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17 février 2019 7 17 /02 /février /2019 14:53

Le secret des pyramides ou l’origine de la franc-maçonnerie II/1

 

Au sujet des mystérieux conspirateurs Jacobins : « Les brigands, disait-on, arrivent, ils pillent les demeures, incendient les récoltes, égorgent les femmes et les enfants... »

« Le roi est captif au Temple et l'élite du clergé français en exil ou à l'Abbaye. Le canon tonnait sur le Pont-Neuf et des écriteaux menaçants proclamaient la Patrie en danger. Alors des hommes inconnus organisèrent le massacre. Un personnage hideux, gigantesque, à longue barbe, était partout où il y avait des prêtres à égorger.

« Tiens, leur disait-il avec un ricanement sauvage, voilà pour les Albigeois et les Vaudois ! « VOILA POUR LES TEMPLIERS. Voilà pour la Saint-Barthélemy. Voilà pour les proscrits des Cévennes ! »

Et il frappait avec rage, et il frappait avec le sabre, avec le couperet, avec la massue. Les armes se brisaient et se renouvelaient dans ses mains ; il était rouge de sang de la tête aux pieds, sa barbe en était toute collée, et il jurait avec des blasphèmes épouvantables qu'il ne la laverait qu'avec du sang. »

 

Voir : http://mizab.over-blog.com/2019/01/le-secret-des-pyramides-ou-l-origine-de-la-franc-maconnerie.html

 

Le double secret des Templiers : une lignée qui remonterait à David et un grimoire imputé à son fils, Salomon

 

La première croisade, menée par Godefroy de Bouillon, fut d’une cruauté indescriptible. Jérusalem offrait des scènes apocalyptiques d’horreur. Godefroi de Bouillon se revendiquera de la lignée de David et créera une société secrète du nom de L’Ordre de Sion.  La dissolution de l’Ordre des Templiers estampillé d’une bulle papale, stipulait la confiscation de tout leurs biens, et la mise à mort par bûcher de leur dernier grand maître Jacques de Molay en plein cœur de Paris sur l’île aux Juifs (ou île des Juifs), qui sera rebaptisé par la suite l’île des Templiers, étonnant non ?

 Lorsque la tête de Louis XVI roula dans le panier qui bordait la sanglante guillotine, un cri aux relents rituels sorti de la foule : « Jacques de Molay, tu es vengé ! »

 

Sir Lain Moncreiffe se réfère aux travaux du professeur Arthur Zuckerman de l’Université de Columbia qui écrivit sur l’identité juive de Théodoric, duc de Toulouse, dans son livre Une principauté juive dans la France féodale. Il y explique comment les Juifs de Narbonne furent récompensé pour l’aide qu’ils prêtèrent, au 8ième siècle, au roi Pépin (fils de Charles Martel) qui leur concéda en Septimanie une principauté juive acquise à la suzeraineté carolingienne.

 

« Charles Martel avait vaincu les armées musulmanes en 732, et elles se retirèrent à Narbonne. Ce fut le début d’un état de siège de sept ans. Afin d’obtenir l’allégeance de la population juive de Narbonne, Charles alla chercher en Irak un fils d’Exilarque Babylonien afin qu’il vienne et mène les Juifs de France. Cela put être réalisé à l’instigation de sa femme d’ascendance juive Rutrud (Ruth), issue de la célèbre famille mérovingienne Leviti. »

 

« Des généalogistes comme le professeur David Kelley et Sir Lain Moncreiffe confirment le récit des origines davidiques de Théodoric (Aimeri) de Narbonne et de ses descendants.

Les Juifs de Babylone avaient toujours été administrés depuis l’époque de leur captivité au 6ème siècle avant JC, par leurs propres Exilarques ou « Princes en captivité ». Les Juifs de Narbonne en Septimanie aidèrent les Francs à capturer la ville qui étaient aux mains des califes Omeyyades d’Espagne. En retour, le roi des Francs obtint de l’ennemi traditionnel Omeyyade, le calife abbasside à Bagdad, l’envoi du seigneur des Exilarques de Babylonie, prince de la Maison Royale de David.

Ce prince était destiné à être le « roi juif » local à Narbonne. Gershom ben Judah et son frère cadet Makir (Théodoric IV) arrivèrent à Narbonne en 739. Charles Martel fit de Makir le comte de Narbonne (et comte d’Autun) et de son frère, Gershom, le comte de Vienne (Girart de Vienne qui à la suite de son mariage avec Imma devient le souverain de l’Allemagne). Makir et Gershom étaient de grands érudits de la Torah. Et Gershom était un particulièrement brillant talmudiste et halakhiste.

De Charles Martel et son épouse Rotrude, Ruth d’ascendance juive, naîtront : 

  • Carloman, maire du palais d’Austrasie avant de se retirer au monastère du Mont-Cassin ;
  • Pépin le Bref, maire des palais de Bourgogne, de Neustrie et d’Austrasie, roi des Francs et futur père de Charlemagne ;
  • Hiltrude mariée à Odilon, duc de Bavière ;
  • Alda (Aude/Olba/Alba/Aldana) mariée à Makir devenu Théodoric, comte d’Autun.

Makir (Théodoric) en épousant Alda/Aude devient le beau-frère de Pépin Le Bref et l’oncle du futur Charlemagne. De l’union de Makir et Alda/Aude naîtront quatre fils : Menachem (Hernaut de Gironde), Nehemiah ha Makiri (Aymer le Chétif), Yakar (Gui Alberic de Narbonne), Nathan Kalonymus (Guillaume de Gellone) qui inspira plus tard le personnage de Guillaume d’Orange dans les chansons françaises et fut surnommé « Nez Crochu ».

Il parlait couramment l’arabe et l’hébreu. L’étude des armoiries nous indique que son bouclier portait la même armoirie que celle des Exilarques Orientaux, le Lion de Juda, à noter que le golfe qui borde la Septimanie de nos jours encore s’appelle « le golfe du Lion » Guillaume observait le chabbat et Souccot même au cours de ses campagnes.

Pepin installa donc Makir, le fils de l’Exilarque Babylonien comme roi juif de Narbonne. Dans les Chansons françaises, il était appelé Aimeri, mais était connu parmi la noblesse en tant que Théodoric ou Thierry, duc de Toulouse.

« Zuckerman déclare : « Le chroniqueur qui écrivit le rapport initial de l’état de siège et de la chute de Barcelone enregistra les événements selon le calendrier juif … le Commandant de l’expédition, le duc Guillaume de Narbonne et de Toulouse mena l’action dans le strict respect des shabbats juifs et des jours saints. Pour tout cela, il jouissait de la pleine compréhension du roi Louis ». Guillaume de Gellone créa en 792 une Yeshiva [Collège rabbinique] à Gellone (appelé plus tard Saint-Gilles) rassemblant des érudits de la Torah et créant ainsi une bibliothèque juive. En 806, Guillaume se retira dans cette Yeshiva pour finir sa vie (814). Plus tard les historiens essayèrent de cacher la judéité de cette dynastie et de supprimer de tous les récits et rapports la réalité de ce royaume juif d’Europe, mais l’érudition moderne est maintenant en mesure de mettre en évidence une grande partie de cette histoire cachée. »

« En effet, on nous dit que ce Guillaume de Gellone, aristocrate de l’époque carolingienne et personnalité militaire du Royaume d’Aquitaine et comte de Toulouse est le fondateur de l’abbaye de Gellone en 804. Or, on nous dit aussi que cette abbaye s’inscrit dans le contexte de la conquête franque de l’Occitanie : Pépin le Bref puis Charlemagne s’efforcèrent de mettre en place une nouvelle structure administrative tandis qu’un certain Benoit d’Aniane et Guillaume de Gellone se chargèrent de la reprise en main religieuse. Une abbaye qui s’avère en fait être une Yeshiva.

 En tout état de cause, il sera canonisé en 1066 en tant que saint Guilhem. »

 

Mais ce n’est pas tout :

« La soeur de Makir connue sous le nom de Berthe aux grands pieds épousa le fils de Charles Martel, Pépin le Bref et devint la mère de Charlemagne. Berthe, Bertha (également appelé Bertrade) donna naissance à Charlemagne en 742. La mère de Bertha (donc juive aussi) était appelée « fleur blanche » (Blanche Fleur) ou Lys, qui est à l’origine du nom de la « Maison du Lys » pour les rois de France. Lys est aussi un titre familier de la Maison de David et du futur Messie à venir comme étant le « lys de la vallée ». 

« D’un autre côté, Charlemagne était appelé « David » par ses partisans. Quand Charlemagne devint roi en 768 à la mort de son père, il proclama Makir, l’Exilarque Occidental, roi de Septimanie. Makir était son oncle maternel, le frère de sa mère. » 

 

Le père de Guillaume de Gellone cousin de Charlemagne était donc le Rabbin Makir ; une lignée qui pratiquaient tous la polygamie, issu des Exilarques qui régnèrent sur les Juifs à Bagdad l’ancienne Babylone. En France, il prit le nom de Théodoric, épousa Alda, la tante de Charlemagne, et fut déclaré « Roi des Juifs » dans la région du Languedoc, dans sa capitale la ville de Narbonne, fait important à ajouter, Godefroi de Bouillon est reconnu  être un descendant de l’Empereur Charlemagne/David de par son père et de par sa mère !

 

On peut donc penser que la première croisade  ait été une tentative pour rétablir un prétendu héritier de la lignée du Roi David sur le trône de Jérusalem en la personne de Godefroi de Bouillon (également connu sous le nom de Godefroi de Lorraine), qui était selon la légende de la lignée mérovingienne, il refusa le trône par humilité envers Jésus, selon ses dires, alors il y plaça son frère Baudoin afin de  protéger les intérêts de la lignée.

 

Narbonne devint ensuite le cœur de la Kabbale Médiévale. Les Kabbalistes de Narbonne semblent porter la responsabilité des croisades, dans le but de récupérer des textes sacrés enterrés dans le Temple de Salomon, mais qui étaient inaccessibles à cause des Romains, et des Musulmans qui les ont précédés. Une fois que Jérusalem fut conquise, un ordre Kabbalistique de chevaliers connu sous le nom de Templiers mena des excavations, et découvrit le texte du Sefer HaBahir, qui raviva la tradition mystique perdue, et lança la révolution culturelle de la Kabbale Médiévale.

 

Sous couvert d’activité religieuse chrétienne, ils ont caché leur culte sataniste, le culte de la Goétie.[1] De retour des croisades ils avaient mis la main sur les plus terribles livre de magie et des grimoires remontant à Babylone et au Temple de Salomon qu’ils pillèrent. Dès leur retour en Europe, ils allaient dominer le monde depuis l’Angleterre, terre d’asile des derniers Templiers, le pacte qu’ils firent avec des forces occultes leur apporta  pouvoir et  fortune.

 

De Nemrod aux Mérovingiens

 

L’autre dynastie toujours à la pseudo-divine lignée trouve l’origine de son nom dans Mérovée qui d’après la légende naquit de deux pères : le roi Clodion et une créature « La bête de Neptune ». Mérovée hérita de nombreux pouvoirs magiques et surnaturels qu’il transmit ensuite à ses descendants. C’est ainsi que les Mérovingiens se croyaient investis de pouvoirs surnaturels. Les rois Mérovingiens sont aussi appelés « Les Rois aux cheveux longs »  leur chevelure était symbole de pouvoir magique, ils ne sont pas les descendants de la Tribu de David mais de celle de Dan, originaire de Samarie (comme le Samaritain du Coran), la Tribu parmi les dix disparues dont fut issu Samson leur ancêtre aux cheveux longs dont il tirait sa force surhumaine.[2]

 

 Dans le film Matrix, on y entend dire que le mérovingien est le gardien des clefs ; il garde le secret de la lignée qui remonterait à l’Égypte et à Babylone. Par la suite, lorsque les pharaons quittèrent l’Égypte pour se réfugier en Europe, nous retrouvons leur trace dans l’histoire liée aux Francs.

Mérovée naquit donc et fut investi de grands pouvoirs d’où une aura de magie et de surnaturel, fréquente chez les Rois Mérovingiens. Ainsi, d’après d’autres légendes, les Rois Mérovingiens soignaient par simple imposition des mains, ou grâce aux glands magiques pendants aux franges de leurs robes en plus de leur don de clairvoyance, de communication extra-sensorielle avec les animaux et la nature, des colliers magiques qui ornaient leur cou, et enfin d’une formule secrète les protégeant et leur garantissant la longévité.

Leur marque de naissance distinctive est une croix rouge sur le cœur (comme le signe de la croix des Templiers) ou entre les deux omoplates [ce n’était pas une marque de naissance, pour tracer la lignée, les nouveaux nés étaient marqués d’une croix rouge sur le cœur ou sur le dos, symbole que l’on retrouvera plus tard chez les Templiers et souvent associé à la marque de Caïn  symbolisée par une croix rouge entourée par un cercle.]

On les appelle les Rois aux Cheveux Longs, car ceux-ci étaient le siège de leur vertu, tout leur pouvoir magique était contenu dans leur épaisse chevelure. Ils sont considérés comme des prêtres-rois, la personnification du divin (comme pour les Pharaons). D’ailleurs, on a découvert sur des crânes de monarques mérovingiens une incision permettant à l’âme de quitter le corps pour entrer en contact avec le monde divin (comme chez les Bouddhistes).

Ce mythe fut créé pour transmettre une connaissance essentiel, pour permettre de révéler les origines antiques de la dynastie mérovingienne, qui vont effectivement revenir à l’ancienne Babylone, comme le monstre marin décrit dans la légende, dont elle est une ancienne représentation de Nemrod, celui qui construit la tour de Babel et gouverna Babylone.

Il existe en effet, différentes représentations de Nemrod, de lui avec une coiffe illustrant l’apparence d’un poisson ; ce même coiffe a ensuite été adopté par les papes de l’Église catholique romaine, jusqu’à nos jours.

 

Plus tard, Godefroy de Bouillon, Duc de Basse-Lorraine, aussi un descendant de la lignée mérovingienne par les grands-parents de Long Nez Hugues et Agnès Bella (Hugues long Nez était l’arrière petit-fils de Sigebert VI duc de Razès), en 1099 A.C., après la capture de Jérusalem, il a fondé l’Ordre des Chevaliers de Notre-Dame de Sion (rebaptisé Prieuré de Sion). Le nom est dérivé de l’abbaye décrépit, plus tard rénovée et fortifiée, a trouvé (sic) dans la Terre Sainte et dédiée à Notre-Dame de Sion. La connaissance mystique, ésotérique et certains composants de la symbologie  font toujours partie de l’héritage de l’Ordre, comme l’Abeille Mérovingienne, le Lion de Juda et le Fleur de Lys.[3]

 

La symbologie du Lion et de l’Abeille Mérovingienne ne vient pas de Juda, mais de Samson le Danite et de Nemrod.

Dans la légende, Samson tua un lion à mains nues, des abeilles commencèrent à fabriquer du miel dans le cadavre.

Pour les anciens, l’abeille  est avant tout un emblème de résurrection et d’immortalité, ainsi qu’un symbole solaire.

Le nom de  « Nemrod  » vient du mot  « Marad » qui signifie  « celui qui s’est rebellé ».

Il peut signifier également « Celui qui a vaincu le lion » en partant de la signification de Nimr, « lion » et Rad, « dompter » et aussi « L’ABEILLE » qui protège le Pharaon et le Roi !

 

Éliphas Lévis, dans son « Histoire de la Magie », nous dit que Nemrod « fut couronné de rayons, et son corps était entouré d’un aura qui rayonnait l’or comme le soleil. On se prosternait lorsqu’il passait, et l’insensé qui oserait sans ordre franchir le seuil de son palais, était immédiatement frappé de mort sans massue et sans glaive, mais par une main invisible, tué par la foudre, terrassé par le feu du ciel ». Lévis ajoute que les Chaldéens étaient des initiés de la lumière de l’énergie psychique et pouvaient envoyer à leur gré le trouble ou la paix dans les âmes. Il leur était donc possible de provoquer des maladies par la science occulte qu’ils possédèrent. Ce qui est doublement intéressant, est que Nemrod (Gen.10:8-12) fut considéré dans l’antiquité, comme l’incarnation de Satan, nous dit Hislop ; il fut déifié comme le dieu Soleil et déclaré le père des dieux mythologiques, d’où une des significations du mot « Babel » qui veut dire « la porte des dieux ».

On comprend mieux pourquoi désormais des élites à l’instar de Rothschild se disent descendant en ligne directe de Nemrod.

 

Voir : https://eschatologiablog.wordpress.com/2016/10/23/de-lorigine-des-francs-macons-au-regne-des-illuminati-2/?fbclid=IwAR0FbENob78OJqGdNluFkacGfcGqXuyqKiKIOBruClFGKj6b8qexbWz1394#more-9280

 

À suivre…

                     

Par : Karim Zentici

http://mizab.over-blog.com/

 

[1] Nous avons un exemple du pouvoir occulte de la goétie avec le tristement célèbre John Dee qui, comme son nom ne l’indique pas, est le véritable agent 007, le sorcier kabbaliste de la couronne d’Angleterre. L’histoire raconte qu’il signait ses courriers adressés à la reine Élisabeth 1er avec le signe occulte : 007. Avec la complicité des êtres du monde parallèle, il hissa l’Angleterre au premier rang des thalasso-Empires qui se disputaient le monde.

[2] Malheureusement, un grand nombre d’informations a été supprimé par l’église catholique, qui exerce un monopole sur l’enseignement. Généralement, la notion de dynastie évoque une race qui succède à une autre, mais rien de comparable pour les Mérovingiens qui semblent avoir régné de tout temps sur les Francs. Mérovée (mère ou mer) donna son nom à la dynastie.

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20 janvier 2019 7 20 /01 /janvier /2019 08:21

 

Le secret des pyramides ou l’origine de la franc-maçonnerie

 

« Mes chers frères, n'oubliez jamais, quand vous entendrez vanter le progrès des lumières, que la plus belle des ruses du Diable est de vous persuader qu'il n'existe pas ! »

Charles Baudelaire.

 

On détache souvent la maçonnerie opérationnelle, une corporation de bâtisseurs, de la maçonnerie spéculative qui conjugue ésotérisme et occultisme, alors qu’il existe un lien étroit entre la magie noire, accordant une grande part à l’astrologie, et la construction d’édifices au service des puissants avides de pouvoirs et de richesses. Ceux-ci véhiculent un héritage initiatique secret maitrisant l’art de convoquer les grands démons dont on sollicite l’appui en échange de leur vénération. Ces rites kabbalistiques se réclament de Salomon qui avait le pouvoir sur les vents, les hommes, les animaux, et… les démons.[1]

 

Le Livre saint des musulmans évoque cette relation : [À Sulaïmân, Nous lui soumîmes les vents qui parcouraient en une demi-journée la distance d’un mois de marche, et qui parvenaient à leur point de départ à la tombée de la nuit ; Nous mirent également à sa disposition une source d’airain. Il avait sous ses ordres une armée de djinns par la Grâce d’Allah qui réservait aux insoumis parmi eux le feu ardent de la Géhenne • Ils étaient affectés pour son compte à des tâches diverses telles que la construction de temples immenses, de statues à la splendeur inouïe, des chaudrons aussi vastes que des bassins, et des marmites qui, sous l’effet de leur poids, semblaient fixées au sol].[2]

 

Il y donc, dans les rangs des djinns, des bâtisseurs. Le saint Coran le confirme : [Nous fîmes grâce à Dâwûd de Sulaïmân, ce bienfaiteur toujours prompt à l’expiation • Notamment le jour où, en cette fin d’après midi, il fut tellement absorbé par le défilé de magnifiques étalons qu’il oublia d’observer dans les temps la prière du crépuscule du soir • Les beautés de ce monde, s’écria-t-il d’une voix courroucée, ont tenu mon attention le temps que la nuit enveloppe l’horizon • Qu’on me ramène ces coursiers sur le champ ! Il asséna à chacun d’eux un coup de son sabre au niveau de l’encolure et des jarrets en guise d’immolation • Nous mîmes également Sulaïmân à l’épreuve avec ce frêle avorton qui, ayant échoué sur son trône, lui rappela le souvenir de Son Seigneur • Qu’il implora : Seigneur, pardonne-moi, et fais-moi jouir d’un pouvoir tel que personne à l’avenir ne pourra convoiter, car je sais que Tu es le Donateur suprême ! • Nous lui assujettîmes alors les vents qu’il orientait là où bon lui semblait • Nous lui soumîmes aussi les démons qui comptaient dans leurs rangs des bâtisseurs et des plongeurs dans les profondeurs des mers • Il tenait les plus rebelles d’entre eux enchainés dans des carcans • Voici les largesses que Nous avons déversés sur toi ; que tu les répandes généreusement sur tes sujets ou que tu les réserves pour toi, libre à toi, il ne t’en sera pas tenu grief • Cet homme occupe auprès de Nous une place privilégiée tant sur terre que dans l’autre monde].[3]

En exégèse au passage : [Nous lui soumîmes aussi les démons qui comptaient dans leurs rangs des bâtisseurs et des plongeurs dans les profondeurs des mers], ibn Kathîr souligne que les djinns étaient les auteurs de prodigieuses architectures que les humains étaient incapables de reproduire (en tout cas pas avec les outils rudimentaires de l’époque ndt.).

 

Aux côtés des djinns « maçons », il y avait des explorateurs des mers à la  recherche de pierres précieuses. Les saintes Écritures les mentionnent dans un autre endroit : [Nous accordâmes également à Sulaïmân de dompter les impétueux vents qui le transportaient lui, son matériel, et ses hommes là où il les dirigeait au cœur de la terre sainte sur laquelle Nous décrétâmes Notre bénédiction en vertu de Notre Omniscience • Nous lui soumîmes aussi les démons qui exploraient sous ses ordres le fond des mers, et qui exécutaient bien d’autres travaux sans broncher, car Nous assurions sans cesse sa protection].[4] 

 

L’Ancien Testament donne une description détaillée du Temple du Prophète-Roi Salomon. Un passage étrange s’attèle notamment aux travaux de construction : « Lorsqu’on construisit le temple, nous apprend la Bible, on se servit de pierres toutes taillées. On n’entendit ni marteau, ni hache, ni aucun instrument en fer dans le temple pendant qu’on le construisait. » I Rois 6.7

 

Avons-nous là la réponse aux mystères qui pèsent sur la construction des pyramides ? Nous y reviendrons, mais dors et déjà sachons que de génération en génération, les kabbalistes gnostiques ont toujours assimilé Salomon à un grand sorcier : prétention sévèrement démentie par le Créateur des cieux et de la terre en réaction aux Juifs contemporains à Mohammed qui éprouvaient une haine viscérale à l’encontre de l’Archange Gabriel : [Au lieu de cela, ils adoptèrent les pratiques des démons en usage sous l’ère de Sulaïmân qui ne fut coupable d’aucun blasphème à la différence des démons ayant transmit aux hommes l’art de la sorcellerie. Les hébreux furent tout autant enclins aux enseignements que Harout et Marout exerçaient en terre de Babel. Les deux anges prenaient soin de prévenir tout initié avant de l’instruire : prend garde de perdre la foi, car notre art n’a d’autre vocation que de tenter les hommes ! Ces initiés acquirent le pouvoir de séparer un homme de sa femme ; ce pouvoir maléfique, qui n’avait d’effet que par la Volonté de Dieu, causait leur ruine, malgré les maigres avantages qu’ils en tiraient. Ils savaient pertinemment qu’ils avaient troqué le bonheur éternel. Ils se rendaient ainsi coupable d’un piètre négoce s’ils en avaient vraiment conscience !].[5] 

 

Il faut donc, pour trouver l’origine de la maçonnerie, remonter plus loin dans le temps du côté de Babylone où régnait le despote Nemrod qui, enfiévré par la folie des grandeurs, donna l’ordre à ses bâtisseurs d’ériger une tour vertigineuse afin de se hisser au ciel et de rivaliser avec le Très-Haut (les prémices de l’Humanisme, cet homo-centrisme aux antipodes du théo-centrisme ?). Les mésopotamiens pratiquaient, avec déjà un haut degré de maitrise, l’astrologie. Nous avons là tous les ingrédients des sociétés secrètes du monde moderne : magie noire, architecture, et une cosmologie païenne et gnostique centrée sur une connaissance avancée des astres. Bien plus tard, atteint par la même mégalomanie, le Pharaon de l’Exode sommera à son maitre bâtisseur Haman, dont le nom est absent des écrits de la Bible, de lui construire une tour menant au ciel. Tout s’emboite !

 

L’origine de la Kabbale

 

Le Temple de Salomon occupe une place centrale dans la phraséologie kabbalistique (les modernes vénèrent plus particulièrement Hiram, cet artisan au service du fils de David). Depuis l’Exode, les israélites s’étaient vautrés dans la rébellion pour attiser la colère du Dieu Jaloux d’Israël. Ils avaient hérités des égyptiens des techniques de sorcellerie, et ils avaient acquis leur propre expérience comme l’illustre notamment l’épisode du Samaritain. Ils s’adonnaient aux incantations occultes et au culte des idoles (la Bible dénonce d’autres abominations telles que le sacrifice d’enfants, la sodomie, le cannibalisme, etc.). Elohim leur avaient annoncé dans la Thora le sac de Jérusalem en punition à leur affront et à leurs exactions (voir s. le voyage nocturne, v. 4-8). À deux reprises, le Temple de Salomon fut détruit : une première fois par les armées du grand bâtisseur Nabuchodonosor II, et la seconde par le glaive acerbe de Titus, comme leur avait prophétisé le Christ venu leur annoncer la destruction du second Temple, et la destitution du sceptre de la prophétie qui sera remis, comme pour ajouter à leur désarroi, à un peuple vil, sauvage, et illettré. Actuellement, l’entité sioniste et ses suppôts ésotéristes organisés en conventicules projettent d’édifier le troisième Temple pour prendre un ultime rendez-vous avec l’Histoire aux allures eschatologiques et apocalyptiques à la lueur du dernier acte qui sonnera comme une apothéose sur la terre du milieu où émerge Sion la magnifique.

 

Les rescapés de la première calamité ayant touché la Ville sainte furent déportés à Babylone, où, profitant de leur captivité, ils puisèrent à la source les enseignements de la sorcellerie qu’ils peaufinèrent et développèrent jusqu’à les maitriser à la perfection, et devenir la référence incontournable en la matière. Ils jouissaient d’une triple culture occulte : la leur, celle acquise en Égypte, et celle qu’ils empruntèrent aux grands prêtres babylonien (ils reçurent également l’influence des habitants de Canaan à qui ils avaient succédée, sauf qu’ils n’étaient qu’un satellite sous l’orbite de la civilisation phare, la Mésopotamie). Curieusement, les loges maçonniques se réclament de ces trois origines. La diaspora succéda aux massacres, et depuis, dans l’obscurité des loges, le retour au pays où coulent le lait et le miel est savamment planifié.

 

La sanglante croisade qui déferla sur la terre promise où pour la première fois, les musulmans prirent le rôle des juifs de l’Antiquité, apporta dans ses bagages un groupe de « moines » chevaliers ayant profité de l’europhorie de la victoire pour procéder, à l’abri des regards, à des fouilles dans les galeries souterraines (les écuries) de l’esplanade des mosquées qui recouvre le Dôme du rocher et masjid al Aqsa, et qui fut édifié sur les vestiges du second Temple. La légende raconte que ces curieux croisés, qui à l’avenir se constitueront en Ordre, tombèrent, au cours de leur recherche, sur ce qui est assimilé à l’Arche d’Alliance. Ces autoproclamés gardiens du Temple où ils avaient pris demeure avaient, en réalité, mis la main sur des guides hermétiques, des formules alchimistes qui allaient leur procurer pouvoir et prospérité, une fois de retour au pays, mais surtout sur le pourtour méditerranéen du Moyen-Orient. Ce fut à cette même période que fleurirent un peu partout dans l’Hexagone, grâce notamment aux techniques importées du Levant, de gigantesques cathédrales sous la direction de mystérieux maitres d’œuvre qui étaient, pour au moins une bonne partie d’entre eux, bien plus que de simples tailleurs de pierres.

 

Les Templiers, passés maitres dans l’art de l’usure, ces redoutables banquiers aux ramifications internationales tentaculaires, connaitront un tragique coup d’arrêt sous l’impulsion de Philippe Le Bel qui les avait pris en grippe. Accusés de fricoter avec le Diable, ils seront déchus et trainés devant la justice de l’époque qui, par décision d’une bulle papale, les jettera aux bûchés après d’effroyables tortures. Les rescapés gagneront l’Angleterre ; ils s’enfonceront dans les terres reculées d’Ecosse où naîtront les premières loges maçonniques. Là, ils cogiteront patiemment leur vengeance dans l’attente du jour où ils auront la tête du dernier roi capétien, à la faveur de la Révolution française qui sonnera le glas de la monarchie absolue. La boucle est bouclée !

 

Les djinns

 

[Mais, mes serviteurs, tu n’auras aucun pouvoir sur eux][6] ; [Par ta Toute-puissance, reprit Satan, je m’emploierais à tous les fourvoyer • Mis à part Tes élus qui sont couvés sous Ta protection].[7]

 

Les démons sous l’autorité de Salomon ne surent que tardivement que leur maitre avait rendu l’âme en trahissant ainsi qu’ils n’ont pas autant de pouvoir qu’on leur prête (voir s. Saba, v. 14).

 

Mohammed n’avait pas la prétention de ravir à Salomon le pouvoir exclusif qu’Allah lui avait concédé sur les démons. Il ne manquait pas, malgré tout, d’aller à leur rencontre pour leur prêcher la bonne parole. Un jour, accompagné d’Abd Allah ibn Mas’ûd (une histoire de ce genre se réitérera avec ibn ‘Abbâs et une autre fois à Médine avec Zubaïr ibn el ‘Awwâm), il leur rendit visite à la montagne des djinns non loin de l’enclave sacrée de La Mecque. Sur place, l’Élu traça un cercle autour de son compagnon de route à qui il interdit de franchir quoi qu’il arrive.[8] Tout à coup, une horde se mit à déferler dans la vallée, telles des perdrix ou selon une autre version tels des vautours (ou des aigles ndt.), à s’agglutiner autour du Prophète sous un tumulte assourdissant. Pris de panique, le jeune ibn Mas’ûd voulut intervenir pour le sortir du danger, mais il lui fit signe de ne surtout pas bouger sous peine de perdre la vie au contact de ces hôtes malveillants. Ibn Mas’ûd décrira plus tard ces grands hommes noirs longilignes comme des lances, et au visage étrange. On aurait dit des macaques. Il fallut que l’Apôtre élève la voix pour se faire entendre et leur réciter le Coran. À l’aube, ils se dispersèrent, et laissèrent sur le sol d’énormes traces comparables à celles des chameaux.

 

Il est impossible de voir les djinns à l’œil nu sous leur véritable apparence, sauf lorsqu’ils prennent forme humaine, animale (chien, chat noir, serpent, etc.), ou de monstre hybride mi homme mi bête. Il existe plusieurs espèces dont une ailée. C’est probablement ce qui explique en partie les motifs étranges des hiéroglyphes qui agrémentent le panthéon de l’ancienne Égypte ou des cathédrales reprenant à leur compte le savoir des bâtisseurs anciens.

 

Conclusion

 

Il existe un énorme point d’interrogation sur les techniques et les outils utilisés pour la construction des pyramides. La difficulté augmente si l’on sait qu’il aurait fallu sous la main des carrières de diamants pour le perçage du granit. Or, il n’y a pas de diamants dans la région du Nil. Pour sortir de cet imbroglio, nos spéculations nous amènent, tout en évacuant la piste farfelue des extra-terrestres, à imaginer rationnellement deux hypothèses plausibles en regard des données factuelles et des orientations coraniques. Les civilisations anciennes, éventuellement composées de géants, avaient atteint un niveau de technicité très élevé dont elles auraient transmis l’héritage aux égyptiens par l’intermédiaire des djinns en échange de leur vénération. Les djinns eux-mêmes auraient très bien pu participer aux travaux avec les plongeurs qui auraient fourni les diamants extraits des abysses sous-marins et les bâtisseurs qui auraient mis la main à la pâte.

 

Le Livre sacré des musulmans fait état d’anciennes civilisations qui étaient (s. Le repentir, v. 69) plus puissantes matériellement, voire plus robustes physiquement que les habitants de la Péninsule arabique à l’orée du septième siècle de l’ère chrétienne. Il fait certes allusion à des civilisations proche à l’instar d’Iram, la Citée des milles piliers, voire de Pétra, mais cela concerne à fortiori des cités plus lointaines qui ont laissé à l’Humanité la marque indélébile de leur ouvrage. Les pyramides seraient donc, et avant tout, des outils pour entrer en contact avec une autre dimension, autrement dit, elles auraient eu la vocation de vouer le culte aux démons, mais Dieu seul le sait !

 

Par : Karim Zentici

http://mizab.over-blog.com/

 

 

[1] Salomon a alimenté les contes des milles et une nuits et ses légendes de tapis volants. Une légende se présente souvent comme une distorsion grossie de la réalité. Aucune civilisation n’y échappe. Au Moyen-âge se développent les fables autour des sorcières montées d’un balai magique.

[2] Sâd ; 12-13

[3] Sâd ; 30-40

[4] Les prophètes ; 90

[5] La vache ; 102

[6] L’ascension nocturne ; 65

[7] Sâd ; 82-83

[8] Aleister Crowley imitera cette technique de protection pour, quand à lui, invoquer les démons. Hollywood et ses séries Walt Disney s’évertuent à dévoiler le mode d’emploi et à montrer le cheminement initiatique de la sorcellerie avec des opus comme Alice au pays des merveilles, le magicien d’Oz, Fantaisa, et même les 101 dalmatiens, etc.

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28 avril 2018 6 28 /04 /avril /2018 10:43

 

La canonisation du Coran à la lumière de la science moderne

(Partie 2)

L’approche historico-critique est bien entendu un dénominateur commun des orientalistes depuis les travaux de Ignaz Goldziher. Néanmoins, s'il est bien clair que l'histoire de Mahomet a été sacralisée à des fins de légitimation religieuse, dans un contexte marqué par la canonisation de la tradition islamique, on ne peut plus, pour autant, tomber dans les dérives ultra-critiques du courant « sceptique » représenté par Wansbrough et ses élèves (Gerald R. Hawting et Patricia Crone, entre autres). Certains d'entre eux, notamment Patricia Crone, sont revenus sur leurs thèses quant à l'historicité de Mahomet.

 

Rattrapée par les faits, Patricia Crone, en effet, est revenue en partie sur sa thèse notamment dans deux articles :

- Le premier a été publié en 2007  « Qurays and the Roman army: Making sense of the Meccan leather trade» dans le Bulletin of the School of Oriental and African Studies 70, n°1, 2007, pp 63-88 ;

- Le second en 2008 : What do we actually know about Mohammed?

En outre, même son maître John Wansbrough ne l'a pas suivi, pourtant chef de file de l'école de la critique radicale de l'Islam.

 

Depuis 2007, P.Crone admet l'existence d'un site préislamique, et, il est vrai qu’elle n’a plus vraiment le choix avec les découvertes archéologiques récentes, notamment les graffitis qui témoignent de l’existence des chemins de Pèlerinage à la Mecque.

 

Par ailleurs, la chercheuse Américaine Estelle Whalen a démontré de manière solide que les inscriptions du Dôme prennent le contre-pied aux conclusions de Patricia Crone et de Michel Cook. Whalen a publié une étude rappelant les sources oubliées par ces islamologues engagés (Oublis volontaire ?) : « Forgotten Witness : Evidence For The Early Codification Of The Qur'an » Ces inscriptions du Dôme du Rocher, finement analysées par Christel Kessle et Oleg Grabar, avaient été exécutées sur l’ordre du Calife Abdel Malik Ben Marwan…

 

Voir : http://lechemindroit.webs.com/Origine%20Aramo-Syriaque%20du%20Coran.pdf

http://www.academia.edu/17252221/R%C3%A9ponse_%C3%A0_la_th%C3%A8se_dEdouard-Marie_Gallez-MAJ_2018

 

L’origine du Coran

 

Le “Projet Amari”, lancé en Italie à la fin des années 90, était d’étudier l’ensemble des manuscrits coraniques en style Higazi, en rassembler les textes pour les comparer avec la version actuelle du texte coranique pour pointer les différences éventuelles. Il ressort de ce travail que :“(Le Coran du premier siècle ainsi reconstitué) contient 16 mots qui sont orthographiés différemment de la version officielle du Coran qui est celle du Roi Fouad d’Égypte de 1919….“

Voir : http://mizab.over-blog.com/2017/03/l-inerrance-coranique-partie-1.html

http://mizab.over-blog.com/2017/04/l-invention-de-la-mecque-partie-6/1.html

 

Un certain nombre d’érudits non-musulmans qui ont étudié la question de la compilation et de la préservation de la dernière Révélation ont conclu à son authenticité.  À  la fin de son ouvrage étoffé sur la compilation du Coran, John Burton affirme que le corpus coranique, tel que nous le connaissons aujourd’hui, est :

« … un texte qui nous est parvenu exactement sous la même forme que celle dans laquelle il a été arrangé et approuvé par le Prophète. (…)  Ce que nous tenons aujourd’hui dans nos mains, c’est le moushaf de Mohammed. »

 

John Burton, The Collection of the Quran, Cambridge: Cambridge University Press, 1977, p.239-40.

 

Kenneth Cragg décrit la transmission du Coran de l’époque de la révélation à nos jours comme « un texte qui a traversé les siècles en une succession ininterrompue de dévotion. »

Kenneth Cragg, The Mind of the Quran, London: George Allen & Unwin, 1973, p.26.

 

Schwally, quant à lui, affirme que :

« En ce qui concerne la révélation, nous pouvons être certains que la transmission de son texte a été faite en respectant avec exactitude la disposition qu’en avait faite le Prophète. »

Schwally, Geschichte des Qorans, Leipzig: Dieterich’sche Verlagsbuchhandlung,1909-38, Vol.2, p.120.

 

Voir : https://www.islamreligion.com/fr/articles/18/comment-le-coran-ete-preserve-partie-2-de-2/#_ftnref11691

 

Le Professeur François Déroche est considéré comme le premier spécialiste mondial des corans anciens, titulaire de la chaire de paléographie et de codicologie à l’université de La Sorbonne (Paris) sa conclusion personnelle est sans équivoque :

 

Il est certain que, par rapport au christianisme et à fortiori par rapport au judaïsme, le laps de temps qui s’est écoulé entre la révélation et la mise par écrit est effectivement extraordinairement court. J’écarte bien sûr la théorie de Wandsborough qui voit dans le Coran une série de logia prophétiques dont la mise par écrit remonterait au mieux à la fin du deuxième siècle et au plus probable dans le courant du troisième siècle (de l’hégire).

 

Au cours d’une interview qu’il accorda à Oumma.com, il admet sans ambages :

 

Pour moi, maintenant, les problèmes sont plutôt ceux du deuxième siècle que ceux du premier. Pour le premier siècle, nous avons maintenant déblayé un certain nombre de questions ; nous ne les avons pas résolues, mais nous avons proposé un certain nombre de théories qui sont contestables et qui seront sans doute contestées. Elles sont là justement pour offrir le point de départ d’une discussion. En revanche, par comparaison, le siècle suivant, qui est un siècle important pour l’histoire de l’islam, est un peu une “Terra Incognita” dans laquelle, pour l’instant, nous n’avons pas de point de repère.

 

Donc, pour le premier siècle (de l’Hégire), est-ce que pour vous, les choses correspondent à peu près à la tradition musulmane, ou quelles en sont les différences principales ?

 

Je ne peux pas aller aussi loin que la tradition musulmane. Pour moi, ce que je peux dire à l’heure actuelle c’est que nous avons des témoins anciens que l’on peut dater prudemment de la seconde moitié du premier siècle de l’hégire, fin du septième siècle de l’ère chrétienne. Des témoins anciens d’un texte coranique qui est grosso modo celui que nous avons maintenant existent bien. Je dis grosso modo, non pas tant pour le contenu mais pour l’orthographe, pour la division en versets, qui sont légèrement différents. Certaines des trouvailles de Sanaa montrent une organisation différente des sourates, dans une des rares publications que nous ayons. Mais ça montre bien, justement, que ce que nous savons par les textes a été une réalité : des sources signalent qu’il y a eu des classements concurrents des sourates, que le classement que nous connaissons maintenant l’a emporté mais qu’il n’était pas le seul au départ. Mais dans l’ensemble, je dirais que la silhouette du codex Higazi, pour l’appeler de manière un peu simpliste, même s’il a été copié à Foustat, à Damas ou a Couffa, a quand même pas mal pris tournure.

 

Voir : https://oumma.com/voyages-aux-sources-du-saint-coran-partie-4-et-fin

 

Le reste n’est que de la poudre aux yeux jetés dans la mare aux poissons noyés !

 

C’est cette préservation même que plusieurs considèrent comme preuve de la sainteté du Coran. Dr. Laura Vaglieri ajoute cet élément d’authenticité à sa liste d’évidences : «  Nous avons encore une autre évidence de l’origine divine du Coran dans le fait que son texte est demeuré pur et inaltéré à travers les siècles jusqu’à aujourd’hui… »[1]

 

Arthur J. Arberry, Professeur d’arabe à l’Université de Cambridge de 1947 à 1969, souligne pour sa part : «  À part certaines modifications orthographiques de la méthode d’écriture plutôt primitive originellement, visant à rendre facile et sans ambiguïté la tâche de la récitation, le Coran comme imprimé au vingtième siècle est identique à celui tel qu’autorisé par Othman plus de 1300 ans plus tôt. »[2]

Sir William Muir, Orientaliste du dix-neuvième siècle et auteur d’une biographie de Mohammed, écrit : « La recension d’Othman nous a été transmise inaltérée… Il n’y a probablement dans le monde aucune autre œuvre qui soit demeurée douze siècles avec un texte aussi pur. »[3]

 

Pour Adrien Brockett, La transmission du Coran après le décès de Mohammed était essentiellement statique, plutôt qu’organique. Il y avait un seul texte, et rien d’important, pas même une matière prétendument annulée, ne pouvait être omis et rien n’y pouvait être ajouté. Ceci s’applique même aux premiers califes… La transmission du Coran a toujours été orale, juste comme elle a toujours été écrite.[4]

 

Il y a de cela un siècle, F. F. Arbuthnot constatait que, d’un point de vue purement littéraire, le Coran est un spécimen de l’Arabe le plus épuré, avec son style mi vers mi prose. Les grammairiens auraient adapté plusieurs règles à certaines structures et expressions qui y sont employées. Par ailleurs, bien que plusieurs tentatives aient été entreprises pour produire une œuvre qui lui soit égale en termes d’éloquence rhétorique, nulle n’a encore réussi jusqu’à présent à relever un tel défi. Il est donc évident qu’un texte final et complet du Coran a été préparé au cours des vingt années suivant le décès (en 632 A.D.) de Mohammed, et que celui–ci est demeuré le même, sans aucun changement ni altération par les enthousiastes, les traducteurs, ou les interpolateurs, jusqu’au jour d’aujourd’hui. Il est regrettable qu’on ne puisse guère en dire autant d’aucun des livres des Ancien et Nouveau Testaments.[5]

 

Conclusion

 

Il est intéressant de conclure par un texte d’un chercheur chrétien qui pointe les compromissions opérées par les tenants des trois grandes religions pour tenir la dragée haute à la domination du matérialisme outrancier :

 

« Notons que dès que le système idéologico-religieux moderne est devenu dominant en Occident aux xixe et xxe siècles, on a rencontré dans toutes les grandes traditions religieuses (judaïsme, christianisme, islam, etc.) des figures influentes et des mouvements qui tentèrent de développer une fusion syncrétique des principes moraux monothéistes et du prestige de la cosmologie matérialiste. Cette fusion syncrétique a comme but d’éviter une capitulation totale devant la cosmologie matérialiste et permet de diminuer certaines tensions intellectuelles et sociales face à un système de pensée dominant et perçu comme irréfutable. Cette fusion se fait évidemment au prix d’une perte de cohérence du système monothéiste, mais, pour les intervenants, cela semble un moindre mal devant la possibilité d’un abandon total des bénéfices esthétiques et moraux de la religion traditionnelle. Cette stratégie permet aussi d’acquérir le prestige du système idéologico-religieux dominant. De ce fait, on peut rencontrer alors des théologiens, rabbins ou imams auxquels on peut affixer les étiquettes suivantes : modernes, tolérants, ouverts, libéraux, progressistes, etc. Dans chacune des grandes religions mondiales on peut noter des figures influentes ainsi que des écoles de pensée qui ont contribué ou contribuent à de telles fusions syncrétiques. »
Paul Gosselin, La Fuite de l'Absolu, Volume I.

                     

Par : Karim Zentici

http://mizab.over-blog.com/

 

 

 

[1] Vaglieri, Dr. Laura Veccia. Traduit de l’Italien par Dr. Aldo Caselli, Haverford College, Pennsylvania. Publié originalement en Italien sous le titre de Apologia dell’ Islamismo (Rome, A. F. Formiggini, 1925). 1980. An Interpretation of Islam. Zurich: Islamic Foundation. pp. 41–42.

[2] Arberry, Arthur J. 1964. The Koran Interpreted. London: Oxford University Press. Introduction, p. ix.

[3] Muir, Sir William. 1923. The Life of Mohammad. Edinburgh: John Grant. Introduction, pp. xxii–xxiii.

[4] Rippin, Andrew (editor). 1988. Approaches to the History of the Interpretation of the Qur’an. Chapter: “Value of Hafs and Warsh Transmissions,” by Adrian Brockett. Oxford: Clarendon Press. pp. 44–45.

[5] Arbuthnot, F. F. 1885. The Construction of the Bible and the Korân. London: Watts & Co. pp. 5–6.

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27 avril 2018 5 27 /04 /avril /2018 18:36

La canonisation du Coran à la lumière de la science moderne

(Partie 1)

 

C'est une très méchante manière de raisonner que de rejeter ce qu'on ne peut comprendre.

Chateaubriand

Ils condamnent les choses qu’ils ne peuvent comprendre.
Qui ignore haït.

L’homme est ennemi de l’inconnu.

 

L’homme est la somme du corps et de l’esprit. Celui-ci se caractérise par cette double dimension : spirituelle et physique. L’Histoire enregistre le cycle incessant des combats d’idées qui se succèdent à l’aune des évènements qui la ponctuent et qui s’intègrent dans un mouvement global d’alternance. La science dite moderne n’est qu’un élément ponctuel de ce schéma en forme de dents de scie. Elle s’inscrit en réaction à l’obscurantisme de l’Église qui favorisait, pour extrapoler un peu, l’émancipation religieuse de l’âme aux dépens des exigences temporelles nécessaires à son existence. Cet excès d’intérêt suscita de vives contestations allant dans le sens opposé et qui inversera la donne en proposant un déséquilibre inversé ; l’émancipation du corps au sacrifice de la morale, grâce à l’ère de l’Humanisme dans laquelle nous baignons allégrement, actuellement.

 

Cette doctrine, qui est le miroir inversée de son ancien bourreau, apporte dans sa vague, son lot de comportements viciés, ces  perversions ou déviances comportementales qui sont propres à tout déséquilibre. Ceux-ci ne peuvent garantir de solutions viables et pérennes pour le destin serein d’une humanité en dérive, bien qu’ils puissent combler, de façon ponctuelle et éphémère, un vide, ou tout au moins répondre à certaines atteintes, mais surtout soulager de vieilles et profondes frustrations. On fit sauter les tabous les plus ancrés au nom de la liberté, ou plutôt du principe libertin de la libération des mœurs qui faisait écho, dans le domaine libertaire de la finance, à la libéralité d’un libéralisme effréné. Dans le domaine de la science, il a s’agit de briser les chaines des anciennes superstitions qu’on a aisément amalgamées à toute forme de religiosité, mise à part peut-être, quoi que paradoxalement, l’occultisme.

 

Dieu était devenu un tabou et les croyances tant moquées dans les salons mondains, furent rangées au placard, ou jetées dans les ténébreux cachots du patrimoine national. On sacrifia la sainte nature sur l’autel du matérialisme. Mais, comme tout déséquilibre, qui surf désormais sur le revers de la médaille, il germait en lui les graines de la contradiction, et donc, de son autodestruction. Puisqu’il occultait la dimension immatérielle de la vie sur terre, il rejeta toute action extérieure à la création de l’Univers sans en apporter le moindre argument scientifique autre qu’en l’état actuel des avancements scientifiques, on n’était pas en mesure de le démontrer. Pourtant, cet argument n’a rien de scientifique en lui-même, car Pour paraphraser J. Johns, l'absence d'une preuve n'est pas la preuve d'une absence. La science se mettait une balle dans le pied, car elle réduisait son champ d’action de façon tout à fait arbitraire, et sans le moindre fondement scientifique et rationnel, ce qui en faisait une… croyance.

 

Cela n’empêcha pas au monde moderne d’ériger cette approche biaisée et bancale au rang de dogme qui s’exhumait sur les cendres des religions résiduelles. La nature à horreur du vide, et les hérauts du matérialisme ne s’en cachent pas : « Les grandes mythologies élaborées en Occident depuis l'aube du XIXe siècle ne sont pas simplement des efforts pour combler le vide laissé par la décomposition de la théologie [...]. Elles sont elles-mêmes une sorte de « théologie de substitution ». »

— George Steiner

 

« Oui nous voulons supprimer la religion pour cette raison que nous avons quelque chose de très supérieur à mettre en place : la philosophie laïque, fruit de la science et de la longue expérience de l'humanité. »

(Alphonse Aulard, radical socialiste franc maçon militant et co fondateur des droits de l'homme)

 

« La philosophie doit prendre le relais de la religion, sans textes sacrés, sans le Coran, la Bible ou le livre du Bouddha. »

(André Comte-Sponville / né en 1952)

 

Tout le système éducatif fut mis en place pour bannir les religions du discours national : « Organiser l'humanité sans Dieu et sans roi », se vantait Jules Ferry, le chantre de la laïcité.

 

Le Frère franc-maçon Dequaire Grobel, inspecteur d’Académie, proclama devant les membres d’un Convent du Grand Orient en 1896 :

 

« Le but de l’école laïque n’est pas d’apprendre à lire, à écrire et à compter, c’est de former des libres-penseurs.

- Lorsqu’à 13 ans, il a quitté les bancs de l’école, l’élève n’a pas profité de l’enseignement s’il reste croyant.

- L’école laïque n’aura porté ses fruits que si l’enfant est débarrassé du dogme, s’il a renié la foi de ses pères, s’il a renoncé à la foi catholique.

- L’école laïque est un moule où l’on jette un fils de chrétien et d’où s’échappe un renégat.

- Comme les choses n’iraient pas assez vite à notre gré pour que l’apostasie soit générale, nous nous emparerons du monopole de l’enseignement et alors force sera aux familles de nous livrer leurs enfants. »

 

http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/2013/02/ils-viennent-jusque-dans-vos-bras.html

 

« L’école sans Dieu : cette appellation, on nous la jette à la face pour nous flétrir. Nous la revendiquons comme un titre d’honneur. Elle exprime notre raison d’être »
(M. Guery, inspecteur d’académie, 1907).

 

René Viviani, ministre de l’Instruction Publique de 1913 à 1914, ancêtre du Ministère de l’Éducation nationale : « La neutralité fut toujours un mensonge. Nous n’avons jamais eu d’autre dessein que de faire une université antireligieuse […] de façon active, militante, belliqueuse… Nous nous sommes attachés à une œuvre d’irréligion, nous avons arraché la conscience humaine à la croyance. Nous avons éteint dans le ciel des lumières qu’on ne rallumera pas ».

 

https://bibliothequedecombat.wordpress.com/2013/01/07/ecole-publique-ecole-maconnique/

 

Nous comprenons mieux pourquoi le darwinisme, ce qui ne fut peut-être au départ qu’une boutade (comme pour définir quelque chose d’insensé comme la prétention de monter sur la lune), est défendu avec autant d’acharnement sur les bancs de l’école.

 

La canonisation du Coran

 

Blachère souhaitait et suggérait à propos de ce qu’il appelait « édition critique du texte du Coran », dans son introduction au Coran en 1958 : « Une œuvre de cette ampleur nécessite une collaboration internationale, une mis en commun de toutes les ressources en manuscrits existant dans le monde »

BlachÈre Régis, Introduction au Coran, Paris, Maisonneuve & Larose, 1959, XXXIII-310, p. 196.

 

C’est dans ce contexte qu’il convient d’appréhender la critique moderne des références textuelles des trois religions monothéistes. Si celle-ci obtint un certain succès avec l’Ancien et le Nouveau Testament qui souffre d’un vide abyssale en matière de transmission orale, elle est tombé, avec le Livre saint des musulmans, sur un os qu’elle chercha à contourner tant bien que mal pour retomber sur ses pattes, à coups de pirouettes dont elle a le secret, quand elle ne s’adonnait pas à de la vulgaire malhonnêteté intellectuelle, à l’instar du Dr Pin, ce profane Allemand passé maitre dans l’art de la fumisterie.[1]

 

L'idéalisation d'une figure religieuse est un fait « anthropologique » qui concerne toutes les religions. Pour le Coran, contrairement aux thèses révisionnistes, qui ont culminé avec Wansbrough, les manuscrits de Sanaa – malgré tous les obstacles qui nous empêchent encore d’en connaître l’ensemble – attestent que le Coran existait bien en tant que tel à peine un demi-siècle après la mort du Prophète. En revanche, le même corpus nous confirme qu’il existait des variantes textuelles (assez mineures, au fond) et que l’ordre des sourates n’était pas du tout l’ordre aujourd’hui canonique.[2]

 

Des études philologiques entérinent la thèse de la pérennité de l’ordre des Versets

 

Cette démonstration a été déjà faite par des chercheurs non musulmans par différentes analyses qui convergent vers ce constat de cohérence interne :

  • L’analyse de la structure rythmique des sourates de Pierre Crapon de Caprona[3] ;
  • L'analyse rhétorique faite par Michel Cuypers a permit de démontrer la cohérence interne du Coran en dépit de ses apparentes contradictions et ruptures thématiques ; Michel Cuypers s'est basé sur les règles d'appréhension de la rhétorique sémitique, mises en évidences par Robert Lowth au 18ième siècle et théorisées plus tard par Nils Wilhelm Lund sous forme de règles connues sous le nom "Lois de Lund" ;
  • L’analyse de la méta-textualité, de la rhétorique, de la binarité et de l'auto-canonisation du Coran (Anne-sylvie Boiliveau) dans Le coran par lui-même Brill 2013.

 

Ce thème de l’auto référentialité est également traité par Stefan Wild in “Self-referentiality in the Qur'ān” et par Daniel Madigan in "Quran self image". Ces  dernières thèses mettent à mal les résultats de la méthode historico-critique en affirmant la cohérence interne du texte coranique et donc l’unicité de sa source.

 

Fait qui subjugua de Crapona qui en arrive à la conclusion sans appel : « La complexité des structures exclut une composition consciente de Mahomet. C’est pourquoi nous sommes en faveur de ranger cette hymnologie dans une catégorie que nous définirions comme transpersonnelle. »[4]

 

Voir : https://mideo.revues.org/384

 

Analyse rhétorique et critique historique

 

Selon le principe de philosophie analytique nommé « principe de charité » (Halbertal, 1997 : 27), plus on estime quelqu’un, plus on est indulgent, « charitable » envers lui. Or, l’apologie d’un fait historique par ses partisans, qui somme toute est naturelle, n’est discréditée, comme l’a démontré la science moderne avec l’approche apologétique chrétienne, que dans la mesure où des éléments concordants corroborent la suspicion de départ – qui est propre à tout chercheur – non d’emblée !

 

Même si le discours coranique, surtout en version traduite, peut sembler à certains égards « décousu », « passant sans transition d’un sujet à l’autre », voire « incohérent » (Berque, 2002 : 722-723), « hétérogène et fragmenté » (De Prémare, 2004 : 30), il est en réalité logique et argumenté. De récentes études (Cuypers, 2007) sur l’agencement interne des sourates ont permis de saisir pourquoi des éléments a priori disparates se côtoient : l’agencement répond à des règles de figures concentriques souples s’emboîtant les unes dans les autres, les éléments correspondants se faisant face comme dans un miroir. Les correspondances semblent perdues lors d’une lecture linéaire et partielle, alors qu’elles apparaissent lors d’une lecture élargie. De plus, nombre de correspondances et de répétitions sur l’ensemble du corpus se révèlent davantage à l’oral. Le Coran utilise ces correspondances et ces structures concentriques pour argumenter, et aussi de nombreux autres procédés rhétoriques, logiques, ou implicites (Gwynne, 2004 ; Urvoy, 2002, 2007). Alfred-Louis de Prémare nuance son jugement en notant les « éléments rhétoriques de cohésion » du texte, « l’organisation de certaines compositions » ainsi que « des thèmes doctrinaux récurrents »  (De Prémare, 2004 : 32-34).

 

Le schéma présenté par le texte est simple : Muḥammad est un véritable prophète, il reçoit l’Écriture que Dieu lui révèle et la récite mot à mot.  À cela s’ajoute une unité de rhétorique, qui traduit cette volonté de persuasion. La logique est simple afin d’être forte, claire, percutante ; les répétitions sont nombreuses, les sous-entendus sont relativement faciles à intégrer pour l’auditeur ou le lecteur, la subtilité résidant dans l’utilisation de ces éléments rhétoriques simples, comme le fait d’enfermer la pensée en deux solutions seulement, par exemple. A.-L. de Prémare a lui aussi noté la force rhétorique de cette opposition binaire (De Prémare, 2004 : 33). Il reconnaît aussi un certain nombre d’éléments d’unité : cohésion, organisation et récurrence de thèmes.

 

Un autre argument en faveur de cette idée est qu’une lecture diachronique – qui suit les diverses hypothèses de développement chronologique du texte – donne les résultats suivants. Nous avons constaté une réelle progression de l’idée dans le texte : une période où les récitations de Muḥammad sont directement désignées comme les récitations dictées par Dieu, puis très vite une période où elles sont désignées comme un kitâb descendu sur un prophète, parallèlement à une définition de la prophétie. Et enfin, une dernière période, qui est celle de la confrontation avec la présence d’Écritures réelles aux mains des autres communautés (Boisliveau, 2010 : troisième partie). Il nous semble difficile de penser qu’une telle évolution, au moins en grande partie, ait eu lieu après la mort de Muḥammad.

 

Si nous cherchons à situer le Coran au milieu des autres textes sacrés des religions, nous constatons qu’il présente une particularité assez rare : il se présente comme un texte ouvertement destiné à faire autorité pour la communauté et à la guider. La seule exception pré-coranique connue est semble-t-il celle des textes du prophète Mani (m. 277 ap. J.-C.), présentés par lui-même comme « Écritures » (Graham, 2006 : 560-561).

 

Ainsi au contraire d’Écritures telles les Évangiles ou les Lettres de Paul, et avec une force et une prégnance bien supérieure au discours canonisant du Deutéronome, le Coran se définit lui-même comme Écriture révélée, descendue directement de Dieu. Une « auto-canonisation », en quelque sorte. Le Coran est Écriture sacrée avant tout parce qu’il l’affirme, et non parce qu’une communauté l’aurait désigné comme tel. Ceci, même si la communauté fondée sur cette idée l’a ensuite faite sienne. Déclaration de canonicité, causes de la canonisation, fixation du texte et fondement d’une communauté s’entremêlent. Ainsi, cette formulation textuelle du statut d’autorité du Coran au cœur du texte « brouille les pistes » qui remontent aux sources de son statut canonique.

 

Voir : https://remmm.revues.org/7141

http://remmm.revues.org/7067

 

À suivre…

                     

Par : Karim Zentici

http://mizab.over-blog.com/

 

 

[3] Publication : Le Coran : aux sources des paroles oraculaires. Etude rythmique des sourates mecquoises au Publications Orientalistes de France, 1981.

Dommage que cet auteur soit décédé avant d’achever l’analyse des sourates médinoises !

[4] Pierre Crapon de Crapona, Le Coran : aux sources de la parole oraculaire, p. 557.

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8 avril 2018 7 08 /04 /avril /2018 11:09

 

 

La naissance d’une Nation

(Partie 4)  

 

 

 

Hagar allaita son bébé et épuisa l’eau de son outre. Tous deux furent pris par la soif. Comme elle le voyait se tordre de douleur, elle s’éloigna de lui pour ne pas souffrir ce triste spectacle. Elle se rendit à Safa qui était le monticule le plus proche ; elle grimpa dessus pour dominer la vallée du regard et chercher de l’aide, mais elle ne vit personne. Elle se déplaça. Une fois en bas de Safa, elle se retrouva dans l’oued. Elle leva un empan de son vêtement et se mit à courir à perdre haleine, car d’en bas, elle ne voyait plus son fils. De l’autre côté de l’oued, Marwa se dressait devant elle. Elle l’escalada pour scruter l’horizon, dans l’espoir de trouver quelqu’un, mais en vain. Sa détermination resta intacte, elle revint sur ses pas et réitéra le même parcourt à sept reprises.

 

« C’est la raison pour laquelle, aujourd’hui, les pèlerins font le parcours entre Safa et Marwa. », explique  un propos prophétique. Arrivée enfin sur le mont Marwa, elle entendit un bruit. « Chut ! » se dit-elle a elle-même.  Après l’avoir entendu à nouveau, elle s’écria : « Tu t’es fait entendre, si tu as quelques secours à proposer. » Elle se retrouva face à l’ange qui tâta le sol du talon – ou de l’aile –, et l’eau se mit à jaillir. Elle l’entoura de ses mains et remplit son outre à ras-bord. Elle chercha à contenir cette source qui se formait sous ses yeux : « Zam (stop) ! Zam ! », mais sans succès.

 

Selon ibn ‘Abbâs, le Prophète (r) commenta : « Qu’Allah fasse miséricorde à la mère d’Ismâ’îl, si ses mains n’avait pas touché à la source pour y puiser l’eau, Zem-zem coulerait aujourd’hui en surface. »[1] Elle en but, reprit-il, et allaita son bébé.

 

« Ne craignez rien, vous ne serez pas laissés à l’abandon, dit l’ange, à cet endroit se trouve la Maison d’Allah que cet enfant et son père vont édifier. Allah ne laissera pas ses habitants à l’abandon. » Une fois (re)construit, le haut édifice de la Kaaba dominait comme une colline. À la saison des pluies, les torrents le contournaient de part et d’autre.

 

Avec le temps, le puits de Zem-zem fut enseveli, mais ‘Abd el Muttalib le grand-père du Prophète (r) lui redonna vie. La distribution de l’eau (siqâya) revint à son fils el ‘Abbâs et à sa postérité. Il avait la charge de distribuer Zem-zem et l’eau potable ; la tradition (sunna) recommande d’en boire.

 

La vision d’Abd el Muttalib :

 

Sur le chemin du retour, une caravane de la tribu yéménite Jurhum avait fait halte non loin de l’endroit où se produisit le miracle. Un oiseau qui tournoyait dans le ciel leur indiquait, à leur grande surprise, qu’il y avait un point d’eau juste en dessous de lui. Pourtant, aucune source n’était signalée dans la région. Pour étancher leur curiosité, ils envoyèrent deux hommes en reconnaissance. Ceux-ci découvrirent un puits près duquel se tenait une femme. Ils se rapprochèrent et lui demandèrent l’autorisation de s’installer près d’elle. Elle accepta, elle qui avait besoin de compagnie, sans oublier de leur rappeler au passage que cette fontaine souterraine ne leur appartenait pas. Ils se plièrent à sa volonté et allèrent chercher le reste de la caravane.[2] Jurhum était une branche de la tribu Qahtân dont les membres sont les descendants des Arabes primitifs.[3] Ismâ’il grandit au milieu d’eux, il apprit leur langue et prit une de leurs filles pour épouse. Ses descendants, dont ‘Adnân l’ancêtre de Mohammed (r) est issu, sont les Arabes d’adoption.[4] Après la mort de sa mère, Ismâ’il aida son père Ibrahim à élever les fondations de la Kaaba.

 

La Mecque commençait à grandir, mais ses habitants respectaient de moins en moins son caractère sacré. Ils encourraient la punition divine et durent quitter les Lieux saints, car comme son nom l’indique, Mekka éteint l’ardeur des tyrans ou selon une autre hypothèse, elle chasse les pervers de son enceinte.[5] La tribu des Banû Bakr aidés des Ghabashân – tout deux issus des Khuzâ’a – décidèrent de se faire justice eux-mêmes et expulsèrent les Jurhum de l’enceinte sacrée. Après vingt et un siècle de règne des Jurhum, les Khuzâ’a prenaient le relais de l’entretien du Temple.[6] Conscient d’une défaite certaine, le roi Mudhâdh ibn ‘Amr el Jurhumî avait pris soin, avant de se sauver au Yémen (qui était la terre de ses ancêtres), de dissimiler ses richesses dans le puits de Zam-zam. Puis, il l’ensevelit pour interdire à ses ennemis l’accès à la source principale en eau de la ville.[7] Trois cents ans plus tard, naquit Qusaï ibn Kilâb qui grandit aux frontières du Shâm (l’ancienne Syrie). Armée d’une forte personnalité, il allait changer le destin de La Mecque. De la descendance de ‘Adnân de la lignée d’Ismâ’îl, il se maria dans un premier temps à la fille du gouverneur de la Ville sainte qui, comme nous l’avons vu, revint aux mains des Khuzâ’a. Ce fut par se biais qu’il bâtit sa renommée auprès de ses concitoyens. Il devint riche, et monta très vite les échelons dans la société.

 

Un beau jour, la tribu de Khuzâ’a se retourna contre lui. Les historiens donnent plusieurs explications à cette rupture. Pour certains, Qusaï aurait voulu reprendre le règne de son ancêtre Ismâ’îl ; pour d’autres, son gendre lui aurait fait hériter de l’entretien du Temple et des Lieux saints ; d’autre enfin avancent qu’un des membres de Khuzâ’a lui aurait vendu la Ka’ba en échange d’une cruche de vin. Quoi qu’il en soit, furieux, les Khuzâ’a prirent les armes aux côtés des Banû Bakr. En face, Qusaï avait monté une armée de Qurayshites et obtint le soutien des Kinâna. De violents combats eurent lieu. Ils se soldèrent par la victoire de Qusaï. Après arbitrage, les antagonistes renoncèrent au prix du sang ; l’entretient du Temple revint aux descendants d’Ismâ’îl, les Qurayshites et l’administration de la ville aux Khuzâ’a. La renommée des Qurayshites, qui s’étaient emparés de la capitale économique et spirituelle des Arabes, prenait de l’ampleur à travers toute la Péninsule.[8]

 

Or, à cette époque Zam-zam était toujours introuvable. Après la mort de Qusaï, ses enfants se partagèrent, non sans tension, l’administration des Lieux saints. Aux Banû ‘Abd Manâf revenait l’approvisionnement des pèlerins en eau (siqâya). Shaïba el Hamd ibn Hâshim ibn ‘Abd Manâf ibn Qusaï fut élevé dans le giron de son oncle el Muttalib, à qui il doit le surnom d’Abd el Muttalib (le serviteur d’el Muttalib). Quand Abd el Muttalib, qui deviendra le grand-père de l’Envoyé (r), hérita de son oncle la fonction de siqâya, il ne savait pas qu’un grand destin l’attendait.

 

Cet évènement n’a pas échappé au chroniqueur ibn Ishâq qui l’a répertorié en intégralité. Il nous raconte qu’un jour, le grand-père de l’Ami d’Allah (r) entra dans le Hijr de la Kaaba pour y faire un somme.[9] Il vit en songe qu’on lui demandait de déterrer Taïba, mais il ne savait pas à quoi ce nom correspondait. Le lendemain, le même rêve se renouvela, mais cette fois il s’agissait de Barra. Il vécut la même chose les deux jours suivants, et à chaque fois l’endroit qu’il fallait déterrer changeait de nom ; il s’agissait pour la troisième nuit de Madhnûna, et pour la quatrième de… Zamzam.[10]

 

Ce nom étrange demeurait pour lui une énigme que sa vision nocturne, désormais coutumière, allait résoudre. La nuit suivante, il vit le lieu où il fallait creuser. Le lendemain, il se rendit à l’endroit en question accompagné d’el Hârith, qui était alors son seul fils. Il se mit à creuser et dès qu’il découvrit le puits, il proclama la grandeur d’Allah. Les Qurayshites comprirent qu’il avait atteint son but. Ils vinrent à sa rencontre et lui rappelèrent que ce puits appartenait à leur ancêtre Ismâ’îl, et qu’ils avaient dessus autant de droits que celui qui l’avait retrouvé. Il y avait déniché notamment deux gazelles en or qui appartenaient à la tribu de Jurhum. Ils y avaient caché également leurs sabres et leurs armures…[11] Avant d’entamer les recherches, Hishâm avait fait le vœu à Dieu que s’il menait sa mission à bien et qu’il engendrait dix enfants mâles, d’en égorger un par reconnaissance envers Ses bienfaits immenses.

 

Après l’histoire du puits, ibn Hâshim avait gagné l’estime de ses concitoyens et le rang des Banû ‘Abd Manâf grandissait jour après jour. Il engendra dix enfants mâles et devait désormais remplir son vœu. Il tira au sort pour désigner lequel de ses fils devait mourir. À chaque fois, le sort désignait celui qui était le plus cher à ses yeux ; celui-là même qui, plus tard, mettra au monde le sceau des Prophètes : c’était ‘Abd Allah ! Les oncles de l’enfant et les notables de Quraysh cherchèrent à l’en dissuader. Il décida alors de tirer au sort pour choisir lesquels entre ‘Abd Allah ou cent chameaux devait-il sacrifier. Le décret d’Allah porta sur les bêtes,[12] ‘Abd Allah fut sauvé, car l’humanité attendait l’avènement prochain de son fils, ce qui en soit est un signe précurseur à sa prophétie. La prière de ses ancêtres Ibrahim et Ismâ’il devait ainsi être exaucée : [Seigneur ! Envoie-leur un Messager issu des leurs afin qu’il leur récite Tes Versets, qu’il leur enseigne le Livre et la Sagesse, et qu’il les purifie, Tu es certes le Dieu Puissant et Sage].[13]

 

« A l'égard d'Ismaël, je t'ai exaucé. Voici, je le bénirai, je le rendrai fécond, et je le multiplierai à l'infini ; il engendrera douze princes, et je ferai de lui une grande nation. »[14]

 

Abraham, qui avait réussi ses durs « travaux », devint un exemple pour tous les adeptes du monothéisme jusqu’à la fin du monde. Le Coran lui rend hommage à maints endroits : [N’avions-nous pas déjà offert à la famille d’Ibrâhîm le Livre et la sagesse, en plus d’un vaste royaume ?][15] ; [qui vous a élu sans ne vous accablez de la moindre gêne dans votre religion qui est celle de votre père Abraham, lequel vous a donné dans les Écritures antérieures le nom de musulmans que vous gardez encore dans ce Livre, afin que le Prophète soit témoin que le message vous ait été transmis, et que vous-mêmes soyez témoins que les hommes l’aient bien reçu][16] ; (Qui donc se détournerait de la confession d’Abraham à moins d’être un insensé, Nous l’avons élu ici-bas, et, dans l’autre monde, il siègera parmi les justes • Lorsque Son Seigneur lui ordonna de se soumettre, il répondit promptement, je me soumets au Seigneur de l’univers • Abraham, et Jacob par la suite, fit cette recommandation à ses fils : Mes Enfants, Dieu a choisi pour vous cette religion, alors soyez-y soumis jusqu’à la mort).[17]

 

 

Couvés à l’ombre du grand théâtre qui se jouait à ciel ouvert sur la carte du monde, le temps était enfin venu pour les Arabes de la Péninsule d’entrer en scène afin d’écrire leur propre page dans le grand registre de l’Histoire des hommes. Les plans du Seigneur sont impeccables.

                           

Par : Karim Zentici

http://mizab.over-blog.com/

 

 

 

[1] Voir : Fath el Bârî (6/402).

[2] Rapporté par el Bukhârî (n° 3364).

[3] Qahtân est mentionné dans l’Ancien Testament sous le nom de Yoqtân (voir : la Genèse ; 10.26).

[4] Voir : Fadhâil mâ zam-zam (p. 24).

[5] Voir : Fadhâil Makka du D. Mohammed Ghabbân (1/23-28).

[6] Voir : Fadhâil mâ zam-zam (p. 28).

[7] Voir : Târîkh el Ka’ba du D. Husnî el Kharbûtlî.

[8] Voir : Sîra ibn Hishâm (1/247-249).

[9] Le Hatîm est la partie non finie de la Ka’ba qui entre dans les fondations d’Ibrahim. Il fut appelé ainsi, car il fut détruit (ihtatama) par les inondations et le Hijr doit son nom au mur qui l’entoure. Avant l’avènement de Mohammed (r), les Quraïshites manquaient de moyens pour reconstruire cette partie, car ils n’acceptaient que l’argent honnête. Ils furent obligés de réduire la façade nord et montèrent à l’endroit des fondations un mur qui resta tel quel jusqu’aujourd’hui. Ils lui donnèrent le nom de Hijr Ismâ’îl. Cette appellation fait probablement allusion à la fable selon laquelle le fils d’Ibrahim y serait enterré avec un certain nombre de prophètes. Cette histoire n’est pas crédible, si l’on sait que le Hijr doit son nom à la partie manquante de la Ka’ba.

[10] Voir : Akhbâr Makka d’el Azraqî (2/44-46), Dalâil e-Nubuwwa d’el Baïhaqî (1/93), Sîra ibn Hishâm (1/89-90), el bidâya wa e-nihâya d’ibn Kathîr (2/227).

[11] Cette version est rapportée dans Akhbâr Makka d’el Azraqî.

[12] Idem. (2/42-43).

[13] La vache ; 129

[14] La Genèse ; 17.20

[15] Les femmes ; 54

[16] Le pèlerinage ; 78

[17] La vache ; 130-132

 

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7 avril 2018 6 07 /04 /avril /2018 10:52

 

 

La naissance d’une Nation

(Partie 3)  

 

 

La naissance miraculeuse

 

« Abraham circoncit son fils Isaac, âgé de huit jours, comme Dieu le lui avait ordonné. 5 Abraham était âgé de cent ans, à la naissance d'Isaac, son fils. 6 Et Sara dit : Dieu m'a fait un sujet de rire ; quiconque l'apprendra rira de moi. » Genèse ; 21.4-6

 

Le Coran met en exergue la naissance miraculeuse d’Isaac, le père d’une nation savante, alors que son frère ainé suscitera une nation sage. Un jour qu’il se trouvait chez lui en Palestine, le Patriarche reçut la visite de deux anges sous une apparence humaine pour lui annoncer une future naissance : (Sa femme, qui se tenait à côté, se mit à rire à l’annonce que Nous lui fîmes de la naissance d’Ishâq et de Ya’qûb après lui • Comment est-ce possible, s’exclama-t-elle, d’avoir un enfant à un âge si avancé ? Mon mari lui-même est déjà très vieux !)[1] ; (Leur attitude éveilla en lui quelque frayeur qu’ils dissipèrent aussitôt : « N’ais pas peur ! » Ils lui annoncèrent la naissance d’un enfant enclin au savoir. Là-dessus, sa femme surgit avec les mains se frappant le visage : « Quoi, s’écria-t-il, je ne suis qu’une vieille femme stérile! »)[2] ; (Ne sois pas effrayé, le rassurèrent-ils ! Nous sommes venus pour t’annoncer la naissance d’un enfant enclin au savoir • Votre annonce est vraiment déconcertante, car je suis tellement vieux ! – Nous te disons la vérité, répliquèrent-il, alors ne t’enferme pas dans le désespoir »)[3] ; (À la suite de ses prières, Nous lui fîmes don d’Ishâq auquel Nous ajoutâmes Ya’qûb qui compléta, par Nos soins, une chaine d’éléments pieux)[4] ; (Nous lui fîmes don d’Ishâq et de Ya’qûb après lui, et Nous mîmes dans sa postérité la prophétie et le Livre. Nous le rétribuâmes sur terre, et dans l’au-delà il comptera parmi les pieux).[5]

 

Bref, les annales islamiques racontent que Sâra fut très contrariée par l’accouchement d’Ismaël. Pour atténuer sa jalousie, Ibrahim prit l’enfant et sa concubine pour les emmener à la Mecque actuelle. Sur place, il reçut l’ordre, des années plus tard, de tuer son fils.

 

Béer-Shéva, le miracle de Zem-Zem

 

[Et quand Ibrahim s’écria : Seigneur, montre-moi comment Tu fais revivre les morts ! N’aurais-tu pas la foi, demanda Dieu ? Si, assura-t-il, mais je souhaite simplement apaiser mon cœur. Soit, répondit le Très-Haut alors prends quatre oiseaux que tu découperas en morceaux pour les disperser sur chacune des collines avoisinantes ; puis appelle-les, et ils te viendront aussitôt, afin que tu saches qu’Allah est Puissant et Sage].[6]

 

« 21:14 Abraham se leva de bon matin ; il prit du pain et une outre d'eau, qu'il donna à Agar et plaça sur son épaule ; il lui remit aussi l'enfant, et la renvoya. Elle s'en alla, et s'égara dans le désert de Beer Schéba. 21:15 Quand l'eau de l'outre fut épuisée, elle laissa l'enfant sous un des arbrisseaux, 21:16 et alla s'asseoir vis-à-vis, à une portée d'arc ; car elle disait : Que je ne voie pas mourir mon enfant ! Elle s'assit donc vis-à-vis de lui, éleva la voix et pleura.  21:17 Dieu entendit la voix de l'enfant ; et l'ange de Dieu appela du ciel Agar, et lui dit : Qu'as-tu, Agar ? Ne crains point, car Dieu a entendu la voix de l'enfant dans le lieu où il est. 21:18 Lève-toi, prends l'enfant, saisis-le de ta main ; car je ferai de lui une grande nation. 21:19 Et Dieu lui ouvrit les yeux, et elle vit un puits d'eau ; elle alla remplir d'eau l'outre, et donna à boire à l'enfant. 21:20 Dieu fut avec l'enfant, qui grandit, habita dans le désert, et devint tireur d'arc. 21:21 Il habita dans le désert de Paran, et sa mère lui prit une femme du pays d'Égypte. »[7]

 

Paran, une terre aride et paisible

 

Le saint Coran dépeint ce coin perdu du désert de Paran avec une précision chirurgicale : (Et quand Nous fîmes de la Maison Sacrée un asile pour les hommes et une terre paisible. Prenez la station d’Ibrahim pour lieu de prière. Nous prîmes sur Ibrahim et Ismâ’îl le serment de purifier Ma Maison à l’attention des fidèles venus pour les tours rituels, le recueillement, la retraite, et la prière • Et quand Ibrahim dit : Seigneur ! Rends cette terre paisible et procure de bons fruits à ses habitants, ceux parmi eux qui auront cru en Allah et au Jour dernier. Le Seigneur répondit : Je laisserais à ses habitants impies profiter des jouissances éphémères avant de les jeter dans les tourments de l’Enfer où ils connaitront un sort funeste !)[8]

 

Les voies du Seigneur sont impénétrables. Le Patriarche avait reçu l’injonction d’abandonner son fils et sa servante dans une contrée isolée en marge de l’Humanité. Puis, le grand-père de Jacob retourna sur les terres de Canaan pour y écrire l’Histoire. Il avait pour mission d’y déposer sa seconde graine. Il venait de mettre la première sur un rocher brûlant qui deviendra, à l’avenir, un carrefour spirituel accueillant les pèlerins de tous les horizons. Le décor se mettait en place : (Et pendant qu’Ibrahim et Ismâ’îl élevaient les fondations de la Maison sacrée, ils imploraient : Seigneur, acceptes cet humble ouvrage, Toi le Dieu Entendant et Omniscient ! • Seigneur, soumet-nous à Ta Volonté, ainsi qu’une partie de notre postérité, fais-nous voir nos rites, et pardonne-nous, car Tu es Absoluteur et Tout-Miséricordieux • Seigneur ! Envoie-leur un Messager issu des leurs afin qu’il leur récite Tes Versets, qu’il leur enseigne le Livre et la Sagesse, et qu’il les purifie, Tu es certes le Dieu  Puissant et Sage)[9] ; (Le premier Temple fondé au service des hommes se trouve à Bekka, une bénédiction et une direction pour l’Humanité • Tout indique l’identité de son fondateur, à l’exemple de la Station d’Ibrahim. Quiconque y entre est en paix. Le pèlerinage à la Maison sacrée est un devoir envers Dieu pour tous les hommes qui en ont les moyens ; ils ont beau le renier, ils n’enlèveront rien au royaume de Dieu qui se passe aisément de l’Humanité)[10] ; (Voyez ce pacte des Quraychites • Qui leur assure le cheminement de leur caravane hiver comme été • Qu’ils adorent donc le Dieu de cette Maison • Qui a apaisé leur faim et les mis à l’abri de la peur)[11] ; (Si nous devions suivre la bonne voie à tes côtés, prétextent les idolâtres, nous serions arrachés à nos terres, mais ne les avons-Nous pas établis sur une terre sacrée et paisible où s’amoncèlent les fruits de toute part, par un effet de Notre grâce ? Sauf que la plupart d’entre eux ne savent pas)[12] ; (Ne voient-ils pas que Nous avons rendu ce pays sacré et paisible pendant que tout autour les hommes se déchirent entre eux. Vont-ils persister, dans la voie du mensonge, à renier les bienfaits du Seigneur ?).[13]

 

Le pèlerinage à La Mecque, un rite ancestral

 

Selon ibn ‘Abbâs : « La mère d’Ismâ’îl fut la première femme à utiliser une ceinture ; elle s’en était servi pour effacer ses traces aux yeux de Sara. »[14]

 

L’historiographie musulmane enregistre qu’Ismâ’îl a été élevé dans le désert de Farân, le pays de La Mecque, lieu de pèlerinage depuis l’époque d’Abraham. Les Arabes notamment, mais aussi les prophètes à l’instar de Moïse fils d’Amran et de Jonas fils d’Amitthaï, se rendaient au Sanctuaire sacré pour y accomplir les rites prescrits par le Tout-Puissant. Lors d’un voyage, raconte ibn ‘Abbâs, la caravane dirigée par le Prophète de l’Islam (r) passa près de wâdî el Azraq : « Quel est ce wâdî (vallée), lança-t-il à ses Compagnons ?

  • C’est le wâdî d’el Azraq, lui assurèrent-ils.
  • J’ai l’impression de voir Moussa (u) en train de descendre le versant de la montagne les doigts dans les oreilles. Pendant toute la traversée de la vallée, il veillait à lever la voix à la gloire du Seigneur (I) pour faire entendre au loin la formule liturgique du pèlerinage (talbiya). »

Plus loin, poursuit le rapporteur de l’évènement, nous arrivâmes près du versant d’une autre montagne : « comment s’appelle cet endroit, s’enquit l’Élu ?

  • C’est Harsha.
  • J’ai l’impression de voir Yûnas ibn Matta sur une chamelle blanche dont la bride était en fibre ; habillé d’un manteau en laine, il faisait la talbiya en traversant la vallée. »[15]

Une version offre le portrait de Moïse : « Moussa, un homme brun et trapu, était monté d’un chameau roux tenu par une bride en fibre. »[16]

 

Les textes scripturaires nous apprennent que même Jésus devra s’y rendre à l’occasion de son retour sur terre : « par Celui qui détient mon âme entre Ses Mains, ibn Mariam va se sacraliser à partir du défilé de Rawha pour entreprendre le grand ou/et le petit pèlerinage. »[17]

Depuis l’avènement de Mohammed (r), le hadj incombe à tous les musulmans ; les pèlerins de toute la planète s’y rendent pour répondre à l’appel de l’Ami de Dieu, Abraham : [Et lorsque nous indiquâmes à Ibrahim l’endroit de la Maison, Nous lui enjoignîmes de ne partager le culte avec aucune idole, et de purifier Ma Maison à l’attention des fidèles venus pour les tours rituels et la prière qu’ils observent debout, inclinés et prosternés • Lance un appel aux hommes qui viendront à pied ou à dos de chameau, affluant des horizons les plus reculés • Afin qu’ils jouissent, sur place, de multiples bienfaits, et qu’ils évoquent, les jours fixés, le Nom d’Allah au moment d’immoler une bête prise sur les troupeaux dont Il leur a fait grâce ; profitez de sa viande et distribuez le reste aux plus démunis].[18] Cette annonce est un miracle si l’on sait que La Mecque est aujourd’hui l’un des endroits les plus visités au monde. Il n’en a pas toujours été ainsi.

 

Nous avons vu plus haut que pour échapper à la jalousie naissante de la noble Sarah, Abraham emmena sa concubine portant son nourrisson dans ses bras sur un rocher perdu où il n’y avait âme qui vive. Il les installa à l’ombre d’un arbre dans les hauteurs de l’actuelle mosquée. Il leur laissa un sac de dattes et une outre remplie d’eau, avant de prendre le chemin du retour. Hagar, qui marcha dans ses pas, l’interpella : « Ibrahim, où vas-tu ? Nous laisses-tu dans cette vallée où il n’y a rien ni personne ? » Ses cris de détresse restèrent sans réponse. Son mari ne se retourna même pas. Elle insista, en vain, à plusieurs reprises : « Est-ce Dieu qui t’a ordonné d’agir ainsi, s’exclama-t-elle dans un geste de résignation ?

  • Oui, confirma-t-il.
  • Hé bien, Il ne nous abandonnera pas. »

 

Après ces mots, elle revint sur ses pas. Ibrahim s’en alla, et s’arrêta sur le versant de la montagne en veillant à ne pas être vu. Ce dernier se retourna en direction du futur Temple pour implorer en ces termes : (Seigneur ! J’ai installé une partie de ma postérité dans une vallée aride, auprès de Ta Maison sacrée, Seigneur, afin qu’ils observent la prière. Dirige vers eux le cœur de certains hommes, et procure-leur de bons fruits en guise de subsistance ; ainsi seront-ils reconnaissants).[19]

 

À suivre…

                     

Par : Karim Zentici

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[1] Hûd ; 71-72

Il s’agit dans cet épisode de Sarah fille de Hârân fils de Ahwar, qui fut mariée à son cousin Ibrahim (Voir Tafsîr el Baghawî qui précisent notamment que Saraï se tenait derrière un rideau).

[2] Les vents éparpillés ; 28

Selon certains exégètes, elle ne fit que crier d’où elle était, sans se montrer à ses visiteurs, mais par un effet de rhétorique, ce fut sa voix qui se serait déplacée.

[3] El Hijr ; 53

[4] Les Prophètes ; 72

[5] L’araignée ; 27

[6] La vache ; 260

[7] La Genèse ; 21.14-21

[8] La vache ; 125-126

[9] La vache ; 127-129

[10] La famille d‘Imrân ; 96-97

[11] Les Quraychites

[12] Les récits ; 57

[13] L’araignée ; 67

[14] Voir : Fath el Bârî (6/400-401).

[15] Rapporté par el Bukhârî (n° 5913) et Muslim (n° 166).

[16] Cette version revient à el Bukhârî.

[17] Rapporté par Muslim (n° 1252).

[18] Le pèlerinage ; 26-28

[19] Ibrahim ; 37

 

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6 avril 2018 5 06 /04 /avril /2018 10:04

 

 

Ismâ’îl, le père d’une grande nation

 

Dans la Thora, Élohim insiste sur la promesse qu’Il a nouée avec le Patriarche d’offrir à son fils Ishmael une descendance abondante : « A l'égard d'Ismaël, je t'ai exaucé. Voici, je le bénirai, je le rendrai fécond, et je le multiplierai à l'infini ; il engendrera douze princes, et je ferai de lui une grande nation. »[1] Le frère d’Isaac fut honoré au même titre que son père et Noé avant lui qui transmirent à leur postérité la foi et la prophétie : (Nous avons envoyé Nûh et Ibrâhîm et avons mis dans leur postérité la prophétie et le Livre),[2] relate le Livre saint des musulmans. Ailleurs, il entérine ce privilège accordé à Ibrahim : (Nous avons mis dans sa postérité la prophétie et le Livre).[3]

 

Sa progéniture sera aussi grande que le nombre des étoiles, note la Genèse : « Abram répondit : Seigneur Éternel, que me donneras-tu ? Je m'en vais sans enfants ; et l'héritier de ma maison, c'est Eliézer de Damas. 3 Et Abram dit : Voici, tu ne m'as pas donné de postérité, et celui qui est né dans ma maison sera mon héritier. 4 Alors la parole de l'Éternel lui fut adressée ainsi : Ce n'est pas lui qui sera ton héritier, mais c'est celui qui sortira de tes entrailles qui sera ton héritier. 5 Et après l'avoir conduit dehors, il dit : Regarde vers le ciel, et compte les étoiles, si tu peux les compter. Et il lui dit : Telle sera ta postérité. 6 Abram eut confiance en l'Éternel, qui le lui imputa à justice. »[4] Alors, revenons à la source.

 

L’enfant-sacrifice

 

« et Dieu dit à Abraham : et toi, tu garderas mon alliance, toi et la semence après toi, en leurs générations. Que tout mâle d’entre vous soit circoncis. Et vous circoncirez la chair de votre prépuce, et ce sera signe d’alliance perpétuelle. Et le mâle qui n’aura point été circoncis en la chair de son prépuce, cette âme sera retranchée de ses peuples : il aura violé mon alliance. Puis Abraham prit Ismaël, son fils. Il circoncit la chair de leur prépuce en ce même jour comme Dieu le lui avait dit. Abraham était âgé de quatre-vingt-dix-neuf ans lorsqu’il fut circoncis en la chair de son prépuce et Ismaël, son fils, était âgé de treize ans ». Genèse 17.9-14 

 

Sara était stérile, mais ce fut sa servante, Agar l’Égyptienne qui donna son premier enfant à son mari dont les prières avaient été exaucées : (Nous lui annonçâmes la naissance d’un enfant enclin à la sagesse).[5] Tel père tel fils : (car Ibrahim était enclin à la sagesse et à la dévotion)[6] ; (car Ibrahim était enclin à la sagesse, à la dévotion, et au repentir).[7] Cette grande qualité fut mise à contribution chez ces deux hommes le jour de la grande épreuve : (Quelques années plus tard, au cours d’une marche, le père confia à la prunelle de ses yeux : Mon fils, je me suis vu en songe en train de t’immoler, alors vois ce qu’il y a lieu de faire. Père, dit l’enfant, fais ce qui t’est ordonné, je saurais dans l’épreuve, s’il plait à Dieu, m’armer de patience • Résignés les deux serviteurs s’exécutèrent, l’un le front posé sur le sol et l’autre la main armée d’une lame • Juste au moment où Nous appelâmes : Ibrahim, tu as concrétisé ta vision, et Nous savons rétribuer les bienfaiteurs • Il venait de passer une bien rude épreuve • Nous échangeâmes l’enfant contre une énorme offrande • Et nous laissâmes leur souvenir dans les générations futures • Paix à Ibrâhîm ! • Nous savons rétribuer les bienfaiteurs • Lui qui comptait parmi nos pieux serviteurs • Nous lui annonçâmes ensuite la naissance d’Ishâq, un vertueux qui compta au nombre des prophètes • Nous bénîmes le père et le fils qui connurent dans leur descendance, des bienfaiteurs et d’autres qui se firent manifestement du tort à eux-mêmes).[8]

 

À suivre…

                     

Par : Karim Zentici

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[1] La Genèse ; 17.20

Voici les termes de la version de la Bible d’André Chouraqui qui s’avère plus littérale et plus typique : « Quant à Ishma’él, je l’ai entendu : voici, je l’ai béni, je le fais fructifier, je le multiplie beaucoup, beaucoup. » (N. du T.)

[2] Le fer ; 26

[3] L’araignée ; 27

[4] La Genèse ; 15.2-6

[5] Les rangées d’anges ; 101

Ismâ’îl fut qualifié de halîm que nous traduisons par « sage », mais qui prend en fait des sens multiples comme magnanime (qui est enclin au pardon comme le souligne e-Sa’dî), longanime (qui supporte ce qu’il pourrait réprimer, nous apprend el Baghawî), ou qui se résigne, fait preuve de patience et d’une maitrise de soi. Ismâ’îl est, en effet, patient : [évoque également la mémoire d’Ismâ’îl, d’Élisée, et de Dhû el Kifl, l’élite de Mes serviteurs] [Sâd ; 48]. Le Coran a donc reconnu à Ismâ’îl la qualité de patient comme Il lui a accordé ailleurs de respecter ses engagements : [Rappelle également, telle qu’elle est cité dans le Livre, l’histoire d’Ismâ’îl qui était sincère dans ses engagements] [Mariam ; 54]. Il avait promis à son père d’endurer patiemment son épreuve.

[6] Le repentir ; 114

D. Masson explique en ces termes le sens de awwah – que nous avons traduit par « dévoué », mais qui a aussi le sens d’humilité : « celui qui gémit, qui soupire, et qui implore la miséricorde de Dieu. » Elle corrobore ainsi l’exégèse des grands spécialistes à l’exemple d’el Baghawî et du linguiste exégète e-Râghib el Asfahânî dans Mufradât alfâdh el Qurân.

[7] Hûd ; 75 

« repentant » est l’un des sens de munîb, mais de façon plus général il signifie « revenir à Dieu ».

[8] Les rangées d’anges ; 102-113

Certains exégètes avancent que l’événement s’est produit quand Ismaël a atteint l’âge de treize ans. Toutefois, le début du premier Verset peut avoir d’autres significations. Il peut vouloir dire : quand le père l’a emmené jusqu’au pied de la montagne, ou quand il devint vieux.

Le jour de la Conquête de la ville Sainte, le Prophète (r) a trouvé les cornes du fameux bélier d’Abraham à l’intérieur de la Kaaba. Il s’est alors adressé au gardien du Temple en ces termes : « Je t’ordonne de recouvrir les cornes du bélier, car rien ne doit distraire le fidèle dans la direction de la Qibla. » L’endroit où s’est produit l’événement sert de rite depuis l’époque d’Ismaël, qui, avec son père, a construit le Temple, nous dit explicitement le Coran.

 

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6 avril 2018 5 06 /04 /avril /2018 10:00

La naissance d’une Nation

(Partie 2)

 

Paran, la destination d’Abraham

 

[Ne vois-tu pas qu’Allah compare une bonne parole, à un bel arbre aux racines profondes et dont les branches tendent au ciel • Pour donner des fruits en toute saison, avec la permission de Son Seigneur ; C’est ainsi qu’Allah se sert de paraboles pour pousser les hommes à la méditation • La mauvaise parole est, elle, comme un arbre malingre n’arrivant pas à se détacher du sol, la cause à des racines trop instables].[1]

 

Il y a des siècles, Abraham prit cette direction pour obéir à la Providence qui réservait un grand dessein à sa progéniture. Il avait traversé un long périple le menant, tout d’abord, à Harran (Carrhes) la cité sabéenne qui se trouve au sud-est de la Turquie actuelle. Ses habitants s’adonnaient au culte des astres du monde supérieur et à la pratique de la magie, l’astrologie qui représente la plus haute forme de sorcellerie.

 

Il chercha à les ramener à la raison : [je n’aime pas les astres qui se cachent][2], fustigea-t-il. Son peuple ne remettait pas en doute l’existence du grand Architecte, mais ils pensaient tirer quelques avantages de la déification du soleil, de la lune et des étoiles. Le père du monothéisme leur fit la démonstration qu’à chaque crépuscule, ils perdaient contact avec leurs dieux qui, des heures durant, étaient incapables d’entendre leurs plaintes et de connaitre leur situation, et, à fortiori, de les surveiller, de les protéger, et, d’une façon ou d’une autre, de leur dispenser un bien ou de les accabler d’un malheur. Dans de pareilles conditions, ces astres couchants ne sont pas dignes de vénération, si tant est qu’ils eussent un pouvoir quelconque !

 

Ses concitoyens ne voulaient rien entendre. Âzar, son propre père resta attaché à ses dieux éphémères. Le Patriarche passa à la manière forte. Le jour de la grande fête qui se tenait à l’extérieur de la ville, il s’était éclipsé pour s’introduire, loin des regards, dans le temple païen : [Il se glissa là où leurs divinités étaient plantées].[3] Il les détruisit une par une avant de disparaitre. Les soupçons tombèrent bientôt sur ce jeune effronté. On mit la main sur lui, et il fut décidé de le faire périr par les flammes. Un grand feu fut allumé devant une foule en effervescence : [Jetez-le au feu, s’écrièrent les idolâtres, et vengez vos idoles si vous êtes résolus à agir].[4] Il était impossible d’approcher ce bûcher qui dévorait le ciel. On eut donc recours à une catapulte qui fut actionnée par un bourreau. Le garçon invoqua alors : « Allah me suffit, Lui le meilleur des soutiens ! » Une fois dans les airs, il fut interpellé par Gabriel venu à son secours : « Que voudrais-tu à cet instant ?

  • Venant de Toi, rien, répliqua-t-il ! »[5]

 L’Archange lui-même ne parvint pas à entamer sa détermination inébranlable de se cramponner au plus fort de l’épreuve à Son Sauveur Bien-aimé sans se tourner vers aucune créature. Le Tout-Puissant décréta aussitôt : [Nous ordonnâmes alors : ô feu, sois d’une fraicheur inoffensive pour Ibrahim !].[6] Le stratagème des païens avait échouée : [Ils voulaient lui jouer un mauvais tour, mais Nous leur fîmes goûter une défaite humiliante][7] ; [Qu’on lui dresse un bûcher et qu’on le jette aux flammes, s’écria la foule • Décidée à lui jouer un mauvais tour, mais nous leur infligeâmes une défaite humiliante].[8] Abraham incarne le symbole de la fidélité, de la loyauté, et de la sincérité dans son combat au service du Créateur Tout-Puissant ; il ne peut que triompher et son triomphe résonne dans la nuit des temps pour éclairer la voie aux générations futures dans la quête et la défense de la vérité qui les amène à briser les idoles et à faire face aux tyrans.

 

[Et lorsqu’Ibrahim avertit son père et son peuple : je désavoue complètement ces dieux qui sont les vôtres • Moi, je m’oriente uniquement vers Celui qui m’a créé, car Lui seul me guide sur le droit chemin • Il en fit une parole qui devait se perpétuer dans les rangs de ses héritiers ; ainsi reviendront-ils vers Leur Seigneur][9] ; [Sachez, fustigea Ibrahim, que les dieux qui font l’objet de votre adoration • depuis vos lointains ancêtres • sont mes ennemis déclarés, car, moi, je n’en reconnais qu’un, le Maitre de l’Univers][10] ; [Telle est la preuve éclatante avec laquelle Nous avons armé Abraham contre son peuple ; Nous élevons en degré qui Nous voulons, car Ton Seigneur est Sage et Omniscient • Nous lui donnâmes pour enfant Isaac et Jacob que Nous guidâmes sur la bonne voie, comme Nous l’avions fait pour Noé auparavant ; et Nous mîmes dans sa descendance David, Salomon, Job, Joseph, Moïse, et Aaron ; c’est ainsi que Nous récompensons les hommes de bien • Ainsi que Zacharie, Jean-Baptiste, Jésus et Élie qui étaient tous des vertueux • Et Ismaël, Élisée, Jonas et Loth que Nous avons tous préférés au reste de l’Humanité].[11]

 

Le miraculé prit le chemin de l’exil en compagnie de son femme, Sâra, et Loth, son neveu qui étaient les seuls à avoir rallié sa religion. Ce noyau de la foi s’installa sur les terres de Canaan, la Palestine antique, ce pays ruisselant de lait et de miel. Plus tard, Loth se rendra à Sodome pour y prêcher le culte du Dieu unique. La famine conduisit son oncle en Égypte où régnait le roi Abimélec, l’ancêtre des Pharaons, qui, subjugué par la beauté de Sarah, voulait l’ajouter à son « Harem », déjà bien garni. Pour la sauver de ses griffes, le Patriarche employa un artifice ayant fait renoncer le despote à son projet macabre. « Elle est ma sœur, s’écria-t-il » Il n’avait pas menti. Elle était sa sœur en religion.

 

Abram avait déjà eu affaire à un tyran en la personne de Nemrod qui avait mis la Mésopotamie sous son joug implacable. Cet impétueux lui avait clamé au visage qu’il avait le pouvoir de vie et de mort sur ces sujets, au même titre que le Créateur des cieux et de la terre. La réplique qui confondit cet incrédule ne se fit pas attendre : [Dieu fait venir le soleil de l’orient, alors fais-le venir de l’autre côté].[12] 

 

 

[1] Ibrâhîm ; 24

[2] Le bétail ; 76

[3] Les rangées d’anges ; 91

[4] Les prophètes ; 68

[5] El Baïhaqî cite l’anecdote d’Ibrahim dans shu’ab el îmân (2/104).

[6] Les prophètes ; 69 Le hadîth sur le sujet est rapporté par el Bukhârî (4563).

[7] Les prophètes ; 70

[8] Les rangs ; 97-98

[9] Les ornements ; 26-27

[10] Les poètes ; 75-77

[11] Le bétail ; 83-86

[12] La vache ; 258

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5 avril 2018 4 05 /04 /avril /2018 17:18

 

 

La naissance d’une Nation

(Partie 1)

 

Le judaïsme, le christianisme et l'islamisme ont été enfantés par cette branche de la famille sémitique constituée par les juifs et les Arabes.

Gustave Le Bon.[1]

 

L’Arabie heureuse, le (second) berceau de l’Humanité

 

…à la place d'un désert, les nouveaux arrivants ont trouvé un paradis terrestre constitué de grandes prairies. L'occupation de ce nouvel Éden aurait duré plusieurs millénaires avant que l'homme ne poursuive sa conquête du monde.[2] 

 

Le Prophète prédit que l’Heure de la fin du monde ne sonnera pas avant que la Péninsule arabique ne retrouve ses fleuves et sa végétation abondante.[3]

 

On a peine à se représenter l'Arabie autrement que comme une masse désertique de pierres et de sables, comme un brasier qui se consume lentement sous un soleil dévorant. Contrairement à beaucoup d'autres contrées du monde, c'est un pays où le rôle primordial de la terre a été confisqué au profit de la lumière et du ciel. Il semble avoir été façonné dans une substance immatérielle et ses horizons ressemblent moins à des paysages qu'à ces images incandescentes qui naissent au cœur du feu.

Pourtant, il n'en fut pas toujours ainsi. Car les historiens nous assurent qu'en des temps immémoriaux, quand l'Europe gisait ensevelie sous le linceul blanc de l'époque glacière, l'Arabie était une contrée verdoyante et fertile, irriguée par plusieurs fleuves, un pays souriant où les pâturages alternaient avec les forêts.

Quelle fut la vie de cette Arabie fraîche et boisée, où les sources bruissaient au fond des clairières ? Nous n'en savons rien, car aucun témoignage n'en est parvenu jusqu'à nous. Sans doute sa faune était-elle semblable à celle de l'Afrique et des Indes, entre lesquelles elle servait de trait d'union. On devait y rencontrer des mammouths et des aurochs, des buffles et des gazelles, des aigles et des léopards. Mais tout cela n'est plus.[4]

 

Paran

 

J’ai complété d’Issa la lumière imparfaite.

Je suis la force, enfants ; Jésus fut la douceur.

Le soleil a toujours l’aube pour précurseur.

Victor Hugo

 

La Bible parlait déjà de cette plaque incandescente, qui, telle une chaudière flanquée dans le couloir du salon, fut maintenue à l’écart des grandes civilisations parsemées le long du Croissant fertile, et du pourtour méditerranéen : « L'Éternel est venu du Sinaï, Il s'est levé sur eux de Séir, Il a resplendi de la montagne de Paran. »[5]

 

Ces versets désignent les trois grands mouvements monothéistes qui ont jalonné l’Histoire de l’Humanité récente. Il compare leur impact sur le devenir des hommes à la rotation journalière du soleil, qui, à l’aube, apparait timidement. Puis, à mesure qu’il envahit le ciel, ses rayons dévorent l’ombre jusqu’à atteindre le zénith. Le Sinaï fait allusion à Moïse, Séir à Jésus qui vit le jour dans les environs de cette terre où poussent le figuier et l’olivier, et Paran à Mohammed, le dernier des prophètes. Le Coran rendra également hommage à ses trois localités que Dieu prend en serment : (Par le figuier et l’olivier • Par le mont Sinaï • Par ce pays paisible).[6] Ici, l’ordre chronologique est abandonné au profit d’une hiérarchie partant de la moins prestigieuse à la plus prestigieuse des manifestations du culte du Dieu unique : le christianisme, le judaïsme, et l’islam.

 

D’autres passages de l’Ancien Testament évoquent la montagne de Paran qui joua un rôle crucial dans l’échiquier de la prophétie que le Très-Haut mettait en place.[7] Entre autres, il y eut cette rencontre qui féconda, à l’abri des regards, le destin du dernier acte de la folle aventure des terriens. Passé inaperçu, le Pentateuque se chargea d’immortaliser ce dialogue qui opposa l’Ange Gabriel à Agar servante de Sara : « L'ange de l'Éternel la trouva près d'une source d'eau dans le désert, près de la source qui est sur le chemin de Schur. 8 Il dit : Agar, servante de Saraï, d'où viens-tu, et où vas-tu ? Elle répondit : Je fuis loin de Saraï, ma maîtresse. 9 L'ange de l'Éternel lui dit : Retourne vers ta maîtresse, et humilie-toi sous sa main. 10 L'ange de l'Éternel lui dit : Je multiplierai ta postérité, et elle sera si nombreuse qu'on ne pourra la compter. 11 L'ange de l'Éternel lui dit : Voici, tu es enceinte, et tu enfanteras un fils, à qui tu donneras le nom d'Ismaël ; car l'Éternel t'a entendue dans ton affliction. 12 Il sera comme un âne sauvage ; sa main sera contre tous, et la main de tous sera contre lui ; et il habitera en face de tous ses frères. 13 Elle appela Atta-El-roï le nom de l'Éternel qui lui avait parlé ; car elle dit : Ai-je rien vu ici, après qu'il m'a vue ? 14 C'est pourquoi l'on a appelé ce puits le puits de Lachaï-roï ; il est entre Kadès et Bared. 15 Agar enfanta un fils à Abram ; et Abram donna le nom d'Ismaël au fils qu'Agar lui enfanta. 16 Abram était âgé de quatre-vingt-six ans lorsqu'Agar enfanta Ismaël à Abram. »[8] Bien sûr, la version coranique est sensiblement différente de celle-ci qui concède, malgré tout, le mérite de poser les grandes lignes de ce qui conviendra d’appeler l’évènement fondateur de la civilisation islamique.

 

La muraille du désert protège Paran contre les grandes invasions

 

L’Arabie resta à l’écart de ces mouvements houleux se tramant le long du Croissant fertile qui apportait sa contribution à la civilisation. Repliée sur elle-même, immobile et silencieuse, elle se refusait au temps, au changement, à l’Histoire. Le monde civilisé ne parvenait pas à franchir le rideau de feu qui la dérobait aux regards. Parce qu‘elle demeurait inconnue, on la croyait heureuse. Le peu qu’on savait d’elle était vague et contradictoire. De temps à autre, un marchand venant des Indes, qui apportait à Tyr ou à Byblos des bijoux, de l’ivoire ou de la myrrhe, parlait avec émerveillement des royaumes qu’il avait traversés au cours de son voyage et faisait des descriptions enthousiastes des cités cachées derrière les sables du désert. Des scribes et des savants s’emparaient de ces légendes, et leur conféraient, sans contrôle, le sceau de leur autorité.

 

Voulant savoir quelles réalités se cachaient derrière ces fables, l’empereur Auguste chargea le proconsul d’Egypte Aélius Gallus d’envahir la péninsule pour s’emparer des citadelles dont on lui vantait la richesse. Le proconsul rassembla ses légions, leur ordonna de revêtir leurs lourdes cuirasses d’airain, et s’enfonça avec elles au mur de l’Arabie (4 avant J.C.). Il ne trouva qu’une terre stérile et désolée, habitée par des tribus sauvages, qui avaient à peine figure humaine. La plupart des légionnaires périrent de soif au cours de l’expédition. Les autres succombèrent à la chaleur et à l’épuisement. Leurs dépouilles, groupées par centuries, furent abandonnées aux oiseaux de proie. Les nomades qui passèrent par là, quelques semaines plus tard, trouvèrent leurs cadavres à moitié recouverts par le sable, serrant encore leurs glaives dans leurs poings décharnés. Sur le conseil d’Aélius, Rome renonça à conquérir la péninsule. L’Arabie demeura donc inviolée et isolée du monde, « car c’était une contrée aride et inhospitalière, un pays violent et cruel, peuplé d’habitants aussi violents et aussi cruels que leur pays ».

Là où il y avait un peu d’eau, un puits rond au milieu d’une oasis ou sur les plages, quelques tribus avaient réussi à bâtir des hameaux en brique et en torchis. Le reste de la population menait une existence misérable. Elle était constituée par des bergers nomades qui poussaient devant eux de maigres troupeaux, à la recherche d’une pâture plus maigre encore. Hirsutes, faméliques, et dénués de toute culture, leur seule richesse était leur vitalité. Mais celle-ci était immense, comme tout ce que le désert suscite au cœur de l’homme.[9]

 

À suivre…

                     

Par : Karim Zentici

http://mizab.over-blog.com/

 

 

 

[1] Les plus anciennes traditions des Arabes ne remontent pas au-delà d'Abraham, mais la linguistique nous prouve qu'à une époque beaucoup plus reculée, toutes ces vastes régions comprises entre le Caucase et le sud de l'Arabie étaient habitées sinon par une même race, au moins par des peuples parlant la même langue. L'étude des langues dites sémitiques démontre en effet que l'hébreu, le phénicien, le syriaque, l'assyrien, le chaldéen et l'arabe ont une étroite parenté et par conséquent une commune origine.

Gustave Le Bon.

[3] Depuis les travaux pionniers de McClure en 1976 sur le climat de la Péninsule arabique, nous connaissons l’existence de deux périodes humides au cours des 30 derniers millénaires. Les lacs, de forme allongée, avaient parfois plusieurs kilomètres de longueur. D'après l'épaisseur des différentes couches, McClure estime que ces lacs ont pu avoir de l'eau en permanence durant un certain temps : de plusieurs années à plusieurs centaines d'années. On n'a retrouvé ni restes de poissons ni restes d'oiseaux, mais les os de Vertébrés sont assez abondants, avec une faune comprenant non seulement des oryx et des gazelles, mais aussi des bovidés et, même, le genre Hippopotamus, qui exige une eau permanente. McClure estime qu'à cette époque, en raison de pluies de mousson estivales assez marquées, les dunes, stabilisées, étaient couvertes d'une végétation arbustive ou herbacée du type actuel, mais beaucoup plus dense et luxuriante qu'aujourd'hui.  

Voir : http://www.persee.fr/docAsPDF/paleo_0153-9345_1992_num_18_1_4560.pdf

Voir également : http://books.openedition.org/cefas/1585?lang=fr#bodyftn4

[4] Jacques Benoist-Méchin, Ibn Séoud ou la naissance d’un royaume.

Les chasseurs du Rub Al-Khali chassaient l'oryx, la gazelle, le guépard, le chacal, l'hyène, le renard et l'autruche. Les lacs, nombreux, couvraient chacun plusieurs km2 et certains, comme celui de Jubba, étaient très vastes. Les données sont indicatrices d'eaux stagnantes, mais au-dessus elles témoignent de la présence d'eaux douces telles qu'on en trouve aux latitudes moyennes, avec des profondeurs de l'ordre de la dizaine de mètres.

Le chercheur Whitney remarque qu’en Arabie occidentale, une phase humide aurait permis l'établissement d'une couverture végétale assez dense, et aurait été ensuite remanié par le ruissellement.

Voir : http://www.persee.fr/docAsPDF/paleo_0153-9345_1992_num_18_1_4560.pdf

[5] Deutéronome ; 33.1-3 

[6] Les Figuiers ; 1-3

En exégèse à ce Verset, ibn Jarîr e-Tabarî souligne : « Ce pays paisible est épargné de se faire attaquer ou envahir par ses ennemis. Une autre hypothèse avance que paisible (amîn) à le sens ici d’abri, d’asile, de refuge. » Jâmi’ el bayân (30/341-342).

[7] Notamment : « Dieu vient de Témân, le Saint du mont Parân. Sa majesté comble le ciel. Sa louange emplit la terre. La lumière devient éclatante. Deux rayons sortent de sa propre main : c’est là le secret de sa force.» Habaquq ; 3.3-4

[8] La Genèse ; 16.7-16

« sa main sera contre tous, et la main de tous sera contre lui » semble être une malversation de : « sa main sera au-dessus de tous, et la main de tous sera sous la sienne. » Le sens est ainsi radicalement différent ! Par ailleurs, l’expression « âne sauvage » qu’André Chouraqui traduit par « onagre humain » est une transformation du terme hébreu para désignant la multitude, et qui colle mieux au contexte.

[9] Jacques Benoist-Méchin, Ibn Séoud ou la naissance d’un royaume.

 

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3 avril 2018 2 03 /04 /avril /2018 11:17

 

Entretien avec Jean-François Moreel, morceaux choisis[1] 

 

D'une façon générale, tout comme la paléontologie ne fournit que des espèces qui apparaissent brusquement, restent inchangées pendant quelques dizaines de milliers ou millions d'années puis disparaissent sans transition avec les espèces qui leur succèdent, la dialectique darwinienne ne peut fournir des exemples d'homologies dues à une ascendance commune que chez des individus appartenant à des variétés issues de la même espèce par micro-évolution. Il n'y a pas d'exemple de « saut » d'une espèce à une autre par macro-évolution.

 

Il y a exclusion a priori de faits empiriques avérés et parfaitement reproductibles qui sont considérés comme non scientifiques en raison de l'inconvenance des hypothèses permettant d'en rendre compte vis-à-vis des théories ayant cours, parce que les darwiniens ne supportent pas les faits contraires à leur « dogme ». En contrôlant tout à la fois le financement des recherches et la communication scientifique, les institutions darwiniennes exercent une double censure inquisitrice. En amont, elles empêchent l'exploitation des données mettant en évidence les mécanismes réellement responsables des équilibres entre populations et ressources et ne supportent financièrement que les travaux visant la mise en avant d'une hypothétique concurrence. En aval, contrôlant la communication depuis les publications scientifiques généralistes jusqu'à la production de documentaires aux qualités visuelles indéniables, elle ne diffuse que leur vision de la prédation et les dernières « avancées » d'une science entièrement vouée à l'illustration de la sélection des plus aptes et servant la propagande de cette culture de mort que nous proposent ses partisans. 

 

Par la simple restriction des crédits et la possession des comités de référence des grandes revues généralistes, la science darwinienne détient le quasi-monopole des recherches et engendre la totalité des résultats accessibles au grand public en sciences naturelles. Ceci se passe tous les jours sans aucun complot et sans même nécessiter la moindre mauvaise foi. 

Si les inquisiteurs existent, ils restent rares dans le monde scientifique. C'est surtout la force de l'habitude qui devient insurmontable et, au-delà, cette faculté très humaine qu'est l'aveuglement face à nos propres méprises. Il n'y a donc rien d'étonnant à ce que le darwinisme soit si bien portant. Ce qui est réellement surprenant ne tient pas dans la publication de ces romans qui nous parlent de l'égoïsme des gènes ou de leurs avatars, mais bien plutôt dans ce nombre toujours croissant de scientifiques qui expriment leurs doutes et leur répugnance à se soumettre au dogmatisme aveugle de certains darwiniens. 

 

Aucune nouvelle théorie « non conforme » ne peut donc émerger ? 

 

Effectivement. Si de nombreux faits, explicables en dehors des théories officielles, mais inassimilables par elles, s'accumulent, ils ne pourront intégrer le cadre scientifique déductif que si une nouvelle théorie permettant d'en rendre compte entre en vigueur. Cependant, pour qu'elle soit acceptée, il faut qu'elle possède une valeur générale évidente, c'est-à-dire qu'elle doit rendre compte d'un grand nombre de faits, mais sans remettre en question l'édifice théorique des sciences darwiniennes. De plus, si elle est en concurrence partielle avec une théorie antérieure, la nouvelle doit bien souvent avoir une valeur heuristique supérieure. De plus, elle doit impérativement s'attirer un nombre important de supporters dans les plus brefs délais pour se faire entendre et trouver droit de cité dans les publications, sous peine de disparaître prématurément. Peu importe les qualités des théories en présence, c'est l'antériorité qui assure la plus grande pérennité et, bien souvent, on assiste à l'abandon de la nouveauté avant même d'en avoir étudié toutes les richesses. 

 

En dehors du darwinisme, point de salut ? 

 

Imposant leur vision du monde, les partisans du darwinisme réduisent le champ des sciences à la portion congrue des phénomènes naturels qu'ils peuvent exploiter. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, alors que le darwinisme n'a jamais été scientifique, qu'il a provoqué l'élimination arbitraire de certains paradigmes, emprisonné la pensée scientifique dans une épistémologie justifiant le finalisme, borné la recherche à l'étude des seuls faits compatibles avec lui, bien qu'ils constituent une censure inquisitrice limitant les champs d'investigation autant que les possibilités d'expression et de communication des chercheurs, la science n'a jamais été aussi darwinienne. 

Cette adhésion au dogme, volontaire ou imposée, consciente ou non, risque d'entraîner une dérive des scientifiques dans leur ensemble vers une mystique incompatible avec la nature nécessairement empirique de la science et l'idéal d'universalité qui est encore souvent le sien. Alors qu'elle constitue l'un de ses piliers porteurs, la biologie est aujourd'hui étouffée par le libéralisme darwinien. Si les scientifiques souhaitent retrouver le droit d'exercer honnêtement leur art et si notre société ne veut pas plonger dans un nouvel obscurantisme, il est impératif de poser ouvertement la question du maintien des thèses darwiniennes dans le cadre des sciences, et de la révision des règles épistémologiques en usage. 

 

Un « nouvel obscurantisme » ?

 

Tous les grands darwiniens de ces cent dernières années répètent à la suite de Hugo de Vries que l'évolution est un processus en deux étapes dans lequel le rythme de la sélection dépend, en dernier recours, du rythme des mutations. Ainsi, parachevant l'ouvrage idéologico-scientifique, la génétique des populations nous amène au constat d'une amélioration des espèces par élimination et remplacement des héréditairement inadaptés. Dans cette optique, si le bourgeois s'enrichit, c'est parce que ses gènes le lui permettent et il est bon pour l'espèce qu'il les transmette. Comment s'en étonner puisque les évolutionnistes de tous poils ont presque tous eu, au moins jusqu'au milieu du XXe siècle, des idées proches de l'eugénisme et des : solutions finales » ? 

 

Pour défendre Darwin, ses partisans expliquent qu'il n'y avait pas de possibilités d'expérimentation comme aujourd'hui... 

 

C'est encore un truisme !  Bien sûr que les moyens de la science entre le XIXe et le XXe siècle sont incomparables, mais c'est passer sous silence que, alors qu'elle est encore présentée comme conforme à l'empirisme et issue d'une recherche d'explication du « comment » de l'évolution, l'hypothèse de la sélection naturelle s'est très rapidement avérée infirmée par les résultats expérimentaux. Devant la multiplicité des formes, des comportements et des observations empiriques contradictoires, la biologie darwinienne va s'orienter vers l'élaboration a priori d'hypothèses issues de la théorie et reposant sur la finalité des choses pour rendre compte des faits constatés, en fixant des buts hypothétiques, parfois totalement imaginaires, qu'ils accordent à telle ou telle adaptation. 

 

Nous sommes obligés de constater qu'aujourd'hui l'évolution repose avant tout sur des illusions entretenues par la rhétorique et une certaine dialectique, toutes deux soutenues par des représentations graphiques trompeuses des plus sophistiquées, voire absconses pour certaines. Il semble toutefois qu'après cent cinquante ans d'affirmations gratuites du « fait » de l'évolution, l'endoctrinement éducatif et médiatique ne suffise plus à réprimer les doutes des jeunes chercheurs, ce qui donne de l'espoir. 

 

Pour conclure, peut-être par pure insolence vis-à-vis des autorités scientifiques et de l'inquisition darwinienne, j'emprunterai cette citation à un homme d'église qui, à ma connaissance, n'a jamais prétendu avoir la moindre compétence en sciences : « La complexité indique précisément que, pour rendre compte de la richesse du réel il est nécessaire de recourir à une pluralité de modèles. »[2] 

 

Source : Nexus N°64 - septembre, octobre 2009 

 

Dans son dernier livre, Dépasser Darwin, Le professeur Didier Raoult, l'un des plus grands chercheurs français en microbiologie, explique pourquoi le darwinisme, érigé en dogme, est en train de voler en éclats. L'arbre darwinien n'existe pas. C'est un fantasme. L'idée du tronc commun avec les espèces qui divergent comme des branches est un non-sens.

 

Sans forcément sortir de la doxa, il reconnait, malgré tout, noir sur blanc, que L'arbre généalogique de l'espèce humaine est anti-darwinien.  

 

L'idée darwinienne que tout ce qui existe sert à quelque chose et que tout ce qui ne sert pas est éliminé ne tient pas. Contrairement à ce que pensait Darwin, la création ne s'est jamais figée. […] La révolution génomique a permis d'inverser cela. Quand vous découvrez, par exemple, que les virus géants sont constitués de gènes provenant à la fois d'animaux, de plantes, de bactéries et d'autres virus géants, vous pulvérisez la notion d'ancêtre commun chère à Darwin. Depuis une dizaine d'années, la recherche fondée sur l'hypothèse perd du terrain. Et, contrairement à ce que l'on peut entendre ici ou là, la science est redevenue productive. Si l'on part du principe qu'une théorie établie ne peut jamais se révéler fausse, c'est qu'elle relève de la croyance. Ce que disait Lacan en substance : si vous pensez avoir compris, c'est que vous avez tort. C'est le cas du darwinisme.

 

Le darwinisme a cessé d'être une théorie scientifique quand on a fait de Darwin un dieu. En introduisant après Lamarck la notion d'évolution, Darwin est venu chambouler la conception figée des créationnistes, qui pensaient que le monde était stable depuis sa création. Mais, dès lors, il est devenu l'objet d'un double mythe. Le mythe du diabolique pour les créationnistes, ceux qui pensent que tout s'est créé en une semaine, et le mythe des scientistes, qui font de "l'origine des espèces" le nouvel Évangile.

 

Toutes les théories scientifiques sont faites pour être dépassées un jour, d'autant que la science avance de plus en plus vite. Il y a quinze ans, on connaissait 2 000 espèces de bactéries. Aujourd'hui, nous en avons identifié plus de 10 000. Demain, nous nous attendons à en distinguer au moins 150 000...[3]

 

Par : Karim Zentici

http://mizab.over-blog.com/

 

 

[1] Biochimiste, Jean-François Moreel est l’auteur de deux ouvrages sur la question, démystifier le darwinisme présente un enjeu de taille : libérer les scientifiques de cette idéologie pour reconquérir leur liberté de penser. Docteur en biologie moléculaire et cellulaire du développement, J.F. Moreel est aujourd'hui directeur scientifique d'un laboratoire de recherche privé en biologie moléculaire et génomique appliquée. Il a publié en 2007 Darwinisme le grand mensonge et Le Darwinisme envers d'une théorie (éd. François-Xavier de Guibert) dans lesquels il montre une réalité des connaissances ; très éloignée du mythe officiel. 

[2] Jean-Paul II, Discours devant l'assemblée plénière de l'Académie pontificale des sciences, 31 octobre 1992. 

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