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6 avril 2013 6 06 /04 /avril /2013 15:37

parchemin3

 

Au nom d’Allah le Très Miséricordieux, le Tout Miséricordieux

 

Ibn Taïmiya et le djihad défensif

(Partie 2) 

 

 

D’après l’article : taqyîd el fahm wa e-dhabt li kalâm Sheïkh el Islam anna el djihâd e-daf’ lâ yashtaritu lahu shart de ‘Imâd Târiq.

 

3- Une même œuvre peut en même temps renfermer un bien et un mal

 

Il faut savoir qu’Allah ordonne ou recommande les bonnes œuvres en général, et, en parallèle, il interdit les mauvaises œuvres. Or, une même œuvre peut renfermer des avantages et des inconvénients. Dans ce cas, le Législateur tient compte de son ascendant ; si elle a plus de bien que de mal, Il l’adopte, et si le mal est prépondérant, alors elle perd toute légitimité, et devient même interdite.[1]

 

Par ailleurs, ce n’est pas parce qu’on obtient une chose par l’intermédiaire d’une cause que celle-ci devient forcément légitime. Pour qu’elle le devienne, il faut regarder si ses bons côtés sont prépondérants à ses mauvais côtés, sinon, elle devient interdite, quand bien même, elle fournirait certains avantages.[2]

 

Sheïkh el Islam ibn Taïmiya – qu’Allah lui fasse miséricorde – explique à ce sujet : « On peut toujours avancer qu’Alî et son fils el Husaïn renoncèrent à leur projet, tout simplement, car ils n’avaient pas les moyens d’aller au bout ; ils n’avaient pas, en effet, suffisamment d’alliés de leur côté. Ils avaient conscience que beaucoup de sang aurait été versé sans parvenir à l’intérêt escompté.

Ce à quoi nous répondons : c’est exactement la sagesse dont le Législateur tint compte en interdisant de sortir l’épée contre l’émir, et en encourageant à ne pas participer aux troubles. Peu importe que l’on sorte au nom de la morale (ordonner le bien et interdire le mal), comme ce fut le cas pour les partisans d’el Harra, et Daïr el Jamâjim qui se soulevèrent contre Yazîd, el Hajjâj, etc. On n’enlève pas un mal par un plus grand mal, ce qui en soi est un mal, de la même façon qu’on ne recherche pas un bien, en passant par un mal plus grand que l’intérêt escompté à travers ce bien, ce qui en soi est également un mal. »[3]

 

Ceux qui voient que ce genre de troubles rapporte plus de mal que de bien ne doivent pas obéir à l’Imâm, car cela revient à ordonner une mauvaise action. Quand un texte a une portée absolue ou générale (lui obéir en l’occurrence), s’oppose à un autre texte ayant une portée restrictive (ne pas participer aux troubles), il incombe de mettre en avant le second. Surtout si l’on sait que nous avons le devoir de ramener nos litiges au Coran et à la sunna dans l’absolu. La preuve, c’est que le Prophète (r) a prédit que les émirs après lui feraient régner l’injustice. Pourtant, au même moment, il interdit de se rebeller contre eux, en vue des inconvénients énormes que cela engendre. Lui-même interdit à La Mecque de prendre les armes contre les païens, comme le relate le Verset : [Ne vois-tu pas ceux à qui il fut demandé de retenir leurs mains].[4] Les premiers musulmans avaient pour mission d’endurer la persécution Quraïshites, et de ne pas leur en tenir rigueur jusqu’au jour où le Coran leur révéla de nouvelles dispositions.[5]

 

4- La législation progressive du djihâd ; en sachant que la période mecquoise n’est pas abrogée

 

Les Juifs tiraient en dérision le Prophète (r) dans leur langue, mais sans qu’il ne les punisse, et cela, pour les raisons suivantes :

 

Premièrement : à cette époque, les musulmans étaient encore faibles ; il leur était enjoint d’endurer le mal des Juifs et des païens ; la piété était de rigueur. Puis, quand l’Islam prit de l’ampleur, ce statut fut abrogé, et la guerre fut légiférée ; les Juifs furent alors frappés d’un tribut qui était le gage de leur soumission. Il va sans dire que le dhimmî n’est pas capable d’ennuyer ouvertement les musulmans, car sinon il ne serait pas soumis. Certains donnent le nom d’abrogation à ce changement d’attitude envers les ennemis. Pour d’autres, il ne s’agit pas d’une abrogation, mais d’une nouvelle situation qui réclame de nouvelles dispositions, comme le Coran l’avait promis pendant la période de patience.

 

En réalité, cette divergence porte plus sur la forme que sur le fond, car lorsque les musulmans retombent dans un état de faiblesse, ils doivent se comporter comme à la période mecquoise. La chose varie donc en fonction des endroits et des époques, et les Versets qui enjoignent à la patience restent en vigueur jusqu’à la fin du monde. Personne ne conteste qu’à Médine, le Prophète appliquait les peines contre les hommes qui affichaient leur hypocrisie, et il fit des expéditions punitives contre les Juifs et les païens. Peu importe qu’on donne ou non le nom d’abrogation à cette nouvelle disposition.[6]

 

Ainsi, pendant la période mecquoise, le djihad n’était pas encore légiféré, et la patience était de rigueur. L’émigration offrit aux adeptes de la religion naissante un lieu sûr où il pouvait se renforcer, et d’où partiraient les expéditions militaires. Ils ne s’attaquaient pas à ceux avec qui ils étaient noués par des accords de paix. Si le meilleur des hommes (r) avait eu la mauvaise idée de punir chaque mécréant et chaque hypocrite, la plupart des arabes y auraient vu d’un mauvais œil, et auraient renoncé à intégrer sa religion, car trop dangereuse. Allah (I) révèle : [N’obéis pas aux infidèles ni aux hypocrites, ne prêtent pas attention à leurs nuisances ; et repose ta confiance à Allah, Il te suffit comme protecteur].[7] Cette sourate fut révélée à Médine après la bataille du fossé. Le Messager (r) n’était pas suffisant fort pour s’occuper d’eux ; toute répression aurait engendré un grand désordre dans les rangs. Après la conquête de La Mecque, les habitants de la Péninsule embrassèrent la religion en masse, et les rapports de force n’étaient plus les mêmes.

 

Le temps était venu de se tourner vers les Byzantins. La Révélation mit sur la voie les adeptes de la religion naissance. La sourate Le repentir polissait les derniers commandements divins ; le djihad, le pèlerinage et la morale (ordonner le bien et interdire le mal) furent légiférés. La mission de Mohammed (r) touchait à sa fin : [Aujourd’hui, je vous ai parachevé votre religion, Je vous ai parfait de Mes bienfaits, et Je vous ai agréé l’Islam comme religion].[8] Trois mois plus tard, le sceau des messagers rendait l’âme. Il fallait évidemment préparer le terrain : rompre les traités avec les païens. Le ton était donné : [Ô Prophète ! Combats les mécréants et les hypocrites, et sois dur avec eux].[9] Il annonçait l’abrogation de : [N’obéis pas aux infidèles ni aux hypocrites, ne prêtent pas attention à leurs nuisances].[10]

 

Les hypocrites n’avaient plus à cette époque d’alliés pour les défendre ; le Prophète (r) avait le champ libre pour faire régner la loi à Médine, et personne n’allait s’en plaindre, car toute la région était rentrée dans les rangs. L’intransigeance devint de rigueur. Selon les savants, la sourate Les coalisés vint abroger les prescriptions précédentes. En voici un autre passage : [Si les hypocrites, les malades du cœur et les perturbateurs à Médine ne cessent pas, Nous te lancerons contre eux, et ils ne viendront plus ou presque te côtoyer dans ses murs ; ils sont maudits ! Où qu’ils soient, ils sont rattrapés].[11] En d’autres termes, ils ne s’aviseront plus désormais à injecter leurs venins. La religion triomphante n’allait plus tolérer de telles exactions.

 

Ainsi, quand la conjoncture est favorable aux hypocrites, nous mettons en pratique le v. 48 de la s. Les coalisés. De la même manière qu’en état de faiblesse, il nous est demandé de fermer les yeux sur leurs manœuvres, et attendre que la roue tourne. C’est à ce moment qu’on fait preuve d’intransigeance, conformément au v. 9 de la s. E-tahrîm.[12]

 

La patience porta ses fruits, car, pour la première fois, les Juifs furent frappés d’un tribut qui témoignait de leur soumission, et les campagnes militaires s’étendirent au-delà du littoral du hijâz. L’ère khalifienne s’aligna aux dernières dispositions prophétiques, et il y aura toujours jusqu’à la fin du monde, un groupe qui se détache de la communauté pour porter haut l’étendard de la vérité.

 

Le musulman s’adapte aux différentes conjonctures qu’il rencontre, sans sortir, en cela, des directives du Coran. Quand il en a la force, il défend bec et ongles l’honneur de sa religion, et fait front aux injures que son Prophète (r) endure, et dans les moments de faiblesse, il craint Dieu dans la mesure du possible.[13] Le grand ibn Taïmiya offre des circonstances aux pauvres habitants du Hijâz – qui était déjà mal garni avec l’expansion de l’innovation et de la débauche – et du Yémen, qui, incapables de tenir tête à l’envahisseur tatar, s’empressèrent de lui envoyer une missive pour lui afficher leur allégeance. Quand le roi païen s’essaya aux armées de Halab où il rencontra une forte résistance, ce fut une autre paire de manches.[14]

 

À suivre…

 

Par : Karim Zentici

http://mizab.over-blog.com/

 



[1] Majmû’ el fatâwâ (11/623).

[2] Majmû’ el fatâwâ (27/177) ; voir également : (28/129) et (32/228).

[3] Voir : Minhâj e-sunna (4/536).

[4] Les femmes ; 77

[5] Majmû’ el fatâwâ (4/442-443).

[6] E-sârim el maslûl (2/443-444).

[7] Les coalisés ; 48

[8] Le repas céleste ; 3

[9] E-tahrîm ; 9

[10] Les coalisés ; 48

[11] Les coalisés ; 60-61

[12] E-sârim el maslûl(3/681-683).

[13] E-sârim el maslûl(2/412-414).

[14] Majmû’ el fatâwâ (28/533).

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commentaires

S
salam o 3alaykoum wa rahmatoAllah question sans rapport avec le sujet mais je trouve pas ma réponse vu que la 3awRA c'est du nombril jusqu'aux genoux est-il permis qu'un homme se montre torse nu devant sa mère tout en couvrant du nombril jusqu'au genou? barakaALLAH OUFIK.
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M
<br /> Salam 'alayka wa rahmatollah akhi.<br /> <br /> <br /> Aurais-tu une adresse e-mail, j'ai une question que j'aimerais te poser en privé afin d'éviter une fitna, barakah Lah ou fik.<br />
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M
<br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> wa 'aleikom salem !<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> tafadhdhal :<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> citizenkan@hotmail.fr<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />