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8 novembre 2020 7 08 /11 /novembre /2020 14:38

Avec Biden à la présidence, il faudra attendre son investiture pour l'avènement d'un nouveau vaccin afin de lui en attribuer tous les mérites !

La politique du chaos qui a connu une trêve sous Trump au Moyen-Orient, va repartir de plus belle avec certainement des nouvelles vagues d'attentats un peu partout dans le monde.

Le départ de Trump fragilise l'Arabie, et comme le prophétise Attali, est une époque intermédiaire ou les USA deviendra une super-République ayant renoncé à l'impérialisme ; en 2060 sera mis en place le fameux NOM.

La fin de l'empire US est acté pour 2030.

Trump n'était qu'une bouée provisoire, un sursaut d'orgueil, un espoir illusoire pour les nostalgiques, les saoudiens ont misé sur la mauvaise pièce en terme de géopolitique.

C'est la fin du dollar et du plan Marshall (initié par les accords de Bretton Woods) ; on va passer à la solution anglaise avec le Bancor qui avait été prôné en 1945, mais qui avait été sacrifié en faveur de l'étalon dollar/pétrole. L'Alien abandonne sa carapace américaine pour mieux grandir, étant donné que les frontières  font obstacles à son projet messianique.

Sous Biden, il faudra s'attendre à une nouvelle vague d'attentats islamistes sous faux drapeaux.

En France, Marion Maréchal sera propulsé au pouvoir sous l'étiquette de la populiste nouvelle Jeanne d'Arc qui arborera l'étendard de la chasse aux sarrasins, mais qui, en réalité, accélèrera et accompagnera l'effondrement : la propagande a déjà commencé son tintamarre :

https://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=48789.html

Il serait intéressant de décrypter ce film, et si le choix de l'élite financière ne s'arrête pas sur Marion, il se tournera vers une autre candidate à la fleur de l'âge, mais qui, à présent, est inconnue au bataillon.
 

 

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25 avril 2020 6 25 /04 /avril /2020 21:11

Le contrat social 3/3

 

Extrait du Traité de l’amour révérenciel d’ibn Taïmiya.

 

Ainsi, toutes les affaires humaines sont tributaires d’un pacte d’entraide quitte, parfois, à mentir sur Dieu en toute ignorance ou à Lui associer des rivaux dans l’exercice du culte. La débauche accompagne également l’exécution de ces entreprises solidaires. C’est en toute logique que la santé religieuse du groupe est entretenue par l’effort collectif de faire régner le bien et d’éradiquer le mal avec l’objectif d’accomplir la Volonté d’Allah. La solidarité est aussi salvatrice pour l’épanouissement de la foi qu’elle ne l’est pour les affaires temporelles de la société.

 

La survie d’un clan repose sur ce postulat anthropologique. La voie des armes est inévitable pour repousser un ennemi menaçant. Cette alternative prend une dimension transcendante lorsque l’objectif est de faire régner la Parole de Dieu sur toute la terre avec la volonté d’élever la condition humaine vers les hauteurs de la vertu.  Le saint Coran nous dicte la voie à suivre : (Combattez-les afin d’endiguer la tentation, et de faire triompher partout la religion d’Allah, mais s’ils renoncent à leur iniquité, alors Dieu est parfaitement au courant de leurs faits et gestes).[1] Une lutte perpétuelle s’engage entre les alliés d’Allah, les élus, et Ses ennemis, les méchants qui se liguent contre la vérité : (Puis, Nous t’avons prescrit une loi qui procède de Notre Ordre, alors applique-toi à la suivre, et tiens-toi éloigner des passions de ceux qui ne savent pas • Car ils ne te seront d’aucun secours contre Dieu, et si les injustes sont alliés les uns les autres, Dieu est l’allié des croyants craignant Dieu).[2] L’émancipation du croyant tient sur l’ambition d’aligner sa volonté sur celle de Son Seigneur et d’intégrer le camp de Ses alliés pour terrasser Ses ennemis qu’il va déterminer à l’aune du principe de l'amour et la haine en Dieu.

 

Il va aimer les alliés auxquels il se rattache et détester ses ennemis auxquels il déclare son animosité en se démarquant d’eux, mais aussi en se séparant de leur groupe. La tache du croyant consiste à dissocier les deux camps : (Vous n’avez d’autres alliés que Dieu et Son Messager autour duquel sont confédérés les croyants qui observent la prière, s'acquittent de l'Aumône légale, et qui se courbent devant Dieu).[3]

La haine et l'animosité sont déclarées entre les musulmans et leurs ennemis : (Vous croyants, ne prenez pas pour alliés les juifs et les chrétiens qui se liguent les uns les autres pour défendre leur cause, alors qui parmi vous sympathise avec eux subira le même sort, car jamais Allah ne guidera les méchants sur le droit chemin).[4] L’accent est mis ici sur la trahison des hypocrites qui pactisent avec l’ennemi. Le vocable « alliés » a donc une forte connotation avec l’idée de prêter main forte et de venir en renfort.

 

Or, la solidarité communautaire n’a pas pour critère, en Islam, la simple appartenance à une lignée, une même terre, une confrérie identique, une éthique, une amitié ou une affinité commune. Les mérites de chacun sont plutôt proportionnels à son investissement vis-à-vis des commandements d’Allah et de Son Messager. Ces commandements interdisent strictement de rallier la cause des mécréants avec lesquels Dieu a coupé tous les liens. La Religion d'Allah incarne le droit chemin sur lequel cheminent les élus : [Par son obéissance à Allah et à Son Messager, on intègre le cercle des élites touchés par la Grâce d’Allah tels que les prophètes, les véridiques, les martyrs, et les vertueux, avec lesquels on partage pour toujours le meilleur entourage].[5]  

 

Le Seigneur a envoyé aux hommes des Messagers porteurs des preuves éclatantes issues de la Révélation et de la Balance de toute chose afin que règne la justice. Il incombe au croyant de s’enquérir de cette fameuse justice qui désigne le droit chemin, et de la mettre en pratique afin d’échapper aux deux fléaux que sont l'ignorance et l'injustice. Ces deux fléaux engendrent, nous l’avons vu, l’hérésie en matière spirituelle et des délits en tout genre en matière civile si tant est que la confusion règne pour y distinguer le vrai du faux. De fil en aiguille, on ne discerne plus la part légitime des manœuvres frauduleuses qui contaminent leurs ententes. La vérité se perd au milieu des irrégularités si bien qu’un même individu accuse à la fois de bonnes et de mauvaises actions. Deux réactions extrêmes naissent de cet amalgame : il y a ceux qui renoncent carrément à la participation à la vie active pour éviter de sombrer dans la faute et ceux qui mordent dans la vie à pleines dents sous prétexte que le bien émerge au milieu des immondices.

 

Nous avons évoqué à maintes reprises cette règle qui porte sur la double dimension caractérisant un individu tiraillé entre le bien et le mal, entre la récompense et le châtiment. Les traditionalistes de tout bord s’accordent sur ce principe, à l’inverse d’un côté des kharijites qui mettent l’accent sur la menace divine et le courroux du ciel au même titre que les mutazilites, et de l’autre côté de la grande majorité des murdjites qui s’attardent sur la promesse divine et la miséricorde du ciel porteuse d’espoir. Ces deux orientations antagonistes partent du même postulat pour arriver à des conclusions opposées. Ces hérésies s’imaginent mal qu’une même personne vacille à la fois entre la punition et la récompense. À leurs yeux, on est soit entièrement louable soit entièrement condamnable. Il n’y aurait donc pas, selon cette conception, de niveau intermédiaire. Nous avons déjà fait la démonstration de l’impertinence de ce crédo en s’aidant de multiples preuves inspirées du Livre d’Allah, de la Tradition prophétique, et du consensus de la communauté. Nous avons aussi explicité les questions traitant d’une action particulière sous deux angles ; du point de vue de la nature de l’action et du point de vue de son auteur. Le but ici, est de montrer que le bien et le mal s’enchevêtrent chez une seule personne.

 

En réaction à cette dégradation des mœurs, un troisième type d’individus, qui va se détourner et du bien et du mal, émergera. Là aussi leur cas est mitigé. Si les membres du second ensemble sont à la fois blâmables pour avoir commis des péchés et louables pour avoir fait le bien, ceux de ce dernier ensemble sont aussi condamnables pour avoir renoncer à leurs devoirs, mais leur faute est relativement rattrapée grâce à leur détermination à renoncer aux péchés. La raison de ces diverses réactions est à chercher du côté de la nature même de l’homme qui est intrinsèquement ignorant et enclin vers l'injustice. Il est guidé dans ses choix par l’ascendant qui le domine et qu’il utilise indifféremment à bon et à mauvais escient, sans se soucier des limites imposées par le Tout-Puissant. Nous voyons là tout l’intérêt, pour atteindre l’équilibre, de se conformer à ces fameuses limites.

Par exemple : l’ascendance vers les sentiments de compassion tels que la bonté, la gentillesse, et la douceur va déteindre sur le philanthrope qui exploite généreusement ses atouts (rang, fonction, richesse) au service de la bonne cause et de son dévouement envers ceux pour qui il éprouve une affinité transcendante (Dieu, le Prophète, et les croyants). Sauf que, rattrapé par ses démons, il dépense sans compter pour satisfaire une cupide attraction vers la débauche. Sa prodigalité, qui revêt un double tranchant, génère, à la faveur de cette dualité, des réactions paradoxales. 

 

Autre exemple : la force de caractère fait éventuellement rempart aux bas instincts provoquant la répulsion. Cette même qualité va déteindre sur le misanthrope qui prodigue mansuétude et indulgence avec une extrême parcimonie. Il renonce simultanément à faire le bien et le mal, et, par voie de conséquence, il ne contribue ni à l’un ni à l’autre.

 

Ainsi, l’âme encline au mal, est déchirée entre l’influence du Démon qui, au gré d’un cercle infernal, l’entraine dans le vice sous le couvert de la vertu, et entre l’apport du Savoir qui, au gré d’un cercle vertueux, lui fait gravir les échelons de la piété. Or, pour le cas qui nous intéresse ici, le statu quo est maintenu entre une faible ferveur religieuse et une faible attirance pour le péché. 

 

Tout ceci pour dire que l'Homme est animé par deux forces antagonistes : une force positive et une force négative, toutes deux conçues au service du bien et de la vérité. Celles-ci impulsent de l’attraction pour tout ce qui plait à Dieu et de la répulsion pour tout ce qui lui déplait. Elles renvoient par un effet de réciprocité, les sentiments positifs ou négatifs qui sont affectés à l’égard de l’être qui les anime. Les idoles exercent occasionnellement un pouvoir d’attraction sur les âmes en mal de spiritualité. L’emprise de la force positive qui agit en osmose avec la nature originelle de l’homme oriente vers la vertu, sinon, elle se met au service du mal en vue d’alimenter les bas instincts. Cette emprise malsaine submerge les mystiques qui éprouvent des sentiments mitigés à l’égard des belles voix et de la beauté physique, si tant est qu’ils ne sont plus capables de retrouver la part réelle d’amour révérenciel qu’ils accordent à Leur Créateur, car perdu au milieu d’un amas de pensées malsaines.

 

Les passions gloutonnes et du bas-ventre obéissent à cette même logique perverse par laquelle on investit tous les moyens possibles pour les assouvir, même si, au même moment, on éprouve de la considération pour les gens bien à la faveur de cet amour révérenciel enfoui à l’intérieur du cœur. Dieu y reste présent malgré tous les parasites l’ayant gravement détérioré. Force est de constater que cette catégorie de pécheurs est plus méritoire qu’un grand nombre de mystiques dont la flamme de la foi s’est depuis longtemps éteinte. Preuve en est de Himâr, un médinois de la première heure, qui fut reconnu coupable de consommation de boisson enivrante. La peine prévue pour pareil crime lui fut infligée à plusieurs reprises, nous disent plusieurs recueils de référence dont sahîh el Bukhârî. Un jour qu’il récidiva encore, comme à l’accoutumée, l’Élu (r) le condamna au « fouet », sauf qu’exaspérée, une voix zélée s’éleva au milieu de l’assemblée pour l’invectiver : « Maudit soit-il, il n’arrêtera donc jamais !

  • Ne le maudis pas, rectifia l’Élu (r), car il aime Allah et Son Messager. »

                           

Par : Karim Zentici

http://mizab.over-blog.com/

 

[1] Le butin ; 39

[2] La nation agenouillée ; 18-19

[3] Le repas céleste ; 55

[4] Le repas céleste ; 51

[5] Les femmes ; 69

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24 avril 2020 5 24 /04 /avril /2020 18:45

Le contrat social 2/3

 

Extrait du Traité de l’amour révérenciel d’ibn Taïmiya.

 

Dans ce registre, nous avons une variété d'alliances contractées ou non sur la base de l’amitié ou de la fidélité envers les rois, les chefs, et les maitres, mais aussi au nom d’une corporation comme celles en vogue chez les conscrits, les soldats de métier, etc. Ces alliances sont universellement pratiquées par les hommes. Il n’est donc pas rare de les trouver, bien qu’involontairement, en accord avec la Volonté d’Allah. L’Élu (r) lui-même fut témoin de ce phénomène anthropologique : « Plus jeune, j'ai assisté en compagnie de mes oncles maternels à l’intérieur de la maison d'Abd Allah ibn Jud’ân à une alliance que je n’aurais voulu rompre pour rien au monde, même pour le plus beau des chameaux roux (qui constituait à l’époque la richesse la plus prisée, ndt.). Si on m’y invitait aujourd’hui, j’y apposerais mon accord sur le champ ! »[1]

Une autre narration, rapporté par Muslim via Jubaïr ibn Mut'im relate les propos du Prophète (r) : « L’Islam, qui valide avec plus d’entrain l’exercice de la bienfaisance, ne reconnait pas les alliances qui avait cours à l’époque du paganisme. »[2]

 

Le Bien-aimé fait allusion à « l’alliance des parfumés » (hilf el mutaïyibîn). Celle-ci faisait suite aux mauvais traitements dont étaient victimes les voyageurs lors de leur séjour dans la Ville sainte. Forts de leurs privilèges, plusieurs notables mecquois se rendaient coupables, à leur encontre, d’exactions qui restaient le plus souvent impunies. Les plaintes incessantes qui parvenaient aux oreilles des habitants des lieux n’y changeaient rien. Un jour, face à cette inaction, un étranger exprima son amertume et son désarroi qu’il enregistra dans ces deux vers :

 

Ô mecquois, à l’aide ! On m’a ici dépouillé

Au sein du sanctuaire près du Coin et la Pierre ![3]

 

La demeure d'Abd Allah ibn Jud'ân, un éminent citoyen des Lieux saints, fut choisie par les notables Qorayshites pour mettre un terme à ces agressions répétées.

 

Sur place, une alliance de solidarité fut décidée en vue de rendre justice aux opprimés. Pour parapher cette alliance, les membres présents posèrent leurs mains sur un plat où se trouvait du parfum. Cet accord fut baptisé « l’alliance des parfumés » en référence à cette anecdote. Depuis l’avènement de la Législation du sceau des prophètes qui veille au bien-être matériel et spirituel des individus et des sociétés, ces chartes de solidarité n’ont plus lieu d’être. Désormais, l’Islam prend en charge les victimes d’injustice avec un soin qui va au-delà des dispositions déjà existantes. 

 

La Loi islamique constitue la référence en matière d’alliance, de solidarité, d’aide aux démunis et aux opprimés. Le Coran rend hommage aux élus d’Allah qui sont à cheval sur ces principes moraux qu’ils érigent au rang d’éthique et de code d’honneur : (Vous croyants, Dieu prévient ceux au sein des vôtres qui s’avisent de renoncer à leur foi qu’Il les remplacera bientôt par des serviteurs qu’Il aime et qui L’aiment ; humbles envers les croyants et fiers envers les infidèles, ils serviront par les armes la cause de Dieu en faisant fi des critiques ; Dieu étend sur les créatures de Son choix Sa grâce incommensurable en vertu de Son Savoir infini).[4] C'est sur cette base que le fidèle fait allégeance aux responsables de l’autorité temporelle et spirituelle. Le second Khalife, Abû Bakr le Véridique, montra la voie à l’occasion d’un sermon qu’il donna devant ses sujets : « Accordez-moi votre obéissance aussi longtemps que je suis fidèle à Dieu et à Son messager. Mais, dès lors que je trahis cet engagement, vous n’êtes plus tenus de m’obéir. » Les textes scripturaires nous orientent vers cette ligne de conduite à l’endroit de l’autorité en place, comme en témoignent ces trois narrations :

 

1°) « Chaque musulman a le devoir d'écouter et d'obéir à son émir aussi bien dans l’aisance que dans la difficulté, que ce soit de son plein gré ou à contre cœur, tant qu’il ne lui est pas demandé de désobéir à Dieu. Auquel cas, il n’est tenu ni d’écouter ni d’obéir. »[5]

2°) « Le pacte d’obéissance est valable uniquement dans les limites du convenable. »[6]

3°) « Une créature qui réclame de désobéir au Créateur ne mérite pas qu’on lui obéisse. »[7]

 

D’après le recueil e-sahîh d’el Bukhârî, 'Abd Allah ibn 'Omar fit remettre par écrit son pacte d'allégeance à 'Abd el Mâlik ibn Marwân, l’année où ce dernier prit les rênes de l’Empire. Voici la teneur de sa missive : « À l’adresse d'Abd El Mâlik, le gouverneur suprême des musulmans. Je te témoigne ma fidélité et ma soumission, autant que faire se peut, en vertu de l’usage initié par la Loi céleste et la Tradition prophétique. Et, je garantis la fidélité de mes enfants à cet engagement. »[8]

 

Le fils du second Khalife témoigna son obédience au souverain de l’époque, en accord avec la Volonté du Législateur, sous réserve de ne pas désobéir à Dieu et dans les limites de ses capacités. Il remplit par cette démarche son devoir de citoyen. Ce pacte d’allégeance emboite le pas aux Auxiliaires médinois qui, à la suite de leur conversion, jurèrent assistance au fondateur de la Nation naissante. El Hudaïbiya fut également le théâtre d’une alliance à la vie à la mort des compagnons de voyage du meilleur des hommes (r). À chaque fois, le contrat était conditionné par cette clause : « … dans la limite de mes capacités. »[9]

 

L’obéissance au Prophète, qui participe à l’alliance avec le Seigneur de l’Univers, est un devoir qui incombe à tous : (Et souviens-toi du ferme engagement que le Seigneur prit de la part de Ses prophètes : quelle que soit la force d’autorité conférée aux Écritures et à la Sagesse que Je vous ai révélée, le jour où un Prophète viendra les corroborer, vous ajouterez foi à son ministère et vous défendrez pleinement sa cause. À la suite de quoi, Dieu leur somma de ratifier verbalement cet accord : vous donnez votre accord par la force de notre alliance indénouable, n’est-ce pas ? Oui, nous le donnons, ratifièrent-ils. Alors, conclut le Seigneur, prenez acte de votre témoignage, et Je serais là pour le valider et vous le rappeler).[10]

 

Cette alliance céleste était respectée à la lettre sous l’ère des quatre Khalifes. Par la suite, avec l’agrandissement des frontières de l’Empire, elle commença progressivement à perdre de l’ampleur. Bientôt entrèrent en compétition des conventions humaines qui, sans la déloger, s’inscrivaient occasionnellement en porte à faux avec elle. Bien sûr, les différentes clauses auxquelles portaient ces conventions qui ne dérogeaient pas aux textes scripturaires, étaient frappées du sceau de la légalité. Les autres n’avaient aucune légitimité en regard des prescriptions prophétiques jugées authentiques par les spécialistes : « Comment des gens osent-ils imposer des conditions dont le Livre d’Allah ne fait pas mention ? Celles-ci sont nulles et non avenue, quand bien même elles seraient évaluées à cent. Elles ne font aucun poids devant le Livre d’Allah dont les conditions sont infaillibles. »[11]

« Il incombe de s’acquitter de tout serment qui porte sur l’obéissance à Dieu, à l’inverse de celui qui l’enfreint, et qui ne mérite aucune attention. »[12]

Le recueil e-sunan relate l’injonction du Prophète (r) : « Les musulmans sont tenus de respecter les conditions auxquelles ils s’astreignent à part celles qui enfreignent une interdiction ou qui interdisent un acte licite. »[13]

 

Ces conventions humaines n’ont pas pour vocation d’infléchir les prescriptions temporelles et spirituelles qui ornent la Législation islamique et qui mènent à la félicité. Le Coran et la sunna sont les seules sources scripturaires frappés du sceau de la légitimité. Allah est le Législateur absolu. Et les lois positives, reléguées à un rôle subalterne, n’ont pas autorité pour rivaliser avec Lui sans le moindre accord venant de Lui. Malheureusement, l’hérésie infiltrée dans les rangs des musulmans tient tête à la Loi canonique. Les hérétiques arrivent souvent à rallier des adeptes à leur cause. Ces sectes constituées vont s’organiser autour de préceptes qui se substituent à la Révélation fixant les frontières de l’orthodoxie au-delà desquelles évoluent l’innovation et ses défenseurs.

 

Le mélange du vrai et du faux alimentent bien trop souvent les relations des fidèles surtout que le faux à l’état pur n’a pas sa place au milieu d’eux. C’est à la faveur de cette confusion des valeurs que fleurit l’innovation gangrénant la communauté. Ces mêmes symptômes avaient dévasté de long en large le patrimoine juif et chrétien au point de l’égarer littéralement de la voie du Très-Haut. Nous avons là une constante chez les communautés égarées qui travestissent les commandements divins au gré des passions pour construire une nouvelle religion sur mesure, et codifiée, au nom de la réforme, à coups d’hérésies avec l’aval complice de leurs conciles et de leurs règlements.

 

Selon la règle, tout ce qui touche au profane est tolérée en dehors de ce que les textes interdisent, et tout ce qui touche au religieux est interdit en dehors de ce que les textes autorisent. La place du Législateur pour déterminer les interdits dans le domaine temporel est aussi importante que celle qu’Il occupe pour légiférer les rites. À partir de ce postulat, les parties d’un accord bénéficient d’une liberté de manœuvre qui sera délimitée, malgré tout, par les clauses qu’ils édictent en concertation, et qu’elles sont tenus de respecter au risque d’empiéter sur les droits des autres contractants, avec pour devise : « Les musulmans sont tenus de respecter les conditions auxquelles ils s’astreignent à part celles qui enfreignent une interdiction ou qui interdisent un acte licite. »

 

Nombreux sont les légistes qui, en matière de droit civil, ont la vilaine manie de durcir les conditions de validité des contrats ou de carrément les prohiber au moment où les mystiques innovent, en matière de rituel, des pratiques qu’ils astreignent à leurs adeptes voués à une obéissance inconditionnelle en vertu d’un engagement solennel. Ces hérésies, qui débouchent quasi systématiquement sur le culte des saints et des mausolées, condamnent l’initié à suivre un seul maitre sans jamais se départir de son autorité au profit des autres opinions existantes quand bien même celles-ci seraient bien plus légitimes. 

 

L’engagement aveugle envers une confrérie ou une école entraine le disciple à dériver dans des zones éloignées de la norme orthodoxe qu’il sacrifie sur l’autel du sectarisme au nom de la ferveur religieuse. Les maitres, qui n’échappent pas à ce fléau, mettent un point d’honneur à dicter coûte que coûte les modalités de leurs serments d’allégeance quitte à contredire ouvertement les Enseignements divins. Pour donner du crédit à leur initiative, ils donnent l’impression que leurs avis hétérodoxes, un amas de conjectures animés par les mauvaises pulsions, sont le fruit d’une longue quête. Ils paient cher Le prix de leur fanatisme, car ils vont sciemment à l’encontre de la vérité.

 

Or, le Coran est la norme formelle pour régler les questions claires sujettes à divergence. Quand elles le sont moins, il n’y a aucun mal à engager un effort d’interprétation en accord avec les Textes. Si le résultat appartient à Allah, qui n’impose rien aux hommes qui ne soit au-dessus de leurs forces, l’essentiel est d’aller au bout de ses capacités. Le commun des musulmans se contentent, pour sa part, de se renseigner auprès des personnes compétentes qui vont leur fournir des fatwas afin de résoudre leurs affaires. Là aussi, la responsabilité n’incombe que dans la limite des moyens.

 

À suivre…

                     

Par : Karim Zentici

http://mizab.over-blog.com/

 

[1] Rapporté par Ibn Hibbân, el Bukhârî dans el Adab el mufrad, el Hâkim, avec une chaine narrative jugée fiable.

[2] Rapporté par Muslim, Abû Dâwûd, e-Nasâî, Ahmed, e-Tahâwî, e-Tabarânî,  

[3] « près du Coin et la Pierre » est la distance qui sépare le coin yéménite (angle sud-ouest) du coin où se situe la Pierre noire (angle sud-est). N. du T.

[4] Le repas céleste ; 54

[5] Rapporté par el Bukhârî, Muslim, e-Nasâî, Mâlik, ibn Hibbân, el Baïhaqî, etc.

[6] Rapporté par el Bukhârî, Muslim, Abû Dâwûd, e-Nasâî, Ahmed, Ibn Hibbân.

[7] Une autre version précise : « On n’est pas tenu d’obéir à être humain qui réclame de désobéir à Allah (U). » Celle-ci est rapportée par Abû Ya'lâ, Ibn Hibbân avec une chaine narrative dont les rapporteurs sont fiables.

[8] Cette anecdote est rapportée par el Bukhârî.

[9] Rapporté par el Bukhârî, Muslim, e-Tirmidhî, e-Nasâî, Abû Dâwûd.

[10] La famille d'Imrân ; 81

[11] Extrait d'un long hadîth rapporté par el Bukhârî, Muslim, Abû Dâwûd, e-Tirmidhî, e-Nasâî, ibn Mâdja, Ahmed, Ibn Hibbân, et el Baïhaqî.  

[12] Rapporté par el Bukhârî, Abû Dâwûd, e-Tirmidhî, e-Nasâî, ibn Mâdja, Ahmed, Mâlik, e-Dârimî, ibn Hibbân, el Baïhaqî, el Baghawî.  

[13] Rapporté par Abû Dâwûd, el Hâkim, Ibn Hibbân, el Baïhaqî. Ibn Hadjar a dit de ce hadîth : « La version qui remonta à 'Omar est plus notoire. » Il est rapporté aussi par e-Tirmidhî, ibn Mâdja, et el Hâkim avec une chaine narrative qui intègre le rapporteur faible Kathîr ibn 'Abd Allah.

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23 avril 2020 4 23 /04 /avril /2020 16:27

Le contrat social 1/3

 

« [Les Rois atlantes] restèrent dociles à la voix de leurs lois et gardèrent de bonnes dispositions à l’égard du principe divin auquel ils étaient apparentés. Leurs façons de penser étaient pleines de vérité et de grandeur, à tous égards ; ils se comportaient avec une mansuétude accompagnée de modération aussi bien à l’égard des constantes vicissitudes de l’existence que les uns à l’égard des autres. Aussi, dédaignant toutes choses à l’exception de la vertu, faisaient-ils peu de cas de leur prospérité et supportaient-ils à la façon d’un fardeau léger la masse de leur or et de leurs autres biens. […]

Mais, quand l’élément divin vint à s’étioler en eux, parce que cet élément avait été abondamment mélangé et souvent avec l’élément mortel, et quand le caractère humain vint à prédominer, alors, désormais impuissants à supporter le poids de la prospérité qui était la leur, ils tombèrent dans l’inconvenance, et, aux yeux de celui qui fait preuve de discernement, ils apparurent moralement laids, parce qu’ils avaient laissé se corrompre les biens les plus beaux qui viennent de ce qu’il y a de plus noble, tandis qu’aux yeux qui n’arrivent pas à discerner quel genre de vie correspond véritablement au bonheur, ils parurent à ce moment-là être parfaitement beaux et heureux, alors qu’ils étaient remplis d’injuste cupidité et d’excès. »

Platon.

 

Extrait du Traité de l’amour révérenciel d’ibn Taïmiya.

 

Le maintien de l’espèce humaine est tributaire d’un pacte collectif qui gère les intérêts pérennes de chaque groupe et qui tend d’un côté à acquérir, préserver et à optimiser les richesses, et, en parallèle, à prévoir, repousser et minimiser les dangers qui le guettent. Ces ententes mutuelles sont si importantes que la loyauté aux engagements, la condition sine qua non à leur bon déroulement, est érigée au statut de vertu universelle qui agrémente et consolide les rapports entre les membres du groupe, bien qu’elle ne soit pas respectée par tout le monde.

L’autre vertu universelle garantissant la sureté des échanges est la justice qui repose sur l’honnêteté. L’entraide et la solidarité vont couronner les termes de ce contrat qui dans les sociétés primitives et même encore aujourd’hui, nécessité oblige, reste le plus souvent tacite et même instinctive. Le besoin va renforcer les liens des membres d’un même clan liée par le sang et la proximité, ou, à une échelle plus vaste, les membres d’une société organisée en quête d’optimiser son confort de remédier à son inconfort et d’évacuer les dangers.

 

Cette commode association nait tantôt de la volonté des contractants et tantôt des circonstances exogènes à l’image des liens de sang que l’individu n’a pas choisi.  

Un Verset met en lumière ces deux types d’association : (Vous les hommes, craignez Dieu qui vous a créé à partir d’un seul être duquel Il a tiré son épouse, et qui a fait naitre de leur union une multitude d’hommes et de femmes ; Alors craignez Dieu au nom duquel vous concluez vos transactions, et vous préservez vos liens de sang).[1] La sourate les femmes d’où est extrait ce texte s’attarde sur l’organisation des contrats et la constitution de la famille pour, entre autre, définir l’héritage. Ailleurs, l’accent est mis sur les deux types de parenté qui compose une famille : (C’est lui qui, à partir de l’eau, a créé l'être humain à qui Il a offert une parenté par la chair et par l’alliance)[2] ; (Ceux qui sont fidèles au pacte qu’ils ont noué avec leur Seigneur sans jamais briser cette alliance • et ceux qui entretiennent les liens par lesquels ils sont tenus devant Dieu, animés par cette crainte révérencielle qu’Il inspire et la frayeur de comparaitre devant Lui avec de lourds comptes à leur passif)[3] ; (Allah ne rechigne nullement à construire une métaphore sur l’exemple d’un être le plus insignifiant à vos yeux, même un moustique. Les croyants savent très bien qu’il s’agit là d’une vérité émanant de Leur Seigneur, pendant que les incrédules se demandent : « Quel message Allah veut-il bien nous faire passer à travers cet exemple ? » ; Par cet exemple, Dieu désire seulement égarer un très grand nombre de mortels, avec la volonté en même temps d’en guider un très grand nombre, mais en définitive, Il ne fait qu’égarer les corrompus • Ceux-là même qui trahissent le pacte qu’ils avaient scellé avec Dieu, qui rompent les liens par lesquels ils sont tenus devant Lui, qui sèment le désordre sur terre, et qui courent ainsi à leur perdition).[4]

 

L’entraide est donc une composante anthropologique essentielle à la bonne santé du groupe. Si chacune des clauses de cette entente tacite ne va pas forcément déboucher sur une alliance, il n’en demeure pas moins que l’orientation générale va tendre vers la réalisation d’une défense commune qui, à la fois, protège les biens et repousse les velléités d’invasion d’un ennemi potentiel. Cette entente, qui a pour sous-bassement, le principe d’amour et de haine, va indubitablement générer un antagonisme qui oppose le camp ami formant les alliés au camp ennemi et belliqueux. C’est à partir de ce constat que les sociétés depuis l’Antiquité vantent les vertus de la générosité et du courage érigés au rang d’emblèmes. Le premier va servir à combler les besoins matériels et philanthropiques de la communauté, tandis que le second va solliciter, au besoin par les armes, la détermination de défendre les siens.

 

La générosité et le courage seront à la base de toutes les associations et les échanges que génère le groupe en son sein ou avec l’extérieur. Ces deux vertus seront chapeautées par l’esprit de justice qui va les réguler.    

 

Il devient clair que la solidarité s’inscrit au cœur de toute entreprise humaine que ce soit pour le meilleur ou pour le pire. La solidarité engendre automatiquement des alliances qui seront respectées par la force de l’autorité, et qui sont le fruit d’une volonté commune : (Alors craignez Dieu au nom duquel vous concluez vos transactions, et vous préservez vos liens de sang),[5] c-à-d que vous formulez des pactes et des alliances.

 

Il est élémentaire que la somme de la volonté et de la capacité soit à l’origine de tout mouvement. Il s’agit donc pour les diverses communautés d’harmoniser leur volonté avec leur capacité. La volonté et le volontariat impulsent cet élan de solidarité qui veille à la préservation du groupe. En même temps, des actions seront menées pour s’accaparer les richesses des groupes étrangers représentant une éventuelle menace. La force armée, garantissant la préservation du groupe, doit, au-delà de défendre ses terres, se donner les moyens de vaincre un ennemi sur ces propres terres.

 

Par ailleurs, l'acte de mariage, qui accorde le droit aux relations sexuelles, est le résultat d’une volonté réciproque, quand les deux contractants sont de condition libre (ou de même condition), ou unilatérale lorsque l’une de deux parties est soumise à l’état d'esclavage. Nous voyons bien que les alliances mutuelles qui visent à jouir ou à défendre des intérêts communs sont impulsées soit à l’initiative de toutes les parties concernées soit sous l'autorité d'un homme au pouvoir qui impose sa volonté.

 

Par conséquent, cette union est possible :

  • Primo, par l'intermédiaire d’un pacte de solidarité ;
  • Secundo, par l’intermédiaire d’un pacte d’obéissance qu'il soit légitime ou non.

 

L’obéissance légitime est dévolue aux Prophètes, par le pouvoir de la Révélation, aux responsables de l'autorité musulmane, et aux parents, etc. Et, les alliances mutuelles qui gèrent des intérêts communs, sous l’égide du principe de justice, ont pour vocation de contenter toutes les parties concernées.

L’obéissance illégitime, fait, elle, intervenir l’autorité d’un despote, voire d’une personnalité, à l’image d’un wali charlatan, faisant l’objet d’un encensement à outrance. Les pactes d’intérêts communs compensent obligatoirement l’absence d’une autorité coercitive et centralisée.

 

Ainsi, le « contrat social » qui administre un système théocratique reçoit ses prescriptions au niveau collectif et individuel directement de la Révélation, ou, dans une moindre mesure, des accords tacites qui engagent ses membres.

Exemples d’engagement personnel ou collectif : les vœux, les actes de négociations et d'échanges, les associations commerciales. Les sociétés où la souveraineté est confiée au divin fonctionnent exclusivement sur la Loi sacrée et les ententes inter-citoyens.

 

Les sociétés non théocratiques reposent sur deux systèmes de gouvernance. Celles-ci obéissent soit à des lois positives soit à une poignée d’oligarques au sein d’une élite intellectuelle, marchande, etc. Ces conventions sont nées de la nécessité de palier à l’absence de Loi céleste. En vue de maintenir une stabilité politique, elles vont élire, par voie de consentement collectif, des chefs qui prennent la direction de leurs affaires dans la situation où le pouvoir n’est pas arraché par un homme qui règne avec une main de fer. Ces conventions sont indispensables dans la gestion des sociétés païennes ou celles qui se sont émancipées de la Loi divine, mais aussi pour tous les domaines non prévus par le Législateur et qui sont laissés à l’initiative des dirigeants et des citoyens.

 

L’importance de ces conventions est plus prononcée lors des périodes où la lumière de la prophétie s’est estompée. Dès lors, l’autorité est confiée à un roi ou à un chef charismatique se référant aux conventions préétablies. Ce fonctionnement était en vogue chez les Arabes de la Péninsule de l'Ère préislamique. Les alliances tribales et le ralliement d’une tribu vassale à une tribu mère ou à une ligue de tribus adoptaient ce schéma.  

 

Le Seigneur révèle à ce titre : (Nous avons désigné pour chacun d’entre eux des ayant-droits qui bénéficieront de l’héritage légué par les parents géniteurs et les proches, et remettez leur part à ceux avec lesquels vous êtes liés par des pactes d’allégeance, et sachez que Dieu est le Témoin de toute chose)[6] ; (Allah ordonne la justice, la vertu, et la charité envers les proches, au moment où Il  interdit la turpitude, le vice, et l’injustice, alors prêtez l’oreille à Ses exhortations, ainsi serez-vous amenés à méditer • Soyez fidèles aux pactes que vous avez noués avec Dieu, et ne violez pas les serments pour lesquels vous l’avez pris en témoin en vertu d’un engagement solennel, car Il connait parfaitement tous vos faits et gestes • et ne soyez pas aussi frivoles qu’une couturière qui défait tout son travail minutieusement préparé, en changeant d’alliance sans vous donner la peine de respecter vos engagements sous prétexte d’avoir mis la main sur un allié plus puissant ; alors que la disparité de vos forces n’est qu’une épreuve que Dieu a placé sur votre chemin afin de vous confronter le jour de la Résurrection face à ce qui, sur terre, faisait l’objet de vos divergences).[7]

 

À suivre…

                     

Par : Karim Zentici

http://mizab.over-blog.com/

 

[1] Les femmes ; 1

[2] Le discernement ; 54

[3] Le tonnerre ; 20-21

[4] La vache ; 26-27

[5] Les femmes ; 1

[6] Les femmes ; 33

[7] Les abeilles ; 91-92

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21 décembre 2019 6 21 /12 /décembre /2019 13:07

La propagande jette son dévolu sur le Coran des origines 5/5

 

27- T. Altikulaç. Même si aucun pays musulman n’a jamais cherché à creuser pour le plus tôt (sic) manuscrits ou même de cataloguer tous ceux qu’il possédait - la quête de ces manuscrits et leur datation n’étant faits que par des érudits non musulmans, à l'exception des œuvres du turc T. Altikulaç, nous possédons aujourd'hui de nombreux manuscrits qui ont été datés de manière concluante au premier siècle de l’Hégire.

 

28- L’orientaliste italien Sergio Noja Noseda, avec F. Déroche, a étudié la manuscrits scriptijāzī du Coran, écrits sur parchemin, appartenant au premier siècle de l’Hégire, et il a conclu que près de quatre-vingt-trois pour cent du texte coranique est disponible dans ces manuscrits.

 

29, 30- ʿ Abdullah David et MSM Saifullah, Liste concise des manuscrits arabes du Coran attribuable au premier siècle de l'hégire.[1]

 (Article du 6/2/2012) ces deux érudits n’ont pas inclus dans leur étude le texte coranique écrit en papyrus, ni les parchemins ḥijāzī de Sanaa, ni ceux écrits en kufique scénario. Ces premiers manuscrits ont confirmé que le texte coranique n’était pas affecté par un schisme religieux précoce, des événements politiques, ou nouvellement absorbé des cultures. C'est le même texte tout au long du premier siècle de l'hégire. Les manuscrits du Coran réunis au XXe siècle réfutent les affirmations des missionnaires selon lesquelles les manuscrits témoignent de la corruption du texte.

 

31- Patricia Crone, une fervente partisane de la thèse hypercritique qui, contre toute attente, a cité la datation au radiocarbone d'un premier manuscrit coranique comme étant la raison majeure pour laquelle elle revoit son point de vue sur la compilation et la transmission du Coran, affirmant qu'il ne peut y avoir aucun doute qu'Uthman a convoqué un comité pour produire un texte normalisé, exactement ce que dit la tradition.[2]

 

32- Dr. Joseph E. B. Lumbard. Sur l’état actuel de la recherche à propos des manuscrits qûraniques, citons également le Dr. Joseph E. B. Lumbard qui est docteur en études islamiques et diplômé de l’université de Yale aux États-Unis.

 

Il a enseigné la littérature arabe à l’université américaine du Caire en Egypte et l’Islam classique à la Brandeis University aux États-Unis, et a également exercé sa profession de chercheur et d’enseignant à l’American University of Sharjah. Ses domaines de recherche et de spécialités englobent les études qûraniques, l’histoire civilisationnelle de l’Islam, le sûfisme (tasawwûf, appelé aussi parfois «mysticisme musulman»), la philosophie islamique, le hadith/tradition prophétique, et le dialogue inter-religieux.

 

Dans une interview (en anglais) traduite en français sous le titre « Question contemporaine : Le Qur’ân original est-il préservé ? »[3] le Dr. Joseph Lumbard réfutait les thèses orientalistes qui parlaient d’une élaboration tardive et progressive du Qur’ân s’étendant sur 200 ans, et il montrait que les adeptes d’une telle thèse n’avaient pas étudié l’ensemble des manuscrits qûraniques, qui dans leur ensemble, valident bien le point de vue musulman sur l’existence complète du Qur’ân actuel à l’époque des premières décennies de l’Hégire.

Il affirme en effet : « Étant donné que de plus en plus de manuscrits sont devenus disponibles, nous sommes capables de confirmer avec une précision de plus en plus grande, scientifiquement, et aussi empiriquement que possible, que l’histoire que les musulmans (orthodoxes) ont à propos de la compilation du Qur’ân est, pour la plus grande partie, exacte.

Comme l’a dit Carl Ernest (spécialiste américain en études islamiques et docteur en religions comparées), c’est une meilleure explication des données disponibles que nous avons que n’importe quelle autre théorie proposée par qui que ce soit ».

 

33- Emilio G. Platti. Le Professeur émérite de l’Université catholique de Louvain, Emilio G. Platti a dit : « Suite à la découverte de manuscrits extrêmement anciens du Coran, et à la datation au carbone 14 des folios de Birmingham entre 568 et 645 (soit entre 56 avant l’hégire et 25 après), les chercheurs dans leur majorité refusent aujourd’hui les datations tardives des manuscrits coraniques les plus anciens proposées par exemple par John Wansbrough dans son livre intitulé Quranic studies (Oxford University Press, 1977).

Patricia Crone et Michael Cook avaient eux aussi suggéré qu’il n’existait aucune indication de l’existence de corans avant la fin du 1er/7e siècle (Hagarism, Cambridge University Press, 1977).

Il semblerait aujourd’hui qu’une meilleure datation serait plus proche du milieu du 1er/7e siècle, voire même avant cette date ».[4]

 

34- Sur le plan académique, le chercheur Muhammad Mustafa Al-Azami (1930-2017) dans son The History of The Qur’anic Text: From Revelation to Compilation: A Comparative Study with the Old and New Testaments (publié en 2003, 1ère édition, et 2011 pour la 2ème édition) a montré que le Qur’ân actuel remonte bien à l’époque du Prophète, qu’il fut préservé.[5]

Il se base non seulement sur la force de la tradition orale et de la logique, mais aussi sur des données matérielles (archéologiques et historiques), et réfute ainsi les thèses de Ignác Goldziher et Joseph Schacht sur le sujet.

Il procède aussi à une comparaison entre le Qur’ân, l’Ancien et le Nouveau Testament dans les méthodes de préservation et de transmission.

 

35- Adnan ar-Rifâ`î. Les travaux qui montrent l’exactitude et la précision de l’agencement du Texte qurânique (et donc la transmission intégralement préservée du texte par le sens et les mots) tels que ceux de Adnan ar-Rifâ`î par exemple, se multiplient depuis des années.

L’alphabet numérique que Adnan ar-Rifâ’î a déduite manuellement lettre par lettre a été faite d’après tout le Qur’ân, et un logicien informatique comme Access Qur’ân permet de vérifier l’exactitude de ses calculs.

Depuis, un « nouveau consensus a émergé parmi les chercheurs travaillant sur les origines de l’islam » et donne une date du milieu du 7e siècle (vers 650) pour la composition du texte qurânique (le rasm) de base (cf. Jonathan E. Brockopp, « Islamic Origins and Incidental Normativity », Journal of the American Academy of Religion, vol. 84, no 1,‎ 2016, pp. 28-43).

 

Des travaux récents (cf. Christian Julien Robin sur l’écriture arabe plusieurs siècles au moins avant la naissance du Prophète Muhammad) remettent en cause la théorie des emprunts lexicaux des langues non-arabes vers l’arabe qurânique.

La thèse que Pétra était le lieu d’origine du Hajj à l’époque du Prophète (thèse défendue par Dan Gibson) ne tient pas face aux évidences, car il y a une absence totale de mentions d’une telle pratique (des musulmans) parmi les sources musulmanes et non-musulmanes, et des traces auraient dû rester, au moins des traditions orales.

Or il n’en est rien, et même du point de vue des données matérielles (archéologiques et historiques), David A. King a réfuté cette thèse, dans un article intitulé « From Petra back to Makka – From “Pibla” back to Qibla »

 

De même, la méthode historique n’est pas une science exacte et possède des failles et des lacunes.

Pour autant, elle peut apporter des informations utiles et pertinentes sur un certain nombre de points, et c’est ce qu’ont fait les premiers exégètes et chroniqueurs musulmans sans complexe d’aucune sorte.

 

36, 37, 38- Les travaux d’Anne-Sylvie Boisliveau, de Michel Cuypers, et du Pr Geneviève GOBILLOT apporte leur pierre à l’édifice pour l’approche philologique du Livre saint des musulmans. Nous aurions pu ajouter une pléthore de citations de sommités occidentales sur les miracles linguistiques du Coran.[6]

 

39- Dr Bart Ehrman, spécialiste du NT.[7]

 

40- Marijn van Putten. Enfin, il y a à peine quelques mois, un universitaire hollandais nous pondait ce qui adviendra la cerise sur le gâteau. “The Grace of God” as evidence for a written Uthmanic archetype: the importance of shared orthographic idiosyncrasies. Marijn van Putten, Leiden University.[8]

 

Pour mesurer la portée révolutionnaire de cet article, j’aimerais citer deux commentaires qu’un contact a eu la sympathie de me partager et qui provient d’un échange qu’il a eu avec son ami, actuellement professeur à l’université du Maryland, mais aussi à Georgetown :

 

…d'où ce qu'il appelle sa méthodologie "nouvelle" : il compare 14 anciens manuscrits coraniques dans leur orthographie, et voit que les différences obéissent en fait à une modélisation spécifique. Il détaille le tout et finit par conclure qu'il a existé un "archétype", qu'il dit bien sûr être la codification/recension uthmanienne. 

 

Pour mesurer la "bombe" que cet article est, il faut savoir que j'ai lu au moins une personne au courant de l'islamologie occidentale qualifier ce travail du plus "révolutionnaire" depuis Nöldeke.  

 

Cet article est paru en juin dernier et a ouvert des perspectives énormes en termes de recherche. En résumé, l'idée dominante pendant un siècle de recherche sur le Coran consistait à dire que nous n'avons pas de traces matérielles du Coran de Uthman qui puissent venir confirmer qu'une version finale à été rédigée sous son règne. Nous avions tout au plus des manuscrits datant du premier siècle de l'islam, mais plus plutôt de la fin du 7ème et non de la première moitié. L'auteur de l'article s'appuie sur une démarche originale qui consiste à étudier l'orthographe d'une expression coranique et de mettre en évidence que celle-ci ne s'écrit pas de la même façon dans tout le Coran. Il étudie le phénomène sur 14 manuscrits datant du premier siècle et remarque que ces différences s'observent aux mêmes endroits et surtout sont identiques. Il en conclut qu'il est impossible d'avoir une telle régularité dans l'orthographe d'une même expression a des endroits différents sans qu'il n'y ait au départ une version écrite sur laquelle les rédacteurs ou les scribes des plus anciens manuscrits se sont appuyés. L'idée donc d'une rédaction écrite du Coran datant des premiers temps de l'islam commence petit à petit à se confirmer de manière scientifique. Cet article a été accueilli comme le plus important depuis un siècle.

                           

Par : Karim Zentici

http://mizab.over-blog.com/

 

 

 

[3] Publiée sur la chaine YouTube du « Cercle Al-Amîn » le 15 février 2018 : 

https://www.youtube.com/watch?v=_0IXzprAk-M

[5] Voir : https://www.youtube.com/watch?v=vgbcPw9hKrc

Al-Azami ne verra pas la parution de son livre. Mort en 2017, il n’aura jamais eu accès aux manuscrits de Sanaa, suite à une décision des autorités yéménite. Il a probablement pâti des déclarations exubérantes de Puin.

[6] Voir : https://www.oasiscenter.eu/fr/la-regle-du-coran-la-rhetorique-semitique

https://journals.openedition.org/assr/26326

http://discernement-islam.weebly.com/le-coran--parole-inchangeacutee-de-dieu.html

https://ia903005.us.archive.org/18/items/315780792CoranLeMiracleLinguistique/315780792-Coran-Le-Miracle-Linguistique.pdf

D’autres chercheurs, comme Marcel André Boisard, Jacques Berque, Martyn Smith, Dale F. Eickelman, Ralph et Richard Lazarus, F. E. Peters, Richard Bulliet ou Raymond Farrin (voir son excellent ouvrage Structure and Qur’anic Interpretation: A Study of Symmetry and Coherence in Islam’s Holy Text, éd. White Cloud Press, 2014) ont montré la cohérence du Texte qûranique et donc son unité, excluant une composition hétérogène par différents auteurs à travers le temps (hypothèse qui n’a jamais pu être vérifiée, et qui reposait aussi sur une datation tardive, aujourd’hui définitivement réfutée).

Voir : https://www.mizane.info/le-coran-des-historiens-pour-une-critique-des-theses-hypercritiques-2-2/

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20 décembre 2019 5 20 /12 /décembre /2019 11:03

La propagande jette son dévolu sur le Coran des origines 4/5

 

Nous sommes toujours avec Cyrille Moreno, alias D. el ‘Ajami :

 

En réalité, quelles que soient les recensions – Hafs, Warsh, Qâlûn et Ad–Dûrî pour les plus connues à l’heure actuelle – toutes ont conservé de très nombreuses variantes qu’elles ont intégrées à leur lecture. Nous disons lecture puisqu’il n’existe pas pour les recensions de différences concernant le ductus/rasm, corps consonantique si anciennement retrouvé qu’il est assimilé en pratique à celui attribué à la Vulgate dite de ‘Uthmân. En dehors de particularités relevant de la prononciation, des règles de psalmodies et du découpage des versets propres à chacune de ces Écoles, ces recensions mettent donc en jeu diverses variantes coraniques de lecture ou qirâ’ât. Indépendamment, ces qirâ’ât ont été regroupées en quatorze entités attribuées à des transmetteurs éponymes. Elles représentent ce qui nous est parvenu suite à l’initiative de normalisation de la diversité coranique antérieure existante en ces temps-là, travail de sélection attribué principalement à Abû Bakr Ibn Mujâhid [m. 324] et poursuivi après lui. Sept qirâ’ât sont à l’heure actuelle considérées comme authentiques, car nanties de plusieurs chaînes de transmission remontant au Prophète/qirâ’ât mutawâtirât. Sept autres ont été validées quoique non-mutawâtirât. D’autres, peu nombreuses, sont dites shâdhdh/marginales du fait qu’elles modifient ou ne respectent pas le ductus consonantique, elles ne sont généralement pas admises. Signalons la confusion très fréquente entre recension/riwâya et variantes de lecture/qirâ’ât et son faux synonyme ḥarf/mode, au pluriel aḥrûf. En effet, si chaque École défendant une recension a retenu telle ou telle variante coranique, aucune ne suit intégralement une des quatorze qirâ’ât ni un mode/ḥarf particulier.

 

Même s’il n’y a aucun argument historique probant pour attribuer ce ductus à la Vulgate de ‘Uthmân, il n’en demeure pas moins que les plus anciens manuscrits connus, datés d’au maximum 25 années après le califat de ‘Uthmân [m. 656], bien que partiels, sont conformes au dit ductus. Mais cela ne signifie en aucune manière que nous validons l’existence de la Vulgate/muṣḥaf de ‘Uthmân. En effet, l’étude de ces mêmes manuscrits permet d’invalider la reconstruction historique officielle opérée par les auteurs musulmans autour du projet de ‘Uthmân (Cyrille Moreno reprend la thèse de Déroche qui s’inscrit désormais, nous l’avons vu, comme la norme réformiste et orientaliste, ndt.). Toutes sources considérées, il est affirmé que ce dernier fit mettre par écrit le Coran par un collège d’experts ayant tous appris le Coran directement de Muhammad afin de régler des litiges nés autour de récitations divergentes du Coran. Ceci accompli, il aurait ordonné que l’on brûle les versions concurrentes et qu’on distribue des copies de cet exemplaire aux quatre coins de l’Empire. La Vulgate de ‘Uthmân devint ainsi le texte de référence qui sera par la suite canonisé ne varietur.

 

Or, l’écriture employée pour l’ensemble de ces anciens manuscrits est une scriptio defectuosa qui, en l’état, était tout à fait inapte à transcrire une quelconque lecture d’un texte coranique, ce qui revient à dire que ce texte devait être connu de mémoire pour être lu. Plus encore, il était impossible avec un tel système de fixer les variantes qui pour la majorité portent sur la voyellisation ou l’emplacement des points diacritiques des consonnes. Autrement dit ‘Uthmân ne possédait pas l’outil technique nécessaire pour mener à bien la réalisation du projet qu’on lui prête et il ne pouvait donc pas institutionnaliser une lecture au détriment des autres. Ce que rapporte l’histoire de cette Vulgate est ainsi parfaitement anachronique, car l’on sait de source documentée que le Coran ne fut transcrit en scriptio plena que plus d’un siècle après ‘Uthmân. Du reste, F. Déroche, grand spécialiste des codex anciens, met en doute l’existence du « Coran de Uthman », du moins selon la version officielle de l’histoire du Coran par les musulmans, et ce, pour les mêmes raisons que celles que nous venons d’évoquer. Cf. François Déroche, Le Coran, Puf, Paris, 3e édition remise à jour, 2011, p. 78-79.

 

Recension pour riwâya s’entend au sens technique que lui a conféré l’usage islamologique et non au sens d’édition critique. Le terme arabe riwâya désigne la transmission d’un texte, qu’il s’agisse d’une poésie, de hadîths ou du Coran. Concernant le Coran, une riwâya représente l’ensemble des données transmises au sein d’une même École. Celle-ci comporte à partir du ductus uthmanien un certain choix de qirâ’ât, mais aussi une modulation vocale particulière, des règles de psalmodie spécifiques, le découpage du texte en versets, voire la graphie. Tous ces éléments sont variables d’une École à l’autre et constants pour une même École, cette transmission a toujours été essentiellement orale.

 

Abû Bakr Ibn Mujâhid [m. 936]. Ce dernier a retenu sept lectures différentes du Coran afin d’obtenir une concordance artificielle avec la notion de sept aḥrûf/modes. Cette notion de mode est mentionnée dans certains hadîths authentifiés qui n’ont été forgés que pour justifier rétrospectivement la pluralité des lectures coraniques alors que le dogme de l’unicité du Coran prévalait (Cyrille Moreno reprend les mêmes ingrédients que Déroche pour appliquer la nouvelle recette islamologue, ndt.). En réalité, il n’existe aucune récitation ou texte de ces modes qui selon ces hadîths étaient destinés à faciliter la transmission du Coran en privilégiant tel ou tel des parlers arabes. Au demeurant, l’on ne voit rationnellement pas comment le fait de multiplier ainsi le texte aurait pu en simplifier la transmission. Par contre, il est logique que l’on ait voulu légitimer la pluralité du texte coranique en l’attribuant ainsi au Prophète lui-même, variabilité pourtant tout à fait compréhensible pour une voie de transmission orale prédominante.

 

Nous préciserons que cette confusion terminologique trouve son origine en la production spécialisée des ulémas eux-mêmes. En effet, la lecture des nombreux ouvrages classiques traitant de la question atteste sur ce sujet d’une opacité savamment entretenue, car la pluralité du texte coranique ne s’accommode guère du paradigme majeur de l’Islam : un seul Dieu, une seule Révélation, un seul Prophète, un seul Coran.

 

Au demeurant, ceci n’interdit en rien que ce plus petit dénominateur commun de sens puisse par la suite être interprété. Si nous revenons sur ce point, c’est qu’à bien examiner la position exposée par A. Rippin, si communément admise, une telle assertion pour être cohérente valide implicitement que le texte coranique soit postérieur aux toutes premières générations et qu’il aurait donc été conçu – à des degrés et des époques variables selon les auteurs – par les élaborateurs de l’Islam. Or, en dehors des faiblesses logiques de ce raisonnement que nous venons de souligner, les récentes avancées codicologiques mettent à bas ce postulat islamologique même si, encore une fois, cet aspect n’entre pas en ligne de compte s’agissant de l’analyse littérale du Coran telle que nous la concevons.

 

Le Coran demeure un document oro-scripturaire, entre Livre/kitâb et Récitation/qu’rân, ses signes-versets/âyâ se déploient sur divers supports, telle l’expression manuscrite d’une mémoire collective, le terme al–qur’ân en témoigne toujours. Au-delà de cet aspect factuel, la question du statut de la Parole divine a joué pour l’herméneutique musulmane un rôle spécifique. En fonction d’un parallèle appropriatif du concept de Verbe/logos incarné en Jésus, le Coran sera considéré par les musulmans comme étant quasiment “l’inlibration” en Muhammad de la Parole/kalâm de Dieu. Au sein de ce débat, les mutazilites affirmèrent la nature créée du Coran puisqu’ils n’admettaient pas que la Parole de Dieu soit un attribut divin. Pour eux, la parole révélée est nécessairement survenue de manière adventice de par la volonté de Dieu, c’est en ce sens que le Coran est considéré comme créé. Or, lorsque la politique califale de Al Ma’mûn tenta vers l’an 833 d’imposer par le haut cette doctrine, une quinzaine d’années plus tard cette persécution/miḥna cessa et se solda par l’échec des mutazilites et le triomphe du littéralisme de Ibn Hanbal et de l’orthodoxie sunnite naissante. Si “l’incréation du Coran” sera alors définitivement acquise, son insupérabilité/i‘jâz en sera par suite plus facilement admise. Encore que l’argumentaire de Muhammad ibn al–Khattâbî témoigne de la persistance au IVe siècle d’une sérieuse critique des défauts de composition attribués au Coran. Quoi qu’il en soit, le grand vainqueur de cette confrontation intellectuelle fut Ahmad Ibn Hanbal, référence de l’orthodoxie passée et présente. Il soutint contre le courant mutazilite que la Parole de Dieu ne pouvait être réellement comprise et qu’elle demeurerait à jamais inatteignable en grandeur et en profondeur. Le littéralisme qu’il défendit est dès lors condamné par essence à ne pouvoir toucher que la surface du sens,

 

les désaccords et les diverses théories quant à la fixation du texte coranique ayant jalonné les XIXe et XXe siècles islamologiques ne permettent pas en l’état de trancher la question. Au demeurant, en dehors de quelques survivances isolées des thèses de Mingana, de Wansbrough et de ses disciples ou encore de A.-L. de Prémare, l’idée d’une rédaction tardive du Coran, c’est-à-dire postérieure à la construction de l’Islam, est actuellement peu crédible. Par contre, si l’étude des anciens manuscrits coraniques a curieusement été délaissée, de récentes avancées codicologiques montrent l’existence de codex coraniques qui, même partiels, sont fidèles au texte consonantique de la Vulgate dite de Uthmân et, en tout état de cause, antérieurs au développement de l’Islam. Nous verrons qu’à maintes reprises les résultats de notre analyse littérale mettent en évidence d’importantes divergences entre les énoncés coraniques et les assertions de l’Islam. De fait, ce différentiel ne peut s’expliquer si l’on suppose que la rédaction du Coran a été concomitante ou a succédé à la constitution de l’Islam puisqu’en ce cas ledit texte coranique aurait été mis en concordance avec l’Islam, qu’il s’agisse d’un « proto-coran » préexistant ou d’un « néocoran » créé à cette occasion. Comme nous l’avons dit, si la datation du document Coran n’a pas d’incidence sur l’Analyse littérale telle que nous la concevons, la question de l’auteur pourrait être posée. Or, au-delà de l’aspect prétendument décousu du Coran, ce qui frappe est l’unité stylistique et argumentative du texte coranique. Ceci a été parfaitement objectivé par les travaux d’Anne-Sylvie Boisliveau qui en déduit logiquement que « l’autorité scripturaire des proclamations de Muhammad date de l’époque de celui-ci, du début de l’histoire de la communauté islamique ». De même, A. Jeffery avait précocement remarqué cette unité intentionnelle et rédactionnelle du Coran qui ne s’explique que par le fait que « le Coran est du début à la fin la production d’un seul homme et d’une seule période ». Nous pouvons aussi mentionner l’approche diachronique dirigée par A. Neuwirth pour qui le texte se développe chronologiquement au fil des interactions entre l’auteur, pour elle Muhammad, et les premiers réceptionnaires du Coran, allocutaires qui sont alors ceux que le Coran indique lui-même en son autodéfinition contextuelle. Autre évidence, contrairement à la Bible, le Coran ne porte pas trace de différentes strates rédactionnelles et, malgré une construction assez déroutante de prime abord, il présente une réelle unité de composition. Enfin, en soumettant les données coraniques aux tests d’exhaustivité, de cohérence et de convergence, notre analyse littérale confirmera amplement ces argumentations.[1]

 

26- Estelle Whelan, « Témoin oublié : preuves de la codification précoce du Coran ».

 

À suivre…

                     

Par : Karim Zentici

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19 décembre 2019 4 19 /12 /décembre /2019 12:18

La propagande jette son dévolu sur le Coran des origines 3/5

 

24- Asma Hilali, cette autre spécialiste qui fait grincer les dents à Déroche avec son « hypothèse scolaire » au sujet des palimpsestes de Sanaa.

Si on y voit un peu plus clair, on ne peut toujours pas statuer sur la nature de ce texte presque totalement effacé, recouvert par d’autres lignes d’écritures. Asma Hilali, qui a longuement scruté la partie immergée de l’iceberg comme sa partie émergée, a noté un détail capital au début de la sourate 9, inscrite dans la phase la plus ancienne du parchemin.

Ici, elle commence par ce que les musulmans ont appelé la Basmala, c’est-à-dire cette formule composée des mots suivants « Au nom de Dieu, clément et miséricordieux » et qui ouvre tous les chapitres du Livre… ou presque, car justement, la sourate 9 est la seule exception. L’erreur n’est pas passée inaperçue, à l’époque, car un peu plus bas, on lit cette correction : « Ne dis pas : –Au nom de Dieu ».

Ce coup de règle sur les doigts a mis la puce à l’oreille de l’islamologue : l’écriture la plus récente, la plus lisible, présenterait bien les fragments d’un Coran fait pour le culte et la foi tandis que l’autre, plus ancien, qu’on a voulu effacer, n’aurait été peut-être qu’un « support pédagogique », un exercice scolaire qui aurait plus ou moins mal tourné pour son auteur et qui aurait fini par laisser sa place au texte saint. « Oui, c’est visiblement une notation à usage pratique », confirme François Déroche, qui demeure cependant réservé quant à cette hypothèse : « Je ne suis pas convaincu par l’idée du support pédagogique, car la matérialité du manuscrit est semblable à celle des Coran des mosquées. Et puis c’est un in-quarto, bien que la qualité du manuscrit ne soit pas d’une qualité extraordinaire, sa taille représente en soi un investissement conséquent. »[1]

Les tergiversations de Déroche nous sont désormais familières.

 

Voici un extrait d’un article dans lequel Asma Hilali entérine sa thèse malgré les remarques circonspectes de Si Déroche : « L’édition des manuscrits de Coran les plus anciens est une étape nécessaire afin de mieux comprendre l’histoire de la transmission des textes aux premiers siècles de l’Islam. Depuis les débuts du xxe siècle de l’ère chrétienne, l’intérêt des chercheurs s’est porté sur l’édition des anciens manuscrits du Coran. Ces études s’intéressent particulièrement au problème des variantes de lecture et de récitation du texte et à ses conséquences sur la pensée religieuse et la pratique du culte musulman. La collecte du Coran est décrite dans les sources islamiques du iiie /ixe siècle comme une initiative qui tend essentiellement à réduire les différentes variantes de lectures du texte. Le quasi-consensus des savants autour du codex de ʿUṯmān s’accompagne d’une certaine clôture du débat théologique et juridique qui a pour référence le texte coranique. Cependant, il est historiquement improbable que l’initiative du troisième calife ait abouti à imposer un seul codex. À partir de là, toute découverte d’une nouvelle version du Coran a été souvent associée à la réouverture du même débat.

 

Ce développement donne à penser que le palimpseste de Ṣanʿā’ n’est probablement pas un codex du Coran mais un support voué à un usage autre que liturgique. Il s’agirait très probablement d’un texte ayant un statut intermédiaire. Il se situe dès lors entre l’aspect fixe du codex et l’aspect inachevé de l’exercice scolaire. Nous sommes tentée de dire que le (ou les) scribe(s) du texte inférieur ne reproduisent pas le codex du Coran mais qu’ils mettent par écrit certaines règles d’apprentissage et d’explication de fragments coraniques.

 

Le deuxième exemple permet de supposer qu’une tradition exégétique a accompagné les séances d’apprentissage du Coran. Malgré l’ancienneté des fragments du texte inférieur du palimpseste, ceux-ci témoignent de l’existence d’un texte coranique plus ou moins fixé probablement dès le premier siècle de l’Islam. Des normes d’écriture du Coran, de sa récitation et de son interprétation circulaient en effet parmi les croyants au moment où le copiste du texte inférieur a corrigé les erreurs du texte et a apporté les notes exégétiques. Le statut du Coran inférieur semble représenter un stade intermédiaire entre l’aspect fixe d’un codex et la forme inachevée d’un exercice d’apprentissage. Le scribe ne se limite pas à reproduire certains fragments du Coran : il met également par écrit les lois de la récitation.

 

Malgré son ancienneté, le palimpseste de Ṣanʿā’ n’est donc probablement pas la plus ancienne trace du texte coranique ; ce texte a sans doute circulé du vivant du Prophète Muḥammad, c’est-à-dire avant 632 de l’ère chrétienne. À en croire les anciennes traditions relatant la transmission des textes sacrés aux premiers siècles, la version la plus ancienne aurait été une version orale, préservée dans les mémoires. »[2]

 

Bien sûr, cette thèse enterre définitivement les élucubrations farfelues du Dr Gerd Puin. En 1999, Toby Lester, rédacteur en chef du magazine The Atlantic Monthly a rendu compte des découvertes de Puin : « Certaines des pages de parchemin dans le trésor yéménite semblaient remonter au viie et viiie siècles de notre ère, ou aux deux premiers siècles de l'Islam ; en d'autres termes il s'agissait de fragments de Coran, et peut-être des plus anciens Corans à avoir existé. Qui plus est, certains de ces fragments ont révélé des écarts, légers mais fascinants, par rapport au texte standard coranique. De telles divergences ne surprennent pas, bien sûr, les historiens habitués à la critique textuelle, mais pour certains elles seraient en complète contradiction avec la croyance musulmane orthodoxe selon laquelle le Coran tel qu'il nous est parvenu aujourd'hui est tout simplement la parole de Dieu, parfaite, intemporelle et immuable. » Alors que pour d'autres et notamment les savants musulmans spécialisés, elles rentrent tout à fait dans les variantes de récitation acceptées du temps du Prophète de l'islam.

Cependant, plusieurs années plus tard, en 2005Manfred Kropp souligne que l'étude des manuscrits n'a révélé que des erreurs rares attribuables naturellement à des fautes de copistes et précisé : « Tout ce qu'on voit maintenant, tous ces fragments ont une cohérence, stabilité surprenante. Il y a très peu de différence matérielle dans le rasm c'est-à-dire dans le consonnantisme du texte. Les divergences portent surtout sur la séparation de vers, sur la séparation de sourates, donc des différents chapitres. Et des détails des liens philologiques. Sinon c'est vraiment surprenant comment le texte dès le début de son attestation matérielle ait une stabilité énorme, extraordinaire. ». Et en 2007François Déroche a souligné que le rasm des manuscrits de Sanaa reste fidèle au corpus disponible actuellement, mais qu'il existe des manuscrits dans lesquels les sourates sont organisées dans d'autres ordres chronologiques.

Différentes interprétations des chercheurs sont émises au sujet de ce palimpseste inférieur :

  • Pour Asma Hilali le texte inférieur du palimpseste (celui qui a été effacé) « est un manuel de lecture et d'apprentissage du Coran » ; elle remarqua une erreur du scribe dans le début de la sourate 9 du palimpseste qui débute par la basmala. Un correcteur nota un peu plus bas : « ne dis pas : « Au nom de Dieu » ». En effet sur les 114 sourates du Coran, cette sourate est la seule qui ne débute pas par cette formule. Pour la chercheuse, ces « différences consistent en des annotations didactiques qui montrent que celui qui était en train d'écrire apprenait dans le même temps le Coran et cherchait des repères mnémotechniques pour le mémoriser. Le texte inférieur est donc plus un manuel de lecture et d'apprentissage du Coran qu'une tentative de le fixer. Il témoigne de l'histoire de la transmission du texte, plus que d'une tentative de canonisation ». L'auteur évoque tout de même dans le texte cité que le processus de mise en place du Coran aurait été long.

Dans un autre texte elle évoque un processus de « transformation et d'écriture créative ». François Déroche émet quelques réserves au sujet de cette hypothèse.

 

  • Hassan Chahdi lors d'une conférence au Collège de France, cite l'imam Al-Chafii, fondateur de l'une des quatre écoles sunnites, qui écrit dans son ouvrage Ar-Risâla : « Certains tabi'un disaient : J'ai rencontré un nombre important de compagnons du Prophète, leurs lectures divergeaient, mais elles indiquaient le même sens. J'ai rapporté ces paroles à certains d'entre eux, ils me répondirent qu'il n'y a aucun mal tant que le sens est inchangé. » Ces témoignages semblent conforter la vision selon laquelle le Coran est créé comme le soutenaient les motazilites.
  • Michel Orcel explique que bien qu'il n'existe pas à ce jour d'études exhaustives sur les conséquences que l'on devrait tirer de la découverte des manuscrits de Sanaa, on peut d'ores et déjà dire que l'on retrouve des versions qui correspondent à ce que nous savons des Corans concurrents (celles qui ont été éliminées au moment de la sélection comme le Coran d'Ali, de Mas'ud ou encore d'Ubay). Ces différences d'ordonnancements rappellent ce que nous savons des Corans qui ont disparu. Et finalement ce sont des variations très mineures par rapport au Coran d'Othman.

 

Cependant, Michel Cuypers affirme qu'un ordre caché existerait en arrière-plan des sourates. Ce spécialiste en rhétorique sémitique et coranique voit une symétrie cachée dans le style coranique, sourate par sourate, qu'il dit étonnante. Selon lui, l'aspect décousu du Coran ne serait qu'une impression trompeuse, due au fait que la rhétorique « cachée » dedans aurait été perdue depuis l'époque de sa rédaction.

 

En 2000, The Guardian a interrogé un certain nombre d'érudits sur leur opinion au sujet des affirmations de Puin, parmi eux le Dr Tarif Khalidi, maître de conférences en études islamiques à l'université de Cambridge, et le professeur Allen Jones, maître de conférences en études coraniques à l'université d'Oxford. En ce qui concerne l'affirmation de Puin selon laquelle certains mots et certaines prononciations dans le Coran n'ont pas été normalisés jusqu'au ixe siècle, l'article note :

« Jones reconnaît que des changements « insignifiants » ont été apportées à la recension othmanienne. Khalidi affirme que la compréhension musulmane traditionnelle du développement du Coran est toujours vraie en gros et il affirme : « Je n'ai encore rien vu qui fût susceptible de changer radicalement mon point de vue ».

Selon [Jones] le Coran de Sana'a pourrait n'être qu'une mauvaise copie qu'utilisaient des personnes auxquelles le texte othmanien n'était pas encore parvenu. « Il n'est pas exclu qu'après la promulgation du texte othmanien, il lui ait fallu beaucoup de temps pour se propager. »[3]

 

25- Cyrille Moreno, qui, à ma grande surprise, écrit sous le pseudonyme de D. el ‘Ajami, ce réformiste de rupture qui ne dit pas son nom (tout s’explique !).[4] Ce dernier est l’auteur d’une thèse soutenue en 2016 pour obtenir le grade de : Docteur de l’université de Strasbourg. Ce dernier bat en brèche nombre d’idées reçues et de phantasmes sur la compilation. Vu leurs importances, je reproduis ici de longs passages de sa thèse :

 

De manière concrète donc, la recension Hafs est aussi celle suivie par le monde shiite. En outre, et quoi qu’on en dise, les autres “versions du Coran” alimentant les colonnes islamologiques n’ont pas d’existence réelle et relèvent dans les faits de la spéculation intellectuelle. Enfin, le projet d’une édition critique du codex coranique nommé Corpus coranicum pourrait ne pas tenir ses promesses.

 

Nous pensons notamment au Coran dit de ‘Alî, ou ceux de ‘Ubay ibn Ka‘b et Ibn Masa‘ûd. Ces supposées “versions” ne sont connues qu’au travers de quelques hadîths du côté sunnite, et de variantes propres à l’exégèse imamites, dont la fonction dans les deux cas n’est à l’évidence que de justifier de qirâ’ât/variantes particulières, lesquelles ne respectent pas le ductus/rasm, ou corps consonantique dit uthmannien. Si le shiisme a beaucoup traité de ces fameuses recensions, et l’on comprend l’usage anti-orthodoxie sunnite et pro-alide qu’il a pu en faire, aucun exemplaire n’en a jamais été retrouvé. Du point de vue islamologique, leur existence en tant que codex n’est due qu’à la mention qu’en fit au IVème siècle H. dans son Firhist le bibliographe shiite Ibn an–Nadîm. L’on ne peut techniquement vérifier cette assertion mais, une chose est sûre, aucun des codex qu’il mentionne n’a survécu, si tant est qu’ils aient eu un jour une quelconque réalité en tant que corpus.

 

Nous entendons là que, tout bien considéré, il se pourrait que ce projet ne puisse produire à terme qu’une édition du Coran basée sur la ligne consonantique dite uthmanienne et modulée par l’ensemble des variantes de lectures ou qirâ’at, ce dont nous disposons depuis des siècles. Sous un autre aspect, il y aurait beaucoup à dire sur la saga de ce que l’on appellera sans peine « Les aventuriers de l’Archive perdue ». De l’accident de montagne de l’érudit coranologue Gotthelf Bergsträsser à l’accident d’avion de son continuateur Otto Pretzl, en passant par l’incroyable dissimulation de leurs microfilms de corans anciens par Anton Spitaler, agent des renseignements du IIIe Reich, puis par leur non moins étonnante réapparition entre les mains de l’islamologue allemande Angelika Neuwirth – et ne parle-t-on pas à présent d’une destruction possible par les bombardements saoudiens des manuscrits encore conservés à Sanaa ! Ceci ouvre le deuxième opus de cette « Odyssée coranique » quant au traitement assez particulier des manuscrits de la mosquée de Sanaa par le Dr Gerd Puin et son épouse ; cf. Gerd-Rüdiger Puin, Observations on Early Qur’an Manuscripts in San‘â’, in S. Wild éd., The Qur’an as text, Leyde, 1996, p. 107-111.

 

Ajoutons là que l’affaire du « Palimpseste de Sanaa » qui avait fait grand bruit paraît, après étude sérieuse, seulement indiquer qu’il existait une transmission oro-scripturaire fixée du Coran avant la fin du premier siècle de l’Hégire, cf. Asma Hilali, Le palimpseste de San‘â’ et la canonisation du Coran : Nouveaux éléments, Cahiers Glotz, éd. De Boccard, XXI, 2010, p. 443-44κ. En tout état de cause, aucun résultat concret n’est réellement venu pour l’instant nous éclairer sur la genèse du Coran et sur la ou les formes qu’il dut ou put avoir. Pour un avis similaire, voir Claude Gilliot, Origines et fixation du texte coranique, Études 12/2008, Tome 409, p. 643- 652.

 

À suivre…

                     

Par : Karim Zentici

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18 décembre 2019 3 18 /12 /décembre /2019 11:07

La propagande jette son dévolu sur le Coran des origines 2/5

 

Passons au vif du sujet (cette liste est issue en grande partie du superbe ouvrage Hunting for the world of God écrit par le chercheur D. Sami Ameri) :

 

Voir aussi : https://www.islamreligion.com/fr/articles/19/comment-le-coran-ete-preserve-partie-1-de-2/

 

Cette liste occulte volontairement des avis de spécialistes que certains articles du blog Mizab ont reproduit par le passé, dont celui de François Déroche bien que ce dernier tente tant bien que mal de noyer le poisson dans l’eau en dénigrant le processus de canonisation du Coran ; procédé qui devient quasiment une constante au sein de l’islamologie au grand bonheur du réformisme musulman qui, partageant le même référentiel, œuvre pour jeter le patrimoine islamique dans les oubliettes de l’Histoire.

 

Voir : http://mizab.over-blog.com/2019/07/initiation-a-la-science-de-la-canonisation-du-coran-1/3.html

http://mizab.over-blog.com/2018/04/la-canonisation-du-coran-a-la-lumiere-de-la-science-moderne-partie-1.html

http://mizab.over-blog.com/2019/06/le-grand-specialiste-du-coran-ihab-fikri-repond-au-chercheur-orientaliste-hassan-chahdi.html

 

1- L’orientaliste anglais Sir William Muir, life of Mohammed 557-558 : « Le Coran de par son contenu et son ordre exprime avec force la précision de sa compilation. Les diverses parties furent assemblées d’une manière extrêmement simple et sans afféterie. On ne trouve pas dans cette compilation l’empreinte d’une main qui aurait apporté un talent ou un ordre. Elle témoigne de la foi du compilateur et son dévouement pour ce qu’il compile, car il n’a pas osé faire plus que de prendre ces versets sacrés et les mettre les uns à la suite des autres. »

 

« Il n’existe probablement aucun autre livre, dans le monde, qui soit passé à travers douze siècles [aujourd’hui quatorze] tout en conservant une telle pureté de texte. »

Sir William Muir, Life of Mohamet, London, 1894, Vol.1, Introduction.

 

2- Philip K. Hitti, history of arab p. 132 édition London 1939

 

3- BrockettAdrian Alan, Studies in two transmissions of the Qur'an. Pour Adrian Brockett, La transmission du Coran après le décès de Mohammed était essentiellement statique, plutôt qu’organique. Il y avait un seul texte, et rien d’important, pas même une matière prétendument annulée, ne pouvait être omis et rien n’y pouvait être ajouté. Ceci s’applique même aux premiers califes… La transmission du Coran a toujours été orale, juste comme elle a toujours été écrite.[1]

 

4- Georges-Louis Leblois : « Grâce à la destruction de tous les exemplaires qui différaient de celui d’Othmân, le Koran est aujourd’hui le seul livre sacré qui ne présente pas de variantes notables. Les seules divergences que l’on puisse souligner sont relatives à une division différente du texte en versets. Tel passage qui, dans une copie forme un seul verset est dans un autre subdivisé en deux. Il n’y a là rien d’extraordinaire, sachant que la subdivision du texte en versets est postérieure à Othmân… »

Les Bibles et les initiateurs religieux de l'humanité.

 

5- TorreyCharles Cutler, The history of the conquest of Egypt, North Africa and Spain : known as Fut Mir of. by: Ibn Abd al-akam, d. 870 or 71; 

 

6- Thomas Arnold, the islamic faith, 1983, p. 9 : « There is a general agreement by both muslim and no-muslim scholars that the text of this recension substantially correspond to the actual utterances of Mohammed himself. »

 

7- Maurice Gaudefroy-Demombynes : « Le Coran a été fixé peu de temps après la révélation par un texte authentique qu’il n’y a aucune raison sérieuse de considérer comme altérer. »

Les institutions musulmanes

« Le texte du Coran a donc été définitivement fixé dès le milieu du VIIe siècle, sauf quelques mots qui restent indécis. »

Mahomet

 

8- Michael Zwettler : « À ces époques reculées, alors que l’écriture était à peine utilisée, la mémorisation et la transmission orale étaient pratiquées à un degré qui nous est pratiquement inconnu et étranger, aujourd’hui. »

Michael Zwettler, The Oral Tradition of Classical Arabic Poetry, Ohio State Press, 1978, p.14.

 

9- A.T. Welch : « Pour les musulmans, le Coran est bien plus qu’une Écriture sacrée comme on l’entend généralement en Occident.  Pour la vaste majorité [des musulmans], à travers les siècles, le Coran, a toujours été avant tout un texte oral, c’est-à-dire la forme sous laquelle il a d’abord été révélé, une « récitation » qu’a psalmodié Mohammed à ses fidèles sur une période de plus de vingt ans…  Les révélations étaient mémorisées par certains compagnons de Mohammed du vivant de ce dernier, et la tradition orale ainsi établie s’est poursuivie, jusqu’à nos jours, de façon plus ou moins indépendante, et peut-être même supérieure au Coran écrit…  À travers les siècles, la tradition orale du Coran a été perpétuée par les réciteurs professionnels (qourra).  Jusqu’à tout récemment, la récitation du Coran a rarement été pleinement appréciée en Occident. »

The Encyclopedia of Islam, ‘The Quran in Muslim Life and Thought.’

 

10- William Graham : « Le Coran est probablement l’unique livre, parmi les livres religieux et laïques confondus, qui ait été mémorisé en entier par des millions de personnes à travers le monde. »

William Graham, Beyond the Written Word, UK: Cambridge University Press, 1993, p.80.

 

11- Kenneth Cragg écrit : « … ce phénomène de récitation du Coran signifie que le texte a traversé les siècles en une succession ininterrompue de dévotion.  On ne peut donc le considérer comme une antiquité ni comme un document historique provenant d’un passé lointain.  La récitation a fait du Coran un Livre présent à toutes les époques de l’histoire de l’islam, à chaque génération, et a fait en sorte qu’il ne soit jamais relégué à un simple rôle de référence. »

Kenneth Cragg, The Mind of the Quran, London: George Allen & Unwin, 1973, p.26.

 

12- John Burton, à la fin de son ouvrage étoffé sur la compilation du Coran, affirme que le Coran, tel que nous le connaissons aujourd’hui, est :

« … un texte qui nous est parvenu exactement sous la même forme que celle dans laquelle il a été arrangé et approuvé par le Prophète. (…)  Ce que nous tenons aujourd’hui dans nos mains, c’est le moushaf de Mohammed. »

John Burton, The Collection of the Quran, Cambridge: Cambridge University Press, 1977, p.239-40.

 

13- Schwally : « En ce qui concerne la révélation, nous pouvons être certains que la transmission de son texte a été faite en respectant avec exactitude la disposition qu’en avait faite le Prophète. »

Schwally, Geschichte des Qorans, Leipzig: Dieterich’sche Verlagsbuchhandlung,1909-38, Vol.2, p.120.

 

14- Hamilton Gibb[2]

 

15- Stanley Edward Lane-Poole : « C'est un immense mérite dans le Coran qu'il n'y a aucun doute quand à son authenticité. »

 Stanley Lane-Poole Préface De Selections From The Kuran de Edward William Lane. 

 

16- L'écrivain britannique Ronald Bodley : « Nous avons un livre contemporain, absolument unique concernant son origine et sa préservation, dont personne n'a jamais été capable de jeter un doute sérieux sur son authenticité. »

Ronald Bodley The Messenger : The Life Of Mohammed, P.1 

 

17- Bosworth Smith

 

18- Richard Bell

 

19- Forster Fitzgerald Arbuthnot, qui était un remarquable traducteur et orientaliste britannique : « …et bien que plusieurs tentatives aient eu lieu pour produire une œuvre à l’écriture aussi élégante, toutes ont échoué. »

F. F. Arbuthnot. 1885. The Construction of the Bible and the Koran. London, p 5

 

20- Rom Landau 

 

21- Neal Robinson

22- Theodor Nöldeke[3]

 

23- Yasin Dutton dont la thèse selon laquelle il y avait des Coran personnels à l’époque de la Révélation dérange François Déroche : « Le travail éditorial nécessaire [pour disposer d’une édition du Coran] a déjà été accompli à l’époque de ‘Uthmān, avec des adaptations mineures à l’époque d’al-Hajjāj et une simplification supplémentaire des possibilités grâce à l’action de personnes comme Ibn Mujāhid, Ibn Ghalbūn et Ibn Mihrān dans leur description des sept, huit et dix systèmes de lectures canoniques. » 

Y. Dutton, « Orality, literacy and the ‘Seven aḥruf’ ḥadīth », Journal of Islamic studies, 23(1), 2012, p. 49.[4]

 

Déroche a la fâcheuse manie de dire tout et son contraire. Il reconnait la fixation immuable d’un corpus, mais il n’oublie pas au passage d’égratigner le processus de cette fixation qui accouchera de la canonisation finale. Avec Déroche, le patrimoine y laisse des plumes à la grande joie des réformistes, car il valide le texte fondateur tout en épinglant le proto référentiel. Cette démarche qui fait suite à l’échec de discréditer le texte fondateur, commence à devenir le fil conducteur du réformisme et de l’islamologie : « C’est cet envoi du Coran dans les grandes villes qui constitue l’originalité de la recension d’Othman. Et puis, il publie un texte qui jusque-là était entièrement dans le cadre privé. On peut déjà parler de canon même si le Coran voulu par Othman n’est pas aussi fermé, fixe qu’il le deviendra à compter du IXe siècle », analyse François Déroche.

 

« Lorsque l’on analyse les points de vue traditionnels, remarque notre spécialiste, on y distingue une volonté collective tenace, dont nous pouvons observer le cheminement de ‘Uthmān à al-Bukhārī, en faveur d’une simplification de la situation en ce qui concerne le Coran, ou pour être plus précis, en faveur d’un texte légitimement unique. On rencontre dans le texte de Dutton cité plus haut un résumé du point de vue défendu par l’orthodoxie. Il n’y aurait donc plus rien à ajouter en ce domaine. Cette volonté de simplification / réduction se heurte à ce que nous dit la tradition de la multiplicité des versions qui auraient vu le jour de manière plus ou moins concomitante dans les années qui suivirent la disparition de Muḥammad, des témoignages que la critique historique, il est vrai, peine à évaluer. Ces versions ont certes été progressivement écartées, mais des échos amoindris de la circulation de codices non-canoniques nous parviennent jusqu’à une date relativement tardive –  des témoins signalant que la version d’Ibn Mas‘ūd était encore en circulation au xe siècle. »[5] De la poudre aux yeux qui ne dupe que les dupes et les complexés !

 

À suivre…

                     

Par : Karim Zentici

http://mizab.over-blog.com/

 

 

[1] Rippin, Andrew (editor). 1988. Approaches to the History of the Interpretation of the Qur’an. Chapter: “Value of Hafs and Warsh Transmissions,” by Adrian Brockett. Oxford: Clarendon Press. pp. 44–45.

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17 décembre 2019 2 17 /12 /décembre /2019 14:14

La propagande jette son dévolu sur le Coran des origines 1/5

 

Cholet : « Le créneau ultra-vendeur de l’islamophobie, sur lequel surfe déjà sans vergogne l’écrasante majorité des médias, permet de copiner avec les puissants et de flatter les plus bas instincts des masses tout en se prenant pour Jean Moulin. »

 

Voir : http://mizab.over-blog.com/2017/03/l-inerrance-coranique-partie-1.html

 

En marge du tapage islamophobe faisant les plus belles heures des médias en perte de vitesse et cachant le désastre social du paysage français au cœur d’un vaste magma électoral, se trame en coulisses la réorganisation de l’Islam de France en vue de promouvoir le réformisme musulman sous l’égide des réseaux sionistes qui opèrent sur trois tableaux : l’islamisme radical, l’islamophobie, et le réformisme islamique, rien que cela ! Plusieurs acteurs viennent orner cette fresque grandiloquente et quasi funambulesque. Aux premières loges, nous avons Anouar Kbibech, qui, salarié par le milliardaire franco-israélien Patrick Drahi, en tant que (?) président du Conseil français du culte musulman (et membre de facto du conseil d'administration de la Fondation de l'Islam de France), fit, il y a deux ans, l’annonce saugrenue que le CFCM travaillera en commun avec des conseillers juifs.[1]

 

Soros Vs Rothschild

 

Le journaliste d'investigation indépendant, Hicham Hamza, alias Panamza, dévoile que le fameux Marwan Muhammad, très grand ami du sioniste invétéré Claude Askolovitch, et ex-employé de Goldman Sachs, avait accepté (pour le CCIF) les donations du marchand d'armes et prédateur financier George Soros. Le journal Le Monde rapporte que ce dernier est entré en concurrence avec l’obscur néo-rationaliste Hakim El Karoui, ex-banquier de Rothschild, et auteur du rapport pour l’Institut Montaigne, pour s’accaparer le leadership de l’Islam de France à vocation réformiste. Celui-ci participa activement à la fondation de l’Association musulmane pour l’islam de France (AMIF) qui compte parmi ses membres des représentants aussi prestigieux que Mohamed Bajrafil et Tareq Oubrou. Jean-Pierre Chevènement qui ne cache plus ou presque ses connivences sionistes, fut nommé à la tête de la Fondation pour l’islam de France qui a pour mécène le sulfureux Serge Dassault. Né Serge Bloch, ce fabriquant d’arme ayant fricoté avec Israël, est détenteur du journal le Figaro, et il est investi dans le capital social de la radio Beur FM.

 

À la suite des attentats de 2015, le zélé infiltré ultra sioniste Félix Macquart tente de cristalliser les forces musulmanes qui prônent le réformisme.[2] Il lance en 2015, en coopération avec un panel d’acteurs principaux du réformisme musulman tels que Ghaleb BencheikhAdnan IbrahimAsma LamrabetMohammed Bajrafil (qui fera marche-arrière lorsqu’il sentira le traquenard) le Forum mondial pour la réforme de l'islam en vue d’endiguer l’islam radical, comprendre le patrimoine musulman, sous l’œil bienveillant de la « Lumière » Alain Finkielkraut. Le but inavoué est de prendre le contrôle sur l’élite musulmane en vue de la rendre malléable aux injonctions venues d’en-haut.

On prend les mêmes et on recommence. Ce sont ces ingrédients qui ont vaincus la monarchie et le clergé pour remettre les clefs du pouvoir aux mains des sociétés financières supranationales, avec pour vitrine un pouvoir local baptisé pour l’occasion « laïcité », cet artifice qui sert de paravent pour mieux subjuguer les récalcitrants. Après le siècle des Lumières qui dompta l’Église, voici l’Islam des Lumières promu par les sociétés occultes tapissés dans le secret des loges. Les idiots utiles issus du peuple s’en feront les ambassadeurs.

 

Dans les hautes sphères de la hiérarchie des comploteurs, nous avons l’indétrônable pompier-pyromane, J. Attali, dont la contribution généreuse se retrouve à tous les échelons, depuis en amont l’assistance et le conseil prodigués aux hautes instances saoudiennes qui furent entrainées par les mirages du progressisme, jusqu’au patronage en aval des imams de la République tels que le savoureux Ismaël Mounir.  Avant de conclure cette nouvelle alliance, Attali prit soin d’offrir un dernier baisé, tel un Juda en mal de contrition, à son ancien protégé, frère Tarik, la mariée déchue ; on n’achève bien les chevaux, car on ne pactise pas avec le Diable ! Jacques, qui entre désormais dans les annales de l’Histoire au même titre que son coreligionnaire le funeste Disraeli, est dans tous les mauvais coups, ce génie machiavélique aux allures de Spielberg…

 

Il y a ici et là des initiatives plus modestes dans les rangs juifs en vue de déstabiliser les musulmans, à l’image de Rachid Birbach, le portrait-robot de Meyer Habib, qui arrive mal à cacher ses origines en se faisant passer sur les réseaux sociaux pour un apostat devenu chrétien.[3] Sans parler des trolls innombrables qui inondent la toile sous le masque de fervents défenseurs, et souvent acerbes, de l’Islam réformiste, et de son jeune avatar, le coranisme. Je ne parle pas de l’instrumentalisation des réseaux juifs de la marionnette Chalgoumi qui devait avoir de sacrées casseroles (si l’on s’en tient aux allégations d’A. Soral) pour s’être autant fourvoyé jusqu’à perdre son identité, en plus d’être ridicule pour une poignée de dollars ! Comme quoi, l’amour du gain n’a pas de prix…

 

Les pieds nickelés

 

Au diapason de cette fresque ubuesque voguent des électrons libres à l’instar de Karim Hanifi, un juif converti qui est sur la même longueur d’ondes, peut-être bien malgré lui, que les conspirateurs de l’ombre. Romain Sirugue de son vrai nom, dont les appétits féroces sont à hauteur de sa mégalomanie, nous aide à déchiffrer sa démarche obscure grâce à ses deux mentors dont il reproduit les idées, j’ai nommé Islam ibn Ahmed qui sollicite plus sa force intellectuelle et le mystérieux akbarien Oussama, alias Sālik Al-Hanīf qui doit son pseudonyme, tout comme Karim d’ailleurs, à sa volonté de procéder à un syncrétisme des trois grandes religions monothéistes. Véritable mine d’or pour dévoiler les attentes de son lointain protégé, il sollicite plus volontiers sa force émotionnelle. Karim en a pour tous les goûts, sacré veinard !

 

Notre trio magique ne rate pas la moindre occasion pour prendre à contre-pied la plèbe musulmane qu’il toise du haut de sa rambarde. L’un de leur tout dernier larcin est cette thèse universitaire soutenue par mon vieil ami, l’islamologue Hassan Chahdi qui a fourvoyé son âme en échange d’un vil prix ! Pour rançon de la gloire, il joue volontiers à l’arabe de service au nom de l’émancipation intellectuelle, quel dilemme ! Notre larron tombait à pic pour ajouter une nouvelle flèche à l’arc orientaliste. L’orientalisme modéré n’avait rien à se mettre sous la dent pour mettre à mal le Coran des origines, alors il s’est enfermé dans des vices de forme entortillés, ce qui constitue un cruel aveu de faiblesse. Le Diable se perd dans les détails ! Pour reprendre du poil de la bête, il sollicita les services d’un élément de l’intérieur bien aux faits des arcanes de la constitution du livre sacré des musulmans du point de vue de ses adeptes. Un atout de taille qu’il allait exploiter au mieux ; à défaut de jeter le discrédit sur l’élaboration du Coran qui reste le même depuis 14 siècles, ce qui en soit ébranle l’orientalisme partisan, on s’intéresse à la genèse de l’évènement et son processus de formation qui, à résultat identique (il existe une seule version du Coran depuis sa compilation), relèverait du mythe. Non seulement l’historiographie musulmane nous « mentirait » entre guillemets, mais, en réalité, seul l’esprit du Coran fut conservé, non sa lettre ou du moins pas dans son intégralité. Eureka ! On trouvait une faille qu’allait exploiter nos trois compères, même si, pour l’instant, c’est Islam ibn Ahmed qui prend les devants de la scène en affichant son soutien à cette thèse hasardeuse en pensant avoir attrapé un gros poisson[4] ! Nos trois récidivistes font une pierre deux coups : ils s’alignent avec l’orientalisme qui prône avec force le réformisme et qui donc redore leur blason, et, d’un point de vue purement dogmatique, il défend le crédo rationaliste du caractère créé du Coran. Un véritable coup de maitre dans cette partie de billard à trois bandes ! Karim aurait intérêt à exploiter cette brèche s’il veut rééquilibrer les débats avec les chrétiens, car, à ses yeux, la Bible fut conservée dans l’esprit à défaut de l’être dans la lettre. Le réformisme radical s’est donné pour mission de dissocier entre le texte fondateur de l’Islam et ses références primitives, et force est de constater que Karim Hanifi est passé maitre en la matière.

 

Malheureusement, les musulmans en mal de repères mordent facilement à l’hameçon. Ils n’ont pas à l’esprit que cette initiative, qui reprend les vieux codes de l’orientalisme, s’inscrit dans une campagne plus vaste dont nous avons dressé les trois hypostases en introduction. Nous n’avons à faire là qu’à la troisième composante qui consiste, de la part des réseaux juifs, mais pas seulement, à financer la recherche islamologue en vue de déstabiliser les musulmans et de faire de l’islam un fait culturel à vocation folklorique, non idéologique, au même titre que la religion catholique désormais à genoux depuis belles lurettes, et qui, désormais, est tenue en laisse et asphixiée grâce à sa sécularisation. Pour se convaincre de ces desseins cyniques, ayons à l’esprit que le Collège de France, où Hassan fit étalage au grand jour de sa compromission devant un parterre d’universitaires en liesse acquis à sa cause, est grassement et gracieusement financé par la Fondation Bettencourt-Schueller, un obscur mécène.

 

Le Coran des historiens

 

« La complexité des structures exclut une composition consciente de Mahomet. C’est pourquoi nous sommes en faveur de ranger cette hymnologie dans une catégorie que nous définirions comme transpersonnelle. »

Pierre Crapon de Crapona, Le Coran : aux sources de la parole oraculaire, p. 557.

 

C’est dans ce contexte qu’il incombe d’appréhender la parution du « Coran des historiens » aux éditions du Cerf. Déjà, cette maison d’édition d’obédience chrétienne connait dernièrement des revirements à la suite de convulsions d’ordre notamment économiques. En 2016, vingt-sept frères dominicains signent une pétition dans laquelle ils dénonçaient l’intrusion d’une « droite perverse » et se disent « vraiment tristes de voir que le soutien apporté par les éditions du Cerf à Valeurs actuelles rompt avec toute cette tradition qui a fait l’honneur de l’ordre dominicain en France ». Pour le journaliste Joseph Confavreux, cette pétition n'empêche pas la ligne éditoriale du Cerf de prendre une orientation de plus en plus réactionnaire, notamment à l'occasion de la parution du livre L’Émancipation promise du politologue Pierre-André Taguieff (un propagandiste atlantiste, ndt.) qui dresse un violent réquisitoire contre les valeurs républicaines estimant qu’érigées « en absolus, la liberté, l’égalité et la fraternité se transforment en idoles sanguinaires au nom desquelles des multitudes sont sacrifiées ». Il pourfend l’écologie et prend la défense du capitalisme, estimant que le « le secret de l’antisémitisme moderne » serait la « haine du capitalisme ».[5]

 

Je n’ai pas la prétention ici de procéder à une réfutation détaillée, voire même sommaire, de ce monument, l’excellent site Mizane.info, avec lequel je ne partage pas toutes les idées, s’en est chargé avec brio.[6] Je me contenterais, après avoir écarté la thèse farfelue de l’hypercritique, d’apporter ma pierre à l’édifice en dressant une liste de citations d’orientalistes entérinant l’idée que le Coran fut bel et bien conservé depuis ses débuts (avec 40 témoignages au total) ; pinailler sur des détails formels n’enlèvent en rien à cet état de fait. Bien sûr, nombreux sont les auteurs de ces témoignages qui ne portent pas l’islam en affection, notamment au sein d’une élite chrétienne, l’un de ses plus fervents détracteurs, rappelons-le quand même ! Ce constat apporte plus de poids à leurs confessions.

 

Notons également que ces témoignages reposent sur le paradigme matérialiste à l’origine méthodologique de la science moderne, et qui, par essence, est biaisé, car occultant littéralement la dimension spirituelle de l’homme, une composante essentielle du phénomène religieux. Malheureusement, nombreux sont les chercheurs musulmans qui valident ce paradigme, et qui, malgré qu’ils réfutent certaines thèses orientalistes, leur concèdent certains postulats risquant de jouer en leur défaveur.[7] Notamment, le vecteur principal de la transmission du Coran fut par voie orale. Fort de son paradigme matérialiste, l’historico-critique fait fausse route puisqu’il s’attarde sur les preuves matérielles telles que les manuscrits, alors qu’il ne constitue qu’un support secondaire.

 

La bataille hégémonique se déroule avant tout sur le terrain idéologique, et plus on concède du terrain, plus on prête son flanc à la critique, et plus proche est l’abdication. Ainsi, si la vérité vient de la bouche de l’adversaire, c’est uniquement sous un angle, non dans l’absolu, en sachant qu’en fonction des grilles de lecture, on aborde la vérité sous des angles variés et complémentaires. Donc, dans l’absolu, le paradigme humaniste est biaisé, mais relativement, il génère une certaine vérité (même « vérités » au pluriel n’est pas mal non plus). Cette démonstration convient à une catégorie d’individus, et par forcément à des croyants convaincus. Notons, enfin, qu’il m’arrive de citer un auteur sans citation.

 

À suivre…

                     

Par : Karim Zentici

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7 novembre 2019 4 07 /11 /novembre /2019 13:03

 

Focus sur la problématique du mal attribué à Dieu 2/2

 

7°) Il n’existe aucune corrélation entre la perfection du Créateur et la supposée perfection de Sa création. L’imperfection du second élément ne remet absolument pas en cause la perfection du premier. Est-ce que, en toute logique, la défaillance constatée dans la création trahit un défaut de conception qui se traduit par un manque de maitrise de la part du Concepteur ou un manque de bonté ? C’est une éventualité, certes, mais celle-ci n’est pas la seule. Il est tout aussi vraisemblable de supposer que les défauts de fabrication soient volontaires, et que leur raison finale soit en phase avec la Sagesse et la Bonté du ciel. Supposons deux appareils, qui, bien que fabriqués par la même usine, présente des caractéristiques différentes, avec un modèle luxe « toute option » et l’autre modèle standard et « sans option ». A-t-on le droit d’avancer que l’entreprise constructrice est fictive sous le seul prétexte que le second produit est de qualité moindre ? Si on part de ce principe, même le modèle de luxe n’aurait pas de concepteur bien qu’il soit parfait en tout point ! Est-il pertinent de conjecturer sur la provenance de ces deux produits manufacturés en les mettant sur le compte du hasard ?

 

Autre exemple : imaginons un splendide palais à l’architecture parfaite avec un panel de pièces meublées toutes aussi reluisantes les unes que les autres dans le choix des couleurs, de la décoration intérieure, et de ses plafonds d’une beauté impressionnante, à la grande joie des visiteurs. Au cours de la visite des lieux, ceux-ci tombent avec stupeur sur une pièce horrible, sale et sans aucun goût. Vont-ils en conclure que ce palais n’a pas d’architecte ?

 

La question vous étonne, et pourtant, elle extrapole à merveille la position des athées qui cherchent éperdument des failles à ce merveilleux ordonnancement de l’Univers : [C’est l’œuvre d’Allah qui a façonné toute chose à la perfection][1] ; [Lui qui a façonné sept cieux superposés, et rien dans l’œuvre du Tout-Miséricordieux ne décèle aucun défaut ; tu as beau lever les yeux au ciel, et pense-tu que ton regard tombera sur la moindre faille ?][2] Les athées eux-mêmes avouent que le monde est gérée avec une harmonie si méticuleuse que l’esprit reste ébahi devant ce spectacle grandiose. Néanmoins, leur orgueil les pousse à chercher des poux à ce mécanisme parfait en dressant une liste des incohérences qu’ils auraient, à leurs yeux, relevées, et, en même temps, ils ferment les yeux sur les causes innombrables qui suscitent l’émerveillement. Ils en arrivent à la conclusion sans appel que cette horloge extraordinaire ne possède pas d’horloger !

 

Ils ne se mettent à l’idée que ces défaillances sont la manifestation d’un plan impeccable derrière lequel se cache une sagesse infinie. D’un point de vue rationnel, cette hypothèse est-elle concevable ? Bien sûr que oui. Il serait aisé de dénombrer quatre, voire cinq raisons justifiant l’insalubrité de cette pièce obscure au beau milieu de ce palais somptueux. Il peut s’agir d’une prison, d’une salle de torture, ou de toute autre éventualité de ce genre. Ainsi, les anomalies relevées ne trahissent en aucun cas une absence de sagesse divine, au même titre que les épreuves de la vie et des calamités occasionnées dans le monde, car, comparativement aux beautés innombrables qu’il renferme, celles-ci sont insignifiantes.

 

Ainsi, pour revenir à notre propos, la perfection du Créateur ne présuppose nullement la perfection de Sa création, si l’on sait que la défaillance est intrinsèque à cette dernière. En revanche, le Créateur, ce Dieu Tout-Puissant, est parfait, et vous voudriez attribuer cette qualité à une création défaillante !

 

8°) Cet argument avancé par les athéistes est d’une puérilité sans nom ! Ils veulent éliminer de l’existence le Créateur parfait sous prétexte que Sa création est imparfaite en raison du mal qui s’y manifeste. Vous, qui ne raisonnez qu’à partir de la matière et qui ne croyez qu’en ce que vous voyez, vous affirmez que le monde s’est constitué à partir d’atomes éparpillés qui, à la suite d’un choc, ont provoqué par hasard les mécanismes à l’origine de la vie. Vous assumez que les valeurs morales sont relatives, et que, donc, le bien et le mal n’existent pas dans l’absolu. Vous ne faites pas de différence entre le bien et le mal puisque ce sont des valeurs relatives émanant du néant et du hasard. Vous pataugez dans les ténèbres aveugles et anarchiques d’une vie sans but, et ensuite, vous osez mettre en avant le mal pour infirmer l’existence d’un Ordonnateur à l’origine d’un plan harmonieux et sans faille ! Dans ces conditions, sur quel critère vous basez-vous pour déterminer le mal ? Selon vous, le mal est une valeur aléatoire et relative, tout comme ce qui relève du convenable, mais aussi de la morale, du vrai et du faux qui serait des notions subjectives, élastiques, changeantes, évolutives, et donc contestables. Alors comment êtes-vous parvenus à la conclusion que telle chose constitue un mal ?

 

Il faut comprendre le paradoxe dans lequel vous vous êtes empêtrés : vous revendiquez vous émanciper des notions non matérielles telles que la vertu et la justice, alors comment les appréciez-vous ? Est-ce grâce au Progrès et à l’évolution ? Bien sûr que non. Cette réponse serait grotesque. La seule solution qui s’impose à vous est de reconnaitre une Entité supérieure ayant établi des règles transcendantes et universelles qu’Il a insufflé à la nature humaine capable grâce à Ses soins de discerner le bien du mal et le vrai du faux.

 

En admettant que notre présence sur terre soit le fruit du hasard, du chaos, et du désordre, il n’y aurait pas de différence, selon votre conception, entre nourrir un orphelin et lui donner la mort, entre le dorloter et le découper en morceaux. La raison en elle-même n’intervient pas pour trancher entre un acte charitable et un crime. Le « canon de la raison pure » est neutre. Il ne participe pas à l’établissement de la morale si ce n’est qu’en supposant que les habitants d’une même aire géographique se soient entendus à l’unanimité pour ranger tel acte dans l’ensemble des crimes et tel autre dans celui des vertus. Néanmoins, rien en vertu de la raison n’aurait empêché le contraire, soit qu’ils s’accordent à encenser la spoliation, le vol, le viol, et le meurtre. Les naturalistes partent du principe que ces notions de valeur (le beau, le bien, le juste) sont relatives et conventionnelles. Celles-ci restent donc aléatoires et subjectives. Chacun est libre de les définir à sa façon, et les conclusions adoptées par l’un seront éventuellement différentes de celles de son voisin. Il arriverait même, qu’au gré de ses expériences, il change d’avis. Il serait libre de décider du jour au lendemain que le viol n’est pas moins honorable que le mariage pas plus que le mariage n’est pas moins haïssable que le viol. Notre place dans ce monde n’aurait qu’une dimension matérielle, loin des considérations métaphysiques telles que la sagesse transcendante, une raison d’être, un but à attendre, des jugements de valeurs, etc.

 

Alors, sur quel critère se basent-ils pour élaborer leur théorie du « problème du mal » puisqu’à leurs yeux, le mal n’existe pas, si ce n’est que de façon relative et subjective ? Ce seul paradoxe écroule leur théorie de fond en comble !

 

9°) Cette théorie athéiste part d’une conception erronée du grand Architecte. Ceux-ci occultent littéralement le postulat d’un Créateur Omniscient, Omnipotent, doté d’une Sagesse infinie, d’un Pouvoir qui s’étend sur toute chose et qu’Il exerce à Sa guise sur une création entièrement soumise à Sa Volonté sans faille. Malheureusement, cette description de l’Être suprême est absente de leur dictionnaire. Eux s’imaginent un dieu impersonnel, une espèce d’instrument au service de leurs caprices, et, à partir du moment où il contrevient à leur volonté et que la moindre épine les effleure, ils s’empressent, pour afficher leur ingratitude, de jeter le discrédit sur Son Existence. Ils inversent complètement le rapport de force en guise d’insoumission. Ils s’insurgent, par orgueil, contre la présence du mal et des malheurs qui les touchent. Que reste-t-il à un Dieu passif et au service des êtres faibles et insouciants ? Que Son Nom soit sanctifié au-dessus de leurs blasphèmes !

 

Il suffit de se pencher sur leurs écrits, ce qui en soit est une véritable corvée, d’échanger avec eux à l’occasion d’un débat, ou tout simplement de leur prodiguer un prompt conseil pour constater chez eux ce phénomène. Ce sentiment de supériorité vis-à-vis d’un dieu passif va forcément les conduire à des conclusions biaisées et ô combien fantaisistes.

 

10°) Nous sommes sur terre pour être mis à l’épreuve, non pour y connaitre le bonheur matériel et l’épanouissement des sens. Pourquoi le Tout-Puissant a-t-il créé le monde ? ;  [Lui qui a fait de la vie et la mort une épreuve afin de distinguer lequel d’entre vous agira le mieux, car Il est le Dieu Tout-Puissant et Absoluteur].[3] La vie sur terre est un examen et le bonheur éternel est réservé à l’au-delà. Ce bas monde, qui est éphémère, n’est qu’un tremplin et un passage vers la vie future, qui elle, marque la fin du voyage. Il n’est pas une fin en soi. C’est pourquoi, il est pavé d’embûches. Rien ne sert donc de revendiquer plus de bien-être, puisque, par définition, il n’a pas pour vocation de garantir le bonheur à son paroxysme ni de remédier à tous les fléaux qui font obstacle à sa concrétisation. À quoi bon tendre vers cette utopie puisque nous sommes ici de passage ? La demeure éternelle se trouve de l’autre côté, et seuls les justes y auront la plus belle part.

 

Là où nous voulons en venir c’est que leur vision étroite et purement matérialiste de la vie d’ici-bas est biaisée à la base, et donc, forcément, ils chercheront par tous les moyens à acquérir le bonheur et à s’accrocher éperdument à ce mirage éphémère. Il suffit juste de déplacer le curseur du bonheur vers la vie éternelle pour s’épargner ce leurre, économiser son énergie, soulager sa conscience, et œuvrer dans le bon sens : [La vie ici-bas est faite de plaisirs et de distractions éphémères, et la vie véritable commence après la mort, mais en ont-ils seulement conscience ?].[4] 

 

Nous ne contestons pas que les malheurs puissent noircir le tableau de la vie, mais vaut-elle la peine qu’on s’apitoie autant sur elle ? Le jeu en vaut-il vraiment la chandelle ? Celle-ci est insignifiante comparativement à la vie éternelle qui, elle, mérite toute notre attention. Nous sommes exposés à tous les aléas au cours de notre parcours sur cette terre, mais nous avons de quoi nous consoler. Nous avons les moyens de les endurer en gardant à l’esprit la récompense qui nous attend dans l’autre vie à condition de passer avec succès les épreuves qui se présentent devant nous. Ce troc, voire ce sacrifice, est tout à fait assimilable par la raison. Imaginez qu’un homme riche propose à un pauvre de le pincer en échange d’un grand building, d’une belle voiture, et d’une grosse somme d’argent, pensez-vous qu’il va hésiter une seconde malgré la douleur qu’il accepte d’endurer ?

 

Les affres ici-bas ne sont rien comparativement à la récompense réservée par Dieu dans le futur à Ses serviteurs patients. Le jeu en vaut réellement la chandelle ! Les délices du Paradis sont bien plus alléchants que les plaisirs éphémères. Un seul bienfait en haut vaut toutes les richesses réunies de ce monde de labeur. J’en fais le sermon : « le moindre espace au Paradis, pas plus grand qu’une cravache, vaut toutes les richesses de la terre. »[5] Imaginez qu’un espace aussi petit soit plus précieux que tout ce que votre esprit peut s’imaginer.

 

Alors, pour revenir à nos moutons, posons-nous les vraies questions au lieu de tergiverser et faire fausse route : la vie sur terre n’est pas une fin en soi. Celle-ci ne mérite pas une si grande attention. Consolons-nous avec la récompense qui nous attend à condition de passer l’examen avec succès en nous projetant vers le bonheur éternel auquel auront droit les adeptes de la foi qui vénèrent le Dieu unique et qui endurent les aléas jonchant leur cheminement. Qu’est-ce que le bonheur selon les critères des athées ? Tout le monde goûte à la mort, tant ceux qui vivent dans la joie et l’opulence que ceux qui sont touchés par la misère, l’adversité et la maladie. Aussi long que dure un calvaire, il passera aussi vite qu’un éclair par rapport au temps infini qui se profile après la mort. La raison conçoit tout à fait qu’un Dieu Protecteur gratifie Ses fidèles serviteurs d’un confort ininterrompu.

Nous nous adressons aux athées avec leur propre langage et leur paradigme. Nous avons avancé dix principes à même, avec l’aide du Tout-Puissant, de démêler la problématique posée par la théorie athée et de l’appréhender correctement.

 

En un mot, nous croyants, nous sommes convaincus que le monde lacunaire qui nous entoure est géré par un Dieu Parfait, Omniscient, Bon, et Sage. Et, c’est à la lumière de Sa Perfection que nous jaugeons la faiblesse de nos âmes. Dès lors, il devient facile d’élucider le « problème du mal ».

 

J’implore le Seigneur de nous placer sur la voie du succès et de la rectitude ! Et Dieu seul sait !

 

Que les prières et les bénédictions d’Allah soient sur Son Messager et serviteur, Notre Prophète Mohammed, ainsi que sur ses proches, ses Compagnons et ses fidèles successeurs ! 

Traduit par : Karim Zentici

http://mizab.over-blog.com/

 

[1] Les fourmis ; 88

[2] Le royaume ; 3

[3] Le royaume ; 2

[4] L’araignée ; 64

[5] Hadîth sur l’authenticité duquel s’accordent Bukhârî et Muslim.

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