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12 mars 2012 1 12 /03 /mars /2012 17:25

rosier winnipeg park 07

 

Le saviez-vous ?

(Partie 2)

 

Ibn el Qaïyim divise les savants en deux catégories ; ceux qui mémorisent, qui recensent et qui compilent le hadîth avec une extrême rigueur, mais sans y extraire des règles et des lois. Les autres, en plus de les mémoriser, réfléchissent sur les textes et y puisent leurs trésors. Parmi la première catégorie, nous comptons Abû Zur’a, Abû Hâtim, ibn Dâra, Bindar Mohammed ibn Bashshâr, ‘Amr e-Nâqid, ‘Abd e-Razzâq, Mohammed ibn Ja’far Ghundar, Sa’îd ibn Abî ‘Urûba, etc.

Dans l’autre, nous trouvons Mâlik, Shâfi’î, el Awzâ’î, Ishâq, Ahmed, el Bukhârî, Abû Dâwûd, Mohammed ibn Nasr el Marwazî, etc.[1]

 

Sheïkh el Islâm explique que les anciens connaissaient mieux la vérité que quiconque, les arguments qui l’établissaient, et les réponses aux objections soulevées, bien qu’ils n’étaient pas tous au même niveau. Cela ne veut pas dire, en effet, que chacun d’entre eux, était capable de réunir toutes ces qualités ; elles étaient plutôt réparties entre eux. Nous retrouvons ces particularités, par exemple, dans la narration du hadîth et les autres matières de la religion.[2]

 

L’Érudit ibn Batta el ‘Ukburî le grand défenseur de la sunna, était, aux yeux d’ibn Taïmiya, dans la lignée des traditionnistes purs (muhaddîthîn el mahdh).[3] Cela ne l’empêchait pas d’avoir dans ses relations ‘Abd el Wâhîd ibn ‘Alî el ‘Ukburî, connu sous le nom d’ibn Burhân (le linguiste non le spécialiste en usûl) qui, selon la confirmation de Dhahabî, écoutait souvent ses narrations, mais sans jamais en rapporter la moindre.[4] Ibn Mâkûlâ va plus loin en le comptant parmi ses amis. D’obédience hanafite dans le fiqh, d’ibn Burhân étudia le kalâm auprès du mu’tazilite Abû el Husaïn el Basrî, et devint même une autorité en matière.

Il penchait pour la tendancemurjite mu’tazilite, et avait pour crédo que les mécréants n’éternisaient pas éternellement en Enfer.

 

Yahyâ ibn Sa’îd s’acharnait sur e-Rabî’ ibn ‘Abd Allah ibn Khattâf, et se justifiait en disant : « Je le connais mieux que personne. Je suis d’ailleurs surpris qu’Abd e-Rahmân ibn mahdî ne dise pas un mot sur lui. » Pour Abd e-Rahmân ibn mahdî, en effet, il était crédible dans ses narrations.[5]

 

Abd e-Rahmân ibn mahdî : «Yahyâ ibn Sa’îd n’a pas été juste avec Hammâm ibn Yahyâ, car il ne sait rien sur lui et ne s’est jamais assis avec lui. »[6]  

 

‘Alî el Madînî qui était l’élève d’Abd e-Rahmân ibn mahdî : « Si Yahyâ ibn Sa’îd [el Qattân] et Abd e-Rahmân ibn mahdî s’accordent à délaisser un rapporteur, je ne prends pas sa narration, mais dès qu’ils divergent, je me tourne vers l’avis du second, car il était le plus modéré des deux. Yahyâ était un peu dur. »[7]

 

‘Alî el Madînî : « Abû Nu’aïm et ‘Affân sont acceptables (sadûq), mais je ne prends aucune de leur parole sur les rapporteurs, car tout le monde y passe avec eux ! »[8]

 

Le grand spécialiste en hadîth Yahya ibn Abî Kathîr participait aux assemblées du Khalife el Ma-mûn qui fut influencé, rappelons-le, par la pensée mu’tazilite.[9]

 

Abû ‘Awânî avait pour ami un conteur (s)[10] qui était probablement un sunni si l’on sait que certains anciens stigmatisaient ce genre d’individus.[11]

 

L’Imâm Sâbûnî disait sur el Juhaïnî le père : « Si Sheïkh Abû Mohammed el Juhaïnî avait vécu au milieu des enfants d’Israël, il aurait été leur fierté et ses fastes nous seraient parvenus jusqu’aujourd’hui. »[12] Il encensait également une autre grande référence ash’arite en la personne de l’hérésiographe Abû Mansûr ‘Abd el Qâhir el Baghdâdî, l’auteur d’el farq baïna el firaq.[13]

 

Abû Fadhl e-Tamînî, le doyen hanbalite de son époque, hélait lors du cortège funèbre de Bâqallânî des slogans du genre : « Voici le défenseur de la sunna ! » Il ne manquait pas après son enterrement de visiter tous les vendredis la tombe[14] de celui qui fut considéré comme le second fondateur de l’Ash’arisme.[15] Ibn Taïmiya lui rendit également un grand hommage pour sa défense de la religion contre des innovations et des sectes bien plus grave que celles auxquelles il adhérait.[16]

 

El Baghawî a dit : « Quand on exclut, qu’on se démarque et qu’on affiche de l’animosité envers les innovateurs et les adversaires, c’est uniquement pour les questions élémentaires (usûl) de la religion. Sinon, la divergence entre savants dans les questions subsidiaires (furû’) est une miséricorde divine en vue d’enlever aux croyants toute contrainte en religion. C'est pourquoi elle n’entraine ni exclusion ni coupure des liens…. »

 

Ibn Taïmiya explique ce dernier point en disant : « La divergence dans les lois pratiques peut, en effet, être une miséricorde, à condition que cela n’engendre pas un grand mal (de sorte qu’on en perde la bonne réponse). C’est ce qui poussa un savant à écrire un ouvrage ayant pour titre : le livre des divergences.L’Imâm Ahmed disait qu’il faudrait plutôt l’appeler : le livre de la tolérance (kitâb e-sa’a). Cela ne veut pas dire, au même moment, qu’il n’y a pas qu’une seule vérité. Il est possible également que certains gens ignorent la bonne opinion par Miséricorde divine envers eux, car ils ne supporteraient pas de la connaitre, dans le même ordre que dans le Verset : [Ne posez pas de question sur des choses, que, si elles vous étaient dévoilées, vous en seriez lésés].[17] »[18]

 

Notons que la divergence tolérée dans les points subsidiaires de la religion peut prendre de mauvaises proportions, si celle-ci est accompagnée des passions. L’effort d’interprétation n’est donc pas blâmable en lui-même, quand le seul but est la recherche de la vérité.[19] Ibn el Qaïyim souligne, pour sa part, que la divergence est un phénomène naturel, étant donné que le niveau d’intelligence et les motivations varient d’une personne à une autre. Il rejoint son maitre à pensée sur l’idée que ce sont les passions et l’esprit sectaire qui font qu’elle sorte des limites tolérées.[20]

 

Ibn Taïmiya : « Dans ce domaine, il faut distinguer entre la critique et le témoignage en faveur d’un homme et la critique et l’authentification du hadîth. Il y a donc une différence entre les grandes références en hadîthqui sont comparables à des juges dans les affaires de témoignages, et un simple témoin. La critique du traditionniste est basée sur une information supplémentaire, tandis que la critique du hadîth a lieu de différentes façons : soit en y trouvant une anomalie, soit en ne connaissant pas ses autres voies, soit en connaissant la situation de son rapporteur. »[21]

 

Son élève Ibn el Qaïyim fait la différence entre deux sortes d’information ayant une portée à grande échelle (qui concerne toute la communauté) : la narration qui simplement consiste à rapporte ce qu’on voit et qu’on entend, et la fatwâ qui consiste à l’analyser.[22] Nous devons donc distinguer entre l’information d’un individu crédible (khabar e-thiqa) et son jugement (hukm e-thiqa), wa Allah a’lam !

 

Dhahâbî : « Nous ne disons pas que les spécialistes en critique des rapporteurs étaient infaillibles. Néanmoins, ils ont plus souvent raison que quiconque, beaucoup moins enclins à l’erreur, beaucoup plus impartiaux, et scrupuleux. S’ils sont unanimes à critiquer en mal un rapporteur, alors accroche-toi à leur jugement sans te tourner vers rien d’autre au risque de le regretter. Et, ne fais pas attention à celui d’entre eux qui se distingue de l’opinion générale… »[23]

 

Dhahâbî : « Ce sont les harûriya qui voient l’épée contre ceux qui font des erreurs d’interprétation. »[24]

 

 

Par : Karim Zentici

http://mizab.over-blog.com/

 



[1] El wâbil e-saïb (1/83).

[2] Darr e-ta’ârudh (7/172).

[3] Majmû’ el fatâwâ (6/52).

[4] Siar a’lâm e-nubalâ (18/123).

[5] E-dhu’afâ d’el ‘Uqaïlî (2/49).

[6] Tahdhîb e-tahdhîb (11/61).

[7] Voir : el anwâr el kâshifa d’el Mu’allimî (p. 305).

[8] Muqaddima el jarh wa e-ta’dîl.

[9] Tahdhîb e-tahdhîb (6/325).

[10] Voir : rijâl sahîh el Bukhârî d’Abû Nasr e-Kallâbazî (2/787).

[11] Voir à titre d’exemple : huliya el awliya (7/153) et el musannif d’ibn Abî Shaïba (n° 26193).

[12] Siar a’lâm e-nubalâ (17/617).

[13] Siar a’lâm e-nubalâ (17/572).

[14] Siar a’lâm e-nubalâ (17/190).

[15] Voir : Nash-a el Ashâ’ira wa Tatawwaruha (p. 320).

[16] Darr e-ta’ârudh (2/100).

[17] Le repas céleste ; 101

[18] Majmû’ el fatâwâ (14/159).

[19] El istiqâma d’ibn Taïmiya (1/31-32).

[20] E-sawâ’iq el mursala (2/519).

[21] El muswadda (p. 244).

[22] Badâi’ el fawâid (1/9).

[23] Siar a’lâm e-nubalâ (11/82).

[24] Siar a’lâm e-nubalâ (7/141).

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