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10 février 2011 4 10 /02 /février /2011 00:53

 

Voir : e-takfîr wa dhawâbituhu de Sheïkh Ibrahim e-Ruhaïlî.

 

Les conditions à remplir et les restrictions à exclure avant de taxer d’apostasie un cas particulier :

1-      Ce cas particulier doit être pubère et sain d’esprit.

2-      Il doit avoir commis la mécréance en toute liberté (ce qui exclut la contrainte) et en pleine conscience (ce qui exclut une joie ou une colère extrême faisant perdre l’esprit comme l’histoire de l’homme qui, ayant retrouvé sa monture dans le désert, s’écria de joie : « Ô Allah ! Tu es mon serviteur et je suis Ton Seigneur. »[1]

3-      Il faut que les preuves soient établies contre lui, de sorte que s’il ne s’y soumet pas il devient inexcusable, comme nous l’avons vu précédemment.[2]

4-      Sa parole ou son acte ne doit pas être motivé par une mauvaise interprétation.

 

Or, les savants ont des avis différents sur la forme que doit prendre l’iqâmat el hujja (établir les preuves contre un cas particulier).

Pour les uns : à l’exemple d’ibn el ‘Arabî,[3] ibn Qudâma,[4] et ibn Taïmiya, il est nécessaire pour que la preuve soit effective que la personne contre qui elle est appliquée la comprenne.

Pour les autres : ce n’est pas une condition. À leurs yeux, la présence de la preuve suffit en elle-même indépendamment du fait que les gens l’aient comprise ou non. Cette tendance est attribuée à certains petits-fils de Mohammed ibn ‘Abd el Wahhâb, comme Ishâq ibn ‘Abd e-Rahmân ibn Hasan Âl e-Sheïkh, qui prétend reprendre l’opinion de certains savants de la « da’wa najdite » (aimmat e-da’wa).[5] Les partisans de cette tendance l’affilent également au fondateur de cette prédication, qui soit dit en passant ne fait que véhiculer les enseignements des anciens.[6]

Selon ces derniers, peu importe que ceux qui entendent le Coran en aient compris le sens ou non. Les païens, selon certains passages du Livre sacré des musulmans, ne comprennent pas le message qui leur est adressé ; il ne l’entendent pas et ne l’écoute pas. Allah révèle par exemple : [Penses-tu que la plupart entendent ou comprennent ; ils sont plutôt comme du bétail ou encore plus égarés].[7]

 

L’opinion la plus vraisemblable du reste, est la première, car il n’est pas possible d’établir la preuve d’Allah contre quelqu’un qui ne l’a pas comprise. Nous disons qu’il ne la comprend pas dans le sens où il est incapable de la comprendre soit par manque d’intelligence, soit pour être étranger à la langue à laquelle on s’adresse à lui, soit pour s’être imprégné à l’esprit certains arguments ambigus, bien qu’au même moment, il recherche la vérité. Il ne s’agit pas de se détourner des textes par entêtement ou de ne pas rechercher la vérité par négligence. Dans ces deux cas effectivement, aucune excuse n’est valable.

 

Les arguments en faveur de la première opinion :

 

1- Allah révèle : [Allah n’impose à personne des choses au-dessus de sa capacité ; elle a pour elle ses bonnes œuvres, et contre elle ses mauvaises œuvres. Seigneur, ne nous tient pas rigueur de nos erreurs et de nos oublis].[8] Un hadîth exprime que le Seigneur a répondu à cette invocation.[9]

 

2- [Et Dawûd et Sulaïmân, lorsqu’ils eurent à juger au sujet d’un champ que les moutons du voisin avaient saccagé la nuit. Nous étions témoin de leur sentence • Nous la fîmes comprendre à Sulaïmân bien qu’à tous deux, Nous offrîmes le bon jugement et le savoir].[10] Hasan el Basrî explique que le bon jugement fut accordé à Salomon dans cette affaire, bien qu’aucun grief ne fût fait à son père.[11]

 

3- Selon el Aswad ibn Sarî’, le Prophète (r) a dit : « Quatre catégories d’individus le Jour de la Résurrection : le sourd, le simple d’esprit, le vieillard décrépit, et celui qui est décidé pendant la période de la fatra (intervalle entre deux missions prophétiques) ; le sourd dira : « Seigneur, quand l’Islam est venu, je n’entendais rien » ; le fou dira : « Seigneur, quand l’Islam est venu, les enfants me jetaient des crottins d’animaux » ; le vieillard décrépit dira : « Seigneur, quand l’Islam est venu, je n’avais plus ma raison » ; et celui qui est décidé pendant la période de la fatra dira : « Seigneur, aucun de Tes messagers ne m’est venu ». Il prendra alors leur engagement de Lui obéir. Il leur sera ensuite demandé de se jeter au feu. Par Celui qui détient Mon âme dans Sa Main ! S’ils se jettent au feu, il sera pour eux frais et paisible. »[12]

 

4- Il y a deux obstacles qui empêchent de bien comprendre le message. Soit la personne ne le comprend pas du tout, soit elle le comprend mal. Les textes prennent en considération ces deux cas :

Concernant le premier cas : il y a le hadîth de ‘Âisha disant : « La plume n’inscrit pas dans trois cas : celui qui dort jusqu’à son réveil, l’enfant jusqu’à sa puberté, et le fou jusqu’à ce qu’il retrouve sa raison. »[13]

 

Concernant le deuxième cas : ‘Adî ibn Hâtim a mal interprété le Verset disant : [jusqu'à ce que vous distinguiez le fil blanc du fil noir].[14] Ce dernier nous fait la confidence qu’il mit la nuit sous son oreiller deux cordes : une blanche et une noire. Lorsqu’il essaya de vérifier, il ne constata rien. Au matin, il fit part de son expérience au Prophète, qui lui répondit aussitôt : « Le Verset parle de la noirceur de la nuit et de la blancheur du jour. »[15] Dans ce registre, nous avons l’histoire où le Prophète (r) ordonna de ne pas prier le ‘asr avant d’arriver chez les banû Quraïdha. Les Compagnons se divisèrent pourtant en deux groupes ; les uns prièrent en route de peur de ne pas arriver avant le maghrab et les autres prièrent sur place. À la suite de cet événement, le Prophète (r) ne réprimanda personne bien que forcément, l’un des deux groupes avait tort.[16]

 

Ces arguments sont d’autant plus solides que la religion musulmane à pour vocation d’enlever toute gêne à ses adeptes, comme le révèle le v. 78 de la s. le pèlerinage.

 

Quant au Verset : [penses-tu que la plupart entendent ou comprennent ; ils sont plutôt comme du bétail ou encore plus égarés].[17] Il ne signifie pas, qu’ayant perdu l’ouïe et la raison, ils sont incapables de comprendre le discours qu’ils reçoivent. Il veut cependant dire que ces deux sens leur sont inutiles, puisqu’ils les utilisent à mauvais escient.[18] La preuve, c’est qu’un autre passage du Coran nous apprend qu’effectivement, ils ne leur servent à rien : [Nous avons jeté bon nombre d’hommes et de djinns en Enfer ; ils ont des cœurs avec lesquels ils ne comprennent pas, des yeux avec lesquels ils ne voient pas, des oreilles avec lesquelles ils n’entendent pas. Ceux-là sont comme du bétail ou pire encore, ceux-là sont les insouciants].[19]

 

Ainsi, ils ne mettent pas leur sens au service de la vérité. En cela, ils sont comparables à ceux qui en sont dépourvus.[20] C’est pourquoi, Allah qualifie les hypocrites de : [sourds, muets, et aveugles, ils ne peuvent revenir].[21] Un autre Verset explique en quoi, ils sont sourds, aveugles, et muets, en disant : [Nous leur avons donné l’ouïe, la vue, et un cœur, mais leur ouïe, leur vue, et leur cœur ne leur ont servit à rien, puisqu’ils reniaient les Versets d’Allah].[22] Souvent, Allah rend la pareille aux mécréants, à travers notamment les Versets : [Nous avons enveloppé leur cœur d’un voile pour leur empêcher de comprendre et Nous leur avons bouché les oreilles].[23] Ils disaient auparavant : [N’écoutez pas ce Coran (cette lecture) et faites diversion, ainsi aurez-vous le dessus sur lui].[24] C’est alors que : [Allah scella leur cœur et leurs oreilles et Il mit un voile sur leurs yeux].[25] [Lorsque tu lis le Coran, nous mettons un voile entre toi et ceux qui ne croient pas à l’au-delà].[26] [Vois-tu celui qui prend ses passions pour divinité et qu’Allah a égaré en toute connaissance]. [27] [Ceux-là, Allah les a maudits et les a rendus sourds et aveugles].[28] [Ils ne pouvaient voir ni entendre].[29]

 

Si Allah empêche les mécréants d’avoir accès au message, à quoi bon alors leur demander des comptes le jour du Jugement dernier ? En fait, ils cultivent les fruits de leurs actes, [Allah a plutôt mis un sceau dans leur cœur en raison de leur mécréance],[30]  [Leur cœur est malade, mais Allah l’a rendu encore plus malade],[31] [et pour avoir dit : « nos cœurs sont enveloppés. » Allah les a plutôt scellés en raison de leur mécréance ; ainsi, ils ne croient que très peu].[32] [Nous retournons leur cœur et leur regard comme ils n’y avaient pas cru la première fois, et nous les laissons sombrer dans leur rébellion].[33] [Lorsqu’ils s’égarèrent, Allah égara leur cœur ; certes, Allah ne guide point les pervers].[34]

 

Ainsi, Allah les a bien pourvus des sens leur permettant d’avoir accès à la vérité, mais après l’avoir refusé, Allah les a châtiés en leur empêchant de comprendre et en les égarant d’avantage.[35] Nous retrouvons ces trois étapes dans un seul et même contexte : [Un Livre dont les Versets sont détaillés, une lecture arabe pour des gens qui savent • annonciateur et avertisseur, mais comme la plupart d’entre eux se sont détournés, ils n’entendent point].[36] Au départ, le Coran s’adresse à des hommes qui en comprennent le sens, mais comme ils se sont détournés, Allah les a châtiés en leur empêchant désormais d’entendre la vérité.

 

Traduit par :

Karim ZENTICI       

 

 

 

 



[1] Cette histoire est rapportée dans Muslim (2747).

[2] Voir également : el Mahalla (12/135) et el fisal tous les deux d’ibn Hazm (4/105), Majmû’ el Fatâwâ (12/523-524), tarîq el hijrataïn (p. 413) d’ibn el Qaïyim qui explique que deux comportements sont inexcusables en regard de la loi : el i’râdh (qui consiste à ne pas chercher la vérité par négligence) et el ‘inâd (qui consiste à s’entêter devant la vérité), et el muwâfaqât d’e-Shâtibî (3/377).

[3] Voir : tafsîr el qâsimî (5/1307-1308), 

[4] el mughnî(12/277).

[5] Voir : risâla hukm takfîr el mu’ayin wa el farq baïna iqâmat el hujja wa fahm el hujja (p. 9).

[6] Idem. (p. 13).

[7] El Furqân ; 44

[8] La vache ; 286

[9] Rapporté par Muslim (125).

[10] Les prophètes ; 78-79

[11] Voir : Tafsîr e-Tabarî.

[12] Rapporté par Ahmed dans el musnad (16301) ; bien qu’ibn el Qaïyim l’a authentifié dans Tarîq el hijrataïn (2/865), sa chaîne narrative reste suspecte, comme le fait remarquer l’auteur de la recension de Tarîq el hijrataïn (N. du T.).

[13] Rapporté par Ahmed (24694) et ibn Mâja (2041) ; Sheïkh el Albânî l’a authentifié dans sa correction de ce dernier (1/247).

[14] La vache ; 187

[15] Rapporté par el Bukhârî (1916) et Muslim (1090).

[16] Le hadîth est rapporté par el Bukhârî (3119). Pour son explication, voir : Majmû’ el Fatâwâ (19/123) et (27/20).

[17] El Furqân ; 44

[18] Voir : fath el qadîr de Shawkânî.

[19] El A’râf ; 179

[20] Voir : tafsîr e-Tabarî.

[21]La vache ; 18

[22] El Ahqâf ; 26

[23] La caverne ; 57 Voir : Adhwâ el baïyân de Shanqîtî.

[24] Les versets détaillés ; 26

[25] La vache ; 7

[26] Le voyage nocturne ; 45

[27] L’agenouillée ; 23

[28] Mohammed ; 23

[29] Hûd ; 20

[30] Les femmes ; 155

[31] La vache ; 10

[32] Les femmes ; 155

[33] Le bétail ; 110

[34] Les rangs ; 5

[35] Voir : Adhwâ el baïyân (4/157-158).

[36] Les versets détaillés ; 3-4

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10 février 2011 4 10 /02 /février /2011 00:50

 

Que les prières d’Allah et Son Salut soient sur Mohammed, ainsi que sur ses proches,

et tous ses Compagnons !

 

’Abd e-Rahmân ibn Mahdî a dit : « Les traditionalistes évoquent les choses qui sont en leur faveur, mais aussi celles qui sont en leur défaveur. Quant aux innovateurs, ils évoquent uniquement les choses qui sont en leur faveur. » 

 

Nous avons déjà évoqué dans un article précédent les arguments issus du Coran et de la Sunna démontrant que le Législateur considère l’ignorance comme un facteur atténuant, avant de taxer de mécréant l’auteur d’une erreur affilié à l’Islam, tant au niveau des principes fondamentaux de la religion (usûl) que des principes subsidiaires (furû’). Ibn Taïmiya relève même, comme nous allons le voir, qu’aucune divergence des Compagnons et de leurs successeurs n’est à constater sur la question. Nous dressons ici une liste de citations à travers les époques, qui regroupent 25 savants, venant appuyer ce constat, ô combien délicat, mais aussi crucial.

 

Il incombe tout d’abord de souligner un certain point. Certains détracteurs de Mohammed ibn ‘Abd el Wahhâb, à l’exemple de Dâwûd ibn Jarjîs ont cherché à manipuler certaines paroles d’ibn Taïmiya et d’ibn el Qaïyim laissant entendre au premier abord, qu’ils interdisent de taxer de mécréant un cas particulier (takfîr el mu’ayin). C’est contre eux que s’adressent les remontrances des savants parmi aimmat e-da’wâ et qu’utilise l’adversaire hors de son contexte. Les attaques contre la propagande d’ibn Jarsîs sont certes, nombreuses, et peuvent même déstabiliser le lecteur non averti. Cependant, resituées dans leur contexte, elles nous apprennent en réalité que le discours des deux Imams (ibn Taïmiya et ibn ‘Abd el Wahhâb) et de leurs élèves est cohérent. Elles ne constituent en rien une passerelle pour apostasier les musulmans à grande échelle ni pour contrer les « salafis », pour reprendre une expression chère à el Maqrîzî et el Âlûsî.

 

1- L’Imam e-Shâfi’î a dit : « Allah le Très-Haut a des Noms et des Attributs que recense Son Livre et que Son Prophète a divulgués à sa communauté. Il ne convient à aucune créature d’Allah de les rejeter, une fois que les preuves sont établies contre elle (…) Après cela, il devient un mécréant, mais avant cela, il est excusable, étant donné que ce n’est pas un sujet que l’on peut percevoir par la raison, le rêve, le cœur ni par la pensée. Nous ne taxons aucun ignorant d’apostasie avant que les enseignements ne lui soient parvenus. »[1]

 

2- Dans son livre, e-tabsîr fî ma’âlim e-dîn, ibn Jarîr e-Tabarî annonce qu’il existe deux genres d’enseignements dans la religion : mâ yasa’ el jahl bihî wa mâ la yasa’ el jahl bihî ou en d’autres termes : mâ yu’dhur bi el khata wa mâ la yu’dhur bi el khata. Autrement dit, les enseignements qu’il est concevable d’ignorer et ceux qu’il est inconcevable d’ignorer. Il explique notamment qu’il existe des questions dont la connaissance est élémentaire (ma’lûm min e-dîn bi e-Dharûra). Ibn Taïmiya souligne, comme nous allons le voir plus loin, que même sur ce dernier point, les choses sont relatives. Dans son tafsîr, ibn Jarîr parle également d’iqâmat el hujja.[2]

 

3- Ibn el ‘Arabî affirme : « Si l’ignorant ou celui qui commet une erreur parmi les adeptes de cette communauté, fait un acte de kufr ou de shirk qui en principe, le rend soit mushrik soit kafir, il est excusable en raison de son ignorance et de son erreur (ya’dhur bi el jahl wa el khata) jusqu’à ce que lui soit établit de façon claire et limpide, loin de toute confusion, la preuve d’Allah qui voue à la mécréance celui qui ne s’y soumet pas ; et qu’il renie ensuite un point élémentaire de la religion (ma’lûm min e-dîn bi e-dharûra), relevant du consensus recensé de façon sûre, et que tout musulman connait machinalement et sans réfléchir. »[3]

 

4- Ibn Hazm a un discours qui va dans ce sens.[4]

 

5- Ibn Qudâma a également un discours qui va dans ce sens.[5]

 

6- Ibn Taïmiya insiste sur le fait que les compagnons ne faisaient pas la différence entre les usûl (dont le shirk akbar fait partie) et les furû’ pour les erreurs d’interprétation. Voici ses paroles : « Celui qui fait une mauvaise interprétation des textes, mais dont les intentions sont de suivre scrupuleusement le Messager (r), il ne devient pas mécréant ni pervers, s’il se trompe à la suite d’un effort d’interprétation. Ce principe est notoire pour les questions pratiques (furû’ ndt.). Quant aux questions liées au dogme (usûl ndt.), bon nombre de gens ne donnent pas d’excuse à celui qui se trompe dans ce domaine. Or, cette tendance n’est connue par aucun Compagnon ni par leurs fidèles successeurs ni par les grandes références de l’Islam. Elle prend son origine chez les innovateurs qui innovent des principes et qui sortent de l’islam tous ceux qui ne veulent pas s’y soumettre, à l’image des kharijites, des mu’atazilites, et des jahmites. Bon nombre d’adeptes des quatre écoles l’ont adoptée, comme certains malikites, certains shafi’ites, certaines hanbalites, et d’autres. »[6]

 

Il explique ailleurs : « Quant à moi, - ceux qui s’assoient avec moi le savent très bien –, je compte parmi les gens qui défendent avec le plus d’acharnement de condamner une personne en particulier d’apostat, de pervers, ou de désobéissant sauf s’il devient certain que les arguments prophétiques ont été fournis contre elle (qâmat el hudja e-risâliya) de sorte que toute personne qui les contredit soit condamnable d’être soit apostat, soit pervers ou soit désobéissant. J’ai par ailleurs établi qu’Allah pardonne les erreurs commises par les membres de cette communauté : Cela concerne aussi bien les erreurs qui relèvent des masâil el khabariya el qawliya (el usûl pour certains ndt.) que les masâil el ‘ilmiya (el furû’ pour certains ndt.). les anciens se divisent encore sur ces questions. Personne n’a condamné l’un d’entre eux au kufr, au fisq ou à la ma’siya (…) j’expliquais que les paroles des anciens et des grandes références qui parlent du takfir el mutlaq en disant : celui qui fait telle et telle choses est un kafir ; j’expliquais qu’elles étaient justes, mais qu’il incombait également de faire la différence entre le mutlaq(le cas général) et le mu’ayin (le cas particulier). »[7]

 

Certes, ibn Taïmiya établit dans un passage : « Quiconque renie l’aspect obligatoire de certaines obligations notoires (ou pratiques) communément transmises (mutawâtir), comme les cinq prières, le jeune du ramadhan, le pèlerinage à la Maison Sacrée ; ou l’interdiction de commettre certains péchés notoires et communément transmis, comme la perversité, l’injustice, le vin, les jeux de hasard, l’adultère, etc. ; ou qui conteste certaines choses licites dont la légitimité est notoire et communément transmise comme le pain, la viande, le mariage ; c’est un mécréant apostat qui doit être mis à mort s’il refuse de se repentir. »[8] Cependant, il explique ailleurs que ces choses sont relatives ; elles varient en fonction des époques, des lieux et des personnes. Pour preuve, il soutient dans un autre passage : « On ne peut taxer d’apostasie (kaffar) un cas particulier avant l’iqama et hujja, comme celui qui renie l’aspect obligatoire de la prière, la zakat, et qui autorise moralement le vin, l’adultère en faisant une erreur d’interprétation (ta-awwal)… comme l’ont fait les Compagnons avec ceux qui s’étaient autorisés le vin. »[9]

 

À suivre…

 

Par : Karim ZENTICI



[1]Voir : mu’tasar el ‘Ulû d’el Albânî (p. 177).

[2]Voir : son exégèse du v. 15 de la s. Le voyage nocturne

[3]Voir : tafsîr el Qâsimi (5/1307-1308).

[4] El fisal d’ibn Hazm (3/302)

[5]Voir : el mughnî (8/131).

[6]Voir : minhâj e-sunna (5/240).

[7]Dans majmû’ el fatâwa (3/229).

[8]Idem. (11/405).

[9]Idem. (7/619).

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10 février 2011 4 10 /02 /février /2011 00:50

 

 

Voir : e-takfîr wa dhawâbituhu de Sheïkh Ibrahim e-Ruhaïlî.

 

Ainsi, quelqu’un est susceptible de prononcer une parole qui relève de la mécréance, car il n’a pas en main les textes lui permettant de parvenir à la vérité ; ou bien même en sa possession, il remet en question leur sens ou leur authenticité ; ou il n’est pas en mesure de les comprendre correctement ; ou encore est-il accroché a des arguments ambigus qui font obstacle à la bonne compréhension et qui font qu’il est excusable. Allah pardonne au croyant qui qu’il soit, lorsqu’il commet une erreur malgré ses efforts à la recherche de la vérité. Il n’y a pas de différence en cela, entre les questions théoriques (usûl ndt.) ou pratiques (furû’ ndt.) ; cette tendance est celle des Compagnons et la plupart des grandes références de l’Islam.[1]

 

Allah ne tient pas rigueur de l’erreur et de l’oubli et l’état de mécréance ne peut être constaté avant l’étape d’éclaircissement ou avant d’en fournir les preuves.[2] En outre, iqâma el hujja varie en fonction des époques, des lieux et des personnes. La preuve d’Allah peut ainsi s’appliquer à certaines époques, à certains endroits et contre certaines personnes ; elle ne s’applique pas contre l’enfant, le fou, celui qui à du mal à comprendre le message et qui n’a personne sous la main pour lui expliquer (ou pour lui traduire) en termes compréhensibles. Le cas échéant, il est comme le malentendant qui, ne comprenant pas ce qu’on lui dit, compte parmi les quatre catégories qui, le Jour de la Résurrection, auront un prétexte devant Allah.[3]

 

La question qui se pose d’elle-même ici, c’est pourquoi les paroles de Mohammed ibn ‘Abd el Wahhâb laissent entendre que l’ignorance n’intercède pas en faveur de celui contre qui la preuve d’Allah est appliquée ? Ishâq ibn ‘Abd e-Rahmân ibn Hasan comprend des paroles de son arrière-grand-père que le Coran constitue en lui-même une preuve contre celui qui l’a entre les mains, indépendamment du fait qu’il comprenne son message ou non.[4]  Ce dernier s’inspire de trois passages du Sheïkh avant de conclure : « Voici trois passages qui démontrent que la preuve est établie par le Coran contre tous ceux qui le reçoivent et l’entendent, bien qu’ils ne le comprennent pas. »[5]

 

L’un des arguments probablement les plus éloquents de cette tendance provient des paroles mêmes du Sheikh qu’il écrivit dans l’une de ses lettres : « À nos frères, salâm ‘alaïkom wa Rahmat Allah wa Barakâtuhu ! Les paroles que vous avez citées du Sheïkh (ibn Taïmiya ndt.) disant que quiconque renie telle et telle chose après que la preuve soit établie contre lui… Et vous, vous hésitez sur ses taghût et leurs adeptes en vous demandant si la preuve est établie contre eux. C’est vraiment étonnant ! Comment pouvez-vous douter sur une chose pareille ! Je vous l’ai pourtant expliqué à maintes reprises. Celui contre qui la preuve s’applique, c’est celui qui vient de se convertir, qui habite loin des villes, ou qui se trompe sur des points subtils comme el sarf et le ‘atf (liés à la sorcellerie ndt.). Dans ces cas, ils ne sont pas mécréants avant d’avoir reçu le savoir. Quant aux fondements de la religion (el usûl) qu’Allah a expliqués de façon formelle dans Son Livre, leur preuve c’est le Coran. Quiconque reçoit le Coran reçoit la hujja (preuve).

Le problème, c’est que vous ne faites pas la différence entre établir la hujja et comprendre la hujja. La majorité des mécréants et des hypocrites parmi les musulmans ne comprennent pas la preuve d’Allah, qui, pourtant, est établie contre eux, comme le révèle le Verset : [Penses-tu que la plupart entendent ou comprennent ; ils sont plutôt comme du bétail ou encore plus égarés].[6] Établir et recevoir la hujja est une chose, en sachant qu’elle est établie contre eux, et la comprendre en est une autre. Ainsi, ils sont mécréants pour l’avoir reçue bien qu’il ne la comprenne pas. »

 

Ce texte du Sheïkh – qu’Allah lui fasse miséricorde – est l’un des arguments les plus éloquents utilisés par ceux qui défendent qu’il ne tient pas pour condition de comprendre la hujja afin qu’elle soit établie sur un cas particulier. Or, ce dernier est l’auteur d’autres paroles qui expliquent de façon formelle qu’il impose comme condition de comprendre la hujja. La lettre qui s’adresse au Sharîf nous enseigne : « Si l’on sait que nous ne taxons pas d’apostasie ceux qui adorent la stèle érigée au-dessus de la tombe de ‘Abd el Qadîr, ainsi que celle sur le tombeau d’Ahmed el Badawî et d’autres dans le genre, en raison de leur ignorance et car ils n’ont personne pour leur éclaircir, comment pouvons-nous dès lors le faire pour celui qui n’associe rien à Allah sous prétexte qu’il n’a pas émigré chez nous, dans la mesure où il n’a pas apostasié ni combattu la vérité. Gloire à Allah ! Quelle énorme calomnie ! »[7]  

  « en raison de leur ignorance et car ils n’ont personne pour leur éclaircir » ou selon certains manuscrits : « car ils n’ont personne pour leur faire comprendre » Ce passage formule explicitement qu’à ses yeux, il faut comprendre la hujja pour qu’elle soit effective. Il va sans dire que les personnes auxquelles il fait allusion vivent en terres musulmanes au sein desquelles le Coran et la Sunna sont répandus, sauf qu’elles ont besoin que la hujja leur soit expliquée de la part des savants traditionalistes.

 

Il est possible toutefois de concorder entre ses paroles en disant qu’il distingue entre une compréhension approximative du discours qui permet de pénétrer les « intentions » du Législateur dans l’ensemble et une compréhension approfondie qui relève de la compétence des savants. La première forme de compréhension est suffisante afin que la hujja, qui ne s’applique qu’à travers ce moyen, soit effective. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre ses paroles. Autrement dit, cette compréhension est nécessaire pour établir la hujja et taxer d’apostasie (kaffar) un cas particulier. La deuxième forme de compréhension n’est pas nécessaire pour établir la hujja. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre ses paroles qui, en apparence, semblent se contredire.

Certaines paroles du Sheïkh qu’il a prononcées dans le même contexte où il ne tient pas compte de la compréhension des textes pour établir la hujja contre un cas particulier, consolident notre idée. Il souligne en effet : « Si un cas particulier est taxé d’apostasie après avoir établi la hujjacontre lui, de toute évidence, cela ne signifie pas qu’il doit comprendre la Parole d’Allah et de Son Messager comme Abû Bakr e-Saddîk (t). Néanmoins, s’il la reçoit, il devient mécréant dans la mesure où aucune excuse n’intercède en sa faveur. »[8]

 

Ainsi, le Sheïkh ne demande pas de cerner toutes les subtilités du discours du Législateur à la manière d’Abû Bakr (t), mais il tient compte d’une compréhension minimum et suffisante pour saisir Sa Volonté. Ainsi, Mohammed ibn ‘Abd el Wahhâb rejoint les grands spécialistes traditionalistes qui imposent comme condition, avant de constater la mécréance chez un cas particulier, que ce dernier comprenne la preuve qui est adressée contre lui. Il est donc erroné d’attribuer au Sheïkh qu’il ne tient pas compte d’une compréhension minimum des textes.

 

Cette analyse n’a pas échappé à Mohammed Rashîd Ridâ, qui souligne en annotation à majmû’ e-rasâil e-najdiya : « Cette restriction de la part du Sheïkh qui impose ici une compréhension minimum dissipe la confusion qui s’impose à l’esprit en lisant d’autres passages de ses œuvres. En s’en tenant à ces derniers passages, certains savants du Najd soutiennent que la présence du Coran est suffisante pour établir la hujja contre les hommes, quand bien même ils ne comprendraient pas son message. Cette conception illogique s’oppose au Verset disant : [Celui qui s’écarte du Messager, après avoir distingué la bonne voie].[9]  Elle ne va pas non plus dans le sens des thèses soutenues par les grands spécialistes et disant qu’il est nécessaire de faire comprendre le prêche prophétique (da’wa) avec ses arguments, avant d’établir la hujja »[10]

 

Gloire à Toi Ô Allah ! Et à Toi les louanges ! J’atteste qu’il n’y a d’autre dieu (digne d’être adoré) en dehors de Toi ! J’implore Ton pardon et me repens à Toi !

 

Traduit par :

Karim Zentici    



[1] Majmû’ el fatâwa d’ibn Taïmiya (23/326).

[2] Idem. (12/523-524).

[3] Tarîq el hijrataïn (p. 414).

[4] Voir : la risâla dont il est l’auteur : hukm takfîr el mu’ayin wa el farq baïna iqâmat el hujja wa fahm el hujja (p. 13).

[5] Idem. (p. 13).

[6] El Furqân ; 44

[7] Fatâwa wa masâil e-Sheïkh (p. 11) et e-Durar e-Sunniya (1/66).

[8] Muallafât e-Sheïkh (p. 220).

[9] Les femmes ; 115

[10] majmû’ e-rasâil e-najdiya (5/638).

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10 février 2011 4 10 /02 /février /2011 00:48

 

 

Concernant certains ahwâl e-sûfiya, il y a eu à la première époque deux réactions à leur encontre : les uns les ont encensés à outrance en se rendant ainsi mukhti-ûn, mubtadi’ûn, dhallûn, et les autres les ont blâmé à outrance en se rendant ainsi mukhti-ûn, mubtadi’ûn, dhallûn. [Ibn Taïmiya dans majmû’ el fatâwa (11/5-15)].

 

Ibn Taïmiya dit également : « Le fait qu’une parole relève du kufr n’implique pas nécessairement de kaffar quiconque la prononce par ignorance, ou par une erreur d’interprétation.Établir la mécréance sur un cas particulier revient à établir qu’il est concerné par la menace divine, qui est pourtant soumise à des conditions et à des restrictions. »[1]

 

« C’est pourquoi, je disais aux jahmites panthéistes et négateurs qui reniaient qu’Allah (I) fût sur Son Trône à l’époque où leur fitna commença ; que si j’avais été l’auteur de vos paroles, j’aurais été un kâfir. Moi, en effet, je sais pertinemment que vos paroles relèvent de la mécréance, mais, à mes yeux, vous n’êtes pas des kuffarétant donné que vous êtes des ignorants. Je m’adressais ainsi à leurs juges, leurs savants, leurs Sheïkh et leurs émirs. À l’origine, leur ignorance provient des arguments de la pensée, de la part de leurs leaders, qui étaient ambigus, car leur bagage dans le domaine des textes authentiques, qui sont conformes à la raison saine, était léger. »[2]

 

« Quiconque croit que son Sheïkh pourvoit à ses besoins, qu’il le soutient, le guide, lui apporte son secours et son aide ; ou qui parfois lui voue l’adoration, des invocations et des prosternations ; ou qui le préfère au Prophète (r) soit dans l’absolu soit en lui reconnaissant certaines distinctions qui le rapprocheraient davantage du Seigneur ; ou que lui ou son Sheïkh sont exempts de suivre le Prophète (r; tous ces types d’individus sont des mécréants s’ils affichent ces croyances ou des hypocrites s’ils les tiennent secrètes.

 

Si ces types d’individus sont nombreux à notre époque, c’est parce que ceux qui prêchent le savoir et la foi se font rares et que les traces de la Révélation se sont estompées dans la plupart des pays. La plupart de ces gens-là n’ont pas un héritage suffisant de la Révélation pour leur permettre de connaitre le bon chemin. Beaucoup d’entre eux n’y ont pas accès. Lors des périodes d’affaiblissement ou d’intervalle entre les révélations (fatarât) et les endroits qui accusent ce phénomène, l’individu est récompensé pour la foi infime qu’il détient. Allah pardonne plus facilement à celui qui n’a pas reçu la hujja qu’à celui qui l’a reçue, comme en témoigne le fameux hadîth : « Il viendra une époque où personne ne connaitra ni prière ni jeûne ni pèlerinage ni ‘umra en dehors du vieil homme et de la vieille femme qui diront : « À l’époque de nos parents, les gens disaient : la ilâh illa Allah ! » On demanda à Hudhaïfa ibn e-Nu’mân (t) : « Que cela pourra-t-il leur servir ?

-           Cela va les sauver de l’Enfer, répondit-il. »[3]

 

En principe, toute parole qui relève de la mécréance, selon le Livre d’Allah, la sunna et le consensus des savants, est jugée ainsi dans l’absolu (qawl yutlaq), comme le prouvent les arguments textuels ; la foi fait partie des lois qui émanent d’Allah et de son Messager. Elle n’est pas laissée à l’initiative des hommes laissant libre court aux passions et aux suspicions. De plus, toute personne disant ces paroles n’est pas nécessairement un kâfirsans remplir les conditions ni écarter toute restriction possible pour le vérifier. »[4]

 

« Les philosophes et les ésotéristes (tiniya) sont des mécréants dont la mécréance est manifeste chez les musulmans… toutefois, celui qui ne les connait pas vraiment ne pénètre pas leur tendance. Il est même possible de s’imprégner de certaines de leurs idées, pour celui qui ne sait pas que c’est de la mécréance. Il est donc excusable en raison de son ignorance (ma’dhûr li jahlihî). »[5]

 

« Quiconque attribue à un autre qu’Allah ce qui n’appartient qu’à Lui est également un mécréant si la preuve céleste considérant comme mécréant tous ceux qui la délaissent, est établie contre lui. »[6]

 

« Les erreurs de ceux qui font un effort d’interprétation dans les deux domaines el khabariya (ou furû’ ndt.) et el ‘almiya (ou usûl ndt.) sont pardonnées. »[7]

 

« Il est interdit de taxer un musulman de mécréant pour un péché ou une erreur qu’il a commis… »[8]

 

« Si quelqu’un se voit établir la preuve contre lui pour avoir commis ce fameux shirk, et qu’ensuite il continue à le faire, il incombe de le mettre à mort et de lui réserver le même traitement que les païens ; il ne faut pas l’enterrer dans un cimetière musulman ni prier préalablement sur lui. Quant à l’ignorant qui n’a reçu aucun savoir (sur le sujet) et qui ne pénètre pas la substance du shirk pour lequel le Prophète (r) fit verser le sang des païens, on ne peut le taxer d’apostasie. »[9]

 

Ainsi, il est interdit de taxer un ignorant d’apostat sans auparavant avoir fourni contre lui les preuves prophétiques (el hujja e-risâliya) lui éclaircissant qu’il va à l’encontre de la loi divine. C’est valable pour n’importe quel auteur d’une parole qui, en elle-même, relève de la mécréance. En sachant que certaines hérésies (bid’a) sont plus graves que d’autres et que certains innovateurs ont une foi plus ancrée que d’autres. Personne n’est habilité à taxer de mécréant n’importe quel musulman qui a commis une erreur. Il ne convient pas de le faire avant de lui expliquer son erreur et d’établir toutes les preuves contre lui. Lorsque la foi est avérée chez un individu avec certitude, on ne peut la lui retirer sur une simple suspicion. La seule chose qui permet de le faire, c’est d’établir toutes les preuves contre lui et de dissiper de son esprit toute ambigüité (iqâmat el hujja wa izâlat e-shubha).[10]

 

Les Textes divins concernant le mauvais devenir de l’homme (wa’îd) et les paroles provenant des grandes références sur les questions du takfîr (taxer quelqu’un d’apostat), dutafsîq (taxer quelqu’un de pervers), et autres, n’impliquent pas qu’ils faillent les appliquer à une personne en particulier sauf si celle-ci répond aux conditions pour le faire et si toute restriction en est exclue.[11]

 

Sheïkh el Islam ibn Taïmiya souligne à ce sujet : « Après s’être imprégné des enseignements du Messager (r), il devient évident qu’il n’a jamais légiféré à sa communauté d’invoquer qui que ce soit parmi les morts : Prophètes, gens pieux, etc. ni à travers la formule d’el istighâtha (appel au secours) ou autre ni à travers la formule d’el isti’âna (appel au soutient) ou autre. Il n’a pas légiféré non plus à sa communauté de se prosterner devant un mort, un vivant, ou de faire toute autre chose de ce genre. Nous savons plutôt qu’il (r) a formellement interdit ce genre de choses comme il a jugé ces pratiques relevant de l’association interdite par Allah et Son Messager. Néanmoins, en raison de l’ignorance prépondérante, du nombre restreint de personnes initiées aux traces de la Prophétie parmi les dernières générations, nous ne pouvons pas condamner facilement les gens d’apostats pour ces raisons, avant de les avoir mis au courant des enseignements du Messager stipulant la non-pertinence de leurs pratiques. C’est pourquoi, je n’ai jamais démontré ce point à des personnes imprégnées du principe de l’Islam sans qu’elles se remettent en question en disant : c’est le principe même de la religion. Certains grands doyens expérimentés parmi nos amis disaient : c’est la plus grande chose que tu ais pu nous expliquer, car ils avaient pleine conscience que cela concernait le principe élémentaire de la religion. »[12]

 

À suivre…

 

Par : Karim ZENTICI

 



[1]Voir : minhâj e-sunna (4/458).

[2] E-rad ‘alâ el bakrî (2/494).

[3]Rapporté par ibn Mâja (4049) ; Sheïkh el Albânî l’a authentifié dans silsilat el ahâdîth e-sahîha (87).

[4] Majmû’ el fatâwa (1/113).

[5] Sharh el ‘aqida el asfahaniya (p. 211).

[6] Majmû’ el fatâwa (1/112) et e-rad ‘alâ el bakrî (p. 214).

[7] majmû’ el fatâwa (20/33).

[8] majmû’ el fatâwa (3/288). Ce passage mérite plus amples détails. Quoi qu’il en soit, Sheïkh el Islam précise ici que, dans la tendance hanbalite, il existe trois opinions concernant le statut de celui qui n’a pas reçu la révélation, et affirme que l’opinion la plus probable est celle disant qu’il est pardonnable !

[9] Majmû’ el fatâwa (1/113).

[10] Majmû’ el fatâwa (12/393).

[11] Idem. (10/372).

[12] El istighâtha (2/731). Il a expliqué ailleurs : « Si nous citons sans restriction les textes concernant le sort de l’homme dans l'au-delà (el Wa’d wa el Wa’îd) et si nous employons les termes d’apostat (Takfîr) et de pervers (Tafsîq), nous ne pouvons pas faire entrer une personne en particulier dans leur sens général avant d’établir à son encontre ce qu’ils impliquent de façon irréfutable. » [Voir : majmû’ el fatâwâ (28/500-501)].

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10 février 2011 4 10 /02 /février /2011 00:47

 

 

La plupart des textes que les dissidents à la Révélation utilisent en leur faveur se retournent contre eux. Nous sommes tout le temps, grâce à Dieu, en mesure de prouver que, tant d’un point de vue textuel que d’un point de vue rationnel, ces hérétiques, à l’instar des innovateurs parmi les musulmans, ont tort. Ces derniers s’appuient généralement sur des arguments ambigus au détriment des arguments formels, trahissant ainsi qu’ils sont plus animés par les passions que par la recherche de la vérité [El jawâb e-sahîh li man baddala dîn el Masîh (2/710) et majmû’ el fatâwa d’ibn Taïmiya (3/62-63)].

 

Par ailleurs, il faut prendre dans leur sens général les paroles des anciens taxant certaines sectes d’apostasie, comme les jahmites, les qadarites, ou encore les rafidhites. Cela ne veut pas dire qu’il faille les appliquer sur des cas particuliers et que chaque membre de ces sectes est concernée par ce statut.[1] L’imam Ahmed n’a pas kaffar (taxer d’apostasie) chaque jahmite ni tous ceux qui se revendiquent jahmites ni tous ceux qui s’accordent avec certaines de leurs idées. Il a même prié derrière les khalifes jahmites, comme el Ma-mûn qui imposait à ces sujets de suivre sa tendance sous peine de leur faire subir des punitions très sévères. Ahmed ne remettait pas en question leur appartenance à l’islam et consacrait même des invocations en leur faveur.[2]

 

Ainsi, quelqu’un est susceptible de prononcer une parole qui relève de la mécréance, car il n’a pas en main les textes lui permettant de parvenir à la vérité ; ou bien même en sa possession, il remet en question leur sens ou leur authenticité ; ou il n’est pas en mesure de les comprendre correctement ; ou encore est-il accroché a des arguments ambigus qui font obstacle à la bonne compréhension et qui font qu’il est excusable. Allah pardonne au croyant qui qu’il soit, lorsqu’il commet une erreur malgré ses efforts à la recherche de la vérité. Il n’y a pas de différence en cela, entre les questions théoriques (usûl ndt.) ou pratiques (furû’ ndt.) ; cette tendance est celle des Compagnons et la plupart des grandes références de l’Islam.[3]

 

Allah ne tient pas rigueur de l’erreur et de l’oubli et l’état de mécréance ne peut être constaté avant l’étape d’éclaircissement ou avant d’en fournir les preuves.[4]

 

7- Son élève ibn el Qaïyim est l’auteur de ces paroles : « L’Islam c’est l’unicité d’Allah et Son adoration unique sans lui vouer d’associé ; il consiste également à croire en Allah et à Son Messager (r) et à suivre ses enseignements. Quiconque ne fournit pas cela n’est pas un musulman. Si, certes, il n’est pas un mécréant renieur (kâfir jâhîd), c’est un mécréant ignorant (kâfir jâhil). »[5] Qu’entend ibn el Qaïyim par kâfir jâhil ? La réponse se trouve deux pages plus loin où l’auteur nous y dévoile ses intentions en ces termes : « Allah (U) ne châtie personne avant l’iqâma el hujja, comme le formule les Versets : [Nous n’allions châtier personne avant d’envoyer un messager].[6] [Des messagers avertisseurs et annonciateurs afin que les hommes ne puissent opposer à Allah aucun argument après leur venue].[7] Nombreux sont les exemples de ce genre dans le Coran qui nous informe que seul celui qui a reçu le message d’un prophète mérite le châtiment dans la mesure où la preuve divine est appliquée contre lui, et qui correspond au pécheur qui reconnait sa faute. »[8]

 

La page suivante, il explique encore plus en détail : « Deux individus méritent le châtiment : le premier consiste à se détourner de la preuve d’Allah par négligence et à ne pas la vouloir ni la mettre en pratique ni mettre en pratique ce qu’elle implique. Le deuxième consiste à s’en détourner par orgueil une fois après l’avoir reçue et à délaisser ses implications.

Le premier c’est du kufr i’râdh,

Et le deuxième, c’est du kufr ‘inâd.

Quant au kufr el jahl sans que la preuve d’Allah ne soit venue et sans avoir la possibilité d’y avoir accès, c’est ce genre de kufr au sujet duquel Allah n’applique pas le châtiment, pas avant que la preuve prophétique ne soit appliquée. »[9]

 

En outre, iqâma el hujja varie en fonction des époques, des lieux et des personnes. La preuve d’Allah peut ainsi s’appliquer à certaines époques, à certains endroits et contre certaines personnes ; elle ne s’applique pas contre l’enfant, le fou, celui qui à du mal à comprendre le message et qui n’a personne sous la main pour lui expliquer (ou pour lui traduire) en termes compréhensibles. Le cas échéant, il est comme le malentendant qui, ne comprenant pas ce qu’on lui dit, compte parmi les quatre catégories qui, le Jour de la Résurrection, auront un prétexte devant Allah.[10]

 

8, 9- Ibn kathîr et el Baghawî avant lui établissent le principe d’iqâmat el hujja dans leur tafsîr.[11]

 

10- Ibn Abî el ‘Izz également rejoint ibn Taïmiya et son élève sur ce principe.[12]

 

11- Après avoir balayé les accusations qui furent lancées contre lui d’un « Gloire à Toi Ô Allah ! C’est une calomnie énorme ! », Mohammed ibn ‘Abd el Wahhâb établit : « Je prends plutôt Allah en témoin qui connait le fond des poitrines que, quiconque met le tawhîd en pratique et qui renie le shirk et ses adeptes est un musulman qu’il soit à n’importe quel endroit ou à n’importe quelle époque. Cependant, je taxe d’apostasie quiconque voue un associé à Allah dans l’adoration, après avoir eu connaissance de la hujja et de l’illégitimité du shirk. »[13]

 

Il dit ailleurs : « Si l’on sait que nous ne taxons pas d’apostasie ceux qui adorent la stèle érigée au-dessus de la tombe de ‘Abd el Qadîr, ainsi que celle sur le tombeau d’Ahmed el Badawî et d’autres dans le genre, en raison de leur ignorance, et car ils n’ont personne pour leur éclaircir la chose,[14]comment pouvons-nous dès lors le faire pour celui qui n’associe rien à Allah sous prétexte qu’il n’a pas émigré chez nous, dans la mesure où il n’a pas apostasié ni combattu la vérité. Gloire à Allah ! Quelle énorme calomnie ! »[15]

 

« … et ses paroles disant que je kaffar el Busaïrî pour avoir dit : « Ô le plus noble des créatures… » Ma réponse consiste à dire : Gloire à Toi ! Ô Allah ! C’est une calomnie énorme ! »[16]

 

Il a dit également : « Nous considérons plutôt, en prenant Allah en témoin et qui connaît le fond de nos pensées, que quiconque adhère à l’unicité et se détache de l’association et de ses partisans, est pour nous un musulman indépendamment de l’endroit et de l’époque où il se trouve. En revanche, nous condamnons quiconque associe à Allah dans Sa Divinité après que les Textes lui ont démontré la non-pertinence de l’association. »[17]

 

Il a expliqué ailleurs : « Les paroles que vous entendez à mon encontre disant que je condamne d’apostasie sans faire de détail, elles ne sont que des calomnies provenant de l’ennemi. Je dirais selon eux également, qu’il ne suffit pas à l’individu de suivre la religion d’Allah et de Son Messager, sans qu’il immigre de son pays pour venir s’installer sur nos terres. C’est aussi un tissu de mensonges ! L’important c’est plutôt de suivre la religion d’Allah et de Son Messager où que l’on soit.

En revanche, nous condamnons d’apostasie quiconque, après avoir reconnu la religion d’Allah et de Son Messager, s’en fait non seulement l’ennemi, mais qui plus est, cherche à en détourner les autres. Nous condamnons également quiconque adore les idoles après avoir eu connaissance que ces pratiques relèvent de la religion des païens, tout en embellissant ces pratiques aux gens. Lui, il est vrai, je le condamne d’apostasie. Tout savant sur la surface de la terre ne peut que condamner un tel individu si bien sûr, il n’est ni un entêté ni un ignare. »[18]

 

« Quant aux allégations de mes détracteurs prétendant que je condamne d’apostasie sur simple suspicion et en fonction des alliés, ou bien que je condamne l’ignorant n’ayant pas eu accès à la vérité, c’est une énorme calomnie qui a pour but de faire fuir les gens de la religion d’Allah et de Son Messager. »[19]

 

« Si un cas particulier est taxé d’apostasie après que la hujja soit établie contre lui, de toute évidence, cela ne signifie pas qu’il doit comprendre la Parole d’Allah et de Son Messager comme Abû Bakr e-Saddîk (r). Néanmoins, s’il la reçoit, il devient mécréant dans la mesure où aucune excuse n’intercède en sa faveur. »[20]

 

À suivre…

 

Par : Karim ZENTICI 

 



[1]Voir : el istiqâma (1/164) et Majmû’ el fatâwa (7/619) tout deux d’ibn Taïmiya. À ses yeux, lorsque les savants anciens considèrent apostat (kaffar) l’auteur de la parole : « le Coran est incréé », cela ne veut pas dire que tous ceux qui la prononcent sont des kuffars (mécréants).

[2] Majmû’ el fatâwa (7/507-508).

[3] Majmû’ el fatâwa (23/326).

[4]Idem. (12/523-524). Des textes de ce genre, il en existe beaucoup d’autres. Le D. ‘Abd el Majîd el Mish’abî est l’auteur d’une thèse ayant pour titre ; manhaj ibn Taïmiya fî mas-alat e-takfîr (1/251-261) où il démontre, avec de nombreux textes d’ibn Taïmiya à la clef, que ce dernier tient compte du ‘udhr bi el jahl dans iqâmat el hujja ; voir notamment en vrac : majmû’ el fatâwa (3/231), (5/538), (6/61), (11/406), (11/409-410) (11/412-413), (20/36), (35/165-166), e-rad ‘alâ el Akhnâî (p. 61-62), e-Safdiya (1/233), e-rad ‘alâ el bakrî (p. 259), bughiya el murtâd (p. 311), el istiqâma (1/30), dur e-ta’ârudh (8/238), et el Asfahâniya (p. 127-128).

[5] Tarîq el hijrataïn (p. 411). Mathat ibn el Hasan Âl el farrâf est l’auteur de la recension du livre kitâb mufîd el mustafîd fî kufr târik e-tawhîd de Mohammed ibn ‘Abd el Wahhâb. Mu par un certain zèle, ce qui peut être compréhensible, il reproduit les paroles d’ibn el Qaïyim que nous venons de citer, mais il ne fait pas l’effort de tourner les deux pages suivantes, où il aurait découvert pourtant les vraies intentions de l’auteur.

[6] Le voyage nocturne ; 15 voir les tafsîr d’e-Tabarî et d’ibn Kathîr.

[7] Les femmes ; 165 voir les tafsîr d’el Baghawî et de Shanqîtî.

[8] Tarîq el hijrataïn (p. 413).

[9] Tarîq el hijrataïn (p. 414).

[10] Tarîq el hijrataïn (p. 414). Il fait ici allusion au hadîth : « Quatre catégories d’individus le Jour de la Résurrection : le sourd, le simple d’esprit, le vieillard décrépit, et celui qui est décidé pendant la période de la fatra (intervalle entre deux missions prophétiques) ; le sourd dira : « Seigneur, quand l’Islam est venu, je n’entendais rien » ; le fou dira : « Seigneur, quand l’Islam est venu, les enfants me jetaient des crottins d’animaux » ; le vieillard décrépit dira : « Seigneur, quand l’Islam est venu, je n’avais plus ma raison » ; et celui qui est décidé pendant la période de la fatra dira : « Seigneur, aucun de Tes messagers ne m’est venu ». Il prendra alors leur engagement de Lui obéir. Il leur sera ensuite demandé de se jeter au feu. Par Celui qui détient Mon âme dans Sa Main ! S’ils se jettent au feu, il sera pour eux frais et paisible. » Rapporté par Ahmed dans el musnad (16301) ; bien qu’ibn el Qaïyim l’a authentifié dans Tarîq el hijrataïn (2/865), sa chaîne narrative reste suspecte, comme le fait remarquer l’auteur de la recension de Tarîq el hijrataïn

[11]Voir : pour ibn Kathîr, son exégèse du v. 15 de la s. Le voyage nocturne ; et pour el Baghawî le v. 165 de la s. les femmes que nous avons cités précédemment.

[12] sharh el ‘aqîda e-Tahawiya d’ibn Abî el ‘Izz (p. 335-336).

[13] Majmû’ muallafât e-sheikh Mohammed (5/60)

[14] Ou selon certains manuscrits : « car ils n’ont personne pour leur faire comprendre ».

[15] Fatâwa wa masâil e-Sheïkh (p. 11) et e-Durar e-Sunniya (1/66).

[16] Majmû’ muallafât e-sheikh Mohammed (3/33) ; voir également (3/58).

[17]Idem. (3/34).

[18]Idem. (3/33).

[19]Idem. (3/14).

[20] Muallafât e-Sheïkh (p. 220). Son descendant Sâlih Âl Sheïkh explique merveilleusement ce principe dans sharh el ‘aqîda e-tahawiya.

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10 février 2011 4 10 /02 /février /2011 00:46

 

Les traditionalistes sont ceux qui connaissent le mieux la vérité et qui sont les plus cléments envers les hommes. (Ibn Taïmiya).

 

En parlant de Sheïkh el Islâm ibn Taïmiya, ibn ‘Abd el Wahhâb confie : « La croyance à laquelle nous adhérons et la religion que nous professons et pour laquelle nous espérons la récompense d’Allah, c’est que, s’il se trompe ou si quelqu’un d’un meilleur rang que lui se trompe dans cette question ; autrement dit, la question disant que si le musulman commet l’association (ashraka) après iqâma el hujja (…) ou tout autre acte de mécréance manifeste et incontestable (el kufr e-sarîh e-zhâhir) qu’Allah a clarifié, ainsi que Son Messager et les savants de la communauté ; je donne foi aux enseignements d’Allah et de Son Messager qu’il devient kâfir, indépendamment de savoir qui peut se tromper sur la question. Que dire alors, wa el hamd li Allah, si l’on sait que nous ne connaissons aucun savant aller à l’encontre de cette question. »[1]

 

Dans un passage, il dit qu’il kaffar ceux qui s’érigent en ennemi de la religion après en avoir pris connaissance, bien qu’à ses yeux, la plupart des membres de la umma, ne sont pas comme cela, qu’Allah soit loué.[2]

 

« Nous ne taxons pas d’apostasie si ce n’est que pour les choses qui font l’unanimité des savants : autrement dit, pour les deux attestations de foi. »[3]

 

Dans un autre passage, il dit que la plupart des gens pensent que l’intercession des saints est l’un des meilleurs actes de dévotion.[4] Il va sans dire qu’il parle des musulmans. Il condamne dans le même passage les accusations calomnieuses lancées contre lui et disant qu’il kaffar sur une simple suspicion, ou en fonction des alliances, ou encore qu’il kaffar les ignorants sans leur faire l’iqâma el hujja. Ailleurs, il se plaint encore de ses ennemis, qui prétendent qu’il kaffar les adeptes de l’islam et qu’il autorise impunément leur sang.[5]

 

12- On fit remarquer à son fils ‘Abd Allah que de taxer d’apostasie ceux qui implore la shafâ’a au Prophète, cela implique de kaffar la majorité des musulmans. En réponse, il explique, que cela ne l’implique pas forcément, et que lâzim el madhhab laïsa bi madhhab. Il précise qu’il ne parle pas des morts mais qu’il kaffar uniquement ceux à qui leur prêche est parvenu. Quant aux morts, ils ont commis des erreurs et sont excusables.[6]

 

13- Son petit-fils ‘Abd e-Rahmân ibn Hasan quant à lui, rapporte les paroles de son grand-père disant qu’il déclarait la guerre pour une seule question, qui est celle faisant l’unanimité des savants, autrement dit : les shahâdataïn après en avoir eu connaissance et les avoir contestées ensuite.[7]

 

14- Son arrière petit-fils ‘Abd e-Latîf ibn ‘Abd e-Rahmân ibn Hasan dit que son aïeul ne kaffar que pour la question du shirk akbar et du kufr bi ayât Allah wa rusulihî, etc. qui fait l’unanimité des musulmans, après bien sûr l’iqâmat el hujja, comme le takfîr de ceux qui adorent les « saints », qui invoquent un autre qu’Allah, comme le rapporte ibn Hajar e-Shâfi’î dans son ouvrage el i’lâm bi qawâti’ el islam.[8]

 

« Sheïkh Mohammed – Allah lui fasse miséricorde – fait partie de ceux qui font preuve de plus de délicatesse et de précaution avant de se prononcer sur des questions d’apostasie ; à tel point qu’il n’est pas formel sur le fait de condamner d’apostasie un ignorant qui invoque quelqu’un en dehors d’Allah, parmi les habitants du royaume des morts ou autres, dans la situation où il n’a personne pour lui donner le bon conseil et pour lui faire parvenir la vérité faisant autorité contre tout dissident. Il a fait remarquer dans certaines de ses lettres : Si nous ne déclarons pas la guerre à ceux qui vouent le culte au mausolée d’el Kiwaz, afin de l’inviter à vouer la religion exclusive à Allah, comment pouvons-nous dès lors condamner d’apostasie celui qui n’émigrerait pas chez nous, bien qu’il soit croyant et unificateur dans l’adoration. Quand on l’interrogea aussi au sujet de ce genre d’ignorant, il a établi que quiconque à accès à la vérité, s’il a les moyens de la comprendre, il commet l’apostasie en vouant l’adoration aux tombeaux. »[9]

 

Il a déclaré en outre – Allah lui fasse miséricorde – : « Quiconque reçoit le message de la prophétie invitant à l’unicité d’Allah et à la nécessité de se soumettre à Lui (par l’Islam), s’il en comprend que les Messagers en sont porteurs, il n’a aucune excuse à ne pas s’y conformer en délaissant le culte voué à Allah. C’est avec ce genre d’individu que la condamnation d’apostasie est formelle ; s’il adore quelqu’un d’autre en dehors d’Allah ou s’il consacre l’adoration à des égaux et à des idoles en parallèle à la Sienne.

 

Notre Sheïkh et le reste des musulmans n’hésitent pas un instant à condamner ce genre d’individus. Il a établi ce principe – Allah lui fasse miséricorde – et l’a démontré en se conformant aux savants de la communauté et en les prenant comme exemple. Il ne s’avançait surtout pas à condamner quiconque avant d’avoir établi les preuves permettant de le faire, et si l’argument était clair à tel point qu’il s’est abstenu de condamner d’apostasie – Allah lui fasse miséricorde – l’ignorant parmi les adorateurs des tombeaux dans la mesure où il n’a personne sous la main pour lui apprendre la vérité. Tel est le sens des propos de Sheïkh el Islam ibn Taïmiya – Allah lui fasse miséricorde – lorsque ce dernier dit : Jusqu’à ce qu’il comprenne les arguments issus de la Révélation venue du Messager (r). Il suffit d’expliquer le message de façon à ce qu’il soit accessible à l’entendement de l’interlocuteur, dans la mesure où il l’a bien compris, pour le considérer comme reçu. »[10]  

 

Il a dit dans la référence en question : « Notre Sheïkh – Allah lui fasse miséricorde – ne condamne personne d’apostasie au premier abord ; il ne se fie pas au simple fait que quelqu’un ait commis l’association. Il attend avant de se prononcer d’avoir les éléments en main pour le faire (faire parvenir les textes faisant autorité contre tout réfractaire). Cela est très tangible à divers endroit de son discours. D’ailleurs ses lettres sur le sujet sont notoires. »[11]

 

15 - Sheïkh Sulaïman ibn Sahmân considéré comme le « petit ibn el Qaïyim » déclare pour sa part : « Nous ne taxons personne d’apostasie pour un péché en dehors du shirk el akbar, qui, selon le consensus de la communauté, fait sortir son auteur de la religion, après iqâma el hujja. Plus d’un savant à relever le consensus sur la question comme le rapporte el i’lâm d’ibn Hajar e-Shâfi’î. »[12]

 

Il dit ensuite : « Il n’est pas simple de kaffar le musulman. Les savants, comme Sheïkh ibn Taïmiya et ibn el Qaïyim, sont unanimes à dire que l’ignorant et celui qui commet une erreur et appartenant à cette communauté, fait un acte qui, en principe doit le rendre mushrik ou kafir, est excusable (ya’dhur bi el jahl wa el khata), jusqu’à ce qu’il ait connaissance de la preuve prophétique de façon claire et limpide et qu’il n’ait aucune confusion sur la question. »

 

Puis, il poursuit : « Quant à taxer de kâfir un musulman, nous avons vu que les wahhabites ne kaffarpas les musulmans. Sheikh Mohammed ibn ‘Abd el Wahhâb – qu’Allah lui fasse miséricorde – fait partie des gens qui prennent le plus de précaution avant de se prononcer sur le takfîr, à tel point qu’il n’est pas formel sur l’ignorant qui implore un autre qu’Allah parmi les occupants des tombes ou autres, s’il ne trouve personne pour le conseiller et pour lui faire parvenir la hujja par laquelle tous ceux qui s’y opposent deviennent mécréant. »

 

Il dit dans l’une de ses rasâil : « Nous ne taxons pas d’apostasie ceux qui adore le mausolée d’el Kawâz en raison de leur ignorance et étant donné qu’ils n’ont personne pour les prévenir. Comment pourrions-nous le faire alors pour celui qui n’émigre pas chez nous ! »

 

On lui posa également la question au sujet des ignorants, il a répondit : « Ceux contre qui la hujja est appliqué et qui ont les moyens de la connaitre, ils deviennent mécréant en adorant les tombes. Quant à ceux qui akhlada ilâ el ardh wa ittaba’a hawâh fa la adrî mâ hâluhu. »[13]

 

À suivre…

 

Par : Karim ZENTICI

 



[1] muallafât wa rasâilihi e-sheikh Mohammed (1/290-291).

[2] e-Durar e-sunniya (1/72).

[3] e-Durar e-sunniya (1/102) ; ce point mérite plus amples détails.

[4] e-Durar e-sunniya (1/112).

[5] e-Durar e-sunniya (1/114).

[6] e-Durar e-sunniya (1/234).

[7] e-Durar e-sunniya (11/317).

[8] e-Durar e-sunniya (1/467).

[9] Minhâj e-Ta-sîs wa e-Taqdîs (p. 98-99).

[10] Mish e-Zhalâm (p. 499).

[11]Idem. (p. 516)

[12] Dhiyâ e-Shâriq (p. 35).

[13] Dhiyâ e-Shâriq (p. 167).

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10 février 2011 4 10 /02 /février /2011 00:45



Abû Qilâba a dit : « Ne vous assoyez pas avec les gens des passions, et ne faites pas de polémiques avec eux, car ils risquent de vous faire plonger dans leur égarement et de troubler vos connaissances. » El Ibâna d’ibn Batta (435/2).

 

16, 17- ‘Abd Allah et Ibrâhim, les deux fils de Sheïkh ‘Abd e-Latîf ibn ‘Abd e-Rahmân s’associent à Sulaïmân ibn Sahmân sur la question d’iqâmat el hujja. Ils affirment en effet sans ambigüité : « Le takfîr el mu’ayin (taxer d’apostasie un cas particulier) est une question connue. Quiconque prononce une parole qui relève de la mécréance, nous disons dans l’absolue qu’il est un mécréant. Cependant, si quelqu’un en particulier la dit, nous ne pouvons le condamner avant d’avoir fourni contre lui toutes les preuves qui mettent un terme à toute excuse une fois qu’il les a entre les mains. »[1]

 

18- Mohammed Rashîd Ridâ souligne en annotation à majmû’ e-rasâil e-najdiya : « Cette restriction de la part du Sheïkh (Sheïkh ibn ‘Abd el Wahhâb) qui impose ici une compréhension minimum dissipe la confusion qui s’impose à l’esprit en lisant d’autres passages de ses œuvres. En s’en tenant à ces derniers passages, certains savants du Najd soutiennent que la présence du Coran est suffisante pour établir la hujja contre les hommes, quand bien même ils ne comprendraient pas son message. Cette conception illogique s’oppose au Verset disant : [Celui qui s’écarte du Messager, après avoir distingué la bonne voie].[2]  Elle ne va pas non plus dans le sens des thèses soutenues par les grands spécialistes et disant qu’il est nécessaire de faire comprendre le prêche prophétique (da’wa) avec ses arguments, avant d’établir la hujja »[3]

 

19- Mohammed ibn Ibrahim l’ancien grand mufti d’Arabie saoudite et descendant de Mohammed ibn ‘Abd el Wahhâb explique : « Lorsque le Sheïkh s’engagea dans la da’wâ, et qu’il exposa que bon nombre de gens commettent le shirk akbar (…) certains ignorants ont prétendu que l’auteur – loin de lui – kaffar les musulmans. Or, il kaffar uniquement celui qui commet un acte de mécréance et après l’iqâma el hujja. Celui-là, oui il le kaffar. »[4]

 

20- Le savant algérien Mubârak ibn Mohammed el Mîlî dans e-shirk wa mazhâiruhu souligne : « Il y a une différence entre dire qu’une parole ou un acte relève du shirk et dire que son auteur est un mushrik. » Il enchaine ensuite : « voici des exemples en pratique qui démontrent que nous ne jugeons pas un cas particulier de mushrik… »[5]

 

21- Le grand exégète Mohammed el Amîn e-Shanqîtî parle également du principe d’iqâmat el hujja.[6]

 

22- Sheïkh‘Abd ‘Azîz ibn Bâz – Allah lui fasse miséricorde – affirme : « Les Sollicitations divines (e-Tawwasul) sont ainsi de deux sortes : premièrement : solliciter Allah par l’intermédiaire du rang d’un tel ou du droit d’un tel. C’est une forme d’innovation sans atteindre le degré de mécréance. Deuxièmement : L’interpeller directement dans les invocations en disant : Ô maître un tel ! Donne-moi la victoire sur un tel ou guéris notre malade. Cela relève de la grande association. Bien que les auteurs de telles pratiques qualifient ce procédé de Sollicitation, il n’en demeure pas moins caractéristique à l’ère païenne.

 

La première forme relève de l’innovation ; elle constitue un moyen de faire parvenir à l’association. Lorsqu’on lui a indiqué (à Sheïkh ibn ‘Abd el Wahhâb) : Ils prétendent les invoquer, car ils sont des élus vertueux (ou des saints). Nous savons très bien que toute chose est entre les Mains d’Allah mais ils ne sont que des intermédiaires. Il a répondu : C’est exactement la façon dont se comportaient les premiers païens. En invoquant : à l’aide Ô Badawî ! Au secours Ô Husaïn ! Ils ne changent en rien des pratiques d’Abû Jahl et des gens de son espèce, ceux qui revendiquaient : (Nous les adorons uniquement pour qu’ils nous rapprochent d’Allah davantage).[7] (Ceux-là sont nos intercesseurs auprès d’Allah). [8]Ces invocations sont de la pure mécréance et correspondent à associer quelqu’un au Tout-Puissant. Or, les savants divergent sur le statut de l’auteur d’une telle pratique : faut-il le considérer mécréant au premier abord ou bien attendre de lui faire comprendre son erreur à la lumière des Textes en s’assurant qu’il les a bien assimilés ? Il y a deux opinions sur la question.

 

La première : affirme que l’auteur d’une telle parole devient mécréant à partir du moment où il commet un acte de mécréance établi ; ce genre d’association est si clair que les Textes ne peuvent échapper à personne. La deuxième opinion : soutient que de tels individus peuvent être des ignorants, sans compter que leurs mauvais savants les ont poussés à l’erreur. Le cas échéant, il est impératif de leur expliquer et de leur montrer la chose de sorte qu’ils comprennent leur erreur. Allah a révélé en effet : (Nous n’allons châtier personne avant d’envoyer un messager).[9] Après leur avoir fait comprendre en leur disant : telle chose n’est pas faisable, Allah a dit ceci, le Messager a dit cela, et leur avoir expliquer les Textes, s’ils restent sur leur position, cela est synonyme de mécréance.

 

Quoi qu’il en soit, l’acte en lui-même est un acte de mécréance et il relève de la grande association. Il demeure le statut de l’auteur d’un tel acte qui est sujet à discussion :faut-il le considérer mécréant ou bien remettre son sort à Allah ? Il est possible de le considérer comme les peuples pendant l’intervalle de la révélation qui se distinguent pour n’avoir reçu aucun message, aucune orientation. Son sort est donc entre les Mains d’Allah Tout-Puissant pour avoir mal été orienté de la part des mauvais savants. »[10]

 

23- Sheïkh el ‘Uthaïmîn : « Je ne pense pas que le Sheïkh (Sheïkh ibn ‘Abd el Wahhâb) ne tienne pas compte du ‘udhr bi el jahl ; sauf s’il fait allusion à celui qui reste ignorant par négligence de sa part, et qui par exemple se détourne de la vérité. Ce dernier en effet est inexcusable.[11] Si je dis cela, c’est parce que le Sheïkh est l’auteur d’autres paroles qui expriment le contraire…

 

Ainsi, l’ignorant est excusable pour les actes provenant de ce dernier qui relèvent de la mécréance (en sachant que la mécréance est plus vaste que le shirk ndt.)… »[12]

 

Ainsi, il devient clair que les paroles et les actes puissent relever de l’apostasie ou de la perversité, mais cela ne veut pas dire que leur auteur soit un apostat ou un pervers sauf dans la mesure où les conditions requises pour le devenir soient rassemblées (Tawaffur e-Shurrût) et où toute restriction pour échapper à ce statut soit exclue (Intifâ el mawâni’).[13]

 

24- Sheïkh Rabî’ dit clairement : « invoquer quelqu’un d’autre qu’Allah, c’est du shirk ; immoler pour quelqu’un d’autre qu’Allah, c’est du shirk ; nous disons : c’est un acte de shirkqui relève de la grande association. Cependant, nous ne taxons pas son auteur d’apostasie, pas tant que les preuves soient établies contre lui. »[14]

 

25- Sheïkh ‘Abd el Muhsin el ‘Abbâd : « Quiconque voue toute forme d’adoration à un autre qu’Allah devient païen et mécréant. Il faut comprendre ce jugement dans l’absolu (en règle général) et il est valable pour les personnes en général ayant eu accès à la révélation. Quant au cas particulier, si quelqu’un voue une forme d’adoration à quiconque en dehors d’Allah comme l’invocation des morts, et leur appel au secours, dans la situation où la personne en question est ignorante, il faut s’abstenir de la condamner avant de lui démontrer son erreur et de fermer les portes à toute excuse. Telle est la première opinion recensée sur la question (concernant el ‘udhr bi el Jahl).

[Selon certains ignorants], Sheïkh el IslamMohammed ibn ‘Abd el Wahhâb taxerait tous les musulmans d’apostasie sans détail et ferait des généralités dans son jugement. Cependant, son jugement concerne uniquement celui à qui les Textes seraient parvenus et qui aurait compris les arguments qui lui sont étalés. D’autre part, à ma connaissance, une partie infime de chercheurs et étudiants affiliés à la Sunna, s’opposent aux partisans de cette analyse, bien qu’elle soit conforme à celle de Sheïkh el Islam ibn Taïmiya, Sheïkh el Islam Mohammed ibn ‘Abd el Wahhâb, et d’autres savants. En outre, il vaut mieux se tromper en faisant preuve de clémence sur des points ambigus, que de se tromper dans son jugement porté à punir.

 

Sans compter que leur critique à l’encontre de cette opinion établie par nos deux doyens, - et en faisant preuve d’acharnement pour prouver le contraire – ouvre la porte aux mauvais épieurs à l’affût des traditionalistes ; ceux-là mêmes qui ont pour vocation de pêcher en eau trouble. Ils se prennent ainsi à faire l’écho des ennemis de l’Islam et de ses adeptes, qui prétendent que les extrémistes qui sèment la terreur et la destruction, se réfèrent à l’enseignement basé sur les œuvres de Sheïkh Mohammed ibn ‘Abd el Wahhâb, et d’autres savants traditionalistes. Ces allégations sont un tissu de mensonges et de calomnies venant de la part aussi bien de leurs auteurs que de leurs échos…

 

L’extrémisme constaté chez certains dissidents est le fruit de leur mauvaise compréhension ; cela fait d’eux des marginaux insurgés contre la société. Leurs exemples sont plutôt les kharijites connus pour s’être marginalisés et insurgés contre les Compagnons en raison de leur mauvaise conception des choses ; chaque groupe ayant ses héritiers. Qu’Allah nous aide ! »[15]

 

La liste est encore bien longue, wa Allah el musta’ân

 

Gloire à Toi Ô Allah ! Et à Toi les louanges ! J’atteste qu’il n’y a d’autre dieu (digne d’être adoré) en dehors de Toi ! J’implore Ton pardon et me repens à Toi !

 



[1] E-durar e-sunniya (8/244).

[2] Les femmes ; 115

[3] majmû’ e-rasâil e-najdiya (5/638).

[4] Sharh kashf e-shubuhât.

[5]Voir : tahdhîb e-shirk wa mazhâiruhu (p. 18).

[6]Voir : son tafsîr du v. 165 de la s. les femmes que nous avons cité précédemment.

[7] Le rassemblement ; 3

[8]Yûnas ; 18

[9] Le Voyage Nocturne ; 15

[10]Extrait du livre : Sî’at Rahmat Rabbi el ‘Âlamîn lil Juhhâl el Mukhâlifîn li e-Sharî’a min el Muslimîn de Saïd ibn Sa’d e-Dîn el Ghabashi. La préface est une lettre de Sheïkh ‘Abd el ‘Aziz ibn Bâz –Allah lui fasse miséricorde – adressée de l’auteur, datant du : 7/5/1403 h. à travers ce courrier, le Sheïkh exprime son approbation à l’égard de ce livre et donne son aval pour l’imprimer.

[11]C’est le fameux kufr i’râdh et le kufr ‘inâd d’ibn el Qaïyim. Sheïkh Sâlih Âl e-Sheïkh tient un discours de ce genre dans son sharh kasf e-shubuhât.

[12] sharh kasf e-shubuhât (p. 46-62).

[13] El Qawâ’id el Muthla fi Sifât Allah wa Asmâihi de Sheïkh el ‘Uthaïmîn (p. 92). Voir également sur le sujet : el fisal d’ibn Hazm (3/302), et sharh el ‘aqîda e-Tahawiya d’ibn Abî el ‘Izz (p. 335-336).

[14] sharh ‘aqîda e-salaf ashâb el hadîth (p. 16).

[15] sharh shurût e-salât.

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10 février 2011 4 10 /02 /février /2011 00:43

 

 

Voir : e-tibyân fî ta-sîl masâil el kufr wa el îmân de Fathî el Mawsilî (232-238).

 

Le grand exégète Sheïkh ‘Abd e-Rahmân e-Sa’dî nous offre une étude exceptionnelle sur le ‘udhr bi el jahl sous forme de débat.[1] Il rejoint exactement la tendance d’ibn Taïmiya et de son élève ibn el Qaïyim, qui n’épousent aucune autre opinion, contrairement à ce qu’on voudrait nous faire croire. Ses thèses seront reprises par son élève Sheïkh Sâlih el ‘Uthaïmîn, qui sera malheureusement accusé de murjite au service du Pouvoir saoudien. La logique voudrait qu’on porte également cette accusation contre son Sheïkh. Nous pouvons remarquer que l’adversaire d’aujourd’hui utilise les mêmes arguments. Des arguments qui ne font pas de poids face à l’évidence : il existe une divergence sur la question. Ce qui discrédite le chantage au murjisme qu’on cherche à faire peser sur nous.

 

L’érudit e-Sa’dî a dit : débat sur le takfîr d’un cas particulier ayant commis un « acte » de mécréance.

 

Le premier intervenant (A) : le Coran, la sunna, et le consensus des savants musulmans établissent que l’invocation d’une idole (que ce soit un ange, un prophète, un pieux, une statue, etc.) fait sortir de la religion. Son auteur est un kâfir (mécréant) mushrik (païen) condamné à l’Enfer éternel. Ce principe est connu de façon élémentaire par tous les musulmans. Personne ne peut le renier. Tout coupable est un kâfir mushrik. Peu importe qu’il l’ait fait par obstination (‘inâd), ignorance (jahl), erreur d’interprétation (ta-wîl), ou suivisme aveugle (taqlîd). Allah ne distingue pas dans le Coran entre les catégories de mécréants. Ils ont tous le même statut. Aucune différence n’y est faite entre les leaders et les suiveurs ni entre les obstinés et les ignorants. Ils avancent pourtant l’excuse : [Nous avons trouvé nos ancêtres sur une voie et nous avons suivi leurs traces].[2]

 

Il va sans dire que la plupart d’entre eux pensent qu’ils sont sur la vérité, comme le relate le Verset : [ceux qui s’égarèrent au cours de leur vie alors qu’ils pensaient bien faire • Ce sont ceux qui mécrurent aux signes de Leur Seigneur].[3] Leur conviction qu’ils sont sur le droit chemin n’intercède nullement en leur faveur. Ainsi, invoquer une créature, ou l’appeler au secours pour des choses que Seul Allah est à même de faire rend mécréant et païen, indépendamment de savoir qu’on l’ait fait par obstination ou non, qu’on eût connaissance des textes ou non.

 

Sinon, quelle serait la différence entre les ignorants affiliés à l’Islam qui commettent l’association et les ignorants juifs, chrétiens, etc. ? Et quelle serait la différence entre celui qui renie la Résurrection même par ignorance et celui qui invoque une idole et qui recherche son aide et son secours. Tous deux ont le même statut ! Le Messager a transmis clairement le message, et la preuve céleste (hujja) est établie contre ceux qui reçoivent le Coran qu’ils l’aient comprise ou non.

 

Le second intervenant (B) : vous avez évoqué, en vous appuyant sur les textes du Coran et de la sunna et du consensus que l’invocation et l’appel au secours des idoles relèvent de la mécréance et de l’association menant à l’Enfer éternel. Point sur lequel il n’y a aucun doute. En revanche, vous mettez sur le même pied d’égalité toutes les formes d’ignorance. D’un coté, nous avons les différentes confessions mécréantes (juive, chrétienne, etc.) qui ne donnent pas foi à la prophétie de Mohammed (r). D’un autre coté, nous avons les ignorants qui donnent foi à tous ses enseignements et qui adhèrent pleinement à son obéissance. Cependant, ces derniers commettent l’association sans s’en rendre compte, en invoquant une créature. Ils pensent ainsi rendre hommage à la personne qu’ils invoquent. À leurs yeux, c’est la religion elle-même qui le leur réclame.

 

Or, faire une telle comparaison est une erreur grossière. Elle va à l’encontre des textes scripturaires (Coran et sunna), du consensus des Compagnons et de leurs fidèles successeurs (tâbi’în). Il est en effet connu de façon élémentaire par tous les musulmans que tous les ignorants mécréants, dont les juifs et les chrétiens, sont voués à l’Enfer éternel. Personne ne peut le contester. L’autre catégorie concerne ceux qui donnent foi à tous les enseignements du Prophète (r) et qui adhèrent totalement à sa religion, mais qui font une erreur dans la croyance, les paroles et les actes soit par ignorance, une mauvaise interprétation ou par suivisme. Allah révèle à leur sujet : [Seigneur ! Ne nous tiens pas rigueur de nos erreurs et de nos oublis].[4]

 

La communauté mohammadienne est soulagée des fautes commises par erreur, oubli, ou sous la contrainte. Ainsi, en règle générale, nous taxons de mécréant celui qui commet une faute relavant de la mécréance dans les paroles et la croyance. Cependant, nous pouvons nous abstenir de nous prononcer dans certains cas si une restriction comme l’ignorance vient changer la donne. Il échappe à certains fautifs que leurs actes relèvent de la mécréance ou de l’association. C’est ce qui nous pousse à nous abstenir de les kaffar en personne, bien qu’au même moment nous soyons convaincus qu’ils ont commis du kufr.

 

C’est de cette façon que les Compagnons et leurs successeurs directs (tâbi’în) se comportèrent envers l’innovation (la bid’a). Dès leur époque, plusieurs mouvements hérétiques (kharijisme, mu’atazilisme, qadarisme, etc.) virent le jour. Tous s’accordaient à aller à l’encontre des textes scripturaires de l’Islam. Ils les démentaient et les falsifiaient pour les faire aller dans leur sens, ce qui en soi est un acte de mécréance. Cependant, les anciens s’abstinrent de les sortir un à un de la religion. Ils étaient en effet motivés par une mauvaise interprétation des textes. Les kharijites démentaient les textes sur l’intercession et ceux démontrant que les auteurs des grands péchés étaient affiliés à la foi. C’est ce qui les poussa à autoriser moralement (istihlâl) le sang des Compagnons et des musulmans en général. Les mu’tazilites également démentaient les textes du l’intercession en faveur des auteurs des grands péchés, ils démentaient la prédestinée, les Attributs divins, etc.

 

Il n’y a aucune différence entre ces formes d’apostasie et celle préconisant d’invoquer et de demander secours aux morts. Le ta-wîl est leur dénominateur commun. Dans de nombreux ouvrages (e-radd ‘alâ el bakrî, e-radd ‘alâ el Akhnâî, etc.) Sheïkh el Islâm affirme explicitement que certains de ses contemporains, qui étaient des savants, adhéraient à certaines de ces pratiques païennes. Il explique qu’il est impossible de les kaffar, compte tenue de la propagation de l’ignorance à son époque et de l’atténuation du savoir prophétique. Il faut donc attendre avant de se prononcer de leur démontrer la preuve céleste qui s’applique contre tous ceux qui la renient après l’avoir eu entre les mains. Son discours sur le sujet est connu par tout le monde.

 

Il devient clair que l’ignorance, le suivisme aveugle, et la mauvaise interprétation des textes – non basée sur l’obstination – sont des facteurs atténuants. Ils nous empêchent de condamner ces cas particuliers à l’apostasie.

 

À suivre…

 

Par : Karim Zentici

 

 

 

 



[1]Ce débat est retranscrit dans les fatâwâ e-sa’diya (578-584).

[2]Les ornements ; 22

[3]La caverne ; 104-105

[4]La vache ; 286

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10 février 2011 4 10 /02 /février /2011 00:42

 

Voir : e-tibyân fî ta-sîl masâil el kufr wa el îmân de Fathî el Mawsilî (232-238).

 

L’intervenant (A) : quant au Verset : [Seigneur ! Ne nous tiens pas rigueur de nos erreurs et de nos oublis][1] ; il fait allusion aux erreurs commises dans les questions subsidiaires de la religion et qui sont basées sur l’effort d’interprétation, non aux fondements de la religion. L’Unicité (tawhîd), qui est le fondement de tous les fondements, n’admet aucune erreur ; l’erreur involontaire a le même statut que l’erreur volontaire, comme nous l’avons souligné au sujet des suiveurs des confessions mécréantes. Il est faux de dire que les fautifs en question donnent foi au Prophète (r) et adhèrent pleinement à son obéissance, étant donné que leurs actes les font mentir. Comment peut-on à la fois croire au Prophète (r) et démentir ses paroles imposant d’unifier Allah dans le culte, dans les invocations, l’appel au secours, etc. ? Comment peut-on prétendre adhérer à l’obéissance du Prophète, et lui désobéir ensuite sur le premier fondement de la religion, le tawhîd ?

 

Peut-on invoquer une créature et oublier Son Seigneur ? Peut-on s’attacher à des créatures et se détourner de Lui ? On ne peut plus parler ni d’adhérence à la religion ni de croyance au Prophète ! De simples revendications n’ont aucune valeur sans les faire pas suivre par les actes.

 

Vous pouvez toujours faire un rapprochement entre ces pratiques païennes et les innovations kharijites et mu’tazilites, mais cela revient à comparer l’incomparable. Le tawhîd en effet est le premier fondement de la religion. La prédication de tous les messagers repose sur ce principe. Le dernier d’entre eux a pris les armes en vue de le défendre. Le Coran porte toute son attention pour l’établir, l’expliquer en détail et l’éclaircir. La situation des innovateurs est différente étant donné qu’ils commettent certes des erreurs au niveau de la croyance et de leurs pratiques, mais ils restent fidèles au premier élément du dogme, le tawhîd. Cette comparaison n’a pas lieu d’être, c’est l’évidence même !

 

Le second intervenant (B) : dire que le Verset en question, et bien d’autres arguments textuels, font allusion aux erreurs commises dans les questions subsidiaires de la religion, non sur les questions élémentaires est une allégation dénouée de tout fondement. Ni le Coran ni le Prophète (r) ne font cette distinction.[2] Nous avons souligné plus haut que les anciens n’ont pas kaffar les premiers innovateurs dont les erreurs d’interprétation touchaient aux questions élémentaires de la religion, comme les Attributs parfaits d’Allah. Le tawhîd tourne autour de deux principes : la reconnaissance de ces fameux Attributs et l’unicité du culte.

 

Si nous donnons des circonstances atténuantes à un cas particulier qui fait des erreurs (ignorance, mauvaises interprétations des textes, et suivisme aveugle) dans le premier domaine, nous devons le faire pour celles qui touchent au second ; et cela, pour les mêmes raisons. La restriction qui est valable pour l’un est aussi valable pour l’autre. La mission du Messager (r) portait indistinctement sur ces deux domaines. Les hérétiques de sa communauté se sont égarés dans l’un ou l’autre domaine, voire dans les deux à la fois. Ils vont à l’encontre des enseignements connus de façon élémentaire par tous les musulmans. Le Prophète (r) avait pourtant mis en garde contre l’hérésie. C'est pourquoi s’obstiner à renier ses enseignements qui touchent à ces deux domaines, après en avoir eu connaissance, relève de la mécréance incontestable.

 

Un musulman qui adhère à l’Islam au niveau du cœur et des actes peut s’égarer dans certains points, car il n’a pas les éléments en mains pour le faire parvenir à la vérité. Dans ce cas, nous ne sommes pas formels sur son apostasie, étant donné qu’il existe une restriction faisant obstacle à cette condamnation. D’où l’importance d’établir contre lui la preuve céleste ; une preuve céleste qui s’applique contre tout obstiné (mu’ânid).[3]

 

C’est pour cette raison, et vous êtes d’accord avec nous, que nous nous sommes abstenus de kaffar certains cas comme e-Sarsarî, qui appellent à invoquer, à rechercher le secours du Prophète (r), et lui demander de répondre aux besoins. Ces derniers sont directement concernés par les paroles de Sheïkh el Islam auxquelles nous avons fait allusion précédemment.

 

Par ailleurs, vous dites qu’il n’y a pas la moindre hésitation à kaffar celui qui renie la Résurrection, comme le révèlent les textes du Coran et de la sunna. Ils ne font pas la différence, selon vos dires, entre le fait d’être motivé ou non par l’obstination.

Ce à quoi nous pouvons répondre que cette question est du même registre. Les erreurs d’interprétation offrent des circonstances atténuantes. Ces erreurs sont courantes dans le domaine des Attributs divins et de l’Unicité chez beaucoup de ceux qui donnent foi à tous les enseignements du Prophète (r). Cependant, il est rare de trouver quelqu’un qui renie la Résurrection [tant elle coule de source]. Malgré cela, en supposant qu’un bédouin ou un nouveau converti n’en ait pas connaissance, nous devons le mettre au courant. C’est seulement après cette démarche que nous pourrons le sortir de l’Islam.

 

Quiconque croit en Allah et à Son Messager, et qui adhère totalement à leur obéissance, mais qui renie un enseignement de la religion par ignorance (il peut ignorer que le Messager l’ait apporté), nous devons nous abstenir de nous prononcer sur son cas. Nous reconnaissons que son acte fait sortir de la religion, mais il bénéficie d’une circonstance atténuante, qui est l’ignorance. Il n’y a pas de différence en cela entre les questions élémentaires et les questions subsidiaires de la religion. La mécréance consiste à renier tout au partie les enseignements du Prophète (r) et en toute âme et conscience. Ainsi, nous pouvons mieux distinguer entre un suiveur mécréant[4] et un croyant qui renie un enseignement de la religion, soit par égarement et ignorance, soit par obstination et en toute connaissance de cause.

 

Fin de citation.

 

Par : Karim Zentici

 



[1]La vache ; 286

[2]Voir pour une explication détaillée de ce principe : majmû’ el fatâwâ d’ibn Taïmiya (23/346-347).

[3]Voir : majmû’ el fatâwâ d’ibn Taïmiya (12/180).

[4]Voir : tarîq el hijrataïn d’ibn el Qaïyim (411-412).

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8 février 2011 2 08 /02 /février /2011 05:47

 

 

 

Que les prières d’Allah et Son Salut soient sur Mohammed, ainsi que sur ses proches,

et tous ses Compagnons !

 

Après avoir balayé les accusations qui furent lancées contre lui d’un « Gloire à Toi Ô Allah ! C’est une calomnie énorme ! », Mohammed ibn ‘Abd el Wahhâb établit : « Je prends plutôt Allah en témoin qui connait le fond des poitrines que, quiconque met le tawhîd en pratique et qui renie le shirk et ses adeptes est un musulman qu’il soit à n’importe quel endroit ou à n’importe quelle époque. Cependant, je taxe d’apostasie quiconque voue un associé à Allah dans l’adoration, après avoir eu connaissance de la hujja et de l’illégitimité du shirk. »[1]

 

Il dit ailleurs : « Si l’on sait que nous ne taxons pas d’apostasie ceux qui adorent la stèle érigée au-dessus de la tombe de ‘Abd el Qadîr, ainsi que celle sur le tombeau d’Ahmed el Badawî et d’autres dans le genre, en raison de leur ignorance, et car ils n’ont personne pour leur éclaircir la chose,[2]comment pouvons-nous dès lors le faire pour celui qui n’associe rien à Allah sous prétexte qu’il n’a pas émigré chez nous, dans la mesure où il n’a pas apostasié ni combattu la vérité. Gloire à Allah ! Quelle énorme calomnie ! »[3]

 

« … et ses paroles disant que je kaffar el Busaïrî pour avoir dit : « Ô le plus noble des créatures… » Ma réponse consiste à dire : Gloire à Toi ! Ô Allah ! C’est une calomnie énorme ! »[4]

 

Il a dit également : « Nous considérons plutôt, en prenant Allah en témoin et qui connaît le fond de nos pensées, que quiconque adhère à l’unicité et se détache de l’association et de ses partisans, est pour nous un musulman indépendamment de l’endroit et de l’époque où il se trouve. En revanche, nous condamnons quiconque associe à Allah dans Sa Divinité après que les Textes lui ont démontré la non-pertinence de l’association. »[5]

 

Il a expliqué ailleurs : « Les paroles que vous entendez à mon encontre disant que je condamne d’apostasie sans faire de détail, elles ne sont que des calomnies provenant de l’ennemi. Je dirais selon eux également, qu’il ne suffit pas à l’individu de suivre la religion d’Allah et de Son Messager, sans qu’il immigre de son pays pour venir s’installer sur nos terres. C’est aussi un tissu de mensonges ! L’important c’est plutôt de suivre la religion d’Allah et de Son Messager où que l’on soit.

 

En revanche, nous condamnons d’apostasie quiconque, après avoir reconnu la religion d’Allah et de Son Messager, s’en fait non seulement l’ennemi, mais qui plus est, cherche à en détourner les autres. Nous condamnons également quiconque adore les idoles après avoir eu connaissance que ces pratiques relèvent de la religion des païens, tout en embellissant ces pratiques aux gens. Lui, il est vrai, je le condamne d’apostasie. Tout savant sur la surface de la terre ne peut que condamner un tel individu si bien sûr, il n’est ni un entêté ni un ignare. »[6]

 

« Quant aux allégations de mes détracteurs prétendant que je condamne d’apostasie sur simple suspicion et en fonction des alliés, ou bien que je condamne l’ignorant n’ayant pas eu accès à la vérité, c’est une énorme calomnie qui a pour but de faire fuir les gens de la religion d’Allah et de Son Messager. »[7]

 

« Si un cas particulier est taxé d’apostasie après que la hujja soit établie contre lui, de toute évidence, cela ne signifie pas qu’il doit comprendre la Parole d’Allah et de Son Messager comme Abû Bakr e-Saddîk (r). Néanmoins, s’il la reçoit, il devient mécréant dans la mesure où aucune excuse n’intercède en sa faveur. »[8] En parlant de Sheïkh el Islâm ibn Taïmiya, ibn ‘Abd el Wahhâb confie : « La croyance à laquelle nous adhérons et la religion que nous professons et pour laquelle nous espérons la récompense d’Allah, c’est que, s’il se trompe ou si quelqu’un d’un meilleur rang que lui se trompe dans cette question ; autrement dit, la question disant que si le musulman commet l’association (ashraka) après iqâma el hujja (…) ou tout autre acte de mécréance manifeste et incontestable (el kufr e-sarîh e-zhâhir) qu’Allah a clarifié, ainsi que Son Messager et les savants de la communauté ; je donne foi aux enseignements d’Allah et de Son Messager qu’il devient kâfir, indépendamment de savoir qui peut se tromper sur la question. Que dire alors, wa el hamd li Allah, si l’on sait que nous ne connaissons aucun savant aller à l’encontre de cette question. »[9]

 

Dans un passage, il dit qu’il kaffar ceux qui s’érigent en ennemi de la religion après en avoir pris connaissance, bien qu’à ses yeux, la plupart des membres de la umma, ne sont pas comme cela, qu’Allah soit loué.[10]

 

« Nous ne taxons pas d’apostasie si ce n’est que pour les choses qui font l’unanimité des savants : autrement dit, pour les deux attestations de foi. »[11]

 

Dans un autre passage, il dit que la plupart des gens pensent que l’intercession des saints est l’un des meilleurs actes de dévotion.[12] Il va sans dire qu’il parle des musulmans. Il condamne dans le même passage les accusations calomnieuses lancées contre lui et disant qu’il kaffar sur une simple suspicion, ou en fonction des alliances, ou encore qu’il kaffar les ignorants sans leur faire l’iqâma el hujja. Ailleurs, il se plaint encore de ses détracteurs, qui prétendent qu’il kaffar les adeptes de l’islam et qu’il autorise impunément leur sang.[13]

 

Gloire à Toi Ô Allah ! Et à Toi les louanges ! J’atteste qu’il n’y a d’autre dieu (digne d’être adoré) en dehors de Toi ! J’implore Ton pardon et me repens à Toi !

 

Par : Karim ZENTICI



[1] Majmû’ muallafât e-sheikh Mohammed (5/60)

[2] Ou selon certains manuscrits : « car ils n’ont personne pour leur faire comprendre ».

[3] Fatâwa wa masâil e-Sheïkh (p. 11) et e-Durar e-Sunniya (1/66).

[4] Majmû’ muallafât e-sheikh Mohammed (3/33) ; voir également (3/58).

[5]Idem. (3/34).

[6]Idem. (3/33).

[7]Idem. (3/14).

[8] Muallafât e-Sheïkh (p. 220). Son descendant Sâlih Âl Sheïkh explique merveilleusement ce principe dans sharh el ‘aqîda e-tahâwiya.

[9] muallafât wa rasâilihi e-sheikh Mohammed (1/290-291).

[10] e-Durar e-sunniya (1/72).

[11] e-Durar e-sunniya (1/102) ; ce point mérite plus amples détails.

[12] e-Durar e-sunniya (1/112).

[13] e-Durar e-sunniya (1/114).

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