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9 juin 2012 6 09 /06 /juin /2012 10:15

3372 FOR T SOMBRE

 

 

Les variations de la foi

(Partie 1)

 

Il est notoire qu’el Ash’arî et ses adeptes s’accordent avec Jahm sur sa conception de la foi selon laquelle elle se confinerait à la croyance (tasdîq) ou à la connaissance (ma’rifa) venant du cœur. Néanmoins, il leur arrive d’afficher le crédo traditionaliste qu’ils interprètent à leur façon. [E-Nubuwwât (1/580) d’ibn Taïmiya.]

 

 

Louange à Allah le Seigneur de l’Univers ! Que les Prières et le Salut d’Allah soient sur notre Prophète Mohammed, ainsi que sur ses proches et tous ses Compagnons !

 

Voir notamment : ârâ el murjiya fî musannafât Sheïkh el Islâm qui est une thèse ès Doctorat du D. ‘Abd Allah ibn Mohammed e-Sanad.

 

Le chantage à l’irja 

 

• Sufiân e-Thawrî a dit : « Les murjites s’opposent à nous sur trois choses : nous disons que la foi est composée des paroles (qawl) et des actes (‘amal), alors que pour eux, elle est composée des paroles sans les actes ; nous disons qu’elle monte et qu’elle descend, alors que pour eux, ni elle monte ni elle descend ; nous disons que nous sommes croyants en prononçant l’attestation de foi (iqrâr), alors qu’eux disent : nous sommes croyants auprès d’Allah. »[1]

 

• Ibn Shaïbân ibn Farrûkh demanda à ‘Abd Allah ibn el Mubârak à la fin de sa vie : « Que dis-tu de celui qui commet l’adultère et qui boit de l’alcool, etc. ? Est-il musulman ?

-       Je ne le sors pas de la foi. 

-      Serais-tu devenu murjiteà ton âge ?

-      Abû ‘Abd Allah ! Les murjitesne m’acceptent pas ; moi, je dis que la foi monte contrairement à eux. »[2]

 

• ‘Abd Allah ibn el Mubârak dit : « Celui qui dit que la foi se compose des paroles et des actes, et qu’elle monte et qu’elle descend, sort de l’irjâ par toutes ses portes sans exception. »[3]

 

• Ce même ibn el Mubârak, qui devait rendre des comptes sur sa croyance, fut interrogé en ces termes : « Tu vois l’irjâ ?

-      Moi, je dis que la foi se compose des paroles et des actes, comment pourrais-je alors être un murjite ! »[4]

• On interrogea l’Imâm Ahmed sur celui qui dit que la foi monte et descend. Ce dernier répondit : « Il n’a aucun lien avec l’irjâ. »[5] La raison, c’est que ce crédo repose sur l’intégration des actes dans la définition de la foi.

 

• Un jour, on demanda à l’Imâm : « Qui sont les murjites ?

-      Ce sont ceux qui disent que la foi se compose de la parole sans les actes. »[6]

 

• Il disait également sur ceux ne reconnaissant pas que la foi se compose des paroles et des actes : « Ce sont des murjites ! »[7] 

 

• Mis’ar ibn Qidâm voyait que la foi se composait des paroles et des actes, sauf qu’il refusait de dire je suis croyant in shâ Allah (l’istithnâ), et le justifiait en disant : « Moi, je ne doute pas de ma foi. »[8] Pourtant, l’Imâm Ahmed l’innocentait de l’irja.[9]

 

Sheïkh el Islam explique que l’Imâm Ahmed ne le comptait pas parmi les murjites, qui, contrairement à lui, sortaient les actes de la définition de la foi. Il justifiait simplement qu’il ne doutait pas sur sa foi.[10]

 

Pourtant, certaines annales rapportent que l’Imâm était sévère contre ceux qui ne voyaient pas l’istithnâ,[11] mais il visait en réalité ceux qui sortaient les actes de la définition de la foi. Certains anciens disaient également que renoncer à l’istithnâ est le premier pas dans l’irja.[12] Cela ne veut pas dire que d’y renoncer on est forcément un murjite, wa Allah a’lam !

 

• Son fils l’interrogea une autre fois sur ceux qui disaient que la foi est composée des paroles et des actes, qu’elle monte et qu’elle descend, mais sans faire l’istithnâ : « Est-il un murjite ?

-      Je pense qu’il n’en est pas un ! »[13]

 

• On le questionna également sur celui qui dit : « Je suis croyant pour moi par rapport aux lois terrestres et à l’héritage, mais je ne sais pas si je le suis auprès d’Allah.

-      Ce n’est pas un murjite, assura-t-il en réponse. »[14]

 

En revanche, ibn Hanbal est intraitable envers la tendance qui confine la foi dans la parole, tout en reconnaissant qu’elle monte, mais sans descendre.[15] Même jugement envers celle qui, très proche de l’autre, la confine dans la parole, bien qu’elle considère les actes comme des lois (sharâi’) par rapport à la foi.[16]

 

Quoi qu’il en soit, les murjites s’entendent à sortir les actes de la définition de la foi. Quant aux déviations que l’on peut trouver dans le chapitre de la foi, celles-ci proviennent soit des implications de cette croyance (interdire toute variation, tout fractionnement, la coexistence de la croyance et la mécréance chez un seul individu, imaginer une foi sans qu’elle ne se reflète sur les actes, ou en d’autres termes, une foi sans acte). Soit celles-ci proviennent d’un traditionaliste qui intègre les actes dans la définition de la foi, mais qui rejoint ou plus précisément qui coïncide avec les murjites sur un point donné (interdire que la foi descende, et renoncer à l’istithnâ). Ce dernier n’a aucun lien avec l’irja.

 

À suivre…

 

Par : Karim Zentici

http://mizab.over-blog.com/

 



[1] Voir : sharh e-sunna d’el Baghawî (1/80).

[2] Voir : musnad ishâq (3/670).

[3] Rapporté par ibn Batta dans el ibâna el kubrâ (278).

[4] Rapporté par el Khallâl dans e-sunna (n° 964).

[5] Rapporté par el Khallâl dans e-sunna (n° 1009).

[6] Rapporté par el Khallâl dans e-sunna (n° 959-961).

[7] Rapporté par el Khallâl dans e-sunna (n° 963).

[8] Voir : el îmân d’Abû ‘Ubaïd (p. 22).

[9] Voir : huliyat el awliya (7/218).

[10] Majmû’ el fatâwâ (7/510-511).

[11] Voir : tabaqât el hanâbila (1/56).

[12] Voir : e-sunna (n° 1061) d’el Khallâl.

[13] Rapporté par el Khallâl dans e-sunna (n° 1090).

[14] Majmû’ el fatâwâ (7/253).

[15] Rapporté par el Khallâl dans e-sunna (n° 978).

[16] Voir : tabaqât el hanâbila (1/55-56).

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