La définition étymologique de la foi
Étymologiquement, la foi (imân) n’est pas synonyme de la « croyance » (tasdîq), bien qu’elle l’englobe. On peut tenir une information pour vraie (tasdîq), car facilement vérifiable par la démonstration ou autre, mais sans forcément y donner foi.
Ex. : 1 est la moitié de 2, le ciel est au-dessus de nos têtes, et la terre sous nos pieds, etc.
En revanche, la foi porte sur des informations qui, du point de vue de l’absent, sont invérifiables. Celles-ci sont basées sur la seule confiance que l’on accorde au témoin ou à leur auteur, à l’exemple des frères de Joseph qui, pour convaincre leur père de leur innocence, ont eu recours à un subterfuge : [mais, tu ne nous croiras jamais, peu importe que nous défendions la vérité].[1] Ces derniers lui avaient raconté un évènement auquel il n’avait pas assisté. Quand on parle de l’auteur de l’information, la forme transitive du verbe âmana emploie la particule « la », comme ici : [mais, tu ne nous croiras jamais, (wa mâ anta bi mu-minin lana)] ; ou encore ici : [Seuls quelques éléments de son peuple parmi les jeunes ajoutèrent foi à Moïse (fa mâ âman li Mûsâ)].[2] Et, quand on parle de l’information en elle-même, elle utilise la particule « ba », peu importe qu’on ait affaire à des choses immatérielles ou matérielles, voire à des personnes.
Voici un exemple de Verset qui utilise conjointement les particules « la » et « ba » du verbe âmana : [Un groupe d’entre eux causent du tort au Prophète en criant dans son dos : il écoute tout ce qu’on lui raconte ! Dis-leur : il vaut mieux pour vous qu’il soit aussi attentif, lui qui croie en Dieu, et qui accorde sa confiance aux croyants].[3]
Il distingue entre 1°) « yu-minu bi Allah (il croie en Dieu) », et 2°) « yu-minu li el mu-minîn (il accorde sa confiance aux croyants) » ; 1°) fait état de son adhésion à la révélation qui relève de l’information portant sur Dieu, d’où la particule « ba » ; et 2°) fait état de la confiance qu’il accorde aux auteurs d’informations, les croyants, d’où la particule « la ».
Dans ce registre, nous avons la réaction pleine d’arrogance de Pharaon et sa cour envers Moïse et Aaron qui leur prêchaient la parole du Dieu unique : [Pour quelle raison devrions-nous tenir pour vrai les propos de ces deux zélés qui sont aussi humains que nous ?][4] ; « nu-minu li basharaïn (devrions-nous tenir pour vrai les propos de ces deux zélés) » : la particule « la » fait référence aux auteurs de l’information, Mûsâ et Hârûn.
Mais encore : [Nourrissez-vous encore l’espoir qu’ils accordent du crédit à vos propos, alors que, par le passé, une partie d’entre eux, avait déjà, de ses mains coupables, manipulé la Thora qu’ils avaient bien assimilée][5] ; « an yu-minû lakom (qu’ils accordent du crédit à vos propos) » : la particule « la » fait référence aux auteurs de l’information, les Compagnons en l’occurrence.
[Loth, qui crut en lui, exprima ouvertement la décision de fuir vers Son Seigneur][6] ; « fa â-mana lahu Lût (Loth, qui crut en lui) » : la particule « la » fait référence à l’auteur de l’information, Ibrahim.
Voici plusieurs exemples qui combinent la particule « ba » au verbe âmana : [Ceux qui donnent foi aux mystères de l’inconnu][7] ; « yu-minûn bi el ghaïb » : la particule « ba » fait référence à l’information, les mystères de l’inconnu.
[Le Messager a cru au Livre qui lui fut révélé de la part de Son Seigneur, au même titre que les croyants : tous croient en Allah, à Ses anges, à Ses Livres, et à Ses messagers, sans n’opérer la moindre distinction entre ces derniers][8] ; « âmana e-rasûl bi mâ unzila ilaïhi (Le Messager a cru au Livre qui lui fut révélé) » : la particule « ba » fait référence à l’information, le livre qui lui fut révélé. « kullun âmana bi Allah (tous croient en Allah) » : la particule « ba » fait référence à l’information, la croyance en Allah.
[mais la vertu est de croire en Allah, au Jour du jugement dernier, aux anges, aux Livres, et aux Prophètes][9] ; « man âmana bi Allah (de croire en Allah) » : la particule « ba » fait référence à l’information, la croyance en Allah, etc.
À suivre…
Par : Karim Zentici