussi les lieux sacrés naturels), renvoie à des dimensions multiples, et sans doute extraordinairement ramifiées : le problème de la superposition des églises (ou ermitages, lieux de pèlerinage, voire monastères) aux édifices païens est la dimension la plus apparente. Après une large enquête, Émile Mâle affirmait, justement pour la Gaule, que « la basilique chrétienne a pris d’ordinaire la place d’un sanctuaire païen » (Mâle, 1905 : 5). Mais il y a aussi la récupération des grottes, des sommets, des sources, des arbres, des bois, des pierres sacrées, dont certains sanctuaires majeurs (comme le Mont Gargan) peuvent témoigner de l’importance générale, mais dont seulement l’étude du folklore local peut permettre de mesurer l’extraordinaire diffusion et enracinement.

 

La récupération des dates évoque le thème des origines païennes de certaines fêtes chrétiennes, très évidentes pour une douzaine au moins de grandes fêtes (et la notion en est encore claire au xiie et xiiie siècles, chez les liturgistes et dans la Légende dorée), mais tout aussi indubitables pour un grand nombre des fêtes mineures, locales, et des fêtes de saints (comme sainte Brigitte) ; une recherche récente en dresse un remarquable tableau historiographique (Brossard-Pearson, 2008).

 

La récupération des rites (réunions festives, libations, offrandes d’objets variés, repas, processions en chariot) évoque le thème des éléments d’origine païenne dans la liturgie chrétienne, surtout dans les liturgies populaires : l’incubatio, la mensuratio, le poisage et contrepoisage, l’humiliation des saints, les ex-voto. L’étude des rituels, tels qu’on peut les analyser dans le recueil des bénédictions médiévales (Franz, 1909), ainsi que l’étude parallèle des charmes et des formules magiques (Bozóky, 2002), illustreraient l’aboutissement ultime et omniprésent de cette ligne de récupération.

 

La récupération des fonctions (dans le cas de Helarius-Hilarius, faire venir la pluie) nous renvoie au monde inépuisable des spécialisations thaumaturgiques des sanctuaires et des saints, aux fonctions sociales des fêtes, à certaines fonctions politiques et identitaires du culte des saints, et, finalement, à toutes les fonctions de la religion dans la structure de la société. Une étude récente et très articulée le montre pour le paganisme Carnute (Robreau, 1997), tandis qu’une autre étude montre l’importance du thème des survivances du paganisme dans la pastorale du haut Moyen Âge (Filotas, 2005).

 

Claude Lecouteux, pour qui « ce que Grégoire recommande de faire aux temples païens a été appliqué, mutatis mutandis, aux traditions et aux croyances, et c’est ce travail d’adaptation et d’amalgame qui leur a permis de survivre sous les habits neufs du christianisme » (Lecouteux, 1994 : 8).

 

Cette stratégie audacieuse et consciente de « christianiser le paganisme » comportait néanmoins un risque certain, par un choc en retour, de « paganiser le christianisme », possibilité dont les pasteurs ne semblent pas avoir été, dans les deux textes commentés, assez conscients. En transformant Helarius en Hilarius, n’y avait-il pas le risque de transformer Hilarius en Helarius ? Et quelle utopie d’intellectuel, peut avoir poussé Grégoire à croire, à propos des banquets sacrificiels, qu’après leur christianisation, « par ces quelques joies extérieures qui leur sont conservées, les païens pourront consentir plus facilement aux joies intérieures » !

 

Jacques Le Goff, dans une affirmation synthétique que l’on aurait pu mettre en exergue de notre étude :

« Les grands ennemis ou concurrents du catholicisme n’ont été ni le paganisme officiel antique qui s’est effondré rapidement, ni le christianisme grec cantonné dans l’ancienne partie orientale de l’empire romain, ni l’Islam contenu puis refoulé, ni même les hérésies ou les religions comme le catharisme qui, avant d’être vaincues par le catholicisme, n’avaient en définitive pu se définir que négativement, par rapport à lui. Le véritable ennemi du catholicisme, ce fut bien l’antique serpent qu’il conjura sans l’anéantir, le vieux fond de croyances traditionnelles, ressurgies sur les ruines du paganisme romain qui tantôt s’enfoncèrent sans disparaître dans le sous-sol du psychisme collectif, tantôt survécurent en s’incorporant au christianisme et en le déformant, en le folklorisant » (1972 : 749).

 

https://assr.revues.org/17883#tocto1n3

 

À suivre…

                     

Par : Karim Zentici

http://mizab.over-blog.com/

 

 

 

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19 juillet 2019 5 19 /07 /juillet /2019 12:19

Enquête sur la crucifixion du Christ 2/6

 

Témoignages deTimothy FREKE et Peter GANDY, spécialistes des religieux antiques

 

Quand nous avons commencé à découvrir des ressemblances extraordinaires entre l’histoire de Jésus et les mythes païens nous en avons été stupéfaits, élevés que nous avons été dans une civilisation qui dépeint le christianisme et le paganisme comme totalement antagonistes. Comment alors expliquer des ressemblances si étonnantes ? Très intrigués, nous avons commencé notre recherche ; or plus nous cherchions, plus nous trouvions de concordances. Pour rendre compte des multiples témoignages découverts nous avons été obligés de revoir complètement nos vues sur la relation entre christianisme et paganisme, de mettre en question des croyances qu’auparavant nous regardions comme incontestables, et d’imaginer des faits qui avaient semblés jusqu’alors impossibles.

 

Nous sommes dès lors convaincus que l’histoire de Jésus n’est pas la biographie d’un Messie historique, mais un mythe fondé sur des légendes païennes immémoriales. Le christianisme n’est pas une révélation nouvelle et unique, mais, en fait, une adaptation juive des anciens Mystères païens.

 

Au cœur des Mystères, il y avait ce mythe d’un homme-dieu mourant et ressuscitant connu sous différents noms. En Egypte, c’était Osiris, en Grèce Dionysos, en Asie Mineure Attis, en Syrie Adonis, en Italie Bacchus, en Perse Mithra. Tous, fondamentalement, personnifiaient la même entité mythique. Comme depuis le IIIe siècle avant notre ère, nous employons ici le nom composé Osiris-Dionysos quand nous le désignons par sa nature universelle composite, et ses noms particuliers quand nous faisons référence à tel ou tel Mystère.

 

Plus nous faisions donc l’étude des différentes versions du mythe d’Osiris-Dionysos, plus il nous devenait évident que l’histoire de Jésus présentait toutes les caractéristiques de ce récit millénaire. Episode après épisode, nous découvrions la possibilité de reconstituer la prétendue biographie de Jésus à partir d’éléments mythiques appartenant antérieurement à l’histoire d’Osiris-Dionysos.

• Osiris-Dionysos est Dieu fait chair, le sauveur et le « Fils de Dieu »

• Son père est Dieu et sa mère une vierge mortelle.

• Il est né dans une grotte ou une humble étable le 25 décembre devant trois bergers.

• Il donne à ses fidèles l’opportunité de renaître au moyen du baptême.

• Il tourne miraculeusement l’eau en vin à une cérémonie de mariage.

• Il entre triomphalement dans une ville, monté sur un âne, tandis que le peuple agite des feuilles de palme pour l’honorer.

• Il meurt à Pâques en sacrifice pour les péchés du monde.

• Après sa mort, il descend aux enfers puis le troisième jour il ressuscite des morts et monte au ciel plein de gloire.

• Ses fidèles attendent son retour en tant que juge au Jugement dernier.

• Sa mort et sa résurrection sont célébrées au cours d’un repas rituel par du pain et du vin, symboles de son corps et de son sang.

 

Tels sont quelques détails semblables aux récits concernant Osiris-Dionysos et Jésus. Mais pourquoi ces similitudes frappantes sont-elles généralement ignorées ? Parce que, dès le début, l’Eglise romaine, nous l’avons découvert ensuite, fit tout ce qu’elle put pour nous les cacher. Elle détruisit systématiquement la littérature païenne sacrée selon un programme d’éradication brutale des Mystères, tâche qu’elle accomplit si complètement qu’aujourd’hui le paganisme est considéré comme une religion « morte ».

 

Les écrivains des tous premiers siècles de notre ère considéraient ces similitudes comme parfaitement évidentes. Les critiques païens du christianisme comme le satiriste Celsus déplorait que le christianisme, cette nouvelle et récente religion, n’était rien de plus qu’un pâle reflet des antiques enseignements. Les premiers « Pères de l’Eglise » comme Justin le martyr, Tertullien et Irénée en furent évidemment troublés et proclamèrent désespérément que ces ressemblances étaient le résultat d’une « imitation diabolique ». Se servant d’un des plus absurdes arguments jamais avancés, ils accusèrent le diable de « plagiat par anticipation », ou de copie trompeuse anticipée pour induire les croyants en erreur !

 

D’autres commentateurs chrétiens ont maintenu que les mythes des Mystères étaient autant d’ « échos avant-coureurs » de la venue littérale de Jésus, quelque chose comme des prémonitions ou des prophéties. C’est une version plus généreuse que la théorie de l’imitation diabolique, mais elle ne nous en semble pas moins ridicule. 

 

L’explication qui saute aux yeux c’est que le christianisme des débuts devint le pouvoir dominant dans le monde païen et que les épisodes de la mythologie païenne furent greffés sur la biographie de Jésus, possibilité qu’avancèrent nombre de théologiens chrétiens eux-mêmes.

 

De tels détails ont été « empruntés » au paganisme, de la même manière que les jours des fêtes païennes furent adoptés par les chrétiens pour célébrer leurs « saints ». Cette théorie est commune parmi ceux qui recherchent l’« authenticité » de Jésus cachée sous l’accumulation des vestiges mythologiques.

 

LES MYSTERES DE JESUS Jésus est-il un dieu païen ?

Par Timothy FREKE et Peter GANDY

 

L'Orphisme, religion de salut, serait un prélude au Christianisme

 

Les Mystères Éleusiniens préparaient le passage du Paganisme au Christianisme. Toutes ces légendes concordent. Dionysos-Bacchus, fils de Zeus et de Perséphone, jalousé par Héra, est tué et dévoré par les Titans primordiaux. Zeus les foudroie. Dionysos ressuscité, nait ainsi deux fois. Les hommes naissent des cendres des Titans avec leur nature animale et matérielle, mais leur âme recèle une parcelle du Dieu dévoré. Et dans la théogonie des Orphistes, six générations divines bouclent sur elles-mêmes. Phanés, (la Lumière originelle), fils de Zeus, est le premier roi des Dieux, suivi de Nuit, d’Ouranos, de Kronos, et de Zeus qui remet enfin son pouvoir au fils, deux fois né, Dionysos, lequel est aussi le retour eschatologique de Phanés, le Lumineux des origines. (…)

 

En ~204, lors de la seconde guerre punique, le Sénat romain fit venir du "Métrôon" de Pergame, en Phrygie, la "Pierre Noire" cubique de Cybèle et le culte asiatique en fut alors importé. Cette "Pierre Noire" sacrée était probablement un aérolithe comme celle qui représentait le dieu syrien "Elagabal". (…)

 

On retrouve ici la doctrine d’Hermès concernant le destin de l’âme, la chute dans la matière et le retour aux dieux au prix du sacrifice de la personnalité terrestre. Le sacrifice d’Attis préparait sa résurrection. "Attis est ressuscité ! Evohé !" chantaient les mystes. Dans la légende égyptienne, Osiris aussi ne devint immortel qu’avec la perte de son phallus.  Mais, fin mars, c'était aussi la fête du printemps et du retour du Soleil, comme celle de Pâques pour les Chrétiens. (…)

 

Hérodote lui-même avait été initié et resta très attentif à ne jamais citer le nom sacré dans la relation de son voyage en Égypte, vers ~450. Voici comment il en parle. « Dans le temple de Minerve, à Saïs, on peut voir la sépulture du dieu dont il serait sacrilège de prononcer le nom (...). On donne de nuit, sur le lac de la Roue, à Délos, des représentations de sa passion que les Égyptiens appellent des Mystères. J’en sais beaucoup plus sur ces Mystères, mais je me garderai bien d’en parler, ainsi que des Mystères de Cérès que les Égyptiens appellent la fête des Rites (...). A Saïs, la nuit de la fête d’Isis, tout le monde allume des lampes dehors, autour des maisons. On appelle cela la Fête des Illuminations. Ceux qui n’assistent pas à la cérémonie veillent quand même chez eux toute la nuit et allument leurs lampes, si bien que, cette nuit-là, toute l’Égypte est illuminée. » (…)

 

La culture originaire d'Alexandrie rayonnait tout autour de la Méditerranée ce qui favorisa l'extension des cultes nilotiques dans tout l'Empire. Au ~2e siècle, Isis, la grande déesse de vie et de résurrection eut un autel au Capitole. Elle fut bientôt adorée partout et son culte revêtit des aspects curieux et une importance considérable. En dépit des réactions et des destructions périodiquement ordonnées par le Sénat, les cultes égyptiens restèrent très populaires à Rome, tout particulièrement celui d’Isis. Il apparaît aujourd’hui que certaines statues chrétiennes, miraculeusement trouvées, seraient en fait des idoles antiques consacrées à la très païenne déesse égyptienne. Quelques vierges noires pourraient être des statues d’Isis. Les cultes isiaques célébraient quotidiennement des rites qui évoquaient le rôle solaire d’Osiris.

 

La légende d’Isis et d’Osiris était commémorée à Rome par deux grandes fêtes, celle du Navigium ou du Vaisseau d’Isis, au printemps, et celle de l’Invention d’Osiris, à l’automne. Les fidèles parcouraient la ville, frappant aux portes de maisons et agitant leurs sistres pour inviter les habitants aux célébrations. La fête du Vaisseau d’Isis débutait par un véritable carnaval, avec costumes divers ou même déguisements cocasses. Une grande procession rigoureusement ordonnancée commençait ensuite. En tête venaient les femmes couronnées de fleurs, suivies de la foule, portant des cierges et des flambeaux, puis le groupe des mystes, vêtus de lin blanc et agitant des sistres sonores. Les prêtres terminaient le cortège. Ils avançaient, le crâne rasé et tout de blanc vêtus, avec les divers instruments de leur fonction, lampes et caducées. Ils précédaient les porteurs des représentations des dieux, les statues d’Anubis, d’Isis Hathor, des vases d’or contenant de l’eau Osirienne du Nil. Le Grand Prêtre fermait la marche, portant une couronne de roses et un sistre d’or. Au bord de la mer un vaisseau attendait, décoré à l’égyptienne. On disposait autour de lui toutes les figures des dieux, et les prêtres le purifiaient avec du feu, des œufs et du souffre. Puis ils le consacraient à Isis et on le chargeait des diverses offrandes apportées par la foule. Enfin, on le libérait et on le laissait s’en aller en mer, au gré des courants.

 

La présence d'un important clergé permanent et la célébration d'offices quotidiens constituaient une grande nouveauté dans le monde romain. Ils l'ont préparé à l'arrivée des imposants ministères chrétiens. Le culte isiaque accordait une grande importance à la femme. Isis était tout à la fois la mère universelle, la reine du ciel, et l'image renouvelée de toutes les grandes déesses gréco-latines, Déméter, Vénus, Artémis, Héra, Cybèle et d'autres. Son culte plaisant et même joyeux n'était entaché d'aucun rite sanglant. Il répondait tout autant aux besoins individuels de retraite spirituelle des dévots solitaires qu'aux aspirations festives collectives auxquelles répondaient les grandes célébrations saisonnières. Aussi fut-il très populaire. Les statues de la déesse étaient souvent parées de bijoux précieux et les cérémonies spectaculaires réjouissaient autant le peuple que les esthètes.

 

Mithra était un dieu solaire, mais aussi un sauveur des hommes. Il vint d'Iran par le canal des Phrygiens, et trouva probablement son origine plus lointaine dans le dieu indien védique Mitra, " l'Ami ". Son culte est apparu vers le ~5èmesiècle et a donc précédé le mythe chrétien de plus de 600 ans. Il fut tardivement célébré dans le monde hellénistique qui tendit à l'assimiler à Hermès. Mithra joua d'abord un simple rôle de médiateur entre Ahriman, le Mal, et le Dieu suprême, Ahura Mazdä, la Lumière du Soleil. Il grandit ensuite et en vint presque à l'égaler. "Je le créai aussi digne de sacrifices, aussi digne de prières que Moi-même, ‘Ahura Mazdä. (Avesta, Yasht 10, strophe 1). Mithra était une lumineuse image du Soleil, violent et guerrier, impossible à vaincre. Il fut même assimilé tardivement au Sol Invictus d'Aurélien. Son culte ne se répandit dans l'Empire qu'à partir de 90, mais son importance devint ensuite très grande, surtout chez les militaires. Voyons donc le mythe. Sur l'ordre du Soleil, apporté par un corbeau, Mithra est associé au salut du monde en mettant à mort un taureau qu'Ahriman vient d'infecter pour vicier la source universelle de la vie. En sacrifiant l'animal, il répand son sang éternel avant qu'il soit corrompu. De cet épanchement, Mithra fait naître les plantes et les autres créatures. Il arrache ses proies à l'Esprit du Mal et monte ensuite sur le char du Soleil. Il est donc à la fois démiurge et sauveur, et par ce baptême de sang, ses fidèles obtiendront l'éternité.

 

Le culte à Mystère de Mithra,(Mithriacisme ou Mithraïsme), ne se reliait pas aux antiques religions agraires. Il était associé à un dieu solaire transcendant qui intervenait dans les affaires du Monde. Le mythe se retrouve sous diverses formes dans d'autres religions, car il s'agit d'une divinité très ancienne. Á l'origine, c'était un dieu iranien bienveillant qui protégeait les justes, et on l'identifie dans l'Hindouisme à coté d'Indra, dans le Zoroastrisme d'Ahura Mazda et, peut-être, dans le Manichéisme. Le culte procédait d'un syncrétisme associant diverses croyances moyen-orientales. Mithra était toujours représenté portant un bonnet phrygien et tuant un taureau. Á partir de la Grèce, le culte fut importé à Rome par les légions, et au premier siècle, le Mithra grec devint le "Mithras" romain, identifié dés le 1er siècle. Son culte avait lieu dans un temple appelé "mithraeum". Les premiers temples de "Mithras" furent des cavernes arrosées de sources. Puis on les construisit en pierre sur ce modèle intérieur. Dans une longue salle, on trouvait à droite et à gauche, deux banquettes sur lesquelles les fidèles s'allongeaient à la Romaine pour prendre les repas sacramentels. Un couloir central reliait l'entrée, où étaient placées des vasques, à l'autel où était disposée l'image de Mithra éclairée de lampes. La voûte était très souvent décorée d'étoiles, et les murs ornés de peintures. Le culte était quotidien et l'on sanctifiait tout particulièrement le dimanche, dédié au Soleil.

 

De très nombreux temples consacrés à "Mithra ou Mithras" ont été édifiés du 2ème au 6ème siècle dans tout l'empire romain. Ils étaient toujours de taille réduite, impliquant de petites confréries, exclusivement masculines. L’acte cultuel de base était le sacrifice d'un poulet, parfois d'un mouton, rarement d'un taureau. La victime était consommée au cours d'un repas en commun commémorant le banquet fait par Mithra et le Soleil après la mort du taureau. Dans les initiations, on offrait du pain et, semble-t-il, du vin, avec des invocations secrètes. Le rituel quotidien du Mystère est resté relativement secret. Nous savons cependant qu'il comportait sept degrés hiérarchiques d’initiation associés à des symboles astraux ainsi qu'à des fonctions précises et des positions bien définies dans le temple. Il semble que le premier degré, les Corbeaux, associés à Mercure, assuraient le service des repas, le second, les Époux à Vénus, les Soldats à Mars, les Lions, à Jupiter, brûlaient l'encens et fournissaient le sacrifice, les Perses à la Lune, les Courriers du Soleil portaient probablement les torches, et le Père lié à Saturne, coiffé d'un bonnet phrygien, portait une baguette et un anneau comme un évêque. Il était à Rome le chef suprême de l’église mithriaque. Les initiations étaient complexes. Leurs cérémonials comportaient divers renoncements, un baptême d’eau, un marquage au fer rouge sur le front, un simulacre de mise à mort et des rituels propres à chaque degré.

 

Le culte de Mithra impliquait un système cosmogonique complexe, qui donnait à l’astrologie une place importante dont on retrouve les traces dans les ruines des sanctuaires. Ce culte n'a jamais réussi à pénétrer les couches populaires et est toujours resté le fait d'une certaine élite en particulier militaire. Il est entré en concurrence avec le développement du Christianisme, tout particulièrement au moment de la promotion par l’empereur Aurélien du culte solaire dit "Sol invictus". Ces cultes étaient de dangereux rivaux pour le Christianisme qui prenait de l'expansion. Julien l'apostat essaya donc de l'affaiblir par la promotion du culte de Mithra et du Soleil. Les connaissances que nous avons des croyances mithriaques sont incomplètes. Les informations proviennent surtout d'observateurs chrétiens qui n'étaient pas fort objectifs, et l'archéologie demeure la principale source d'informations. Le Mithriacisme ne survécut pas à l'essor du Christianisme qui effaçait ses symboles et bâtissait ses églises au dessus des vieux temples. Un élément subsista cependant jusqu'à nos jours. La fête de Mithra avait lieu le 25 décembre. Le Christianisme la perpétua dans la fête de Noël. Le 25 décembre célébrait la naissance d'un nouveau soleil et cette date fut conservée par les chrétiens pour célébrer la naissance de Jésus.

 

À suivre…

                     

Par : Karim Zentici

http://mizab.over-blog.com/

 

 

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18 juillet 2019 4 18 /07 /juillet /2019 17:59

 

 

Enquête sur la crucifixion du Christ 1/6

 

Galates 3:13 Maudit est quiconque est pendu au bois

 

La corde du mensonge est courte…

 

Voici des éléments éparses du puzzle rassemblés au cours de mes échanges sur des forums interreligieux de discussion, et qui, sans n’être exhaustifs, ont le mérite de proposer une base de réflexion dans ce thème aux enjeux ô combien dogmatiques, et de reconstituer, ne serait-ce que partiellement, l’histoire de cet évènement dramatique (par souci de simplification, je ne cite pas toujours mes sources).

 

Selon Marc, Jésus peut apparaître sous plusieurs formes

 

Marc 16 9 : « Jésus, étant ressuscité le matin du premier jour de la semaine, apparut d'abord à Marie de Magdala, de laquelle il avait chassé sept démons.
10  Elle alla en porter la nouvelle à ceux qui avaient été avec lui, et qui s'affligeaient et pleuraient. 11  Quand ils entendirent qu'il vivait, et qu'elle l'avait vu, ils ne le crurent point.
12  Après cela, il apparut, sous une autre forme, à deux d'entre eux qui étaient en chemin pour aller à la campagne.
 »

 

Manifestement, Jésus avait bien le pouvoir de changer son apparence. Johnson confirme que Jésus pouvait apparaître sous une autre forme : « Il apparut sous une autre forme. Luc explique cela en disant que « leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître » Si leurs yeux étaient influencés, optiquement parlant, c'est que Jésus pouvait apparaître sous une autre forme. » Commentaire de Johnson sur Marc 16.2.

 

Des sectes paléochrétiennes n’adhéraient pas à la crucifixion

 

Aux yeux des Basilidiens, Simon de Cyrène fut crucifié par erreur à la place de Jésus qui lui donna son apparence, prit ses traits et, se tenant là, se moqua des Archontes.

Un manuscrit chrétien fut découvert récemment à Nag Hammadi en Égypte. Il s’agit de l’évangile de Judas datant du 2e siècle. Dans cet écrit traduit en Anglais, on trouve ce passage intéressant : « Near the end of the Judas gospel, Jesus tells Judas he will « exceed » the rest of the disciples « for you will sacrifice the man that clothes me. » » Ceci signifie que le Christ s’adressa à Judas en ces termes : « Tu seras sélectionné du reste des disciples pour que tu sois l’homme qui me couvrira ».

Ainsi Judas aurait été sacrifié en lieu et place de Jésus.

http://en.wikipedia.org/wiki/Gospel_of_Judas

 

Les sources documentaires de l’évènement

 

Il existe trois sources historiques pour décrire l’évènement : la Bible (canonique et extra-canonique), la littérature juive, et l’historiographie romaine. Quant à la Bible, l’histoire de la crucifixion est pleine des contradictions comme la voie utilisée par Judas pour soumettre Jésus, qui alla à la tombe après la crucifixion et l’heure de crucifixion. Ces témoignages perdent en crédibilité dans la mesure où ils se contredisent. C’est le b.a.-ba de toute enquête sérieuse. Il incombe le cas échéant d’y séparer le bon grain de l’ivraie autant que faire se peut en recoupant les indices d’origine disparate. Les manuscrits les plus anciens de la Bible parlant de la crucifixion de Jésus sont tardifs puisqu’ils datent du 4e siècle, période à laquelle l’Église avait procédé à un grand ménage à l’intérieur de ses rangs pour imposer la norme qu’elle s’était tracée et qui s’est dessiné progressivement. Ces manuscrits en tant que sources historiques, sont au minimum controversés, car altérés au fil du temps au gré de couches successives de rédaction. C’est comme si on avait nettoyé le lieu du crime pour y dissimiler les indices, ou encore qu’on s’était fié à sa reconstitution pour y dégager des détails inexistants dans le lieu initial. D’un point de vue purement méthodologique, cette approche qui consiste à se fier au Nouveau Testament pour reconstituer la crucifixion est biaisée ; bien que ces éléments soient utiles pour l’enquête, ils ne sont pas pour autant déterminants sans les confronter aux autres indices.

 

 Pour ce qui est de la littérature juive, celles-ci reste très maigre, bien qu’aux dires du Coran, une partie des israélites en tout cas se glorifie d’avoir exécuté le fils de Marie, sauf qu’ils ne savaient pas qui se trouvait réellement sur la croix.Les sources romaines ayant enregistré les détails de cette condamnation ne sont pas contemporaines à l’évènement. Tacitus qui est né en 56 ap. J.-C. et Lucien de Samoste, né en 125, vécurent à une époque ultérieure, et ils ne font qu’enregistrer des témoignages ici et là. Sans compter qu’ils occultèrent littéralement la version racontée selon Matthieu 27:51-53.

 

« En sortant, ils trouvèrent un homme de Cyrène, nommé Simon, et le requirent pour porter sa croix. Arrivés à un lieu dit Golgotha, c'est-à-dire lieu dit du Crâne, ils lui donnèrent à boire du vin mêlé de fiel ; il en goûta et n'en voulut point boire. Quand ils l'eurent crucifié, ils se partagèrent ses vêtements en tirant au sort. » (Mt 27, 32-35).

 

Jésus annonce son prochain départ

 

« Jésus a dit aux Juifs : Je suis encore avec vous pour un peu de temps, puis je m’en vais vers celui qui m’a envoyé. Vous me chercherez et vous ne me trouverez pas, et vous ne pouvez venir là où je serai » Jean 7.34

 

« Jésus leur dit encore : Je m’en vais, et vous me chercherez, et vous mourrez dans votre péché ; vous ne pouvez venir où je vais. » Jean 8:21

 

Pierre ne reconnait pas Jésus

 

« je ne connais pas cet homme » Mt 26.72 ; Luc 22.57 ; Jean 18.25-27

 

On peut certes envisager que Pierre cherche à sauver sa vie, mais un autre indice met à mal cette hypothèse. En effet, Jésus a prédit que Pierre allait le renier en faisant allusion à la personne qui allait prendre sa ressemblance (Luc 22.34). Et, fait aggravant, Jésus n’en voulut pas à son disciple à qui il confia la charge de tout le troupeau (Jean 21.15-19).

Marie-Madelaine elle-même, ne le reconnait pas non plus au début (Jean 20, 11-18). Bien sûr, il y a plusieurs façons d’expliquer la chose, mais les faits sont là.

 

Hérode ne connait pas le visage du Messie

 

Sinon, il ne lui aurait pas posé la question à ce personnage public : « Es-tu Jésus ? Es-tu le Christ ? »

« Le souverain sacrificateur se leva et lui dit : Ne réponds-tu rien ?

Qu’est-ce que ces hommes déposent contre toi ? Jésus garda le silence. Et le souverain sacrificateur, prenant la parole, lui dit : Je t’adjure, par le Dieu vivant, de nous dire si tu es le Christ, le Fils de Dieu. Jésus lui répondit : tu l’as dit » Mt 26.63

« Il (Hérode) lui adressa beaucoup de question ; mais Jésus ne lui répondit rien » Luc 23.9

« Le gouverneur l’interrogea en ces termes : Es-tu le roi des juifs ? Jésus lui répondit : tu le dis. » Mt 27.11 ; Marc 15.2, Luc 23.3 ; Jean 18.33

Jésus aurait-il acquiescé une contre-vérité ? La réponse affirmative attribuée à Jésus en Marc 14.62 « Je le suis », semble relever purement et simplement d’un arrangement ultérieur.

 

Ponce Pilate ne veut pas condamner un innocent

 

« Que voulez-vous donc que je fasse de celui que vous appelez le roi des juifs ? Ils crièrent de nouveau : crucifie-le ! Pilate leur dit : Quel mal a-t-il fait ? Et ils crièrent encore plus fort : Crucifie-le ! » Marc 15.12-15

« Je suis innocent du sang de ce juste, cela vous regarde » dit Pilate, Mt 27.24

« Je ne trouve rien de coupable en cet homme » Luc 23.4

« Cet homme n’a rien fait qui soit digne de mort » Luc 23.15

« Je ne trouve aucun crime en lui » Jean 18.38

 

Jésus implore Dieu de le sauver

 

« Il alla, selon sa coutume, à la montagne des oliviers. Ses disciples le suivirent. Lorsqu’il fut arrivé dans ce lieu, il leur dit : priez, afin que vous ne tombiez pas en tentation. Puis il s’éloigna d’eux à la distance d’environ un jet de pierre, et, s’étant mis à genoux, il pria, disant : Père, si tu voulais éloigner de moi cette coupe ! Toutefois, que ma volonté ne se fasse pas, mais la tienne. Alors un ange lui apparut du ciel, pour le fortifier. Etant en agonie, il priait plus instamment, et sa sueur devint comme des grumeaux de sang, qui tombaient à terre. » Luc 22.39-45

 

Après avoir prié, il se leva, et vint vers les disciples, qu’il trouva endormis sous l’effet de la tristesse, et il leur dit : « Pourquoi dormez-vous ? Levez-vous et priez, afin que vous ne tombiez pas en tentation. » Luc 22.43-46

La Bible fait savoir que Jésus fut exaucée, mais est-ce étonnant ? La délivrance survint avant la crucifixion et la mort : « C’est lui qui, dans les jours de sa chair, ayant présenté avec de grands cris et avec larmes des prières et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort, et ayant été exaucé à cause de sa piété... » Hébreux 5.7

« Ils se sont mis d’accord contre moi, ils conspirent pour m’ôter la vie. » Psaume 31.14

« Tu me feras sortir du filet qu’ils m’ont tendu ; car Tu es mon Protecteur. » Psaume 31.5

« Tu me délivreras, Eternel, Dieu de vérité ! » Psaume 31.6

« Et Tu ne me livreras pas aux mains de l’ennemi, Tu mettras mes pieds au large. » 31.9

« Puisqu’il s’attache à moi, je le libère, je le protégerai car il connaît mon nom. S’il m’appelle, je lui répondrai, je serai avec lui dans la détresse ; je le délivrerai et le glorifierai ; je le comblerai de longs jours et je lui manifesterai mon salut. » Psaume 91.14-16

« Seigneur, j’ai fait appel à toi ; j’ai supplié le Seigneur : Que gagnes-tu à mon sang et à ma descente dans la fosse ? La poussière peut-elle te rendre grâce ? Proclame-t-elle ta fidélité ? Ecoute, Seigneur ! Par pitié ? Seigneur, sois mon aide ! » Psaume 30.9-11

« Au jour du malheur, le SEIGNEUR le délivre, le SEIGNEUR le garde vivant et heureux sur la terre. Ne le livre pas à la voracité de ses ennemis. » Psaume 41.2,3

« Mes ennemis, qui battent en retraite, trébuchent et périssent devant toi, car tu as défendu mon droit et ma cause ; tu t’es assis sur ton Trône. Tu as menacé des nations, fait périr l’infidèle. » Psaume 9.4-6

« Dieu, je suis tenu par mes vœux : j’accomplis pour toi les sacrifices de louange. Car tu m’as délivré de la mort. » Psaume 56.10-14

« Maintenant je le sais : le SEIGNEUR donne la victoire à son messie : Il lui répond de son sanctuaire céleste, par les prouesses victorieuses de sa droite... Eux, ils plient, ils tombent, et nous, debout, nous résistons » 20.7-9

« Ils ont projeté du mal contre toi, ils ont conçu de mauvais desseins, mais ils seront impuissants. » Psaumes 21.9-12

« Quand j’étais assiégé, j’ai appelé le SEIGNEUR ; LE SEIGNEUR m’a répondu en me mettant au large. Le SEIGNEUR est pour moi, il me vient en renfort, et je toise mes ennemis... Non, je ne mourrai pas, je vivrai pour raconter les œuvres du SEIGNEUR... C’est lui qui m’a sauvé... il ne m’a pas livré à la mort. Je te loue parce que tu m’as exaucé, parce que tu m’as sauvé. » Psaume 118.5-21

« Il chargera ses anges de te garder en tous tes chemins. Ils te porteront dans leurs bras.... Puisqu’il s’attache à moi, je le libère. » Psaume 91.11-14

« Je fais appel à Dieu, le Très haut, au Dieu qui fera tout pour moi, que des cieux, il m’envoie le salut ! » Psaume 57.3,4

« Car il me dissimule dans son abri au jour du malheur ; il me cache au secret de sa tente, il m’élève sur une roche. » Psaume 27.5

« Tu ne m’as pas livré aux mains d’un ennemi, tu m’as remis sur pied, tu m’as donné du large... Béni soit le SEIGNEUR, car sa fidélité a fait pour moi un miracle dans une ville retranchée. Et moi, désemparé, je disais : ‘je suis exclu de ta vue’. Mais tu as entendu ma voix suppliante quand j’ai crié vers toi. » Psaume 31.9, 22-23

 

La carrière de Jésus est empruntée au paganisme ancien

 

MITHRAS – Originalement Persan (plus tard adoré en Inde et à Rome)

Le Mithriacisme qui est en général le nom donné à l'époque romaine, mais Mithra est une divinité bien plus ancienne. A l'origine, ce Dieu était révéré par les iraniens, il s'agissait alors d'un Dieu bienveillant qui protégeait les justes. Du fait de cette origine indo-iranienne, on le retrouve dans l'Hindouisme aux cotés d'Indra, dont il possède les attributions guerrières. Pour la même raison, Mithra est présent dans le Zoroastrisme, où Ahura Mazda intègre certains aspects majeurs du Mithra indo-iranien, et dans le Manichéisme.

Le Mithraïsme fut introduit en Occident au premier siècle après Jésus-Christ par les Romains et devint très populaire au sein de l'armée et de la classe marchande, La première allusion romaine à Mithras date de 96 après J.C. Ce culte s'est répandu tout d'abord à Rome, ensuite dans toute la péninsule puis dans tout l'empire où ces transplantations donnèrent lieu à des syncrétismes locaux. Les temples dédiés à ce Dieu, les mithraeum, vont s'édifier du II ème au VI ème siècle sur toute l'étendue de l'empire romain.

L'histoire de mithra :

Mithra naquit dans une caverne, le 25 Décembre, d'une mère vierge. Il vint du Ciel pour naître en tant qu'homme, pour racheter les péchés des hommes. Il était connu en tant que "Sauveur", "Fils de Dieu", "Racheteur" et "Agneau de Dieu". 
Avec douze disciples il voyagea loin et beaucoup en tant qu'enseignant et illuminateur des hommes. 
Il fut enterré dans un tombeau d'où il s'éleva des morts – un événement célébré annuellement avec beaucoup de réjouissement.

Le conflit mithraisme /christianisme :

Le culte mithraïque fut le plus sérieux rival des débuts du christianisme, se répandant depuis la Syrie, l'Anatolie et la Phrygie partout dans l'empire romain.

D'où le mot de Renan : « Si le christianisme eût été arrêté dans sa croissance par quelque maladie mortelle, le monde eût été mithraïste. »

http://www.agoravox.fr/actualites/religions/article/le-christianisme-et-sa-119047

 

À suivre…

                     

Par : Karim Zentici

http://mizab.over-blog.com/

 

 

 

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18 juin 2019 2 18 /06 /juin /2019 11:04

 

 

L’enfant-sacrifice : la preuve par la Bible 3/3





Le chapitre du « premier-né » revêt également une importance profane et symbolique en matière de droit d’ainesse. Genèse 43.33 Les frères de Joseph s’assirent en sa présence, le premier-né selon son droit d’aînesse, et le plus jeune selon son jeune âge ; et chacun faisait part de son étonnement à son voisin. Deutéronome 21.16-17 « il ne pourra pas, quand il partagera l’héritage entre ses fils, donner le droit d’aînesse au fils de celle qu’il aime davantage, de préférence au fils de celle qu’il aime moins, et qui est le premier-né. Mais il reconnaîtra pour premier-né le fils de celle qu’il aime moins et lui donnera sur tout son avoir une double part ; car ce fils est les prémices de sa vigueur, le droit d’aînesse lui appartient. »

 

Cette tradition de l’offrande de l’animal premier-né remonte au crépuscule de l’Histoire des hommes avec  Abel qui, de son côté, apporta en sacrifice des agneaux premiers-nés de son troupeau (Genèse : 4.4). En outre, Les légendes patriarcales sont d'une importance capitale pour se rendre compte de l'organisation nomade dès une haute époque. Il suffira de constater que le premier-né d'Abraham, le grand ancêtre, est Ismaël. Le récit de l'intervention divine qui détourne le couteau du sacrifice avait pour objet de reporter le titre de premier-né sur Isaac en même temps que d’ouvrir la voie à la substitution dans le sacrifice du premier-né.[1]

 

Le droit d’aînesse d’Ismaël est gênant au point même que sa filiation avec Abraham soit controversée. Römer (1999 : 172) cite l’avis du Rabbi ‘Awira qui présume qu’Abraham, lors du festin eschatologique, aurait dit : « je ne peux pas rendre grâce, car j’ai engendré Ismaël ».

 

Le sacrifice d’Isaac, dans la tradition juive, est en quelque sorte l’annulation de la première alliance d’Ismaël faite par la circoncision. Cette hypothèse est bien confirmée par un passage rabbinique : « Ismaël se vantant du mérite qu’il avait à endurer la circoncision déjà âgé de treize ans plutôt qu’à huit jours comme Isaac, celui-ci se déclare prêt à donner sa vie en témoignage d’obéissance à Dieu » (de Menasce, 1951 : 100). L’alliance d’Isaac par le sacrifice est perçue, non seulement, comme plus importante que l’alliance d’Ismaël faite par la circoncision, mais elle en est l’abrogation. Dans certains cas, comme dans le Livre des Jubilés, c’est l’âge même de la circoncision d’Ismaël, à treize ans, qui est évoqué pour l’exclure de toute alliance possible.

 

Mais ces interprétations exclusivistes, comme le rappelle Römer (1999), vont à l’encontre du texte de la Genèse où le personnage d’Ismaël revêt un caractère important, voire principal. Non seulement la Genèse relate l’histoire de la naissance d’Ismaël et explique le sens de son nom, mais elle l’inclut aussi dans l’alliance qu’établit Dieu avec Abraham. Le récit relate l’intervention divine aussi bien pour sauver Ismaël et sa mère d’une mort certaine que pour la promesse d’une grande descendance. Mais bien que ce soit la circoncision qui permet de définir le lien étroit qui unira Ismaël et Isaac, l’alliance divine sera accordée essentiellement à ce dernier (Genèse 17,21). « C’est presque un paradoxe, écrit Römer, dans la mesure où Ismaël participe au signe de l’alliance » (1999 : 170). Tout se passe comme si Ismaël, bien qu’il partage le même symbole de l’alliance qu’Isaac, n’était que l’héritier d’une promesse partielle qui ne concerne que la multiplication de sa descendance.

 

Souvent, c’est aussi l’ascendance agarienne d’Ismaël qui est rappelée pour l’écarter de toute alliance. Les positions différentes d’Ismaël et d’Isaac doivent donc être interprétées non seulement par rapport à leur statut respectif mais aussi en fonction de celui de leurs mères distinctes.

Paul, dans l’Épître aux Galates 4,22-26, développe une exégèse surprenante de la différence entre les deux fils d’Abraham ainsi que de leurs mères respectives : « il est écrit qu’Abraham eut deux fils, un de la femme esclave, et un de la femme libre. Mais celui de l’esclave naquit selon la chair, et celui de la femme libre naquit en vertu de la promesse. Ces faits ont une valeur allégorique ; car ces femmes sont deux alliances. L’une du mont Sina, enfantant pour la servitude, c’est Agar – car Agar, c’est le mont Sina en Arabie – et elle correspond à la Jérusalem actuelle, qui est dans la servitude avec ses enfants. Mais la Jérusalem d’en haut est libre, c’est notre mère [Sara] ».

 

Hagar, l’esclave, est donc l’allégorie de l’alliance du désert, une alliance qui a instauré l’esclavage de la Loi, alors que Sara, la femme libre, symbolise la nouvelle alliance, libératrice et qui préfigure les chrétiens. Selon Pabst (2003), ce sont les pères de l’Église qui furent les premiers à interpréter le couple Sara/Hagar comme une allégorie du dedans et du dehors. Si Sara symbolise le dedans positif et identificateur, Hagar, quant à elle, représente l’altérité rejetée et expulsée.

 

Dans la tradition rabbinique, le couple duel Sara/Hagar représente aussi une allégorie du même et de l’autre. Si Sara représente Jérusalem et Israël, Hagar symbolise l’étrangeté et l’altérité dans son absolu (Pabst, 2003). Zucker (1990 : 44) confirme pour sa part le rôle négatif souvent assigné à Hagar dans certaines sources juives classiques. Celle-ci, affirme-t-il, est non seulement inculpée exclusivement dans le conflit qui l’a opposée à Sara, mais elle est aussi rabaissée au statut d’idolâtre et de païenne.

 

Reis, dans un article très récent, réserve à Hagar le même rôle négatif. Selon elle, la réaction cruelle de Sarah contre Hagar est légitime dans la mesure où c’est cette dernière qui, après avoir rempli son rôle de mère « porteuse », continue à s’introduire dans la tente d’Abraham.

 

Si l’on se réfère à Genèse 16,3, on remarque que les termes « femme » et « mari », désignant Saraï et Abram, sont martelés d’une façon répétitive : « Alors Saraï, femme d’Abram, prit Agar, l’Égyptienne, sa servante, et la donna pour femme à Abram, son mari... ». Pour Reis, ce caractère répétitif du verset a pour but de désigner, haut et fort, Sara comme seule femme du Patriarche. Servante et esclave, Hagar est acculée, quant à elle, au statut de mère porteuse. 

 

Genèse 21,14 est, selon Reis, la preuve, non pas d’une séparation géographique entre Hagar et Abraham, mais d’une rupture maritale. Le verbe « renvoyer » dans le verset renvoie, selon elle, au divorce.

Comme le note Leviant (1999), bien que le terme hébreux, isha, pour désigner Hagar dans Genèse 16,3, signifie épouse et non concubine, c’est plutôt ce dernier terme qui en est la traduction la plus courante.

 

L’intimité entre l’Éternel et Hagar était perçue comme insupportable, et c’est pourquoi on procéda à ce que Jarrell appelle le « nettoyage patriarcal ». L’auteur n’exclut pas la possibilité d’une restructuration des récits primitifs par les rédacteurs patriarcaux, par l’insertion d’un intermédiaire contractuel, un mari notamment. Selon Jarrell, ce genre de réarrangement est bien perceptible dans l’histoire d’Hagar ; surtout si l’on compare la version J, (Genèse, 16,10), où la promesse lui est directement adressée (L’ange de l’Éternel lui dit : Je multiplierai ta postérité, et elle sera si nombreuse qu’on ne pourra la compter), à la version E, (Genèse, 21,13), où la promesse est plutôt adressée à Abraham (Je ferai aussi une nation du fils de ta servante ; car il est ta postérité).

 

Une affaire d’héritage !

 

Le revirement dans le comportement de Sara envers Hagar et son fils Ismaël montre clairement le facteur principal mis en jeu dans le réseau des relations liant l’ensemble des membres de la famille du Patriarche. Genèse 21,9-10 laisse entrevoir le rôle important que joue l’héritage dans le conflit qui oppose Sara à Hagar. Plusieurs auteurs (Hackett, 1989 ; William, 1993) confirment le rôle décisif de l’héritage dans l’expulsion d’Ismaël et sa mère.

 

Certaines lectures juives vont dans ce sens ; Ismaël, selon le Midrash, aurait indécemment réclamé le droit, en tant qu’aîné, de recevoir une part double de l’héritage (Reis 2000 : 94). Bien que le récit biblique ne donne aucun indice de la portée péjorative du geste d’Ismaël, certaines interprétations juives classiques l’ont exagérée au point de l’assimiler à un acte immoral grave : l’idolâtrie et le meurtre (Zucker, 1990 : 40 ; Reis, 2000 : 94), acte qui pourrait irrémédiablement priver Ismaël de tout droit à l’héritage.

 

Comme on l’a mentionné pour Hagar, ou pourrait affirmer que les interprétations négatives de la figure ismaélienne vont à l’encontre de l’esprit du texte biblique (Zucker, 1990 ; Leviant, 1999 ; Römer, 1999 ; Kaltner, 2002). On pourrait parler, dans ce cas, d’une inversion symbolique qui concerne le droit d’aînesse d’Ismaël et ses conséquences en matière d’héritage. L’héritage dont il est question ici est plus un capital symbolique et spirituel. C’est l’héritage de toute une tradition prophétique qui représente une alliance avec le divin. Aussi, le juif cherchant à défendre le droit d’Isaac à l’héritage abrahamique, contre celui d’Ismaël, tente-t-il de légitimer son propre héritage de cette alliance avec le divin. Le musulman essaie tout autant de conforter la position sociale de la mère d’Ismaël pour pouvoir prétendre au même titre que le juif à cet héritage.

 

Selon Zucker, ce sont les interprétations tardives, surtout dans la littérature talmudique et certaines exégèses du Moyen Âge, qui ont assigné un rôle très négatif à Ismaël, sa mère et leurs descendants. 

 

Dans le judaïsme, la généalogie abrahamique reste absolument nécessaire à la représentation religieuse où l’Isaac et l’Israël spirituels ont remplacé l’Isaac et l’Israël charnels. Ainsi, le judaïsme se veut l’héritier non seulement spirituel, mais également physique du Patriarche.[2]

                     

« fils unique » = « premier-né »

 

Alors, que s’est-il passé ce fameux matin sous le soleil de plomb dans les ravins qui arpentent Mina ? Nous allons essayer de reconstituer l’évènement à la lumières des indices relevés dans la Bible exposés plus haut. Après la construction de la Kaaba, Abraham qui était de passage à la Mecque, prit de bon matin son fils Ismaël qui l’avait aidé à la tâche et qui était donc en âge de marcher. Le Patriarche avait eu, probablement la vieille, une vision qui le guida dans son choix d’égorger son fils unique/ou premier né (en fonction de savoir si Isaac qui se trouvait à Hébron était venu ou non au monde au moment de l’évènement). Il se trouvait sur le « mont élevé » de Marwa, le Mont de la « vision » d’où éventuellement Hagar avait vu l’ange au chevet de son fils à 400 mètre en contrebas il y avait quelques années de cela. Il se dirigea vers les ravins de Mina qui se trouvaient à une distance de trois miles (non trois jours contrairement à la version biblique) accompagné d’Ismaël « ton fils premier-né », nous dit la version du livre des Jubilés, ou, selon le Targum Palestine « ton fils, ton unique engendré ».[3] Les Jubilés relatent l’épisode où le prince Mastema chercha à séduire Abraham pour le dissuader de mener sa mission à bien, mais ce dernier resta inflexible.[4]

 

Sur place, le père s’exécuta avec détermination, « celui qui sacrifie n'hésite pas et celui qui est sacrifié tend la gorge » en guise de résignation, mais l’ange sauva l’enfant in-extrémiste en tendant un bélier. Nebayoth, le fils d’Ishmael perpétuera cette coutume de l’offrande du bélier immolé à l’intérieur du périmètre sacré. Les chercheurs notent l’association symbolique entre les ismaélites et le bélier.   

 

Ensuite, il y a l’épisode de la promesse d’une grande nation en Genèse 22. T. Römer note que ce chapitre ne semble pas à sa place. Un consensus se dégage aujourd’hui pour dire en tout cas, que cette promesse est un rajout tardif, probablement postexilique. Il s’agit d’une reprise de Genèse 16, voire de Genèse 21. Pour J. L. Ska, K. Schmid et d’autres auteurs, les discours divins des promesses dans le Pentateuque présupposent l’écrit sacerdotal et le discours deutéronomiste, ils appartiennent à la dernière rédaction du Pentateuque.

 

Conclusion, dans les deux cas, la promesse d’une descendance abondante s’adresse à Ismaël.

 

Puis, le Patriarche retourna vers la Kaaba sur le mont Sion. Il avait prouvé qu’il était « amoureux » et « fidèle », contre toute affliction pour reprendre les termes des Jubilés, qu’il aimait le Seigneur, son Khalil (Ami), en d’autres termes, qu’il était hanif. Il fit sept tours autours du Temple pour achever son pèlerinage, ce que les Jubilés arrivent mal à dissimuler ou à retranscrire. Il venait de réussir ses dix épreuves, ses dix travaux qu’il acheva à la gloire d’Elohim sur la sainte montagne qui abritait le Sanctuaire sacré.

 

Conclusion

 

Karim Hanifi veut nous faire admettre que non seulement les musulmans ne comprennent pas le sens de « fils unique », mais qu’ils utilisent une version fabriquée de la Bible à l’époque médiévale utilisant l’expression « premier-né ».

Nous venons de démontrer que « premier-né » faisait partie inhérente du patrimoine biblique. On le retrouve dans deux sources du judaïsme, et quand bien même, celles-ci ne seraient pas canoniques, elles prouvent que le terme fut employé bien avant l’avènement de l’Islam. Un personnage aussi ignoble que Woody Allen, qui, rappelons-le, est de culture juive, remplaça « fils unique » par « seul enfant » dans le cadre d’un pamphlet indigeste sur la ligature d’Isaac.

 

Les rabbins eux-mêmes ont très bien assimilé les enjeux qui se cachent derrière le choix des mots. Ils ont compris la problématique que pose « fils unique ». Reconsidérons maintenant la version biblique du sacrifice. Dans Genèse 22,2, on lit : « Dieu dit [à Abraham] : Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac ». S’il est vrai que le chapitre précédent, Genèse 21,21, relate l’installation d’Ismaël dans le désert, cette séparation géographique, comme le rappelle judicieusement Römer (1999 : 162), n’indique nullement qu’il cesse d’être le fils premier-né d’Abraham. Tout se passe comme si le narrateur voulait ignorer ou oublier Ismaël. La tradition rabbinique, affirme Römer, a bien ressenti le problème de l’ordre divin dans Genèse 22 et a « inventé » le dialogue suivant : « Prends ton fils. – Lequel ? demande Abraham. J’en ai deux. – Ton unique. – L’un est l’unique pour sa mère et l’autre est unique pour la sienne. – Celui que tu aimes. – J’aime celui-ci et j’aime celui-là. – Isaac ». Cette transformation, bien qu’elle ait permis au Midrash de rappeler qu’Abraham avait deux fils et non un seul, ne permet toutefois que partiellement de réhabiliter Ismaël en l’insérant dans un récit dialogique entre le Père et Dieu. Ismaël n’est inclus dans le récit de la paternité que pour être exclu de l’alliance. « Apparemment, écrit Römer, il est très difficile d’accepter cette double paternité d’Abraham telle que la Bible nous la présente. Selon l’interprétation juive et chrétienne des récits de la Genèse, c’est Isaac qui apparaît toujours comme le “vrai” fils d’Abraham » (1999 : 162). Vrai, peut-être ! Mais est-ce qu’il est l’unique ? Sur un ordre chronologique, Isaac ne peut en aucun cas être l’unique de son père ; tandis qu’Ismaël l’était avant la naissance de son frère. La progression du récit du sacrifice de ton « fils unique » à « Isaac », pourrait être lue comme une forme d’inversion par précision.[5]

 

Encore aujourd’hui, dans l’inconscient collectif judéo-chrétien, l’expression « premier-né » convient tout à fait à Isaac. Celle-ci s’imbrique très bien dans leur vision biblique de la confrontation Isaac/Ismaël, selon leur prisme et leur paradigme. Je me suis amusé à reproduire des passages de sites ou blogs d’internautes d’obédience juive ou chrétienne orientant ce terme dans le sens de leur idéologie. En voici trois exemples :

 

Si l’on ajoute le fait que la loi du rachat du premier-né fait partie du Code de l’Alliance promulgué sur la montagne dans le même contexte (voir Ex 22, 28-29), on a un autre indice nous invitant à lire l’Aqédah dans la même ligne d’interprétation que la théophanie de l’Horeb, Isaac jouant le rôle de fils unique de son père (par l’épouse de celui-ci, Sara). Abraham doit accomplir le rite de l’offrande du premier-né à l’égard d’Isaac.

http://biblissimo.com/2016/12/isaac-epreuve-d-abraham-gn-22-1-19-aqedah-ligature.html

 

Yéshoua est appelé Fils unique ("monogenes", unique en son genre, mais aussi ou parce que "premier-né d'un grand nombre de frères") pour nous faire comprendre avec un langage terrestre une réalité spirituelle de la plus haute importance : Comme il est dit qu’Abraham a engendré son fils unique Isaac à sa ressemblance bien qu’il ait eu d’autres enfants et surtout plus tard la descendance de Jacob-Israël, Elohim le Père a également engendré Un Fils Unique à Son Image, le Messie Yéshoua, pour être ce "premier-né" de nombreux frères (Romains 8:29; Colossiens 1:15 et 18; Héb 1:6; Apoc 1:5), ceux qui veulent "marcher comme Il a Lui-même marché" (1 Jean 2:6)

http://jyhamon.eklablog.com/un-fils-unique-en-son-genre-pour-un-elohim-unique-explications-a120664850?fbclid=IwAR21bzLkb8_z1v-Rs84BEi9OIgreZG0nFldfZk1cazJHe4idbAPNq78mv9U

 

La tradition juive de la Brith milah veut que l'on soit circoncis à l'âge de 8 jours, comme Isaac. L'épisode biblique encore appelé improprement sacrifice d'Isaac dans le christianisme est connu dans le judaïsme sous le nom de ligature d'Isaac (עקדת יצחק, 'akedat itshak en hébreu) parce que ce dernier n'a pas été immolé et parce que Dieu ne prononce à aucun moment les mots « tuer » ou « sacrifice ». D’après Rachi, dans cet épisode, il est écrit que Dieu demanda à Abraham le sacrifice de son fils « unique » en parlant d’Isaac parce qu'il est vraiment le premier-né de sa femme Sarah, alors qu'Ismaël n'est autre que le fils d'Agar, la servante égyptienne de Sarah. C’est la raison pour laquelle Dieu dit à Abraham « ton fils unique » en parlant du fils (Isaac) de son épouse légitime Sarah. Dans la tradition juive, alors qu'Abraham représente la charité (midat hahessed), Isaac représente la rigueur (midat hadin). Isaac n'a jamais quitté de sa vie la Terre d'Israël. La tradition identifie la grotte de Makpéla, où Isaac est enterré, avec le Tombeau des Patriarches qui est un lieu saint du judaïsme

https://gw.geneanet.org/arnac?lang=en&n=d%20israel&oc=1&p=isaac&fbclid=IwAR1YVqqOvOJAYR_rRAv8NDAEFeH2fxrAaFf6FkQCG-G3Dh5kNW4YORyXPqg

                           

Par : Karim Zentici

http://mizab.over-blog.com/

 

 

 

 

[1] Philippe Lippens. — Expédition en Arabie Centrale. Préfaces de H. St.- J.-B. Philby et de G. RYckMANS. Un vol. in-8° de xi et 215 pages avec 38 photogr., 4 planches en couleur et un itinéraire. Paris, Adrien Maisonneuve, 1956.

https://www.persee.fr/doc/syria_0039-7946_1958_num_35_1_5285_t1_0151_0000_2

[3] PAL      22:16     and said, By My Word have I sworn, saith the Lord, forasmuch as thou hast done this thing, and hast not withheld thy son, thy only begotten,

https://juchre.org/targums/comp/gen22.htm?fbclid=IwAR1HGRPS3cAd42RllSp0sXtIU8ZocVfN9sFDRDwQPThZmiO90InM5Uw91ow

[4] L'histoire de Satan essayant d'empêcher Abraham et sa famille de réaliser le sacrifice est un thème bien connu de la littérature légendaire juive. Post-Muhammad * Des sources juives telles que Tanhuma, Sefer HaYashar et Midrash VaYosba 'sont très proches des légendes islamiques…

Des sources juives préislamiques contiennent également l'histoire de Satan attrayant, avec le parallèle le plus proche trouvé à Bereshit Rabbab. Une autre légende islamique reliant Satan à la tentative de sacrifice et la reprenant…

On retrouve souvent dans le Talmud de Babylone dans la littérature midrashique ultérieure…

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17 juin 2019 1 17 /06 /juin /2019 11:20

L’enfant-sacrifice : la preuve par la Bible 2/3

 

L’épisode (en Genèse ; 28 : 18-22) de la pierre dressée pour monument semble suspect. L’Alliance vétérotestamentaire condamne sévèrement le culte des stèles. On peut imaginer qu’il passa la nuit sur le monticule de Marwa qui signifie « pierre combustible » et qui se trouve à 400 m de Beer-Shéva, où, des dizaines d’années auparavant, l’Archange apparut devant le spectacle de son oncle en pleurs. Il s’acquitta des autres rites, avec en prime l’immolation d’un bélier. Il n’y est donc pas question d’une quelconque dime comme le suggère la traduction du Targum d’Onqelos. Il s’endormit et vit en songe la « Maison céleste » qui se trouve à la verticale de la Kaaba, et à l’intérieur de laquelle soixante-dix milles anges entrent au quotidien pour ne plus jamais en sortir. Dans la description cachée de son pèlerinage à l’intérieur de la Bible, un mot revient à maintes reprises. Il s’agit de « lieu », le fameux « maqam Ibrahim », la « station d’Abraham ».

 

La sainte montagne de Sion

 

Habacuc : 3. 3-7 : « Dieu vient de Témân, le Saint du mont Parân. Sa majesté comble le ciel. Sa louange emplit la terre. La lumière devient éclatante. Deux rayons sortent de sa propre main : c’est là le secret de sa force. Devant lui marche la peste, et la fièvre met ses pas dans les siens. Il s’est arrêté, il a pris la mesure de la terre. Il a regardé et fait sursauter les nations. Les montagnes éternelles se sont disloquées, les collines antiques se sont effondrées. A lui les antiques parcours ! J’ai vu les tentes de Koushân réduites à néant ; les abris du pays de Madian sont bouleversés.»

 

De retour sur sa terre natale, plus tard, Israël rejoindra sur les rives du Nil son fils Joseph, le légendaire Amenhotep fils de Hapou qui impulsa la brève et fulgurante réforme monothéiste menée par Akhenaton. Moïse, ce grand prophète de la lignée de Joseph, conduira son peuple, sur le chemin de l’Exode au pied de la montagne jabal Lawz devant laquelle son ancêtre, Jacob, était passé au cours de son itinéraire vers la Mecque. Le fils d’Amram empruntera la même route pour se rendre au pèlerinage institué par Abraham. L’hérésiographie musulmane, qui s’inspire certainement des annales israélites, envoie en Terre sainte auprès du parallélépipède Béthel 70 000 pèlerins juifs (ce chiffre est déjà beaucoup plus raisonnable que les deux millions supposés de la Bible) sous l’égide de Moïse. Le Pentateuque enregistre cet évènement, bien que la plupart des traductions actuelles veillent, inconsciemment ou non, à l’enterrer dans les oubliettes de la conscience humaine.

 

Exode 5.1  « Moïse et Aaron se rendirent ensuite auprès de Pharaon, et lui dirent : Ainsi parle l’Éternel, le Dieu d’Israël : Laisse aller mon peuple, pour qu’il célèbre au désert une fête en mon honneur. »[1] Au milieu de toutes ces traductions qui tournent autour de la célébration d’une fête en l’honneur de Yahvé en plein désert, on dégote : « Ensuite, Moïse et Aaron vinrent dire au Pharaon : « Ainsi parle le SEIGNEUR, Dieu d’Israël : Laisse partir mon peuple et qu’il fasse au désert un pèlerinage en mon honneur. » Ces deux traductions ne s’opposent pas si l’on sait que l’aïd se déroule en plein hadj.[2]

 

Ce thème est repris dans un autre passage de l’Exode 12.14 : « Ce jour-là sera pour vous un mémorial. Vous en ferez pour le Seigneur une fête de pèlerinage. C’est un décret perpétuel : d’âge en âge vous la fêterez. »

 

Inconsciemment, la tradition juive commémore cette procession grâce au rite du phylactère, appelé également « tefillins » : des cubes de cuir noir contenant des bandes de parchemin sur lesquelles sont inscrits des passages de la Torah. On les porte au bras gauche et sur le front, fixés par des lanières de cuir, par sept fois autour du bras ; Dieu dit à Israël : « Tu les attacheras comme symbole sur ton bras, et les porteras en fronteau entre les yeux. » (Deutéronome 6.8).

 

Le terme « phylactère » est même expressément cité dans le Nouveau Testament pour décrier l’ostentation des scribes et des pharisiens en Mathieu, 23.5.

 

Le clan de Nebayoth fils d’Ismaël va perpétuer le sacrifice du bélier au cours de ses visites sacrées annuelles : « Porte tes regards sur les alentours et vois : tous, ils se rassemblent, ils viennent vers toi, tes fils vont arriver du lointain, et tes filles sont tenues solidement sur la hanche. Alors tu verras, tu seras rayonnante, ton cœur frémira et se dilatera, car vers toi sera retournée l’opulence des mers, la fortune des nations viendra jusqu’à toi. Un afflux de chameau te couvrira, de tout jeunes chameaux de Madiân et d’Eifa ; tous les gens de Saba viendront, ils apporteront de l’or et de l’encens, et se feront les messagers des louanges du SEIGNEUR. Tout le petit bétail de Qédar sera rassemblé pour toi, les béliers de Nebayoth seront pour tes offices. » [3] Ésaïe ; 60.4-7

 

Les enfants de Qédar, l’autre fils d’Ismaël, avaient la charge d’approvisionner les pèlerins en eau. La fonction de ce clan, l’ancêtre de la tribu Qurayshite de laquelle le sceau des prophètes sera issu, est délivrée dans le Thora en Ésaïe ; 21.14-15 qui révèle selon la version œcuménique : « Allez à la rencontre de l’assoiffé, apportez de l’eau, habitants du pays de Téma ; allez au-devant du fugitif avec son pain, car ils s’enfuient devant les épées. »

 

Un passage des Psaumes fait allusion au pèlerinage pratiqué par les enfants d’Ismaël : « Afin que se reposent les habitants du désert et des villages et que deviennent la terre de Qidhar (Qédar) des prairies, et que rendent gloire les grottes et qu’ils hèlent des sommets des montagnes les louanges du Seigneur et qu’ils répandent ses gloires dans les îles. »[4]

 

Ces fameux Psaumes de David décrivent avec une précision chirurgicale le pèlerinage à Bekka[5] : Psaume 84

(84.5) Heureux ceux qui habitent ta maison ! Ils peuvent te célébrer encore. Pause.

(84.6) Heureux ceux qui placent en toi leur appui ! Ils trouvent dans leur cœur des chemins tout tracés.

(84.7) Lorsqu'ils traversent la vallée de Baca, Ils la transforment en un lieu plein de sources, Et la pluie la couvre aussi de bénédictions.

(84.8) Leur force augmente pendant la marche, Et ils se présentent devant Dieu à Sion.

(84.9) Éternel, Dieu des armées, écoute ma prière ! Prête l'oreille, Dieu de Jacob ! Pause.

(84.10) Toi qui es notre bouclier, vois, ô Dieu ! Et regarde la face de ton oint !

(84.11) Mieux vaut un jour dans tes parvis que mille ailleurs ; Je préfère me tenir sur le seuil de la maison de mon Dieu, Plutôt que d'habiter sous les tentes de la méchanceté.

(84.12) Car l'Éternel Dieu est un soleil et un bouclier, L'Éternel donne la grâce et la gloire, Il ne refuse aucun bien à ceux qui marchent dans l'intégrité.

(84.13) Éternel des armées ! Heureux l'homme qui se confie en toi !

 

Certains sont intrigués par ces versets qui situeraient l’évènement à Sion dans l’ancienne Palestine. Or, Sion n’est pas un nom propre, mais a un sens précis ; plusieurs hypothèses sont avancées par l’exégèse, et certains linguistes voient dans ce vocable une origine Arabe : il signifierait l’endroit saint où se rassemblent les croyants. Cet endroit où Dieu se manifesta à Agar par l’intermédiaire de Gabriel, connote étymologiquement avec un « lieu desséché » où règne la sécheresse. Sion est parfois associé dans d’autres passages des Psaumes (26.6-8) au pèlerinage à la Mecque : « Je lave mes mains dans l'innocence, Et je vais autour de ton autel, ô Eternel ! Pour éclater en actions de grâces, Et raconter toutes tes merveilles. Éternel ! j’aime le séjour de ta maison, Le lieu où ta gloire habite. » ; Psaumes (26.6) « Parcourez Sion, faites le tour de son enceinte, Comptez ses tours »

 

D’autres passages de l’AT font éventuellement allusion à la Kaaba, bien que ce ne soit pas évident : Rm (9.33) « comme il est écrit : Voici que je pose en Sion une pierre d'achoppement et un rocher qui fait tomber ; mais qui croit en lui ne sera pas confondu » ; Isaïe 28, 16-17a « Ainsi a parlé le Seigneur Dieu : Moi, dans Sion, je pose une pierre, une pierre à toute épreuve, choisie pour être une pierre d'angle, une véritable pierre de fondement. Celui qui lui fait confiance ne sera pas impatient. Je prendrai le droit comme instrument de mesure, et la justice comme niveau. »

 

Le sacrifice du premier-né

 

« Vous vous êtes approchés de la montagne de Sion, de la cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste, des myriades qui forment le chœur des anges, de l'assemblée des premiers-nés inscrits dans les cieux, du juge qui est le Dieu de tous, des esprits des justes parvenus à la perfection. » (12:22-23).

 

L'immolation des premiers-nés en offrande à la divinité était en usage chez les anciens Hébreux nomades aussi bien que chez les Cananéens : il est difficile de déterminer la signification exacte de cette coutume : il s'y attachait sans doute, à l'origine, l'idée que ce qui a une valeur particulière pour l'homme n'en a pas une moins importante pour le dieu protecteur et, par conséquent, mérite, au premier chef, de lui être consacré, soit pour se concilier sa faveur, soit pour écarter sa colère, ou encore pour lui témoigner de la reconnaissance.[6]

Aux temps les plus reculés de l'histoire d'Israël, les premiers-nés de l'homme étaient immolés à la divinité au même titre que les premiers-nés des troupeaux : l'épisode de Morija constitue la preuve classique que, à l'époque et dans le milieu d'Abraham, le sacrifice des enfants premiers-nés faisait partie du culte (Ge 22). Cet usage fut, de bonne heure, réprouvé par la conscience israélite qui y substitua l'obligation du rachat : celle-ci, qui apparaît déjà dans le Livre de l'Alliance (Ex 22:29 et suivant, cf. Ex 13:12 34:19 et suivant), se trouve précisée dans le code deutéronomique (De 15:19,23) et dans le document sacerdotal qui fixe exactement le prix de rachat (Ex 13:1 Le 27:26 et suivant, No 18 15-18).

Cependant, sous l'influence des Cananéens, qui pratiquaient couramment les immolations d'enfants, ainsi que l'établissent les fouilles effectuées en Palestine et le témoignage des auteurs sacrés (De 12:31 18:9 et suivant), cette sinistre coutume reparut à différentes reprises, à l'époque sédentaire, malgré les protestations indignées des serviteurs de l'Éternel ; il y eut même quelque temps, dans la vallée de Hinnom, au Sud de Jérusalem, un haut-lieu, celui de Tophet, réservé à ce rite barbare (1Ro 16:34,2Ro 16:3 17:17 21:6 23:10, Jer 7:31 19:5 32:35Eze 20:36).

Pour ce qui est des premiers-nés du bétail, tandis que la législation la plus ancienne se borne à en prescrire l'offrande à l'Éternel sans indiquer sous quelle forme celle-ci doit se faire, le Deutéronome les destine à servir de victimes pour des repas, de caractère à la fois sacrificiel et familial, organisés dans le sanctuaire, et, à une date plus récente, le Code de Sainteté, achevant l'évolution rituelle, en réserve la chair exclusivement aux prêtres.[7]

 

À suivre…

                     

Par : Karim Zentici

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[2] René Brunel confirme : « (…) Nous supposerons quand à nous que l'antique Ka'aba, dont Diodore de Sicile parlait cinquante ans avant Jésus-Christ comme étant le véritable panthéon de l'Arabie païenne, était visitée par le culte Égyptien de Bubastis dans le pèlerinage chaque année, lors des fêtes votives qui s'y donnaient (...) » René Brunel, Le monachisme errant dans l'Islam, Sidi Eddi et les Heddawa, Paris, Maisonneuve et Larose, 2001, p. 428

[3] Mais encore : Ésaïe ; 54.11-15 : « Humilié, ballottée, privée de réconfort, voici que moi je mettrai un cerne de fard autour de tes pierres… Tous tes fils seront disciples du SEIGNEUR, et grande sera la paix de tes fils. Dans la justice tu seras stabilisée, loin de toi l’extorsion : tu n’auras plus rien à craindre ; loin de toi la terreur : elle ne t’approchera plus. On complote, on monte un complot ? Cela ne vient pas de moi ! Qui complote contre toi, devant toi s’écroulera. »

[4] Nous avons un passage proche de celui-ci dans Ésaïe ; 42.11-12

Selon Sir Fergus Millar, professeur émérite d’histoire ancienne à l’université d’Oxford, Josephus, un historien juif écrivant au 1er siècle avança l’idée qu’Ismaël était l’ancêtre des Arabes.

[5] Le mot Bekka veut dire un arbre aux feuille sèches qui ont un bruit très spécial et cette arbre se trouve bien à Mecca comme le révèle ce passage du dictionnaire hébraïque the Arab. baka’un, resembling the balsam-tree, which is very common in the arid valley of Mecca, and therefore might also have given its name to some arid valley of the Holy Land (vid., Winer’s Realwörterbuch, s.v. Bacha), and, according to 2Sa 5:22-25. https://biblehub.com/psalms/84-5.htm

Il s’agirait du « mûrier », ou plus exactement du « baumier », de la famille des peupliers, qui pousse sur des terres arides, notamment à la Mecque.

Genèse 37 : 25 « Ils s'assirent ensuite pour manger. Ayant levé les yeux, ils virent une caravane d'Ismaélites venant de Galaad ; leurs chameaux étaient chargés d'aromates, de baume et de myrrhe, qu'ils transportaient en Égypte. »

Nous venons peut-être là de résoudre l’énigme du chêne de Moré.

[6] Par exemple : « Quand le roi de Moab vit que la bataille était perdue pour lui, (…) Il prit alors son fils premier-né, qui devait régner à sa place, et l'offrit en holocauste sur la muraille. Il y eut un grand courroux contre les Israélites qui décampèrent de chez lui et retournèrent dans leur pays. » (2R 3,26¬27).

La culture Grecque reprendra à son compte la coutume de l’offrande du « fils unique » ou du « premier-né » avec sa version féminine du sacrifice d’Iphigénie.

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16 juin 2019 7 16 /06 /juin /2019 11:24

 

L’enfant-sacrifice : la preuve par la Bible 1/3

 

« Il semble en effet que le but essentiel de l'histoire coranique d'Abraham soit l'exaltation du Monothéisme et c'est là-dessus que le débat s'engage avec les Scripturaires tout autant qu'avec les Associationnistes arabes. Or les récits de la Genèse semblent caractériser la Révélation faite à Abraham par un autre objet que le monothéisme, à savoir la promesse. C'est de toute façon la Promesse qui est l'objet spécifique de la Foi d'Abraham dans le Nouveau Testament (Gal. et Rom). Le Qor'ân opérerait donc comme un renversement total de la présentation biblique en subordonnant la Révélation de la promesse au point de vue dogmatique du Monothéisme »

Y. Moubarac, 1951 « Abraham en Islam » in Cahiers Sioniens, nº2 p. 111.

 

Je tiens à remercier gracieusement l’auteur de la chaine youtube Hoopoe The Birds pour sa collaboration incessante, lui qui m’abreuve au quotidien de nombreux liens en vue d’élargir mon horizon dans le chapitre épineux de l’interreligieux. Chapitre dans lequel, il est vrai, je suis novice. Merci.

 

Nous sommes toujours dans le cadre du dialogue avec Karim Hanifi en présentant, dans la continuité des deux premiers articles une étude de cas : la ligature d’Ismaël.

 

Voir : http://mizab.over-blog.com/2019/03/dialogue-avec-karim-hanifi-i/1.html

http://mizab.over-blog.com/2019/04/dialogue-avec-karim-hanifi-ii1/6.html

 

Mener une enquête à l’intérieur des pages de la Bible est loin d’être chose aisée tant celle-ci fut soumise aux vicissitudes du temps au gré des destructions, des déportations, des alliances et des rivalités internes, notamment entre la Judée et Samarie, entre Juda et Israël. La tâche est d’autant plus difficile que le texte original a subi plusieurs remaniements, et que la recherche aujourd’hui est capable d’y détecter plusieurs couches de rédactions. C’est ce que constate le chercheur Dany NOCQUET, à travers son ouvrage extrêmement documenté La Samarie, la Diaspora et l'achèvement de la Torah. Ce dernier remarque notamment que les occurrences de Sichem, Béthel et Garizim de la Genèse à Jos 24 se présentent comme l’un des marqueurs de l’apport samarien à la naissance de la Torah.

 

Le travail autour des sites de Sichem et de Béthel en Genèse, et celui sur Sichem en Jos 24 en passant par les mentions du Garizim dans le Deutéronome sont une réécriture samarienne de l’histoire patriarcale, et une appropriation samarienne des traditions législatives du Deutéronome. Cet apport samarien se met à distance et prend ici le contrepied de l’historiographie judéenne et deutéronomiste qui conteste la légitimité de Samarie dans les livres de Samuel et Rois jusqu’aux livres d’Esdras et de Néhémie. Ce travail éditorial est à situer à la fin du 5ème ou au début du 4ème siècle, au moment où le yahwisme judéen s’affirme sous Esdras-Néhémie en tension avec le pôle samarien du yahwisme. Samarie et son temple sur le Garizim sont l’un des milieux producteurs et l’un des lieux de naissance du livre de la Torah.

 

La critique a depuis longtemps distingué plusieurs niveaux rédactionnels qui ont été interprétés différemment au gré des paradigmes de la recherche. Une longue tradition exégétique a vu en Gn 12 un récit ancien qui aurait été retravaillé pour légitimer la dynastie davidique en raison des liens entre Gn 12,3 et 2S 7,9, et en raison de la mention d’Hébron en lien avec David. Ce lien a été fortement remis en question, et les recherches récentes attribuent le plus souvent les discours divins, ainsi que les mentions de Sichem et de Béthel, à un travail post-P et post-D. Ainsi, le récit des commencements d’Abram appartient en partie à l’étape de la rédaction finale du Pentateuque à l’époque post-exilique. Ces remarques sont d’autant plus justifiées que les mentions de Sichem et de Béthel, dans la suite du cycle d’Abraham, ne jouent plus aucun rôle. Jean Louis Ska, Les énigmes du passé. Histoire d’Israël et récit biblique, LivRoul 14, Bruxelles, Lessius, 2001, p. 42 : « Le but de ce passage est de présenter Abraham comme l’ancêtre de la communauté qui est revenue de Babylone pour reconstruire Jérusalem et son temple… Le message est clair : la bénédiction promise à Abraham vaut également pour tous ceux qui sont revenus de la Mésopotamie après l’Exil pour s’établir dans la terre de Canaan. »[1]

 

Or, heureusement, nous ne prenons pas pour argent comptant toutes les conclusions émises par l’historico-critique, notamment sur l’aspect légendaire de la geste des patriarches, mais il est indéniable que le texte sacré judéo-testamentaire fut l’objet de retouches à travers l’Histoire. Jean-Georges Heintz  professeur à la Faculté de théologie protestante de l'Université de Strasbourg, entre 1969 et 2001, relativise l’approche historico-critique. À ses yeux, je cite : « Malgré les progrès considérables réalisés par la méthode historico-critique – notamment dans les domaines de la critique textuelle, de la philologie sémitique, de l’étude littéraire et de l’analyse des traditions par la Formgeschichte –, il faut bien noter à quel point la démarche méthodologique reste incertaine à ce jour, notamment quant à l’articulation réciproque de ces divers secteurs de la recherche entre eux. On serait ainsi fondé à reprendre le jugement, déjà énoncé il y a trente ans par un historien de l’exégèse, à savoir : « L’interprétation contemporaine de la Bible a atteint un point de crise ! » En effet, bien que l’exigence fondamentale d’une étude historique et littéraire de la Bible hébraïque ne soit plus contestée par personne, on ne peut que s’étonner de l’extrême diversité des modes d’approche et d’analyse tels qu’ils sont aujourd’hui pratiqués, souvent loin de toute base documentaire commune, donc de tout consensus et le plus souvent de manière exclusive. Un conflit radical des interprétations s’instaure donc, qu’on ne peut plus guère ignorer : il suffit, pour s’en convaincre, de feuilleter les pages de nos revues spécialisées, de consulter les actes d’un congrès ou d’un colloque en sciences bibliques, ou bien un volume de « Mélanges » (Festschriften), tels qu’ils sont régulièrement dédiés aux maîtres de nos disciplines ! »[2]

 

De notre point de vue, il existe un texte primitif du Pentateuque transmis par voie orale, et dans lequel la Mecque joue un rôle crucial. Par la suite, les scribes qui auraient mal déchiffré ses passages ou qui cherchaient à justifier, à légitimer, ou à délégitimer telle chose ou telle communauté, ont orienté, peut-être bien malgré eux, car nul n’échappe à sa condition, les manuscrits de façon à les faire correspondre à leur compréhension, mais aussi à leurs attentes.

 

Reconstitution de l’histoire

 

Les manuscrits de la mer morte parlent d’une façon directe de la sainte Kaaba dans l’un des ces manuscrits intitulé : Livre d’Adam et Êve où nous lisons : Verset 29 : 5 – 7 : « Adam informe son fils Sheth que Dieu indiquera aux personnes fideles où construire sa maison (MAISON DE DIEU). » Le Docteur Charles qui a traduit le livre en anglais écrit : « ne pas mentionner le temple de Jérusalem au chapitre 29 (où il est mentionné la maison de Dieu) indique que ce livre est écrit dans une ville étrangère ». Puis, il précise pour seul commentaire : « L’endroit où Adam avait l’habitude de faire sa prière est le même lieu où les musulmans ont appris à vénérer la Kaaba. »

L’autel utilisé par Abraham lors de l'Aqédah (Tg (j0) Gn 22, 9) avait selon le Targum été construit par Adam, il avait servi aux offrandes de Caïn et Abel et, finalement, Noé lui-même l'avait reconstruit après le déluge (Tg (j0) Gn 8, 20). Le targum du Pseudo-Jonathan place au Mont Moriyyah l'installation d'Adam. Dans une autre tradition, TibM 96a-b (§ 47) identifie le Mont Garizim à la direction vers laquelle se prosterne Adam, au lieu de l’appel d’Enosh, à la connaissance Hénoch, et à l’autel de Noé et d’Abraham. L’As (Pentateuque Samaritain traduit en Araméen), dans la suite du texte, se montre plus homogène en évoquant un unique autel, celui d’Adam reconstruit par Hénoch (2,14), puis visiblement par Noé (4,11), enfin par Abraham, et qui se serait localisé au « Chêne de Moré ». L’exégèse biblique est très confuse au sujet de ce fameux térébinthe. Elle ne sait pas trop de quoi il s’agit, même si des légendes ont essayé d’éluder cette énigme.

 

Alors, hasardons-nous à lui trouver une origine scripturaire cohérente. Avons-nous affaire à l’arbre à l’ombre duquel Abraham déposa son fils unique sur le Mont de la « vision »,[3] désignant l’endroit où le Patriarche reçut l’ordre en rêve de s’y rendre pour y abandonner Agar et son nourrisson ?[4] Ce même lieu où la Matriarche donna à l'Éternel, qui lui avait parlé, le nom d’Atta-El-Roï, car elle dit : « Ai-je vu ici la trace de celui qui me voit ? » C'est pourquoi l'on a appelé ce puits le puits de Lachaï-Roï.[5] Elle fait allusion à sa rencontre avec Gabriel qui intervient sous l’autorité de l’Éternel pour lui venir en secours au milieu du désert rocailleux de Paran, à Beer-Shiva où coula par l’effet d’un miracle Zamum ou Zamzum en ce lieu sacré de Qadesh. Là, construira plus tard, Ibrahim le saint Sanctuaire, la « Maison d’Abraham » ou la « Maison de Dieu », le fameux Béthel. Thomas Römer, un spécialiste de l’AT, se demande s’il n’y a pas là un pèlerinage. Le père d’Ishmael, en effet, procède à un véritable circuit rituel qui part du Mont Sichem, et qui, en passant par Mina le lieu du sacrifice, finit autour du Temple bâti juste à côté du « puits du serment » qui fait allusion au pacte contracté entre Agar et les descendants de Yoqtan sur le partage de la source.[6]

 

« Me voici » répond Abram à l’appel de son Seigneur ; « labbaïk » qui résonnera à travers les époques jusqu’à la fin du monde, marque la procession à suivre. Celle-ci sera imitée par tous les pèlerins depuis ces temps reculés. Abraham affichait sa soumission. Selon Gn 17 1-4, il était, selon les différentes versions, irréprochable, intègre, (droit ?) sans péché, parfait, ou, comme nous dit le Tagum Onkelos, il était chalim, soumis à Dieu, mouslim. Il est possible de ranger tous ces synonymes sous le terme de hanif, fidèle à Dieu. À maintes reprises, Genèse parle de maqum, ce lieu où le père d’Isaac accomplit ses rites à l’endroit où il édifia le Temple, avec l’aide de son fils, explique Le livre du juste, qui lui donne les pierres et le ciment, au pays de Moria. Le Targum Onqelos (IIème s.) donne, lui : au « pays du culte ». Cette montagne sacrée où les générations futures devront adorer le Dieu unique. Après ses fils (plusieurs midrashim envoient Isaac à la Mecque), Jacob sera le premier à répondre à l’appel de son grand-père à travers la formule désormais consacrée « Me voici ». Probablement également à la suite d’une vision, la Bible retrace son parcours, ou, en tout cas, elle nous en donne des indices. Il marchera sur les pas de l’Ami de Dieu.

 

À mi-chemin entre Canaan et la vallée aride de Baca, il longea le mont Tor, jabal Lawz (Louz qui signifie amende, noix, mais selon une autre phonétique loz, lauz, ce nom pourrait signifier lieu de refuge) où un membre de sa progéniture, Moïse, recevra la Loi de la Thora. Il est désormais acquis que le Sinaï se trouve en Arabie. Il arriva ensuite sain et sauf à Sichem, où il entra en paix comme il en avait fait le vœu au Tout-Puissant. Il se retrouva au milieu d’un grand et redoutable désert. Malgré son apparence inhospitalière, ce pays paisible qui tire son nom de la racine Shalom, invite ses visiteurs à vaquer en paix. Un auteur médiéval assimile Sichem à ‘Arafat qui compose l’un des sites incontournables du hadj. Il se dirigea ensuite à l’endroit qui lui fut indiqué dans son rêve, devant l’autel du Béthel. Il n’y avait rien ici ce n’est la « maison de Dieu » dans ce lieu inhabité, le lieu du Dieu unique.

 

À suivre…

                     

Par : Karim Zentici

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[1] Dans le cadre de cours magistraux donnés au Collège de France, Thomas Römer développe la formation rédactionnelle et la naissance de l’AT. S’il incombe d’y séparer le bon de l’ivraie, ses analyses offrent des pistes non négligeables de réflexion.

Voir : https://www.college-de-france.fr/site/thomas-romer/course-2019-03-21-14h00.htm

[2] Voir : Prophétisme et Alliance : des archives royales de Mari à la Bible hébraïque, Jean-Georges Heintz.

[3] Il peut s’agir du le « Chêne-des-pleurs », près de Bethel, Bible Gn 35 8. Le « Baumier » (ou l’arbre pleureur ») doit être selon certains exégètes le micocoulier (Le « Val du Micocoulier », au nord de la vallée de Hinnom (Géhenne), était la dernière étape du pèlerinage, au carrefour des routes venant du nord, de l’ouest et du sud, cf. 2 S 5 17-25.) , cf. 2 Samuel 5 23-24. Selon les biblistes, le chêne est mentionné plusieurs fois dans la Bible : le chêne de Sichem (Gn 35, 4 ; dans le sanctuaire du Seigneur à Sichem : Jos. 24, 26 ; « Chêne des Devins » de Jg. 9, 37, où Abimélek fut élevé à la dignité royale : Jg. 9, 6) ; « Chêne des Pleurs », près de Béthel (Gn 35, 8) ; « Chêne de Tabor » (1 S 10, 3)... (V. flore. Dictionnaire illustré de la Bible. Edit. Bordas). Tabor ou Thabor fut emprunté à Thabir, le nom d’une montagne aux alentours de la Mecque. Ainsi, cet arbre mystérieux se trouvait donc à Becca, un autre nom de Mecca. Enfin, il peut faire allusion au tamaris que plante Abraham en Gn 21,33.

[4] Concernant le Verset : « il mit l'enfant sur son épaule, puis il la renvoya »

En fait, le déroulement chronologique des faits pose des problèmes. D'après ce verset (14), Abraham place Ismaël sur l'épaule de sa mère Hagar, qui plus tard, laisse l'enfant sous un arbrisseau (v.15). Or un simple calcul prouve qu'à cette époque, Ismaël devait avoir au moins 16 ans (il avait 13 ans à sa circoncision "Gn. XVII, 25"). Isaac naîtra un an après, et Ismaël sera chassé de la maison de son père après qu'Isaac aura été sevré "Gn, XXI, 8", c'est-à-dire à l'âge de 2 ou 3 ans selon la coutume. Le récit primitif devait parler d'Ismaël comme d'un tout jeune enfant. C'est pourquoi Von Rad dit « Au prix d'une phrase stylistiquement très heurtée, un rédacteur a changé le texte du verset 14 sans avoir réussi à écarter toutes les discordances » G. Von Rad, op. cit ., p. 237.

[5] Selon Gn 25,11, fait curieux, Isaac habite à Lahaï Roï au pays d’Ismaël, dans le sud du Néguev, et le voici contraint à immigrer vers une autre place.

[6] Beer-Shiva est donc le « puits du serment », ou, moins probable, le « puits des sept », en raison de la proximité en hébreu entre « serment » et le chiffre sept. Des légendes islamiques, sur les traces des narrations israélites, cherchent à justifier ce chiffre « sept » avec les sept chèvres de la montagne de Thabir offerte à Ismaël par ses concitoyens jurhumites.

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14 avril 2019 7 14 /04 /avril /2019 10:50

Dialogue avec Karim Hanifi II5/6 

 

Des versions originelles de la Bible encore présentes

 

(Nous sommes toujours avec ibn Taïmiya)

 

La Thora qui traversa les époques depuis la destruction du Temple sous Nabuchodonosor II, en passant par l’avènement de Jésus, jusqu’à l’ère islamique, contient la Loi divine. Les exemplaires présents à l’époque de la Révélation chez les juifs médinois n’échappent pas à la règle. Et quand bien même, elle aurait subi des transformations en réaction à l’avènement de Mohammed, n’est ne prouve qu’il n’existe plus aucune version originale de nos jours. Nous n’en avons pas la moindre connaissance et il est impossible de matériellement le vérifier.

 

Il est vrai que de nombreuses copies falsifiées ont depuis cette époque inondées la culture juive, si tant est qu’elle ne connait pratiquement rien d’autre, et qu’elle a perdu de vue ou presque ses manuscrits intacts. Or, malgré ces multiples modifications, les versions actuelles des AT et NT sont, pour beaucoup, relativement concordantes, mise à part quelques différentes à noter ici et là d’une version à une autre. Il est donc tout à fait concevable qu’une opération de falsification, ne serait-ce qu’infime, ait eu lieu, une fois que les musulmans aient partagé la prophétie avec les adeptes des religions monothéistes anciennes. Nul parmi eux n’est en mesure de constater le contraire. Il faudrait pour cela qu’ils vérifient tous les exemplaires répandus dans le monde.

 

Nous savons déjà que des variantes, certes minimes, touchent un grand nombre de manuscrits. C’est exactement ce phénomène auquel nous avons affaire lors des reproductions des différentes compilations de hadîth qui sont sujettes à des formulations différentes, voire à des modifications. Seul le Coran est épargné par ce genre d’aléas qui, au vu de sa dimension transcendante, fut conservé par transmission orale communément admise.

 

En effet, la diaspora juive dispersa des exemplaires innombrables du Tanakh dans les quatre coins de la Planète, sans compter que les chrétiens avaient reproduit le Pentateuque en grand nombre. Il est donc matériellement impossible de tous les regrouper pour y opérer des changements. Si tel avait été le cas, l’Histoire aurait enregistré un tel évènement qui sort de l’ordinaire.

 

Nous pouvons dire la même chose de l’Évangile au sujet duquel le Coran dit clairement : (Que les adeptes de l’Évangile appliquent la loi divine qui y fut révélée, car qui n’applique pas la Loi révélée par Dieu est un pervers).[1] Ce Livre contient donc la Loi qui touche aux commandements, et qui aurait donc été conservée, contrairement aux récits historiques que rien n’empêche de changer, même au niveau de la lettre. Ainsi, si falsification il y a eu dans la loi, c’est uniquement au niveau de l’esprit à travers les interprétations orientées et les exégèses adaptés aux différents courants de pensée qui divisent le Clergé.

 

Selon certains exégètes, le Verset précédent s’adresse aux chrétiens préislamiques qui n’avaient pas encore altérés leur Livre si l’on tient compte du passage en entier : (Nous mimes sur leurs traces Jésus fils de Marie venu corroborer la Thora révélée avant lui. Nous lui transmîmes l’Évangile duquel émanent droiture et lumière en accord avec la Thora révélée auparavant, et revêtant droiture et exhortation à l’adresse des pieux • Que les adeptes de l’Évangile appliquent la loi divine qui y fut révélée, car qui n’applique pas la Loi révélée par Dieu est un pervers).[2] Rien à prêterait à dire, selon cette opinion, qu’il fait allusion à l’Évangile en circulation à l’époque du Prophète. Or, cette orientation n’a pas lieu d’être étant donné que les écrits chrétiens logent à la même enseigne que ceux des juifs. Preuve en est le début du passage que nous avons cité plus haut (Le Repas céleste ; 41).

 

Le saint Coran affirme explicitement que les Juifs contemporains à l’Élu qui lui soulevaient leurs litiges, possédaient des exemplaires de la Loi canonique à laquelle ils se référaient. Il est enjoint au Prophète (r) un certain comportement en réaction à leurs subterfuges. Nous avons là la preuve que leurs coreligionnaires des générations précédentes n’étaient pas concernés par cette réprimande coranique. Il est donc tout autant demandé aux chrétiens vivant à cette époque de se conformer à leurs écrits qui leur somment de se soumettre à la loi mohammadienne. Les chrétiens, au même titre que les juifs, sont interpellés par ce devoir de se référer aux Lois de leur Livre qui ne furent pas frappées d’abrogation depuis l’avènement de Mohammed (r). De la même façon qu’avec l’avènement de Jésus, les israélites n’étaient plus tenus de se conformer aux dispositions de la Thora qu’il avait abrogées, mais de suivre la nouvelle Loi. Il en est de même désormais pour les deux communautés qui ont l’obligation de se soumettre aux enseignements du sceau des prophètes. Par cette démarche, ils ne trahissent nullement leurs Écritures respectives qui leur annonçaient la venue d’un messie par la loi duquel ils seront tenus : [À ceux qui suivent le Messager, le Prophète illettré, dont ils connaissent la description à travers leurs écrits, la Thora et l’Évangile. Celui-là même qui leur ordonne le bien et qui leur interdit le mal ; lui qui leur déclare licite tout ce qui est pur et illicite tout ce qui est impure ; lui qui les délivre des fardeaux et des lourds carcans qui pesaient sur eux. Qui croit en lui, le soutient, et le défend, et qui a pour guide la lumière qui accompagne sa mission, gagnera le succès][3] ; (Nous te révélâmes, en toute vérité, le Livre venu corroborer les anciennes Écritures et faisant force d’autorité. Alors, appuie-toi dessus pour arbitrer les litiges que te soulèvent les fis d’Israël, et ne cède pas à leurs passions au dépend de la vérité qui y prévaut ; certes, à chacun d’entre vous, Nous avons assigné une Loi et une voix à suivre. Allah aurait très bien pu vous réunir sous l’égide d’une même nation, mais Il préféra vous éprouver pour voir l’usage de ce que chacun d’entre vous détient entre ses mains. Alors, faite montre d’émulation dans les œuvres pies, car c’est vers Allah que vous serez tous ramenés, et là, Il vous instruira sur l’objet de vos divergences).[4]

 

Le Coran fait force d’autorité sur les anciennes Écritures dont il est venu corroborer certaines lois, abroger d’autres, et corriger celles (dans le domaine du récit) qui furent l’objet d’altération. Il est Muhaïman sur les AT et NT dans le sens où il en est le Juge, le Témoin, et le Dépositaire loyal. [Il en est le Juge pour les avoir abrogés, le Témoin car ils ont été falsifiés alors qu’il est sauvegardé. Il en est le Dépositaire étant donné que tous les enseignements de ces derniers en accord avec lui correspondent à la vérité ; et tout ceux qui le contredisent sont automatiquement jugés faux, voire éventuellement abrogés.]

 

Le v. 50 de la s. le Repas céleste insiste sur l’obligation de s’aligner sur la nouvelle Loi, et les prescriptions bibliques non abrogées par celle-ci, sous peine de pencher vers les traditions païennes et préislamiques. Cette réprimande s’adresse en premier lieu aux Juifs et aux chrétiens : (Dis-leur aux adeptes du Livre : jamais vous ne serez dignes tant que vous daignez observer la Thora, l’Évangile, et la Parole révélée à votre égard de la part du Seigneur, et remarque que les enseignements célestes exacerbent chez nombre d’entre eux leur esprit rebelle et tyrannique, alors ne sois pas affligé par les écarts de conduite de ce peuple infidèle).[5] 

 

L’abrogation du Livre est effective au niveau de certaines dispositions, non dans sa totalité. Ces dispositions abrogées restent minimes par rapport à l’ensemble de la Loi biblique qui véhicule un certain nombre de constantes universelles. Il y a donc un socle commun aux trois grandes religions, bien que des désaccords puissent survenir notamment sur le Messie annoncé par la Thora. Aux yeux des chrétiens, il s’agit bel et bien de Jésus, alors que le choix des Juifs s’arrête sur un sauveur qui viendra à la fin des temps.[6] Dans ce débat, les musulmans tranchent en faveur des chrétiens, sans leur concéder l’encensement à outrance qu’ils vouent au Christ.

 

Par ailleurs, quand nous disons que les récits bibliques sont plus sujets à la falsification que les commandements, cela ne signifie nullement que dans l’ensemble ils ne furent pas conservés. Souvent d’ailleurs, la Bible corrige elle-même ces passages modifiés. Il n’y a donc pas lieu d’avancer que toute falsification survenue avant l’avènement de l’Islam exonérerait les adeptes de Livre de se plier à la nouvelle religion. Dans ces conditions, ils seraient incapables d’y distinguer le vrai du faux. Cet argument est soutenu par les tenants de la Bible falsifiée dans l’esprit uniquement (comme notre ami Karim ndt.).

 

Ce à quoi nous répondons que les modifications sont minimes par rapport à la majeure partie du texte conservé qui pointe du doigt leurs incohérences. Ces intrusions sonnent faux par rapport à l’esprit général, et lorsqu’on les recoupe avec d’autres passages. Nous connaissons exactement le même phénomène avec les recueils de hadîth sunan qui ont, entre autre, pour auteur Abou Dâwûd et Tirmidhî. Ceux-ci contiennent une partie négligeable de narrations apocryphes qu’il est possible de détecter en les comparant avec le reste du corpus.

 

Le recueil authentique de Muslim n’est pas épargné par des méprises, certes rares, sur certains vocables qu’il est facile de corriger à la lumière du reste de l’ouvrage, voire du Coran. Bukhârî également rectifie certains termes en procédant à une étude exhaustive de tous les récits en rapport avec le même sujet.

 

Or, nous avons expliqué qu’il est faux d’imputer aux musulmans l’allégation selon laquelle toutes les copies de la Bible en vogue sur toute la planète depuis l’avènement de l’Islam sont frappées de manipulation volontaire. En tout cas, à ma connaissance, cette opinion n’est pas à mettre sur  le compte des anciens. Il est vrai que certains modernes se distinguent éventuellement d’eux sur ce point, et tant d’autre ; notamment, aux yeux de certains savants des nouvelles générations, il est autorisé de se nettoyer après les selles avec n’importe laquelle des copies existantes sur toute la terre, pour exprimer qu’il y a rupture de versions originales. Jamais un ancien ou une grande référence de la religion n’a tenu tel propos.

 

Un jour, le Khalife ‘Omar vit un exemplaire de la Thora dans les mains de l’ancien rabbin Ka’b el Akhbâr : « Ka’b, s’exclama-t-il, si tu es sûr que cet exemplaire est la Thora révélé par Dieu à Moussa ibn ‘Imrân, alors tu n’as qu’à la lire. »[7] Le successeur d’Abou Bakr a laissé la chose en suspens, sans prétendre de façon formelle que cette version soit falsifiée, faute de preuve en main allant dans ce sens.

 

Les textes scripturaires de l’Islam que sont le Coran et la sunna communément transmise font ressortir que l’AN et le NT qui circulaient à l’époque du Prophète (r) renfermaient la Parole de Dieu. Par rapport à cela, il est vain d’avancer que, depuis, toutes les copies en circulation furent l’objet de falsification. Nous n’avons aucun intérêt à retenir cet argument, puisqu’il est impossible de le démontrer matériellement. D’ailleurs, aucun adepte du Livre n’est en mesure de démontrer que toutes les traductions actuelles sont identiques. Aucun humain n’est capable de vérifier toutes les copies dans toutes les langues. Il est inconcevable de toutes les comparer. Seule la Révélation peut nous en informer.

 

Nous-mêmes avons eu sous les yeux les vingt-quatre livres qui constituent le Tanakh dans lesquels nous avons constatés des variantes non négligeables. La Thora, qui est le plus notoire d’entre eux chez les Juifs et les chrétiens, s’érige en tête au niveau de la fiabilité. Pourtant, la Thora samaritaine est différente de la version courante. Le Décalogue lui-même n’est pas en reste. La Bible samaritaine, qui présente de multiples versions, se distingue par ce commandement de s’orienter en direction du Mont Tor. Nous avons là la preuve que des changements conséquents ont été opérés à l’intérieur de ces livres.

 

Nous avons également eu entre les mains plusieurs versions des Psaumes qui sont différentes les unes des autres. Nous l’avons constaté dans maints passages dont la divergence orthographique a une réelle incidence au niveau du sens. La conclusion est sans appel : ces modifications témoignent d’une volonté, en tout cas pour de nombreux passages, d’imputer mensongèrement des paroles au Prophète David.

 

Nous ne parlons même pas de l’Évangile dont les incohérences sont beaucoup plus prononcées que dans la Thora.[8]

 

À suivre…

                     

Par : Karim Zentici

http://mizab.over-blog.com/

 

 

[1] Le Repas céleste ; 47

[2] Le Repas céleste ; 46-47

[3] Les murailles ; 157

[4] Le Repas céleste ; 48

[5] Le Repas Céleste ; 68

[6] Ce dernier, en réalité, sera incarné par l’Antéchrist qui se présentera à la tête d’une armée de soixante-dix milles Juifs d’Ispahan aux portes de Jérusalem.

[7] Cette narration est inexistante dans les recueils actuels d’historiographie. En revanche, Dhahabi rapporte un récit qui lui ressemble : « Voici un exemplaire de la fameuse Thora, s’enthousiasma Ka’b ayant brandi un exemplaire du Tanakh, qui n’a pas changé depuis qu’elle fut révélée à Moussa ni n’a subi la moindre altération. » Voir Siar A’lam e-nubala (3/493-494). Puis, à Dhahabi de commenter : « Ce récit démontre que l’exemplaire qui était entre les mains de Ka’b n’a subi aucun changement ni altération, contrairement aux autres versions en circulation. Il est impossible aujourd’hui d’affirmer formellement que les copies actuelles répandues sur l’ensemble de la planète soit des originales. Par Allah, elles ne peuvent dans ces conditions constituer des arguments pour soutenir telle ou telle opinion. »

[8] Voir: El jawâb e-sahîh li man baddala din el Masîh (2/395-352).

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