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25 mars 2013 1 25 /03 /mars /2013 06:31

Mecca19

 

 

La lapidation dans l’Islam

(Partie 5)

 

Parmi les arguments en faveur de la lapidation, il y a l’histoire où les juifs de Médine vinrent trouver le Prophète (r) pour lui soulever une affaire d’adultère entre deux des leurs. Le Prophète (r) leur demanda d’apporter la Thora et de lire la loi sur la question, en présence de ‘Abd Allah ibn Sallâm, un savant juif converti à l’Islam. Ce dernier somma à celui qui lisait de lever son doigt qui cachait la peine prévue le cas échéant. Les deux coupables furent alors lapidés sur le champ. Certaines annales rapportent que pendant l’exécution l’homme cherchait à couvrir la femme des jets de pierre. Les juifs de l’époque traitaient l’adultère avec laxisme. Il régnait dans les rangs une certaine lassitude étant donné que les peines étaient seulement appliquées sur les pauvres. Ils se contentaient de fouetter les coupables et de les faire tourner dans les marchés attachés sur un âne et couverts d’enduit.[1]

 

Ainsi, au cours de sa longue mission, le Prophète (r) eut affaire à cinq cas de lapidation.[2] Il est à noter qu’à chaque fois, la sentence se basait sur un aveu, sauf dans le dernier cas pour lequel les modalités de la loi relèvent des compétences juives wa Allah a’lam ! Ainsi, « le châtiment des femmes adultères est théoriquement impossible », ou plus exactement : « quasiment impossible à rapporter ».

« Cela veut dire qu’il n’est pas suffisant de trouver un homme et une femme nus dans un lit pour conclure à l’adultère. En ce qui concerne le témoignage, le Coran est aussi très exigeant : si l’un des quatre témoins venait à contredire les trois autres ou émettait un doute sur la réalité de l’adultère, alors il convient d’inculper les trois autres témoins pour « faux témoignage ». Les trois témoins qui disent la même chose s’exposent à quatre-vingts coups de fouet si un seul sur les quatre mettait en doute leur témoignage ! De la même manière, celui ou celle qui accuse son époux ou son épouse d’adultère sans pouvoir faire témoigner quatre personnes s’expose à la même sentence (Sourate 24 « La Lumière », Verset 2).»

Cette dernière allégation manque de précision, car la loi qui régit ce cas est prévue par le v. 6 non le v. 2. ; mais, vous êtes plus précis ensuite : « Lorsqu’un homme accuse sa femme d’adultère (ou inversement d’ailleurs une femme accuse son mari d’adultère), sans pouvoir fournir les quatre témoins, il lui reste la possibilité de jurer par quatre fois de suite devant Dieu et devant un juge de la véracité de son accusation et d’appeler sur lui à la cinquième reprise la malédiction divine s’il ment. (Sourate « La Lumière », Versets 6 et 7). Cela ne fait pas la preuve de la culpabilité de l’accusé (é) mais fait la preuve de la sincérité de son accusateur. »

« Bien entendu ! A son tour, la personne accusée jure par quatre fois successives devant Dieu et devant un juge de sa sincérité et une cinquième fois en appelant sur elle la malédiction divine si elle ment (Sourate « La Lumière », Versets 8 et 9). Cette personne ne fait pas ainsi la preuve définitive de son innocence, mais exprime de cette manière sa bonne foi. Elle indique aussi au juge que la vie de couple est devenue impossible puisque la confiance est rompue. Le juge prononce alors le divorce sur le champ tout en prenant soin de ne laisser aucune des deux parties dans le besoin financier par rapport à l’autre. »

« Il faut savoir que l’une des règles essentielles de la pratique juridique dans l’Islam est celle de la présomption d’innocence. Il ne faut jamais appliquer la sentence lorsqu’il y a un doute nous disent les juristes les plus rigoristes de l’Islam. Ils nous disent également qu’il est préférable de libérer un coupable que de condamner un innocent. Enfin, dès les origines, l’Islam insiste sur le fait qu’il ne faut juger que les femmes et les hommes qui peuvent être reconnus responsables de leurs actes, donc écarter les déments et les mineurs. »

 

Ainsi, « la preuve de l’adultère est difficile sinon presque impossible à faire »,  car le respect de la vie privée est une notion fondamentale en Islam.

 

Par ailleurs, le Prophète (r) ne se contenta pas de pratiquer, de tolérer, ou pour reprendre votre expression, de « laisser faire » la lapidation, mais il jeta les bases juridiques en matière criminelle. Selon un hadîth : « Le sang du musulman qui témoigne qu’il n’y a d’autre dieu en dehors d’Allah et que je suis le Messager d’Allah est sacré, sauf dans trois cas : l’homme marié adultère… »[3] Mais, me direz-vous, il n’y est pas question de lapidation. Nous disons certes, s’il n’y avait pas une autre version mettant en lumière ses intentions : « … un homme qui fait l’adultère après s’être marié, il faut le lapider… »[4] Cette version n’est pas rapportée par el Bukhârî et Muslim, mais l’un des plus grands spécialistes contemporains en hadîth l’a authentifié.[5]

 

Voici un autre hadîth qui pourrait appuyer notre propos. Selon ibn ‘Abbâs (t) en effet, le Prophète (r) déclare : « Si vous voyez quelqu’un faire comme le peuple de Loth, tuez indépendamment celui qui fait l’acte et celui qui le subit. Si vous voyez quelqu’un s’accoupler avec une bête, tuez-les lui et la bête. »[6] Notons tout d’abord la similitude entre ce propos et deux versets de la Bible dont voici les énoncés : « Quant un homme couche avec un homme comme on couche avec une femme, ce qu’ils ont fait tous les deux est une abomination ; ils seront mis à mort, leur sang retombe sur eux. » [7]

« Quand un homme a des relations avec une bête, il sera mis à mort, et vous tuerez la bête. » [8]

Le verset suivant est aussi éloquent : « Quand une femme s’approche de quelque bête pour s’y accoupler, tu devras tuer la femme et la bête ; elles seront mises à mort, leur sang retombe sur elles. » [9]

 

Ensuite, il faut savoir que la loi ne prévoit pas un mode d’exécution particulière pour les cas d’homosexualité et de zoophilie. Ceux-ci sont laissés à l’initiative du juge ou du chef de l’autorité. Néanmoins, de nombreux savants les rattachent à l’adultère.[10] En cela, ce hadîth constitue un argument en faveur de la légitimité de la lapidation, wa Allah a’lam !

 

Vous dites en conclusion : « Je suis personnellement opposé à l’application aujourd’hui des peines corporelles, du fouet à la lapidation en passant par l’ablation des membres, etc. » Pour un islamologue digne de ce nom, c’est réponse est quelque peu surprenante, elle manque surtout de cohésion. Passons pour l’adultère, que vous cherchez éperdument à abroger, ou pour le moins, à délégitimer sous prétexte que « Dans le Coran, texte fondateur de l’Islam, il n’y a aucune trace d’incitation à la lapidation » ; mais que dire de la peine du fouet et de l’ablation des membres ? Le Coran est pourtant clair sur la question !

 

Gloire à Toi Ô Allah ! Et à Toi les louanges ! J’atteste qu’il n’y a d’autre dieu (digne d’être adoré) en dehors de Toi ! J’implore Ton pardon et me repens à Toi !

 

Par : Karim Zentici     

 

     

 



[1]Les détails de cette histoire sont parsemés à travers plusieurs versions que recensent notamment el Bukhârî (3635, 4556, 6841, 7332, 7543) et  Muslim (4412-4418).

[2]Voir : subûl e-salâm (7/102).

[3]Rapporté notamment par Abû Dâwûd (4342).

[4]Idem. (4343).

[5]Voir sahîh e-targhîb wa e-tarhîb de Sheïkh el Albânî (2389).

[6]Rapporté par Ahmed (1/300), Abû Dâwûd (3462), ibn Mâja (2561), e-Tirmidhî (1456) ; Sheïkh el Albânî l’a authentifié dans Irwâ el ghalîl (2350).

[7]Le Lévitique ; 20.13

[8]Le Lévitique ; 20.15

[9]Le Lévitique ; 20.16

[10]Voir : subûl e-salâm de San’ânî (7/121-122).

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24 mars 2013 7 24 /03 /mars /2013 08:51

Mecca19

 

La lapidation dans l’Islam

(Partie 4)

 

De nombreux hadîth (qui correspondent aux paroles, aux actes, au consentement implicite, et au portrait moral et physique du Prophète) parlent de la lapidation. Bon nombre d’entre eux sont « muttafaq ‘alaïhi » (que s’accordent à authentifier el Bukhârî et Muslim). Je ne sais pas ce que cela signifie à vos yeux, mais pour la majorité des adeptes de « l’islam sunnite », cela représente le plus haut degré d’authentification qui soi après le Livre d’Allah.[1]

 

Il y a notamment la fameuse histoire de Mâ’iz ibn Mâlik el Aslamî qui implora à quatre reprises au Prophète (r) d’appliquer sur lui la loi d’Allah. À chaque fois, le plus clément des hommes (r) se détournait de lui, et se demanda même s’il était sain d’esprit. Mais, la foi et le repentir de Mâ’iz étaient tellement grands qu’il insista sans relâche jusqu’à ce que le Prophète se plie à sa volonté. Le Prophète (r) reprocha même aux Compagnons de l’avoir suivi pour en finir avec lui, alors qu’il cherchait à s’enfuir au cours de l’exécution.[2] Une version chez Muslim précise que son repentir fut tellement sincère qu’il aurait suffi à une communauté entière.[3]

 

Il y a également l’histoire émouvante de la femme de la tribu de juhaïna, connue sous le nom de la ghâmidiya. Celle-ci vint voir le Prophète (r) alors qu’elle était enceinte et lui demanda de la purifier. Ce dernier la renvoya et lui suggéra de revenir après l’accouchement, ce qu’elle fit. Cependant, il la renvoya à nouveau et lui suggéra de revenir après le sevrage du nouveau-né, ce qu’elle fit. Il voulut la renvoyer encore, mais elle revint avec son enfant qui tenait un morceau de pain dans la main pour lui faire comprendre qu’il n’avait plus besoin du sein maternel. C’est alors que la sentence lui fut appliquée. Après l’événement, le Prophète jura que si son repentir avait été distribué sur soixante-dix habitants de Médine, il leur aurait suffi.[4] En cela, l’évènement n’est pas tragique. Il est, tout au plus, dramatique. En regard de sa finalité, c’est un évènement heureux, et c’est d’ailleurs l’essentiel. Cette femme, dont le courage n’a rien à envier à beaucoup d’hommes, fut promise au Paradis.

 

En outre, rien n’indique dans ces deux histoires que le Prophète (r) était en désaccord avec ce châtiment ou qu’il s’opposait à ce châtiment. Je ne sais pas si vous pesez bien vos paroles, mais pour votre défense, il me semble que vous confondez entre deux choses : entre les lois universelles (el Irâda el kawniya) et les lois textuelles d’Allah (el Irâda e-shar’iya). Qu’un homme puisse avoir de la compassion envers celui ou celle qui subit une peine, ou même éprouver une certaine répulsion envers celle-ci est tout à fait naturel. Cependant, cela ne doit pas empêcher d’appliquer la loi avec rigueur. Lorsque le v. 2 de la s. la lumière, condamne tout sentiment de compassion qui pourrait faire obstacle à la sentence, cela ne signifie pas qu’il veut faire de nous des brutes. Concevez la nuance. Il est certain que le Prophète est le plus sensible des hommes, mais au même moment il est le plus prompt à se soumettre au Décret divin qui décèle des sagesses innombrables. Les apparences sont souvent trompeuses, sans compter que le Très-Haut éprouve la fidélité des hommes en leur imposant des peines difficiles à appliquer… wa Allah a’lam !     

 

L’anecdote la plus éloquente sur le sujet est celle des deux bédouins qui se présentèrent au Prophète (r) afin qu’il tranche entre eux sur une affaire d’adultère dans laquelle étaient impliqués le fils de l’un et la femme de l’autre. L’un d’eux, qui semblait plus cultivé, pria au prophète (r) de juger entre eux par le Livre d’Allah. « Je vais juger entre vous par le Livre d’Allah, répondit-il » Il ordonna ensuite de fouetter le coupable qui n’était pas marié et de l’expulser un an, en sachant qu’il n’est pas fait mention de la sanction d’expulsion dans le Coran. Quant à la femme, elle avoua son crime et fut lapidée.[5]

 

Ibn Hajar el ‘Asqalânî et e-Nawawî avant lui, pour ne citer qu’eux, relèvent que la lapidation est légitimée à l’unanimité des savants musulmans. Ainsi, votre position rejoint celle de certains kharijites et mu’tazilites (qui retrouvent à notre époque leurs heures de gloire par le biais des néo-rationalistes, à la grande joie des orientalistes !) qui ne reconnaissent pas son statut sous prétexte que le Coran n’en fait pas mention.[6] Tiens, comme les jours se ressemblent ! Est-ce un hasard… Ainsi, la loi prévoit la lapidation pour l’homme ou la femme mariée et la peine du fouet pour l’homme ou la femme célibataire.[7] Je ne veux pas ici nourrir les débats entre les savants sur certains détails, mais il faut savoir en gros que la lapidation est établie par le Coran, la Sunna du prophète, celle des quatre khalifes et le consensus des savants musulmans.

 

Le Khalife ‘Omar était un inspiré. Il donne l’impression de s’adresser à vous lorsqu’il dit du haut de son minbar : « Allah envoya Mohammed en toute vérité. Il lui a révélé notamment le Verset de la lapidation. Nous l’avons lu et bien assimilé. Nous avons également appliqué la lapidation après sa mort. J’ai bien peur qu’avec le temps quelqu’un dise : « Nous ne trouvons pas la lapidation dans le Livre d’Allah », et qu’il s’égare ainsi pour avoir délaissé un commandement révélé par Allah. La lapidation est une vérité dans le Livre d’Allah le Très-Haut contre l’homme ou la femme marié qui a commis l’adultère ; à condition d’en apporter la preuve ou qu’il y ait eu une grossesse ou un aveu. »[8] Voici le Verset dont l’énoncé fut abrogé et que rapportent certaines annales suspectes[9] : (L’homme âgé ou la femme âgée lapidez-les jusqu’à ce que mort s’ensuive).[10] Selon une autre hypothèse, qui ne va pas vraiment dans le sens de votre thèse, la sentence n’est pas explicitement évoquée dans le Coran, qui nous commande toutefois d’obéir à celui sur lequel il fut révélé.[11] Le quatrième khalife, pour sa part, avait bien compris la chose. C'est pourquoi il fit fouetter une femme adultère un jeudi, et lapider un vendredi. Lorsqu’il dut s’expliquer sur la chose, il confia qu’elle fut fouettée selon le Livre d’Allah et lapidée selon la Sunna du Messager d’Allah.[12]

 

Ensuite, vous dites : « La Sourate « les femmes » (Sourate 4, Verset 15) prévoit qu’une femme convaincue d’adultère soit « enfermée dans une maison jusqu’à sa mort, à moins que Dieu ne lui offre un moyen de salut ». Cependant, la Révélation s’est déroulée sur 23 ans. Des Versets plus précis sur cette question de l’adultère par exemple sont venus après celui compris dans la Sourate des femmes (qui prévoit l’enfermement ; NDLR). L’inscription dans le temps de la Révélation à permis de développer ce que les savants musulmans appellent « la science de l’abrogation ». Ainsi, la recommandation de l’enfermement a été abrogée par un Verset de la Sourate de la lumière qui recommande de châtier les adultères par le fouet. Lorsqu’il a reçu ce Verset, le Prophète a dit « voilà l’issue offerte par Dieu aux femmes adultères dans la Sourate plus ancienne ».

 

Il y a plusieurs remarques à faire sur ce passage. La première qui vient à l’esprit, c’est qu’apparemment, vous n’êtes pas offusqué par l’enfermement de la femme convaincue d’adultère jusqu’à sa mort et par la peine de fouet puisque le Coran en parle. N’avez-vous pas peur de choquer ainsi les Occidentaux ? En revanche, comme nous le verrons plus loin, vous ne faites pas la différence entre les peines corporelles prescrites par le Coran et celles qui y sont inexistantes en leur apposant sans distinction un « non » catégorique. Vous êtes en effet : « personnellement opposé à l’application aujourd’hui des peines corporelles, du fouet à la lapidation en passant par l’ablation des membres, etc. » Alors pourquoi toute cette polémique sur la légitimité de la lapidation en regard des textes scripturaires de l’Islam.

 

Autre remarque, la plupart des textes que les dissidents à la Révélation utilisent en leur faveur se retournent contre eux.[13] C’est normal, me direz-vous, car, comme nous l’avons souligné auparavant,les égarés de toutes confessions, s’appuient généralement sur des arguments ambigus au détriment des arguments formels, trahissant ainsi qu’ils sont plus animés par les passions que par la recherche de la vérité.[14] Ce manque de bonne foi ou, pour le moins, ce manque de rigueur les fait sombrer dans les contradictions les plus aberrantes. Ainsi, ici vous donnez foi aux paroles du Prophète qui prévient que le v. 4 de la sourate les femmes est abrogé, alors que le hadîth sur le sujet est simplement rapporté par Muslim.[15] En revanche, vous ne donnez pas foi à plusieurs hadîth que s’accordent à rapporter el Bukhârî et Muslim et qui ne font qu’enrichir une loi existante ; ce qui en soi est plus concevable que l’abrogation d’une loi… c’est sans commentaire !

 

Pire, vous omettez de dire que l’issue offerte par Dieu aux femmes adultères ne porte pas uniquement sur l’abrogation du verset en question par le v. 2 de la sourate la lumière, et qui prescrit de châtier les adultères au fouet. Il s’agit également d’apporter une nouvelle loi disant qu’il faille lapider la femme adultère mariée. En cela, le v. 2 de la sourate la lumière, n’a pas pour vocation d’abroger un autre Verset. Il ne fait que spécifier que le fouet concerne la femme célibataire indépendamment de la femme mariée comme le souligne pertinemment ibn Hajar.[16] Voilà ce que le hadith en question révèle. Selon ‘Ubâda ibn e-Sâmit, le Messager d’Allah a dit : « Prenez de moi, prenez de moi ! Allah leur a offert une issue. Pour l’homme vierge avec la femme vierge, il est prévu cent coups de fouet et l’expulsion d’un an, et pour l’homme marié avec la femme mariée, cent coups de fouet et la lapidation. » Est-ce un manque de bonne foi ! Je n’en suis pas sûre, car certains manuscrits de sahîh Muslim ne font pas mention du passage en gras…

 

À suivre…

 

Par : Karim ZENTICI     

   

 

 



[1]Certains orientalistes ont vainement cherché à dénigrer la valeur historique du corpus des hadîth, mais Allah n’entend que préserver sa religion, comme le formule le Verset : [Certes, Nous avons descendu le Rappel, et il Nous incombe de le garder][el hijr ; 9]

[2]Ce hadîth est rapporté par el Bukhârî (6815, 6825) et Muslim (4396). Cette histoire prouve que la lapidation ne s’applique pas uniquement sur les femmes, contrairement à ce que laissent entendre les détracteurs de la dernière religion révélée aux hommes.

[3]Rapporté par Muslim (4406).

[4]Rapporté par Muslim (4408).

[5]Rapporté par el Bukhârî (6827, 6828) et Muslim (4410).

[6]Voir : sharh sahîh Muslim d’e-Nawawî (11/189) et Fath el Bârî (15/602).

[7]Certains font la distinction entre la fornication qui concerne l’homme ou la femme célibataire et l’adultère qui concerne l’homme ou la femme marié.

[8]Rapporté par el Bukhârî (6830) et Muslim (4394).

[9]Voir e-sunan el kubra de Nasâî (4/7156).

[10]Ce Verset aurait été intégré au départ dans la sourate les coalisés ; voir : sharh sahîh Muslim (11/192), Fath el Bârî (15/635) et subûl e-salâm de San’ânî (7/108).

[11]Voir : Fath el Bârî (15/635).

[12]Voir : Fath el Bârî (15/605-606) ; cette annale est en partie rapportée par el Bukhârî (6812) ; elle est également rapportée par e-Daraqutnî (3/123-124) et e-Nasâî dans e-sunan el kubra (4/269-270).

[13] Voir : el Jawâb e-Sahîh li man baddala din el Masîh (1/104-105).

[14]Voir notamment : El Jawâb e-Sahîh li man baddala din el Masîh (2/710) et majmû’ el fatâwa (3/62-63).

[15] Voir : Muslim (4390, 4391, 3392).

[16] Voir : Fath el Bârî(15/606-607).

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23 mars 2013 6 23 /03 /mars /2013 09:04

Mecca19

 

 

La lapidation dans l’Islam

(Partie 3)

 

Avant nous, les juifs et les chrétiens se sont divisés respectivement en 71 et 72 sectes. Quant à notre communauté, elle va se diviser en 73 sectes ; toutes sont vouées à l’Enfer à l’exception d’une seule.[1] Celle-ci se particularise pour s’attacher scrupuleusement aux enseignements du meilleur des hommes (r) et à la voie des trois premières générations (les Compagnons, les tabîrîns, et leurs successeurs). Le sceau des prophètes nous a malheureusement prévenus que nous allons suivre pas à pas les communautés du Livre qui se distinguent notamment par leur éloignement aux prescriptions prophétiques, par leur attachement aux passions et aux coutumes païennes, et pour vendre leur religion à vil prix.[2] Le seul salut possible, le seul moyen d’entrer au Paradis – auquel vous semblez ne pas adhérer –, le seul moyen de gagner le bonheur sur terre et dans l’au-delà, et de suivre le droit chemin loin des sentiers égarés, c’est de se conformer fidèlement à la Sunna.[3]

 

Or, vous dites : « Dans le Coran, texte fondateur de l’Islam, il n’y a aucune trace d’incitation à la lapidation. Ce sujet n’est pas évoqué. Même si le Coran, à plusieurs reprises, répète que l’adultère est un acte mauvais, un crime dont il faut s’éloigner, vous ne trouverez pas la lapidation citée comme châtiment de cet acte pourtant fortement réprouvé. » Plus loin, vous signez : « Dans le texte fondateur de l’Islam, le Coran, il n’y a aucune trace d’incitation à la lapidation. Il n’y a aucun Verset coranique qui dise d’appliquer la lapidation. » Vous faites bien de mettre l’accent sur l’ignominie de l’adultère que vous définissez joliment comme : «  une relation sexuelle, hors mariage, entre un homme et une femme ou entre deux hommes ou entre deux femmes. Le but fondamental des religions sémites monothéistes, est de protéger la vie et de lui offrir un cadre organisé comme celui d’une cellule familiale. » Cependant, vous omettez de signaler que le Coran recommande également d’obéir au dernier des messagers (r) dans de nombreux passages, qu’ibn Taïmiya évalue à une quarantaine.[4] Apparemment, vous n’en est pas convaincu ; alors, tenez pour vous « rafraichir » la mémoire :

 

Le Coran nous enjoint d’obéir à Allah et à Son Messager, et de renvoyer nos litiges au Coran et à la Sunna ; il en a même fait une condition de la foi.[5] Il incombe de se soumettre totalement au jugement du Prophète (r) sans ressentir la moindre gêne à son égard.[6] Lui obéir, c’est obéir au Seigneur.[7] Le Livre sacré nous met en garde de lui désobéir et il nous fait savoir qu’il lui revient uniquement de transmettre clairement le message.[8] Son chemin est droit et les sentiers perdus mènent à l’égarement et à la division.[9] Son message appelle à la vie, il nous invite donc à y répondre.[10] Si nous lui tournons le dos, chacun aura la charge de ses propres actes, mais si nous le suivons nous serons guidés sur le droit chemin.[11] Nous avons en sa personne un bon exemple, pour celui d’entre nous qui aspire à la rencontre d’Allah et au jour du Jugement dernier.[12] Il n’appartient nullement au croyant ou à la croyante d’émettre un choix lorsqu’Allah et Son Messager décident d’une chose. Celui qui désobéit à Allah et à Son Messager sombre dans un égarement manifeste.[13] Il nous est enjoint également de nous soumettre aux obligations du Messager (r) et de nous éloigner de ses interdictions ; craignons Dieu, Lui dont le châtiment est terrible.[14]

 

Par ailleurs, l’indice qui témoigne de l’amour d’Allah, c’est de suivre Son Messager (r) ; Allah est certes Absoluteur et Miséricordieux.[15] L’amour d’Allah engendre Sa Miséricorde, le succès, le bonheur éternel, et la meilleure compagnie qui soit.[16] En revanche, quiconque se détourne du Prophète (r), après avoir eu connaissance de la bonne voie, et qui ne suit pas le chemin des croyants (les Compagnons et leurs fidèles successeurs) aura pour demeure l’Enfer, quelle bien vilaine demeure est-elle ![17] Ceux qui vont à l’encontre des commandements du Prophète (r) ne sont pas à l’abri de subir une épreuve ou un châtiment douloureux.[18] Lorsque les visages seront retournés dans le feu, là sera le remords et les pleurs pour ne pas avoir suivi Allah et Son Messager.[19]

 

Au demeurant, un Verset illustre bien que les enseignements du Prophète ne se limitent pas au Coran. Jugez-en vous-même : (Allah a fait la faveur aux croyants de leur avoir envoyé un Messager issu des leurs qui leur récitent Ses Versets et qui les élèvent ; il leur apprend le Livre et la Sagesse alors qu’auparavant ils sombraient dans un égarement manifeste).[20] Selon ibn Kathîr, la sagesse correspond à la Sunna, bien qu’elle ait aussi le sens de la bonne compréhension de la religion ; la Sunna en effet fait partie intégrante de la religion.[21] Un ancien disait : « Quiconque se conforme à la Tradition dans ses paroles et ses actes est inspiré par la sagesse tandis que quiconque suit ses propres passions est inspiré par l’innovation. »[22]

 

Bon nombre de hadîth, qu’il serait trop long ici de recenser, recommandent de suivre Mohammed (r) et mettent en garde contre toute déviation. Je vous renvoie aux ouvrages écrits sur le sujet.[23] Le Prophète (r) avait déjà prédit qu’un jour des musulmans contesteraient, à votre façon, l’autorité de sa Tradition. Selon el Miqdâm ibn Ma’dîkarib (t), après avoir interdit un certain nombre de choses à la conquête de Khaïbar, le Message d’Allah déclara : « L’un d’entre vous me démentira bientôt, accoudé sur un coussin ; lorsqu’il entendra l’une de mes paroles, il répondra : « Entre vous et moi, il y a le Livre d’Allah : les choses licites que nous y trouvons, nous les rendons licites, et les choses illicites que nous y trouvons, nous les rendons illicites. » Pourtant, les interdictions du Messager d’Allah (r) sont comme les interdictions d’Allah. »[24] Ainsi, les générations futures, qui vivront dans l’aisance, se permettront de dénigrer la Sunna sous prétexte que le Coran est le « texte fondateur de l’Islam. » Wa Allah el musta’ân !

 

À suivre…

 

Par : Karim ZENTICI

 

  

 

   

 

 



[1]Voir : e-Sunna d’ibn Abî ‘Âsim (32-36).

[2]Idem. (36-39).

[3]Voir : Majmû’ el fatâwa d’ibn Taïmiya (19/93).

[4] Idem. (19/83-261).

[5]Les femmes ; 59

[6]Les femmes ; 65

[7]Les femmes ; 80

[8]Le repas céleste ; 92

[9]Le bétail ; 153

[10]Les butins ; 24

[11]La lumière ; 54 Dans Majmû’ el fatâwa (15/282-285) ibn Taïmiya fait remarquer que c’est la sourate qui traite de l’adultère. Ainsi, la lumière de la Révélation nous guide sur le chemin du bonheur, loin des sentiers obscurs, et qui consiste à appliquer les peines qu’elle a prévues.

[12]Les coalisés ; 21

[13]Les coalisés ; 36

[14]Le rassemblement ; 7

[15]La famille de ‘Imrân ; 31 on obéit toujours à celui qu’on aime.

[16]Les femmes ; 13, 69, le repentir ; 71, la lumière 51

[17]Les femmes ; 115

[18] La Lumière ; 63

[19]Les coalisés ; 66

[20]La famille de ‘Imrân ; 164

[21]Voir : tafsîr ibn Kathîr  du v. 129 de s. la vache.

[22]Voir : Majmû’ el fatâwa (14/241). L’auteur de ses paroles est Abû ‘Uthmân e-Nisâbûrî.

[23]Voir notamment : Îqâzh el himma li ittibâ’ nabî el umma de Khâlid el ‘Ajmî (46-68).

[24]Rapporté par Ahmed dans son Musnad (4/132), l’énoncé lui revenant, e-Tirmidhî (2664), e-Dârimî (586), el Hâkim dans el mustadrak (1/109) ; Sheïkh el Albânî considère que sa chaîne narrative est authentique.

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20 mars 2013 3 20 /03 /mars /2013 07:33

Mecca19

 

 

La lapidation dans l’Islam

(Partie 2)

 

Vous dites notamment que : « Des récits (Hâdith) rapportent que le prophète à laissé faire dans certain cas. » Vous êtes un islamologue, il ne peut vous échapper que le consentement du prophète et son silence font autorité et s’inscrivent dans la loi. Sa mission consiste à guider les hommes sur le chemin du salut, non à les induire en erreur par des silences dont l’interprétation serait ambigüe, et surtout, qui laisserait le champ libre aux esprits les plus pervers et les plus libres, sous prétexte de se plier à l’air du temps. Ils pourraient utiliser contre vous les mêmes arguments que vous utiliser pour amenuiser l’autorité de certaines lois, et se cacher derrière l’ijtihâd en faisant une interprétation fallacieuse ou pour le moins, aléatoire des textes scripturaires de la religion musulmane. Nous disons oui à l’ijtihâd, non à l’anarchie !

 

La parenthèse fermée, nous allons vous suivre dans votre raisonnement. Supposons, en effet, que cette histoire ait une origine scripturaire, rien ne prête à dire dans ses enseignements pourtant, qu’elle signe l’abrogation de la lapidation. De plus, plusieurs hypothèses peuvent expliquer la réaction de Jésus en plus de celles que vous proposez. Seul un texte ou une preuve explicite pourrait trancher entre elles. En d’autres termes, dans le cas où plusieurs hypothèses se collent à un argument, on ne peut plus l’utiliser comme preuve, sauf s’il existe une preuve ou pour le moins un indice déterminant qui nous fasse pencher vers l’une d’entre elles. D’un point de vue purement scientifique, les unes ne font pas plus autorités que les autres. Le cas échéant, ce ne sont pas les hypothèses qui manquent.

 

Ces fameux scribes et pharisiens en effet, comme le soulignent également d’autres passages du Nouveau Testament,[1] doutaient de la prophétie du Messie. En cela, ils n’étaient pas croyants, car « Ils parlaient ainsi dans l’intention de lui tendre un piège, pour avoir de quoi l’accuser. » Jésus a jugé bon de refuser leur témoignage ; la foi étant une condition sine qua non chez un témoin qui doit comparaitre dans une affaire criminelle. De plus, ils étaient plus motivés par l’intention de lui tendre un piège que par celle d’appliquer la loi de Dieu sur terre. Jésus a voulu ainsi rendre la pareille à leur piège. Ainsi, la sentence ne pouvait être appliquée en l’absence de témoins crédibles, mais aussi, car l’accusée elle-même n’a jamais avoué clairement son acte.[2]

 

Hasardons-nous ici à une autre hypothèse. Le christ fut envoyé comme il le dit lui-même à « une génération mauvaise et adultère »[3] ; une génération où régnait la corruption et l’injustice, et comme le révèle le hadîth que nous allons mentionner dans les prochaines lignes, où les sentences étaient appliquées sur les pauvres indépendamment des riches. Jésus voulut ainsi donner une leçon à ces hommes de loi corrompus. Il ne s’agit pas d’abrogation de la loi, mais de flexibilité de la loi dans le sens où elle évolue dans un cadre déterminé. Il ne s’agit pas de faire des concessions, mais Jésus tint compte d’une conjoncture déterminée ; comme vous le dites si bien : « il faut replacer les choses dans leur contexte. » C'est pourquoi il serait ridicule de revendiquer la lapidation dans un État comme la France ; mais il est tout aussi ridicule, comme se hasarde à le faire certain néo-rationaliste, de prôner un moratoire[4] sur une loi qui provient d’une législation immuable, qu’est la Révélation. La Révélation, elle-même, mieux au courant des mécanismes des sociétés, tient compte des conjonctures, mais elle ne peut être abrogée par les lois des hommes, wa Allah a’lam !

 

C’est ici qu’intervient l’ijtihâd des personnes de compétence qui jonglent avec les lois et les textes dans le cadre de la Loi. Il ne s’agit pas de renier certains principes religieux en vue de se soumettre à la civilisation dominante. Elle-même, est soumise, à la déficience humaine, et aux aléas, pour en fin de compte tombée en déclin. Tandis que la loi divine est immuable, parfaite et adaptée à la nature de l’homme, bien que lui-même peut ne pas s’en rendre compte ou ne pas l’aimer, à l’exemple d’un médicament amer qu’une mère ingurgite à son enfant par la force. Peut-on dire qu’elle n’a aucune pitié ![5] Ou dit autrement, est-il raisonnable de sa part de laisser, par compassion, son fils sans soins, car il trouve que le remède est amer !

 

Une dernière hypothèse consiste à dire, comme le souligne ibn Taïmiya,[6] qu’il existe trois sortes de Loi céleste : une loi basée sur l’excellence, une loi basée sur la justice, et une loi qui réunit à la fois l’excellence et la justice dans le sens où elle ordonne la justice et recommande l’excellence (à un niveau moindre). En ce sens, le Coran offre la Loi la plus complète possible, car il réunit entre la justice et l’excellence.

Nous ne contestons pas que Moïse (u) ait pu ordonner la justice et recommander l’excellence comme le Messie également ait pu le faire. Quant à prétendre que Jésus ordonnait l’excellence et qu’il interdisait à l’opprimé de se faire justice ou que Mûsâ ne prônait pas la charité, c’est se méprendre au sujet des différentes missions prophétiques. Nous pouvons avancer par contre que la Thora est essentiellement basée sur la justice à l’inverse de l’Évangile qui axe son message sur l’excellence.

 

Le Coran pour sa part a la particularité de proposer une harmonie parfaite entre ces deux notions (ou encore de les utiliser à leur paroxysme ndt.). Quant à l’Injîl, il ne détient pas une Législation autonome, il n’y est pas question des notions de l’Unicité, de la création du monde, ou encore des aventures des prophètes avec leurs différents peuples. Il se contente pour ces notions-là de renvoyer la plupart du temps à la Thora. Néanmoins, le Messie a proscrit certaines interdictions de l’Ancien Testament et prône notamment la vertu, la clémence vis-à-vis de l’injuste, d’endurer le mal des autres, l’abstinence dans ce bas monde ; il a ramené certaines paraboles pour expliquer ces notions. Le Nouveau Testament se distingue en gros de la Thora à travers les vertus qu’il encourage, l’ascétisme qu’il recommande, et certaines proscriptions des interdictions dont étaient frappés les adeptes du Livre avant lui.

 

Cependant, le Coran n’a rien à lui envier de ce côté-là ; il est même plus enrichissant. Il n’y a pas un savoir utile ni une œuvre pieuse que la Thora, l’Évangile ou la prophétie en général propose sans qu’il n’en fasse autant, voire mieux. Celui-ci se distingue toutefois par des enseignements qui sont inexistants dans les livres anciens. La Thora penche plus vers la rigueur et la dureté tandis que l’évangile penche plutôt vers la douceur et la tolérance. Le Coran pour sa part se trouve au juste milieu en réunissant ces deux qualités à la fois comme le formule le Verset : (Ainsi, Nous avons fait de vous une communauté médiane afin que vous soyez des témoins à l’encontre les hommes).[7] Le Seigneur décrit la communauté du Prophète (r) de la façon suivante : (Mohammed le Messager d’Allah et ceux qui le suivent sont durs envers les mécréants et charitables entre eux).[8] Il a dit également : (Allah viendra alors avec un peuple qu’Il aime et qui L’aiment ; humbles envers les croyants et fiers envers les infidèles).[9]

 

Ainsi, le Prophète de l’Islam (r) qui est le meilleur et le plus parfait d’entre tous était à la fois le Prophète de la Miséricorde et le Prophète de la guerre.[10] En cela, il est plus parfait que celui qui inclinerait plus soit vers la dureté soit vers la douceur. Pour expliquer cette prépondérance et cette répartition des sentiments dont se distingue chaque communauté, une certaine hypothèse assume que les juifs vivaient sous la domination et la persécution de Pharaon. Face à cet état d’esclavage et d’humiliation, il leur fut légiféré la colère afin de se défendre et pour les rendre plus courageux, mais ces derniers n’ont pas répondu à l’ordre de Moïse lorsqu’il leur ordonna d’entrer en terre de Canaan[11] sous prétexte qu’elle était habitée par des géants.[12] (…)

Cependant, après qu’Allah leur ai offert le triomphe, le pouvoir fut emparé par des jeunes qui firent régner la tyrannie à la manière de Pharaon. La mission de ‘Îsâ offrait de nouvelles dispositions ; celle-ci fut basée essentiellement sur l’indulgence, la vertu, et la douceur pour remédier à l’esprit dur et tyrannique dont les juifs s’étaient investis. Dès lors, les adeptes de la nouvelle religion étaient tellement doux qu’ils sombrèrent dans le laxisme ; ils ont ainsi renoncé à répandre la morale (ordonner le bien et interdire le mal) et à la « Guerre Sainte » ; ils ne voulaient même plus appliquer la justice entre eux et les peines corporelles. Les plus pieux d’entre eux se retiraient dans des monastères. Or, si les chrétiens sont laxistes quant il s’agit d’appliquer les lois de Dieu, ils sont obscurantistes quant il s’agit de suivre leurs autorités religieuses, de dominer, et de s’accaparer les richesses des hommes comme en témoignent les épisodes noirs qui traversent leur histoire…

 

Bref, en admettant que Jésus soulageât les juifs contemporains à sa mission de la peine de lapidation, il n’en demeure pas moins que Mohammed entérina par son consentement, et pas uniquement par son consentement d’ailleurs, la Loi de Moïse sur le sujet wa Allah a’lam !

 

 

À suivre…

 

Par : Karim ZENTICI

 



[1]Voir : Mathieu ; 16.1 dont voici le passage en question : « Les Pharisiens et les Sadducéens s’avancèrent, et, pour lui tendre un piège, lui demandèrent de leur montrer un signe qui vienne du ciel. »

[2]Voir : Takhjîl man harrafa e-Tawrât wa el Injîl du Qâdhî Sâlih e-Ja’farî (1/3328).

[3]Mathieu ; 16.4

[4]Il y a une adéquation à faire entre la rigueur de la loi et son champ d’application. Autant il est possible de suspendre une loi dans une conjoncture donnée, autant il est possible de la remettre ensuite ; cela va dans les deux sens. À quoi bon alors de parler d’abrogation !

[5]Dans majmû’ el fatâwa (15/287-292), ibn Taïmiya fait savoir que l’adultère est le reflet des maladies du cœur. Selon lui, ce n’est pas rendre service à la société et aux personnes atteintes de cette affection, de soi-disant faire preuve de clémence envers elles, au risque que la maladie se propage dans les cœurs et que la société se dégrade davantage.

[6]El Jawâb e-Sahîh li man baddala dîn el Masîh d’ibn Taïmiya (5/résumé des pages 58 à 113 avec certaines modifications.

[7]La vache ; 143

[8]La grande conquête ; 29

[9]Le Repas Céleste ; 54

[10] Victor Hugo disait au sujet de Mohammed (r) :        

J’ai complété d’Issa la lumière imparfaite.

Je suis la force, enfants ; Jésus fut la douceur.

Le soleil a toujours l’aube pour précurseur.  

[11]Dieu s’adresse dans la Bible à Israël en ces termes : « … Ne faites pas ce qui se fait au pays d’Égypte où vous avez habité ; ne faites pas ce qui se fait au pays de Canaan, où je vais vous faire entrer ; ne suivez pas leurs lois ; mettez en pratique mes coutumes et veillez à suivre mes lois. C’est moi, le SEIGNEUR votre dieu. Gardez mes lois et mes coutumes : c’est en les mettant en pratique que l’homme à la vie. C’est moi, le SEIGNEUR. » (Le Lévitique 18.3-5). Ainsi la condition pour aspirer à rester le « peuple élu » et pour vivre sur la terre des Philistins, c’est de suivre scrupuleusement les lois de Dieu wa Allah a’lam !

[12]Voir : Le Repas Céleste ; 21-24 Dans Majmû’ el Fatâwa (v. 27), Sheïkh el Islam ibn Taïmiya nous rapporte qu’on retrouva à son époque des ossements géants de squelettes humains. La découverte récente en Arabie Saoudite et en Iraq de squelettes géants lèvera certainement à l’avenir le voile sur ce « mystère ».  Les Amorites (‘Amâlîq) descendants de ‘Âd, mais aussi les Emites et les Anaqites avant eux, étaient des peuples Philistins de géants vivant sur les terres de Canaan qui longeaient le littoral méditerranéen entre l’Égypte et la Palestine (voir : les nombres ; 13.31-33 et  Deutéronome ; 1.28, 2.11).

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19 mars 2013 2 19 /03 /mars /2013 06:21

Mecca19

 

 

La lapidation dans l’Islam

(Partie 1)

 

Au Nom d’Allah, le Très-Miséricordieux, le Tout-Miséricordieux. Louange à Allah le Seigneur de l’Univers ! Que le Salut et les Prières d’Allah soient sur le maître des premières et des dernières générations, notre maître et notre Prophète Mohammed, ainsi que sur sa famille, ses Compagnons, et tous ceux qui suivent leur voie et qui s’accrochent à leur tradition jusqu’au Jour des comptes !

 

Gardez toutes mes lois et toutes mes coutumes, et mettez-les en pratique, afin qu’il ne vous vomisse pas, ce pays où je vais vous faire entrer pour vous y installer. Ne suivez pas les lois de la nation que je vais chasser devant vous ; c’est parce qu’ils ont pratiqué tout cela que je les ai pris en dégoût et que je vous ai dit : « C’est vous qui possèderez leur sol, et c’est moi qui vous le donne en possession, pays ruisselant de lait et de miel… (Le Lévitique 20.22-24).

 

Après des études à l’université d’Al Azhar au Caire, Mahmoud Azab obtient en France un Doctorat en études sémitiques (Sorbonne 1978). Il a été professeur de langues sémitiques à l’université d’Al Azhar au Caire. Il a été professeur coopérant chargé de l’enseignement bilingue au sein de nombreuses universités africaines (Niger, Tchad…). Il a également été délégué de l’Université d’Al Azhar aux conférences internationales de dialogues interculturels. Il a été nommé en 1996 à Paris comme professeur associé d’arabe classique (langue et littérature) à l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales (langues « O ») où il est professeur titulaire d’islamologie depuis 2002. Il répond pour Oumma.com à une interview mise en ligne le vendredi 8 février 2008, et ayant pour titre : Mahmoud Azab : « Dans le Coran, il n’y a aucune trace d’incitation à la lapidation. »

 

L’interviewé nous apprend qu’historiquement, je cite : « la lapidation nous vient de la Loi juive. Les juifs lapidaient les femmes et les hommes adultères. Cela existe dans la Loi de Moïse. » L’Ancien Testament nous dit en effet : « Quand un homme commet l’adultère avec la femme de son prochain, ils seront mis à mort, l’homme adultère aussi bien que la femme adultère. »[1] La Bible condamne également à la lapidation l’homme ou à la femme qui voue le culte à d’autres dieux.[2]

 

Puis, Mr Azab enchaîne : « Le Christ est le premier à contester cette pratique. La lapidation est l’objet d’un débat « polémique » entre le Christ et les membres du Sanhédrin (les juges et juristes juifs). Ces derniers présentent au Christ une femme adultère, lui disent que selon la Loi de Moïse, elle doit être lapidée et lui demandent son avis. Le Christ leur répond « que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre », et « ils se retirèrent à commencer par les plus âgés » nous disent les textes chrétiens. A mon avis, ce moment est une révolution extraordinaire dans l’histoire de la Loi sémitique monothéiste. »

 

Dire que le Christ est le premier à contester cette pratique est une affirmation gratuite. La rigueur scientifique réclame d’en apporter la preuve matérielle, mais ne nous attardons pas sur ce détail qui, pourtant, est de taille ; penchons-nous plutôt sur la fameuse histoire de la « femme adultère » que relate la Bible.

 

Selon l’Évangile de Jean plus exactement, une fois descendu du mont des oliviers au point du jour, « Jésus revint au temple et, comme tout le peuple venait à lui, il s’assit et se mit à enseigner. Les scribes et les Pharisiens amenèrent alors une femme qu’on avait surprise en adultère et ils la placèrent au milieu du groupe. « Maître, lui dirent-ils, cette femme a été prise en flagrant délit d’adultère. Dans la Loi, Moïse nous a prescrit de lapider ces femmes-là. Et toi, qu’en dis-tu ? » Ils parlaient ainsi dans l’intention de lui tendre un piège, pour avoir de quoi l’accuser. Mais, Jésus, se baissant, se mit à tracer du doigt des traits sur le sol. Comme ils continuaient à lui poser des questions, Jésus se redressa et leur dit : « Que celui d’entre vous qui n’a jamais péché lui jette la première pierre. » Et, s’inclinant à nouveau, il se remit à tracer des traits sur le sol. Après avoir entendu ces paroles, ils se retirèrent l’un après l’autre, à commencer par les plus âgés, et Jésus resta seul. Comme la femme était toujours là, au milieu du cercle, Jésus se redressa et lui dit : « Femme, où sont-ils donc ? Personne ne t’a condamnée ? » Elle répondit : « Personne, Seigneur », et Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas : va, et désormais ne pèche plus. »[3]

 

Cette histoire est émouvante, mais il reste à prouver son authenticité. Mr Azab ne nous dit pas que l'Évangile selon « saint » Jean est plus que controversé au sein même de l’Église.[4] Depuis longtemps, il est reconnu comme différent des Évangiles synoptiques[5] qui lui sont antérieurs. Les différences les plus importantes touchent à la christologie. Jean présente également des faits inconnus des autres Évangiles comme le signe de Cana, la rencontre avec Nicodème, la Samaritaine,  la résurrection de Lazare. D'importantes différences chronologiques apparaissent entre l'Évangile selon Jean et les synoptiques.

 

Sans compter que l’auteur de ce livre reste, à nos jours, anonyme. Bien qu’il cherche ensuite à noyer le poisson dans l’eau, dans son introduction à l'Évangile selon « saint » Jean, André Chouraqui fait le triste aveu : « L’identification de l’auteur du quatrième évangile fait problème. La plus ancienne tradition chrétienne l’attribuait à Iohanân bèn Zabdi, devenu en français Jean, fils de Zébédée, qui l’aurait écrit dans sa vieillesse à Éphèse. Mais à partir du XIXe siècle, même dans l’Église, des exégètes élèvent des doutes : le véritable auteur serait un certain Jean le Presbytre, ou pour d’autres, tout simplement un inconnu… » Ce qui jette d’autant plus le discrédit sur l’authenticité de cet évangile.

 

Une deuxième étape, encore plus difficile, consiste à prouver l’authenticité de l’histoire de la « femme adultère ». Le livre de Jean est le seul évangile à la rapporter. Sans compter, comme le reconnaissent les auteurs de la version française œcuménique de la Bible, que le passage 7.53-8.11 de ce fameux évangile ne figure pas dans les manuscrits les plus anciens et les versions latine, syriaque, etc. Quelques manuscrits le situent ailleurs, en particulier à la fin de l'Évangile. Plus catégoriques, certains exégètes à l’image de l’anglais Peake, considèrent qu’il n’a aucun lien avec cet évangile.[6]

Mr Azab, vous n’êtes pas sans savoir, comme le souligne ibn Taïmiya, vous, un spécialiste en langues sémitiques, que les adeptes des religions falsifiées et les égarés en général, s’appuient généralement sur des arguments ambigus au détriment des arguments formels, trahissant ainsi qu’ils sont plus animés par les passions que par la recherche de la vérité.[7] Ce manque de bonne foi ou, pour le moins, ce manque de rigueur les fait sombrer dans les contradictions les plus aberrantes.

 

Or, d’un côté, vous jetez la suspicion sur l’authenticité de certains hadîth qui parlent de l’adultère, sous prétexte que le Coran n’est pas explicite sur la question ; comme si le Prophète (r) pouvait aller à l’encontre de la Parole du Seigneur, lui, qui ne parle pas sous l’effet des passions ! D’un autre côté, vous remettez en cause une loi que corroborent les religions célestes, sous prétexte qu’un texte pour le moins obscur donne l’impression de ne pas y adhérer. En sachant que ce n’est qu’une impression, car aucun élément du passage en question ne prête à dire que la loi de la lapidation fut abrogée à ce moment précis, si, bien sûr, il y a eu abrogation un jour. Ces fameux hadîth que vous dénigrez ont au moins le mérite d’avoir une chaîne narrative, ce qui n’est pas le cas pour l’histoire à laquelle vous vous accrochez éperdument. Il ne peut vous échapper qu’un hadîth dont l’authenticité est controversée a une plus grande valeur historique que des annales dont on ne connait pas l’auteur. Je ne veux pas m’étendre ici sur les implications terribles qu’entrainent vos paroles.

 

À suivre…

 

Par : Karim ZENTICI

 

 



[1]Le Lévitique ; 20.10 La Bible condamne également à la lapidation l’homosexualité (Le Lévitique ; 20.13), et la zoophilie (Le Lévitique ; 20.15-16). Un sort plus grave est réservé à l’homme qui prend pour épouse une femme et sa mère ; il faut en effet les brûler tous les trois (Le Lévitique ; 20.14).

[2]Deutéronome ; 13.7-12 et 17.1-7

[3]Jean ; 8.11

[4]Voir : masâdir e-nasrâniya dirâsa wa naqd qui est une thèse ès magistère du D. ‘Abd e-Razzaq Ûlârû (1/444-468).

[5]Les évangiles synoptiques : les évangiles selon « saint » Matthieu, « saint » Marc et « saint » Luc, dont les plans sont semblables.

[6]Voir : el masîhiya de Sâjid Mîr (p. 288).

[7]Voir notamment : El Jawâb e-Sahîh li man baddala din el Masîh (2/710) et majmû’ el fatâwa (3/62-63).

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26 novembre 2012 1 26 /11 /novembre /2012 16:04

magnifique montagne

 

 

 

Ibn Taïmiya et le problème du calendrier islamique

(Partie 3)

L’auteur poursuit :[1]

 

Par ailleurs, il n’est pas possible de vérifier à l’œil nu lorsque le soleil passe d’une constellation à une autre. Il est possible de le vérifier grâce à un calcul spécifique, subtil, problématique, et surtout sujet à l’erreur. Quoi qu’il est possible de le constater par les sens. À la fin de l’hiver et au début de la saison suivante – baptisé été par les Arabes et couramment appelé printemps –, le soleil parvient au point gamma (point vernal ou équinoxe de printemps ndt.) et qui correspond au awwal el haml. Il existe le même phénomène en automne. Il est donc facile de constater par les sens la venue de l’été et de l’hiver et plus ou moins des deux équinoxes. Quant au passage du soleil d’une constellation à une autre, il n’est possible de le voir qu’à travers le calcul. Celui-ci réclame de dépenser un temps précieux et certains efforts sans grandes utilités. Il devient évident que les repères dont il est question dans le Verset se définissent par un phénomène manifeste et accessible à tous, comme c’est le cas pour le hilâl.

 

  Pour déterminer le mois et l’année, les différentes civilisations ont recours à la logique. On utilise en effet pour les déterminer soit la manière numérique soit la manière naturelle. Il est possible d’utiliser un mécanisme numérique pour l’un et un mécanisme naturel pour l’autre et inversement. Le mécanisme numérique consiste par exemple à fixer le mois à trente jours et l’année à douze mois. Le mécanisme naturel consiste par exemple à prendre la lune comme référence pour le mois et le soleil comme référence pour l’année à laquelle on ajoute un certain nombre de jours pour combler les écarts entre deux années. L’année lunaire en effet compte trois cent cinquante-quatre (354) jours auxquels il faut ajouter un cinquième ou un sixième d’une journée. On considère qu’elle a trois cent soixante (360) jours pour compenser ses jours manquants (autre traduction possible : pour obtenir un chiffre rond ndt.). Les Arabes ont pour usage d’arrondir (ou de compléter) les jours, les mois et l’année, lorsqu’ils fixent des dates.

 

Le calendrier solaire quant à lui, compte trois cent soixante-cinq (365) jours un quart. C’est pourquoi il existe un écart d’un peu moins d’onze jours entre les deux calendriers ; ils se retrouvent tous les trente-trois ans et un tiers. Le Verset dit : [Ils sont restés dans la grotte trois cents ans auxquels ils ajoutèrent neuf années].[2] Selon une hypothèse, cela voudrait dire qu’ils sont restés trois cents ans selon le calendrier solaire et neuf ans selon le calcul lunaire. Bon nombre de civilisations tiennent compte de ses deux modes de calculs, comme c’est le cas chez les détenteurs des Écritures. Je pense que c’était également l’usage chez les mazdéens. Certaines civilisations utilisent le mécanisme naturel pour l’année et le mécanisme numérique pour les mois. On retrouve ces deux mécanismes chez les Romains, les syriaques, les Coptes, et bien d’autres sabéens et païens. Ils fixent le mois de Kânûn et ceux qui suivent selon le calcul et l’année solaire qui respecte le mouvement du soleil.

 

La quatrième méthode consiste à utiliser le mécanisme naturel pour les mois et le mécanisme numérique pour l’année. C’est l’usage en vigueur chez les musulmans et ceux qui suivent leur système. En outre, ceux qui s’en remettent à l’année naturelle, ils ne se réfèrent pas à un phénomène apparent comme nous l’avons vu. Ils se tournent automatiquement vers le calcul et les nombres. Il en est de même pour le mois naturel qui se réfèrent à la conjonction de la lune et du soleil. Ce genre de calcul est subtil, seul un petit nombre d’individus peut y avoir accès, en sachant qu’il réclame des efforts contraignants et pénibles et qu’il n’est pas à l’abri de l’erreur.

 

Notre Législation propose le meilleur système qui soit étant donné qu’il est possible de déterminer le début du mois grâce à un phénomène visible à l’œil nu et accessible à tous. Personne ne peut ainsi s’égarer de sa religion. Il permet d’économiser un temps précieux et il épargne l’individu de s’initier dans des domaines qui ne le concernent pas. Il immunise surtout d’utiliser la religion à des fins personnelles comme le font certains savants juifs et chrétiens. En revanche, il n’existe aucun phénomène observable dans le ciel capable de déterminer la nouvelle année. Il incombe donc de se tourner ici vers le calcul et les nombres. Étant donné que le mois lunaire utilise un système facile, il nous évite de suivre le calcul de la rotation (ou du mouvement ndt.) du soleil. Ainsi, l’année et les mois coïncident. D’autre part, l’usage dans toutes les civilisations veut que l’on ait recours au calcul pour compter la succession des années. Aucun élément céleste ne permet de les dénombrer. Or, le nombre de mois correspond au nombre de constellations. L’année compte donc douze mois ; c’est le nombre de constellations par lesquelles le soleil passe pour effectuer son cycle, au terme d’une année solaire. La lune également effectue son cycle durant la même période.

 

Ainsi, il est possible de mieux comprendre le sens du Verset : [et Il a déterminé ses phases afin que vous connaissiez le nombre d’années et le calcul].[3] Il est possible de déterminer la succession des mois et des années à partir des phases de la lune. On utilise le même procédé pour le calcul. La nouvelle lune sert de référence pour repérer les délais fixés au terme de certains moins. Nous pouvons dire la même chose pour le Verset : [elles servent de repères pour les hommes et pour le hadj].[4] Il devient évident après toute cette analyse que le hilâl sert de repère pour déterminer le mois et l’année. Rien ne peut remplacer la nouvelle lune pour ce calcul étant donné qu’il est clair, constant (dans le sens où les nombres auxquels on se réfère sont connus à l’avance ndt.), simple et accessible à tous. Il procure d’autres intérêts et ne concède aucun inconvénient. Les juifs, les chrétiens, les sabéens, les mazdéens, etc. connaissent d’énormes difficultés pour déterminer leurs jours de fête, leurs rituels et leurs calendriers. Il suffit de se pencher sur ces multiples inconvénients pour remercier le Seigneur davantage et se rendre compte de la valeur de notre religion. Toutes les confessions s’accordent à dire que leurs prophètes n’ont jamais légiféré de tels procédés. Ce sont les philosophes sabéens qui, après avoir embrassé ces différentes religions, ont légiféré à leurs membres des lois sans n’avoir reçu aucun consentement préalable du Très-Haut.

 

Notre discours n’a d’autre prétention que de préserver notre religion de la corruption, car c’est justement le genre de choses susceptibles de la transformer. Les Arabes de l’ère païenne ont transformé les lois d’Ibrahim, avec la pratique du Nasî qu’ils ont innovée. Elle consistait à augmenter l’année en lui intercalant à des fins personnelles, un mois de plus. Ils ont ainsi déréglé les saisons du pèlerinage et les mois sacrés avec leur système d’années bissextiles. Ainsi, le hadj tombait parfois en muharram et d’autres fois en safar pour revenir (tous les vingt ans) en dhû el hidja. Ces pratiques ont duré jusqu’à l’avènement de Mohammed (r) par l’intermédiaire duquel Allah rectifia la religion d’Ibrahim. Le Pèlerinage de l’Adieu en effet correspondit à dhû el hidja ; cette année-là, le temps a repris son cours initial. D’après el Bukhârî, Muslim et d’autres,  le Messager d’Allah (e) déclara lors de son sermon, à l’occasion de ce fameux hadj : « Le temps a fait un tour pour revenir comme le jour où Allah créa les cieux et la terre ; une année correspond à douze mois parmi lesquels quatre sont sacrés. Trois d’entre eux se succèdent : dhû el qi’da, dhû el hidja, et muharram. Le dernier est rajab de (la tribu) Mudhar, celui qui se trouve entre jumâdâ et sha’bân. »[5] Avant cela, le hadj ne tombait jamais en dhû el hidja. Abû Bakr lui-même fit son pèlerinage en l’an neuf (de l’Hégire ndt.) en dhû el qi’da. C’est l’une des raisons pour laquelle le Prophète (e) entreprit si tardivement ce rite. Allah révèle à ce sujet : (Les mois auprès d’Allah sont au nombre de douze dans le Livre d’Allah, le jour où Il créa les cieux et la terre ; quatre d’entre eux sont sacrés. Telle est la religion droite).[6] Allah (I) nous informe que cette religion est droite pour nous faire savoir que les usages comme le nasî ou autre pratiqués par les autres confessions ne sont pas ainsi, car sujets à l’erreur et à la corruption.

 

Le discours concernant le mois et l’année est aussi valable pour le jour et la semaine.[7] Le jour en effet se détermine de façon naturelle du lever au coucher du soleil, mais la semaine se détermine de façon numérique, car elle contient les six jours au cours desquels Allah créa les cieux et la terre. Puis, Il s’établit sur Son Trône le septième jour. Il y a donc un ajustement entre le soleil et la lune basée sur le jour, tandis que la semaine dépend de la rotation du soleil. Quant au mois et à l’année, tous deux dépendent de la rotation de la lune. C’est à partir de ses deux astres que se fonde le calcul. Ainsi, il devient possible de faire revenir : [afin que vous connaissiez] à [qui a fait]. Cela voudrait dire qu’Allah donna notamment à ces deux astres de servir de calcul.[8]

 

Concernant les Deux Versets : (Il a fait de la nuit un repos et du soleil et la lune une mesure),[9] (Le soleil et la lune évoluent selon une mesure)[10] ; husbân (mesure) prend le sens de calcul (hisâb) selon une certaine opinion, bien qu’une autre opinion allègue qu’il s’agit de la mesure ou de la rotation d’un moulin pour exprimer que les astres sont ronds. Il n’existe aucune divergence sur la question. Je dirai même que le Coran, la Sunna et le consensus des savants musulmans arrivent aux mêmes conclusions que les astronomes et disant que la terre n’est pas plate, mais qu’elle est ronde ![11]

 

Traduit par :

Karim ZENTICI 

        

     



[1] Voir : majmû’ el fatâwâ (25/137-142).

[2] La caverne ; 25

[3] Yûnas ; 5

[4] La vache ; 189

[5] Rapporté par el Bukhârî (1741) et Muslim (1679). Ibn Rajab s’est certainement inspiré de ce passage dans Latâif el Ma’ârif fîmâ el ‘âm min el wazhâif dans le chapitre de rajab.

[6] Le repentir ; 36

[7] Il n’est donc pas pertinent de comparer entre le calendrier des prières quotidiennes qui se base sur le soleil et le calendrier mensuel qui se base sur la lune.

[8] La traduction de se paragraphe est très approximative !

[9] Le bétail ; 96

[10] Le Miséricordieux ; 5

[11] Voir pour cette question : majmû’ el fatâwa (25/193-198).

 

 

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21 novembre 2012 3 21 /11 /novembre /2012 18:16

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Ibn Taïmiya et le problème du calendrier islamique

(Partie 2)

 

Que les Prières et les Salutations d’Allah soient sur notre Prophète Mohammed ainsi que sur sa famille et tous ses Compagnons ! 

Après notamment avoir dessiné le portrait psychologique de ceux qui ne se satisfont pas de la lumière de la Révélation à la manière des juifs et des chrétiens, Sheïkh el Islam ibn Taïmiya entre dans le vif du sujet : [1]

 

Si j’ai entamé mon discours par cette « introduction », c’est pour avoir constaté à l’occasion du jeûne ou autre que certaines gens tendent l’oreille à des ignorants initiés au calcul. Ces derniers prétendent qu’il est possible à travers le calcul de voir ou de ne pas voir la lune. Ils fondent ainsi leurs jugements soit pour eux-mêmes soit ouvertement. On m’a même rapporté que certains juges refusent le témoignage d’un certain nombre de personnes crédibles en se fondant sur les paroles d’un faiseur de calcul ignorant qui prétend mensongèrement que la lune sera vue ou ne sera pas vue à tel moment. Il compte ainsi parmi ceux qui refusent la vérité après qu’elle leur soit venue. Il est même capable d’autoriser le témoignage de quelqu’un de non crédible. Ce responsable de l’autorité compte parmi ceux qui tendent l’oreille au mensonge. Le Verset en question concerne tout autant les mauvais gouverneurs comme en témoigne le contexte. Allah déclare en effet : [Ils tendent l’oreille au mensonge et mangent les gains impurs].[2] Les gouverneurs injustes croient aux mensonges de ceux dont il n’est pas permis de recevoir le témoignage ou la parole et ils mangent impunément l’argent de la corruption ; ces deux réalités vont bien souvent ensemble.

 

Certains certes ne se fient pas au jugement des astronomes ni pour eux-mêmes ni ouvertement, mais au fonds d’eux, ils sont fortement attirés par leurs calculs dans la mesure où la religion n’aborde pas ce problème en détail. Ces derniers se laissent d’autant plus influencer que ces gens-là maîtrisent relativement les calculs de la rotation du soleil et de la lune. Ils sont capables de mesurer la conjonction et la séparation des deux astres de plusieurs degrés. Ils connaissent parfaitement les causes de la nouvelle et de la pleine lune et le phénomène d’éclipse. Ils pensent dans leur ignorance que le calcul mensonger de la nouvelle lune est de cet ordre. Les calculs qui parlent de la forme et du mouvement des astres sont justes en eux-mêmes, bien qu’éventuellement certains ignorants parmi les dévots « illettrés » et même certains savants les contestent. Ils constatent qu’ils ne sont pas en accord avec la religion dans leurs calculs de la nouvelle lune et leurs prédictions basées sur l’influence positive ou négative de la rotation des astres. Ils condamnent dès lors toute forme de calcul astronomique, car ils sont incapables d’y distinguer entre la vérité que démontrent tant les textes que la raison et le faux que condamnent tant les textes que la raison. Toujours est-il que cette dernière catégorie d’individu est plus louable que la première, car ils réfutent une forme de vérité sans remettre en cause les fondements de l’Islam. Quant aux premiers, ils sont susceptibles de changer les lois de la religion.

 

Nous savons conformément aux principes élémentaires de la religion musulmane qu’il est interdit de se fier au calcul pour déterminer la nouvelle lune concernant le jeûne, le pèlerinage, le délai de viduité (veuvage ou divorce), de fécondation (suite à des rapports sexuels), etc. Les nombreux textes prophétiques sur la question sont communément répandus et les musulmans s’accordent à l’unanimité sur ce principe.[3] Aucune divergence ancienne ou même actuelle n’est à recenser sur la question, si ce n’est l’opinion émise par un certain légiste des générations venues après le troisième siècle. Il serait autorisé pour l’astronome, selon lui, à déterminer à titre personnel la nouvelle lune. Autrement dit, s’il parvient à trouver par calcul le premier jour du ramadhan, il peut jeûner. Cette opinion – bien qu’elle concerne uniquement l’astronome et de surcroît lorsque le temps est nuageux – reste singulière. Elle ne pèse rien devant le consensus qui fut établi bien avant. Quant à avoir recourt au calcul en période de beau temps ou de vouloir l’appliquer à grande échelle, aucun musulman ne l’a jamais avancé !

 

Dans cet ordre, nous pouvons recenser la tendance ismaélite qui fixe le début du mois par calcul sans se tourner vers la vision de la nouvelle lune. Certains ismaéliens rapportent même que Ja’far e-Sâdiq utilisait sa propre table de calculs. Cette annale qui lui fut mensongèrement amputée est l’œuvre d‘Abd Allah ibn Mu’âwiya. Ce genre d’opinion n’a aucun lien avec la religion musulmane. Allah a épargné Ja’far ou d’autres d’avoir recours à de telles pratiques. Il va sans dire que personne se revendiquant musulman ne peut ouvertement s’en remettre à ce genre de choses. Il se peut toutefois que quelqu’un s’y fie intérieurement dans une affaire où il doit accepter ou refuser un témoignage. Il peut également s’attacher à un argument ambigu du fait que la législation n’a prévu aucune loi dans ce domaine. Cependant, nous allons in shâ Allah démontrer ce qu’il en est vraiment en s’inspirant des preuves textuelles et rationnelles… de la religion et de la raison !

 

Allah (I) révèle : [Ils t’interrogent au sujet des nouvelles lunes. Dis : elles servent de repères pour les hommes et pour le hadj].[4] Le Très-Haut nous informe qu’elles servent de repères pour les hommes. Cela concerne de façon générale toutes leurs affaires. Le pèlerinage fut notamment évoqué pour lui donner un aspect particulier étant donné que les anges et d’autres y participent et qu’il tombe le dernier mois de l’année. Il est donc l’indice que l’année se termine de la même manière que la nouvelle lune est l’indice du début du mois. C’est pourquoi, on parle en termes de hadj pour désigner le nombre d’années. On dit par exemple que quelqu’un a soixante-dix hadj ou que nous sommes installés ici depuis cinq hadj. Allah a donc donné aux nouvelles lunes la fonction de repères pour les hommes concernant certaines lois prescrites par la législation. Soit celles-ci sont établies directement soit sont-elles liées à un rituel quelconque. Elles servent également de repères aux conditions auxquelles sont liées les fidèles. Tout repère temporel fixé soit par une loi soit par une condition se réfère au hilâl (la nouvelle lune). Cela concerne le jeûne, le pèlerinage, les délais de fécondation, de viduité et le jeûne expiatoire. On retrouve ces cinq éléments dans le Coran.

 

Allah (I) révèle : [Le mois du ramadhân],[5] [Le pèlerinage a lieu au cours des mois déterminés],[6] [ceux qui font le serment de se priver de leurs femmes ne doivent pas les toucher pendant quatre mois],[7] [doivent jeûner deux mois consécutifs],[8] [errez quatre mois sur terre].[9]

Il y a également les jours de jeûnes consacrés pour s’acquitter d’un vœu ou autre. Il faut également compter dans le domaine des conditions, tous les actes de paiement comme les dettes (daïn e-silm), la zakât (l’aumône), le tribut, le prix du sang, el khiyâr, les serments, les dotes, les échéances (nujûm el Kitâba), les conciliations pour échapper à la loi du Talion ; tout en général ce qui concerne les délais au terme d’une dette, d’un contrat, ou autre.

 

Par ailleurs, Allah (I) révèle : [La lune, Nous lui avons déterminé des phases jusqu’à ce qu’elle devienne comme un vieux régime de dattes].[10] [Il est Celui qui a fait du soleil un astre flamboyant et de la lune un astre lumineux et Il a déterminé ses phases afin que vous connaissiez le nombre d’années et le calcul].[11] L’expression [afin que vous connaissiez] est liée, wa Allah a’lam, à [et Il a déterminé] non à [qui a fait] ; étant donné en effet qu’il n’y a aucune relation entre le fait que le soleil est un astre flamboyant et la lune un astre lumineux d’une part et la connaissance des années et du calcul d’autre part. Cette relation concerne plutôt le passage de ces deux astres d’une constellation à une autre. En outre, le soleil n’entre pas en compte pour le calcul des mois ni des années ; le seul indice de calcul étant la nouvelle lune comme en témoigne le dernier Verset cité. Un autre Verset nous apprend également : (Les mois auprès d’Allah sont au nombre de douze dans le Livre d’Allah, le jour où Il a créé les cieux et la terre ; quatre d’entre eux sont sacrés).[12] Ainsi, l’année se compose de douze mois ; il ne peut que s’agir des mois lunaires. Par conséquent, chaque mois est déterminé en fonction du hilâl.

 

On m’a rapporté que les civilisations anciennes se référaient également au calendrier lunaire. S’il y eut un changement, il le fut à l’initiative de leurs héritiers, à l’instar des juifs qui suivent désormais la conjonction entre le soleil et la lune. Ils établissent aussi leurs fêtes religieuses en fonction du calendrier solaire. Les chrétiens également déterminent leur carême en fonction de la conjonction proche du début de l’année solaire. Les autres fêtes religieuses dépendent du calendrier solaire. Celles-ci furent établies en vue de célébrer certains épisodes de la vie du Christ. Les sabéens, les mazdéens et d’autres païens s’inspirent tout autant de ce calendrier. Ils ont prescrit pour son fonctionnement un certain vocabulaire qui leur est propre. Certains d’entre eux utilisent uniquement le calendrier solaire. Ils ont leurs propres noms pour définir les mois. Or, bien que ces mois respectent un ordre naturel, la main humaine intervient pour les déterminer. D’autres s’en remettent certes au calendrier lunaire, mais ils considèrent également la conjonction entre le soleil et la lune. En définitive, la religion musulmane propose une meilleure méthode ; elle est plus complète, plus précise et le moins sujette à l’erreur.

 

Il est possible en effet de constater l’hilâl à l’œil nu ; la vue étant l’un des moyens du savoir les plus fiables. C’est la raison pour laquelle la nouvelle lune fut appelée hilâl qui exprime quelque chose de visible et d’annoncé ; il est possible de le savoir soit directement par la vision soit de bouches à oreilles. On dit par exemple qu’un tel ahalla (formule d’invocation) pour la ‘omra ou pour une offrande vouée à un autre qu’Allah dans le sens où il prononce sa formule à voix haute. Le son de la pluie est notamment appelé halal. Istahalla correspond au cri du nouveau-né et tahallala el wajh exprime l’épanouissement du visage.

 

Selon une certaine hypothèse, étymologiquement hallala signifie élever la voix. Par la suite, comme la vision de la nouvelle lune était annoncée à voix haute, l’événement fut appelé hilâl d’où le vers :

 

La caravane crie (yahillu) à la vue de farqad[13] 

De la même manière que les cris des pèlerins

 

L’épanouissement du visage (tahallala el wajh) provient de l’éblouissement du hilâl

 

Là où nous voulons en venir, c’est qu’il est possible de reconnaître les repères temporels (dont le verset fait mention ndt.) par des éléments tangibles que tout le monde est capable de constater. C’est le cas pour le hilâl. Cependant, au moment de la conjonction du soleil et de la lune qui correspond à leur alignement juste avant le hilâl, c’est un phénomène qui échappe à la vue et qui est uniquement vérifiable par le calcul. Non seulement, ce genre de calcul n’est pas à disposition de tout le monde, mais de surcroît il est épuisant et fait perdre un temps énorme. Il serait bien plus utile de réserver ses efforts pour des affaires plus importantes sans compter qu’il n’est pas à l’abri de l’erreur.

 

À suivre…

Traduit par :

Karim ZENTICI           

    



[1] Voir : majmû’ el fatâwâ (25/131-136).

[2] Le repas céleste ; 42

[3] Non M. Chraibi ! Il ne convient pas de bâtir son raisonnement sur une toile d’araignée ! Comme le souligne ibn Taïmiya dans certains ouvrages [voir notamment : e-Nubuwwât (p. 95], les gens qui suivent leurs passions recherchent désespérément dans les preuves scripturaires des éléments en accord avec leurs convictions, contrairement aux traditionalistes qui fondent leurs convictions sur les textes. Il n’est pas pertinent de s’accrocher à l’avis marginal de certains contemporains et d’abandonner le consensus des savants musulmans que recensent Bidâyat el Mujtahid d’el Qurtubî (1/669-670), Hâshiya ibn ‘Âbidîn (2/393), et Sharh el Kharshî ‘alâ el Khalîl (2/236-237). Voir l’excellente thèse ès magistère composée par le D. Ahmed Mawânî et ayant pour titre : el Jâmi’ li el Ikhtiyârât el Fiqhiya li Sheïkh el Islâm ibn Taïmiya (1/432-438).  

[4] La vache ; 189

[5] La vache ; 185

[6] La vache ; 197

[7] La vache ; 226

[8] Les femmes ; 92 et la polémique ; 4

[9] Le repentir ; 2

[10] Yâ-sîn ; 39

[11] Yûnas ; 5

[12] Le repentir ; 36

[13] Une étoile.

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20 novembre 2012 2 20 /11 /novembre /2012 16:35

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Ibn Taïmiya et le problème du calendrier islamique

(Partie 1)

 

Que les Prières et les Salutations d’Allah soient sur notre Prophète Mohammed ainsi que sur sa famille et tous ses Compagnons ! 

Plus téméraire que son coreligionnaire Khalid Chraibi – pourtant apparemment plus savant –, Nidhal Guessoum tient absolument à nous faire admettre que nous sommes des arriérés. Astrophysicien renommé, il a travaillé au Goddard Space Flight Center de la Nasa. Auteur avec Jamal Mimouni du livre « Histoire du Cosmos » édité en langue arabe, il est actuellement professeur à l’Université Américaine de Sharjah (Emirats Arabes Unis). Omma.com – pour ne pas changer – met en ligne l’un de ses articles composé en deux parties et ayant pour titre Le problème du calendrier islamique et la solution Kepler. L’auteur nous embarque dans une longue analyse pour le moins trompe-l’œil, pour finalement nous ramener à la case départ : le calendrier astronomique est aléatoire. Ce constat en lui-même est un signe de la prophétie. Mais tant pis, l’essentiel, c’est de prendre le train en route et ne pas passer pour des ridicules devant l’Occident qui incarne la « civilisation ». Que devrions-nous faire le jour où ce fameux calendrier islamique universel qui montre déjà ses limites verra enfin le jour ? Faudra-t-il consigner notre patrimoine dans le registre des oubliettes ! D’ailleurs, notre astrophysicien n’est pas à une contradiction près, car, comme il l’avoue lui-même, malgré le niveau de développement que les hommes ont pu atteindre à l’orée du 21ème siècle, il n’est pas possible d’obtenir un calcul de la nouvelle lune fiable à 100%. En fait, plus la science évolue plus elle se rend compte qu’elle est incapable de la définir avec exactitude. Sheïkh el Islam ibn Taïmiya disait déjà à son époque :[1]
Louange à Celui qui a révélé le Livre à Son serviteur et par lequel Il éclaircit toute chose ; Il est un rappel pour les gens doués de raison. Il nous a ordonné de s’y accrocher étant donné qu’il est Sa corde, le lien le plus solide qui soit. Il nous a guidés à travers lui sur la bonne voie et le chemin de la vérité. Il nous y informe qu’Il : [a fait du soleil un astre flamboyant et de la lune un astre lumineux et Il a déterminé ses phases afin que vous connaissiez le nombre d’années et le calcul].[2] J’atteste qu’il n’y a d’autre dieu (digne d’être adoré) en dehors d’Allah, Seul et sans associé, le Seigneur des seigneurs. Et j’atteste que Mohammed est Son serviteur et Son Messager dont la mission se caractérise pour être concise au niveau du discours, pour sa sagesse et pour trancher entre les hommes. Qu’Allah prie sur lui et sur sa famille en permanence et jusqu’au jour du grand rendez-vous !
Amma Bard ! Allah nous a parachevé notre religion, Il nous a parfait de Ses bienfaits, et nous a agréé l’Islam comme religion. Il nous a ordonné de suivre Sa voie droite et de ne pas se laisser dévier par les sentiers égarés qui risquent de nous écarter de Sa voie. Tel est le dernier des dix commandements ; ils sont un résumé des différentes lois équivalentes aux Paroles qu’Allah a révélé à Mûsa dans la Thora, bien que les Paroles qui nous furent consacrées sont plus parfaites et plus éloquentes. C’est pourquoi, e-Rabî’ ibn Khuthaïm déclare à ce sujet : « Celui qui désire lire le livre de Mohammed (e) qui est toujours en vigueur, qu’il lise les derniers versets de la sourate le bétail : [Dis : venez que je vous récite ce que Votre Seigneur vous a interdit]. » En parallèle, Il nous interdit de suivre les pas des peuples qui se sont divisés et qui ont divergé après avoir reçu les preuves évidentes. Il a informé à Son Messager qu’il n’a aucun lien avec ceux qui ont scindé leur religion en schisme. Il évoque également qu’il l’a placé sur le chemin de la loi. Il lui a ordonné de la suivre et de ne pas suivre le chemin de ceux qui ne savent pas. Il révèle en effet : (Nous avons descendu sur toi le Livre en toute vérité venant confirmer le Livre avant lui, et faisant autorité sur lui. Juge donc entre eux avec les Lois descendues d’Allah, et ne suis pas leurs passions au dépend de la vérité qui t’est venu. Nous avons assigné à chacun une loi et une voie à suivre. Si Allah avait voulu, Il aurait fait de vous une seule communauté, mais Il veut vous éprouver sur les choses qu’Il vous donne. Précipitez-vous donc dans les bonnes œuvres ; vers Allah se fera votre retour à tous. Il vous informera dès lors au sujet des choses sur lesquelles vous divergiez • Juge entre eux d’après la Loi qu’Allah a révélé et ne suis pas leurs passions. Attention à ne pas te laisser détourner de ce qu’Allah t’a révélé).[3]
Allah a ordonné à Son Prophète de ne pas suivre leurs passions au dépend de la vérité qui lui est venue, quant bien même ils lui proposeraient des lois ou une voie que les prophètes suivaient avant lui.  Allah a assigné à chaque prophète une tradition ou un chemin à suivre. Il le met ainsi en garde de ne pas se laisser détourner de la Révélation. Si cela concerne les lois antérieures que dire des enseignements dont on ne connaît pas l’origine, à la manière des peuples qui ne détiennent aucun Livre. Allah a ordonné à Son Prophète et aux musulmans en général dans plusieurs endroits du Coran de suivre la Révélation sans se tourner vers tout ce qui s’y oppose. Il a dit notamment : [Alif-Lâm-Mîm-Sâd • Voici un Livre qui te fut révélé, il ne doit pas y avoir dans ta poitrine de gêne à son égard, afin qu’il te permette d’avertir et d’être un rappel pour les croyants • Suivez ce qui vous fut descendu de Votre Seigneur et ne suivez pas des élus en dehors de lui, mais vous vous rappelez que très peu].[4]
Puis, Il nous éclaire sur ceux qui se sont détournés du Livre après l’avoir hérité et ceux qui s’y sont attachés en disant : [Des générations qui ont hérité le Livre les ont ensuite précédés, mais ils penchèrent vers les bienfaits de ce bas monde. Ils disaient : « Il nous sera bien pardonné ! »].[5] Il a déclaré ensuite : [Quant à ceux qui s’attachent au Livre et qui observent la prière… Nous ne négligeons pas la récompense des bienfaiteurs].[6] Allah révèle également : [Voici un Livre bénit que Nous avons descendu, alors suivez-le et craignez Dieu ainsi serez-vous atteints par la miséricorde • Nous n’allez pas dire : Le Livre fut uniquement révélé à deux communautés avant nous].[7] [Ô Prophète ! Crains Allah et n’obéis pas aux mécréants et aux hypocrites. Allah était certes Savant et Juge (ou Sage) • Et suis ce qui t’es révélé de la part de Ton Seigneur, Allah est parfaitement informé de ce que vous faites].[8] [Accrochez-vous tous ensemble à la corde d’Allah].[9] La corde d’Allah correspond à Son Livre comme l’a expliqué le Prophète (e). [Suis ce qui t’est révélé et patiente jusqu’à ce qu’Allah prononce Son jugement].[10] Il existe sur le sujet bon nombre de Versets et de hadith que les musulmans s’accordent à suivre et sur lesquels il n’y a dans l’ensemble aucune divergence.
Or, il peut y avoir un désaccord sur certains détails entre des savants de référence sur les questions qui permettent un effort d’interprétation (masâil el ijtihâd). Le désaccord peut provenir de personnes ignorantes en matière de religion, des hypocrites ou pour le moins de ceux qui sont à l’écoute des hypocrites. Allah nous informe en effet qu’il y en a parmi nous qui tendent l’oreille aux hypocrites et qui sont d’accord avec eux, comme en témoigne notamment le Verset suivant : [S’ils étaient sortis en campagne avec vous, ils auraient plus perturbé les rangs et auraient semé la discorde entre vous. Ils veulent uniquement que vous soyez éprouvés. Il y en a parmi vous qui les écoutent].[11] Cela sous-entend qu’ils les suivent et qu’ils les obéissent comme Allah le fait dire à Son serviteur : « Allah entend celui qui le loue ! » c’est-à-dire qu’Il répond à celui qui le loue. Ainsi, il y en a au milieu des vôtres qui les écoutent et qui les suivent. Si telle était la situation à l’époque des Compagnons que dire des époques après la leur !
Dans cet ordre, Allah dévoile les intentions de ceux qui se soumettent en apparence à la sentence du Messager (e), lorsqu’Il dit : [Ne sois pas affecté par ceux qui se précipitent vers la mécréance, parmi ceux qui prétendent à la foi du bout des lèvres, mais qui ne croient pas du fond du cœur et parmi les juifs. Ils tendent l’oreille au mensonge et tendent l’oreille à d’autres gens qui ne te sont pas venus].[12] Il déclare un peu plus loin : [Ils tendent l’oreille au mensonge et mangent les gains impurs].[13] La bonne opinion consiste à dire que le lâm dans l’expression sammâ’ûn el Kadhib (ils tendent l’oreille) est transitif au même titre que akkâlûn e-Sukht (ils mangent des gains impurs). Il signifie donc qu’ils pratiquent le mensonge et qu’ils le veulent ; ils entendent et se soumettent à certaines gens qui ne comptent pas parmi les tiens. Ils ne se soumettent pas exclusivement à l’obéissance d’Allah et de Son Messager. Il n’est pas pertinent de dire que ce fameux lâm marque le but ou la cause, comme l’avancent certains, car ce ne serait pas conforme au contexte. La vérité s’égare souvent au milieu des ignorants, des illettrés et de ceux qui détournent le sens des mots et qui décèlent en eux une certaine hypocrisie. Allah nous informe en effet au sujet des détenteurs des anciennes écritures : [Voudriez-vous vraiment qu’ils vous croient alors qu’une partie d’entre eux écoutent la Parole d’Allah ! Puis, ils la transforment en toute conscience après l’avoir assimilée].[14] Il dit ensuite : [Parmi eux, il y a des illettrés qui ne connaissent du livre que la lecture (ou des conjectures), etc.][15] 
Par ailleurs, le Prophète (e) a annoncé que cette communauté allait suivre pas à pas les traces des communautés précédentes à tel point que si leurs membres entraient dans le trou d’un lézard du désert, ils les suivraient. Certains membres affiliés à l’Islam devaient forcément détourner le sens des mots et transformer les injonctions (commandements) et les informations que les textes du Coran et de la Sunna formulent. Ils comptent dans leurs rangs des illettrés qui ne pénètrent pas la signification des textes. Ils peuvent même s’imaginer que leurs convoitises ou leurs conjectures qui consistent à simplement lire les textes sans en pénétrer le sens profond, constituent le summum de la religion. D’autre part, il est possible de les voir polémiquer avec les corrupteurs des textes parmi les hypocrites ou les mécréants en sachant que ces derniers détiennent un certain savoir que n’ont pas les illettrés. Dans ce cas, soit les deux antagonistes (adversaires) s’égarent de sorte que les paroles des uns troublent les autres en pensant que le discours des illettrés constitue le summum de la religion ; les uns s’opposent donc radicalement aux autres. Soit, les illettrés se mettent à suivre les corrupteurs des textes sur certains de leurs égarements. Voici l’une des causes à l’origine de la transformation des religions. Cependant, la dernière religion reste protégée par Allah, comme le révèle le Verset suivant : [Nous avons descendu le Rappel et il Nous revient de le garder].[16]
Il restera toujours au sein de cette communauté une partie qui se maintiendra sur la vérité. Ainsi, cette religion ne subira jamais l’altération que les livres anciens ont connue et la transformation des lois par les mains des adeptes des anciennes religions. Cela, car Allah offre à ses membres d’établir la vérité et de maintenir la preuve d’Allah à l’encontre de l’humanité. Ces derniers font revivre les morts par le Livre d’Allah et ils éclairent par sa lumière les aveugles. La terre ne sera jamais dépourvue d’hommes qui détiennent la vérité venant de Leur Seigneur, sans laquelle la preuve d’Allah contre l’humanité s’éteindrait.[17]
À suivre…

Traduit par :

Karim ZENTICI            


[1] Voir : Majmû’ el Fatâwâ (25/126-131).

[2] Yûnas ; 5

[3] Le Repas Céleste ; 48-49

[4] El A’râf ; 1-3

[5] El A’râf ; 169

[6] El A’râf ; 170

[7] Le bétail ; 156

[8] Les coalisés ; 1-2

[9] La famille de ‘Imrân ; 103

[10] Yûnas ; 109

[11] Le repentir ; 47

[12] Le repas céleste ; 41

[13] Le repas céleste ; 42

[14] La vache ; 75

[15] La vache ; 78

[16] El Hijr ; 9

[17] S’agirait-il de ces fameux « conservateurs » que se plait à dénigrer M. Chraibi dans certains de ces articles, car leurs péchés c’est de ne pas suivre l’air du temps ?

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10 février 2011 4 10 /02 /février /2011 00:23

 

 

Khalid Chraibi : Economiste (U. de Paris, France, et U. de Pittsburgh, USA), a occupé des fonctions de consultant économique à Washington D.C., puis de responsable à la Banque Mondiale, avant de se spécialiser dans le montage de nouveaux projets dans son pays est l’auteur de deux articles mis en ligne par le site Oumma.com : 1er Muharram calendrier lunaire ou Islamique ? (15/06/06) et La problématique du calendrier islamique (2/02/2007).

Vif défenseur du calendrier lunaire universel, il souligne notamment dans son premier article : « Quant au hadith du Prophète selon lequel les bédouins ne savent ni lire ni compter, et doivent donc éviter d’utiliser le calcul (astronomique), Ibn Taymiya observe que l’argument pouvait être fondé au début du 7è s. mais conteste qu’il puisse encore s’appliquer aux musulmans des siècles plus tard, après qu’ils aient été à l’avant-garde du développement de la connaissance scientifique, y compris en astronomie, pendant des siècles. Il souligne que les musulmans n’auraient pas de quoi s’enorgueillir s’ils étaient restés illettrés. »[1]

 

La question qui se pose d’elle-même, est la suivante : quand le Prophète (r) prescrit d’observer la lune pour déterminer le début et la fin du mois du Ramadhan, est-ce une prescription temporelle qui s’adresse à de « vulgaires » bédouins,[2] ou bien a-t-il posé les fondements d’une règle scientifique et astronomique immuable ? C’est cette question à laquelle Sheïkh el Islam ibn Taïmiya se propose de répondre à travers une longue analyse [voir : Majmû’ el Fatâwa (25/146-183)] :

 

Nul doute que certains rites à l’image du Ramadhan sont liés à la nouvelle lune. Cependant, la seule façon de la déterminer, c’est par la vue comme en conviennent tant les preuves textuelles que rationnelles.

 

Les preuves textuelles : selon ‘Omar (t), le Prophète (r) a déclaré : « Nous sommes une nation illettrée ; nous ne savons ni lire ni compter : [en montrant ses dix doigts, il s’est ensuite exclamé] : un mois correspond à tant plus tant plus tant de jours, en ramenant le pouce au cours de la troisième fois [pour dire vingt neuf jours], et tant plus tant plus tant plus tant de jours. » autrement dit trente jours. D’après Ahmed également, selon Nâfi’, selon ibn ‘Omar, le Messager d’Allah (r) a dit : « Un mois compte vingt neuf jours ; ne jeûnez pas avant de voir la nouvelle lune et ne terminez pas le jeûne avant de voir la lune suivante. Si le ciel est couvert, alors évaluez-la. » Selon Nâfi’, ce Même ‘Abd Allah envoyait quelqu’un observer la lune le 29 Sha’bân. Si ce dernier voyait la nouvelle lune, tout allait bien mais s’il ne voyait rien et qu’aucun nuage ou brouillard ne faisait rempart au ciel, il ne commençait pas le jeûne. Si des nuages ou le brouillard lui empêchaient de voir le ciel, il commençait le jeûne le lendemain. Ainsi, ibn ‘Omar ne se tournait pas vers le calcul. Selon Abû Huraïra (t), le Messager d’Allah (r) a précisé au sujet de la nouvelle lune de Shawwâl : « Si vous la voyez alors cessez le jeûne mais s’il y a des nuages, alors jeûnez trente jours. » La version d’el Bukhârî précise : « Finissez les trente jours. »

 

Tous ces Hadith communément reconnus mettent en lumière plusieurs éléments dont notamment :

 

Le Prophète (r) fait la description de la communauté musulmane. Nation médiane entre les autres nations, celle-ci a la caractéristique d’être illettrée et de ne pas lire ni écrire. Vouloir se distinguer de cette caractéristique, c’est sortir de ses limites et de ses principes. Les arabes étaient des illettrés avant l’avènement de l’Islam comme le confirme le Verset : (Il est celui qui a envoyé aux illettrés un Messager issu d’eux). Cela ne signifie pas cependant qu’ils ne maitrisaient ni le calcul ni l’écriture. Bon nombre de Compagnons en effet retranscrivaient le Coran, établissaient les pactes, rédigeaient les courriers du Prophètes (r) adressés aux rois de la terre et aux chefs de clans, se spécialisaient dans les sciences de l’héritage, et récoltaient la Zakât. Allah (I) enjoint même dans le Coran : (afin que vous connaissiez le nombre d’années et le calcul). En fait, le terme « illettré » (Ummî) provient de « Umma » qui a le sens de « commun des gens ». Un Ummî est donc quelqu’un qui ne se distingue pas de la masse des gens par une particularité telle que la lecture et l’écriture. Une autre hypothèse avance que « Ummî » proviendrait de « Umm » signifiant mère. Autrement dit un Ummî serait une personne restée à l’état primaire et qui s’en tiendrait à l’éducation maternelle, etc.

 

Cette particularité qui permet de sortir de la « masse » est tantôt une qualité parfaite en elle-même comme le fait de lire le Coran et d’en comprendre le sens, tantôt elle est un moyen qui permet de tendre vers cette perfection comme le fait d’apprendre à lire et à écrire. Elle est donc laudative quand elle est utilisée à bonne escient et péjorative quand elle est utilisée à mauvais escient ou quand elle ne permet pas de mettre le Coran en pratique. Par contre, étant un moyen, il est plus méritoire d’avoir de meilleurs résultats tout en pouvant s’en passer. Auquel cas, il est même bien plus pertinent de s’en passer. Les arabes furent le premier réceptacle du message de la nouvelle religion. Ils ont ensuite portés ses enseignements, dictés dans leur langue originelle, aux autres nations. Contrairement aux juifs et aux chrétiens, ils n’étaient pas détenteur d’un Livre révélé. Ils ne maitrisaient pas non plus le savoir déductif propre aux sabéens. Cependant, leur nature était saine, ils étaient ainsi une terre bien plus fertile que quiconque, mais personne ne leur avait ouvert le chemin du savoir. Ils jouissaient certes d’un patrimoine culturel élémentaire comme la connaissance du Créateur, des vertus, des étoiles, de la lignée, et de la poésie. Cette culture ne les permettait pas cependant de se distinguer des autres nations. Avec l’avènement de l’Islam, ils devinrent les détenteurs d’un Livre et ils n’étaient plus des illettrés dans le sens péjoratif du terme, alors qu’auparavant ils étaient illettrés à tous les niveaux.

 

Ainsi apprendre à lire et à écrire est un moyen de parvenir à la perfection de lire le Coran et de le mettre en pratique. Sans cela, la personne accuse un manque. Si par contre il est possible de s’en passer pour obtenir les mêmes résultats, c’est encore plus méritoire, étant donné que cet enseignement est un moyen de s’épanouir sans constituer pour autant la perfection en lui-même. Tel est le cas de notre Prophète (r). Ce dernier n’est pas illettré dans le sens où il ne garde pas le Coran dans sa poitrine, il était cependant Umm



[1] L’auteur ne fait pas mention de la référence en question, mais il est possible qu’elle provienne du Texte que nous proposons.

[2] Faut-il compter parmi ses bédouins : Abû Bakr, ‘Omar, ‘Othmân, ‘Ali, et le reste des Muhâjirîns, ainsi que les Ansârs ?

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10 février 2011 4 10 /02 /février /2011 00:22

 

Pour le moins téméraire, l’auteur avance dans son deuxième article : « Le Coran n’interdit pas l’usage du calcul astronomique. Cependant, au temps de la Révélation, quand les Bédouins interrogèrent le Prophète sur la procédure à suivre pour déterminer le début et la fin du mois de jeûne, il leur recommanda de commencer le jeûne du mois du ramadan avec l’observation de la naissance de la nouvelle lune [au soir du 29è j du mois] et d’arrêter le jeûne avec la naissance de la nouvelle lune (du mois de shawal). « Si le croissant n’est pas visible (à cause des nuages) comptez jusqu’à 30 j. ».

 Sheïkh el Islam ibn Taïmiya poursuit donc son analyse en disant [voir : Majmû’ el Fatâwa (25/183-189)] :

 

Les preuves rationnelles : les grands spécialistes astronomes sont unanimes à dire qu’il n’est pas possible d’annoncer de façon formelle la nouvelle lune sans risque d’erreur. Leurs prévisions peuvent s’avérer exactes comme elles peuvent s’avérer fausses. Le calcul est uniquement capable de déterminer l’apparition et l’évolution du soleil et de la lune, et de savoir à quel moment du jour ou de la nuit, ces deux astres vont-ils s’aligner au niveau de telle constellation, et qui correspond avec l’alignement de tel endroit sur la terre. Cet alignement a lieu entre la période de la disparition de la lune et celle de la pleine lune. La lune en effet connaît au cours du mois vingt huit « positions » différentes établies par Allah.  Elle se rapproche ensuite du soleil pour disparaître une ou deux nuits, en raison de son alignement avec le soleil. Dès que la lune passe en-dessous du soleil, Allah lui donne de la lumière qui va en grandissant au fur et à mesure que la lune s’éloigne du soleil, jusqu’à remplir cette astre au milieu du mois. Puis, les croissants de lune diminuent à fur et à mesure qu’elle se rapproche du soleil dans la deuxième partie du mois, jusqu’à un point de rencontre. C’est pourquoi, les astronomes parlent de « rencontre » et de « séparation » entre la lune et le soleil. Cependant, ils sont incapables de déterminer à quel moment apparaît la nouvelle lune lors du déclanchement de la « séparation ». Ils se contentent de dire que le point de rencontre culminant a lieu au moment de la disparition de la lune tandis que le point de séparation culminant a lieu au moment de la pleine lune.

 

Les astronomes sont donc capables de déterminer avec exactitude la disparition de la lune lors de sa « rencontre » avec le soleil et la pleine lune lors de leur « séparation ». Par contre, il ne leur est pas possible de déterminer par calcul l’apparition de la nouvelle lune contrairement à l’éclipse de lune ou à l’éclipse de soleil dont il est possible de prévoir la période. Selon une loi universelle en effet, le soleil s’éclipse uniquement au moment de la rencontre culminante entre le soleil et la lune, lorsque la lune s’interpose entre le soleil et la terre selon un alignement bien précis et donc facilement calculable. Pareillement, l’éclipse de lune a lieu la nuit de pleine lune au moment culminant de la « séparation », lorsque la terre s’interpose entre la lune et le soleil. Il est donc aussi facile pour celui qui fait des bons calculs de prévoir une éclipse que de savoir qu’au bout de la trente et unième nuit du mois, la nouvelle lune doit apparaître. Les calculs par contre restent très flous, lorsqu’il s’agit de la trentième nuit. Avec des bons calculs, l’astronome peut au mieux savoir à quel moment la lune et le soleil se rencontrent à leur point culminant. Il peut en outre savoir qu’au coucher du soleil, la « séparation » aura déjà été entamée de plus ou moins dix degrés par exemple ; un degré correspondant à une unité faisant partie des trois cents soixante degrés de l’orbite céleste que les astronomes ont divisé en douze partie ; chaque constellation ayant douze degrés. La seule chose qu’ils sont capables de savoir, c’est d’évaluer les distances entre les deux astres à un moment donné, qui correspond à un endroit précis de la terre. Quand à la nouvelle lune, il est possible de la constater uniquement par la vue qui est un outil naturel, non par le calcul et les mathématiques. Ils assument tout au plus que l’observation permet de souligner à partir de tel degré il est possible ou impossible de visionner la lune, ce qui est une erreur foncière ! Ce cycle en effet, ne respecte pas un ordre précis et immuable. À vingt degrés certes, il est possible de voir la lune si rien ne l’empêche et à un degré il est impossible de la voir. Néanmoins, autour de dix degré il existe certains paramètres aléatoires pouvant empêcher de la voir, dont notamment :

 

Premièrement : cela dépend de la plus ou moins bonne vue de celui qui observe la lune.

Deuxièmement : cela dépend du nombre d’observateurs car plus leur nombre est grand plus il sera susceptible à l’un d’entre eux de voir la lune.

Troisièmement : cela dépend de l’endroit où est installé l’observateur ; se mettre sur le toit d’une maison ou en haut d’une montagne ce n’est pas comme être installé au cœur d’une vallée ou gêner par des obstacles.

Quatrièmement : cela dépend du moment où l’on choisi l’observation. Au moment du coucher du soleil, la lune est très loin de la terre et plus proche du soleil. Sa lumière est donc infime sans compter que la rougeur du soleil empêche relativement de l’observer. Ensuite, plus la lune descend à l’horion, plus elle s’éloigne du soleil, ce qui offre de meilleures conditions d’observation étant donné que sa lumière commence à prendre de l’ampleur à mesure qu’elle s’éloigne de la lumière du soleil. Si quelqu’un pense ne pas la voir au moment ou après le coucher du soleil, il lui sera possible de la voir plus tard quitte à attendre le moment où elle descend à l’Ouest.

Cinquièmement : le temps doit être pur. Je ne parle pas des nuages, du brouillard, ou de la fumée, mais je parle de certains climats qui sont plus propices que d’autres. Par exemple, le ciel est plus net en hiver après qu’il ait plu sur une terre déserte et sans brume. Par contre, en été, certaines vapeurs qui s’évaporent du sol empêchent de bien voir la lune.

 

Ainsi, tous ses paramètres aléatoires que les calculs ne peuvent considérer, réfutent l’idée selon laquelle il serait obligatoire de voir la lune lorsqu’elle atteint sept, huit, ou neuf degré et qu’il serait impossible de la voir dès qu’elle atteint par exemple neuf ou dix degré. C’est pourquoi, les astronomes ont des avis différents pour fixer à quelle degré correspond le point culminant de la lune, est-ce 9.5, etc. sans compter qu’ils doivent différencier la période d’été et celle d’hiver ; entre la période où le soleil se trouve très haut dans la constellation du nord et celle où il est très bas dans la constellation du sud…

 

Traduit pour Islam.house par :

Karim ZENTICI 

 

 

 

 

 

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