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23 décembre 2016 5 23 /12 /décembre /2016 16:10

 

 

Le parallèle entre le ta’tîl et le shirk

 

Ibn Taïmiya dresse un parallèle entre le ta’tîl et le shirk, et voici ce qui en ressort :

  1. Le shirkest le plus répandu à travers l’Histoire des hommes[1] ;
  2. Le ta’tîl qui est mu par l’orgueil et le plus grave des deux, si l’on sait qu’il est plus grave de renier le Seigneur que de partager Son adoration avec une créature[2] ;
  3. Le ta’tîl est une forme d’égarement particulière par rapport au shirk qui est le plus courant des fléaux[3] ;
  4. Le ta’tîl est plus répandu chez les jahmites intellectuels (les savants du kalam), tandis que le shirk est plus répandu chez les jahmites ascètes (les soufis) ; ibn ‘Arabî, qui compte dans la seconde catégorie, assimilait Dieu à la création, et, par voie de conséquence cautionnait l’idolâtrie ; à l’inverse, Râzî, qui entre dans la première, L’assimilait au néant, d’où l’adage : le comble du ta’tîl est de ne rien adorer comme chez les jahmitesmutakallimîn, et le comble du shirk est d’adorer toute chose comme chez les jahmites soufis.[4]

 

N.B. La croyance qadarite qui se polarise sur le libre-arbitre est empreinte de shirk et de ta’tîl, les deux facteurs à l’origine de la mécréance ; elle doit son ta’tîl à sa prétention de sortir les actes des hommes de la création d’Allah, et son shirk vient de sa propension à ériger les hommes au rang de créateurs.[5] Les païens arabes n’ont jamais atteint ce degré de shirk qui touche au domaine de la Seigneurie divine ; ils se contentaient d’attribuer dans l’adoration des associés au Tout-Puissant.[6] En outre, une mauvaise conception de l’unicité dans le domaine de la Seigneurie divine et de la gestion de la création va se répercuter sur la pratique du culte. Ibn Taïmiya explique que les adeptes du kalâm misent sur le tawhîd e-rubûbiya qu’ils maitrisent déjà mal, car ils dénaturent les Noms et Attributs divins ; cela aura des conséquences plus ou moins désastreuses au niveau de l’unicité dans la divinité.[7]

 

Voir : http://mizab.over-blog.com/2016/07/le-shirk-ta-til-partie-1.html

 

• Pour ibn Taïmiya, certaines opinions relèvent de l’apostasie (renier l’aspect obligatoire de la prière, de l’aumône légale, du jeûne, du pèlerinage, autoriser moralement l’alcool, les jeux de hasard, le mariage à des femmes légalement interdites). Néanmoins, leur auteur peut être excusable dans la situation où les preuves célestes ne lui sont pas parvenues. Le cas échéant, il ne devient pas apostat ; le nouveau converti ou le bédouin vivant loin des villes, et n’ayant pas accès aux lois détaillées de la religion ne sont pas assimilés à des apostats quand ils en renient une sans le savoir.

 

Dans ce registre, nous avons le crédo jahmite qui revient à renier la perfection du Créateur et la révélation confiée au Messager. Cette hérésie est gravissime pour trois raisons majeures :

  1. Les preuves validées par l’unanimité des savants orthodoxes, et allant à son encontre pullulent dans les textes scripturaires, sauf que ses adeptes les falsifient ;
  2. Il implique de renier le Créateur, bien que nombre d’entre eux n’en ont pas conscience ; renier l’existence du Très-Haut est à la base de la mécréance, de la même manière que la reconnaissance de Son existence est à la base de la croyance ;
  3. Elle va à l’encontre des principes en accord avec l’unanimité des religions et la nature saine.

 

Malgré cela, beaucoup de points de ce crédo peuvent échapper à un grand nombre de croyants s’imaginant être en accord avec la vérité, en raison des ambiguïtés qui animent leurs convictions. Ces derniers donnent foi à Allah et à Son Messager aussi bien en apparence qu’au fond d’eux. En cela, ils ne sont pas différents des autres catégories d’innovateurs qui furent induits en erreur. Ils ne sont certainement pas mécréants, mais ils se partagent entre hérétiques et désobéissants ; certains même sont pardonnables en raison de leur erreur d’interprétation. Proportionnellement à leur foi et à leur piété, ils sont susceptibles de s’élever au rang d’élus d’Allah.[8]

 

Ailleurs, il donne une définition du murtadd dans laquelle il étend ce principe au tawhîd el ulûhiya, si tant est qu’il fallût le démontrer : « L’apostat est celui qui commet de l’association, qui déteste le Messager (r) ou ses enseignements à l’unanimité des savants, qui ne désapprouve pas le mal avec le cœur, qui s’imagine que dans les rangs des Compagnons ou de leurs successeurs directs quelqu’un a pris les armes du côté des mécréants, ou bien qui autorise tout simplement la chose, qui renie un point ayant fait l’objet d’une unanimité formelle, qui érige des intermédiaires entre Allah et lui en reposant sa confiance en eux, en leur consacrant des prières et des invocations, ou qui doute d’un Attribut divin qu’il n’est pas censé ignorer. Ceux qui sont censés l’ignorer ne deviennent pas apostats à l’image de l’homme que le Prophète (r) n’a pas considéré comme mécréant, bien qu’il ait douté qu’Allah puisse le ressusciter ; en effet, on ne le devient qu’après avoir reçu la preuve céleste. »[9]

 

À suivre…

 

 

Par : Karim Zentici

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[1]Majmû’ el fatâwâ(6/83).

[2]Minhâj e-sunna(5/393).

[3]Dar-u ta’ârudh el ‘aqlwa e-naql (3/133).

[4]Bayântalbîs el jahmiya (3/783-784).

[5]Minhâj e-sunna(3/278-279).

[6]Minhâj e-sunna(3/277).

[7]Minhâj e-sunna(3/295).

[8]Majmû’ el fatâwâ(3/354-355).

[9]El mustadrak ‘alâmajmû’ el fatâwâ(5/129).

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