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9 avril 2018 1 09 /04 /avril /2018 16:16

Plusieurs morceaux du puzzle de la foi

(Partie 1)

 

Trois raisons poussent à s'enfermer dans un groupe en butte aux extrêmes : le manque d'émancipation intellectuelle, le manque de charisme, ou des intérêts personnels, et le pire, est de combiner les trois !

 

« Le tawallî consiste à se détourner de l’obéissance… Le Coran établit l’absence de foi chez ceux qui se détournent des actes, quand bien même, ils fourniraient la parole. »[1]

 

« La véritable religion se confine dans l’obéissance et la soumission ; et cela n’est pas possible sans fournir les actes, en se contentant de la parole. Sans aucun acte d’adoration, on n’a pas de religion, et sans religion, on est un vulgaire impie. »[2]

 

 « Il devient clair que la religion repose forcément sur la parole et les actes ; il est impossible de donner foi en Allah et à Son Messager avec le cœur, ou avec le cœur et la langue sans ne fournir la moindre obligation apparente (prière, aumône, jeûne, etc.)… On ne peut donc prétendre à la foi sans fournir la moindre obligation issue de la Législation mohammadienne. »[3]

 

Voir : majmû’ el fatâwâ (10/236-336).

 

Le culte, que compose l’Unicité – ou son antagoniste l’association – est mu à la base par les enseignements auxquels le fidèle adhère (la parole du cœur) et les sentiments qui en résultent (les actes du cœur). El Junaïd ibn Mohammed nous dépeint très bien ce phénomène : « Le tawhîd incarne la parole du cœur, et le tawakkul (placer toute sa confiance en Allah ndt.) les actes du cœur. » Nous voyons bien qu’il lie le tawhîd, qui relève de la croyance, au sentiment de tawakkul pour faire passer le message que le premier est à l’origine du second. Or, lorsque le tawhîd n’est pas accompagné du tawakkul dans un même contexte, il englobe la parole et les actes du cœur, soit la croyance et les sentiments qui reposent dessus ; de ce point de vue, le tawakkul est l’aboutissement du tawhîd.

 

[L’analyse sémantique de la « foi »]

 

Nous rencontrons le même procédé avec la notion de « foi » qui, évoquée seule, englobe les actes intérieurs et extérieurs. Et, si l’on s’en tient à la définition de la foi, celle-ci compose les paroles (la parole du cœur et la parole extérieure, soit la prononciation « verbale » du tawhîd), et les actes (les actes du cœur et les actes apparents). Un hadîth que s’accordent à rapporter el Bukhârî et Muslim l’illustre à merveille : « La foi est composée de plus de soixante-dix branches – ou selon une version : de plus de soixante branches – : La plus haute est l’attestation que nul dieu n’est digne d’être adoré en dehors d’Allah, et la plus basse est [l’altruisme] d’enlever une entrave de la route ; la pudeur est l’une de ces branches. »[4]

 

Allah (I) révèle : [Les véritables croyants sont ceux qui donnent foi à Allah et à Son Messager sans ne plus jamais être assailli par le doute ; le sacrifice de leurs biens et de leurs personnes qu’ils vouent à la cause d’Allah est le garant de leur sincérité][5] ; [Le cœur qui frémit au rappel du Seigneur, et la foi qui augmente à l’écoute de Ses Versets est uniquement l’affaire des croyants qui placent toute leur confiance en Allah • Ceux-là mêmes qui observent la prière rituelle et qui réservent à l’aumône une part des largesses que Nous leur avons prodiguées • Les voilà les véritables croyants][6] ; [Les véritables croyants sont ceux qui donnent foi à Allah et à Son Messager, et, qui à l’occasion des assemblées de ce dernier où sont traitées les affaires publiques, ne prennent jamais congé sans l’en aviser].[7]  

 

Cette foi parfaite ou absolue inclut l’Islam qui correspond uniquement aux actes apparents. D’après el Bukharî et Muslim, le Messager d’Allah (r) prescrivit à la délégation d’Abd el Qaïs venue à la Capitale naissante pour faire allégeance : « Je vous enjoins de donner foi au Dieu Tout-Puissant ; savez-vous qu’est-ce que cela réclame ? Cela réclame de témoigner que nul dieu n’est digne d’être adoré en dehors d’Allah, et que Mohammed est Son Messager, d’observer la prière, de vous acquitter de la zakât, et de verser un cinquième de vos butins à l’autorité suprême. »[8] Plus d’un ancien disait que tout croyant est musulman, mais que tout musulman n’est pas forcément un véritable croyant.

 

Or, à maintes reprises, les textes associent la foi aux actes pour dégager une nuance entre eux. Combien de fois est répétée l’expression : [Les croyants vertueux][9] pour émettre une distinction entre l’adhésion à l’Islam et les bonnes œuvres.

 

D’après le recueil e-sahîh, un jour que le Prophète (r) se tenait au milieu de son assemblée, Jibrîl fit son apparition pour le questionner : « Qu’est-ce que l’Islam ?

  • L’Islam, répondit-il, c’est d’attester que nul dieu n’est digne d’être adoré en dehors d’Allah, et que Mohammed est Son Messager, d’observer la prière, de verser l’aumône légale, de réserver le mois du ramadhân au jeûne, et de se rendre en pèlerinage à la Maison sacrée.
  • Qu’est-ce que la foi ?
  • La foi c’est de croire en Allah, à Ses anges, à Ses Livres, à Ses messagers, à la résurrection après la mort, et de croire au destin, bon ou mauvais.
  • Qu’est-ce que l’excellence ?
  • C’est d’adorer Allah comme si tu le voyais, car si tu ne Le vois pas, Lui te voit. »[10]

 

Donc, la foi est éventuellement associée à l’Islam pour marquer une nuance, sinon, ils sont synonymes dans le sens où l’un englobe l’autre.

 

Nous pouvons dire la même chose pour le vocable « actes » renvoyant à l’islam et aux œuvres apparentes qui sont le reflet de la foi intérieure. L’un est inévitablement le fruit de l’autre, et la foi intérieure réclame la croyance et la soumission du cœur ; les deux soubassements de la foi. L’un ne va pas sans l’autre. Croire que Mohammed (r) est le Messager d’Allah est sans effets, si au même moment on le déteste, on l’envie, ou on refuse, par orgueil, de se plier à ses commandements.

 

[1] Majmû’ el fatâwâ (7/142).

[2] Sharh el ‘umda (2/86).

[3] El îmân el awsat (p. 577).

[4] La première version est rapportée par el Bukhârî (n° 9), tandis que Muslim (n° 35) rapporte les deux versions, selon Abû Huraïra (t).

[5] Les appartements ; 15

[6] Le butin ; 2-4

[7] La Lumière ; 62

[8] Rapporté par el Bukharî (n° 53), et Muslim (n° 17), selon ibn ‘Abbâs (t).

[9] Notamment : La caverne ; 107

[10] L’ensemble du hadîth est rapporté par el Bukharî (n° 50), et Muslim (8, 9, 10), selon Abû Huraïra (t), mais aussi ‘Omar ibn el Khattâb (t).

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