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7 avril 2013 7 07 /04 /avril /2013 18:33

parchemin3

 

Au nom d’Allah le Très Miséricordieux, le Tout Miséricordieux

 

Ibn Taïmiya et le djihad défensif

(Partie 3) 

 

 

D’après l’article : taqyîd el fahm wa e-dhabt li kalâm Sheïkh el Islam anna el djihâd e-daf’ lâ yashtaritu lahu shart de ‘Imâd Târiq.

 

5- En période de troubles ou quand la religion de l’individu est mise à mal, il est légiféré de se retirer dans des coins isolés, ou tout au moins d’émigrer vers des terres plus sûres

 

Il restait des râfidhites et des hypocrites qui s’étaient notamment réfugiés dans les montagnes du Liban. Les chrétiens prirent probablement le dessus sur eux, et les mirent à leur service pour cultiver la terre. Un État que se partageaient râfidhites et chrétiens fut fondé. Ces fameuses montagnes n’ont aucun mérite particulier ; il est même légiféré de ne pas vivre au milieu de ceux qui empêchent de pratiquer sa religion. Malheureusement, certains ascètes leur consacrent des retraites spirituelles. En réalité, les seules vertus que l’on peut concéder aux grottes, aux vallées et aux montagnes isolées, c’est en période de trouble. Il est en effet, tout à fait légitime de s’y réfugier, lorsque la vie citadine n’offre plus la garantie de préserver sa religion. C’est l’ambition qui se cache derrière l’obligation d’émigrer vers une terre paisible ; l’émigré en effet est celui qui s’éloigne des péchés.[1]

 

Dans sa fatwa de Mardîn, le Sheïkh d’ibn el Qaïyim souligne, d’une part, que le sang et les biens du musulman sont sacrés. D’autre part, à ses yeux, il est interdit de prêter main-forte à des non-musulmans. Tout musulman qui vit en son sein est obligé de partir dans la situation où il n’est pas en mesure de bien pratiquer sa religion, sinon, l’émigration reste recommandée. Il lui est interdit de venir en aide aux ennemis de l’Islam, que ce soit physiquement ou financièrement. Il doit trouver n’importe quel prétexte pour échapper à cette corvée, ou sinon quitter les lieux.[2]

 

6- Le djihad est légiféré en cas de force

 

Comme nous avons vu dans un point précédent, quand le Législateur enjoint de combattre toute faction rebelle, c’est uniquement dans la mesure du possible, car ils ne sont pas pires que les païens et les infidèles. L’histoire prophétique nous montre qu’il vaut mieux dans certaines situations se concilier l’ennemi en nouant des accords de paix et en lui offrant des largesses. Un Imâm peut s’imaginer à tort avoir la force pour lui tenir tête. Dans ce cas, l’intérêt réclame de renoncer à ce projet.[3] Il est même permis de trouver des accords avec un envahisseur ayant la main mise sur plusieurs provinces musulmanes. La Syrie fut contrainte à ses débuts de contenir la vague tatare en contractant avec ses chefs certains pactes.[4] Ibn Taïmiya lui-même entama des pourparlers avec les autorités mongoles dans une tentative où les plus zélés auraient rebroussé chemin.[5] Ce jour-là, il écrivit à jamais son nom dans les plus belles pages de l’Histoire à côté des plus grands héros musulmans.[6]

 

Or, certains pensent à tort que l’épée s’est substituée à l’appel au dialogue adressé aux mécréants en vue de leur démontrer l’impertinence de leur croyance. Il n’y a pourtant aucune opposition entre ces deux procédés. On parle d’abrogation quand une loi remet littéralement en question une autre plus ancienne et à laquelle elle se substitue. L’abrogation de la première qibla en est le meilleur exemple. Il ne viendrait à l’idée de personne, désormais, de prier en direction de Jérusalem.

Ainsi, ils opposent ainsi les deux Versets : [Ne vois-tu pas ceux à qui il fut demandé de retenir leurs mains, d’observer la prière, et de verser l’aumône ; et lorsque la guerre leur fut prescrite, un groupe d’entre eux se mirent à craindre les hommes comme on craint Allah, ou plus encore ; ils protestèrent : Seigneur ! Pourquoi nous as-Tu prescrit la guerre ? Si, au moins, Tu avais pu nous laisser un peu de répit ! Réponds-leur : les plaisirs de ce monde sont éphémères, mais l’autre vie vaut bien mieux pour les gens pieux, et vous ne serez pas lésés le moins du monde].[7]

Voici l’autre Verset : [Appelle au chemin de Ton Seigneur avec sagesse et le bon sermon, et polémique avec eux de la meilleure manière ; Allah connait mieux ceux qui ont dévié de Son chemin, et Il connait mieux ceux qui sont guidés][8] ; mais encore : [Ne polémiquez point avec les gens du Livre si ce n’est que de la meilleure façon, sauf avec les injustes parmi eux. Dites : Nous avons cru à Celui qui nous a révélé et qui vous a révélé le Livre ; Notre Dieu et le Vôtre est Un, et nous Lui sommes soumis].[9]

 

L’obligation de combattre s’oppose certes à l’interdiction de le faire au profit du dialogue, mais il est possible de conjuguer entre les deux. Dans ce cas, il n’est pas pertinent de parler d’abrogation. Il va sans dire que chacun à sa façon, ces procédés donnent des résultats, mais, utilisés ensemble, ils sont beaucoup plus efficaces.[10]

 

7- le djihâd défensif réclame des préparatifs

 

Ibn Kathîr explique qu’Ahmed ibn ‘Abd el Halîm contribua aux préparatifs d’avant-guerre contre les tatars ; il exhortait les troupes à grands coups de Verset du Coran et de hadîth prophétiques, les dissuada de battre en retraite à la première frayeur, les encouragea à financer l’expédition en vue de défendre les musulmans et leur terre. Il sollicita le soutien des armées d’Égypte. Il se rendit en personne aux bords du Nil pour convaincre le pouvoir en place de s’engager aux côtés de leurs frères du Levant.[11]

 

8- Les lois du djihâd sont flexibles et s’adaptent à la conjoncture

 

Quand, fort de ses alliés, le Messager (r) fut en mesure d’étendre la religion d’Allah, il n’hésita pas une seconde de brandir l’étendard de la guerre contre tous ceux qui lui résistaient. Les lois varient en fonction de la situation et des capacités. Quand on est fort on n’a pas la même approche que quand on est faible, bien que dans les deux cas, on ne fait qu’obéir à Allah, comme quand on est riche ou pauvre, en bonne ou en mauvaise santé. Chaque état concède ses propres lois.[12]

 

9- La distinction entre théoriser une question et faire une fatwâ

 

Il existe deux sortes de sentences : théorique (lorsqu’un savant théorise une question) et pratique (quand il l’applique dans la pratique en tenant compte de plusieurs facteurs ; ex. : la fatwâ).[13] En mélangeant entre les deux, on peut faire des dégâts énormes, comme le souligne ibn el Qaïyim.[14]

 

10- Comprendre les paroles d’un auteur à la lumière du contexte

 

Enfin, et ce point est d’une extrême importance, il n’est pas pertinent de sortir un passage de son contexte, car cela revient à le tronquer, ou, au meilleur des cas, à le vider de sa substance. Il faudrait, au minimum prendre la peine de le ramener en entier, en vue de mettre en lumière les réelles intentions de l’auteur. Quand ibn Taïmya parle de sans condition, ce n’est pas dans l’absolu, mais uniquement en réfutation au dhî – vraisemblablement Abû Ya’lâ. Voici le passage en entier pour s’en assurer : « Le Qâdhî prétend que dans la situation où le djihâd devient une obligation individuelle dans un pays particulier, et que le champ de bataille soit à une distance permettant de raccourcir les prières, il devient obligation qu’à condition d’avoir une monture et les provisions suffisantes, tout comme le pèlerinage. Or, le Qâdhî ne ramène pas cette comparaison (analogie) avec le pèlerinage de l’Imâm Ahmed ; son opinion est pour le moins faible.

 

L’obligation du djihâd est due à différentes raisons, comme repousser l’agression de l’ennemi. Le cas échéant, il devient plus obligatoire que l’émigration. En sachant que la monture n’est pas prise en considération pour la hijra, et à fortiori pour le djihâd.

Il est rapporté d’après le recueilsahîh, selon ‘Ubâda ibn e-Sâmit, le propos prophétique suivant : « L’individu doit obéissance à l’émir que ce soit dans l’aisance ou dans la difficulté, de son propre gré ou contre lui, et même s’il ne veut rien lui partager. »[15] Il doit donc obéir à l’émir qui lui somme d’incorporer l’armée que ce soit dans l’aisance ou la difficulté. Ce texte démontre explicitement, que, contrairement au hadj, il est imposé d’y aller même dans la difficulté. Pourtant, le discours concerne le djihâd offensif. »

 

Il enchaine directement après : « Quant à la guerre défensive, celle-ci incarne la plus haute forme d’autodéfense en vue de protéger l’honneur et la religion. Elle est donc obligatoire à l’unanimité des savants, étant donné que l’ennemi porte atteinte à la vie matérielle et spirituelle des musulmans ; après la foi, rien n’est plus important que de repousser son agression, et cela sans condition, mais uniquement avec les moyens du bord. Les savants de notre école notamment mettent explicitement ce point en avant. »

 

Puis, il conclut : « Il incombe donc de distinguer entre repousser un agresseur mécréant et tyran, et aller lui faire la guerre sur ses terres. Il existe plusieurs sortes de djihâd : avec le cœur, oralement (prédication et argumentation), en offrant ses services (idées, plans, fabrication), etc. Chacun y contribue au maximum de ses possibilités. »[16]

 

Wa Allah a’lam !

 

Par : Karim Zentici

http://mizab.over-blog.com/

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



[1] Majmû’ el fatâwâ (27/55).

[2] Majmû’ el fatâwâ (28/240).

[3] Majmû’ el fatâwâ (4/442).

[4] Majmû’ el fatâwâ (28/432).

[5] El ‘uqûd e-durriya d’ibn ‘Abd el Hâdî (p. 134)

[6] El a’lâm el ‘aliya (p. 69-72).

[7] Les femmes ; 77

[8] Les abeilles ; 125

[9] L’araignée ; 46

[10] El jawâb e-sahîh (1/218-219).

[11] El bidâya wa e-nihâya (14/14-16).

[12] Manhâj e-sunna (1/86).

[13] El muswadda (p. 504).

[14] I’lâm el mawqi’în (3/79).

[15] Rapporté par el Bukhârî (7056) et Muslim (1709), selon ‘Ubaïda ibn e-Sâmit (t).

[16] El fatâwâ el kubrâ (4/608).

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commentaires

M
Salam 'alaykom wa rahmatollah.<br /> <br /> Cette article est excellent, Allah i barik. Tout y est plus clair wa lilahi al hamd. Aussi on comprend mieux les paroles d'ibn taymiya sur le Djihad défensif que l'adversaire ne cesse de poster, alors qu'il s'adressait au Qadhi Abu ya'la et cela dans un contexte bien précis.<br /> <br /> Wafaqaka Lah ou li kulli khayr
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M
wa 'aleikom salem wa rahmat Allah !<br /> <br /> Amin, wa anta kadhalik !