Les points communs entre les traditionalistes et les murjiya el fuqaha
- Les actes sont obligatoires ; celui qui les délaisse (tark) et celui qui commet les interdits est condamnable et mérite le châtiment.
- La parole verbale est primordiale dans la foi, celui qui ne la prononce pas tout en étant capable de le faire est un kâfir.
- Iblis et Pharaon sont des mécréants, bien que leur cœur renferme le tasdîq ; celui qui insulte Allah (I) et le Messager (r) est un kâfir zhâhiran wa bâtinan (intérieurement et extérieurement).
- Les auteurs des grands péchés sont condamnables et méritent le châtiment. Certains d’entre eux n’entreront pas en Enfer, et les autres, malgré qu’ils y entreront, ils en sortiront grâce à l’intercession (shafâ’a).
Les points de différence entre les traditionalistes et les murjiya el fuqaha
- Ils pensent que la foi est une seule unité indivisible qui n’admet aucune subdivision, et qu’il n’existe aucune hiérarchie entre ses adeptes.
- Ils confinent la foi dans tasdîq el qalb et qawl e-lisân.
- Ils sortent les actes du cœur de la définition de la foi.
- Ils sortent les actes extérieurs de la définition de la foi.
- Pour eux, la foi ne peut monter ni descendre.
- Ils interdisent de dire je suis croyant in shâ Allah (el istithnâ).
- L’auteur d’un grand péché est un croyant ayant une foi parfaite.
- Ils pensent que les murjites sont ceux qui n’imposent pas de faire les obligations ni de s’éloigner des interdictions.
Ainsi, il devient plus facile de percevoir où règne la différence entre les traditionalistes et les murjiya el fugaha. Quand les savants disent que les divergences sont plus sur la forme que sur le fond, ils font allusion aux quatre points cités plus haut. Nous pouvons ajouter ici, que la divergence est aussi exclusivement formelle dans la situation où la personne reconnait que la foi qui se trouve dans le cœur réclame de s’exprimer extérieurement par la parole et les actes ; et qu’ensuite, elle conteste que les actes fassent partie intégrante de la foi, en disant qu’ils sont l’implication et la « concrétisation » de ce qu’il y a dans le cœur ; avec elle, la divergence porte entièrement sur la forme.[1]
Le problème, c’est de dire qu’il est possible d’avoir la foi réclamée dans le cœur (el imân el wâjib) sans effectuer la moindre obligation extérieure. C’est exactement la tendance des murjites que les anciens ont condamnée avec force.
[1] Majmû el fatâwa (7/575-576).