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18 janvier 2017 3 18 /01 /janvier /2017 12:24

 

Dialogue entre un quiétiste et un chrétien flic

(Partie 2/4)

 

Dans le classement des 100 personnes les plus influentes de l'histoire, Mohammed, contre toute attention, se positionne à la première place

 

L’auteur de l’ouvrage ayant fait ce constat justifie son choix : « Certains lecteurs seront peut-être étonnés de me voir placer Mahomet en tête des personnalités ayant exercé le plus d’influence en ce monde, et d’autres contesteront probablement mon choix. Cependant, Mahomet est le seul homme au monde qui ait réussi par excellence sur les plans religieux et séculier. »[1]

 

De grands penseurs et écrivains depuis l’époque des Lumières justifient plus ou moins ce choix

 

Avec Voltaire à leur tête. Dans l'Essai sur les mœurs, Voltaire « porte un jugement presque entièrement favorable » sur Mahomet et « se montre plein d'éloges pour la civilisation musulmane et pour l'islam en tant que règle de vie ».[2] Il compare ainsi le « génie du peuple arabe » au « génie des anciens Romains »[3] et écrit que « dans nos siècles de barbarie et d’ignorance, qui suivirent la décadence et le déchirement de l’empire romain, nous reçûmes presque tout des Arabes : astronomie, chimie, médecine »[4] et que « dès le second siècle de Mahomet, il fallut que les chrétiens d’Occident s’instruisissent chez les musulmans ».[5]

 

Alphonse de LAMARTINE, poète et homme politique français (1790/1869)

 

« Jamais un homme ne se proposa, volontairement ou involontairement, un but plus sublime, puisque ce but était surhumain : Saper les superstitions interposées entre la créature et le Créateur, rendre Dieu à l'homme et l'homme à Dieu, restaurer l'idée rationnelle et sainte de la divinité dans ce chaos de dieux matériels et défigurés de l'idolâtrie... Jamais homme n'accomplit en moins de temps une si immense et durable révolution dans le monde... »

 

« Si la grandeur du dessein, la petitesse des moyens, l'immensité du résultat sont trois mesures du génie de l'homme, qui osera comparer humainement un grand homme de l'histoire moderne à Mahomet ? Les plus fameux n'ont remués que des armes, des lois, des empires ; ils n'ont fondé, quand ils ont fondés quelque chose, que des puissances matérielles, écroulées souvent avant eux.

Celui-là a remué les armées, des législations, des empires, des peuples, des dynasties, des millions d'hommes sur un tiers du globe habité ; mais il a remué, de plus, des idées, des croyances, des âmes. Il a fondé sur un Livre, dont chaque lettre est devenue une loi, une nationalité spirituelle qui englobe des peuples de toutes les langues et de toutes les races, et il a imprimé, pour caractère indélébile de cette nationalité musulmane, la haine des faux dieux et la passion du Dieu un et immatériel...

 

Philosophe, orateur, apôtre, législateur, guerrier, conquérant d'idées, restaurateur de dogmes rationnels, d'un culte sans images, fondateurs de vingt empires terrestres et d'un empire spirituel, voilà Mahomet. A toutes les échelles où l'on mesure les grandeurs humaines, quel homme fut plus grand ? »

 

« Il a fondé une nationalité spirituelle (...), la haine des faux dieux, et la passion du Dieu un et immatériel. Ce patriotisme vengeur des profanations du ciel fut la vertu des enfants de Mahomet (les musulmans) ; la conquête du tiers de la terre à son dogme fut son miracle, ou plutôt ce ne fut pas le miracle d'un homme, ce fut celui de la raison ? L'idée de l'unité de Dieu, proclamée dans la lassitude des théologies fabuleuses, avait en elle-même une telle vertu, qu'en faisant explosion sur ses lèvres elle incendia tous les vieux temples des idoles et alluma de ses lueurs un tiers du monde. »[6]

 

Bosworth Smith y va de son témoignage : « Il était César et le Pape réunis en un seul être ; mais il était le Pape sans avoir les prétentions du Pape, et César sans avoir les légions de César : sans armée, sans garde du corps, sans palais et sans revenu fixe ; s’il y a un homme qui a le droit de dire qu’il règne par la volonté divine, ce serait Muhammad, puisqu’il a reçu tout le pouvoir sans avoir les instruments ni le support. »[7] Ainsi, la position selon laquelle Muhammad serait un imposteur soulève plus de problèmes qu’elle n’en résout. Et pourtant aucune des grandes figures de l’histoire n’est si peu appréciée en Occident que Muhammad.[8]

 

« Après tant de témoignages si éclatants, mon cher Josué, lance un Montesquieu médusé loin de penser qu’il se contredit, il faut avoir un cœur de pierre pour ne pas croire sa sainte loi. Que pouvait faire davantage le ciel pour autoriser sa mission divine, à moins que de renverser la nature, et de faire périr les hommes mêmes qu'il voulait convaincre ? »[9]

 

En revanche, à titre de comparaison, en France Chateaubriand dénonce le despotisme, la ruine économique, et la sanguinaire saignée démographique européenne causée par Bonaparte ; comme dans le reste de l’Empire Goya peint le Dos de Mayo dénonçant la répression napoléonienne contre les madrilènes. Et surtout, après les désastres militaires, l’invasion et l’abdication, le sentiment national (en France) et l’esprit religieux se mêlent pour donner une image d’un Napoléon « Antéchrist ».[10]

 

 

Le discours contradictoire de ces intellectuels

 

Or, certains grands lettrés, à l’image de Voltaire, affichent un sentiment diamétralement opposé à leur discours laudatif. Voltaire, l’auteur des paroles : « Il est à croire que Mahomet, comme tous les enthousiastes, violemment frappé de ses idées, les débita d’abord de bonne foi, les fortifia par des rêveries, se trompa lui-même en trompant les autres, et appuya enfin, par des fourberies nécessaires, une doctrine qu’il croyait bonne. »

 

« Les musulmans sont animés de la rage de la malfaisance. Rien n’est plus terrible qu’un peuple qui, n’ayant rien à perdre, combat à la fois par esprit de rapine et de religion. »[11]

 

Son discours a-t-il évolué comme en témoigne la démonstration plus haut ? Ou bien est-ce que l’un n’empêche pas l’autre ? That’s the question !

 

Il faut dire que les grands théoriciens de la culture moderne ne sont pas toujours des lumières

 

Toujours à l’image de Voltaire, mais aussi de toute une culture d’intellectuel occidentaux ayant de près ou de loin, influencé la marche de l’Histoire, mais qui ont du mal, depuis un certain temps déjà, à dissimuler leur xénophobie rampante envers ceux qu’ils nomment les « nègres » ou les « indigènes », mais aussi leur antisémitisme malappris, envers nos cousins les Juifs ; sans n’oublier au passage de mettre en avant un paternalisme exacerbé par le sentiment infatué de la suprématie de la race blanche :

 

Voltaire : « Les Blancs sont supérieurs à ces Nègres, comme les Nègres le sont aux singes, et comme les singes le sont aux huîtres. »[12]

 

« Leurs yeux ronds, leur nez épaté, leurs lèvres toujours grosses, leurs oreilles différemment figurées, la laine de leur tête, la mesure même de leur intelligence, mettent entre eux et les autres espèces d'hommes des différences prodigieuses. Et ce qui démontre qu'ils doivent point cette différence à leur climat, c'est que des Nègres et des Négresses transportés dans les pays les plus froids y produisent toujours des animaux de leur espèce, et que les mulâtres ne sont qu'une race bâtarde d'un noir et d'une blanche, ou d'un blanc et d'une noire. »[13]

 

« La nature a subordonné à ce principe ces différents degrés et ces caractères des nations, qu'on voit si rarement se changer. C'est par là que les Nègres sont les esclaves des autres hommes. On les achète sur les côtes d'Afrique comme des bêtes. »[14]

 

« La race des Nègres est une espèce d'hommes différente de la nôtre [...] on peut dire que si leur intelligence n'est pas d'une autre espèce que notre entendement, elle est très inférieure. Ils ne sont pas capables d'une grande attention, ils combinent peu et ne paraissent faits ni pour les avantages, ni pour les abus de notre philosophie. Ils sont originaires de cette partie de l'Afrique comme les éléphants et les singes ; ils se croient nés en Guinée pour être vendus aux Blancs et pour les servir. »[15]

 

Voyons ce que voltaire pensait des Juifs

 

Voltaire n'épargne pas le peuple juif, qualifiée de « nation atroce » et « ennemie du genre humain », « incapable d'aucune action généreuse » et que sa religion éloigne des autres peuples.[16]

 

Sur le ton de persiflage qui lui est habituel, il constate que les Juifs ne voyaient rien au delà de leur corps :

 

Le Juif ne voit rien au delà de leur corps

 

« Quel que soit l’auteur du Pentateuque... Le système d’une vie future, d’une âme immortelle ne se trouve dans aucun endroit de ce livre... Le législateur des Juifs a toujours dit, répété, inculqué que Dieu ne punirait les hommes que de leur vivant. Cet auteur, quel qu’il soit, fait dire à Dieu même : Honorez père et mère afin que vous viviez longtemps ; si vous obéissez... vous aurez de la pluie au printemps..., si vous ne gardez pas toutes les ordonnances, vous aurez la rogne, la gale, la fistule, des ulcères aux genoux et dans le gras des jambes. Il menace surtout les Juifs d’être obligés d’emprunter des étrangers à usure, et qu’ils seront assez malheureux pour ne point prêter à usure.

Il leur recommande plusieurs fois d’exterminer, de massacrer toutes les nations que Dieu leur aura livrées, de n’épargner ni la vieillesse, ni l’enfance, ni le sexe ; mais, pour l’immortalité de l’âme, il n’en parle jamais ; il ne la suppose même jamais. Les philosophes... qui ont nié cette immortalité, en ont donné les raisons..., mais les Juifs ne donnèrent jamais aucune raison. S’ils nièrent l’immortalité de l’âme, ce fut uniquement par grossièreté et par ignorance ; c’est parce que leur législateur très grossier n’en savait pas plus qu’eux... Dans les livres attribués à Moïse, il n’est jamais question d’une vie future... Un auteur connu s’est étonné qu’on voie dans le Deutéronome une loi émanée de Dieu même touchant la-manière dont un Juif doit pousser sa selle, et qu’on ne voie pas dans tout le Pentateuque un seul mot concernant... une autre vie... Les Juifs ne pensèrent jamais qu’à leur corps. »

 

Voltaire rappelle en quelques traits plaisants le mépris où le Juif était tenu pour sa passion de l’usure :

 

Les juifs et l’Or

 

« Leur grande application ayant été de temps immémorial à prêter sur gages, il leur était défendu de prêter... sur des ornements d’église... Le concile de Latran ordonna qu’ils portassent une petite roue sur la poitrine, pour les distinguer des chrétiens (10) ... Il leur était expressément défendu de prendre des services ou des nourrices chrétiennes et encore plus des concubines. Il y eut même quelques pays où l’on faisait brûler les filles dont un Juif avait abusé et les hommes qui avaient eu la faveur d’une Juive, par la grande raison qu’en rend le grand jurisconsulte Gallus, que c’est la même chose de coucher avec un Juif que de coucher avec un chien... On avait toujours soin de les pendre entre deux chiens quand ils étaient condamnés... Ils furent partout usuriers, selon le privilège et la bénédiction de leur loi, et partout en horreur pour la même raison. »

 

De nos jours, on commet un péché de lèse majesté et un crime contre l’Humanité pour bien moins que cela !

 

Après, on nous dit que ce sont les jeunes de banlieues les antisémites, ces nouvelles têtes de turc !

 

À suivre…

                     

Par : Karim Zentici

http://mizab.over-blog.com/

 

 

[2] René Pomeau, Voltaire en son temps, Fayard, 1995, t.1, p.407

[3] « Il est évident que le génie du peuple arabe, mis en mouvement par Mahomet, fit tout de lui-même pendant près de trois siècles, et ressembla en cela au génie des anciens Romains. » « Essais sur les Mœurs » (1756), dans Œuvres complètes de Voltaire, Voltaire, éd. Moland, 1875, t. 11, chap. VI-De l’Arabie et de Mahomet, p. 237

[4] « Préface de l’Essai sur l’Histoire universelle [archive] » (1754), dans Œuvres complètes de Voltaire, Voltaire, éd. Moland, 1875, t. 24, p. 49

[5] « Essais sur les Mœurs » (1756), dans Œuvres complètes de Voltaire, Voltaire, éd. Moland, 1875, t. 11, chap. VI-De l’Arabie et de Mahomet, p.237

[6] Histoire de la Turquie 1er tome.

[7] Mohammad et Mohammadanism Londres 1874, p. 92.

[8] W. Montgomery, Muhammad at Mecca, Oxford, 1953, p. 52.

[9] Extrait de " LETTRE Persane XXXIX ". HAGI IBBI AU JUIF BEN JOSUE, PROSELYTE MAHOMETAN. A Smyrne

[10] Voir Encarta.

[11] Voltaire / Questions sur l'encyclopédie.

[12] Voltaire, in « Traité de Métaphysique ». Cité in « Le Choc du mois » n°25, p.31.

[13] Voltaire, « Essai sur les mœurs ». Cité in id.

[14] Idem.

[15] Voltaire, « Essai sur les mœurs », Genève, 1755, t.XVI, p.269-270.

[16] Raymond Trousson, Dictionnaire général de Voltaire, Honoré Champion, 2003, p.470

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