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2 novembre 2017 4 02 /11 /novembre /2017 13:19

 

Le pragmatisme taïmiyen

(Partie 3)

Selon la règle : il est plus important de parer aux inconvénients d’une chose que de rechercher ses avantages

 

Voir : http://mizab.over-blog.com/2014/10/le-kharijisme-partie-1.html

 

Les preuves textuelles venant corroborer cette règle

 

1- le Verset suivant : (Ne proférez pas des injures contre ceux qui servent une fausse divinité, car leur animosité va les pousser, sans fondement, à blasphémer Dieu).[1] Le Très-Haut interdit de s’en prendre aux idoles pour ne pas pousser les païens au blasphème, malgré l’avantage qu’il y a à les irriter. Mieux vaut éviter qu’ils blasphèment que de dénigrer leurs faux dieux.

 

2- Selon ‘Âisha – qu’Allah l’agrée –, le Prophète (r) lui confia un jour : « Si ton peuple ne s’était pas récemment converti, j'aurai fait détruire la Ka’ba (la Maison sacrée ndt.) pour lui réinsérer la partie qui lui a été enlevée, et je l’aurais mise à même le sol…»[2] Ce hadîth confirme la règle étant donné que le Prophète (r) a renoncé à la reconstruction du Temple d’après les fondations d’Ibrahim (r) – ce qui en soi est un avantage – pour parer à un inconvénient. Autrement dit, il ne voulait pas faire fuir les gens de l’Islam ni pousser les novices à apostasier. Il (r) a donc tenu compte des inconvénients qui étaient prépondérants aux avantages.

 

3- Le Prophète (r)  n’a pas tué les hypocrites, bien qu’il y ait un intérêt à le faire, car il ne voulait pas faire fuir les gens susceptibles de penser qu’il éliminait ses propres adeptes.

 

4- Il (r) a notamment interdit toute rébellion contre les gouverneurs injustes, à condition qu’ils observent la prière. Il y a un inconvénient immense à se lancer dans ce genre d’initiative. Les méfaits d’une insurrection sont bien plus considérables que ceux engendrés par la tyrannie des personnes au pouvoir. Les conséquences négatives qu’elle a suscitées dans les rangs des musulmans, à travers l’histoire, s’en font ressentir jusqu’aujourd’hui. C’est pour éviter cela que le Prophète (r) a prescrit : « Si l’allégeance est donnée à deux Khalifes, alors combattez le dernier venu. » Voici en résumé ce que Sheïkh el Islam ibn Taïmiya établit sur la question.

 

Après avoir développé certains points subsidiaires à la règle disant qu’il vaut mieux parer aux inconvénients d’une chose que de rechercher ses avantages, et qu’en cas d’opposition entre les intérêts et les inconvénients, il faut orienter le choix vers la solution la plus avantageuse, Sheïkh el Islam poursuit : « Entre autres : parmi les principes des traditionalistes, nous avons la nécessité de conserver l’union, de ne pas s’insurger contre les tyrans au pouvoir, et de ne pas tremper dans les guerres intestines. Ses principes s’intègrent dans la règle générale sur la balance des avantages et des inconvénients. Celle-ci réclame de mettre en avant la solution la plus avantageuse après avoir pesé le pour et le contre.  Bien que les obligations et les interdictions impliquent de concéder un bienfait et de repousser un méfait, il faut cependant se pencher sur les cas où les deux situations s’encombrent. Si on laisse échapper un intérêt ou si celui-ci engendre un mal plus grand, il ne devient plus une obligation. Il devient plutôt une interdiction dans la mesure où il génère plus d’inconvénients que d’avantages. Les avantages et les inconvénients doivent être considérés selon la balance de la Législation.

 

Ainsi, si une personne ou un groupe font à la fois le bien et le mal de sorte qu’ils ne font pas la distinction entre les deux, et qu’ils ne peuvent les dissocier (en les faisant ou en les délaissant tous les deux), il n’est pas permis en pareil cas de leur faire la morale (ni de leur ordonner le bien ni de leur interdire le mal). Il faut plutôt considérer la situation. Si le bien est prépondérant au mal, il faut l’ordonner bien qu’il implique à une moindre mesure de tolérer le mal qu’ils font. En parallèle, il ne faut pas leur interdire un mal si cela implique de leur faire délaisser un bien prépondérant.

 

Dans un tel cas de figure, interdire le mal consisterait à entraver au chemin d’Allah, à empêcher qu’on Lui obéisse, qu’on obéisse à Son Messager, et à mettre un terme aux bonnes actions. Or, si le mal est prépondérant au bien, il faut l’interdire quand bien même cela consisterait à laisser un bien de moindre importance. Dans ce cas de figure, il serait mal d’ordonner le bien qui impliquerait un mal plus important. Cela encouragerait à désobéir à Allah et à Son Messager.

 

Si toutefois, le bien et le mal s’engendrent mutuellement, il ne faut dans ce cas ni les ordonner tous les deux ni les interdire tous les deux étant donné que l’un est le fruit de l’autre. Cela est valable bien sûr pour certains cas. Néanmoins, en règle générale, il faut ordonner le bien dans l’absolu et interdire le mal dans l’absolu. Si l’on considère un individu ou un groupe quelconque, il faut ordonner le bien qu’ils concèdent et interdire le mal qu’ils concèdent ; il faut approuver leurs bons côtés et condamner leurs mauvais côtés de sorte que d’ordonner le bien n’implique pas de laisser passer un bien plus grand ou d’engendrer un mal prépondérant. En parallèle, l’interdiction d’un mal ne doit pas impliquer un mal plus grand ni laisser échapper un bien prépondérant.

 

Dans ce registre, le prophète (r) ne s’en est pas pris aux chefs de file des hypocrites et des pervers à l’instar d‘Abd Allah ibn Ubaï ibn Salûl, car ils jouissaient de la protection de leurs clans. Si un genre de punition avait pu mettre fin à un certain mal, cela aurait impliqué de laisser passer un bien plus important, étant donné qu’elle aurait attisé la colère et la vengeance de leurs tribus. Sans compter que les gens auraient fuit la religion s’ils avaient entendu que Mohammed tuait ses Compagnons. »[3] Fin de citation.

                           

Par : Karim Zentici

http://mizab.over-blog.com/

 

 

[1] Le bétail ; 108

[2] Rapporté par el Bukhârî et Muslim.

[3] Sheïkh el Islam ibn Taïmiya est l’auteur de ce discours dans Majmû’ el fatâwâ (28/128-131) et dans El amr bi el ma’rûf wa e-nahî ‘an el munkar (p. 21) du même auteur.

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commentaires

S
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