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8 avril 2013 1 08 /04 /avril /2013 18:12

rosier winnipeg park 07

 

 

La chair des savants est empoisonnée !

(Partie 1)

 

 

Le mot diable provient du grec diabolos (« calomniateur »), passé au latin ecclésiastique sous forme de diabolus. Le terme fut utilisé dans la traduction grecque de la Bible pour traduire l'expression hébraïque ha-satan (« le satan »). Satan est considéré comme un personnage qui cherche à créer la sédition là où elle n'existe pas. On voit en lui un ennemi des êtres humains voulant les écarter de Dieu. Les spéculations sur le satan portent essentiellement sur l'origine et la nature du mal. (Collection Encarta ® 2005.)

 

 

Youssef Girard est l’auteur d’un article mis en ligne par Oumma.com – décidément ! – en date du 14 janvier 2009, pour bien commencer l’année. D’une rare violence, (bizarre, bizarre pour un site qui se dit modéré et qui condamne l’extrémisme dont le terrorisme est l’une des manifestations, mais apparemment contre le wahhabisme tous les coups sont permis) les prêtres de Pharaon est un pamphlet lancé contre l’un des grands savants d’Arabie Saoudite. Emporté par les sentiments, qui s’expliquent pour le moins par une actualité tragique, il perd le contrôle de ses émotions, et en oublie certains principes religieux, qu’il incombe ici de rappeler en partie. Je n’ai donc pas la prétention de m’aventurer dans les considérations politiques de son discours, mais j’aimerais juste, avant d’entrer dans le vif du sujet, rapporter les paroles d’un non-musulman qui nous interpellent vraiment en ces temps tumultueux, et qui nous donnent de grandes leçons à nous, musulmans. François Burgat écrit : « Lorsque, dans notre relation tumultueuse avec l’Orient musulman, la tempête menace, ce ne sont pas les réflexes de l’appréhension et les raccourcis de l’ignorance qui doivent guider nos politiques mais bien les ressorts de la connaissance scientifique, qu’il faut plus que jamais prendre le temps de mobiliser. »  

 

Le discours sera axé sur les méfaits de la médisance en général et de la calomnie en particulier. Vous n’êtes pas sans savoir Mr Girard que la civilisation occidentale, d’obédience « judéo-chrétienne »  condamne ces deux vices. La littérature française, pour ne citer que celle qui nous est familière, nous brosse un joli tableau sur le sujet. Qu’on en juge :

 

C’est un méchant métier que celui de médire,

À l’auteur qui l’embrasse, il est toujours fatal,

Le mal qu’on dit d’autrui ne produit que du mal.

Boileau

 

Rois, chassez la calomnie,

Ses criminels attentats,

Des plus paisibles états,

Troublent l’heureuse harmonie.

Racine

 

Croyez qu’il n’y a pas de plate méchanceté, pas d’horreurs, pas de conte absurde qu’on ne fasse adopter aux oisifs d’une grande ville, en s’y prenant bien… tout à coup, ne sait comment, vous voyez la calomnie se dresser, siffler, s’enfler, grandir à vue d’œil. Elle s’élance, étend son vol, tourbillonne, enveloppe, arrache, éclate et tonne, et devient un cri général.

Beaumarchais

 

La Bruyère a dit également : « Je définis ainsi la médisance : une pente secrète de l’âme à penser mal de tous les hommes, laquelle se manifeste par les paroles. »

 

L’islam également condamne sévèrement ces deux vices comme en témoignent les textes suivants

 

Avant de voir la paille dans l’œil de son frère, il faut voir la poutre (ou le tronc) dans son œil. [Abû Huraïra, voir : el Adab el Mufrad (p. 211) et silsilat el ahâdîth e-sahîha (hadîth 33)].  

 

Le Seigneur révèle : (Les croyants sont des frères alors conciliez entre vos frères et craignez Allah, ainsi bénéficierez-vous de Sa Miséricorde • Ô croyants ! Un clan d’hommes ne doit pas se moquer d’autres hommes, qui peuvent très bien être meilleurs qu’eux, et un clan de femmes ne doit pas se moquer d’autres femmes, qui peuvent très bien être meilleures qu’elles. Ne vous dénigrez pas et ne vous appelez pas par des sobriquets les uns les autres ; il est si vilain d’avoir un nom pervers après avoir embrassé la foi. Celui qui ne se repent pas fait vraiment partie des injustes. Ô croyants ! Évitez bon nombre de suspicions, car certaines suspicions sont des péchés ; ne vous épiez pas et ne médisez pas les uns sur les autres ; plairait-il à l’un d’entre vous de manger la chair du cadavre de son frère ; cela vous serait plutôt répugnant alors craignez Allah et sachez qu’Il est Absoluteur et Tout Miséricordieux).[1]

 

Ibn Kathîr a expliqué en exégèse à ce Verset : Allah (I) interdit de se moquer des autres, autrement dit de les mépriser et de les tourner en dérision comme le Messager (r) l’affirme de source certifiée : « L’orgueil correspond à  contester la vérité et à mépriser les hommes. »[2] Il est donc interdit de dédaigner et de faire preuve de dédain envers quiconque ; il est possible que la personne que l’on méprise soit plus honorable auprès d’Allah (I). Par ailleurs, le Seigneur interdit de s’injurier les uns les autres et de se donner des mauvais surnoms qui ne sont pas agréables à entendre pour la personne concernée. (il est vilain d’avoir un nom pervers après avoir embrassé la foi) : c’est pourquoi, Allah a qualifié le fautif de pervers. Selon Abû Huraïra (t), le Prophète (r) a dit : « Il suffit pour être mauvais, de mépriser son frère musulman. »[3] Au sujet de ce Verset, el Baghawî  a commenté : « Ne faites pas de la médisance les uns sur les autres et ne vous injuriez pas les uns les autres. »[4] (Ne vous dénigrer pas les uns les autres) : ne vous injurier pas les uns les autres. Selon ‘Abd Allah, le Prophète (r) a dit : « Le croyant n’est pas injurieux, pervers, grossier, et il n’est pas porté à maudire. »[5] Selon Mujâhid, ibn ‘Abbâs a dit : « Si tu veux parler des défauts de ton prochain, parle d’abord des tiens. »[6] 

 

(ne vous donnez pas des sobriquets les uns les autres) : cela consiste à donner un surnom à quelqu’un ou selon ‘Ikrima à appeler son frère : « Hé pervers ! Hé hypocrite ! Hé mécréant ! » D’après el Hasan, pour interpeller un Juif ou un chrétien converti à l’Islam les gens s’écriaient : « Hé Juif ! Hé Chrétien ! » La révélation est alors venue bannir cette pratique. Pour ‘Ata, un sobriquet correspond à toute désignation qui consiste à exclure ton frère de la religion, comme : « Hé chien ! Hé âne ! Hé porc ! »

 

À suivre…

 

Par : Karim Zentici

 

 

 



[1] Les appartements ; 10-11

[2] Rapporté par Muslim (91), selon ibn Mas’ûd.

[3] Rapporté par Muslim (2564).

[4] TAfsîr el Bawawî.

[5] Hadîth authentique ; voir :Silsilat el Ahâdîth e-Sahîha de l’Albânî (320).

[6] Ce hadîth cité par ibn Kathîr dans son exégèse a été jugé faible par Sheïkh el Albânî ; voir : el Adab el Mufrad (328).

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